Lettre ouverte à Christiane Charette

2007/06/14 | Par Louis Bourgea

St-Jean-sur-Richelieu, 31 mai 2007

À : Madame Christiane Charette
Objet : Entrevue avec M. Claude Castonguay

Madame,

Je tiens à vous faire part de ma plus vive déception face à l’entrevue que vous avez faite le jeudi 31 mai avec M. Claude Castonguay.
 
Au moment de le présenter, vous avez dit de lui qu’il avait été ministre, sénateur, président de banque, qu’il avait reçu des doctorats honorifiques, etc. Mais vous vous êtes bien gardée de mentionner qu’il avait été durant de longues années à l’emploi d’une compagnie d’assurances.

Déjà je trouve scandaleux que le premier ministre Charest l’ait nommé à la tête d’un comité devant étudier des pistes de solutions pour le financement du système de santé, sachant que les compagnies d’assurances auraient tout à gagner d’une plus large implication du privé dans ce domaine et que M. Castonguay, à maintes reprises, s’est dit favorable à une telle implication.

La moindre honnêteté journalistique aurait exigé que vous le mentionniez.

Non seulement vous n’en avez rien fait mais vous avez insisté sur le fait qu’il ne faisait pas de politique partisane, comme si cela était une garantie de son impartialité. C’est comme si on demandait à un renard de nous conseiller sur la nécessité ou non de clôturer l’enclos des poules et que pour nous assurer de sa neutralité vous nous disiez qu’il n’est ni éleveur de poules, ni vendeur de clôtures.

Si au moins vous aviez aussi invité une autre personne reconnue pour son opposition à la participation du secteur privé dans le système de santé, nous aurions pu croire à une certaine objectivité. À défaut de ça, vous auriez au moins pu faire fi de vos opinions personnelles et vous comporter en journaliste en le confrontant, mais au contraire, vous vous êtes contentée de jouer le rôle du faire-valoir.

Au cours de l’entrevue, M. Castonguay a mentionné que l’opinion publique avait changé depuis quelques années et que les gens semblaient maintenant plutôt favorables à la participation du secteur privé dans la santé. Comment s’en surprendre quand les seules personnes à qui l’on donne une tribune pour parler du sujet sont liées aux compagnies d’assurances et qu’en plus on a la malhonnêteté de nous les présenter comme étant neutres?

Cette entrevue était indigne d’une radio publique. Vous y avez dit, madame Charrette, qu’à regarder notre système de santé vous avez parfois l’impression d’être en Union Soviétique. Eh bien moi c’est en regardant nos médias que j’ai cette impression.

Louis Bourgea

c.c : M. Bruno Guglielminetti, réalisateur. M. Sylvain Lafrance, vice-président.