Plaidoyer pour l’université francophone

Plus rien ne justifie, au 21e siècle, que les étudiants québécois, pour acquérir une formation supérieure, se sentent « obligés » de poursuivre leurs études postsecondaires du côté anglophone.

Que nos meilleurs cerveaux n’aient pas le réflexe de choisir massivement nos universités francophones (ne serait-ce que, s’ils en sentent le besoin, pour en hausser le niveau) est inquiétant. Je m’inquiète également du fait qu’ils n’y sont pas, pour la plupart, encouragés.

Le français est pourtant une formidable langue d’enseignement, porteuse d’une richesse culturelle profonde et internationale, d’une tradition humaniste et classique incontournable et d’une modernité imposante.

Si on n’encourage plus que les institutions et établissements d’enseignement et de recherche anglophones, sous prétexte que le savoir et la communication doivent être unifiés sous l’effigie d’une langue commune, nous avons perdu la bataille contre l’homogénéïsation culturelle.

Plus on fait le choix des études en anglais, plus l’écart entre la langue anglaise et la nôtre se creuse, plus le terrain est perdu, plus la pente descendante devient abrupte, plus on s’approche d’une délétère perte de sens et d’originalité.

Une langue est indéfendable si elle n’arrive plus à faire preuve de vitalité. Elle devient une langue amorphe, moribonde, puis une langue morte. L’université m’apparaît comme un rouage essentiel de la vitalité d’une langue. Il est impensable d’assurer la vitalité de notre langue sans s’assurer que le plus grand nombre possible de travaux et de recherches universitaires soient effectués, rédigés, et prioritairement diffusés en français.

Nous avons la chance de compter sur des locuteurs francophones (de langue maternelle ou non) présents sur les cinq continents pour les relayer et les faire connaître (et nous appuyer sur les leurs à notre tour), ce qui n’est pas donné à toutes les langues minoritaires.

Il est plus que temps que la francophonie internationale se serre farouchement les coudes, particulièrement dans les secteurs névralgiques que sont l’enseignement, la recherche et l’éducation (directement liés à la culture au sens large), afin de promouvoir le rayonnement mondial de ses établissements d’enseignement et de recher­che francophones et d’assurer la vitalité de la langue fran­çaise.

Il importe de ne pas perdre de vue certains faits au nom d’une individualité hypertrophiée. Nos universités francophones sont un bien inestimable et le fruit d’un travail collectif. Les études doivent aussi représenter un engagement sérieux en ce sens.t