Finances publiques &#58 attention au Bonhomme Sept-Heures !

Le vrai solde budgétaire est un déficit d’un milliard $

*Le premier ministre affirmait récemment que la situation financière du Québec est aussi sérieuse que celles qui prévalaient au début des années 80 et au milieu des années 90. De telles affirmations sont absolument infondées et ne peuvent rester sans réponse.

D’abord, le déficit prévu cette année est à des années-lumière des déficits de 1996-1997 et du début des années 1980. En 2014-2015, les besoins financiers nets – l’écart entre les encaissements et les déboursés annuels du gouvernement – s’élèvera à 4,6 milliards de dollars, soit 5 % des revenus consolidés, alors qu’en 1981-1982 et en 1994-1995, ces ratios représentaient respectivement 13 % et 13,4 %.

Ce concept de besoins financiers nets nous permet d’effectuer des comparaisons historiques qui tiennent compte des changements aux règles comptables appliquées au fil des budgets du Québec.

Aussi, en 1996-1997, le service de la dette accaparait 15,7 % des revenus consolidés du gouvernement contre 11,2 % pour 2014-2015. Aujourd’hui, si le pourcentage des revenus dévolus au service de la dette était le même qu’en 1996-1997, nous devrions payer près de 4 milliards de plus en frais d’intérêt sur la dette.

On remarque donc que les chiffres décrivant la situation actuelle et ceux de 81 ou de 97 n’ont aucune commune mesure. Mais il y a plus : contrairement aux décennies passées, nous affectons actuellement d’importantes sommes au Fonds des générations, qui ont pour effet de réduire la dette brute.

En effet, en 2014-2015, le déficit au sens de la Loi sur l’équilibre budgétaire est gonflé par l’inclusion, sous forme de dépenses, des 1,3 milliards qui seront affectés au Fonds des générations. Dans les faits, le vrai solde budgétaire sera un déficit de 1 milliard de dollars et non pas 2,35 milliards. Ce déficit réel représente tout au plus 1 % des dépenses consolidées.

Finalement, la situation économique actuelle du Québec n’a également rien à voir avec celles prévalant au début des années 80 et 90. Les pertes d’emplois du début des années 80 et 90 étaient sans commune mesure avec ce que nous vivons depuis 2008.

* Les auteurs sont économistes à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)