Dossier linguistique

2008/02/21 | Par L’aut’journal 

Les données de Statistique Canada étaient pourtant claires: le nombre de francophones diminue au Canada, au Québec et sur l'île de Montréal. Dans ce dernier cas, il glisse sous la barre des 50%. Mais les données démographiques et linguistiques étant une question éminemment politique, les éditorialistes et les chroniqueurs des journaux fédéralistes ont trituré les chiffres pour leur faire dire le contraire de ce qu'ils disaient et jeter la confusion au sein de la population. Le grand mérite du mathématicien Charles Castonguay, qui s'intéresse depuis des décennies à ces questions, est de démasquer les démagogues et nous présenter la situation réelle du français à Montréal, au Québec et au Canada.

Sommaire du dossier:

Le mathématicien de la langue : portrait de Charles Castonguay
Encore un constat linguistique trompeur
L'anglais, première langue d'intégration à Montréal
Vers un sous-prolétariat allophone de langue française
L'anglais, meilleur gage d'un emploi et d'un bon salaire
Qui s'anglicise s'enrichit !
Le beau risque d'un Québec bilingue
Bilan bancal de l'Office de la langue
Vers un Québec de plus en plus anglais?


Le mathématicien de la langue

Une entrevue sous forme de portrait avec le professeur Charles Castonguay, ardent défenseur de la langue française

Cet article est paru à l'origine dans le numéro 208 de L'aut'journal, soit en avril 2002.

Par Ginette Leroux

Charles Castonguay est professeur titulaire au département de mathématiques et de statistique de l'Université d'Ottawa. Ardent défenseur de la langue française, critique des démographes Henripin et compagnie qu'il accuse de vouloir « faire dire n'importe quoi aux chiffres », le mémoire qu'il présente à la Commission des États généraux du français, la Commission Larose, tenue en août dernier en fait preuve.

« L'avenir du français au Québec ne sera assuré que lorsque les transferts linguistiques à Montréal se répartiront au prorata des populations de langue française et de langue anglaise. Si l'on ne se donne pas les moyens de réaliser cet objectif, on se leurre. Le poids des francophones baissera jusqu'à un niveau tel que l'actuelle politique sera remise en question, à la faveur d'un bilinguisme dont on connaît l'issue », voilà en résumé son plaidoyer.

Publié ce mois-ci (en avril 2002 - ndlr) conjointement par L'aut'journal et les Éditions Trois-Pistoles, Larose n'est pas Larousse réunit ses chroniques parues dans L'aut'journal sur la question.

Un anglophone originaire d'Ottawa

Comment Charles Castonguay, un anglophone originaire d'Ottawa, en est-il venu à épouser la cause linguistique québécoise ? Une énigme que son histoire personnelle nous aide à déchiffrer. C'est suite à la prise du pouvoir par le Parti québécois en 1976, après une décennie d'engagement actif au sein du PQ, que sa nouvelle identité se précise : d'anglo-ontarien, il devient anglo-francisé. En 1980, de retour à Hull, ses écrits deviennent plus universitaires, ses recherches plus fouillées, ses préoccupations plus ciblées.

« Québec veut probablement ce que je voudrais, avoue-t-il, la réconciliation du Canada français et du Canada anglais sur une base de partenariat d'égal à égal. » Un espoir qui s'amenuise au fil des années, croit-il, mais ce qui ne l'empêche pas de continuer à informer les Québécois souverainistes, les francophones hors Québec, les fédéralistes, même les anglophones, sur les dangers que court la langue française.

Il est alors en mesure de formuler sa propre perspective qu'il présente sur un ton ferme. Pour avoir une influence sur le cours des choses, il prend la parole par l'écrit et les conférences. Afin de mieux comprendre le chemin parcouru, il faut connaître l'homme derrière les idées.

Des origines mixtes

Charles Castonguay est anglophone. Son identité est claire. Pourtant, Castonguay n'est-il pas un patronyme francophone ? «Métissage, explique-t-il. C'est une chose assez courante dans les zones de contact entre le Canada français et le Canada anglais. »

Du côté maternel, ses grands-parents étaient des immigrants de langue allemande venus de la Prusse orientale. Son grand-père avait servi dans l'armée de Bismarck. Après la paix de 1871, appréhendant une autre guerre, il arrive au Canada et s'installe à Ottawa.

À cette époque, il y avait là une colonie allemande florissante qui considérait importante la transmission de sa culture à la génération née au Canada. Sa mère, née à Ottawa en 1900, est allée à la petite école allemande et a été élevée dans la religion luthérienne de son père, bien que sa mère fut catholique.

