Grève à l’usine 3 de Beaulieu Canada à Acton-Vale

2008/06/30 | Par Yvan Boulay

Yvan Boulay est du Mouvement action chômage de St-Hyacinthe

Les travailleurs de l’usine 3 de Beaulieu Canada à Acton-Vale ont choisi de refuser les offres patronales. La demande de l’employeur étant une diminution de salaire de l’ordre de 30% ainsi que d’autres coupures dans leurs bénéfices marginaux. Ce qui donne, selon les travailleurs, un manque à gagner de près de 48% par semaine. Comme ultime moyen de pression pour faire entendre leur mécontentement, le déclenchement d’une grève.


Beaulieu Canada, c’est un employeur poids lourd. Il est le principal fabricant de tapis au Canada. Il emploie plus de 1 000 travailleurs dans quatre usines au Québec. Pour vous donner une idée, le plan de Beaulieu Canada à Acton-Vale occupe plus de superficie que le centre-ville.


En face de l’usine, le brouhaha ne vient pas des grévistes, mais bien de la rue. Les gestes de solidarités fusent. Coups de klaxon à répétitions, cris d’encouragement, poignées de main, toute la région d’Acton-Vale est solidaire. Le calme apparent des travailleurs en grève n’enlève rien à leur détermination.

Sur la ligne de piquetage, ce n’est pas des jeunots, beaucoup ont plus de 25 ans de service et sont à leur quatrième conflit avec Beaulieu. Cette offre patronale qui les ramène à leurs conditions salariales de 1989, ils ne l’acceptent pas. Quand on discute avec eux, ils disent faire la grève pour se faire respecter. Ils connaissent les enjeux de cette confrontation et disent n’avoir rien à perdre. « Ça fait trente ans que je travaille pour eux, j’ai l’impression que Beaulieu ne me respecte pas, c’est comme si j’avais travaillé pour rien ! » dit l’un deux ! Un autre renchéri: « l’employeur nous fait une offre inacceptable, alors on dit non, un point c’est tout ! »


Les travailleurs de Beaulieu sont décidés. Décidés à faire comprendre à l’employeur qu’ils sont prêts à faire un bout de chemin pour conserver leurs emplois, mais pas de le faire tout seul. Ils comprennent très bien les difficultés que vit l’entreprise. Mais plusieurs voient quand même cette offre patronale de diminuer leurs salaires de 30% comme une provocation, comme un manque de respect.


Prendre la décision de faire la grève, c’est le geste ultime d’un travailleur pour faire comprendre à son employeur qu’il est toujours disponible à travailler pour lui mais pas aux conditions qu’on lui propose. Faire la grève, c’est être prêt à tout perdre, mais avec l’espoir de conserver son emploi et d’y gagner quelque chose. Faire la grève, c’est beaucoup plus que défendre son salaire et ses conditions de travail, c’est aussi défendre sa dignité. Ça les travailleurs de l’usine 3 de Beaulieu Canada l’ont compris !