À quoi s’attendre de l’OQLF ?

2017/12/01

L’Office québécois de la langue française (OQLF) prépare présentement son rapport quinquennal 2013-2018. Sa programmation annonce « une synthèse des constats qui se dégageront des études de l’Office et de celles d’autres chercheurs ou organismes qui s’intéressent aux questions linguistiques ».

 J’ai hâte. Ses précédents rapports quinquennaux comprenaient diverses études à méthodologie variable, sans la moindre synthèse.

Le comité scientifique à l’OQLF s’entendra-t-il du moins sur la meilleure façon de suivre l’évolution du poids du français ? Il s’agit d’une information indispensable au débat sur la langue.

Trois méthodes d’analyse sont présentement en circulation. Celle de Corbeil, qui brouille tout. Celle de répartir la population en groupes linguistiques distincts, comme l’a fait Statistique Canada de 1871 jusqu’en 2011, en simplifiant de façon égale les réponses multiples recueillies à partir de 1971. Et celle qu’a privilégiée l’OQLF dans ses publications récentes. 

J’ai critiqué cette dernière méthode dans « Parole de Couillard, c’est l’anglais qui recule ! » (l’aut’journal, no 349, mai 2016). Elle remonte à une note méthodologique douteuse du démographe Michel Paillé, que l’Office a fini par publier en 2008. Il s’agit « d’additionner toutes les réponses multiples où le français est mentionné » puisque, selon Paillé, « la politique linguistique du Québec concerne le français ».

Étrange raisonnement

Ce mode de simplification ne tient aucun compte du versant anglais des réponses « français et anglais » ou « français, anglais et italien », qu’il fourre dans le même sac appelé « réponses multiples incluant le français ». Il a conduit l’OQLF à former la catégorie « Français seul ou avec d’autres langues », selon laquelle le français se maintiendrait comme langue d’usage au Québec. Ce serait plutôt l’anglais qui dégringole !

Ne riez pas. La méthode Paillé compte d’éminents défenseurs. Dont le démographe Marc Termote qui, en qualité de président du comité scientifique de l’Office, a dû approuver le contenu de ses récentes publications.   

Statistique Canada nous présentera ce 29 novembre son analyse des données de 2016 sur la langue de travail. Parions qu’elle sera apprêtée à la sauce Corbeil. Quant au rapport de l’OQLF, nous verrons en 2018.