Mais avec la Première Guerre mondiale, la discrimination contre les Allemands s'est fait sentir à Ottawa. Cela s'est accentué avec la Deuxième grande guerre. Ainsi, les racines allemandes se sont estompées. Sa mère s'est anglicisée tout comme la communauté qui s'est dissoute. Elle ne lui a jamais transmis l'allemand. « C'est tout naturellement que ma famille du côté allemand s'est anglicisée, l'anglais et l'allemand étant des langues germaniques. J'étais donc anglophone, ma mère ne parlait pas français. »

Du côté paternel, son grand-père épouse une Irlandaise catholique. La mort prématurée du grand-père à 45 ans fait en sorte que la langue de la grand-mère s'impose à la maison. « Mon père a toujours parlé anglais avec ma grand-mère; ma mère et moi évidemment parlions anglais avec elle aussi; je ne l'ai jamais entendue parler français et je ne sais même pas si elle pouvait parler français », précise-t-il.

Les origines de Charles Castonguay sont décidément mixtes. « Je suis issu d'un mariage mixte, mon père aussi, et la famille de ma mère est passée de l'allemand à l'anglais. » L'anglais est sa langue maternelle. Suite à un « accommodement » entre ses parents, il fait son entrée à l'école francophone.

« Ma mère s'est convertie au catholicisme de façon à pouvoir épouser mon père. Je pense qu'il y a eu là un genre de négociation, probablement inconsciente, entre les deux conjoints. Elle avait cédé pour la religion, elle a aussi cédé pour l'école. »

Vivre à la frontière de deux mondes

« Le français, je l'ai reçu en tirant la langue pour recevoir l'hostie », dit-il en riant. Il apprend le français à l'école primaire séparée franco-ontarienne et catholique. On était en Ontario, mais la mentalité des francophones était indissociable de la culture canadienne-française du côté québécois de la rivière. « C'était un véritable cours d'immersion avant la lettre. On anglicisait la cour d'école, mais on parlait français dans les corridors et dans les salles de cours. »

Il prend ses premiers cours d'anglais au high school, une école secondaire confessionnelle fondée et dirigée par les Pères Oblats. Un mélange de laïcs et de prêtres assuraient les cours; ces derniers offraient les cours de français, de latin et de religion tandis que les laïcs donnaient les cours de chimie, de géographie et d'anglais.

Retour donc à l'anglais. Un vrai plaisir. Il se met alors à fréquenter la Ottawa Public Library et la Carnegie Library. « On lisait jusqu'à sept romans par semaine mon frère et moi. » Dans la communauté anglophone, même au Québec, l'incitation à la lecture est fortement liée au milieu scolaire. «Ça vient du protestantisme, dit-il. Luther voulait que chacun soit alphabétisé et puisse lire la Bible afin de développer un rapport personnel avec le Très-Haut. »

De là, les différentes sectes protestantes. « Quand j'écoute Bach, ses passions, ses cantates, c'est simple, c'est direct, c'est très luthérien », ajoute-t-il. Dans l'Église catholique, la hiérarchie fait loi, ce qui a eu pour effet de garder le peuple dans l'ignorance pour mieux encadrer et éventuellement mobiliser les fidèles.

Charles Castonguay a navigué entre deux mondes linguistiques et culturels : anglophone de sa mère et francophone de son père, et il est parvenu sans heurt à concilier les deux parties de lui-même.

Les études universitaires

Sur les conseils de son professeur James J. Gillespie, lui-même officier et pilote dans l'aviation britannique durant la Deuxième Guerre mondiale, il s'engage dans les Forces Armées canadiennes pour payer ses études universitaires.

Une fois le contrat signé, Charles Castonguay commence ses études de premier cycle à l'Université d'Ottawa. Les programmes étaient structurés de façon à ce que les anglophones puissent suivre une formation en anglais et les francophones en français. Leur contenu était riche en littérature de langue maternelle française ou anglaise, mais pauvre en enseignement de la langue seconde. Il opte pour l'anglais.

Le directeur du département de français le convoque à son bureau. «Pourquoi, avec un nom comme Castonguay, vous inscrivez-vous dans le programme anglais?», lui demande-t-il, outré. « Ici je suis libre, lui répond Charles sans sourciller, je ne suis plus à l'école secondaire; à l'université, on choisit son cours. »

Le directeur était rouge de colère. Il s'appelait Bernard Julien, le frère de Pauline. « Je ne le savais pas à l'époque, raconte Castonguay. Je pensais que c'était encore un de ces emmerdants d'oblats qui voulait faire de moi un militant pour la cause française. J'ai refusé. Du déjà vu à l'école élémentaire, puis au secondaire. Ça me paraissait conservateur, renfermé sur soi, rétrograde, sombre : je sentais qu'ils voulaient faire de nous une sorte de militants de remparts; ça ne m'intéressait strictement pas. »

Le genre de francophonie pratiqué à l'époque, notamment chez les minorités comme à Ottawa, n'était pas très emballant pour un jeune.

