Assimilation : le français en difficulté

2017/12/01

J’ai décrit dans ma dernière chronique comment, en refusant de répartir les déclarations de langues multiples de façon égale entre les langues déclarées, Corbeil soustrait aussi de notre vue l’effet global de l’assimilation. Car cela se mesure en comparant la composition de la population selon la langue maternelle avec celle selon la langue d’usage, après répartition égale des réponses multiples.


Voyons par nous-mêmes comment évolue ce bilan global de l’assimilation. 

Au recensement de 1991, le Québec comptait, après simplification égale des réponses multiples, 626 200 personnes de langue maternelle anglaise et 761 815 de langue d’usage anglaise. La différence de 135 615 représente le profit que l’anglais tirait alors de l’assimilation.

Le français en a tiré au même recensement un profit de 66 145. L’anglais tirait ainsi de l’assimilation un profit supérieur de 69 470 personnes à celui du français.

Cet avantage s’est réduit sensiblement au cours des quinze années suivantes. En 2006, le profit que l’anglais tirait de l’assimilation était de 180 720, et celui du français, de 168 315. L’avantage de l’anglais n’était donc plus que de 12 405.

Mais le rattrapage du français s’est ensuite essoufflé. En 2011, l’anglais tirait toujours de l’assimilation un profit supérieur de 7 245 à celui du français. En 2016, le profit de l’anglais est de 209 767 et celui du français, de 207 434. La différence, de 2 333, demeure à l’avantage de l’anglais.

Le français finira peut-être par tirer de l’assimilation un profit supérieur, en chiffres absolus, à celui de l’anglais. Mais il est évident que, depuis une dizaine d’années, son élan s’est brisé. 

Voilà encore un constat que Corbeil préfère voiler.

À ce rythme, le français ne tirera jamais de l’assimilation un profit proportionné à son poids, c’est-à-dire un profit quelque dix fois supérieur à celui de l’anglais. 

C’est le degré d’attraction qu’il faut atteindre avant de pouvoir considérer que le français exerce un pouvoir d’assimilation égal à celui de l’anglais. Car la majorité de langue maternelle française demeure près de dix fois supérieure à la minorité de langue maternelle anglaise.