Pourquoi ne pas abolir l'OTAN, tout simplement ?

2008/08/21 | Par Rodrigue Tremblay

[L'OTAN a pour objectif] «d’exclure les Russes, d’inclure les Américains et de tenir les Allemands sous la botte».

Lord Ismay, premier secrétaire général de l'OTAN

 

 «Nous devons immédiatement convoquer une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord pour évaluer la sécurité de la Géorgie et passer en revue les mesures que l'OTAN peut prendre pour contribuer à stabiliser cette situation très dangereuse.»

Sénateur John McCain, (8 août  2008)

 

«Si nous avions travaillé de manière préventive avec la Russie, avec la Géorgie, en nous assurant que l'OTAN avait le genre de capacité, la présence et l'engagement idoines, nous aurions pu peut-être éviter ça» [L'invasion de l’Ossétie du sud par la Géorgie et la riposte russe subséquente ].

 

Tom Daschle, ancien chef de la majorité au Sénat et conseiller du sénateur Barack Obama, (17 août  2008)

 

«De tous les ennemis des libertés publiques, la guerre est peut-être le plus redoutable parce qu'elle comprend et développe le germe de tous les autres ennemis.»

James Madison (1751-1836), quatrième président des USA

 

 

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une relique de la Guerre froide. Elle a été créée le 4 avril 1949 comme une alliance défensive des pays d'Europe occidentale avec le Canada et les USA pour protéger ceux-ci des empiétements de l'Union soviétique.

Mais depuis 1991, l'empire soviétique n'existe plus et la Russie a coopéré économiquement avec les pays d'Europe occidentale, en leur fournissant du gaz et du pétrole, et des matières premières en tous genres. Ceci a accru l'interdépendance économique européenne et, par conséquent, considérablement réduit la nécessité d'une telle alliance militaire défensive au-dessus et au-delà de la défense militaire des pays européens eux-mêmes.

Mais le gouvernement US ne voit pas les choses ainsi. Il préférerait garder son rôle de protecteur paternaliste  de l'Europe et d’unique superpuissance au monde. L'OTAN est l’outil qui convient à cet effet. Mais peut-être le monde devrait-il s’inquiéter de ces gens qui sillonnent la planète avec un bidon d'essence dans une main et une boîte d'allumettes dans l'autre, se faisant passer pour des vendeurs d'assurances incendie.

En, l’état actuel des choses, c’est un fait que le gouvernement et la nomenklatura des affaires étrangères US considèrent l'OTAN comme un outil important de la politique étrangère US d'intervention à travers le monde. Étant donné que de nombreux hommes politiques US ne soutiennent plus de facto l'Organisation des Nations Unies comme organisation internationale suprême consacrée au maintien de la paix dans le monde, une OTAN sous contrôle US semble être, À leurs yeux, un substitut plus attrayant à l'ONU pour fournir une couverture légale aux offensives militaires par ailleurs illégales qu’ils entreprennent à travers le monde. Ils préfèrent garder le contrôle total sur une petite organisation comme l'OTAN, même si elle est devenue une institution obsolète, que de devoir faire des compromis à l'ONU, où les USA ont néanmoins une des cinq voix de véto au Conseil de sécurité.

C’est la logique derrière les propositions visant à réorganiser, à réorienter et à élargir l'OTAN, afin de la transformer en un outil flexible de la politique étrangère US. C'est une nouvelle  démonstration de ce que les institutions superflues ont une vie propre. En effet, lorsque leur vocation première  n'existe plus, de nouveaux objectifs sont inventés pour les maintenir en vie.

En ce qui concerne l'OTAN, le plan est d'en faire une alliance politico-militaire impériale et offensive contre le reste du monde, en l’élargissant. Conformément au plan, l'OTAN serait élargie à l’Europe centrale et orientale pour inclure non seulement la plupart des anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Albanie et Hongrie) et bon nombre des anciennes républiques de l'Union soviétique(Estonie, Lituanie, Lettonie, Géorgie et Ukraine), mais aussi à l’Asie pour inclure le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, et peut-être, au Moyen-Orient, admettre Israël. Aujourd'hui, l'OTAN, qui comptait au départ 12 membres, est passée à 26 membres.  À l'avenir, si les USA atteignent leur objectif a sa manière, l'OTAN pourrait devenir une organisation de 40 membres.

Aux USA, tant les Républicains que les Démocrates voient la transformation de la vieille  OTAN en cette nouvelle alliance offensive militaire comme une bonne idée (néocone)  pour promouvoir les intérêts US partout dans le monde, ainsi que ceux de ses proches alliés, comme Israël. Ce n'est pas seulement une idée activement promue par l’administration néocone Bush-Cheney, mais aussi par les conseillers néoconservateurs des deux candidats à l'élection présidentielle US de 2008, le sénateur John McCain et le sénateur Barack Obama. En effet, les deux candidats sont d’enthousiastes partisans de l’interventionnisme militaire, et c'est essentiellement parce que tous deux s’appuient sur des conseillers provenant des mêmes milieux néocons.

Par exemple, la précipitation avec laquelle les Bush-Cheney ont imprudemment promis à l'ancienne république soviétique de Géorgie l'adhésion à l'OTAN et fourni un appui et un ravitaillement militaire US est un bon exemple de la manière dont l'OTAN est perçue à Washington DC par les deux principaux partis politiques US. D'une part, le candidat présidentiel républicain John McCain envisage un nouvel ordre mondial construit autour d'une Ligue des démocraties» d’inspiration néocon qui remplacerait de facto les Nations Unies et par laquelle les USA gouverneraient le monde. D’autre part, le sénateur Barack Obama n'a pas une position très lointaine des propositions de politique étrangère du sénateur McCain. En effet, le sénateur Obama préconise l'utilisation de la force militaire des USA et des interventions militaires multilatérales dans les crises régionales, pour des raisons humanitaires, même si ce faisant, l'ONU doit être court-circuitée.

Par conséquent, si jamais il obtient le pouvoir, il y a fort à parier que le sénateur Obama n'aurait pas de scrupule à adopter la vision du monde du sénateur McCain. Par exemple, les deux candidats à l'élection présidentielle seraient probablement favorables à la suppression de la clause « no first strike » (ne pas être les premiers à attaquer) de la convention de l'OTAN. On peut tenir pour acquis que quel que soit l’homme politique qui entrera à la Maison Blanche, le monde sera moins régi par les lois et moins sûr, et la situation ne sera guère meilleure qu’elle ne l'est sous l’administration  voyoute des Bush-Cheney.

Il est toutefois difficile de voir en quoi ce nouveau rôle offensif attribué l'OTAN serait dans l'intérêt des pays d'Europe ou du Canada. L’Europe de l'Ouest, en particulier, a tout à craindre d'une résurgence de la guerre froide avec la Russie, et peut-être avec la Chine. La transformation de l’OTAN d’organisation militaire de défense de l'Atlantique Nord en une organisation militaire offensive d’envergure mondiale sous direction US va avoir des répercussions géopolitiques internationales à travers le monde, mais surtout pour l'Europe. L'Europe a une forte attraction économique pour la Russie. Alors pourquoi s’embarquer dans la politique agressive d'encerclement militaire de la Russie de l'administration Bush-Cheney par un élargissement de l'OTAN aux portes de la Russie la porte et en plaçant des boucliers anti- missiles juste à côté de la Russie? Ne serait-il pas mieux pour l'Europe de développer des relations économiques et politiques harmonieuses avec la Russie? Pourquoi préparer la prochaine guerre?

Quant au Canada, sous le gouvernement minoritaire du  Néocon  Steven Harper, il est malheureusement devenu de facto une colonie US en ce qui concerne les affaires étrangères, et cela, sans tout débat sérieux ni référendum à cet effet au Canada même. La dernière chose dont le Canada ait besoin serait de poursuivre sur cette route minée.

En conclusion, il semblerait que l’ idée humaniste de faire la promotion de la paix, du libre-échange et du droit international comme fondements de l'ordre mondial a été écartée au profit d'un retour à la politique de grande puissance et à la diplomatie de la canonnière. Il s'agit d'un retour en arrière de 100 ans.

C’est une honte.

|L'OTAN une relique de la guerre froide
932|969|Caricatures|Asymptote - Du gaspillage...|2008-08-21 20:30:47|Simon Baniville||
933|970|Accueil_Actualités|À propos du dossier du CHUM|2008-08-21 22:36:42|Robert Laplante|Le dossier du CHUM n’en finit pas de s’alourdir sans que rien ne parvienne à troubler le silence assourdissant qui le recouvre de toutes les censures. Plombé par le dogmatisme des PPP, lesté par les jeux de coulisses et l’opacité de gouvernance, le projet du CHUM a d’ores et déjà basculé dans l’ordre du scandale.

Nous avons appris en plein mois de juillet que les coûts de construction du centre de recherche étaient passés de 280 millions à 320 millions de dollars, que le nouveau ministre s’offrait la tête du directeur général, que la Fondation canadienne pour l’innovation avait rejeté la demande de financement malgré que le Fonds de recherche en santé du Québec ait qualifié d’exceptionnel le dossier du programme de recherche. À cela se rajoutaient les récriminations des architectes et ingénieurs qui veulent récupérer des honoraires pendant que les hypothèses de report d’échéancier nourrissent les paris les plus cyniques.

Mais personne ne siffle la fin de la récréation, personne ne demande que lumière soit faite en notre Assemblée nationale. Rien n’ébranlera donc jamais les colonnes du temple de la démission collective.

Pendant ce temps, même opacité du côté du CUSM, mais avec de bonnes nouvelles : la Fondation canadienne de l’innovation va lui accorder sa demande de financement. Quelle surprise?! Les scientifiques du CHUM en sont restés pantois, incapables de s’expliquer l’écart d’appréciation entre la FCI et le FRSQ. Dans les médias la chose a été présentée comme un simple fait administratif. Canada knows best?! Toronto a fait son choix. La condescendance d’un côté, la résignation de l’autre, ainsi en va-t-il de la logique du consentement à l’auto-mutilation.