À la fin du bac, ses bonnes notes lui permettent d'obtenir un délai de service militaire pour faire sa maîtrise. Il n'en a pas été de même pour le doctorat. « Qu'est-ce qu'on peut faire avec un doctorat en mathématiques dans l'aviation? », se demandaient ses supérieurs. Dommage, parce qu'il avait été accepté à Berkeley. Il a donc fallu qu'il fasse ses trois années de service militaire avant d'entreprendre ses études doctorales.

La poésie, l'amour et la langue française

Au cours de la première année de service, il est affecté aux quartiers généraux à Ottawa comme mathématicien conseil. Se sentant désœuvré, il s'inscrit à un cours de littérature française. C'était en 1963, il avait 23 ans. « Mon prof André Renaud était fascinant. Il connaissait bien sa matière et il avait le don du verbe. Entre Rutebeuf et Rimbaud, j'ai intériorisé le français. C'est par la poésie qu'on entre vraiment dans une langue. »

Peu après, il rencontre Lise, celle qui allait devenir sa femme. Elle était originaire du vieux Hull, québécois et francophone. Sa vie se déroulait essentiellement du côté québécois de la rivière, celle de Charles du côté ontarien. Les chansons de Gilles Vigneault ont rapproché une fille de Hull et un gars d'Ottawa. La poésie et l'amour réunis ont dessiné son univers francophone.

Les bienfaits de la coercition

Il poursuit son service militaire au Collège militaire de Saint-Jean. Pour la première fois de sa vie, il se retrouve dans un milieu francophone et en pleine Révolution tranquille. Nous sommes en 1964-1965. Lise l'accompagne, elle enseigne au cégep. Quant à lui, il enseigne aux jeunes officiers. Les anglophones ont des professeurs anglais et les francophones des professeurs français. La langue de communication publique quotidienne est le français pendant la moitié du mois et l'anglais l'autre moitié du mois.

Le système coercitif fonctionne à merveille. « Si un officier élève était pris à parler une langue contraire à la langue du jour, soit en allant à son cours, à la cafétéria ou encore le soir en se promenant, il était puni, se rappelle-t-il. À 6h du matin, il devait courir autour des bâtiments, faire des push-up. Il n'y a pas une langue plus difficile à apprendre qu'une autre si la motivation est là, et la motivation peut prendre la forme d'une contrainte.»

Ses obligations acquittées envers l'armée, il reçoit une offre d'emploi de l'Université d'Ottawa qui, largement anglophone depuis sa création en 1953, cherche à répondre à une grande partie de sa clientèle maintenant francophone. La décision est prise : les jeunes mariés, parents d'un bébé, achètent une maison à Hull parce que «pour Lise, il n'était pas question d'habiter en Ontario ».

Pour avoir un poste permanent, un doctorat est essentiel. Il s'inscrit donc à l'Université McGill. Il oriente son choix vers la philosophie des mathématiques et l'épistémologie avec comme sujet de thèse : Meaning and existence in mathematics (Sens et existence en mathématiques). «J'ai décidé de réfléchir sur les mathématiques. Comment sait-on ce qu'on pense savoir ? Sait-on quoi que ce soit ? Quel est le fondement de la vérité en mathématiques ? »

Le thème de la vérité, ce désir de certitude, a toujours été omniprésent chez Charles Castonguay. « Chez d'autres personnes, c'est la soif de Dieu sous différentes formes ou encore l'amour ou l'expression artistique », précise-t-il. Nous sommes en 1968. Au Québec, ça bouge beaucoup à ce moment-là.

Une décennie d'implication active

Deux ans plus tard, c'est la Crise d'Octobre. « J'ai compris que si jamais un felquiste se présentait à la porte pour demander refuge, Lise l'abriterait. » À la même époque, René Lévesque se présente dans le comté de Laurier et tient une assemblée en anglais. « Il y avait plus de quatre cents personnes dans la salle, beaucoup d'atmosphère. Après quarante-cinq minutes, des gens au fond de la salle ont commencé à scander En français ! En français !, ce qui a été repris par la salle.

Écoutez, c'est une soirée d'information pour les anglophones, ça va se poursuivre en anglais, s'est exclamé René Lévesque. Tout le monde a applaudi. Il avait le don de manier les foules. J'étais parmi les trois ou quatre anglophones présents; tous les autres étaient des francophones. Mais la soirée s'est terminée en anglais. Ça m'avait beaucoup impressionné parce j'avais des hésitations sur le nationalisme québécois. »

La Loi des mesures de guerre imposée par Pierre E. Trudeau a été la goutte qui a fait déborder « son vase ». « Comme Canadien anglais, j'avais honte; je trouvais ça injuste. » Il prend alors conscience que le Canada anglais, loin de vouloir comprendre le Canada français, loin de vouloir une réconciliation, cherche plutôt par des moyens militaires à le briser. « Et Trudeau a été très explicite. Son objectif était de mettre fin au nationalisme canadien-français », ajoute-t-il.

