La crise

2008/11/30 | Par Michel Chussodvsky

Sommaire :

La Grande Dépression du 21ème siècle
Qui sont les artisans de la débâcle économique ?
Le cheval de Troie de Wall Street
Qui est derrière la crise financière?
Les lundis noirs de la Bourse
Effondrement financier global


La Grande Dépression du 21ème siècle

La crise financière s’aggrave au risque de perturber gravement le système international de paiements.

Cette crise est bien plus grave que la Grande Dépression. Tous les grands secteurs de l'économie mondiale sont touchés. De récents rapports suggèrent que le système des lettres de crédit, ainsi que le transport maritime international, qui constituent la bouée de sauvetage du système commercial international, sont potentiellement en danger.

Le « plan de sauvetage » bancaire, envisagé dans le cadre du fameux Troubled Asset Relief Program (TARP), n’est pas une « solution » à la crise, mais la « cause » de plus de débâcle.

Le « plan de sauvetage » contribue au processus de déstabilisation de l'architecture financière. Il transfère de grandes quantités d'argent public entre des mains de financiers privés au détriment du contribuable. Il conduit au dérapage de la dette publique et à une centralisation du pouvoir bancaire sans précédent. Qui plus est, l’argent du renflouage est utilisé par les géants financiers pour garantir leurs acquisitions d'entreprise à la fois dans le secteur financier et dans l'économie réelle.

En revanche, cette concentration sans précédent de puissance financière accule à la banqueroute des secteurs entiers de l'industrie et de l'économie des services, provoquant la mise au chômage de dizaines de milliers d’employés.

Les hautes sphères de Wall Street éclipsent l'économie réelle. De grandes quantités d'argent, accumulées par une poignée de conglomérats de Wall Street et leurs associés des fonds spéculatifs (hedge funds), sont réinvesties dans l'achat de biens réels.

La richesse sous forme d’argent se transforme en possession et contrôle des moyens de production réels, que sont notamment l'industrie, les services, les ressources naturelles, les infrastructures, etc.

L’effondrement de la demande de biens de consommation

L'économie réelle est en crise. L'augmentation du taux de chômage qui en résulte est propice à la baisse des dépenses de consommation, qui se répercute à son tour sur le niveau de la production des biens et services.

Aggravée par la politique macro-économique néolibérale, cette spirale descendante cumulative aboutit à une offre excédentaire de marchandises.

Les entreprises ne peuvent vendre leurs produits puisque leurs employés ont été mis au chômage. Les consommateurs, à savoir les travailleurs, ont été privés du pouvoir d'achat nécessaire au maintien de la croissance économique. Avec leurs maigres revenus, ils ne peuvent se permettre d’acheter les biens produits.

La surproduction entraîne une série de faillites

Les listes de biens invendus s'accumulent. Tôt ou tard, la production s'écroule ; l’offre de marchandises diminue à cause de la fermeture des installations de production, notamment des usines de fabrication et de montage.

Dans ce processus de fermeture d'usines, toujours plus de travailleurs deviennent des chômeurs. Des milliers d'entreprises en faillite sont chassées du paysage économique, entraînant la chute de la production.

La pauvreté généralisée et le déclin mondial du niveau de vie résultent des bas salaires et du chômage généralisé. C’est le fruit d'une économie mondiale de main-d'œuvre bon marché, largement caractérisée par les usines d'assemblage à faible salaire dans les pays du tiers-monde.

La crise actuelle étend les contours géographiques de l'économie de main-d'œuvre bon marché, provoquant l'appauvrissement de grands pans de population (dont la classe moyenne) dans les pays soi-disant développés.

Aux États-Unis, au Canada et en Europe de l'Ouest, le secteur industriel entier est potentiellement en danger.

Nous avons affaire à un long processus de restructuration économique et financière. Dans sa phase initiale, débutant dans les années 1980, à l’ère Reagan-Thatcher, des entreprises locales et régionales, des exploitations agricoles familiales et de petites entreprises ont été déplacées et détruites.

En retour, le boom des fusions et des acquisitions dans les années 1990 a conduit à la consolidation simultanée de grandes entités corporatives, à la fois dans l'économie réelle et dans les services bancaires et financiers.

Toutefois, dans les récents développements, la concentration du pouvoir bancaire se fait au détriment des grandes entreprises.

