On ne sort pas de la pauvreté avec le salaire minimum

2018/01/26

Le 17 janvier, le gouvernement Couillard a annoncé qu’il augmentera le salaire minimum à 12 $ l’heure à partir du 1er mai 2018. Ces 75 cents d’augmentation représentent une hausse de 6,67 % pour les 352 900 salariés québécois gagnant le salaire minimum. 

« On salue cette hausse qui est la plus importante au Québec, mais c’est nettement insuffisant. Ça prend minimalement 15 $ l’heure à temps plein pour sortir de la pauvreté, d’arguer Virginie Larivière, porte-parole de la campagne 5-10-15 du Collectif pour un Québec sans pauvreté, lors d’une entrevue accordée à l’aut’journal. Car de nombreux employés au salaire minimum travaillent à temps partiel. Cette augmentation de 75 cents ne permet pas d’atteindre le seuil pour sortir de la pauvreté. » 

Rappelons que le portrait des gens qui travaillent au salaire minimum se conjugue majoritairement au féminin. Souvent, le seul revenu qui subvient aux besoins familiaux est le salaire minimum. Les étudiants sont également dans cette situation, mais dans une proportion moindre. 

En Ontario, le gouvernement a fait passer le salaire minimum de 11,60 $ à 14 $ l’heure. Mécontents de cette hausse, des patrons des cafés Tim Hortons ont décidé de couper dans les conditions de travail de leurs employés. 

 « Couper dans les conditions de travail, ce sont des façons de faire cavalières et irrespectueuses envers les travailleurs et des travailleuses. C’est déplorable que des employeurs soient prêts à descendre aussi bas pour protéger leurs profits », de déclarer Virginie Larivière.

« Le comportement des franchisés de Tim Hortons démontre qu’ils sont de mauvais joueurs. Les groupes patronaux vont souvent nous dire qu’il faut suivre les lois du marché et ses règles. Mais, lorsque les règles favorisent les employés, alors il y en a qui sont moins à l’aise de respecter ces mêmes règles », de s’offusquer Mme Larivière. 

Interrogée au sujet de la position de certains économistes qui affirment que la hausse du salaire minimum entraînera des pertes d’emplois, Virginie Larivière explique « qu’en 2012, en Colombie-Britannique, le salaire minimum a été augmenté de 28 %. L’Institut Fraser s’y était opposé et avait prédit que la hausse allait faire perdre 52 000 emplois. Dans la réalité, on a constaté que le nombre de pertes d’emplois ne dépassait pas les 3 800. Donc, très loin des catastrophes annoncées par le patronat. L’équation augmentation du salaire minimum égale pertes d’emplois ne tient pas la route ». 
  
Elle ajoute : « Le gouvernement étudie l’augmentation du salaire minimum selon différentes variables, dont celle de ne pas dépasser 50 % du salaire moyen. Cette théorie du non-dépassement du 50 % du salaire moyen enferme l’augmentation du salaire minimum dans une logique bien précise. En utilisant la lorgnette de l’économiste Pierre Fortin, le gouvernement reste dans la logique de la préservation des profits ». 

« Il faudrait plutôt se demander si le salaire minimum ne devrait pas plutôt aider les plus démunis à sortir de la pauvreté. Une personne qui travaille à temps plein au salaire minimum devrait pouvoir subvenir à ses besoins, et pas seulement à ses besoins de base. Il y a 11 % des gens qui travaillent et qui doivent recourir aux services des banques alimentaires pour mettre de la nourriture dans leur assiette », de déplorer Virginie Larivière. 

« C’est un manque de cohérence que nous propose le gouvernement quand il nous dit qu’il faut travailler pour sortir de la pauvreté. Or, on ne sort pas de la pauvreté en travaillant au salaire minimum. De plus, le gouvernement met en place à l’aide sociale des programmes d’incitation au travail pour obliger les prestataires à travailler au salaire minimum », ajoute Virginie Larivière.