Montréal au sein du cabinet Harper

2008/10/16 | Par Paul Cliche

Montréal n’ayant pas élu de député conservateur lors des élections du 14, elle ne sera pas représentée au sein du cabinet Harper car le premier ministre a décidé de pas avoir recours à un sénateur cette fois-ci. Ce sera un ministre d’une autre région du Québec qui sera appelé à défendre les intérêts de l’orpheline métropole sur le gouvernement canadien.

Cette situation déplorable et un peu humiliante est causée par la rigidité et le manque d’articulation du mode de scrutin majoritaire qui régit les élections au Canada et au Québec. Avec ce système, le territoire d’un pays ou d’une province est morcelé en circonscriptions locales où les candidats obtenant la pluralité des voix (majorité simple) sont élus même si leur majorité est mince ou qu’ils sont loin d’une majorité absolue (50%+1 des votes).

Le principal avantage de ce mode de scrutin serait d’assurer l’élection de gouvernements majoritaires, synonymes de stabilité politique. Depuis les années 1960, il a souvent failli à la tâche au niveau fédéral. D’autre part, son mécanisme est la cause de plusieurs résultats aberrants notamment des distorsions importantes dans la représentation des partis au Parlement mais aussi le fait que les votes d’une quantité importante d’électeurs ne comptent pas (plus de 40% habituellement) parce que ces derniers n’ont pas appuyé le candidat vainqueur dans leur circonscription.

Avec un scrutin proportionnel, au contraire, chaque vote compte en- dessus d’un seuil minimal imposé pour éliminer les partis marginaux Ainsi, selon une proposition de scrutin mixte présentée par la Commission du droit du Canada en 2005, le tiers des 75 sièges que compte le Québec à la Chambre de communes, soit 25, auraient été réservés pour compenser les inégalités de représentation entre les partis.. Les 50 autres députés auraient été élus au scrutin majoritaire dans des circonscriptions comme présentement.

Ainsi, pour occuper ces sièges, dits de compensation, chaque parti aurait présenté une liste de 25 candidats par ordre de priorité. Les conservateurs auraient sans doute placé en tête de cette liste un candidat de Montréal sachant que c’est la région où ils avaient le moins de chances de faire élire de députés. Selon toute probabilit6é, ce candidat aurait été élu et Montréal aurait son ministre.

Mais ni le gouvernement libéral du temps ni l‘opposition conservatrice n’ont malheureusement voulu étudier les propositions de la Commission du droit du Canada, un organisme relevant du ministre de la Justice. Ce dernier a donc été écarté malgré l’appui que lui a apporté le NPD.

Paul Cliche est l'auteur du livre Pour réduire le déficit démocratique : le scrutin proportionnel