Espoir au Journal de Québec

2008/06/18 | Par Marc Laviolette

Photo« Le conflit a assez duré ». C’est par ces paroles que Pierre-Karl Péladeau, grand patron de Quebecor, à qui appartient le Journal de Québec en lock-out, a réagi lorsqu’un journaliste de Média Matin (Journal des syndiqué-es en conflit) s’est présenté à lui lors d’un spectacle de Diane Dufresne à l’Espace Félix Leclerc, le soir de la Fête des Pères à Québec.
Photo : Média Matin Québec
 
« Ça prend beaucoup de courage, de ténacité et de débrouillardise pour se rendre ainsi jusqu’à Pierre-Karl Péladeau dans un événement mondain et lui arracher une telle déclaration », confiait à l’aut’journal, Denis Bolduc, le président du syndicat.

« Après 13 mois de lock-out, nous sommes toujours prêts à retourner à la table de négociation afin d’y avoir de vrais échanges et rechercher des solutions », poursuit le président du syndicat.

Rappelons que le 27 janvier dernier, les représentants syndicaux ont déposé une demande de recours à l’arbitrage en vue d’en arriver à un règlement du conflit. Ce que Quebecor a refusé. Depuis ce temps, le conciliateur Jean Poirier est en contact régulier avec les deux parties, mais aucun rapprochement ne se dessine. Les spécialistes des relations de travail consultés par Média Matin sur le sens à donner à la déclaration de M. Péladeau y voyaient une occasion de saisir la balle au bond.

Jean Sexton, arbitre de griefs depuis 35 ans, y voyait un aveu : « J’ai rarement vu un grand patron, dans une cause aussi exceptionnelle, s’exprimer ainsi. Retournons cela de façon positive en se disant, qui sait?, ça peut relancer les discussion ». Pour Fernand Morin, arbitre et auteur de nombreux ouvrages sur les relations de travail, une telle déclaration pouvait faire en sorte que M. Péladeau se retrouve coincé par la propre perche qu’il a tendue. « Il ne faut pas tarder et saisir cette occasion ».

Audiences à propos des « scabs »

Sur un autre front, se déroulent les audiences devant la Commission des relations du travail du Québec (C.R.T.) au sujet des 17 plaintes déposées par le syndicat parce que le Journal de Québec utilise des « scabs » pour produire son journal pendant le conflit. Les plaintes concernent un messager, les services de photographe de Keystone Press et les journalistes du portail Canoë.

« Nous avons plaidé sur la base de deux arguments principaux, soit la notion de véritable employeur et celle de l’extension de la notion d’établissement. Pour nous, il est clair que, même si Quebecor se cache derrière d’autres entités, les directives viennent du Journal de Québec. En ce qui concerne la notion d’établissement prévue au Code du travail, nous sommes en terrain nouveau, aucune décision n’a été rendue à date par le CRT sur ce que nous avons plaidé. Pour nous, journalistes, l’établissement va au-delà de la pierre et de la brique. Notre lieu de travail, c’est là où se passe la nouvelle, là où se déroule l’événement. C’est la même chose avec les vendeurs itinérants. Ces salariés n’ont pas besoin de la bâtisse pour faire leur travail ».

Fait important à noter : si jamais la commissaire Myriam Bédard accueille les plaintes syndicales, sa décision aura une portée pour l’ensemble du mouvement syndical québécois. « Nous espérons une décision d’ici le début juillet », nous confiait le président du syndicat, Denis Bolduc.