Solitaires et solidaires

Le billet

J’en ai plein les oreilles et plus bas. Je ne me bourre plus de ce « fast food » sonore. Je ne mange plus de ce MacDo radiophonique. II est incompréhensible que nos journalistes ou animateurs de foules passent, des heures, les nôtres, à « placoter » avec du beau monde qui n’ont que des impressions à donner. Le sujet est neuf et on joue à la Ligue d’improvisation... Allez-y, faites vos trois petits tours... et puis s’en vont !

Que pensez-vous de la montée des tensions aux périphéries de la Russie, croyez-vous que Chavez pratique un socialisme flou, la Somalie sera-t-elle le futur Irak africain, le président Gül divise-t-il la Turquie, qui a des difficultés à naître sans éprouver des difficultés sérieuses ?

Et il y a toujours un « tarla », une « tarlette », ou un Tarasconnais qui tente de répondre et qui tente surtout de se faire remarquer dans son village. « M’as-tu entendu hier à l’émission de XYZ ? » Son cousin Adhémar a enregistré au complet cette entrevue, qui n’en était pas une. Solitairement les solitaires solidaires interviennent en pensant s’exprimer.

Je ne veux pas savoir si ces émissions ramasse-poussière ont la cote, car moi, elles m’emmerdent. Je serais directeur des « programmes » qu’elles seraient remplacées illico, c’est-à-dire sur le champ, hier. Il est trop facile de boucher des trous dans la presse écrite et sonore ou visuelle par du « vécu ». Les impressions ne sont pas des pensées. Et un solide tissu social se tisse avec des tissus serrés et non avec de la gaze, aussi jolie soit-elle. Le peuple s’exprime, mon œil !... c’est se moquer de lui à ses oreilles mêmes. Une flagornerie de petit politicien.

Joseph E. Stiglitz, par exemple, a des choses importantes à nous dire dans « Un autre monde », Fayard (2006). Et pas seulement des « il me semble que… et des... il se pourrait que... et d’autres sympathiques âneries ». Je pourrais aussi recommander Richard Dawkins, « Qu’est-ce que l’évolution ? », Hachette (2008). Il parle avec humilité de ce qu’il sait et non avec suffisance de ce qu’il ignore.