La Caisse de dépôt, les infrastructures et le citoyen-travailleur

Le gouvernement du Québec a signé une entente avec la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPDQ) afin de créer une nouvelle entité au sein de la Caisse, CDPQ Infra. Celle-ci développerait, financerait et exploiterait des projets en infrastructures dans le secteur des transports.

Les deux premiers projets envisagés sont le système de transport collectif sur le pont Champlain et le futur train de l’Ouest, dans la région de Montréal.

Cette intention politique, qui nécessitera des amendements législatifs à la Loi sur la Caisse, provoque déjà des interrogations et des inquiétudes chez plusieurs observateurs.

Toutefois, une question n’a pas été soulevée, celle de la consultation des principaux intéressés, le citoyen et le travailleur. En effet, chaque travailleur et travailleuse du Québec serait en droit de donner son avis à ce sujet puisqu’ils sont les principaux bailleurs de fonds de la Caisse.

Lors de la création de la Caisse de dépôt, la RRQ fut le premier déposant auprès de la Caisse. La RRQ et la CDPDQ furent créées suite à une décision politique. Le gouvernement Lesage avait pris soin d’obtenir un mandat en ce sens lors de son élection. Et Jean Lesage avait aussi pris soin de définir le mandat et les objectifs de cette nouvelle entité politique que serait la Caisse dans le projet de loi qui la créait.

Cette nouvelle entente entre le gouvernement et la Caisse change fondamentalement sa mission et ses objectifs. N’aurait-il pas été logique que le citoyen-travailleur soit consulté avant que le gouvernement ne fasse prendre à la Caisse cette nouvelle direction ?

Une autre partie importante des travailleurs et travailleuses sont des déposants, et pas des moindres, à la Caisse. En effet, tous les employés syndiqués du secteur public qui contribuent à leur régime de retraite, le RREGOP, voient leur dépôt confié à la CDPDQ afin de réaliser les rendements nécessaires à une future rente de retraite convenable.

Les cotisations au RREGOP sont confiées à la Caisse pour réaliser des investissements, selon les orientations données par le Comité de retraite propre à ce régime de retraite. L’histoire ne dit pas si le Comité de retraite du RREGOP a été consulté ou informé de ce projet de créer CDPQ Infra, pas plus que les autres déposants à la Caisse.

Depuis 2012, il n’y a plus de représentants des travailleurs et travailleuses au sein du conseil d’administration de la Caisse, contrairement à la volonté énoncée lors de la création de la Caisse par Jean Lesage.

En conséquence, je ne pouvais donc pas être informé qu’un tel projet était dans les cartons de la Caisse et je ne pouvais pas non plus participer au débat et donner mon avis au sujet de cette entente entre la Caisse et le gouvernement, en tant que principal déposant dans notre bas de laine collectif. Mais, en définitive, c’est moi le citoyen et moi le travailleur qui paiera pour les pots cassés, si le pot se brise, bien entendu.

Mais je ne pourrai pas non plus manifester ma joie si le projet réussit, car je n’aurai pas été, moi le citoyen-travailleur, partie prenante de la décision.

Le principe bien américain, « No taxation without representation » n’est pas preneur dans ce projet. Vive la démocratie !