Nouvelles du Saguenay : Quatre mousquetaires dans le Parc

2008/08/21 | Par Pierre Demers

Mardi 15 juillet 2008, Parc des Laurentides, treize heures cinquante : Quatre jeunes femmes, suite à une embardée, se retrouvent seules, sans cellulaire, au bord de la route. Elles s’en retournaient chez elle, à Chicoutimi. Il leur restait à peu près 150 kilomètres à parcourir. Elles sont à peine sorties de Québec. Il pleut.

Elles sont, comme le mentionnent les panneaux qui les entourent, en pleine zone de dynamitage.

Les feux de détresse allumés, la voiture accotée, deux d’entre elles vont chercher de l’aide auprès des ouvriers du chantier qui occupe une partie du Parc. Une remorque est appelée qui, accaparée par un accident, ne pourra arriver qu’aux environs de dix-sept heures. En attendant, elles décident de faire du pouce… En vain.

Quatre jeunes femmes en détresse dans le Parc des Laurentides, c’est dangereux, ça peut mordre. Personne ne s’arrêtera, ne ralentira même pour s’informer de leur état de santé, de leurs problèmes. Une quarantaine de véhicules plus tard, elles se résignent à attendre dans l’automobile.

Cependant, quand enfin une auto de police vient s’enquérir du problème, les yeux des automobilistes, jusqu’alors aveugles à leur détresse, se font curieux, avides, interrogateurs. On veut connaître les méfaits de ces quatre jeunes femmes. Une cinquantaine de visages tour à tour, les observent, les défigurent en ralentissant à leur hauteur.

Seize heures quinze : La remorque arrive. La moitié du groupe se rendra à Chicoutimi, l’autre moitié sera transportée par la police jusqu’à l’Étape, lieu de repos et de restauration des voyageurs. Elles ne sont pas au bout de leurs peines. Les deux jeunes femmes supplient alors les voyageurs de les aider (moyennant finances) à se rendre à Chicoutimi.

Elles se heurtent aux refus, à l’ironie, aux regards amusés et curieux de la vingtaine de personnes sollicitées.

« Mon fils ne voudra pas », leur dit-on à gauche. « Oui je vais à Chicoutimi », puis : « Non, finalement, j’ai changé d’avis », entendent-elles à droite. « Non, désolés, on ne prend personne. Bonne chance », rajoute-t-on. Désespérées, elles continuent à interpeller les voyageurs, expliquant, justifiant leur présence presque saugrenue dans ce Parc. Il pleut toujours. La nuit tombe.

Une quarantaine de minutes plus tard, deux étudiantes, touchées par leur histoire, acceptent enfin de les aider.

J’étais de ces femmes. Nous sommes noires, mais ceci n’est qu’un détail n’est ce pas?

Ayavi Lake

D’autres nouvelles du Saguenay

Au Saguenay, les nouvelles de l’été ont été moins frappantes qu’à Montréal-Nord.
Le profilage ethnique étant plus discret ici qu’en ville. Mais on peut sans doute en évoquer quelques-unes de ces nouvelles qui sortent du lot. Histoire de souligner que généralement les bonnes histoires (comme celle que nous raconte une amie africaine de Chicoutimi, Ayavi Lake) ne font pas les manchettes des médias, faute de personnalités publiques reconnues. Mais ces histoires-là – quatre mousquetaires dans le Parc – sont révélatrices d’une attitude des bons Québécois(Saguenéens) pourtant très ouverts au monde…sauf en vacances.

Bon bref, les nouvelles de l’été au Saguenay auraient pu être…

1-La température plus ou moins maussade qui a fait maugréer tout l’été les Saguenéens et moins les Jeannois en vacances. Tout le monde ici a déploré l’absence de canicule et l’abondance des pluies. On met sur le dos de ce fameux mauvais temps la pénurie de touristes et « le maudit 400e de Québec » avec son Beatle qui a drainé le reste de la province.

2- La poursuite du Mouvement laïque québécois de 100 000$ contre le maire Tremblay (Encore lui, toujours lui, l’incontournable empêcheur de tourner en rond) qui persiste, malgré la recommandation de la Commission des droits de la personne, à réciter une prière aux assemblées du conseil municipal. Le bon maire prêt à brûler 100 000$ de frais d’avocat sur son autel pour clamer sa foi.

3- La dizaine de Mexicains venus pour la première fois cueillir des bleuets dans les bleuetières du Lac Saint-Jean malgré les réserves du syndicat des producteurs de bleuets qui les a traités de voleurs de… bleuets.

4- L’accusation de voies de fait simple sans lésion portée contre Jonathan Roy des Remparts de Québec par le service de sécurité publique de Saguenay relativement aux évènements survenu le 22 mars au Centre George-Vézina de Chicoutimi. Les amateurs des Saguenéens sont contents contents…mais le père, Patrick Roy, n’est pas poursuivi, lui. La suite le 16 septembre au Palais de Justice de Chicoutimi.

5- L’assassinat d’un gros ours débonnaire par les policiers municipaux de Chicoutimi qui n’avaient pas alors de permis de chasse au gros gibier pour procéder. Les écolos veulent aller en Cour suprême pour trancher le litige.
Etc,etc,etc.

6. La cour suprême du Canada accepte d'entendre les employés de Wal Mart de Jonquière licenciés en 2005 pour avoir tenté de se syndicaliser. C'est le gros Champagne qui doit rugir lui qui voulait tant voir un Wal Marde dans sa cour.

7. L'incendie de la polyvalente de Kénogami (des ouvriers ont mis le feu à la toiture) force les étudiants, les enseignants (et les parents) à vivre un double horaire toute la prochaine année à la polyvante d'Arvida. Bon côté de la chose: les administrateurs scolaires découvrent l'utilité du service de transport en commun de la Ville.

Il y en a beaucoup d’autres de ces nouvelles de l’été, mais je préfère l’histoire des quatre mousquetaires sortie discrètement en lettres aux lecteurs dans Le Quotidien.

C’est l’une des mousquetaires, Ayavi Lake qui nous la raconte. L’autoroute à quatre voies actuellement en construction dans le Parc serait-elle raciste ?