Ce qui diffère dans cette phase particulière de la crise, c’est non seulement la capacité des géants financiers (grâce à leur contrôle décisif sur le crédit) à créer le chaos dans la production de biens et de services, mais aussi à saper et à détruire les grandes sociétés de l’économie réelle.

Les faillites surviennent dans tous les principaux secteurs d'activité : fabrication, télécommunications, vente au détail, centres commerciaux, compagnies aériennes, hôtels et tourisme, sans parler de l'immobilier et de la construction, et des victimes de la débâcle du prêt hypothécaire à risque (subprime).

General Motors a confirmé qu'« il pourrait être à cours de liquidité d’ici quelques mois, ce qui provoquerait l'un des plus grands dépôts de bilan de l'histoire étasunienne. » (USNews.com, 11 novembre 2008.) En retour, cela pourrait se répercuter sur une série d’industries connexes. L’évaluation des pertes d'emplois dans l'industrie automobile des États-Unis va de 30.000 à plus que 100.000. (Ibid).

Aux États-Unis, les commerces de vente au détail sont en difficulté : le prix des actions des grandes chaînes de magasins JC Penney et Nordstrom s’est effondré. Circuit City Stores Inc a fait une demande de protection contre la faillite en vertu du Chapitre 11. Les actions de Best Buy, la chaîne de détaillants en électronique, ont plongé.

À la suite de l'effondrement de leurs valeurs boursières, la SA Vodafone Group, la plus grande société de téléphonie mobile, sans mentionner la SA InterContinental Hotels, sont en difficulté. (AP, 12 novembre 2008).

Aux quatre coins du monde, plus de deux douzaines de compagnies aériennes ont sombré en 2008, s'ajoutant à une série de faillites de compagnies aériennes durant ces cinq dernières années. (Aviation and Aerospace News, 30 octobre 2008). Stirling, la deuxième compagnie aérienne commerciale du Danemark, s’est déclarée en faillite. Aux États-Unis, un nombre croissant de sociétés immobilières ont déjà déposé une demande de protection contre la faillite.

Dans les deux derniers mois, de nombreuses fermetures d'usines aux États-Unis ont entraîné le congédiement définitif de dizaines de milliers d’employés. Ces fermetures touchent plusieurs domaines clés de l'activité économique, notamment les industries pharmaceutique et chimique, l’industrie automobile et ses secteurs connexes, l'économie des services, etc

Dans les usines, les commandes ont diminué de façon draconienne. Une étude de l’entreprise Autodata a signalé en octobre que « la vente de voitures et camionnettes avait chuté de 27 pour cent en septembre par rapport à l’an dernier. » (Washington Post, 3 octobre 2008)

Le chômage

Selon le US Bureau of Labor Statistics, 240 000 emplois supplémentaires ont été perdus seulement au cours du mois d'octobre :

« Le US Bureau of Labor Statistics du ministère du Travail étasunien a annoncé aujourd'hui que le nombre d’emplois salariés non agricoles a chuté de 240 000 en octobre, le taux de chômage passant de 6,1 à 6,5 pour cent. Tel que cela a été revu et corrigé, ces pertes d'emploi salarial en octobre suivaient celles d’août et septembre, soit 127 000 et 284 000. L’embauche(à vérifier) a baissé de 1,2 millions dans les 10 premiers mois de 2008, plus de la moitié de la baisse s'étant produite au cours des 3 derniers mois. En octobre, les pertes d'emplois se poursuivent dans l'industrie manufacturière, la construction, et chez plusieurs prestataires de services.

« Parmi les chômeurs, le nombre de personnes ayant perdu leur emploi et ne s’attendant pas être rappelées au travail, est passé de 615 000 à 4,4 millions en octobre. Au cours des 12 derniers mois, la taille de ce groupe a augmenté de 1,7 millions. » (Bureau of Labor Statistics, novembre 2008)

Les données officielles ne décrivent ni la gravité de la crise ni ses effets dévastateurs sur le marché du travail, puisque beaucoup de pertes d'emplois ne sont pas signalées.

La situation dans l'Union européenne est tout aussi inquiétante. Un récent rapport britannique indique la probabilité d’un chômage généralisé accablant dans le Nord-Est de l'Angleterre. En Allemagne, un rapport publié en octobre, suggère que 10 à 15 % de tous les emplois du pays dans l’automobile pourraient être perdus.

