Les régions : parents pauvres de l’information

2008/11/18 | Par Camille Beaulieu

Les régionaux « parents pauvres de l’information au Québec ». Il faut connaître les régions comme un Montréalais ou un Québécois pour douter du diagnostic qui vient de tomber du Conseil de presse : les régionaux, c’est-à-dire un tiers des Québécois, ne reçoivent pas leur quote-part du marché de l’information chez-nous.

Le Conseil de presse a effectué une tournée du Québec l’hiver dernier, la première en trente ans d’existence (démonstration de bonne volonté et symptôme du bobo), sondant plus de 200 organismes et un nombre plus important encore de régionaux pures laine. Puis le conseil a publié ses observations. Elles ne sont pas positives.

Les régions éloignées, constate le conseil, n’ont pas accès, entendre par là qu’elles ne sont pas régulièrement couvertes, aux médias nationaux comme La Presse, Le Devoir, Radio Canada, Télémétropole etc. Il suffit ici de savoir lire ou écouter pour acquiescer, tellement les médias québécois sont ouvertement affaires de chapelles.

Les médias privés n’y sont d’ailleurs pas tenus à cette ouverture, sinon par la reconnaissance du ventre, pour vendre ou diffuser largement en régions.

C’est ailleurs là que le bât blesse. Nonobstant son mandat clair et obnubilé par une curieuse hiérarchisation géographique, Radio Canada tasse hypocritement plus d’un million de citoyens. Pour s’absoudre ensuite d’un: « C’pas grave, on coûte juste quelques sous chaque jour par Canadien. »

Cette désaffection, fruit de l’ignorance et de la malice, laisse les régionaux totalement dépourvus d’accès au grand placotage par lequel les collectivités se font reconnaître. Cet abandon, volontaire ou bébête, permet à des anomalies de s’éterniser dans le silence et l’indifférence. Ainsi de ce racket outrancier qu’est l’approvisionnement forestier ou de cette tragédie ignorée du plus grand nombre, « l’Infopauvreté » rurale.

C’est qu’on exploite allègrement les régions et depuis toujours au Québec ! L’auteur de ces lignes a vu autrefois des bandes de fripons montréalais y vendre à tours de bras, au nom de la culture et des enfants, des encyclopédies à des populations largement pauvres et analphabètes. Gilles Vigneault rend compte avec drôlerie de phénomènes similaires : « Ils nous ont vendus des abonnements à belles revues qu’on n’a jamais reçues ! »

La lettre ouverte qui suit expose certaines des mystifications actuelles de Radio Canada en Abitibi-Témiscamingue. Cette société n’a jamais répondu, sinon par atermoiements ou mensonges, aux questions qu’elle soulève.

*  * *

Rouyn-Noranda, 1er novembre 2008

Conseil de presse du Québec
Raymond Corriveau, Président

Les régions : parents pauvres de l’information au Québec. Votre sondage maison donne l’heure juste. J’ai, pendant une petite trentaine d’années, composé avec cette déréliction des périphéries dans l’ombre d’un centre nombriliste et suréquipé. Journaliste à la pige, puis à la barre d’une agence de presse régionale à partir de 1982, je diffusais des masses d’informations en région et au national; jusqu’à Montréal même.

J’ai remporté quelques prix de mon trou perdu. Un premier prix canadien de journalisme économique, catégorie de la presse hebdomadaire en 1984; le premier prix d’Abitibi-Témiscamingue par la Société nationale des Québécois en 1999. Je m’enorgueillis surtout d’un coup de fil reçu jadis d’une Témiscamienne : « Les parents de plusieurs villages vont bloquer la route demain pour dénoncer la commission scolaire. Radio Nord y sera, tout comme Le Témiscamien, la Frontière et CKVM. Mais si tu ne viens pas on ne fera pas de blocus. » Il est là le vide que j’ai voulu combler dans ma région.

Vingt-sept années de services ne font rien à l’affaire. Pour des cadres montréalais, je demeurais un régional. De la piétaille. Chargés de l’implantation, en février 2 000, d’une station à Rouyn-Noranda, trois employés cadres de Radio Canada (SRC) ont évité de me prévenir, puis organisé une parodie de sélection. Rémi Villeneuve, Martine Hyppolite, et Claire Francoeur, ont trié un personnel néophyte ou importé de Québec.

