À la rescousse de l’environnement

2019/03/22

Le 15 mars, 150 000 marcheurs à Montréal – record mondial du jour ! –, deux millions sur la planète, ont fièrement exprimé leur so-li-da-ri-té avec la Suédoise Greta Thunberg (1). Les jeunes ont uni leur voix dans plus de 2 000 villes de 122 pays. Le même nombre de pays qui ont voté le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires à l’ONU le 7 juillet 2017 (Le Canada a voté contre, aussi irresponsable que les 27 autres pays de l’OTAN). Tournant le dos avec dégoût à l’obsession haineuse de l’extrême droite ayant frappé la Nouvelle-Zélande, d’autres milliers d’écoliers, collégiens et universitaires ont marché sous la pluie à Québec, Trois-Rivières, Rimouski, Gatineau… En comptant les élèves sortis à midi du Salésien et 
de Mitchell-Montcalm, 2 000 à Sherbrooke ont entonné des slogans recyclés et brandi des pancartes antipopulistes : L’octosyllabique 3+5 So, so, so, sauvons la planète !, le décasyllabique 2+2+6 Un peuple, uni, jamais ne s’ra vaincu et l’alexandrin 2+2+4+4 Crions ! Plus fort ! Pour que personne/ne nous ignore : 

Make our planet great again. Changeons le système, pas le climat.

La bour$e …ou la vie ! Notre planète, on la veut bleue ou bien cuite ?
À quoi bon étudier pour devenir des experts que les gouvernements n’écoutent pas ? 
On ne peut pas s’acheter une planète. Don’t frack mother nature.
Les voitures à la casse, les vélos à la plage. 
L’homme ne court pas à sa perte, il y roule à tombeau ouvert. 
Pourquoi ne pas subventionner le train Sherbrooke-Montréal ?
Justin, t’es où, tu t’caches derrière un pipeline ? Retour VERT le futur.   

S’émouvant des ours polaires échoués sur la banquise de l’Arctique, des jeunes interviewées avec pancartes et chiens en laisse déploraient la fonte accélérée du pergélisol. 

Bouleversante, avec son bébé papoose sur le dos, une mère de famille pauvrement vêtue, véhiculait péniblement dans la sloche la poussette de son autre enfant en âge préscolaire tenant sa micropancarte où on déchiffrait : « Pas de voix trop petite pour être entendue ».

Sympathiques, des manifestants affamés assiégeaient la boulangerie Les Vraies Richesses, nommée en hommage au premier écolopacifiste Jean Giono, auteur de l’Homme qui plantait des arbres illustré par l’Artiste pour la Paix Frédéric Back.

Attendrissante, une équipe de nettoyage suivait marcheurs et marcheuses, ramassant méticuleusement même les mégots de cigarettes de l’hiver que la fonte faisait émerger des trottoirs mal déblayés.

Sensible à la révolte des jeunes contre nos gouvernements qui ignorent l’urgence exprimée par l’ONU, le GIEC et des milliers de savants, l’animateur Alexis de Lancer interpellait, avec une vigueur inaccoutumée à Radio-Canada, Catherine McKenna : 

« Les entendez-vous, les jeunes, qui vous reprochent l’achat d’un pipeline ? 
– J’admire les jeunes, bla, bla, bla… la transition, répondait la ministre hagarde.
– Êtes-vous capable de les regarder dans les yeux, madame, et de dire que votre gouvernement en fait assez ? Sentez-vous L’URGENCE avec laquelle ils vous somment d’agir ? Comprenez-vous ce que l’achat d’un pipeline provoque d’angoisse climatique ?!? 
– Oui, oui, on doit faire plus », admettait la ministre de l’Environ-nement, visiblement affectée par le départ des libérales Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould.

Les ministres fédéraux et médias officiels blâment les comportements individuels, mais laissent, lobbying oblige, les entreprises investir cent milliards de dollars dans l’armement du Canada et celui de l’Arabie saoudite, plutôt que dans la vraie protection de la planète !

La spontanéité de l’émotion, c’est bien, mais cela prend des organisateurs comme Amélie Drainville de La Planète s’invite à l’université, blâmant le gouvernement Legault pour son absence de plan environnemental. Elle était enchantée de constater la mobilisation plus grande que prévue, grâce à d’autres militantes et militants organisés comme la Déclaration d’urgence climatique (DUC), le Pacte pour la transition de Dominic Champagne, l’organisme international Climate Emergency, Environnement jeunesse, Nature Québec, Greenpeace, Québec Solidaire et le Parti Québécois. Elle pouvait aussi compter sur l’aut’journal.info, le journal communautaire de Sherbrooke Entrée libre et le blogue de Martin Poirier qui relaient les vraies informations qui dérangent le désordre établi.t

L’auteur manifestait à Sherbrooke avec ses enfants Florence et Louis-Philippe. 

(1) Sélectionnée pour le prix Nobel de la Paix, l’héroïne de quinze ans a dénoncé l’inaction des dirigeants face au dérèglement climatique dans un discours indigné, lors de la COP24 de l’ONU à Katowice.