La médecine francophone et ses institutions se laissent amputer sans mot dire. Et pourtant la Fondation canadienne de l’innovation, ce n’est rien d’autre qu’un bidule pour contourner les choix démocratiques du Québec, un instrument d’aliénation, une patente concoctée pour nourrir l’establishment canadian avec des fonds publics sans reddition de compte pour ce qu’une petite élite cooptée décide de faire avec nos impôts. Un projet majeur pour le devenir de la médecine québécoise est déstabilisé par un conseil étranger et personne ne pose la question de la légitimité de la Fondation?? Too bad… Et puis, après tout ce n’est pas si grave, on a déjà connu de plus grosses pertes, rien ne sert de s’alarmer, on finira bien par trouver un moyen de moyenner.

Il y a dans le dossier du CHUM un fatalisme malsain qui tient essentiellement de la conduite hystérique dictée par une censure fondatrice : il n’y a pas de place pour deux centres hospitaliers universitaires de cette envergure à Montréal et rien ne justifie le dédoublement, sinon le refus de poser le dossier dans sa dimension essentielle, la dimension nationale.

Le partage des fonds publics à 50-50 entre les projets de McGill et de l’Université de Montréal est une injustice rhodésienne. Le Québec n’a pas les moyens de se payer un tel attelage. Il ne devrait y avoir qu’un seul centre. Nous finançons un apartheid sophistiqué. Rien ne justifie une telle allocation des ressources, une telle surpondération du financement de l’institution anglaise. C’est lui conférer un avantage indu.

Il n’y a deux projets que pour perpétuer le développement séparé, pour conforter la minorité dans ses privilèges et lui éviter de se repenser dans le développement national. Il n’y en a deux que pour laisser McGill en marge et garder les institutions anglophones satellites dans un refus d’intégration.

L’argent englouti pour financer deux bureaucraties et des tonnes de béton ne servira pas au développement de la recherche, il ne servira pas à revitaliser un système en voie d’implosion. Il servira d’abord à tenir le CHUM dans l’indigence, à le condamner à mal servir la majorité et à refuser de faire de la médecine francophone le centre de gravité de notre système de santé.

Les chiffres ne servent à rien ici : l’Université de Montréal forme plus de médecins qui resteront et pratiqueront au Québec, la démographie ne justifie pas le dédoublement des services pédiatriques, le déséquilibre linguistique qui sera accentué par une telle hypertrophie des institutions anglophones, les tableaux, les graphiques, les tendances, rien n’y fait. Toucher au CUSM, c’est se livrer à quelque chose d’obscène : reconfigurer les institutions en fonction d’une mission nationale charpentée sur le fait français majoritaire, ce serait affirmer une gouverne nationale. La province s’y refuse.

En tout cas, une très large part de son élite économique et politique est prête à tout bazarder pour continuer de cacher ce sein qu’on ne saurait voir. Les dépassements de coûts, les retards d’exécution, les conflits administratifs, le gaspillage des dédoublements, rien de tout cela ne suffit à ébranler le refus de voir la seule conclusion qui s’impose.

Il n’y aura pas deux centres, les milliards s’envolent trop rapidement pour qu’on puisse y croire. Il finira par n’y en avoir qu’un seul, bien enrobé dans le compromis bilingue et la suprématie accordée à McGill qui aura le fair play de concéder des prix de consolation pour la médecine francophone vouée aux affaires locales. Il y a les institutions de classe mondiale et les autres, you know.

Haussements d’épaules dans les cocktails, sourires embarrassés et blagues plates pour mieux faire passer l’autodénigrement, il faut bien s’installer dans la médiocrité et le plus tôt sera le mieux.

C’est la démission, le refus d’arrêter tout ce cirque avant que l’irrémédiable n’arrive. Il faudrait reprendre tout ça. Assumer les pertes encourues et redresser les choses nous coûterait malgré tout moins cher. Mais c’est trop exiger, c’est déjà trop dire. Les choses ne se passent pas ainsi dans un régime de renoncement à soi-même.

Le consensus mou de l’élite servile ou velléitaire se fait plutôt sur une rengaine pour tenter de se convaincre qu’à défaut de servir un destin national, le projet aura au moins généré des occasions d’affaires, quitte à les payer du prix de formidables embardées administratives et financières. Rien n’est trop cher pour préserver la pudeur. Notre existence nationale est vraiment devenue obscène.|L’obscénité et le financement de l’apartheid

934|971|Manchettes Région|Nouvelles du Saguenay : Quatre mousquetaires dans le Parc|2008-08-21 23:38:36|Pierre Demers|

Mardi 15 juillet 2008, Parc des Laurentides, treize heures cinquante : Quatre jeunes femmes, suite à une embardée, se retrouvent seules, sans cellulaire, au bord de la route. Elles s’en retournaient chez elle, à Chicoutimi. Il leur restait à peu près 150 kilomètres à parcourir. Elles sont à peine sorties de Québec. Il pleut.

Elles sont, comme le mentionnent les panneaux qui les entourent, en pleine zone de dynamitage.

Les feux de détresse allumés, la voiture accotée, deux d’entre elles vont chercher de l’aide auprès des ouvriers du chantier qui occupe une partie du Parc. Une remorque est appelée qui, accaparée par un accident, ne pourra arriver qu’aux environs de dix-sept heures. En attendant, elles décident de faire du pouce… En vain.

Quatre jeunes femmes en détresse dans le Parc des Laurentides, c’est dangereux, ça peut mordre. Personne ne s’arrêtera, ne ralentira même pour s’informer de leur état de santé, de leurs problèmes. Une quarantaine de véhicules plus tard, elles se résignent à attendre dans l’automobile.

Cependant, quand enfin une auto de police vient s’enquérir du problème, les yeux des automobilistes, jusqu’alors aveugles à leur détresse, se font curieux, avides, interrogateurs. On veut connaître les méfaits de ces quatre jeunes femmes. Une cinquantaine de visages tour à tour, les observent, les défigurent en ralentissant à leur hauteur.

Seize heures quinze : La remorque arrive. La moitié du groupe se rendra à Chicoutimi, l’autre moitié sera transportée par la police jusqu’à l’Étape, lieu de repos et de restauration des voyageurs. Elles ne sont pas au bout de leurs peines. Les deux jeunes femmes supplient alors les voyageurs de les aider (moyennant finances) à se rendre à Chicoutimi.

Elles se heurtent aux refus, à l’ironie, aux regards amusés et curieux de la vingtaine de personnes sollicitées.

« Mon fils ne voudra pas », leur dit-on à gauche. « Oui je vais à Chicoutimi », puis : « Non, finalement, j’ai changé d’avis », entendent-elles à droite. « Non, désolés, on ne prend personne. Bonne chance », rajoute-t-on. Désespérées, elles continuent à interpeller les voyageurs, expliquant, justifiant leur présence presque saugrenue dans ce Parc. Il pleut toujours. La nuit tombe.

Une quarantaine de minutes plus tard, deux étudiantes, touchées par leur histoire, acceptent enfin de les aider.

J’étais de ces femmes. Nous sommes noires, mais ceci n’est qu’un détail n’est ce pas?

Ayavi Lake

D’autres nouvelles du Saguenay

Au Saguenay, les nouvelles de l’été ont été moins frappantes qu’à Montréal-Nord.
Le profilage ethnique étant plus discret ici qu’en ville. Mais on peut sans doute en évoquer quelques-unes de ces nouvelles qui sortent du lot. Histoire de souligner que généralement les bonnes histoires (comme celle que nous raconte une amie africaine de Chicoutimi, Ayavi Lake) ne font pas les manchettes des médias, faute de personnalités publiques reconnues. Mais ces histoires-là – quatre mousquetaires dans le Parc – sont révélatrices d’une attitude des bons Québécois(Saguenéens) pourtant très ouverts au monde…sauf en vacances.

Bon bref, les nouvelles de l’été au Saguenay auraient pu être…

1-La température plus ou moins maussade qui a fait maugréer tout l’été les Saguenéens et moins les Jeannois en vacances. Tout le monde ici a déploré l’absence de canicule et l’abondance des pluies. On met sur le dos de ce fameux mauvais temps la pénurie de touristes et « le maudit 400e de Québec » avec son Beatle qui a drainé le reste de la province.

2- La poursuite du Mouvement laïque québécois de 100 000$ contre le maire Tremblay (Encore lui, toujours lui, l’incontournable empêcheur de tourner en rond) qui persiste, malgré la recommandation de la Commission des droits de la personne, à réciter une prière aux assemblées du conseil municipal. Le bon maire prêt à brûler 100 000$ de frais d’avocat sur son autel pour clamer sa foi.

3- La dizaine de Mexicains venus pour la première fois cueillir des bleuets dans les bleuetières du Lac Saint-Jean malgré les réserves du syndicat des producteurs de bleuets qui les a traités de voleurs de… bleuets.

4- L’accusation de voies de fait simple sans lésion portée contre Jonathan Roy des Remparts de Québec par le service de sécurité publique de Saguenay relativement aux évènements survenu le 22 mars au Centre George-Vézina de Chicoutimi. Les amateurs des Saguenéens sont contents contents…mais le père, Patrick Roy, n’est pas poursuivi, lui. La suite le 16 septembre au Palais de Justice de Chicoutimi.

5- L’assassinat d’un gros ours débonnaire par les policiers municipaux de Chicoutimi qui n’avaient pas alors de permis de chasse au gros gibier pour procéder. Les écolos veulent aller en Cour suprême pour trancher le litige.
Etc,etc,etc.

6. La cour suprême du Canada accepte d'entendre les employés de Wal Mart de Jonquière licenciés en 2005 pour avoir tenté de se syndicaliser. C'est le gros Champagne qui doit rugir lui qui voulait tant voir un Wal Marde dans sa cour.

7. L'incendie de la polyvalente de Kénogami (des ouvriers ont mis le feu à la toiture) force les étudiants, les enseignants (et les parents) à vivre un double horaire toute la prochaine année à la polyvante d'Arvida. Bon côté de la chose: les administrateurs scolaires découvrent l'utilité du service de transport en commun de la Ville.

Il y en a beaucoup d’autres de ces nouvelles de l’été, mais je préfère l’histoire des quatre mousquetaires sortie discrètement en lettres aux lecteurs dans Le Quotidien.

