La part de responsabilité du Canada dans l’élection de Trump

2017/03/08

Dans un livre remarquable, salué par la critique, Dark Money. The Hidden History of the Billionnaires Behind the Rise of the Radical Right, l’auteure Jane Mayer raconte en détails l’histoire des frères Koch, à la tête du réseau de milliardaires états-uniens, qui ont financé au cours des dernières décennies des instituts de recherche (Cato Institute, Heritage Foundation, etc.), des fondations et des médias, et des campagnes électorales, tant aux niveaux local, étatique et national, de la frange la plus à droite du Parti Républicain, du Tea Party et d’autres organisations similaires.

On y apprend que le joyau de l’empire industriel des frères Koch est la raffinerie Pine Bend, située à Rosemount, au Minnesota.

Détenue majoritairement par les frères Koch depuis 1969, Pine Bend est devenue, selon Jane Mayer, une véritable mine d’or à cause de sa situation géographique exceptionnelle, qui lui permettait d’acheter au Canada le pétrole peu coûteux et de mauvaise qualité des sables bitumineux. Une fois raffiné, il était vendu au même prix que les autres types d’essences. Pine Bend pouvait donc en tirer une marge de profit de beaucoup supérieure aux autres raffineries.

En 2015, Pine Bend raffinait quelque 350 000 barils de pétrole canadien par jour. Selon David Sassoon du Inside Climate News, associé à l’agence Reuters, « cette seule raffinerie des Koch était responsable en 2012 de 25 % du 1,2 million de barils de pétrole des sables bitumineux que les États-Unis importent chaque année du Canada », rapporte Jane Mayer.

Son livre est paru quelques mois avant l’élection de 2016, mais elle affirmait que le réseau Koch avait prévu dépenser 889 millions $ pour soutenir différents candidats.

Se présentant comme le candidat anti-establishment, Donald Trump s’est habillement démarqué de ce réseau et a traité, sur twitter, les autres candidats républicains de marionnettes des frères Koch.

Le Canada et le Québec n’en ont pas fini avec les frères Koch. Ils sont les propriétaires de Georgia-Pacific, l’énorme entreprise de produits forestiers, acquise en 2005 pour 21 milliards $. Lors des précédentes négociations de l’accord sur le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis, Georgia-Pacific a été le fer de lance de l’offensive états-unienne pour l’imposition de droits douaniers sur l’importation de bois d’œuvre canadien aux États-Unis.