Recul des jeunes dans la fonction publique

2008/05/08 | Par L’aut’journal 

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec et le Syndicat de la fonction publique du Québec considèrent que la ministre Jérôme-Forget déforme la réalité lorsqu’elle affirme que « les jeunes ont compris qu’ils pouvaient compter sur un milieu de travail qui leur offre la possibilité de mettre à profit leurs connaissances et leurs habiletés ». Les deux syndicats, regroupant la majorité des effectifs de la fonction publique, se demandent où est la réelle place des jeunes.

480 réguliers de moins

En effet, la lecture du document présenté le 6 mai par le Secrétariat du Conseil du trésor révèle que le nombre de jeunes de moins de 35 ans a baissé en ce qui concerne les effectifs réguliers de la fonction publique, leur proportion au sein des effectifs à temps complet passant de 10,2 % en 2003-2004 à 9,2 % en 2006-2007.

Pendant que le nombre de jeunes a diminué de 480 chez le personnel régulier, il a augmenté de 328 pour les jeunes occasionnels à temps complet entre 2002-2003 et 2006-2007. En plus de la baisse nette de leur nombre, les jeunes se retrouvent donc de plus en plus dans des emplois à statut précaire.

Par ailleurs, ces jeunes ne demeurent pas tous en poste. Le document révèle que le nombre de départs de la fonction publique des personnes âgées de moins de 35 ans a augmenté depuis 2004-2005, passant de 148 à 204 départs annuels en 2006-2007.

« Est-ce parce que ces jeunes se voient confinés dans des emplois occasionnels? Est-ce parce qu’ils sont sous-payés, étant donné que le gouvernement ne reconnaît plus l’expérience et les diplômes à l’embauche? », se demandent les leaders des deux syndicats, Gilles Dussault et Lucie Martineau. C’est une bien mauvaise façon de les fidéliser et d’assurer la relève et le maintien de l’expertise dans les services publics.

Baisse des effectifs du personnel de soutien et augmentation du nombre de cadres

Ce sont les catégories d’emploi de soutien, comprenant le personnel de bureau et les techniciens, qui connaissent les baisses les plus draconiennes depuis mars 2003 : 2 180 personnes de moins chez le premier groupe et 914 de moins chez le deuxième.

Si la catégorie des professionnels (tous groupes confondus) semble peu touchée, avec une baisse de 10 personnes dans l’effectif régulier, ce groupe doit cependant absorber le surplus de travail occasionné par la perte d’effectifs de soutien, en assumant des fonctions de secrétariat en plus de se consacrer au travail professionnel pour lequel ils ont été embauchés. « Est-ce de cette façon que le Secrétariat du Conseil du trésor entend satisfaire aux exigences des Déclarations de services aux citoyens? », questionnent les chefs syndicaux.

Un paradoxe qu’on découvre dans cette étude concerne la répartition des baisses et des hausses des effectifs par catégorie d’emploi. Alors que les emplois de soutien diminuent, le nombre de cadres augmente. Ainsi, de mars 2003 à mars 2007, le nombre de cadres a augmenté de 144 personnes.

« Pourquoi a-t-on besoin de plus de personnel d’encadrement alors que les effectifs diminuent? », s’interrogent les présidences du SPGQ et du SFPQ. Les deux syndicats se demandent en quoi cela contribuera à une meilleure prestation des services publics.

« Si l’on veut réellement régler les importants problèmes d’accessibilité aux services à la population, il faut assurer les conditions de rémunération adéquates pour permettre la rétention de la relève au sein de l’appareil gouvernemental et faire en sorte d’augmenter le personnel là où c’est vraiment nécessaire », concluent les leaders des deux syndicats.

Le SPGQ est le plus grand syndicat de professionnelles et professionnels du Québec. Il représente plus de 19 000 personnes rattachées à 37 unités de négociation, dont 17 000 évoluant dans la fonction publique et 2 000 dans les sociétés d’État, les réseaux de l’éducation et de la santé du Québec. Le SFPQ est une organisation syndicale indépendante regroupant plus de 43 000 membres, principalement au sein de la fonction publique, et ce, dans les catégories d’emploi suivantes : personnel de bureau, techniciens et ouvriers.

Source : SFPQ, SPGQ