Et le partage alors ?

2008/01/28 | Par Michel Bédard

Lettre ouverte au Cardinal Turcotte par un guide de la basilique Notre-Dame

Je vous ai suggéré en 1998 d’imposer un prix d’entrée de 2$ aux touristes qui visitaient la basilique Notre-Dame. Appliquée en janvier 99, la suggestion s’inscrivait dans une diversification nécessaire de vos sources de revenu.

Comme guide-accompagnateur ayant amené de nombreux groupes à la basilique, il m’importait de mettre à contribution les touristes pour défrayer une partie du coût d’entretien du bâtiment, et assurer une digne rétribution des guides-animateurs du lieu.

Ces derniers valorisent la plus importante attraction touristique de Montréal et n’obtiennent aucun pourboire. En janvier 2008, l’obole exigée est de 5$ par touriste et le pactole atteindra cinq millions à la fin de l’année.

Connaissant le discours officiel et solidaire du clergé contre l’appauvrissement des Montréalais, il est paradoxal et désolant de savoir que vos guides n’ont obtenu aucune augmentation de salaire depuis « cinq ans » !

Au-delà des discours, il y a encore des faits et des forces qui veulent nous rappeler que les Québécois sont toujours nés pour un petit pain.

L’accès au Royaume des cieux étant le privilège des pauvres, il est louable que la basilique veuille aider ses guides à gagner leur ciel... mais que fait-on de la valeur chrétienne du partage ? Y aurait-il maintenant moins de plaisir à donner qu’à recevoir ?

De plus, je suis ahuri de constater que la négociation pour renouveler la convention collective soit rompue depuis deux ans... La situation est d’autant plus déplorable que les quelques revendications des employés demeurent légitimes et raisonnables.

L’intervention divine étant exclue, il vous appartient de faire dénouer l’impasse en apportant la bonne parole et la bonne nouvelle.

Déçu, j’espère que votre intervention saura ranimer mon désir de contribuer à votre campagne annuelle de levée de fonds pour l’archevêché.

Sur le site web de la basilique, le dernier feuillet paroissial mentionne que l’argent doit demeurer un moyen pour aider à « bien vivre ».

C’est exactement ce que désirent vos guides, pouvoir bien vivre. Puissiez-vous voir en ces gens, Mgr Turcotte, des partenaires qui méritent votre appréciation et votre plus haute considération.