On culpabilise les victimes

2008/10/13 | Par Jean-Paul Perreault

Ce n'est pas sans raison que le gouvernement du Québec et l'Office québécois de la langue française (OQLF) ont tenu leur « Rendez-vous des gens d'affaires et des partenaires socioéconomiques » le vendredi précédant le long congé de l'Action de grâce. De surcroît, la conférence de presse prévue au programme du Rendez-vous a eu lieu à 15 h 30, moment où les salles de rédaction sont les moins disponibles. Ça pue la manipulation!

Le gouvernement et l'OQLF n'avaient rien à annoncer. Aucune mesure « concrète » pour contrer la défrancisation de Montréal.

L'étude de Pierre Bouchard intitulée « Les entreprises de 11 à 49 employés : portrait de leur réalité » dévoilée la journée même confirmait pourtant l'ampleur des dégâts causés par l'anglicisation.

Selon cette étude, trente ans après l'adoption de la Charte de la langue française, les droits linguistiques fondamentaux des Québécois à l'accueil, aux services, à l'information et au travail en français sont toujours bafoués.

Au lieu de proposer des mesures coercitives pour forcer les PME à respecter la Charte de la langue française, le gouvernement et l'OQLF préfèrent culpabiliser les francophones. Ils déclarent que six francophones sur dix, « lorsqu'ils sont servis en anglais, […] n'ont pas le réflexe de répliquer en français ».

Notre propre gouvernement et l'OQLF choisissent de culpabiliser les victimes au lieu de rappeler à l'ordre les agresseurs.

Tout est pourtant bien dit! Le problème est là : « lorsqu'ils sont servis en anglais ». Cela n'aurait aucune raison d'exister si les PME respectaient la Charte et les droits linguistiques. C'est là que le gouvernement et l'OQLF doivent agir!

La manipulation politicienne n'arrête pas là. Pour donner l'illusion qu'il agit, le gouvernement lance une campagne promotionnelle qui nous coûtera, au-delà du million dépensé pour un Rendez-vous raté, un autre 1,5 million de dollars. À cela, il faut ajouter les millions du Plan d'action de la ministre St-Pierre qui seront versés aux PME qui ne nous respectent toujours pas, bien que la loi soit en vigueur depuis trente ans!

Source : Impératif français