Christiane Charette et l’État Desmarais

2008/10/22 | Par Patrick Bourgeois

En matinée, il m’arrive régulièrement de syntoniser la radio de Radio-Canada. C’est la seule radio que je puis écouter, car seulement là – à la radio bien sûr - l’on retrouve une intelligence relative dans le propos. Bien sûr, tout ce contenu est enrobé d’un appui au fédéralisme canadien révoltant, ce qui m’écoeure n’en doutons point, mais c’est tout ce qu’on a au Québec, alors j’écoute...

Ce matin, j’étais encore plus décidé à écouter Christiane Charette qu’à l’accoutumée car je savais que le nouveau livre de l’ami Robin Philpot ferait l’objet de la première demi-heure de l’émission. J’avais bien hâte d’entendre ce que Robin aurait à dire du vieux magouilleur fédéraliste qu’est Paul Desmarais.

J’ai été très déçu, je dois bien le dire. Pas du livre de Robin, loin s’en faut. Mais plutôt du fait que la production n’a même pas daigné inviter l’auteur à participer à un segment d’une émission consacré à son livre. Non mais jusqu’où iront-ils à Radio-Canada ? Dans quel monde de fous vivons-nous ? Comme je le dis régulièrement dans ces cas-là, dans n’importe quelle situation dite normale les accusés ont au moins le droit de se faire entendre, question de défendre leurs points de vue lors de leur procès. Ce qui n’est pas le cas au Canada et au Québec quand vient le temps d’enfoncer des clous dans le cercueil des indépendantistes. À l’évidence, les potentats qui dirigent les médias du Québec se comportent comme les dignes gestionnaires d’une république bananière.

En écoutant cette émission révoltante, je me suis prêté à un petit jeu : me mettre à la place de Robin qui a été exclu d’une émission portant sur son livre. Je l’imaginais bien assis dans son fauteuil à devoir écouter des salopards varloper son œuvre, sans même pouvoir leur répliquer du tac au tac ! Ô combien cela dut-il être enrageant pour lui, je n’ose même pas l’imaginer.

Que cela dut être frustrant de devoir écouter sans broncher, en étant totalement impuissant, celui à qui l’on confia la mission de critiquer le livre, c’est-à-dire l’ineffable Michel Nadeau, ancien vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, lorsqu’il disait – sans même s’étouffer de rire – que Paul Desmarais ne s’intéresse pas à la politique, qu’il ne recherche que des relations privilégiées avec les « dignitaires » de ce monde.

Les Desmarais ne s’intéressent tellement pas à la politique qu’ils ont donné plus de 200 000$ au PLQ de Jean Charest ces dernières années. Normalement, les activités qui ne nous intéressent pas ne nous motivent pas à y investir une petite fortune, c’est l’évidence même. Il n’y a qu’un Nadeau pour tenter de nous faire avaler pareille couleuvre !

D’ailleurs, si la bande de joyeux lurons qui produit l’émission de Christiane Charette avait été la moindrement honnête, elle aurait précisé que l’inénarrable Nadeau est un bon ami d’Hélène Desmarais, bru du vieux marionnettiste. Cette dernière participe à l’administration de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques que dirige le Nadeau en question.

Que les bons amis s’entraident pour défendre le parrain de la famille qui subit le feu nourri d’un auteur de talent, y a-t-il là quelque chose d’étonnant ? Absolument pas. Ce qui l’est moins, c’est que Nadeau fut le seul qu’on invita pour parler du livre de Robin sur les ondes radio-canadiennes ; il l’a donc fait dans le dos de l’auteur, pratique indigne s’il en est une. Cela devrait convaincre tous les démocrates et les gens de bonne foi à dénoncer vertement la couverture que l’émission de Christiane Charette a fait du livre de Robin. Car c’est carrément scandaleux ce qu’on a ici fait.

Évidemment, lorsque l’on sait que Radio-Canada couche dans le même lit que Power Corporation et qu’ils signent ensemble, en cachette, derrière des portes closes, des ententes secrètes que leurs avocats font tout pour dissimuler au public, on ne devrait pas s’étonner qu’il en aille ainsi. De fait, je ne suis pas étonné. Je suis seulement en beau calvaire !

Comme le disait Bernard Landry dans un documentaire de Jean-Claude Labrecque : « la propagande radio-canadienne prendra fin un jour ». Reste à espérer que ce jour arrive très prochainement, et qu’elle entraîne dans son sillage la propagande gescaïenne !

D’ici là, prêtons-nous tous à la lecture du livre de Robin Philpot et dénonçons, dès que l’occasion se présente, les magouilleurs fédéralistes de l’ombre qui sont toujours trop bien protégés par les médias de propagande que nous avons au Québec.

Vive la libération de la parole indépendantiste !

Patrick Bourgeois