Il est intéressant de constater le profil linguistique similaire entre Trudeau et Castonguay. L'un comme l'autre étaient issus d'un mariage mixte entre francophone et anglophone. « Pour Trudeau, le nationalisme canadien-français était celui que moi non plus je n'avais pas aimé quand j'étais jeune : style renfermé, dominé par le clergé, plutôt replié sur le passé. » Mais là s'arrête la ressemblance. « Trudeau simplifiait; je suppose que lui aussi cherchait sa vérité. Mais sa vérité, c'était lui-même. Il l'a vue dans le miroir, trop imbu de lui-même. »

Son idéal était plutôt Lester B. Pearson, un grand diplomate, selon lui. Il rappelle qu'il a mis sur pied la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme dont le mandat était de faire des recommandations de façon à ce que le Canada se développe sur la base d'un partenariat entre les deux peuples fondateurs, d'égal à égal. « C'était parfait pour moi. C'était une façon de réconcilier mes deux univers. »

Mais la situation politique du Québec l'enthousiasme. « Le volet social-démocrate du Parti québécois, le mouvement indépendantiste perçu comme un mouvement de libération, c'était emballant », déclare-t-il. Il devient membre du PQ. L'explosion culturelle, la chanson, le théâtre, le cinéma, le mouvement écologiste anglo-saxon (Small is beautiful), tout le pousse à s'impliquer de façon active. « C'est à ce moment-là que je suis né politiquement », reconnaît-il.

Son doctorat terminé en 1971, sa permanence est acquise à l'Université d'Ottawa en 1972. À trente ans, il est professeur agrégé. Les enfants sont alors d'âge scolaire. Avec sa femme, il participe à des comités d'école. C'est aussi l'époque des coopératives de consommation. Tous deux deviennent membres très actifs du club coopératif de consommation de Hull.

Ils s'impliquent à fond au sein de l'organisation du PQ. Ils impriment le journal du PQ chez eux pour informer les membres des enjeux, des débats. Aussi, ils assurent la formation des militants pour qu'il y ait une vraie qualité de vie démocratique en plus d'une participation aux débats politiques qui amènent le programme du PQ à se transformer. Ils sont idéalistes. « Bien que nous nous soyons heurtés à l'establishment, ce furent des années très formatrices », reconnaît-il.

Année charnière

1976 est pour lui une année charnière. Suite à la prise du pouvoir par le Parti québécois, à la fois satisfait mais aussi un peu refroidi par la politique partisane, il délaisse le parti. Les règles du jeu ont changé. Il oriente plutôt son action vers la Société nationale des Québécois (SNQ) et l'Association canadienne des francophones ontariens (ACFO). Il participe à des débats, prononce des conférences.

Son identité se précise, sa mutation se fait sentir. Il réalise qu'il s'est assimilé. D'où ses recherches approfondies et ses écrits-chocs sur les transferts linguistiques. Il devient spécialiste de la question, non seulement au Québec mais aussi au Canada.

« N'oublions pas que je suis parti d'Ottawa et que je suis rendu à Hull (Gatineau maintenant), ce n'est pas rien. Deux mondes différents : le Canada anglais et le Canada français; ce petit pont-là est très important, très significatif. »

Que réserve l'avenir ? Son vœu le plus cher est de passer le flambeau, former des jeunes capables de continuer le combat, d'animer le débat et, espère-t-il, assurer ainsi la postérité.


Encore un constat linguistique trompeur

La Commission Bouchard-Taylor esquive l'intégration incertaine des immigrants à la majorité francophone

Par Charles Castonguay, publié le 14 novembre 2007

Certains crient trop vite haro sur qui se préoccupe de la francisation des immigrants. MM. Bouchard et Taylor ont eux-mêmes choisi de ratisser large. Dans le document de consultation qu’ils nous ont proposé, ils font état du sentiment persistant d’une fragilité qu’éprouve un peuple fondateur inquiet de son héritage et qui continue de nourrir une certaine inquiétude quant à son avenir.

Ils se demandent, et nous demandent, dans quelle mesure la crainte liée à la cohésion collective de la société québécoise et à la survie culturelle et linguistique de la majorité francophone est fondée.

Les commissaires ont eu raison de soulever cette question. Si l’assimilation linguistique des allophones suivait le poids démographique du français et de l’anglais au Québec, l’avenir de sa majorité francophone serait assuré.

Pour chaque allophone qui ferait de l’anglais sa nouvelle langue d’usage à la maison, neuf choisiraient le français. Et la majorité accueillerait l’immigration avec confiance et empressement.

Or, le pouvoir d’attraction du français n’en est pas là. C’est peut-être la principale raison du malaise à l’origine de la présente commission.

Un portrait jovialiste

Hélas! aussitôt la question posée, MM. Bouchard et Taylor esquivent le problème que soulève cette intégration incertaine des immigrants à la majorité francophone. Ils présentent, au contraire, un portrait de la francisation qui me paraît aussi jovialiste que d’autres bilans tracés depuis 1995.

