Hommes/femmes: L’écart salarial se creuse

2008/03/07 | Par L’aut’journal 

Être une femme sur le marché du travail du Canada aujourd’hui ne paie pas, selon un nouveau rapport du Congrès du travail du Canada. En fait, les jeunes travailleuses sont aujourd’hui plus scolarisées, mais gagnent moins qu’il y a dix ans.

« L’économie canadienne a un problème : elle paie les femmes moins que les hommes. Elle nous paie moins même lorsque nous avons les mêmes compétences, sommes aussi scolarisées et travaillons le même nombre d’heures que les hommes. Nous avons moins d’argent à la fin de notre vie de travail et sommes moins récompensées lorsque nous investissons dans des études supérieures ou faisons passer notre carrière avant notre famille. Tout compte fait, les femmes ne sont pas encore égales, et loin de là », affirme Barbara Byers, vice-présidente exécutive du Congrès du travail du Canada.

70,5 % du salaire des hommes

Selon le rapport, Les femmes dans la population active : encore loin de l’égalité, les femmes qui travaillaient à plein temps à longueur d’année en 2005 ne gagnaient que 70,5 cents pour chaque dollar que gagnaient les hommes.

Si l’on compare ces chiffres aux 72 cents que gagnaient les femmes pour chaque dollar que gagnaient les hommes faisant un travail semblable dans les années 1990, il est clair que les choses ne se sont pas améliorées. Et ce, en dépit du fait que plus de femmes ont investi dans des études postsecondaires et ont attendu d’être établies sur le marché du travail pour avoir des enfants.

Les plus instruites perdent du terrain

En fait, au cours des dix dernières années, les femmes qui ont un diplôme postsecondaire ont perdu du terrain. Il y a dix ans, elles gagnaient 75 cents pour chaque dollar que gagnaient les hommes ayant les mêmes qualifications. Aujourd’hui, elles ont glissé à 68 cents.

Byers affirme que les jeux sont faits contre les femmes en grande partie parce que nos milieux de travail, de même que nos politiques sociales et du travail, ne correspondent pas aux réalités des femmes.

« On s’attend encore à ce que les femmes assument la plus grande part des soins à la maison. Nous sommes encore responsables du soin des enfants, des travaux ménager et, de plus en plus, du soins de nos parents âgés. Les choix des femmes lorsqu’elles doivent travailler sont alors limités », ajoute Byers.

De nombreux employeurs exigent de longues heures de leur personnel à plein temps, n’offrent pas un horaire qui correspond aux besoins familiaux et pénalisent les employés qui s’absentent temporairement.

Un grand nombre de femmes doivent opter pour des emplois à temps partiel, précaires et qui paient moins. Elles doivent payer un prix élevé si elles quittent le marché du travail pendant un an ou deux, ou décident de travailler de longues heures et de ne pas avoir d’enfant.

« Nous sommes des participantes à part égale sur le marché du travail depuis deux générations. Nous devrions être récompensées de façon égale pour notre travail. Il est temps que les choses changent », souligne Byers.

Pour que les choses changent

Pour provoquer un changement, affirme Byers, le mouvement syndical lance une campagne de sensibilisation d’un an sur l’écart salarial et les façons de l’éliminer. Elle explique que le rapport cerne un certain nombre de changements qui feraient une grande différence, dont :

· L’accès à des services de garde d’enfants de qualité et abordables
· Un salaire minimum relevé à au moins 10 $ l’heure

· Une réforme des normes minimales du travail pour qu’une heure de travail à temps partiel procure le même salaire qu’une heure de travail à plein temps

· La modernisation du programme fédéral d’assurance-emploi pour que les personnes qui ne font pas un travail traditionnel de neuf à cinq, mais qui travaillent autant que les autres, aient droit aux prestations

· Une réforme des pensions pour que les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes, ne soient pas récompensées par la pauvreté parce quelles se sont absentées du travail pour prendre soin de leurs enfants

· De meilleures lois sur le travail facilitant l’adhésion à un syndicat, surtout dans le cas des femmes qui gagnent un faible salaire dans le secteur privé des services.

« Si tous les lieux de travail du pays étaient syndiqués, nous verrions une énorme différence et pourrions éliminer l’écart salarial. Mais nous savons que cela ne va pas se produire. Ce n’est pas pour tout le monde. Parlons alors de ce que nous pouvons faire pour tout le monde, car on ne peut plus continuer de payer les femmes 70,5 cents pour un travail qui vaut un dollar. Il faut que ça cesse.

Le Congrès du travail du Canada, voix nationale du mouvement syndical, représente 3,2 millions de travailleuses et travailleurs canadiens. Le CTC réunit les syndicats nationaux et internationaux du Canada, les fédérations provinciales et territoriales du travail et 136 conseils du travail régionaux.
Source: Congrès du travail du Canada
Site web http://congresdutravail.ca/