Des suppressions d'emplois ont aussi été annoncées dans les usines de General Motors et de Renault-Nissan en Espagne. La vente de voitures neuves en Espagne a chuté de 40 pour cent en octobre par rapport aux ventes du même mois l'an dernier.

Faillites et saisies : Une opération de pêche aux capitaux des géants de la finance

Il y a parmi les entreprises au bord de la faillite des affaires extrêmement rentables et lucratives. Question importante : qui prend le contrôle des droits de propriété des grandes corporations industrielles en faillite ?

Les faillites et les saisies hypothécaires sont des opérations de pêche aux capitaux. Avec l'effondrement des valeurs boursières, le prix de l’action des sociétés cotées subit une importante chute, qui affecte immédiatement la solvabilité et la capacité de ces sociétés à emprunter et/ou à renégocier leur dette (qui se base sur la valeur cotée de leurs actifs).

Les spéculateurs institutionnels, fonds spéculatifs (hedge funds) et autres, ont tiré profit de butins inattendus.

Ils provoquent l'effondrement des sociétés cotées grâce à la vente à découvert et autres opérations spéculatives. Ils profitent ensuite de leurs gains de la spéculation à grande échelle.

Selon un rapport publié dans le Financial Times, il est évident que l’effondrement de l'industrie automobile des États-Unis est en partie le résultat de la manipulation : «General Motors et Ford ont perdu 31 pour cent, à 3,01 dollars, et 10,9 pour cent, à 1,80 dollars, malgré l'espoir en un possible sauvetage de l'industrie au bord de la ruine par Washington. La chute est survenue après que la Deutsche Bank ait fixé un prix cible de zéro pour GM. » (Financial Times, 4 novembre 2008)

Les financiers se livrent à une débauche de magasinage. Les 400 milliardaires étasuniens de Forbes attendent dans les limbes.

Dès qu'ils auront consolidé leur position dans le secteur bancaire, les géants financiers, incluant JP Morgan Chase, Bank of America, et autres, utiliseront leurs gains inattendus et l’argent du plan de sauvetage qui leur est fourni dans le cadre du TARP, pour étendre leur contrôle sur l'économie réelle.

La prochaine étape consiste à transformer les actifs liquides, à savoir la richesse en papier monnaie, en acquisitions dans l’économie réelle.

À cet égard, Berkshire Hathaway Inc de Warren Buffett est l'un des principaux actionnaires de General Motors. Plus récemment, à la suite de l'effondrement des valeurs boursières en octobre et novembre, Buffett a renforcé sa participation dans le producteur de pétrole ConocoPhillips, sans mentionner Eaton Corp, dont le prix à la Bourse de New York a chuté de 62% par rapport à son pic en décembre 2007 (Bloomberg).

Les cibles de ces acquisitions sont les nombreuses industries très productives et les entreprises du secteur des services, qui sont au bord de la faillite et/ou dont la valeur boursière s’est effondrée.

Les gestionnaires de portefeuille ramassent les morceaux.

Propriété de l'économie réelle

À la suite de ces développements, qui sont directement liés à la crise financière, l'ensemble de la structure de propriété d’actifs de l'économie réelle est en effervescence.

La richesse en papier-monnaie accumulée par les délits d'initiés et les manipulations boursières sert à prendre le contrôle d’actifs économiques réels, en déplaçant les structures de propriété préexistantes.

Nous faisons face à une relation malsaine entre l'économie réelle et le secteur financier. Les conglomérats financiers ne produisent pas de marchandises. Ils font essentiellement de l'argent grâce aux transactions financières. Ils utilisent le produit de ces transactions pour prendre le contrôle des véritables sociétés de l’économie réelle, qui produisent des biens et des services pour la consommation des ménages.

Dans une tournure amère, les nouveaux propriétaires de l'industrie sont des spéculateurs institutionnels et des manipulateurs financiers. Ils deviennent les nouveaux capitaines de l'industrie, non seulement en déplaçant les structures de propriété préexistante, mais aussi en installant leurs copains dans les fauteuils des gestionnaires des entreprises.

Pas de réforme possible dans le cadre du consensus Washington-Wall Street

Le sommet financier du G-20 à Washington le 16 novembre confirme le consensus Washington-Wall Street.

