L'anglais toujours plus payant que le français

2007/08/21 | Par Jean-Paul Perreault

Une étude de l’Institut C.D. Howe sur l’évolution du statut socio-économique des francophones au Québec nous dit que « le français est plus payant » sur le marché du travail au Québec qu’en 1960.

Il est peut-être vrai, comme l’affirment habilement les auteurs, que les unilingues anglophones ont vu « la diminution de leur avantage en termes de revenus par rapport à leurs homologues francophones », mais il n’en demeure pas moins, selon les chiffres mêmes de l’étude, qu’en 2000 les unilingues anglophones ont toujours des revenus supérieurs aux unilingues francophones, soit 34 097 $ contre 29 665 $ pour les hommes et 23 002 contre 20 786 pour les femmes.

Certes, le « français est plus payant » qu’il y a trente ans, mais toujours moins que l’anglais, omettent-ils de dire! La hiérarchie linguistique s’établit toujours selon le classement suivant : 1. bilingues; 2. unilingues anglophones; 3. unilingues francophones.

(Logo: www.cdhowe.org)

L’anglais « plus payant » pour les immigrants

Une récente étude longitudinale de Statistiques Canada (2) ayant pour objectif « d’étudier le lien entre la connaissance des langues officielles par les nouveaux immigrants et le fait d’occuper un emploi approprié » nous apprend que « plus le niveau d’anglais parlé des immigrants au Québec est élevé, plus leur salaire est élevé ». Par contre, « le niveau de français parlé par les immigrants n’a pas d’effet significatif sur leurs chances d’occuper un emploi approprié. »

Les auteurs de l’étude ne s’étonnent même pas de ces résultats. « Doit-on s’en surprendre, écrivent-ils. S’attendait-on à ce que les immigrants qui ont un meilleur niveau de français parlé au Québec soient plus susceptibles d’occuper un emploi approprié? »

Le Conseil supérieur de la langue française nous avait déjà appris que « le pourcentage d’allophones qui travaillent surtout en français n’est que de 45 % ».

Dans ce contexte, on comprend l’engouement des allophones et de plusieurs francophones pour la fréquentation du cégep anglophone. Ils représentent près de 50% de leur clientèle.

À moins d’un sérieux coup de barre, nous ne voyons pas comment nous pourrons renverser la tendance constatée lors du recensement de 2001, à l’effet que les allophones francisés ne représentent que 46% de l’ensemble des allophones assimilés, alors que la langue anglaise assimile 54% des allophones.

À l’heure de la mondialisation, si visible dans le paysage linguistique avec l’anglicisation des raisons sociales (Future Shop, Best Buy, etc.), une importante mise à jour de la Charte de langue française s’impose.


(1) Le français plus payant. L’évolution du statut socio-économique des francophones au Québec. Institut C.D. Howe. Bulletin de recherche, no. 103, août 2007.
(2) Connaissance des langues officielles chez les nouveaux immigrants : à quel point est-ce important sur le marché du travail? Statistique Canada. Avril 2007.