Une beauté de 400e, ça se travaille !

2008/02/27 | Par Régys Caron

Cet article a été publié dans MédiaMatin, le journal des lockoutés du Journal de Québec.

Les cols bleus de la Ville de Québec durcissent le ton à l’endroit du maire Régis Labeaume et tentent de valoriser leur travail auprès de la population par une campagne de publicité de 120 000 $.

Depuis une semaine, plus d’une centaine d’autobus du Réseau de transport de la Capitale (RTC) arborent des affiches associant le travail des 1500 employés manuels de la Ville au bon déroulement des célébrations du 400e de Québec.

«Une beauté de 400e, ça se travaille; une propreté de 400e, ça se travaille; un éclairage de 400e, ça se travaille», disent les trois affiches, chacune avec la mention «Vos cols bleus s’en chargent».

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) partage la facture moitié-moitié avec le syndicat des employés manuels.

Un total de 125 panneaux ont été placés sur 117 autobus; 32 affiches livrant le même message ont été placés dans des abribus, 55 ont été placés dans des bars et quatre panneaux géants ont été installés sur des supports Médiacom situés dans des secteurs stratégiques de la ville.

«On n’est pas des voleurs»

«La campagne sert à sensibiliser la population qu’on rend des services de qualité à des prix concurrentiels, plaide le président du syndicat, Jean Lachance. C’est aussi pour répondre aux discours négatifs provenant de l’hôtel de ville et de la radio poubelle qui dénigrent les cols bleus. On se fait encore insulter dans la rue, on commence a être écœurés. On n’est pas des voleurs», ajoute M. Lachance.

La nomination d’un comité externe, annoncée la semaine dernière par le maire Régis Labeaume avec l’intention de couper les dépenses, inquiète les employés.

Les cols bleus craignent que des pans entiers de leur travail ne soient confiés à la sous-traitance avec pour conséquences des pertes d’emplois, des travaux mal faits et des dépenses toujours en hausse, préviennent-ils.

Souvenir des cartels…

«Le maire veut donner des jobs à contrat à qui? Dans l’intérêt de qui?, demande Jean Rochette, vice-président du syndicat. Qu’il nous fasse la démonstration.»

Il ajoute que des employés de la Ville doivent fréquemment reprendre le travail fait par des sous-traitants, comme c’est le cas à l’hôtel de ville, où des rénovations sont en cours.

«Monsieur (le maire) veut donner à contrat! Quand on se sera débarrassés des équipements, camions, etc., qui dit que les coûts n’exploseront pas?» se demande Jean Rochette. Il rappelle que des entrepreneurs qui faisaient partie des cartels du béton et de la neige avaient monté les prix artificiellement, il y a quelques années.

Vinaigre

Le climat de travail est en train de tourner au vinaigre entre la Ville de Québec et les cols bleus, qui en imputent la responsabilité à l’employeur.

«Ce qui est désolant, c’est que, depuis 1995, on a amélioré les relations et l’organisation du travail. Ils mettent en péril ce qui a été construit. Ça va bien les relations de travail quand il y a du respect», termine Jean Lachance.

Outre la grève déclenchée par les cols bleus de l’ancienne Ville de Sainte-Foy à l’automne 2000, Jean Lachance ne se souvient pas de la dernière grève déclenchée par les cols bleus de Québec.

Photo : Panneau de la campagne publicitaire des cols bleus /  Didier Debusschère