Bien que présentant officiellement un projet de restauration de la stabilité financière, dans la pratique l'hégémonie de Wall Street reste intacte. La tendance va vers un système monétaire unipolaire dominé par les États-Unis et soutenu par leur supériorité militaire.

Les artisans du désastre financier, grâce à la Gramm-Leach-Bliley Financial Services Modernization Act (FSMA) de 1999, ont été investis de la tâche d'apaiser la crise qu’ils ont eux-mêmes créée. Ils sont à l’origine de la débâcle financière.

Le sommet financier du G20 ne remet pas en question la légitimité des fonds spéculatifs et des divers instruments du négoce des dérivés. Le communiqué final comporte un engagement imprécis et vague « pour mieux réglementer les fonds spéculatifs et créer davantage de transparence dans les titres adossés à des créances hypothécaires, dans le but de stopper la glissade économique mondiale. »

La solution à cette crise peut venir uniquement d’un processus de « désarmement financier, » qui remette vigoureusement en question l'hégémonie des institutions financières de Wall Street, notamment leur contrôle sur la politique monétaire. Le « désarmement financier » nécessiterait aussi le gel des instruments du commerce spéculatif, le démantèlement des fonds spéculatifs et la démocratisation de la politique monétaire. L’expression « désarmement financier » a été inventée à l’origine par John Maynard Keynes dans les années 40.

Obama approuve la déréglementation financière

Barack Obama a adopté le consensus de Washington-Wall Street. Dans une tournure amère, l'ancien député Jim Leach, un républicain qui parrainait la FSMA en 1999 à la Chambre des représentants, conseille maintenant Obama sur l’élaboration d’une solution opportune à la crise.

Jim Leach, Madeleine Albright et l'ancien ministre des Finances Larry Summers, qui a aussi joué un rôle clef dans l’adoption de la FSMA, étaient présents le 15 novembre au sommet financier du G-20 en tant qu’équipe consultative du Président élu Barack Obama :

« Barack Obama et Joe Biden, le Président et le Vice President élus, ont annoncé que l'ancienne secrétaire d’État, Madeleine Albright, et l'ancien député républicain Jim Leach, seront disponible pour rencontrer en leur nom les délégations du G-20 lors de la réunion du sommet. Leach et Albright tiennent ces réunions non officielles pour obtenir la contribution des délégations en visite au nom du président et du vice president élus. » (mlive.com, 15 novembre 2008)

Article original en anglais, The Great Depression of the 21st Century: Collapse of the Real Economy, publié le 15 novembre 2008.

Traduit par Pétrus Lombard. Révisé par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca



Qui sont les artisans de la débâcle économique ?

La plus grave crise économique de l'histoire moderne

L’effritement financier d’octobre 2008 n’est pas l’effet d'un phénomène économique cyclique. C’est un aboutissant calculé de la politique du gouvernement des États-Unis, orchestré par le Trésor américain et le Federal Reserve Board.

C’est la plus grave crise économique de l'histoire.

Le « plan de sauvetage » («The Bailout») proposé par le Trésor américain ne constitue pas une « solution » à la crise. C’est en fait tout le contraire : il provoque davantage de débâcle. Il crée une concentration de richesses sans précédent, qui à son tour contribue à creuser les inégalités économiques et sociales, au sein des nations et entre les nations.

Le niveau d'endettement est monté en flèche. Poussées à la faillite, les corporations industrielles sont rachetées par les institutions financières mondiales. Le crédit, c’est-à-dire, l'offre de prêts de financement, qui constitue la bouée de sauvetage de la production et de l'investissement, est contrôlé par une poignée de conglomérats financiers.

Avec le «plan de sauvetage» la dette publique a dérapé. Les États-Unis sont le pays le plus endetté de la planète. Avant le « renflouage », leur dette publique était de l'ordre de 10 billions de dollars. Cette dette libellée en dollars US se compose de bons du Trésor et d’obligations en souffrance, détenues par des particuliers, des gouvernements étrangers, des entreprises et des institutions financières.

« Le plan de sauvetage»: le gouvernement des États-Unis finance son propre endettement

Ironiquement, les banques de Wall Street bénéficiaires de l'argent du plan de sauvetage sont aussi les courtiers et les assureurs de la dette publique des États-Unis. Bien que les banques ne détiennent qu’une partie de la dette publique, elles font des affaires et du commerce dans le monde entier avec les titres de la dette publique libellés en dollar.

