Édouard-Montpetit va de l’avant avec ses cours en anglais

2007/06/14 | Par L’aut’journal 

Montréal, le 13 juin 2007. Le Mouvement Montréal français, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et Impératif français lancent un appel à la mobilisation de l'ensemble des intervenants du secteur de l'éducation et de la promotion du français, pour faire face à une décision du C.A. du cégep Édouard-Montpetit. Par un vote partagé, le C.A. a décidé le 12 juin de maintenir sa demande auprès du ministère de l'Éducation de pouvoir instaurer un programme d'entretien des aéronefs entièrement dispensé en anglais.


La décision du C.A. du cégep a été prise après un processus de consultation escamoté, malgré l'opposition de la Commission des études du collège, du Syndicat des professeurs (SPPCEM), de l'Association générale des étudiants du collège Édouard-Montpetit (AGECEM), du Syndicat du personnel de soutien (SPSCEM), de la Confédération des Syndicats nationaux (CSN), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ/CSN), de la Fédération du personnel de soutien en éducation supérieure (FPSES/CSQ), du Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ) et de la Société nationale des Québécois Richelieu-Saint-Laurent.

Un dangereux précédent

Cette décision d'un cégep français de dispenser une partie de ses cours en anglais constitue un précédent dans la région de Montréal. Elle entraîne le cégep, et éventuellement le secteur français de l'éducation postsecondaire à Montréal ainsi qu'ailleurs au Québec, sur une pente savonneuse qui pourrait bien conduire, à plus ou moins long terme, à l'anglicisation graduelle de ce secteur. Il faut s'opposer dès les premiers signes à toute volonté d'anglicisation par la bilinguisation des cégeps français, sans attendre que le combat devienne plus difficile.

Les arguments invoqués par le directeur du cégep et par l'attaché de presse de la ministre Courchesne à l'appui de ce début d'anglicisation du cégep sont irrecevables. On invoque une obligation de remplacer le programme qui se donnait au cégep John Abbott. Mais n'est-ce pas le rôle des cégeps que de former des jeunes capables de travailler en français, quelle que soit leur langue maternelle ?

Par ailleurs, on mentionne qu'un effectif de 70 étudiants suivant leur cours en anglais dans un seul programme ne menacerait aucunement le caractère français du cégep. Mais comment croire que, après avoir imposé un premier précédent, on en restera uniquement à cela ? Comment oublier que, dans un premier temps, le cégep avait demandé la permission d'instaurer non pas un, mais quatre programmes en anglais, dont un en technique de la santé!

It would make good business sense

Il y a fort à parier que le nouveau programme serait essentiellement fréquenté par des allophones issus de l'école française (« les enfants de la loi 101 ») et des francophones, comme c'est déjà en grande partie le cas des cégeps anglophones. Leur formation en anglais va contribuer à angliciser davantage les milieux de travail dans la région métropolitaine, à précariser encore davantage la situation du français à Montréal et, à moyen terme, dans l'ensemble du Québec.


Le directeur du cégep a fait valoir, dans une entrevue au quotidien The Gazette, que son projet était justifié du point de vue des affaires (« would make good business sense »). Si le sens des affaires doit prévaloir sur la mission des cégeps français de promouvoir un Québec où l'on travaillera en français, n'y a-t-il pas lieu de craindre qu'effectivement le précédent anglicisant d'Édouard-Montpetit ne s'étende à d'autres programmes et à d'autres institutions ?


Déjà le gouvernement libéral a démontré un manque de responsabilité flagrant face à l'avenir du français au Québec, en effectuant des coupures dans les services de francisation des nouveaux arrivants, en introduisant l'apprentissage de l'anglais en première année et en tentant d'élargir le financement public des écoles privées ethniques. Jusqu'où iront les accommodements linguistiques ?

Nous demandons au premier ministre du Québec, M. Jean Charest, d'être conséquent avec son allocution d'ouverture de la session parlementaire, où il affirmait que le français, au Québec, « est le coeur de notre liberté et de notre identité. Intégration égale aussi francisation. ». Nous exhortons les partis d'opposition à s'engager clairement en faveur de l'intégrité linguistique des institutions françaises d'enseignement postsecondaire et contre l'anglicisation des cégeps français.