C’est l’une des mousquetaires, Ayavi Lake qui nous la raconte. L’autoroute à quatre voies actuellement en construction dans le Parc serait-elle raciste ?

|De la pluie. Une zone de dynamitage. Quatre femmes en détresse. Le scénario est écrit
935|972|International Accueil_Analyses|Barack Obama peut-il gagner?|2008-08-21 23:50:56|Greg Palast|

Chris Pepus : Les grands médias US ont enfin commencé à parler des illégalités de l'administration Bush. Cependant, le trucage des élections est encore largement ignoré. Au cours des dernières années, le Parti Républicain a eu recours à tout un éventail de tactiques pour éliminer les votes en faveur de leurs opposants. On y trouve l'envoi de machines à voter défectueuses dans des circonscriptions démocrates ainsi que la suppression des listes électorales des électeurs à revenus modestes ou membres de minorités ethniques

Le journaliste Greg Palast enquête sur ce sujet depuis l'année 2000, lorsqu'il révéla comment les officiels de la Floride ont assuré l'élection de George W. Bush en rayant de manière illégale les électeurs afro-américains et démocrates des listes électorales.

CHRIS PEPUS : vos articles sur la suppression d'électeurs ont provoqué une enquête du Congrès et la démission de Tim Griffin, un des procureurs du Président Bush. Pouvez-vous nous décrire comment l'administration Bush a violé le droit de vote en 2004 ?

GREG PALAST : la première chose que nous avons découverte s'appelle le caging. Il y avait des courriers électroniques rédigés par un responsable du Comité National Républicain, un personnage nommé Tim Griffin, un protégé de Karl Rove. Il envoyait des listes de caging qui sont des listes d'électeurs qu'on cherche à éliminer des listes électorales. Le système marche comme ça : ils envoient un courrier d'inscription sur les listes électoraux aux électeurs et lorsque ces derniers sont absents – sur l'enveloppe, ils prennent soin de préciser « ne pas faire suivre » – leur inscription est contestée.

Floride un État important...

La liste que nous avons reçue comportait principalement des électeurs de la base aérienne navale de Jacksonville (Floride). Il y de bonnes raisons pour qu'une personne domiciliée dans une base militaire soit absente. Par exemple, parce qu'elle est partie faire une guerre à l'étranger, contrairement à Bush pendant la guerre du Vietnam. Les Républicains ont aussi envoyé des courriers à des universités à majorité noire en plein mois d'août, sachant que les étudiants seraient absents. Ils ont illégalement contesté ces électeurs.

En 2004, les Républicains ont procédé ainsi avec 3 million d'électeurs, ce qui est absolument incroyable et n'est jamais mentionné. Tous les faits étaient là, dans les archives de la Commission d'Assistance Electorale du gouvernement fédéral. Ces électeurs ont reçu des bulletins de vote provisoires et un million de ces bulletins ont été jetés à la poubelle. Ca, c'est une de leurs astuces. Il y en a d'autres et ils sont en train d'affûter leurs méthodes en vue des élections de 2008.

CHRIS : Mais Griffin a affirmé qu'il ne savait pas ce qu'était le caging avant de lire votre articles. « Il faut que je regarde ça », a-t-il dit.

Le Caging

GREG : En fait, j'ai découvert qu'il avait raison. Il a envoyé un courrier électronique qui disait « voici une liste de caging. Comme il l'a dit, il faut être un spécialiste en techniques de marketing direct pour comprendre la technique de caging. Ce qui veut dire que quelqu'un lui a dit d'envoyer ces listes, quelqu'un dont il ne discutait pas les instructions, même lorsqu'il ne les comprenait pas. Qui connaissant les techniques de marketing direct et qui pouvait donner de tels ordres à Tim Griffin ? Eh bien, avant de travailler pour George W. Bush, Karl Rove dirigeait Rove & Company, une société de marketing direct. Rove est donc un expert en caging. Le professeur de droit Bobby Kennedy Jr, qui enquête sur cette affaire avec moi, affirme qu'il s'agissait d'un acte illégal. Alors qui a ordonné cet acte illégal ? M. Rove ?

CHRIS : Comment avez-vous obtenu ces courriers électroniques ?

GREG : Griffin n'est pas un gars, disons, très futé. Alors il a envoyé ces courriers non pas à l'adresse GeorgeWBush.com, qui était l'adresse interne de l'organisation de campagne, mais à GeorgeWBush.org, qui est un site satirique. Le responsable du site, John Wooden, me connaît. Il a immédiatement transféré ces courriers à mon équipe. Il ne savait pas de quoi il s'agissait et franchement, au début, nous non plus. Il a fallu beaucoup de travail pour comprendre de quoi il retournait.

CHRIS : Y'a-t-il eu du nouveau dans cette affaire, à part le refus de Karl Rove de témoigner devant la Commission Judiciaire de la Chambre des Représentants ?

GREG : Je reviens tout juste d'une réunion avec David Iglesias, un procureur de l'état du Nouveau Mexique qui a été démis de ses fonctions. Les techniques de caging et autres expliquent sa destitution ainsi que celles d'autres procureurs US. Les grands médias américains, comme toujours, ont tout faux dans cette affaire. La destitution des procureurs américains n'a rien à voir avec leurs opinions politiques ou leur gestion. C'est plutôt une tentative destinée à contraindre les procureurs à participer à un plan visant à faire arrêter des électeurs sous prétexte qu'ils auraient violé la loi électorale et créer une hystérie pour justifier leur retrait des listes électorales.

Je n'arrêtais pas de demander à des Républicains, « s'il y a autant d'électeurs délinquants, pourquoi n'ont-ils pas été arrêtés ? Pourquoi n'ont-ils pas été inculpés ? » Ils me répondaient, « Oh, mais ça va venir. Parlez-en à David Iglesias. » Je l'ai appelé, ainsi que d'autres procureurs, et j'ai eu droit à tout le baratin. D'un côté on me dit qu'Iglesias est sur le point d'engager des poursuites et lui me répond, « je ne crois pas, non ». Pour moi, il est clair qu'Iglesias résistait aux pressions exercées sur lui pour l'obliger à engager des poursuites bidons. Il cherchait partout des électeurs fraudeurs mais n'en trouvait aucun. Certains étaient dans l'armée, et donc absents de leur adresse de domiciliation.

Je viens de vérifier certains de ces soi-disant fraudeurs qu'Iglesias refuse de poursuivre. Ce sont des dirigeants Républicains eux-mêmes qui m'ont donné les noms. Il y avait une dame, une serveuse, qui s'était enregistrée deux fois avec deux différentes signatures en face du nom. Alors je suis allé parler à cette « fraudeuse » et je lui ai demandé si elle s'était fait inscrire deux fois. Elle m'a répondu « oui ». Elle m'expliqua que, selon la loi, si on ne reçoit pas un accusé de réception de son inscription, on peut et on doit s'inscrire de nouveau. Ils ne mettent pas votre nom deux fois sur la liste. Je lui ai demandé pourquoi les deux signatures différentes et s'il y avait quelque chose de frauduleux là dedans. Elle m'a répondu : « Non. La première fois j'ai signé sur une table. La deuxième, j'ai signé en tenant le papier à la main. » Le cas de cette femme figurait parmi les soi-disant six cas les plus graves de fraude dans tout l'État du Nouveau Mexique.

Le Gouverneur Bill Richardson a signé des lois qui rendent l'inscription sur les listes électorales plus difficile, à cause de ces soi-disant fraudes. Ces lois sont tellement sévères que Richardson, un Démocrate d'origine hispanique, a fait l'objet d'une plainte déposée par le Centre Brennan pour la Justice pour obstruction illégale des électeurs hispaniques.

CHRIS : Ce qui est remarquable, c'est le nombre de groupes visés. Je me souviens d'avoir lu quelque chose sur les machines à voter défectueuses dans (le livre de Greg Palast) Armed Madhouse. Vous écrivez qu'en 2004, la circonscription du Nouveau Mexique où le plus de voix ont disparu est une circonscription ouvrière à majorité blanche.

Lutte de classes par d'autres moyens

GREG : Oui. J'appelle ce vol de voix une « lutte de classes par d'autres moyens ». Les circonscriptions à majorité amérindienne, noire, ou mexicaine sont souvent les plus visées. Mais, statistiquement, nous avons découvert que c'était plus le niveau de revenus que l'origine ethnique qui déterminait la prise en compte ou non du vote. Je peux vous indiquer avec quelle probabilité votre vote sera prise en compte si vous me dites quels sont vos revenus. Au fait, le secrétaire d'état Républicain du Colorado, Mike Coffman, vient de m'attaquer. J'ai raconté qu'il avait éliminé tous ces électeurs. Il a dit : « Palast ne cherche qu'à récolter des fonds pour son opération », mais il n'a pas dit que j'avais tort. Il a dit qu'il ne faisait que respecter la loi. J'ai déjà entendu tout ça dans la bouche de Katherine Harris. J'avais dit : « Devinez la couleur des électeurs rayés ». Il m'a répondu « la race des électeurs n'est pas mentionné dans nos documents ».

Ouais, bien sûr. Ils savent. Par le code postal. Ca c'est encore autre chose : s'ils ne savent pas, ils devraient le savoir. Parce que les lois sur les libertés civiques obligent les officiels chargés des élections à prendre des mesures pour éviter que leurs décisions ne soient entachées par des préjugés raciaux. Il est censé savoir, surtout lorsqu'il fait rayer des listes un cinquième des électeurs du Colorado.

CHRIS : Un autre État où des électeurs sont régulièrement rayés est la Floride. En 2000, vous avez écrit que les Républicains de la Floride ont rayé des listes des dizaines de milliers d'électeurs Démocrates. Avez-vous trouvé quelque chose qui ferait croire à une action similaire cette année ?

GREG : Pire même. L'ensemble du pays à été « Floridisé ». George W. Bush a signé une loi en 2002, « Help America Vote Act » et, en 2006, ils ont mené une opération à la Katherine Harris dans tout le pays. Ils ont dit aux secrétaires des États, qui sont des officiels partisans (i.e. « politiques » - ndt) dans chaque État, de rayer des listes tous les « électeurs douteux ». Beaucoup de choses qui étaient illégales, comme la technique du caging, sont désormais inscrites dans la loi. Pour résumer, nous avons désormais une loi fédérale qui couvre les magouilles, au lieu de les interdire.

Dans une circonscription du Nouveau Mexique, la moitié des Démocrates qui se sont présentés aux primaires (de 2008) n'ont pas pu voter. Il a des purges basées sur des adresses, sur des identités. Le Centre Brennan a dit qu'environ 85.000 électeurs en Floride sont en train d'être rayés, parce qu'ils se sont fait inscrire lors de campagnes d'inscriptions où leurs identités n'ont pu être vérifiées. Pour l'écrasante majorité, ces électeurs sont noirs, parce que de nombreux noirs se font inscrire lors de campagnes menées à la sortie des églises. Alors, si la Floride respecte désormais les règles du jeu, c'est simplement parce que les règles ont été changées.