Leur document de consultation ne renferme aucune donnée qui témoigne du bien-fondé de l’inquiétude actuelle devant l’intégration insuffisante des nouveaux immigrants à la majorité francophone.

MM. Bouchard et Taylor traitent de ce problème comme s’il n’existait que dans l’imaginaire collectif de la majorité, qu’il suffirait de soigner. Ils ne consacrent qu’un seul paragraphe à l’analyse de la francisation, où ils se limitent à avancer des statistiques rassurantes sur la connaissance du français.

Les commissaires insistent ensuite « sur le fait que d’importants indices de francisation sont en hausse et que la francophonie québécoise fait preuve d’une grande vitalité » (c’est eux qui soulignent).

Autant d’allophones travaillent en anglais qu’en français

Comme analyse d’une question aussi fondamentale, c’est bien mince, sinon trompeur. Quels sont ces importants indices en hausse? Aucune étude de l’Office ni du Conseil de la langue française ne révèle de récente progression du français comme langue de travail.

Le recensement de 2001 nous a plutôt appris que parmi les nouveaux arrivants, les allophones qui travaillent en anglais au Québec sont aussi nombreux que ceux qui y travaillent en français.

Et que dans l’île de Montréal, pareille égalité entre l’anglais et le français vaut pour l’ensemble de la population active allophone.

Quand la politique d’immigration l’emporte sur la Loi 101

Aucune étude ne montre non plus de hausse significative de la part du français dans le choix d’une nouvelle langue d’usage au foyer parmi les cohortes d’allophones arrivées au Québec depuis 1976.

En fait, en cette matière, la sélection depuis 1978 d’une partie des immigrants en fonction d’une connaissance préalable du français s’avère le principal facteur ayant joué à l’avantage du français.

Car au moins la moitié de l’assimilation linguistique observée parmi les nouveaux allophones s’est accomplie avant leur arrivée au Québec.

Si l’on fait entrer en ligne de compte ce facteur avec d’autres, on est conduit à conclure qu’en ce qui concerne les cas d’adoption d’une langue d’usage nouvelle à la maison qui ont eu lieu sur le territoire québécois, il y a eu beaucoup plus de cas d’anglicisation que de francisation depuis 1971. Au bas mot, 75 000 cas d’anglicisation de réalisés au Québec entre 1971 et 2001, contre 30 000 cas de francisation.

Connaître le français ne veut pas dire qu’on s’en sert comme langue principale

Les principaux déterminants de l’avenir du français au Québec, soit les comportements linguistiques au travail et au foyer, ne sont donc guère rassurants.

Par comparaison, les statistiques de recensement sur la connaissance des langues auxquelles se réfèrent les commissaires fournissent une indication moins fiable de l’avenir linguistique. Connaître le français ne veut pas dire qu’on s’en sert comme langue principale.

On sait fort bien d’ailleurs que la plupart de nos concitoyens anglophones et allophones connaissent maintenant le français. La loi 101 assure une bonne maîtrise du français aux immigrants qui arrivent au Québec à l’âge scolaire ou préscolaire.

Bon nombre d’immigrants adultes maîtrisent aussi le français dès leur arrivée. Le Québec les a justement sélectionnés pour cette raison.

La moitié des immigrants ignorant le français ne l’apprennent jamais

Cependant, l’apprentissage du français parmi ceux qui ignorent le français en arrivant pose encore problème. Selon une récente étude de Statistique Canada, quatre ans après leur arrivée les deux tiers d’entre eux ne connaissent toujours pas bien le français. Les recensements nous offrent une information équivalente.

La moitié des immigrants adultes qui arrivent à Montréal sans connaître le français ne l’apprennent jamais assez bien pour soutenir une conversation. C’est inacceptable mais le document des commissaires n’en dit rien.

Des chiffres erronés

Leur document accuse d’autres faiblesses semblables. Dans son chapitre sur le profil démographique du Québec, il affirme que les Québécois d’origine ethnique autre que française ou britannique représentaient plus de 22 % de la population en 1991. Or le pourcentage à ce recensement était de 15 %.

Le document ajoute que la proportion actuelle serait de 25 %. C’est du délire. À ce compte, il y a belle lurette que la majorité de la population de l’île de Montréal serait d’origine autre que française ou britannique.

Cette inflation de la population d’origine autre est aussitôt accompagnée de propos rassurants sur la stabilité de la proportion de Québécois de langue maternelle française.

Pour le démontrer, le document compare le poids de la population francophone au recensement de 1986 à celui de 2001. Statistique Canada a pourtant averti que les changements majeurs apportés au questionnaire en 1991 rendent fort complexe la tâche de comparer les données de 1991 sur la langue maternelle à celles de 1986.

En dix ans, le poids des francophones a chuté de 1%

Autrement dit, mieux vaut ne comparer que les données de 1991 et 2001, recueillies à l’aide d’un questionnaire à peu près inchangé. On constate alors que le poids des francophones au Québec a chuté de près d’un point de pourcentage au cours de ces dix dernières années.

