Westmount redonne l'eau aux cols bleus

2007/08/26 | Par Pierre Dubuc

C’est un Michel Parent radieux que nous avons rencontré aux bureaux des Cols bleus regroupés de Montréal (local 301, SCFP-FTQ) sur la rue Papineau à Montréal. C’est avec fierté qu’il me brandit la déclaration de la Ville de Westmount rendue publique cet été qui affirme qu’elle redonne aux cols bleus la gestion de l’eau, ce qui lui permettra de faire économiser à ses contribuables plus de 200 000 $ par année.

Sur son site Internet, la Ville explique qu’«après avoir établi et évalué soigneusement toutes les contraintes, elle a décidé de ne pas reconduire le contrat avec Dessau-Soprin, la société d’ingénieurs-conseils qui réalise les travaux d’entretien courant et d’urgence des réseaux d’aqueduc et d’égout à Westmount.»

Michel nous rappelle que la loi 134 adoptée en 2005 par le gouvernement Charest permet aux municipalités de déléguer à l’entreprise privée la gestion et l’entretien des réseaux d’aqueduc et d’égout.

Profitant du remue-ménage des fusions/défusions, les villes de Westmount et de Côte St-Luc s’étaient prévalu de ces nouvelles dispositions et Westmount avait signé une entente de deux ans avec la firme Dessau-Soprin d’une valeur de 2,1 millions annuellement.

Michel me souligne au crayon feutre le paragraphe du communiqué dans lequel la municipalité de Westmount salue «la collaboration du syndicat des cols bleus de Westmount (Local 301)» pour la signature de cette entente.

« On a gagné sur deux tableaux. Premièrement, cela a prouvé que nous avions eu raison de dénoncer la cession de la gestion de l’eau au privé en disant que ça coûterait plus cher. Deuxièmement, nous avons démontré une fois de plus que le syndicat des cols bleus était toujours prêt à s’asseoir avec les autorités municipales pour trouver des solutions profitables aux deux parties et, en bout de ligne, aux contribuables ».

Bien entendu, les médias ont fait peu de cas de cette entente. Par contre, souligne Michel Parent, « ils en ont beurré épais cet été sur le conflit à la plage Doré ».

(photo: archives SCFP)

La plage Doré, les médias et la course Nascar

On se rappellera que les médias ont multiplié les reportages pour accuser les cols bleus de priver les Montréalais de l’accès à la seule plage accessible au cœur de Montréal, la plage Doré. « Nous avons fait quatre jours de grève, mais rien n’obligeait à fermer la plage », soutient le président des cols bleus.

Le conflit, comme plusieurs des choses qui vont mal présentement à Montréal, tire son origine de la saga des fusions/défusions. « Depuis 1’Expo de 1967, la Ville avait assigné 50 employés à ce qui est devenu, au fil des ans, la Société du parc Jean-Drapeau. Elle les a rapatriés avec les fusions. Et la société para-municipale ne les a pas tous remplacés », nous dit Michel Parent. Le syndicat réclame que les postes soient comblés aux mêmes conditions que celles qui prévalaient.

« Comme la plage est gérée par les cols blancs, précise Michel Parent, la Ville a cherché à utiliser le conflit pour semer la zizanie entre nos deux syndicats. Ce n’est pas étonnant. Tous les employés municipaux sont en négociation avec la Ville pour le renouvellement de leurs conventions collectives. »

Pour Michel Parent, le parti-pris anti-syndical des médias ne fait aucun doute. « Après notre retour au travail, la Ville a maintenu la plage fermée en invoquant la tenue de la course Nascar. La plage a été fermée pendant la semaine la plus chaude de l’été. Les médias, si prompts soi-disant à défendre les Montréalais, ont-ils protesté? Bien sûr que non! »

Le conflit de cet été n’aura été qu’une escarmouche. Cet automne s’amorcent les négociations entre la Ville et l’ensemble de ses employés, cols bleus, cols blancs, pompiers, policiers. Déjà, l’administration municipale a déposé son cadre financier pour la masse salariale : 0% en 2007 et 2% pour les années 2008, 2009 et 2010. Attendons-nous à ce que ça rue dans les brancards.