CHRIS : En quoi la loi Help America Vote facilite-t-elle ces manipulations ?

GREG : Par exemple, en Floride, lorsqu'ils ont imposé des mesures particulières pour identifier ceux qui se font inscrire lors de campagnes, ils ont fait référence à la loi Help America Vote. Ils ont dit que c'était obligatoire. Cela dit, le fait est que 46 États ne sont pas d'accord sur cette interprétation, mais ça ne les a pas empêchés de le faire. De plus, cette loi oblige chaque État des Etats-Unis à modifier sa loi électorale. Et une fois que vous avez ouvert la boite de Pandore des lois électorales, chaque réforme devient une occasion pour une nouvelle magouille.

 La police vous appartient.

Cette loi crée une zone obscure dans la législation. Les officiels de la Foride disent : « Nous avons fait ça à cause de la nouvelle loi ». Alors les avocats du Centre Brennan demandent : « Où ça ? Comment pouvez-vous dire que c'est à cause de la nouvelle loi ? ». Les autres répondent « Oh, eh bien, c'est comme ça que nous l'avons compris ». S'agit-il d'une loi fédérale ? D'une loi d'État ? Non, c'est la loi de Bush, la loi de Rove. Ce qu'il y a d'agréable dans les élections pour les tricheurs, c'est qu'il y a une clause « allez vous faire foutre ». Si vous gagnez, c'est vous qui validez les résultats. La police vous appartient.

CHRIS : Quelles sont les clauses de cette loi les plus souvent invoquées pour lancer des attaques contre les droits des électeurs ?

GREG : Retournons à 2006. Certaines choses ont fait leur apparition en 2006 relatives au contrôle d'identité des électeurs. C'est la chose la plus louche. La loi exigeait, début 2006, que chaque État tienne une liste informatisée, centralisée, des électeurs. Le premier État à se lancer bille en tête dans la purge d'une base données informatisée, centralisée, fut la Floride. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés en 2000 avec une purge de pseudo-délinquants. Avec la loi Help America Vote, ils ont pris prétexte des incidents en Floride pour soi-disant procéder à une réforme et la « réforme » a consisté à généraliser à tout le pays les méthodes de la Floride...

Mais les gens se disent : « Quel mal y a-t-il à vérifier les listes électorales ? » La réponse est que cette nouvelle loi prétend empêcher un délit qu'on ne rencontre pratiquement jamais. Chaque année, aux Etats-Unis, nous avons au maximum cinq condamnations pour fraude sur les listes électorales. Nous pensons qu'avec la nouvelle loi, cinq millions d'électeurs sont rayés chaque année. Vous avez donc littéralement, pour chaque véritable délinquant, un million d'électeurs qui se voient rayés des listes. On n'arrête pas un million de personnes pour attraper un assassin.

CHRIS : Concernant ces listes centralisées, vous avez écrit que c'est une société appelée Accenture qui gère les listes informatisées pour différents gouvernements d'État. Pouvez-vous nous en parler ?

GREG : Accenture s'appelait Arthur Anderson, mais après qu'ils aient été pris la main dans le sac dans les magouilles d'Enron, ils ont tendance à ne plus utiliser ce nom. Arthur Anderson a été coupée en deux : une partie fût liquidée, déclarée en faillite, et l'autre rebaptisée Accenture. Ils n'ont pas changé leurs pratiques. Il y a Accenture ; il y a ES&S (Election Systems & Software).

Ces personnages sont les plus louches dans cette affaire. Ils arrivent à combiner à la fois le parti paris, l'incompétence et des tarifs exorbitants. ES&S a été impliquée dans le Nouveau Mexique. C'est une société créée par le sénateur Républicain Chuck Hagel, du Nebraska. Chaque fois que ES&S s'occupe d'une liste électorale, la liste devient étonnamment républicaine. Tout le monde sait que si on applique certaines méthodes, on élimine certains types d'électeurs. C'est pour cela que je mène cette enquête avec Bobby Kennedy. Nous enquêtons sur le vol du scrutin de 2008 avant qu'il ne se produise. Nous examinons ce qui se passe au Colorado, au Nouveau Mexique, en Alabama, en Floride. Nous allons publier un grand article dans un magazine national. Nous ne pouvons pas vous dire lequel.

CHRIS : Ce sera publié quand ?

GREG : En septembre. Il y aura aussi un film qui sera diffusé à la télévision sur la chaîne BBC et sur un réseau national aux Etats-Unis. Pour la première fois, nous allons briser le mur du silence médiatique aux Etats-Unis.

CHRIS : J'ai lu que vous récoltez des fonds pour cette émission. Ca se passe comment ?

GREG : Eh bien, c'est ça le problème. (La chaîne de télévision) a finalement accepté notre proposition, mais a dit « évidemment, nous n'allons pas la financer ». D'accord, je vais dire à ceux de mon équipe qu'ils seront réduits à manger de la nourriture pour chiens. Ils sont assez doués pour survivre avec le minimum. Ils étaient ici la nuit dernière, jusqu'à deux heurs du matin. Zach Roberts, je tiens à lui rendre cet hommage, était censé s'arrêter de travailler avec nous il y a sept semaines. On travaille non-stop, mais il faut trouver ne serait-ce qu'un minimum d'argent. Nous voulons toucher les organisations militantes et leur fournir du matériel.


Nous allons publier un guide de l'électeur, Retrouvez Votre Voix, que je suis en train de rédiger avec Kennedy. Une bonne partie sera sous forme de bandes-dessinées, conçues par Top Shelf. Une personne qui s'occupe de récolter des fonds s'est plaint du fait que nous donnions trop de choses – mes livres, des DVD. Mais c'est notre façon de faire : faire sortir l'information et bâtir une base de connaissances.

Maintenant, et ça va vous donner un indice sur mon âge, les protestations contre la guerre au Vietnam ont commencé par de grands cours magistraux d'information, genre « voici une carte, et voici où se trouve le Vietnam. » Il faut apprendre les enjeux. Les gens sont désarmés. C'est-à-dire que les gens savent qu'ils se font avoir, mais ils ne savent pas exactement comment.

|Comment les Républicains s'apprêtent à voler les élections présidentielles
936|973|Langue Accueil_Analyses Coups_de_gueule|Bouchard-Taylor dans le champ|2008-08-22 00:16:28|Charles Castonguay|

MM. Bouchard et Taylor avaient posé dans leur document de consultation la question fondamentale : l’inquiétude pour la survie de la majorité francophone au Québec est-elle fondée? Ils se sont cependant contentés d’affirmer alors que « d’importants indices de francisation sont en hausse », sans offrir grand-chose d’autre à l’appui que des propos rassurants – mais faux – sur la stabilité du poids des francophones entre 1986 et 2001.

J’ai reconnu là la griffe jovialiste du démographe Victor Piché, seul contractuel nommé dans ce document. C’est pourquoi j’avais suggéré de rendre publics les rapports d’experts à mesure que les commissaires les recevraient, afin qu’on puisse juger de leur qualité. Pour toute réponse, on m’a confié que le démographe Michel Paillé travaillait aussi pour la commission. Je me suis alors résigné au pire.

La fausse piste

 De fait, les médias ont monté en épingle une fuite étonnante. Dans leur rapport final, les commissaires allaient, semble-t-il, fustiger la majorité francophone pour un supposé blocage envers l’apprentissage de l’anglais. Quelle fausse piste! Le recensement de 2001 avait déjà compté plus de deux millions de Québécois francophones qui se déclaraient bilingues.

La nouvelle s’est néanmoins avérée. Paru le 22 mai dernier, le rapport Bouchard-Taylor sermonne rondement les « Québécois d’origine canadienne-française » dont la « mémoire écorchée » par le « long combat » pour sauver le français « risque de se retourner contre l’apprentissage de la langue anglaise. Or, l’anglais qu’il faut apprendre et parler aujourd’hui, ce n’est pas celui de Lord Durham [mais] celui qui permet d’accéder à toutes les connaissances et d’échanger avec tous les peuples de la terre […] Cette question mérite la plus grande attention : sinon, c’est une génération de jeunes Francophones qui risque d’être injustement pénalisée […] les Francophones québécois […] n’ont guère le choix de s’y engager, sous peine d’un énorme appauvrissement. »

En vérité, c’est là un discours de lords Durham qui s’ignorent. Mais passons sur la naïveté des commissaires quant aux visées impérialistes derrière l’actuelle offensive de l’anglais dans le monde. Sur quels faits concrets se fonde donc, au juste, cet échafaudage psychanalytique?

La bourde de Paillé

 C’est Paillé qui a sonné l’alarme. Selon son rapport d’expert signé le 16 janvier 2008 mais publié seulement, lui aussi, le 22 mai, « L’examen [des] données [du recensement de 2006] selon la langue maternelle apporte des faits nouveaux. Du côté des Québécois de langue maternelle française, on note avec surprise une régression du bilinguisme […] le recul du bilinguisme chez les francophones est de 2,7 points dans l’île de Montréal et de 2,4 points dans la région métropolitaine […] Les données brutes […] ne permettent pas d’expliquer pourquoi ces changements sont survenus. Il faudra hélas attendre le prochain recensement, voire des enquêtes approfondies, pour savoir si le recensement de 2006 marque un point tournant. »

Foutaise. Lors de la diffusion des données de 2006, le 4 décembre 2007, Statistique Canada a consacré deux pages de son document d’analyse à avertir les utilisateurs qu’un courriel avait incité les francophones bilingues à se déclarer unilingues au recensement, afin de prévenir une réduction des services fédéraux en langue française. Le document précise que le regain douteux de l’unilinguisme français s’est manifesté jusque dans des provinces où le taux d’anglicisation des francophones poursuit pourtant sa tendance à la hausse.

De toute évidence, le recul du bilinguisme des francophones enregistré en 2006 tant au Québec qu’en Ontario et au Nouveau-Brunswick est un attrape-nigaud.