L’analyse de la situation linguistique que nous présentent les commissaires laisse ainsi nettement à désirer. Leur façon de traiter la question paraît viser avant tout à passer le message qu’il n’y a pas lieu pour la majorité francophone de s’inquiéter, quelle que soit la rapidité de croissance de la population d’origine autre.

Les commissaires semblent avoir leur idée de faite là-dessus. Ce serait dommage. Car sans un constat objectif et adéquat de la situation linguistique qui prévaut actuellement au Québec, la commission risque fort de rater son but.

Faut rendre les études publiques

C’est la faiblesse du document de consultation en cette matière qui m’a poussé dès le début des audiences publiques à suggérer aux commissaires de divulguer, au fur et à mesure qu’ils les reçoivent, les études qu’ils ont commandées à des experts pour nourrir leur réflexion, notamment celles portant sur le profil démographique du Québec et sur les indicateurs d’intégration collective.

Leurs concitoyens auraient alors pu en profiter aussi ou, le cas échéant, relever les inexactitudes qui pourraient s’y trouver. Les commissaires ont préféré garder ces études secrètes jusqu’au moment de déposer leur rapport final. Cela demeure regrettable.

Le seul collaborateur externe nommé dans le document de consultation est un démographe qui se moque de ceux qui s’inquiètent de la situation du français. Ceux-ci dramatisent, a-t-il déjà dit en entrevue.

À son avis, « Eh bien, si le fait français disparaît un jour au Québec, ce ne sera pas la première fois qu’une langue dominante en remplacera une autre ou la réduira au rang d’élément folklorique. Au fond, où est le problème? ».

Le même démographe serait l’un des experts à qui la commission a commandé des études spéciales. Il y a donc lieu d’insister. La commission gagnerait en étant plus transparente.


L'anglais, première langue d'intégration à Montréal

Les immigrants font leur la langue la plus payante sur le marché du travail

Par Charles Castonguay, publié le 3 décembre 2007

L’Institut C. D. Howe a marqué le 30e anniversaire de la loi 101 en publiant, le 7 août dernier, une étude sur l’évolution du rapport entre langue et statut socioéconomique au Québec selon les données des recensements de 1971 à 2001.

D’après le communiqué, l’étude signée entre autres par l’économiste François Vaillancourt montre que « le statut social et économique des francophones au Québec s’est grandement amélioré depuis les années 60, qu’il soit mesuré en termes de revenu, de rendements économiques sur les connaissances linguistiques, ou de contrôle de l’économie québécoise ».

Des manchettes erronées

Les médias sont tombés dans le panneau. À commencer par Radio-Canada qui a coiffé sa dépêche avec la manchette « Loi 101 : Une loi payante ». La tentation de prêter à la loi 101 une efficacité magique est quasiment irrésistible : on voudrait tellement que ce soit vrai !

En fait, les auteurs de l’étude en cause ont reconnu, au contraire, que leurs résultats avaient sans doute peu à voir avec la loi 101.

Ils notent que les améliorations qu’ils ont relevées dans le statut socioéconomique des francophones se sont opérées pour l’essentiel avant 1980. La loi 101 n’a été adoptée que vers la fin de cette période.

Ils expliquent donc les améliorations en cause par la migration de certains anglophones bien rémunérés du Québec vers l’Ontario et les provinces de l’Ouest, le déplacement de l’activité économique vers l’ouest du continent et la forte croissance du secteur public québécois dans la foulée de la Révolution tranquille, qui a aussi entraîné le développement d’entreprises privées francophones (Québec Inc.) et la croissance de la consommation de biens et de services en français par les francophones qui ont bénéficié de tout cela.

C’est très beau. Mais encore ? Est-ce que tout s’est vraiment amélioré aussi grandement qu’on voudrait nous le faire croire ?

Toujours un écart entre unilingues anglophones et francophones

Le premier tableau de l’étude concerne les travailleurs masculins au Québec et montre que la disparité dans le revenu de travail entre hommes francophones et anglophones bilingues (anglais-français) est bel et bien disparue dès 1980.

Ce n’est cependant pas le cas de l’écart entre anglophones unilingues et francophones unilingues – qui représentent la grande majorité des francophones.

Et ce l’est encore moins de l’écart entre allophones unilingues anglais et allophones unilingues français (voir notre tableau). Un autre tableau montre que le revenu de travail pour les femmes accuse des écarts de même nature.

