Pour une vraie course à la direction du Parti Québécois

Revoir les critères du choix des trois derniers chefs, ça s’impose !

2016/11/15

Depuis le départ de Bernard Landry, le Parti Québécois a connu trois chefs : André Boisclair, Pauline Marois et Pierre Karl Péladeau. Sous leur gouverne, la cause de l’indépendance n’a pas avancé d’un iota. En fait, rien n’a été fait depuis 1995 ! Aucune mise à jour des études sur l’indépendance, aucun nouvel argumentaire développé par le Parti Québécois. Aussi, ce ne serait pas une mauvaise idée que les membres revoient les critères qui ont prévalu au choix des trois derniers chefs.

André Boisclair a été élu parce qu’il était jeune. À l’époque, les faiseurs d’opinions proclamaient que le Parti Québécois était le parti d’une génération. Les membres ont voulu leur donner tort en choisissant Boisclair. On connaît le résultat. À l’élection de 2007, le PQ a terminé au troisième rang !
Une fois Boisclair éjecté, les membres ont voulu se faire pardonner de ne pas avoir choisi Pauline Marois, la fois précédente, en la couronnant. Gilles Duceppe a montré, l’espace d’un week-end, de l’intérêt pour le poste, mais a rapidement jeté l’éponge à la suite de la publication d’un sondage défavorable.

 Mme Marois n’a rien fait pour faire avancer la cause de l’indépendance, parce que son objectif était tout autre. Elle voulait devenir la première femme Première ministre du Québec. Point. Historiquement, au Parti Québécois, le chef a toujours été présenté, avant son discours devant les instances du parti, comme « le futur Premier ministre d’un Québec indépendant ». Sauf dans le cas de Mme Marois. Elle était plutôt désignée comme « la future première femme Premier ministre du Québec ».

Pierre Karl Péladeau s’est fait élire auréolé de sa réussite dans le monde des affaires. En fait, une réussite fort contestable, comme je l’ai démontré dans mon livre PKP dans tous ses états (Éditions du Renouveau québécois). Au passif de l’héritier, la faillite de Quebecor World, l’échec spectaculaire de Sun Media et Sun News au Canada anglais. Aujourd’hui, tout l’empire Québecor repose sur la profitabilité de Vidéotron, acquise grâce à l’intervention in extremis de la Caisse de dépôt. Mais il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Les militants du PQ ont refusé d’examiner ces faits qui « relativisaient » les performances financières de leur « héros », leur « sauveur », qualifié même par certains d’« homme providentiel ».

D’autres critères que la jeunesse, le sexe, le « succès » dans les affaires ou une prédisposition pour le « consensus » doivent être mis dans la balance pour le choix du prochain chef. Bien sûr que le bilan comme parlementaire et, le cas échéant, comme ministre, est à considérer, et des qualités de rassembleur et de leader sont essentielles, mais d’autres qualités s’imposent.

Premièrement, il faut que la ou le prochain chef puisse consolider le Parti Québécois dans son statut d’opposition officielle à l’Assemblée nationale, statut qu’il est en train de perdre aux mains de la CAQ. Il ne serait donc pas superflu d’évaluer la performance des candidatures à ce chapitre. Au cours de la dernière année, se sont-elles fait damer le pion par leur vis-à-vis de la CAQ dans leur champ d’intervention ou les ont-ils dominés ?

Deuxièmement, il faut que cette ou ce chef ait les qualités requises pour battre les libéraux de Philippe Couillard à la prochaine élection. D’abord, en proposant déjà les éléments d’un programme politique qui constituerait une véritable option par rapport aux libéraux et à leur club-école, la CAQ. Mais, également, avoir démontré des qualités d’orateur à l’Assemblée nationale, de façon à ce qu’on puisse s’attendre qu’elle ou il puisse faire preuve de pugnacité lors des débats télévisés de la prochaine campagne électorale.

Troisièmement, cette ou ce chef doit présenter une feuille de route réaliste vers l’indépendance, qui tienne compte de la conjoncture politique et du fait que nous venons de perdre un an et que nous ne sommes plus qu’à deux ans de l’élection.

Enfin, bien qu’il soit tout à fait admissible que les artistes se prononcent pour telle ou telle candidature, nous devons rappeler que nous ne choisissons pas le prochain maître de cérémonie de la Fête nationale, mais une ou un chef qui va devoir se mesurer aux libéraux jour après jour à l’Assemblée nationale – tout en se démarquant de la CAQ –, qui doit posséder la force de caractère et les talents oratoires pour s’imposer dans les débats de la prochaine campagne électorale, et qui va proposer à l’électorat un programme électoral gagnant et une feuille de route crédible pour l’accession à l’indépendance.

Si, en plus de cela, la candidate ou le candidat est « consensuel », eh bien, tant mieux !