Les analystes Ghislaine Lapierre et Marc Rioux ont néanmoins relayé la bourde de Paillé dans un mémo aux commissaires daté du 27 février 2008. Ce n’est que beaucoup plus tard, soit le 24 avril, que Lapierre et Rioux ont ajouté à leur mémo une note pour saisir les commissaires du caractère suspect de l’information en cause. Ils y font enfin état de l’avertissement de Statistique Canada au sujet du sabotage des données sur le bilinguisme par un courriel subversif. Les commissaires n’auraient donc été mis au parfum qu’une fois terminée la rédaction de leur rapport final, le 30 mars.

Le poids des francophones en chute libre

 La fausse alarme déclenchée par Paillé aura malheureusement détourné l’attention d’une autre évolution, celle-là authentique. Les médias l’avaient relevée dès la diffusion des données de 2006 : le poids des francophones au Québec est désormais en chute libre.

Voilà une vraie raison de s’inquiéter. Le poids des francophones détermine en grande mesure si la majorité québécoise restera apte à intégrer les immigrants.

C’est ce que Paillé aurait dû souligner à double trait. Pastichons, pour voir : « L’examen des données de 2006 selon la langue maternelle apporte des faits nouveaux. Du côté des Québécois de langue maternelle française, on note avec surprise une régression de leur pourcentage. Le recul du poids des francophones est de 3,4 points dans l’île de Montréal et de 2,6 points dans la région métropolitaine. Il faudra hélas attendre mon prochain contrat – euh, le prochain recensement – pour savoir si le recensement de 2006 marque un point tournant. »

Ça colle. Sauf qu’avec la hausse actuelle du niveau d’immigration, pas besoin d’attendre 2011 pour savoir ce qu’il en sera.

Un suivi rigoureux des données démontre d’ailleurs que la tendance à la baisse s’est installée depuis vingt ans déjà. Le poids des Québécois de langue maternelle française dans l’ensemble de la province, par exemple, a baissé de 0,5 point de pourcentage durant 1986-1991, de 0,4 en 1991-1996 ainsi qu’en 1996-2001 et de 1,8 entre 2001 et 2006. Dans la région métropolitaine de Montréal, les baisses correspondantes sont de 0,8 point, de 0,6, de 0,2 et de 2,6.

Autrement dit, si l’on soigne la comparabilité des données, le poids des francophones n’est jamais demeuré stable de 1986 à 2001, comme le prétendait le document de consultation Bouchard-Taylor.

Il n’a jamais connu non plus des hauts et des bas entre 1991 et 2006, comme le veut Paillé qui se limite dans son rapport à aligner machinalement des données, sans recul critique. Sans tenir compte du nombre d’allophones non énumérés qui fluctue d’un recensement à l’autre, ni du biais en faveur du français causé par les changements apportés au questionnaire en 2001, ni de l’inclusion dans la région métropolitaine de Montréal en 2006 de sept municipalités périphériques additionnelles, à 96 % francophones.

Le poids des francophones a encore moins évolué à la hausse entre 1986, 1991, 1996 ou 2001, comme l’ont déclaré à diverses reprises Jacques Henripin, Jack Jedwab, Victor Piché, Calvin Veltman ou Réjean Lachapelle, démolinguiste en chef à Statistique Canada, à l’occasion tantôt du référendum de 1995, tantôt de la commission Larose, tantôt des attaques de l’avocat Brent Tyler contre la loi 101.

L’astuce de Julius

À ce propos, pendant la campagne référendaire de 1995 l’avocat Julius Grey avait susurré un argument particulièrement ratoureux pour voter NON : « Les préoccupations linguistiques ne suffisent plus pour justifier la souveraineté […] à moins d’une chute dramatique dans le pourcentage de francophones à Montréal. »

Entrez, mais entrez donc dans ma cage à homards!

Si l’on attend que la chute du poids du français devienne « dramatique » aux yeux de Julius et consorts, il sera trop tard. Trop tard pour stopper le recul du français. Et trop tard pour revenir à la souveraineté.

À en juger par la manière dont leur document de consultation laissait entendre que les francophones n’ont pas à s’inquiéter, on se doutait bien que Bouchard et Taylor allaient se ranger dans le camp des négationnistes. Cela s’est aussi avéré. À leurs yeux, il ne faut pas s’en faire avec la chute abrupte du poids des francophones en 2006.

Ils brossent en effet dans leur rapport final un tableau de la situation linguistique qui, selon eux, « ne révèle pas de changements brusques, profonds ».

Toujours prompts à culpabiliser la majorité, ils précisent qu’il ne faut pas céder à un « état d’alarme », aux « paniques stériles » ou aux « visions catastrophistes ». Et surtout pas envisager de « mesures radicales » comme d’étendre la loi 101 au cégep.

À la diffusion des données de 2006 le 4 décembre dernier, les médias ont tout de suite vu plus juste qu’une commission qui a coûté des millions.

À suivre.

|Les fausses pistes propagées par la Commission
937|974|authebdo|L'aut'hebdo - 22 août 2008|2008-08-22 07:48:15|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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938|975|International Manchettes|Retour de la droite en Amérique latine|2008-08-25 11:20:57|André Maltais|Le 20 avril dernier, l’ex-évêque Fernando Lugo est élu président du Paraguay. Son administration vient alors grossir les rangs d’une liste impressionnante de « gouvernements de gauche » démocratiquement élus en Amérique latine.

Cette liste comprend les gouvernements du Vénézuela (Hugo Chavez), de la Bolivie (Evo Morales) et de l’Équateur (Rafael Correa) mais aussi ceux du Nicaragua (Daniel Ortega), du Brésil (Inacio Lula da Silva), de l’Argentine (Cristina Fernandez), du Chili (Michelle Bachelet) et de l’Uruguay (Tabare Vasquez).

Malgré cela, dit Raul Zibechi, analyste en matière de politique internationale au quotidien uruguayen Brecha, en 2008, non seulement la droite a reconquis ses positions en Amérique latine, mais elle est carrément passée à l’offensive.

Rupture d’équilibre en Colombie

L’épicentre de ce revirement se situe en Colombie où les milliards de dollars du Plan Colombie ont vraisemblablement fini par « rompre, en faveur du gouvernement d’Alvaro Uribe, l’équilibre stratégique qui existait jusque là entre les FARC et les forces armées ».

Le 1er mars, une attaque militaire colombienne viole le territoire équatorien et y tue le numéro deux de la guérilla, Raul Reyes, principal contact et négociateur pour les FARC des émissaires français, suisses, espagnols, vénézuéliens et équatoriens venus chercher la libération d’Ingrid Bétancourt.

Non seulement le meurtre coupe l’herbe sous le pied du gouvernement Chavez, jusque là acteur principal des négociations, mais des ordinateurs appartenant soi-disant à Reyes sont saisis et, grâce à la complicité d’éléments de l’armée équatorienne, aboutissent entre les mains de l’État colombien.

Celui-ci a deux jours pour les tripatouiller et ensuite « révéler » au monde entier des liens entre la guérilla colombienne et les gouvernements vénézuélien et équatorien.

Une droite gonflée à bloc en Argentine et en Bolivie

À partir de ces événements auxquels se sont très modestement opposés les principaux « gouvernements populaires » de la région, notamment le Brésil, le Chili et l’Argentine, l’opposition de droite gonflée à bloc a pu tenir en échec les gouvernements élus de Cristina Fernandez et d’Evo Morales au cours des principaux conflits de l’été, en Argentine et en Bolivie.

En Argentine, une longue et tumultueuse « grève patronale de la campagne » parvient à faire rejeter par le Sénat un projet de loi visant à augmenter timidement l’impôt sur les revenus faramineux des propriétaires terriens exportateurs de soja.

En Bolivie, l’impasse persiste dangereusement entre les élites séparatistes des trois riches provinces de l’est et le gouvernement Morales. Malgré un référendum révocatoire gagné par le président, le 10 août dernier, la droite continue, ouvertement et en toute impunité à défier le gouvernement et à semer la haine contre son président indigène.

Base militaire américaine au Pérou

Ce n’est pas tout. Les fameux ordinateurs de Raul Reyes ayant aussi « révélé » la renaissance de la guérilla du Sentier lumineux au Pérou, son président, Alan Garcia, s’empresse de renforcer la coopération militaire avec la Colombie (au point où des observateurs latino-américains parlent maintenant d’un axe Pérou-Colombie) et veut faire adopter par son gouvernement le concept de « guerre préventive ».

Garcia a aussi rempli l’une des conditions liée au traité de libre-échange avec les États-Unis, conclu en 2007, proposant d’accueillir la base militaire états-unienne qui va remplacer celle de Manta, en Équateur, dont le président Correa ne veut plus à partir de 2009.

En Colombie, nous dit Zibechi, la stratégie du Pentagone et du Southern Command (commandement sud de l’armée états-unienne, chargé de l’Amérique latine et des Caraïbes) consiste dorénavant à faire en sorte que la guérilla survive car on en a encore besoin pour le grand projet de recolonisation de la région andine qui couvre le nord et l’ouest du Brésil.

Se servir des FARC comme outil de déstabilisation

Les plans pour les FARC sont les suivants: une fois celles-ci suffisamment affaiblies, on leur fera comprendre que « ni la paix ni la reddition ne garantit la vie des guérilleros, qu’ils devront se battre ou attendre d’être exterminés ».

« Le territoire qu’ils occupent, poursuit Zibechi, sera frappé jusqu’à ce que la guérilla se déplace vers les zones frontalières avec le Venezuela et l’Équateur, là où le Plan Colombie compte les convertir en instruments de déstabilisation ».

L’un des objectifs est de « nettoyer » la région andine pour faciliter les opérations des multinationales (mines à ciel ouvert, hydrocarbures, biodiversité, monocultures d’éthanol, etc.) qui nécessitent de s’assurer le contrôle des biens publics et le déplacement des populations locales.

« On ne parle pas, ici, ajoute Zibechi, de capitalisme normal comme celui qui a déjà conclu les pactes qui ont donné naissance à l’État providence et aux syndicats. On parle d’un modèle spéculatif-financier qui s’empare de la moindre parcelle de ressource naturelle disponible et, à la négociation, substitue la guerre ».

Un capitalisme mafieux

Ce capitalisme ressemble à la mafia comme le montrent, en Colombie, les liens étroits entre les firmes de guerre privées qui emploient près de 3000 « contracteurs » et un État paramilitaire compromis jusqu’au cou avec les narcotrafiquants.

« C’est lui (ce capitalisme de mafia), dit encore Zibechi, qui est maintenant le noyau central, le mode d’accumulation principal, de l’actuelle offensive de la droite en Amérique latine ».