Et puisque personne dans la nouvelle station n’était en même temps familier avec la langue, le métier, et la région, CHLM-FM s’est réfugiée dans l’institutionnel : « Le ministre annonce ; Emploi Québec a enregistré ». Le plus souvent dans un français de cour d’école, pour un auditoire comptant nombre de journalistes et d’animateurs chevronnés et volés.

Trois fripons cornaquant une société d’État volontairement myope dotaient l’Abitibi-Témiscamingue d’une radio de bas de gamme. J’ai sollicité l’intervention des députés fédéraux : Pierre Brien du Bloc et Guy St-Julien du PLC, celle aussi du Conseil régional de développement (CRDAT).

Les deux politiciens se sont abstenus. Je m’interroge depuis sur les liens entre ce laxisme chez Pierre Brien, et un papier de moi dans La Presse du 13 octobre 1993 : « Des recenseurs se plaignent d’être rançonnés par le Bloc. ». L’article dévoilait les combines d’organisateurs politiques constituant illégalement un trésor de guerre en vue de la première campagne électorale de M Brien. J’ai repris cette information à Radio Canada, puis dans La Frontière de Rouyn-Noranda. Curieusement, un texte dans cet hebdo, un seul texte, est sorti illisible de l’imprimerie cette semaine-là.

Je soupçonne des rapports de même nature entre l’inertie de Guy St-Julien et un papier paru dans La Presse du 4 juin 1996 : « Pour sauver leur école, des parents bloquent les routes. » Les résidents de huit villages : Anglier, Fugèreville, Rémigny, Laforce, Moffet, Belleterre, Guérin et Thorne contestaient la décision de la Commission scolaire du Lac Témiscamingue, identifiée au Parti libéral, de fermer leurs écoles. Ce souque à la corde s’est conclu par un moratoire. Le ministère de l’Éducation recommandait, l’année suivante, le maintien des dernières écoles de villages au Québec.

Le Conseil régional de développement (CRDAT) n’est pas intervenu, lui non plus. Il a, dès lors, bénéficié d’une couverture attentive et bienveillante de la SRC, jusqu’à récolter des éloges au moment de sa récente dissolution pour avoir « gardé le cap pendant 40 ans ».

Curieux ce bilan! Le Conseil régional de développement (CRDAT) est né d’un regroupement tous azimuts, dans le sillage du « Maître chez-nous » des années 1960, pour servir de porte-voix régional jusqu’à Québec et Ottawa.

Il perd sa gauche, syndicats comme mouvements populaires, au début des années 1970. Intronisé « interlocuteur privilégié » quelques années plus tard par Québec, le CRDAT multiplie débats et consultations sous l’étroite supervision de l’OPDQ de Jacques Vézeau, puis du ministère des Régions de Robert Sauvé. Opérant à la façon d’une éolienne inversée, il traite de transport ferroviaire et par autobus, de gestion des forêts, de pérennité des ressources, de ruralité, de pauvreté. Toutes questions dans un état plus critique aujourd’hui qu’il y a quarante ans.

Ironiquement, le directeur de cet organisme, Guy Lemire, actionnait la brosse à reluire dès juin 2 000, à l’occasion d’un colloque de l’Université Laval à Drummondville, en louant l’influence bénéfique du poste de radio CHLM-FM sur l’ensemble des médias de la région.

Une évaluation un brin objective de CHLM-FM aurait pourtant trahi l’omniprésence des communiqués et des déclarations officielles, l’absence d’analyse et de mise en contexte. Loin de faire école, cette station laissait derrière elle un sillage de témoins mal cités.

Un syndicaliste agricole et administrateur de la Société de développement du Témiscamingue (SDT) fulmine à l’époque: « Le journaliste a menti pour tenir un scoop ! » Et parmi bien d’autres fadaises, cette nouvelle qui traitait l’an dernier, photo à l’appui sur Internet, de l’augmentation alarmante des grizzlis en Abitibi. Nouvelle et photo ont été corrigées après intervention des services de la Faune.

