Métro à Laval : c’est assez !

2007/08/26 | Par Jean-Pierre Bonhomme


Il y a quelques lunes, soit en ce beau mois d’août, les bulletins de nouvelles nous apprenaient que le maire de Laval M. Gilles Vaillancourt allait faire une requête au gouvernement du Québec. Il réclamerait incessamment, disait-il dans son intervention, que le gouvernement de la Nation constitue un fonds commun de l’ordre du milliard $ – un fonds de réserve - pour permettre la construction de nouvelles stations de métro sur le territoire de l’Ile Jésus.

Voilà un maire qui a de l’humour ! On croit rêver! L’île Jésus vient en effet d’inaugurer trois stations de métro sur son territoire et cela au coût de près d’un milliard $. Le tout payé par l’État du Québec. Et, comme la nature a horreur du vide financier, il faudra que l’État verse un autre milliard pour desservir encore plus de propriétaires de pavillons individuels périphériques.

Le maire de Laval a été habile

On ne peut blâmer un maire de faire miroiter le paradis terrestre à ses commettants. C’est dans l’ordre des choses électorales locales. D’autant plus que la méthode a bien fonctionné jusqu’ici. En effet, la pression du petit maire a réussi faire plier l’État. Et c’est ainsi que, sournoisement, ce même État, (élu sous la bannière du Parti québécois) conscient de la fragilité de ses gestes, s’est servi des instruments de la propagande.

Il a fait digérer la construction du projet en laissant entendre qu’il fallait agir pour des raisons d’équité : la rive sud avait sa voie de communication piétonne vers l’autre rive ; la rive nord aurait ainsi la sienne. Et puis, si le maire n’avait pas ses bonbons il pourrait bien inciter la populace a faire élire des « libéraux » ce qui arrive souvent dans l’univers municipal !

La population a mordu : le principe d’égalité n’est-il pas sacré ? Mais nous, contribuables, nous nous réveillons maintenant avec TROIS stations nouvelles et ce au beau milieu de déserts urbains rognés sur de belles terres arables sacrifiées à la convoitise des promoteurs immobiliers !

Il n’y a pas de piétons à Laval

Il y a juste un petit problème principal : un métro est un instrument de transport des piétons. Or, il suffit de sortir des bouches de métro nouvelles pour constater que les piétons n’existent pratiquement pas Laval.

Il évident qu’un ménage de ne pourrait survivre à Laval sans voiture. Et, ce qui est plus grave - et les fonctionnaires le savent - c’est qu’une ligne de métro n’est pas rentable s’il ne se trouve pas sur le territoire desservi, une concentration de quelque trente logements à l’acre !

Ce qui est le cas dans l’île même de Montréal où les stations auraient eu été construites. Ce n’est pas le cas à Laval (où il n’y a que trois logements à l’acre environ). Du reste, le bon sens le dit : on construit un métro où il y a du monde.

Les trois nouvelles stations de métro n’ont que pour effet de faciliter le départ des banlieusards et des familles vers leurs voitures.

On ne peut demander au maire de Laval de s’intéresser au réaménagement des villes en fonction du bien commun. Le lobby de l’automobile est trop fort et ce n’est pas dans son champ de vision.

Ce que nous aurions pu faire d’autres avec le coût de deux stations

Mais on peut le demander à l’État. L’État, s’il avait exercé ses responsabilités n’aurait pas permis qu’il y ait trois stations de métro à Laval. Une seule aurait suffi. Cela aurait permis d’économiser quelque 500 millions$.

Qu’est-ce que nous aurions fait avec cette somme ? Nous aurions pu construire des logements novateurs sur l’île de Montréal pour les classes moyennes ; réduire les taxes des occupants actuels ; prolonger le métro dans l’île pour dégager les boulevards et rentabiliser le réseau ; construire des réseaux de trams novateurs...

Dans l’état actuel des choses, l’État se voit obligé de subventionner le pavillon de banlieue périphérique et ce pour toujours… En plus il accélère le départ des familles vers la banlieue. Sans parler des factures qui arriveront (les ponts, les écoles, égouts et le reste).

Le moins que nous espérons de l’État devant les nouvelles réclamations du petit maire
humoriste, c’est qu’il mette un stop aux velléités d’expansion des périphéries. Il doit nous dire ouvertement que Laval n’aura plus de stations de métro au lieu de nous dire qu’il « étudie » la situation.

Pour un ministère de l’Aménagement, de l’Urbanisme et de l’Architecture

S’il voulait vraiment s’occuper du bien commun, surtout, il créerait un ministère de l’Aménagement, de l’Urbanisme et de l’Architecture. Ainsi, il éviterait des erreurs coûteuses et irréparables pas seulement à Montréal, mais à Québec, à Sherbrooke et à Trois-Rivières aussi.

L’État, actuellement, n’a pas de gouvernail urbain. Il est a la merci des promoteurs privés.

Rappelons-nous ceci : Lors de la grande conférence de l’ONU sur l’habitat, tenue a Vancouver en 1976 et lors des autres conférences de cet ordre par la suite, le monde entier est arrivé à une conclusion, à un consensus : la nécessité de maintenir la vitalité des centre-ville de la planète. Ceci afin de réduire la dépendance des citoyens sur la coûteuse automobile.

L’auto n’est pas un mal en soi, avait-on signalé. Mais il fallait ne plus en dépendre. Le gouvernement du Québec, aujourd’hui, fait le contraire de ce que l’ONU avait proposé. Il donne à la périphérie des métros qui ont pour effet de disperser la population familiale et il laisse construire des maisons jusqu’au delà de Repentigny ! La civilisation se développe en ville !