Le gouvernement d’Hugo Chavez s’affaire maintenant à réduire les tensions avec le voisin colombien et cherche à entraîner l’Équateur dans sa stratégie. Chavez a compris, dit Zibechi, combien toute la région souffrirait d’une polarisation entre les gouvernements « de gauche » et les alliés sur-militarisés des États-Unis.

Un axe Colombie, Pérou, Mexique

Outre la Colombie et le Pérou, l’un de ces alliés pourrait bientôt être le Mexique puisque, le 30 juin dernier, le président George W. Bush approuvait l’Initiative de Merida, mieux connue sous l’appellation de Plan Mexique à cause de sa similitude avec le Plan Colombie.

Selon Veronica Torres Benaim, journaliste à l’Agence de presse du Mercosur, l’État mexicain recevra 1.4 milliards de dollars au cours des trois prochaines années afin de « combattre le trafic de drogues ».

Officiellement, pour les États-Unis, il s’agit de « collaborer » avec la politique de l’actuel président mexicain, Felipe Calderon, qui a déjà déployé plus de 25.000 soldats dans différents États pour combattre le crime organisé et le trafic de stupéfiants. Depuis le début de l’année, les violences provoquées par cette mesure ont déjà tué près de 1500 personnes!

Comme cela s’est passé pour le Plan Colombie, les opposants affirment que, loin d’éradiquer les maux auxquels elle est destinée, l’aide va plutôt servir en grande partie à renforcer les forces armées mexicaines.

À l’intérieur du pays, ces dernières pourront ensuite permettre à la droite de perpétuer sa mainmise sur le pouvoir tandis qu’à l’extérieur, elles auront les moyens de servir à des fins de déstabilisation.

Pour Mme Benaim, ces plans de militarisation et de « guerre de faible intensité » sont, pour les États-Unis, le cœur d’une « initiative stratégique de sécurité nationale, une espèce de Plan Marshall pour l’Amérique latine ».

Raul Zibechi, enfin, nous rappelle qu’il ne faut pas trop espérer de Barack Obama : « Les plans du Southern Command ne dépendent en rien de qui se trouve à la Maison Blanche, dit-il, mais plutôt du besoin des États-Unis de maintenir à tout prix leur hégémonie dans le monde », voire d’inverser leur déclin.

« Dans un tel contexte, seules la politique et les mobilisations populaires de masse peuvent contribuer à freiner cette nouvelle offensive venue du Nord ».

|Un axe Colombie-Pérou-Mexique

939|976|Environnement Manchettes|Gentilly-2 : Pourquoi j’ai traité la ministre de menteuse|2008-08-25 11:54:49| Sébastien Bois|Suite à l'annonce de la conférence de presse concernant la réfection de Gentilly-2 à Bécancour, je me suis présenté à cette fête de famille « nucléomane ». Fête de famille puisque seuls les syndiqués de la Fédération des Travailleurs du Québec, les ami(e)s d'Hydro et les médias y étaient invités.

Je m'y suis présenté car je travaille pour le journal de rue de Trois-Rivières et je me soucie de la population dans son ensemble. En vase clos et sécurisé par des colosses de la Sureté du Québec, on y annonçait la réfection de G-2 : l'annonce était prévisible.

Lors de cette conférence de presse, j'ai effectivement traité la ministre Julie Boulet de menteuse lorsqu'elle a mentionné que le projet était sécuritaire pour les travailleurs, la population et l'environnement.

À l'extérieur de la conférence, ou plutôt interdit d'entrée, M. Marcel Jetté et M. Serge Simard, travailleurs accidentés, ou devrais-je dire irradiés, attendaient impatiemment une réponse négative de la part de M. Vandal.

Comment ne pas réagir en pensant à eux, aux cancéreux de Champlain (le vent souffle nord-est), aux gens de Gentilly, à ceux et celles qui ont 2 anus, 3 seins, aux nombreuses fausses couches… et aux autres oublié(e)s qui en souffrent?

Lors de la période de questions, alors que les journalistes pouvaient poser deux questions, on ne m'a pour ma part jamais donné droit de parole à l'adresse de la ministre Julie Boulet, malgré ma main visiblement bien levée.

Ma seule question était : « Où en est rendu le processus démocratique dans toute cette démarche alors que la majorité de la population y est opposée ? » Le refus de m'accorder la parole fut donc une réponse à ma question !

En tant que rédacteur et intervenant d'un journal de rue, comment puis-je encourager les jeunes et moins jeunes à s'insérer dans le processus « démocratique » traditionnel alors que j'en suis moi-même exclu ?

Devrais-je leur dire : « si tu penses comme eux, insère-toi, sinon, la société n'est pas faite pour toi? ». Non, je refuse ce constat. Si tu n'as pas ta place, prends-la, elle te revient et tu as le droit d'exister comme citoyen.

J'en ai soupé des démagogues et des populistes. Je ne m'oppose pas à la médecine nucléaire ni aux usines produisant le matériel nécessaire, ce qui n'est pas le cas de G-2. Je m'oppose plutôt à la production de l'énergie nucléaire.

Cette technologie est malheureusement nocive pour la santé des travailleurs, de la population et celle de l'environnement. Bien qu'Hydro-Québec cache ses travailleurs et sous-contractants accidentés et les ostracise, elle ne cache plus les 49 sortes de radionucléides rejetés dans l'air et les 46 rejetés dans l'eau et sur terre. G-2 est une technologie Candu. Les Candus sont refusés par les États-Unis et l'Angleterre car ils ne sont pas assez sécuritaires.

Hydro-Québec doit passer en septembre devant la Commission de sureté nucléaire, une agence canadienne s'étant réajustée aux critères internationaux. Avec ses nouvelles normes, G-2 ne devrait pas être accepté. La commission a d'ailleurs refusé cette année la rénovation d'une centrale ontarienne.

Pour un enjeu de société aussi majeur et pour nos générations futures, une commission parlementaire doit être exigée pour pousser plus à fond ce questionnement. Loin de moi le fatalisme, je crois à la raison et à la démocratie. Refusons la réfection de la centrale Gentilly-2.

Citoyennement vôtre,

Sébastien Bois, rédacteur en « chef » du journal de rue trifluvien La Galère

|Le rédacteur-en-chef de la Galère s’explique
940|977|Société Accueil_Analyses|Fausses allégations de la zoothérapie (II)|2008-08-25 12:05:31|Charles Danten|En science, il y a essentiellement deux types d’études :

I. CELLES QUI FORMULENT DES HYPOTHÈSES

Ces études qui s’appuient exclusivement sur des opinions d’expert ou des faits anecdotiques sont extrêmement utiles pour ouvrir des portes et identifier des phénomènes nouveaux. Mais, ce type d’étude démontre rarement la valeur d’un traitement ou l’existence d’un rapport de cause à effet. Cent, voire mille anecdotes ne font pas une vérité.

Pour le dire autrement, vous pouvez être 99.99 millions à penser que le stress cause le cancer, que le pénis de tigre moulu augmente le tonus sexuel et que le rapport à l’animal de compagnie est sain et bénéfique, vous n’avez pas nécessairement raison. « Majorité » n’est pas synonyme de « légitimité » et «opinion» ne veut pas dire « vérité ». Si tout le monde a le droit à son opinion, tout le monde ne peut pas avoir raison en même temps. Les vérités objectives et rationnelles existent. Le monde peut bien être interprété de différentes façons, il n'en demeure pas moins qu'il est foncièrement le même pour tout le monde.

II. CELLES QUI METTENT LES HYPOTHÈSES À L’ÉPREUVE

 Les phénomènes nouvellement découverts sont mis à l’épreuve avec des études expérimentales ou épidémiologiques. En science, ce n’est pas suffisant de « savoir » intuitivement qu’une observation, opinion ou hypothèse est « vraie »; on doit prouvé qu’elle est vraie en utilisant une sorte de « lampe de poche » pour nous aider à voir clair dans l’obscurité des perceptions. Les apparences étant souvent trompeuses, l’humanité a inventé la méthode scientifique précisément pour éliminer les biais multiples qui peuvent influencer les conclusions d’un chercheur ou d’un observateur et l’induire en erreur.

Mais il faut être prudent car une étude de type II peut être aussi biaisée qu’une étude de type I. Les déficiences et les mécanismes mentaux de son utilisateur étant le talon d’Achille principal de la science, avant de crier eurêka, il est primordial de prendre en considération non seulement la qualité du protocole expérimental utilisé, mais la source de financement de l’étude et l’affiliation des chercheurs.

LA ZOOTHÉRAPIE

Depuis cinquante ans, la grande majorité des études qui servent à promouvoir la zoothérapie sont des études de type I. En 1997 — et ça n’a guère changé depuis — le Dr David T. Allen, un épidémiologiste Américain, écrivait ceci :

« Ayant passé en revue plus de 1000 études, je n’ai pas trouvé une seule étude [étude de type II] qui décrit les gains en comparaison des pertes sur l’état de santé général de la société, en relation avec l’interaction entre les humains et les animaux. En d’autres mots, je n’ai pas trouvé un seul article [étude de type II] qui compare la magnitude des effets des cas cités avec un groupe témoin ou avec le public en général. Sur l’échelle des critères de validité scientifique, ces études [étude de type I] sont à ranger sur l’échelon le plus bas. Les rapports qui vantent les mérites de la relation des êtres humains avec les animaux sont fondés sur des études descriptives et sur l’opinion des experts, et les études de ce genre [étude de type I] sont les moins valides de tous. »

LE CAS DES ENFANTS SOUS-CHIMIOTHÉRAPIE

Que certains enfants en chimiothérapie semblent manifester une anxiété moindre et une meilleure attitude en présence d’un animal attesté par un taux de cortisol sanguin réduit — une mesure empirique de l’état psychologique — est une observation intéressante en soi, a priori, mais qui ne dit rien sur l’éventualité du traitement ni sur son lien avec la présence d’un animal.

Cette réduction de l’anxiété pourrait provenir d’une manifestation d’intérêt plus grande pour l’enfant ou par la présence d’une personne rassurante envers qui l’enfant éprouve de bons sentiments. L’usage d’un jeu, la présence d’un ami ou d’un parent par exemple pourrait aussi bien faire l’affaire sinon mieux car ce ne sont pas tous les enfants qui sont à l’aise avec un chien.