CHLM-FM a en réalité rejoint le peloton des trois télévisions, cinq radios et cinq hebdos assurant une couverture locale et régionale de l’Abitibi-Témiscamingue. Elle a supplanté Radio Nord dans son rôle de diffuseur de la programmation de la SRC. Le réseau privé a pallié le manque à gagner en serrant la vis à son personnel, amorce d’une grève qui a duré deux ans.

Usant de dissimulation et de mensonges, Radio-Canada avait fait place nette en Abitibi, de sorte que trois personnes sont venues de Québec. « Des gens de grande expérience qui ont choisi l’Abitibi-Témiscamingue pour y poursuivre leur carrière, pétarade alors un rien méprisant Alain Saulnier, directeur de l’information à la SRC, on ne peut certainement pas leur en tenir rigueur. » Aucun des trois allochtones ne reste aujourd’hui ! La plupart des journalistes supplantés aussi ont quitté.

Ces tripatouillages ont sonné le glas d’une petite agence de presse, la mienne, qui exportait chaque jour des nouvelles d’Abitibi-Témiscamingue et d’autres régions. Cedrom-Sni, le portail Internet qui recense les dépêches au pays, rappelle des centaines d’articles sur des questions d’abord économiques et sociales.

S’y greffaient un nombre plus important de topos et de reportages diffusés à Radio Canada : service des nouvelles, CBC North, D’un soleil à l’autre, le Dépanneur, InfoCulture, le Midi-15, le Magazine économique, ou transmis à des radios et journaux privés.

L’Abitibi-Témiscamingue a ainsi été, pendant deux décennies, la seule région périphérique du Québec bénéficiant d’une couverture nationale soutenue : « La médecine Fast Food fait mal aux régions » en mars 1999 ; « La réforme de l’Aide juridique » de 1993 à 1995 ; ou encore « Volonté des élus de transformer leurs produits sur place. Rébellion des maires d’Abitibi-Témiscamingue » le 29 novembre 1986.

Pierre Brien suçait son pouce au début des années soixante-dix, que je couvrais à mes frais la relance de Tembec à Témiscaming, où il s’est réfugié après sa défaite électorale.

Le lâchage des communicateurs régionaux, en 1999, n’était pas un coup d’essai du Conseil régional de développement (CRDAT). Les jalonneurs escamotés par l’instauration du jalonnement sur cartes dans les années 1990 peuvent en témoigner. Ce service ultra spécialisé a été transplanté sans bruit à mille kilomètres du camp minier principal, l’Abitibi.

Les prospecteurs aussi sont passés à la trappe, victimes d’affairistes montréalais, incapables pour la plupart de différencier un gisement filonien d’une talle de bleuets, mais alléchés par l’abri fiscal des actions accréditives à l’exploration minière.

Le CRDAT n’a pas davantage pipé mot quand Abitibi-Consolidated a proclamé ses droits prioritaires sur la ressource de quatre régions, dont l’Abitibi-Témiscamingue, pour alimenter ses usines de 1ière transformation plus au sud (mémoire du 20 janvier 2003 à Amos devant la Commission sur la maximisation des retombées économiques etc.)

Alain Saulnier donnait la réplique à Guy Lemire lors de ce colloque de juin 2000 à Drummondville. La SRC, a-t-il soutenu « accorde (maintenant) une meilleure place à l’information en provenance des régions dans ses bulletins nationaux et ses magazines. »

Cedrom-Sni, un portail décidément indiscret, compile, radio et télé confondues, 21 nouvelles de la SRC diffusées au national en 2004 sur l’Abitibi-Témiscamingue. Il m’en alloue 47 pour l’écrit seul en 1999, dernière année d’opérations sans entraves.

Qui plus est, toutes les émissions de la SRC utilisant les services de correspondants régionaux ont été retirées d’antenne ou reformatées vers la même époque. L’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Saguenay-Lac St-Jean, et les autres sont maintenant confinés à une émission fourre-tout le midi, du genre cage à hamsters, où quelques journalistes des stations régionales font un petit tour, vident leur sac, et puis s’en vont.

