Rick Hillier doit partir !

2008/01/30 | Par Pierre Jasmin

On apprend que le général Rick Hillier insista pour demander l’affectation à Kandahar de nos soldats canadiens, alors que les Britanniques devaient y être, à l’origine, et que les Canadiens étaient destinés à une région plus calme.

Il fait bon rappeler que les Artistes pour la Paix furent les premiers à réclamer la démission du général, immédiatement après son discours d’intronisation où il s’exclama devant le premier ministre Paul Martin que, par sa nomination, l’armée venait de retrouver sa vraie et originale « mission de tuer », en particulier ces scumbags de Talibans.

Sa formation américaine, on pourrait même préciser, texane, le différenciant trop de celle de ses prédécesseurs, il a engagé l’armée canadienne non équipée pour une telle mission dans une aventure meurtrière et doit donc être tenu accessoirement responsable de la plupart des 78 morts compatriotes en Afghanistan.

Le politique doit primer sur le militaire

Les Artistes pour la Paix ont eu le privilège de rencontrer un de ses prédécesseurs, le général De Chastelain, pendant plus de trois heures au Centre Droits et Démocratie à Montréal le 28 novembre dernier.

On savait qu’il avait travaillé d’arrache-pied depuis 1997 en Irlande, au péril de sa vie, pour arracher une à une les concessions aux Protestants de Ian Paisley et aux Catholiques de Gerry Adams pour les amener à force de ruses à des cérémonies de destructions d’armes.

Malgré les méfiances de part et d’autre et les inévitables reculs provoqués par les exactions occasionnelles d’irréductibles terroristes des deux camps, ce travail de faiseur de paix (n’est-ce pas le sens du mot pacifiste ?) a fait en sorte qu’aujourd’hui, les camps irréconciliables sont assis depuis quelques mois au Parlement de l’Irlande du Nord, qu’ils se parlent au lieu de s’envoyer des bombes et si, on en croit le général, rient mutuellement des bonnes blagues de leurs ennemis héréditaires qu’ils découvrent tout autres qu’ils se les étaient imaginés.

Le général De Chastelain était en outre celui qui avait réussi, en 1990 avec l’armée canadienne qu’il commandait à Kanesatake, d’empêcher les Warriors et la Sûreté du Québec de s’entretuer. Ce fut sa seule intervention dans le civil.

On se souvient par contre du général Hillier, insolemment présent et exprimant sa satisfaction aux journalistes sans être rappelé à l’ordre, lors de la conférence de presse en août dernier du premier ministre Harper qui annonçait le remplacement de son patron, le ministre de la Défense Gordon O’Connor.

Le général de Chastelain, au su de cette anecdote, nous a avoué que lui-même « était de l’école croyant en la primauté du pouvoir civil sur le militaire », même quand il avait dû avaler, suite aux traitements dégradants de Somaliens par nos soldats, « la difficile suppression du régiment aéroporté imposée par l’Honorable Jean Chrétien ».

Soirée d’information

Mais il ne sert à rien d’être nostalgique : la préoccupation des Artistes pour la Paix à l’égard d’un actuel premier ministre conservateur et d’un général en chef, tous deux militaristes, autoritaires et arrogants, qui ont de plus provoqué plus de 31 milliards de $ de dépenses militaires pour changer la nature de l’armée canadienne (4000 Casques Bleus sous Lloyd Axworthy en 1996, une cinquantaine aujourd’hui et le Canada est passé du 1er au 60e rang mondial comme « gardien de la paix »), nous amènera à deux jours de lobbying intense à Ottawa les 3 et 4 février prochains et à offrir à Montréal une soirée d’informations au Complexe des sciences Pierre-Dansereau de l’UQAM le 6 février à 18h30, avant d’établir le 9 février au Centre Saint-Pierre une Commission sur la mission afghane avec Échec à la guerre, sous la présidence d’honneur d’Antonine Maillet.

Pierre Jasmin
Président des Artistes pour la Paix,
membre de Pugwash
et membre du CA des Citoyens pour un Ministère de la Paix
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