Une prestation qui mérite un essorage au tordeur

À propos du « Lavage de la semaine » à Medium large

À l’émission Medium large, animée par Catherine Perrin à la radio de Radio-Canada, chaque vendredi matin débute avec la chronique Le lavage de la semaine où deux personnalités publiques sont invitées à commenter l’actualité.

Le vendredi Premier mai, Mme Régine Laurent, présidente de la FIQ et Michel Kelly-Gagnon, président de l’Institut économique de Montréal (IEDM) avaient ce privilège.

Lorsque Mme Perrin a demandé à ce dernier, qui, selon lui, avait besoin d’un cycle délicat, j’ai été très étonné de l’entendre répondre : « Les travailleurs de la construction ».

Convaincu qu’il allait parler du taux alarmant et persistant d’accidents et de décès au travail dont sont victimes ces travailleurs, je me disais que je l’avais peut-être mal jugé et qu’au fond il était sensible à leur sort. Quel naïf je suis !

Il les plaint parce qu’ils sont obligés d’être syndiqués ! Selon lui, on brime leur liberté fondamentale ! Ils ne peuvent pas choisir de ne pas être syndiqués et ils ne peuvent former leur propre syndicat. Ils doivent adhérer aux quelques syndicats de la construction existants.

Cette situation constituerait donc une plus grave atteinte à leurs droits que le manque de sécurité sur les chantiers !

Rappelons qu’au Québec en 2014, ce sont 51 travailleurs de la construction qui sont morts d’accidents de travail ou de maladies professionnelles. Chaque année 700 travailleurs se blessent en tombant. Chaque semaine, un travailleur est électrocuté, électrisé, brûlé ou apprend qu’il a une maladie pulmonaire causée par son emploi. Chaque année, neuf travailleurs sont coincés dans une tranchée ou écrasés sous un échafaudage.

Le message de l’IEDM aux travailleurs de la construction est clair : « Votre emploi peut vous tuer, vous estropier , vous rendre malade ou vous faire mourir à petit feu, on s’en fout. Mais, de grâce, débarrassez-vous de vos syndicats ! »

Rappelons que monsieur Kelly-Gagnon a été membre du conseil d’administration de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) de 2006 à 2009.

Dommage qu’il n’y ait pas un volet Qui est le salaud de la semaine ? dans cette chronique.