Dans une conjoncture déplaisante, les banques sont bénéficiaires d’une aumône de plus de 700 milliards de dollars, et agissent en même temps à titre de créanciers du gouvernement.

Nous avons affaire à un cercle vicieux absurde : pour financer le plan de sauvetage Washington doit emprunter à des banques qui bénéficient du plan de sauvetage.

Le gouvernement des États-Unis finance ses propres dettes.

Les administrations fédérales, étatiques et municipales sont de plus en plus paralysées, sous strict contrôle des conglomérats financiers mondiaux. Les créanciers réclament de plus en plus au gouvernement le lancement d’une réforme.

Le plan de sauvetage incite à la consolidation et à la centralisation du pouvoir bancaire, ce qui à son tour produit des retombées sur l'activité économique réelle, conduisant à une série de faillites et au chômage de masse.

Le gouvernement Obama inversera-t-il la tendance ?

La crise financière fait suite à la déréglementation du système financier.

Obama a déclaré sans équivoque sa volonté de s'attaquer aux échecs politiques du gouvernement Bush, et de « démocratiser » le système financier étasunien. Barack Obama, le président élu, affirme être déterminé à inverser la tendance :

« Rappelons-nous que si cette crise financière nous a appris quelque chose, c'est que nous ne pouvons avoir une Wall Street prospère pendant que le commun des mortels souffre. Dans ce pays, nous nous élevons ou chutons en tant que nation, en tant que peuple. » (Président élu Barack Obama, 4 novembre 2008, souligné par l’auteur)

Avec désinvolture, les démocrates reprochent au gouvernement Bush la débâcle financière d’octobre.

Obama a fait savoir qu'il établira un programme politique tout autre, qui servira les intérêts du commun des mortels:

« Demain, vous pourrez tourner la page sur les politiques qui poussent à la cupidité et à l'irresponsabilité de Wall Street devant le dur labeur et le sacrifice des hommes et des femmes de la rue. Demain, vous pourrez choisir les politiques qui investissent dans notre classe moyenne, créent de nouveaux emplois et accroissent cette économie, de sorte que tout le monde ait une chance de réussir, du directeur général à la secrétaire et au concierge, du propriétaire de l'usine aux hommes et femmes qui y travaillent.» (Barack Obama, campagne électorale, 3 novembre 2008. Souligné par l’auteur.)

Obama est-il engagé dans le « domptage de Wall Street » et dans la « neutralisation des marchés financiers ? »

Ironiquement, cette politique de « cupidité et d'irresponsabilité » fut instaurée sous Le gouvernement Clinton.

La Financial Services Modernization Act (FSMA ou loi de modernisation des services financiers) de 1999 a incité à abroger la Glass-Steagall Act de 1933. La Glass-Steagall Act, ce pilier du « New Deal » du président Roosevelt, fut instaurée en réponse au climat de corruption, de manipulation financière et de « délit d'initié » qui mena à la faillite de plus de 5.000 banques dans les années qui suivirent le krach de Wall Street en 1929.

Dans le cadre de la Financial Services Modernization Act de 1999, le contrôle effectif de l'ensemble du secteur des services financiers des États-Unis (incluant les compagnies d'assurance, les fonds de pension, les titres, etc) a été cédé à une poignée de conglomérats financiers et à leurs associés, les fonds spéculatifs (hedge funds).

Les instigateurs du désastre financier

Qui sont les artisans de cette débâcle ?

Ironie amère, l’équipe de transition du président élu Barack Obama songe à présent aux instigateurs du désastre financier pour le poste de secrétaire au Trésor:

Lawrence Summers a joué un rôle clef dans le lobbying au Congrès pour l'abrogation de la Glass Steagall Act. Sa nomination opportune au poste de secrétaire au Trésor par le président Clinton en 1999 a permis de forcer l'adoption de la Financial Services Modernization Act en novembre 1999. Au terme de son mandat à la tête des Finances, il est devenu président de l'université de Harvard (2001-2006).

Paul Volker était président de la Réserve fédérale dans les années 1980 de l'ère Reagan. Il a joué un rôle central dans la mise en œuvre de la première phase de déréglementation financière, qui a favorisé la foule de faillites, fusions et acquisitions menant à la crise financière de 1987.

