Départ de Couillard : remplacé par Taillefer ?

2017/02/07

Une rumeur de plus en plus persistante voudrait que Philippe Couillard ne sollicite pas un nouveau mandat. Le poste de Premier ministre ne l’intéresserait plus. Une hypothèse qui paraît fondée si on considère son attitude désinvolte à l’égard des événements politiques. 

Pour remplacer Couillard, l’establishment du Parti Libéral mousserait la candidature d’Alexandre Taillefer, le patron de Téo Taxi. Les accointances de Taillefer avec le Parti Libéral viennent d’ailleurs d’être révélées au grand jour avec son appui public à la candidate libérale, lors de l’élection partielle dans la circonscription de Verdun. 

L’ancien « dragon » serait un candidat de choix pour renouveler l’image du Parti Libéral. Il est écologiste (avec ses taxis électriques), progressiste (avec son appui au salaire minimum à 15 $), un success story en affaires (il possède la moitié de la flotte de taxis de Montréal), un ami des arts (il siège au conseil d’administration de plusieurs institutions culturelles et contrôle 49 % des actions de Communications Voir). 

Il se présente également comme nationaliste, (comme en témoigne sa contribution financière à la campagne de Jean-François Lisée) et fédéraliste (son appui à Lisée était « personnel » et non un appui à l’indépendance). 

Dans l’édition du 2 mai 2015 du journal La Presse, le journaliste Jean-Philippe Décarie décrivait les principales étapes de la carrière d’Alexandre Taillefer. On retient qu’il a amorcé sa carrière d’entrepreneur, en 1993, à l’âge de 21 ans, en fondant la société Intellia, un fournisseur de services pour le commerce électronique, qui a été rachetée trois ans plus tard par Québecor pour devenir Nurun. 

Après cinq années à Québecor, où il a effectué différentes acquisitions, dont les actions ont fluctué selon les hauts et les bas (surtout les bas) des marchés financiers, son bilan était à ce point négatif que « les banques ne voulaient pas me financer », confie-t-il au journaliste de La Presse. 

C’est son association avec Stephen Bronfman et son holding Claridge dans la création du fonds XPND qui a véritablement lancé la carrière de Taillefer. Dans un premier fonds XPND doté de 20 millions $, Taillefer aurait conservé une participation majoritaire. Mais dans un deuxième fonds XPND, doté d’un capital d’investissement de 40 millions $, la position de Taillefer est minoritaire et celle de Claridge, majoritaire. La Caisse de dépôt et placement y a aussi investi des millions de dollars. 

De toute évidence, les 200 millions $ que Taxelco, la filière de XPND, entend injecter dans le taxi ne proviendront pas de la fortune personnelle d’Alexandre Taillefer. 
Stephen Bronfman est le fils du milliardaire Charles Bronfman. Il est très engagé dans la vie montréalaise. Il fait campagne avec le maire Coderre pour le retour des Expos et la construction d’un stade de baseball au Bassin Peel, à proximité de l’endroit où sa société Claridge a investi dans un projet de 1600 copropriétés. 

Il fait aussi partie du comité responsable de l’organisation des Fêtes du 375e anniversaire de Montréal, où siège également Alexandre Taillefer. Rappelons que le comité responsable de l’organisation des Fêtes du 375e anniversaire de Montréal est dirigé par France Chrétien-Desmarais, fille de Jean Chrétien et épouse d’André Desmarais de Power Corporation. 

Mais, plus important encore, Stephen Bronfman est un intime de Justin Trudeau. En 2013, ce dernier l’a recruté pour financer sa course à la direction du Parti Libéral. Il a rapidement recueilli 2 millions $, ce qui lui a valu d’être nommé, par la suite, à la tête du comité chargé des finances du Parti Libéral fédéral. En un an, Bronfman avait déjà recueilli près de 16 millions $, soit plus que le Parti Libéral n’en avait jamais récolté au cours de chacune des années de la décennie précédente. 

Soulignons, enfin, que Stephen Bronfman était, lors de la réception à la Maison-Blanche offerte par Barack Obama à Justin Trudeau, la seule personne qui n’était pas de la famille de Justin, ou membre du gouvernement ou de son personnel politique. 

Avec Alexandre Taillefer pour succéder à Philippe Couillard, la famille Desmarais, les Bronfman et les libéraux auraient le candidat idéal pour espérer maintenir leur contrôle sur la politique québécoise.