Pour être valide, ce genre d’observation anecdotique (étude de type I) doit être corroborée par une étude conçue selon un protocole standard (étude de type II) pour mesurer non seulement le lien de cet effet anxiolytique avec l’animal en soi et sa durée au quotidien et aux visites subséquentes, mais sa corrélation avec le taux de survie.

Quoi qu’il en soit, à ce jour, aucune étude digne de ce nom n’a pu établir avec certitude un lien entre l’attitude et le cancer. L’étude la plus récente (une étude épidémiologique de type II sur plus de 9000 personnes atteintes d’un cancer à la tête et au cou) a démontré qu’il n’y en avait pas.

LES ENFANTS AUTISTES

Toutes les études sans exceptions sur les bienfaits imputés aux dauphins, voire à l’équitation, des études exclusivement mandatées par l’industrie, et effectuées ou contrôlées par les propriétaires et les employés eux-mêmes de ces centres de thérapie, sont fortement biaisées, voire inutilisables.

Les rares études fiables (études de type II), comme celles répertoriées par Humphries Tracy L. (2003) et publiées dans la revue Bridges, sont unanimes : nager avec les dauphins n’améliore pas la condition des autistes ni qui que ce soit d’ailleurs. Et si ça ne marche pas avec les dauphins pourquoi cela marcherait-il avec un chien ou un cheval?

LES RAPPORTS SOCIAUX

La double obligation quotidienne de sortir son chien paraît en outre insuffisante pour favoriser les liens sociaux imputés à la zoothérapie. D’autant plus que le chat est plus populaire que le chien et qu’il ne sort presque jamais de ses appartements. En outre, la présence d’un animal dans la rue peut tout autant faire obstacle à une rencontre fortuite que la favoriser. Dans les faits, le meneur de chien doit souvent se tenir loin des autres à cause de la peur qu’il suscite (présence d’enfants, d’autres chiens incompatibles, peur des allergies, peur des chiens.)

EFFETS NÉGATIFS SUR LA SANTÉ

Pour vanter la zoothérapie, les mêmes références sont citées à la nausée, celle notamment de Friedman sur les bénéfices cardiaques imputés aux animaux alors que cette étude a peu de poids scientifique en regard de son protocole expérimental peu convaincant.

Si vous pensez qu’un chien peut vous aider à garder la forme, détrompez-vous, une étude comparative du professeur Mike Kelly de la Greenwich University aux États-Unis (étude de type II) a démontré que la promenade sans chien est beaucoup plus bénéfique pour le cœur. En effet, à cause des arrêts pipi fréquents, le cœur n’est pas suffisamment stimulé pour en retirer un bénéfice. Après seulement 14 semaines, le poids, le taux de cholestérol et la pression sanguine de ceux qui se promenaient sans chiens étaient beaucoup moins élevées que ceux de l’autre groupe qui se promenaient avec un chien. La santé général du groupe sans chiens était bien meilleurs que celle de groupe qui en avait un.

Par ailleurs, dans une étude d’envergure, sur 21 000 personnes (2006), une des très rares études épidémiologiques (étude de type II) non parrainée par l’industrie, les scientifiques Finlandais Koivusilta Leena K. et Ojanlatva Ansal ont démontré que les propriétaires d’animaux sont plus souvent malades et font moins d’exercices que la moyenne : 26% de ceux qui ont des animaux de compagnie font de l’embonpoint contre 21% des gens qui n’en ont pas. Quant à l’exercice, 16% des propriétaires d’animaux en faisaient moins d’une fois par mois, contre 2% des autres. Le risque de problème de santé est de 10 à 20% plus élevé, même en tenant compte de facteurs comme l’âge ou le niveau socioéconomique. Il s’agit d’une augmentation du risque comparable à celle qu’ont les célibataires, les veufs et les divorcés.

LE POSITIVISME VULGAIRE

On ne le dit pas, mais la zoothérapie est un épiphénomène du positivisme vulgaire une forme de pensée unidimensionnelle qui remonte au moins aux anciens Grecs. Dans cette forme de réflexion, le doute, le scepticisme et la raison sont désavoués au profit des pensées se traduisant par des actions positives ou agréables émotionnellement. Dans cette logique, l’important est d’aller de l’avant sans trop s’attarder aux effets néfastes de ses faits et gestes. Le positivisme vulgaire est une sorte de gestion des émotions négatives par la fuite en avant, l’action ayant un effet anxiolytique reconnu quoique éphémère.

LES PSYCHOTHÉRAPIES BRÈVES

La mode désormais dépassée des psychothérapies brèves des années soixante — la zoothérapie moderne est née à cette époque — a popularisé les bienfaits de la pensée positive au point d'en faire une religion. Ces méthodes furent conçues alors non pour guérir, mais pour soulager quelque peu les malades et favoriser le plus rapidement possible une réinsertion active dans le milieu de travail.

D’ailleurs Boris Levinson lui-même, l’instigateur de la zoothérapie, ne s’en cache pas : « je désire réitérer le fait soulevé par tellement d’hygiénistes mentaux que nous avons trop d’enfants perturbés. En outre, le traitement prend une éternité, et un raccourci est nécessaire. Je crois que dans de nombreux cas, l’usage des pets en psychothérapie offre un tel raccourci. »

DES MOTS MENSONGERS

L’emploi du mot « thérapie », qui veut dire cure au sens propre, est trompeur. Si les animaux peuvent nous faire sourire ou oublier momentanément notre vie souvent triste et fastidieuse, la musique, les voyages, les amis, le cinéma et la crème glacée aussi. Cependant, il n’est nullement question de cure mais tout au plus de soulagement ou de divertissement. Les mots « succédané » ou « palliatif » sont beaucoup plus appropriés. Ce qui évoque la courte durée et le substitut, l’effet s’estompant rapidement une fois passer l’attrait du nouveau.

PSEUDOSCIENCE

Cette distinction est vitale car le sensationnalisme et l’usage du langage scientifique pour cacher le manque de preuves sont les oripeaux les plus classiques de la pseudoscience. Les agents sociaux qui font une promotion agressive de la zootherapie — c’est aussi vraie pour la psychothérapie — utilise le mot « thérapie » pour édifier cette sorte d’aspirine en science, et par le fait même augmenter sa valeur perçue et inciter la consommation.

Ainsi, la zoothérapie est ni plus ni moins qu’une béquille comme l’alcool ou la cigarette avec une différence près que ces derniers dérivatifs présentent l’avantage de ne faire du tort qu’à ceux qui les utilisent.

LES ABANDONS

C’est d’ailleurs ce qui explique en partie (j’y reviendrai dans une chronique ultérieure) pourquoi les fourrières sont débordées. Les consommateurs attirés par les promesses mirobolantes de la zoothérapie se font prendre au jeu et se retrouvent avec un animal qui finit avant longtemps par leur brûler les doigts tellement il est encombrant. Par principe, plusieurs vont s’efforcer de le garder, alors que d’autres moins scrupuleux, le jetteront tout simplement à la « poubelle » comme un vulgaire déchet.

Il est difficile d’avancer des chiffres précis car il n’y en a pas, mais selon plusieurs sources aux intérêts opposés, au Québec, on jetterait dans les fourrières entre 200 000 et 500 000 chiens et chats par année (la population de chiens et de chats est estimée à 2 millions). Ces chiffres n’incluent pas les autres espèces aussi nombreuses et les animaux détruits sur demande, au tout venant, par les vétérinaires.

Pour ceux qui voudraient approfondir la question :

Allan David T., «Effects of dogs on human health», Journal of the American Veterinary Medical Association, vol. 210, no 7, 15 April 1997;

Arseneau Maxime, « Concernant la mise en application de la section IV.1.1 sur la sécurité et le bien-être des animaux domestiques », Rapport final à l’intention du Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, 2001;

Beck A.M and Katcher, A.H., «A new look at pet-facilitated therapy», Journal of the American Veterinary Association, Vol 184, No 4, Feb. 1984; si vous devez lire un seul article, lisez celui-ci.

Cayouette Pierre, « Cancer : garder le moral ne sert à rien » http://blogues.lactualite.com/cayouette/?p=106;
« L’étude des chercheurs américains [Dr James Coyne, Cancer, Dec 2007] devrait en effet ébranler les chantres de la « pensée positive » et les millions de lecteurs du Secret, pour qui tout passe par le « mental ». Certains adeptes des théories de « psycho-pop » en viennent à croire qu’ils sont responsables de leur condition, qu’ils n’ont pas su « visualiser » et « programmer » des énergies positives susceptibles de mener à leur guérison.»

Charlton Bruce, «The moral case against psychotherapy» Psychiatric Bulletin, 1991, 15, p. 490-492, 1991 ;

Greenberg Jeff et al, «Why Do People Need Self-esteem? Converging Evidence That Self-Esteem serves an Anxiety-Buffering Fonction»; Journal of personality and social psychology, Dec 1992 ; Vol.63, Iss.6; pp.913 ;

Guide to Clinical Preventive Services, 3rd Edition, 2000-2002, XIXVIII: «Evaluating Quality of the Evidence»;

Humphries Tracy L., «Effectiveness of Dolphin-Assisted therapy as a behavioral intervention for young children with disabilities», Bridges Vol 1, No 6, May 2003;

Kaiser Lana et al., «Can a week of therapeutic riding make a difference? – A pilot study», Anthrozoös, 17 (1), 2004, p.63;

Dobson Roger, «Walking the dog not as good as walking alone», The Independent (London) 3/5/1998; « They found that the habit dogs have of stopping at almost every pillar and post — the so-called lamppost syndrome — completely destroys any aerobic advantages of going for a walk. When they compared dog walkers and non-dog walkers who did the same amount of exercise each week, they found that after three months those without a four-legged friend were much healthier. After 14 weeks, the non-owners who had been walking showed a significant drop in cholesterol levels and blood pressure when compared with the dog owners, and they had also lost weight. Those saddled with canine company were found to be little changed. What we have established is that with the dog owners, their animals stop and start so frequently, the owners don't get any aerobic effects from the walks, says Professor Mike Kelly, of Greenwich University, who led the social sciences research team.
http://findarticles.com/p/articles/mi_qn4158/is_19980503/ai_n14154858

Koivusilta Leena K. and Ojanlatva Ansa, «To have or not to have a pet for better health?», PLoS One1(1): e109.doi:10.137/journal.pone.0000109;

Levinson Boris, «Pets: A special technique in child psychotherapy», Mental Hygiene, vol. 48, 1964, p.243;