Revenu moyen de travail (en $) par attributs linguistiques, hommes, Québec

   1970       1980       1990       2000   
Anglos bilingues   8 938   19 562   33 511   38 745
Francos bilingues   7 363   19 547   33 065   38 851
Allos bilingues   7 481   17 964   22 837   33 097
Anglos unilingues   8 171   17 635   30 034   34 097
Francos unilingues   5 136   14 408   24 702   29 665
Allos unilingues anglais              6 462   15 637   20 609   27 216
Allos unilingues français   5 430   13 287   18 503   21 233

On remarquera qu’en ce qui concerne la langue d’intégration économique des travailleurs allophones, en particulier, l’avantage de l’unilinguisme anglais sur l’unilinguisme français s’est fortement creusé durant la dernière décennie.

Cela reflète l’évolution de la situation à Montréal au cours des années 1990, du fait que la vaste majorité des allophones habitent la métropole.

L’anglais, langue la plus payante

Tout naturellement, les immigrants font leur la langue la plus payante sur le marché du travail. Ils l’adoptent comme langue d’usage dans leur foyer, sinon encouragent leurs enfants à ce faire.

Le statut secondaire du français comme langue d’intégration économique à Montréal serait par conséquent la cause aussi de sa faiblesse face à l’anglais comme langue d’assimilation des allophones dans la métropole.

Une approche contestable

Vaillancourt et ses collègues démontrent en outre que si l’on élimine l’effet sur le revenu de travail du niveau de scolarité, du nombre d’années d’expérience sur le marché du travail et du nombre de semaines travaillées pendant l’année de référence, on obtient un « rendement net des attributs linguistiques » selon lequel l’avantage de l’unilinguisme anglais sur l’unilinguisme français s’estompe ou parfois même s’inverse.

Cette façon d’établir la grande amélioration des « rendements économiques sur les connaissances linguistiques » peut toutefois induire en erreur.

En annulant l’effet du nombre de semaines travaillées, on annule en même temps l’effet sur le revenu de travail d’une éventuelle discrimination à l’embauche qui ferait en sorte que les travailleurs ne connaissant pas l’anglais ne travaillent pas ou travaillent moins de semaines dans une année et, par conséquent, gagnent moins.

Il est devenu courant d’entendre des francophones et allophones – et pas seulement à Montréal – se plaindre du fait que leur accès à un emploi se trouve barré par l’exigence, souvent injustifiée selon eux, de connaître l’anglais.

Pareille discrimination peut aussi influer sur le nombre d’années d’expérience, autre déterminant du revenu.

Enfin, les auteurs reconnaissent eux-mêmes que les différences de niveau de scolarité entre groupes linguistiques peuvent aussi être liées aux connaissances linguistiques de chaque groupe, ce qui conduirait également à une erreur dans l’estimation du « rendement net des attributs linguistiques ».

Mieux vaut donc s’en tenir à l’information de leurs deux premiers tableaux : l’unilinguisme anglais rapporte plus que l’unilinguisme français sur le marché du travail actuel au Québec.

Ajoutons que, de toute façon, même le « rendement net des attributs linguistiques » que privilégie Vaillancourt et ses collègues indique une nette progression du rendement de l’unilinguisme anglais comparativement à celui de l’unilinguisme français parmi les allophones au Québec, c’est-à-dire à Montréal, et ce tant parmi les travailleurs que les travailleuses.

Un défaut récurrent des études de ce genre est d’ailleurs de toujours se limiter aux données, primaires tout au mieux, sur la connaissance de l’anglais et du français selon les recensements.

Pourquoi ne pas examiner aussi les données de recensement sur les comportements linguistiques ? Est-il plus payant de travailler en anglais plutôt qu’en français au Québec ? Ou à Montréal ? Et est-ce que ça rapporte encore plus de parler l’anglais comme langue d’usage à la maison au lieu d’y parler le français ?

Voilà des pistes de recherche que les instituts comme le C.D. Howe préfèrent de toute évidence ne pas aborder.


Vers un sous-prolétariat allophone de langue française

C'était là l'une des conclusions de Charles Castonguay lors de son témoignage devant la Commission Bouchard-Taylor, qui s'est terminé par une prise de bec avec Gérard Bouchard

Par Pierre Dubuc, publié le 17 décembre 2007

« Est-ce qu'on est en train de former, à même la population allophone, un sous-prolétariat de langue française qui va remplacer les coupeurs de bois et les porteurs d'eau qu'étaient les francophones vis-à-vis l'ancienne population britannique? » a demandé le mathématicien Charles Castonguay aux commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor.

Cette conclusion et plusieurs autres découlant de ses études sur les données linguistiques, le professeur Castonguay a eu de la difficulté à les exprimer lors de son témoignage, étant constamment interrompu par le commissaire Bouchard.

Il faut dire que d’entrée de jeu Charles Castonguay a secoué le cocotier linguistique et que tout ce qui n’était pas solidement agrippé s’est retrouvé cul par-dessus tête.

Sa première victime a été Jean Renaud du département de sociologie de l’Université de Montréal qui avait dénoncé le « fétichisme de la langue » lors d’un Forum de consultation de l’Institut du Nouveau Monde en affirmant que « l'intégration passe par l'apprentissage des codes complexes de la société d'accueil ».

