Madame la ministre du gouvernement à genoux s'indigne

2007/10/11 | Par Bernard Desgagné

La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, part en guerre pour défendre l'égalité des femmes et des hommes. Elle compte présenter un projet de loi affirmant la prépondérance de ce principe par rapport à la liberté religieuse. Voilà qui est peut-être utile pour redorer le blason de son parti, mais qui, sur le plan juridique, n'est rien d'autre qu'un petit cri d'indignation sans conséquence.

La ministre oublie qu'elle fait partie d'une nation asservie et soumise aux lois d'une autre nation. Cet asservissement est même le crédo de son parti. Qu'elle fasse adopter toutes les lois qu'elle veut à l'Assemblée nationale n'y changera absolument rien, puisqu'elle et ses collègues libéraux insistent pour que cette assemblée ne soit pas souveraine. La doctrine du gouvernement libéral se résume ainsi: la souveraineté de la nation est un trou noir; vive la dépendance!

Alors, Madame la Ministre aux genoux usés, dites-moi ce qui arrivera à votre loi de deuxième ordre lorsqu'un groupe religieux décidera de la contester devant les tribunaux? Il arrivera ce qui est arrivé à la Charte de la langue française. Les juges nommés par le premier ministre fédéral pour faire respecter l'ordre établi par l'autre nation la disqualifieront sur le même ton péremptoire qui a servi encore dernièrement à sermonner les Québécois, coupables de vouloir faire du Québec une société de langue française.

Le Québec tout entier devra se soumettre une fois de plus au dictat des juges d'Ottawa, qui nous diront que la loi de Mme Saint-Pierre doit être interprétée à la lumière de la Charte canadienne des droits et libertés. Ils nous répèteront que ce sont les valeurs canadiennes qui passent avant les valeurs québécoises. Le multiculturalisme et la liberté individuelle priment la volonté d'autodétermination de la nation québécoise. Les juges d'Ottawa l'emportent sur la petite ministre Saint-Pierre et ses velléités égalitaires.

Ne comprenez-vous pas, Madame la Ministre, que nous sommes dans un cul-de-sac? Vous avez beau penser que les astres sont alignés, pour reprendre l'une de vos expressions de la dernière campagne électorale, la Constitution du Canada ne risque pas de changer tout à coup simplement parce que M. Harper s'est mis en tête de courtiser l'électorat québécois. La Constitution du Canada, et en particulier la Charte canadienne des droits et libertés, est l'expression des valeurs de la nation qui nous l'a imposée. Indépendamment du parti qui se trouve au pouvoir à Ottawa, que ce soit le méchant Stéphane ou l'hypocrite Stephen, le régime fédéral canadien restera le reflet des aspirations de la nation canadienne, qui a déjà dit clairement que les accommodements raisonnables envers le Québec étaient contraires à ses valeurs.

À une certaine époque, nous nous étions donné le choix entre l'égalité et l'indépendance. Nous savons aujourd'hui que nous ne pourrons jamais avoir l'égalité au Canada. Il nous reste l'indépendance. Prenez-en donc acte une fois pour toutes et cessons de ramper.