Ports méthaniers: Lévis n'est pas Barcelone

2007/11/19 | Par Pierre-Paul Sénéchal

Dans le cadre d’une récente intervention publique et se référant au Port de Barcelone où transitent annuellement plus d’un million de croisiéristes, le Groupe Océan et la Corporation des pilotes du Saint-Laurent s’emploient à expliquer que l’industrie des terminaux méthaniers et celle des croisières maritimes peuvent facilement cohabiter. Selon eux, le site Rabaska de Lévis ne causerait aucun problème.

Une méconnaissance des faits

Cette prétention fait preuve d’une évidente méconnaissance des faits. Barcelone offre un accès direct des navires par la haute mer (la Méditerranée), ce qui permet aux navires d’atteindre leur site d’amarrage respectif de façon parallèle et avec toutes les distances prescrites.

Pour le Terminal Rabaska, la situation est toute autre: nous sommes à l’intérieur du continent, à près de 1200 kilomètres de la haute mer, en plein milieu d’un corridor fluvial étroit et achalandé, au sortir de la Traverse du Nord ( 305 mètres de large seulement, sur plus de 32 Kilomètres).

Des zones d’exclusivité pour les méthaniers

Le trafic maritime s’y fait non pas en parallèle mais à la file, avec des distances séparatrices et des interruptions de trafic. De surcroît, et les méthaniers et les navires de croisières sont ceux qui ont les agendas les moins compressibles et pour lesquels les critères de sécurité sont les plus exigeants.

La configuration des ports de Barcelone et Marseille est facilement vérifiable sur internet. Dans les deux cas, on constate que des zones d’exclusivité et des voies d’accès exclusives sont prévues pour navires de croisières et méthaniers.

Entre la zone portuaire de Fos-sur-Mer munie bientôt de deux terminaux méthaniers et celle de la Ville de Marseille, spécialisée dans les croisières, pas de route commune comme à Lévis/Ville-Guay, mais bien deux corridors d’accès situés à 40 kilomètres de distance.

Des intervenants liés aux promoteurs

Dans un débat aussi controversé que celui du terminal Rabaska, l’indépendance des intervenants est primordiale.

Comment peut-on faire abstraction que le Groupe Océan et la Corporation des pilotes, deux groupes privés ayant récemment bénéficié de contrats avec le promoteur, sont en attente de lucratifs contrats futurs?

Seules les analyses d’experts indépendants peuvent faire foi. Ces dernières n’ont toujours pas été réalisées, pas même par Transports Canada.

(Sur la photo: le projet Rabaska)