« M. Renaud oublie, a souligné le professeur Castonguay, que les ‘‘ réseaux’’ dont il vante l’importance fonctionne dans une langue ou l’autre. Et il y a des réseaux linguistiques qui facilitent plus que d’autres l’intégration. ».

Le mythe de l’équilibre linguistique

Bien que son mémoire ait été rédigé avant la publication des données linguistiques du recensement de 2006, Charles Castonguay ne pouvait pas ne pas commenter ces nouvelles données de Statistique Canada. Il s’en est d’abord pris au mythe de l’équilibre linguistique.

« Il faut d’abord souligner qu’entre 2001 et 2006, il y a une croissance au Québec de 10,5 à 10,6 % de la population qui utilise l’anglais à la maison et une diminution de 83,1 % à 81,8 %, de la population qui utilise le français. »

La croissance de l’usage de l’anglais à la maison indique peut-être un renversement de tendance. La décroissance qu’on notait depuis 1991 (11,2%) avec les résultats des recensements de 1996 (10,8%) et de 2001 (10,5%) s’est inversé en 2006 (10,6%).

Soulignons au passage que l’éditorialiste André Pratte de La Presse parle d’un recul de l’anglais en choisissant de comparer les résultats de 1991 et de 2006.

« Que dans la région de Montréal environ 600 000 personnes aient l’anglais comme langue d’usage alors que la population anglophone de langue maternelle n’est que d’environ 400 000 personnes témoigne de l’extraordinaire puissance d’attraction de l’anglais », de dire le professeur Castonguay.

Des transferts vers le français avant de prendre l’avion

Devant les commissaires, le professeur Castonguay a également démoli le mythe largement véhiculé depuis la publications des données de Statistique Canada du succès de la Loi 101 avec un taux de francisation de 75% des immigrants arrivés au Québec depuis 2001.

Ce sont ces données que reprend André Pratte dans son éditorial intitulé « Le français progresse » (La Presse, 7 décembre). « Des 34 000 nouveaux Québécois qui, arrivés depuis 2001, ont opté pour une autre langue que leur langue maternelle, 26 000 ont choisi le français. C'est 75%, contre 40% dans les années 60 et 70% dans les années 80. Là où ça compte, chez les immigrants, le français progresse », écrit-il.

Charles Castonguay remet les pendules à l’heure. « Les transferts linguistiques ne s’effectuent pas sur une si courte période de temps. Il faut considérer une période de 15 ans pour des résultats significatifs. Habituellement, 60% des nouveaux arrivants allophones demeurent fidèles à leur langue maternelle jusqu’à leur mort. 20% ont déjà effectué un transfert avant leur arrivée. Un autre 20% seulement choisissent d’adopter le français ou l’anglais durant leur nouvelle vie au Québec. »

« Si 75% des immigrants arrivés après 2001 qui ont effectué un transfert linguistique ont déclaré avoir choisi le français, cela signifie simplement que la vaste majorité d’entre eux avaient effectué ce choix AVANT leur arrivée au Canada. Il faut donc attribuer ce résultat non pas aux dispositions de la Loi 101, mais plutôt aux politiques de sélection des immigrants en fonction de leur maîtrise préalable du français. »

Dans sa chronique du 8 décembre intitulé « Recul du français? », Lysiane Gagnon confond volontairement les deux politiques. Elle attribue d’abord le taux de francisation de 75% des immigrants en grande partie « à la loi 101 dont le plus grand mérite a été de diriger tous les enfants immigrés vers l'école française ». Puis, elle s’en prend à ces « quelques esprits ronchonneurs » qui attribuent ces résultats au fait « qu'une bonne partie d'entre eux parlaient déjà français à l'arrivée. »

« Exact, reconnaît-elle, mais non sans ajouter : Et alors? Qu'ils aient appris le français au Québec ou au Maroc, où est le problème? Cet afflux de nouveaux francophones est dû en partie aux politiques de sélection pratiquées par le Québec - encore une chose dont on devrait se féliciter, non? »

André Pratte et Lysiane Gagnon évitent soigneusement de mentionner que, si on considère l’ensemble des allophones établis au Québec, la part ou la fraction des transferts linguistiques en faveur du français n’est toujours que de 52%, alors qu’il devrait être d’environ 85% en faveur du français si étaient respectées l’importance relative des populations de langue française et de langue anglaise.

Comment expliquer ce phénomène? Charles Castonguay attire notre attention, lors de son témoignage devant la Commission Bouchard-Taylor, sur le marché du travail.

Gagne gros qui parle anglais, gagne petit qui parle français

S’appuyant sur une étude de l’Institut C.D. Howe, Charles Castonguay reconnaît que l’écart entre les revenus des francophones et des anglop Le grand mérite du mathématicien Charles Castonguay est de démasquer les démagogues et nous présenter la situation réelle du français à Montréal, au Québec et au Canada