Le silence de La Presse et du Devoir

Naturellement, La Presse n’a pas envoyé de journaliste à ma dernière conférence de presse du 30 août dernier et ne l’a donc pas couverte, car les gains de capitaux relèvent du domaine des abris fiscaux (REER, CÉLI, REEE, accréditives, etc.) qui représentent un domaine d’activités important et lucratif pour sa compagnie-mère Power par le biais de ses filiales Investors, Mackenzie, London Life, Great West Life, Canada Life, etc. Faut pas mordre la main de ceux qui nous nourrissent, n’est-ce pas ?

Pourtant, j’avais envoyé un courriel à l’actuel rédacteur en chef de La Presse André Pratte qui, du temps qu’il était simple chroniqueur et plus critique, avait pondu le 17 septembre 1998 un texte virulent intitulé : « Un recel au grand jour. Les exemptions fiscales de gains en capital profitent aux nantis, déplore un spécialiste ».

Mais depuis, monsieur Pratte a cheminé, tout comme Alain Dubuc du même quotidien qui était marxiste dans son jeune temps, et sont devenus tous les deux, avec le temps et les retombées économiques collatérales, des mascottes un peu beaucoup comme l’est Youpi. Je m’excuse. Il n’est pas du tout nécessaire d’insulter ce bon vieux Youpi.

De toute façon, la perspicace journaliste Hélène Baril était très occupée cette journée-là à pondre un important article pour ses commanditaires de l’industrie du pétrole, du gaz et des mines et à interviewer leurs économistes universitaires de service et leur lobbyste en chef Lucien Bouchard, dit le « toupet ».

Quant à Rudy Le Cours qui se croit chroniqueur au New York Times ou au journal Le Monde, il épluchait une étude de l’organisme de recherche patronal du CD Howe ou du Conference Board. Rudy c’est l’intello de droite de la section économie de La Presse, comme l’est la suave Nathalie Petrowski de la section arts et spectacles.

Oh, comme j’aimerais avoir les moyens de Gilbert Rozon et pouvoir me payer un journaliste régulier comme Éric Clément de La Presse qui rédige un article sur une base quasi-quotidienne très louangeur du festival Juste pour rire et qui voit en Rozon le prochain maire de Montréal.

Félicitations à vos textes approfondis, monsieur Clément, madame Baril et aussi Claude Picher que je soupçconne d’être sur le « payroll » du Fraser Institute.

Quant au Devoir, faut pas compter sur le journaliste économique Gérard Bérubé, lui qui a rédigé le 24 mai 2008 un article très favorable à ces énormes gains en capital exempts d’impôts qu’il a intitulé : « Toutes ces fortunes qu’il faudra bien gérer ».

Son texte se voulait aussi une publicité, pas tout à fait gratuite, pour la Banque Nationale qui offre ce genre de service très payant aux Québécois. Bravo monsieur Bérubé pour votre objectivité.

Quant à ses collègues, ils couvrent seulement les grands principes économiques et fiscaux et ne sont pas à l’aise pour traiter de sujets précis et de leurs impacts réels dévastateurs sur les finances publiques. Ils ne veulent pas s’embarquer dans des domaines qu’ils ne maîtrisent pas très bien.

Tiens, juste pour mes amis journalistes de ces deux quotidiens, je leur suggère instamment un abonnement à la revue américaine Business Week. Ça éclairerait leurs lanternes et ça développerait leur sens critique en matière de fiscalité. Pourquoi messieurs-dames ne pas commencer par lire ce texte très intéressant paru dans le numéro du 26 septembre 2010 intitulé : « Taxes-Stocking up the Bush tax cuts ». Vous m’en donnerez des nouvelles, amis journalistes.

Le Journal de Montréal a bien ses défauts et est regardé souvent de haut par La Presse et Le Devoir. Mais, même s’il porte beaucoup à droite (autant que La Presse) avec ses nouvelles orientées et ses chroniqueurs très idéologiques, il a tout de même affecté un journaliste à notre conférence de presse et l’ensemble du groupe Quebecor a couvert notre récente étude et la précédente (qui avait porté sur les abris fiscaux) tout en demandant l’avis d’individus et d’organismes qui ne partagent pas le même point de vue que nous.