Marcuse Herbert, L’homme unidimensionnel, Les Éditions de Minuit, 1968 ;

Marino Lori and Lilienfield Scott, «Dolphin-Assisted Therapy: Flawed Data, Flawed Conclusions», Anthrozoös, 11(4), 1998;

Pachana Nancy et al., «Relations between companion animals and self-reported health in older women: cause, effect or artifact?», International journal of Behavioral Medicine, 2005, vol.12, No2, 103-110;

Paul Richard W. and Elder Linda, Critical thinking: Tools for Taking charge of your Professional and Personal life, Prentice Hall, 2002;

Reboul Olivier, langage et idéologie, PUF, 1984 ;

Schwarts Angela and Patronek Gary, «Methodological issues in studying the anxiety-reducing effects of animals: Reflections from a pediatric dental study», Anthrozoös, 15(4), 2002;

Schick Theodore and Vaughn Lewis, How to think about weird things: Critical thinking for a new age, Forward by Martin Gardner, Mayfield Publishing Company, 2000 ;

Sénécal Jacques, Manières de dire Manières de penser : Initiation à la réflexion critique sur les lieux communs, Liber, 2004 ;

Shermer Michael, Why people believe weird things, Forward by Stephen Jay Gould, W.H. Freeman, 2002;

Siegel Judith M., «Companion animals in sickness and health», The Society for the Psychological Study of Social Issues, 1993;

Vilmer, Jean Baptiste Jeangène, Éthique animale, PUF, 2008 ;

West Patrick, Conspicuous Compassion: Why sometimes it is really cruel to be kind, Civitas, 2004;

Wilson C.C and Barker S.B., «Challenges in designing Human-Animal Interaction Research», American Behaviour Scientist, 47 (1), p.16-23, 2003;

Wilson, C.C and Netting, F.E., «Companion animals and the elderly: A state of the art summary», Journal of the American Veterinary Medical Association, 1983 (120, p.1425-1429;

Yonnet Paul, Jeux, modes et masses, 1945-1985, Gallimard, 1985.

|Promener son chien n'aide pas à garder la forme
941|978|International Accueil_Analyses|Victoire d’Evo Morales en Bolivie|2008-08-25 14:39:51|André Le Corre|Le 10 août dernier, au soir d’un référendum gagné avec 67,41% des voix, le président bolivien Evo Morales s’est adressé, du balcon du palais Quemado, à une foule en liesse assemblée sur la place Murillo de La Paz. Dans son discours il a déclaré « Sœurs et frères, ce qui s’est passé aujourd’hui en Bolivie est quelque chose d’important non seulement pour les Boliviens mais aussi pour tous les Latino-Américains (…) ce triomphe de la révolution démocratique et culturelle du peuple bolivien nous le dédions à tous les révolutionnaires de l’Amérique latine et du monde.»

Ce référendum a été très peu couvert par la presse internationale polarisée en ce moment par le conflit en Géorgie et par les Jeux olympiques. Les rares commentateurs qui ont écrit sur cet événement ont qualifié, pour la plupart, ce résultat de statu quo. Cela paraît une opinion à bien courte vue.

La formule de ce référendum « révocatoire», tel que prévu dans la nouvelle constitution bolivienne, est simple. Comme dans tous les référendums une question est posée à laquelle les électeurs doivent répondre par un oui ou par un non.

Pour la présidence et la vice-présidence, si le non dépasse de 0,1% le résultat obtenu à la dernière élection les deux gouvernants sont considérés comme révoqués. Pour les préfets de chacun des neuf départements (provinces), il suffit que le non recueille une voix de plus que lors de leur élection pour entraîner la perte de leur poste.

Dans le cas présent la question était simple : « Êtes-vous d’accord avec la continuation du processus de changement conduit par le président Evo Morales Ayma et le vice-président Àlvaro García Linera?»

Les résultats

Au moment où ces lignes sont écrites les résultats complets et définitifs ne sont pas tous connus à cause d’un problème dans le département d’Oruro où une reprise partielle du vote était en cours le dimanche 24 août. Cependant, les chiffres que nous possédons parlent d’eux-mêmes.

Au niveau national: 67,41% du vote en faveur du oui avec une participation de 83,33%. La répartition de ce vote dans chaque département n’est pas encore connue, mais il semble que dans les trois département où résident une majorité d’indigènes, soit La Paz, Oruro et Potosi, le oui ait obtenu plus de 83%.

Dans ceux de la Media Luna (Demi-lune) où se sont tenus récemment des référendums autonomistes illégaux, le oui a gagné dans Pando, égalisé dans Tarija et a augmenté son pourcentage dans Beni et même Santa Cruz.
En ce qui concerne les quatre préfets de la Media Luna, ils ont tous été confirmés dans leurs postes. Les préfets des deux départements dirigés par des élus du parti au pouvoir, le MAS (Movimiento al socialismo), ont été également confirmés.

Les deux cas les plus intéressants sont ceux de Cochabamba et La Paz. Dans Cochabamba, le préfet Manfred Reyes, ex-capitaine du temps de la dictature et agent probable de la CIA, a été révoqué. Dans La Paz, José Luis Paredes, un social démocrate égaré dans le mouvement autonomiste a été également révoqué.

Ces chiffres montrent bien que l’on ne peut parler de statu quo. Le peuple bolivien dans son ensemble a apporté son soutien à Evo Morales et approuvé les réformes mises en œuvre depuis son élection en décembre 2005, comme le démontre l’augmentation du vote en sa faveur de 54% en 2005 à 67% lors de ce référendum.

Bientôt, un référendum sur la Constitution?

Un processus est en cours visant à la récupération des richesses naturelle mises au pillage par les multinationales : eau, mines, pétrole et surtout gaz naturel. L’entreprise de télécommunication Entel a été nationalisée. Au plan social une diminution importante de l’analphabétisme, une meilleure assistance médicale, des prêts sans intérêt pour les petits producteurs agricoles etc.

Au plan politique, les deux préfets révoqués pourront être remplacés par des substituts par le gouvernement (de nouvelles élections devant avoir lieu dans ces départements d’ici trois à six mois). Mais c’est surtout le pourcentage élevé de votes recueilli par le Président et le Vice-président qui permettra maintenant d’organiser un référendum sur la Constitution alors qu’il n’avait pas été possible d’obtenir jusqu’à présent un vote des 2/3 du Congrès, nécessaire pour son adoption.

Cela permettrait de définir et encadrer le degré d’autonomie acceptable pour les départements et mettre à moyen terme fin à la tendance sécessionniste des préfets de la Media Luna. Tous ces événements ont aussi mis en valeur les qualités exceptionnelles d’Alvaro García Linera, mathématicien et sociologue dévoué depuis toujours à la cause indigène.

L'opposition de « ceux de toujours »

Il y a donc des avancées incontestables, mais il reste aussi des obstacles très importants à franchir. Le premier et le plus important est évidemment celui que présente l’oligarchie blanche et métis concentrée dans les riches provinces de la Media Luna. « Los de siempre » (ceux de toujours) comme les appelait Gabriel García Márquez, ces descendants de la colonisation espagnole qui ont régné sans partage sur toute l’Amérique latine pendant 500 ans et qui voient maintenant leur hégémonie menacée et sont prêts à la défendre par tous les moyens.

Dans le cas de la Bolivie cela prend la forme de Comités civiques et de milices de jeunes comme l’Union juvénile de Santa Cruz à tendances racistes et fascistes. Pour donner un exemple, un groupe de ces jeunes a le 25 mai dernier, à Sucre capitale administrative du pays et du département de Chuquisaca, fait déshabiller un groupe d’indigènes en costumes traditionnels, leur a attaché les mains derrière le dos, les a fait tourner en rond, puis mettre à genoux sur la place principale. (Dans les rues de Sucre les costumes indigènes sont interdits par la municipalité). En représailles, l’Union paysanne a organisé récemment un blocus total des routes menant à Sucre.

La dernière menace en date de la part des extrémistes est de fermer les valves et de s’attaquer aux gazoducs qui approvisionnent le pays et assurent l’exportation vers les pays voisins du gaz naturel. En réponse, le vice-président Linera a riposté que les mesures nécessaires seraient prises pour protéger ces installations. Ici, il faut se poser la question; quelle sera l’attitude de l’armée que l’on a vu aux côtés du Président lors de la nationalisation des champs pétrolifères?

Une présence suspecte

L’autre ennemi, encore plus dangereux comme partout dans le monde, ce sont les Etats-Unis, leur CIA et les agences bidons qui lui servent de couverture : USAID, IRI (Institut Républicain International), NED (National Endowment for Democracy).

En Bolivie, il y a aussi la présence suspecte de leur ambassadeur Philip Goldberg, un de ceux qui a le plus contribué à l’éclatement de la Yougoslavie. Et, pour tout le continent, il y a la IVième flotte qui revient à la vie! Nous recommandons à nos lecteurs et lectrices la lecture sur Internet d’un article de CEPRID en date du 1er juillet 2008 intitulé « La CIA et l’oligarchie, Conspiration contre la Bolivie » (www.rebelion.org/noticia).

Tout cela n’empêche pas qu’un mouvement puissant est en marche dans toute l’Amérique latine et que ce référendum gagné y aura partout des répercussions positives, autant dans les pays amis, le Venezuela de Hugo Chavez, l’Équateur de Rafael Correa, (25% d’indigènes) et le dernier venu, le Paraguay où le 16 août a été intronisé le nouveau président l’ex-évêque Fernando Lugo, que dans les pays encore opprimés comme le Pérou (46% d’indigènes).

Il y a toujours une fin à l’injustice et à l’oppression et nous ne voudrions pas terminer cet article sans citer un passage d’un très beau poème d’Eduardo Galeano, grand poète uruguayen, qui apparaît en espagnol dans un article d’Ariel Ogando sur le réseau Internet Rebelion (traduction libre) :

Ce qui est arrivé en Bolivie nous enseigne que cette peur
d’être ce que nous pouvons être n’est pas un ennemi invincible;
le racisme n’est pas une fatalité du destin
nous ne sommes pas condamnés à répéter l’histoire. (…)
Nous avons été conditionnés pour aller en fauteuil roulant et maintenant
nous récupérons la possibilité et l’énergie en Amérique latine
de cheminer avec nos propres jambes, penser
avec nos propres têtes et ressentir avec nos propres cœurs.


|Un gain pour l’Amérique latine