Le temps des régions à la Première chaîne se résume désormais à quatre, voire cinq minutes par tranches de 24 heures. Des postes de cadres ont par contre été créés à Montréal. Après avoir dirigé quelques années CHLM par téléphone, Rémi Villeneuve s’est gossé un confortable fauteuil de directeur des stations régionales.

Par-delà l’obsession de l’audience, la lèche des jeunes et l’amalgame culture et placotages sur fond de mastications, son mandat enjoint la SRC d’informer les gens et d’informer sur les gens, y compris ceux des régions.

Mine de rien, tout en jurant le contraire, la radio d’État relègue un tiers des Québécois au rôle d’éternels muets. C’était déjà la principale lacune relevée dans un inventaire des médias en Abitibi-Témiscamingue, rédigé par moi en 1974 pour le compte du ministère québécois des Communications.

Un quart de siècle passe ; Radio Canada implante une station en Abitibi. Las ! Le comité de sélection se contente de placards dans trois hebdomadaires, dont deux, des gratuits,, sont d’incontestables feuilles de choux. Les canailles m’expédient ensuite d’un coup fourré : j’ai refusé, jurent-ils, de présenter ma candidature.

Je ne connaîtrai que trois ans plus tard les détails de cette fable sous la plume du vice-président Sylvain Lafrance. Rémi Villeneuve vire alors casaque, et claironne que ma candidature a été écartée : « nous ne reviendrons plus là-dessus ! ». La politique d’équité de la SRC (Processus d’entrevue, alinéa #6) contraint d’informer rapidement, motifs à l’appui, les candidats rejetés. Je réclame et j’attends depuis neuf ans.

J’ai transmis les preuves de cette escroquerie (trois lettres d’Alain Saulnier, Sylvain Lafrance et Rémi Villeneuve) à la direction de Radio Canada. Un porte-parole du président Hubert T Lacroix a promis une enquête du vice-président aux ressources humaines, Georges Smith, le 28 février 2008, « qui se penchera sur votre plainte et communiquera avec vous... » J’attends toujours.

Le sol s’est par contre fissuré sous mes pas dès mes premières protestations en 2000. Les collaborations à Radio Canada se sont évaporées. Les deux dernières, diffusées depuis CHLM donnant lieu à de simiesques manoeuvres d’intimidation d’un des trois Québécois.

Une série d’avatars a suivi sur un canevas répétitif, mais mystérieux pour un pigiste qui n’avait pas perdu un client en vingt ans. Un Monsieur Tremblay de la comptabilité à La Presse somme subitement les téléphonistes de refuser mes appels en PCV. Il modifie le mode de facturation de mes textes. Des chefs de pupitre égarent mes nouvelles. Les articles rescapés suscitent des lettres de lecteurs pas toujours cohérentes.

Après des mois d’usure à ce régime, Éric Trottier, nouveau responsable de la rédaction, juge mon dernier papier du 26 juin 2003 « Attention aux échardes » terriblement ennuyant. La comptabilité couronne treize années de collaboration en égarant ma dernière facture. Radio Canada compte des obligés partout, de sorte que d’une quinzaine en 1999, il me reste un client aujourd’hui.

Productrice de vignettes touristiques sur des images tournées ailleurs (La Presse du 8 juin 1998), l’Abitibi-Témiscamingue entretient des rapports équivoques avec l’information. Des documentaires, mi-promotion mi-information, grassement commandités dans les années 1970-80, n’ont connu que des tablettes poussiéreuses : CRDAT, association touristique, etc.

Un tandem de Radio Canada, de mémoire Judith Jasmin et Pierre Nadeau, s’est mordu les doigts, il y a longtemps, d’avoir pointé sa caméra sur nos façades boom-town et nos ruelles non pavées. Boudé des hôteliers pour un texte acéré, Pierre Foglia se gratte encore d’avoir couché dans son char aux Jeux du Québec de 1973. Sa collègue Michèle Ouimet a été couverte d’injures, vingt ans plus tard, pour un portrait réaliste : « L’Abitibi-Témiscamingue, le pays du positivisme », deux pleines pages dans La Presse du 6 juin 1992, sur nos forêts épuisées, nos villes pas très belles aux habitants bourrés d’entregent.

