Tissé serré contre la pauvreté

2017/06/20

Le 10 mai dernier, 400 manifestants ont déambulé dans les rues de Montréal dans le cadre de la 44e semaine de la dignité des personnes assistées sociales du Québec. La manifestation avait pour objectif de demander au gouvernement de renoncer à l’approche obligatoire et à toutes les sanctions financières prévues par la récente réforme de l’aide sociale.

S’adressant aux manifestants, Yann Tremblay-Marcotte du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ) a déclaré que « les personnes assistées sociales s’impliquent beaucoup dans la société pour aider un proche, un parent, un enfant ou pour appuyer et donner du temps aux organismes communautaires. Pourtant, chaque jour, on entend des préjugés sur ces personnes, alors qu’elles sont actives bénévolement. Ces perceptions doivent changer ».

« Nous manifestons contre le projet de loi 70, car le gouvernement veut mettre des conditions pour recevoir de l’aide sociale. Si la personne ne participe pas de façon suffisante, le gouvernement va lui couper jusqu’au tiers de son chèque. Ce qui veut dire 400 dollars par mois », de s’indigner monsieur Tremblay-Marcotte.

Rappelons que la loi 70 a été adoptée en novembre dernier. Celle-ci rendra obligatoire, pour ceux qui font une première demande d’aide sociale, la participation au programme Objectif emploi pour les personnes considérées sans contraintes à l’emploi. Le ministre Blais a souvent brandi la menace de pénalités pouvant aller jusqu’à 224 dollars aux personnes ne répondant pas de façon jugée satisfaisante aux exigences du programme.

Émilie E. Joly, du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), ajoute que « c’est inconcevable de vivre avec 8 000 dollars par année pour subvenir à ses besoins de base. La seule manière pour y arriver, c’est avec les calculs magiques de François Blais. Ce ne devrait jamais être un débat à savoir si on paye le loyer ou l’épicerie. Des milliers de personnes sur l’aide sociale sont prises devant ce dilemme chaque mois. La personne assistée sociale ne peut payer un loyer, faire son épicerie pour le mois et acheter une carte mensuelle pour le transport en commun ».

« L’augmentation du revenu des personnes assistées sociales doit être une priorité. Cela permettrait aux gens de sortir la tête de l’eau. Entre les deux derniers recensements, soit 2006 et 2011, la prestation de base a augmenté de 31 dollars. Le logement pour une personne seule a augmenté de 69 dollars sur la même période. Donc, la prestation ne suit pas le coût normal de la vie », de poursuivre madame Joly.t