Nos hérauts de l’intégrité régionale se faisaient plus discrets lorsque Quebecor homogénéisait Les Échos abitibiens dans les années 1980, journal, jusque-là, récipiendaire à répétition du Premier prix canadien des hebdos de langue française.

On ne les a pas entendus pendant le déménagement à la pièce du siège social de Radio Nord dans l’Outaouais, premier média en importance de la région. Ils sont restés cois lorsqu’un petit hebdo admirable d’intégration dans sa collectivité, Le Témiscamien, est mort de lassitude. Ces grands régionaux jubilaient bien évidemment dans leur coin lorsque Radio Canada me volait en 2000.

La société d’État n’a eu aucun mal, dans ce contexte, à inaugurer une station vulnérable aux mystifications les plus grossières. CHLM évoquait, il y a quelques années, la constitution de deux nouvelles aires protégées. La première, au lac Vaudray de Richard Desjardins, est peuplée d’arbres matures. Le second sanctuaire couvrira 246 kms carrés, dans le canton Dufay à 25 kms de Rouyn-Noranda.

Personne n’a relevé que « ce témoin de l’état naturel de la forêt des basses-terres de l’Abitibi et de la baie James, » comme on dit joliment à Québec, est constitué d’un lac, le lac Opasatica, et d’un boisé mixte truffé de chemins forestiers pour avoir été coupé à blanc par Norbor Inc de La Sarre.

Une débusqueuse au travail y a déclenché un gros feu de biodiversité, il y a quelques années. Qu’importe ! C’est pour être une courroie de transmission docile que la station de Radio Canada fait maintenant les délices de notre gratin politique comme administratif régional.

Ailleurs et mal payés, la majorité des journalistes composent avec des patrons allergiques aux mots de plus de deux syllabes, et aux textes débordant vingt-cinq lignes. Ils pataugent jusqu’à plus soif dans les mines, la forêt et l’agroalimentaire, Puis, prennent la pause-café au même restaurant que les sujets de la veille.

Leur routine s’égaye rarement. Sinon lorsqu’un chef de police est surpris à ruminer du foin d’accotement routier pour masquer son haleine. Ou quand la direction de la presse canadienne censure en mars 2002 « Comme des invités de marque » de Léandre Bergeron sur l’éducation des enfants à domicile, au prétexte que Deirdre 20 ans, Phèdre 17 ans et Cassandre 15 ans, émasculent des agneaux pour aider papa.

Ces journalistes ont dénoncé, il y a longtemps, la rupture localisée des stocks forestiers. Ils ont frappé un mur d’ingénieurs et de fonctionnaires complaisants, de politiciens frileux. Il faudra attendre la renommée, la tête de cochon et les moyens de Richard Desjardins pour que le message passe.

Il passe donc, mais trop tard pour gérer des pénuries locales. Ce sera la réduction générale de 20 % de la possibilité forestière du Québec. Plusieurs dossiers du même genre, dont l’infopauvreté rurale et la concentration de la distribution alimentaire se buttent aujourd’hui encore à l’indifférence des médias nationaux.

Le silence qui accueille mes dénonciations depuis neuf ans porte à conclure qu’indépendamment des mandats, des droits ou des chartes, les régionaux considérés depuis Montréal ne servent qu’à acheter des copies ou stimuler les cotes d’écoute. Bref, comme l’a constaté votre sondage, ce sont des parents pauvres, exploitables à merci.

La présente rappelle que des traficoteurs à la direction de Radio Canada ont mis l’Abitibi-Témiscamingue à sac. Usant du poids et du prestige de leur société, de la complicité ou de l’indifférence d’acteurs nationaux et régionaux, ils ont dépouillé ses artisans en communications. Ce qui, dans le contexte d’une région, s’apparente à un génocide professionnel. Transplantant bêtement recettes et personnels venus d’ailleurs, ces médiocres ont dilapidé des budgets imposants dans une radio superfétatoire et pour tout dire, terriblement quétaine.

Camille Beaulieu, journaliste

Montbeillard (Qc)