Timothy Geithner est directeur général de la Banque de la Réserve fédérale de New York (FRBNY), la plus puissante institution financière privée d’Amérique. Il est aussi ancien fonctionnaire des Finances du gouvernement Clinton. Il a travaillé pour Kissinger Associates et fut aussi en poste au FMI. La FRBNY joue un rôle en coulisses dans la mise au point de la politique financière. Geithner agit pour le compte de puissants financiers derrière la FRBNY. Il est en plus membre du Council on Foreign Relations (CFR).

Jon Corzine, aujourd’hui gouverneur du New Jersey, est un ancien directeur général de Goldman Sachs.

Au moment de la rédaction de cet article, le favori d’Obama pour le poste de secrétaire au Trésor était Larry Summers.

Lawrence Summers, professeur d'économie à l'université de Harvard, a servi d’économiste en chef à la Banque mondiale (1991-1993). Il a contribué à la conception des réformes macro-économiques imposées à nombre de pays émergents endettés. Dans le cadre du programme d'ajustement structurel (PAS), parrainé par le FMI et la Banque mondiale, l'impact social et économique de ces réformes a été dévastateur, entraînant une extrême pauvreté.

La période de Larry Summer à la Banque mondiale coïncidait avec l'effondrement de l'Union Soviétique et l'imposition de la « médecine économique » mortelle du FMI et de la Banque mondiale en Europe de l'Est, dans les anciennes républiques soviétiques et dans les Balkans.

En 1993, Summers est passé au Trésor des États-Unis. Il a d'abord occupé le poste de sous-secrétaire au Trésor pour les affaires internationales et, plus tard, secrétaire d’État adjoint. En liaison avec ses anciens collègues du FMI et de la Banque mondiale, il a joué un rôle clef dans l'élaboration du « traitement de choc » économique lié au train de réformes imposées à la Corée du Sud, à la Thaïlande et à l’Indonésie, lors de l’apogée de la crise asiatique de 1997.

Les accords de plan de sauvetage négociés avec ces trois pays ont été coordonnés au Trésor par Summers, en liaison avec la Banque de la Réserve fédérale de New York et les institutions de Bretton Woods à Washington. Summers a travaillé en étroite collaboration avec le directeur général adjoint du FMI, Stanley Fischer, nommé ensuite gouverneur de la Banque centrale d'Israël.

Larry Summers est devenu secrétaire su Trésor en juillet 1999. C’est un protégé de David Rockefeller. Ce fut l'un des principaux artisans de l'infâme Financial Services Modernization Act, qui, purement et simplement, légitima le délit d’initié et la manipulation financière.

« Mettre le renard à la garde du poulailler »

Summers est aujourd’hui consultant pour Goldman Sachs et directeur général de DE Shaw Group, un organisme de fonds spéculatifs. En tant que gestionnaire de fonds de spéculation, ses contacts avec les Finances ainsi que Wall Street lui procurent de précieuses informations privilégiées sur le mouvement des marchés financiers. Sous la gouverne de Larry Summers, et en conséquence directe de la crise financière, le DE Shaw Group a fait des bénéfices records. À la fin octobre 2008, à l’apogée de la crise financière, le DE Shaw Group a annoncé 7 milliards de dollars de revenu, en augmentation de 22 pour cent sur l'année précédente, « avec près de trois fois plus d'argent dans la main qu’il y a un an » (2theadvocate.com 31 octobre 2008).

Mettre un gestionnaire de fonds de spéculation (ayant des liens avec l’establishment financier de Wall Street) en charge des Finances équivaut à placer le renard à la garde du poulailler.

Le Consensus de Washington

Summers, Geithner, Corzine, Volker, Fischer, Phil Gramm, Bernanke, Hank Paulson, Rubin, sans oublier Alan Greenspan, et autres, sont des copains. Ils jouent au golf ensemble ; ils ont des liens avec le Council on Foreign Relations et les Bilderberg ; ils agissent de concert conformément aux intérêts de Wall Street ; ils se rencontrent à huis clos ; ils sont sur la même longueur d'onde ; ils sont démocrates et républicains.

Bien qu'ils puissent être en désaccord sur certaines questions, ils sont fermement attachés au consensus Washington-Wall Street. Ils sont absolument impitoyables dans la gestion de leurs opérations économiques et financières. Leurs actions sont motivées par le profit. En dehors de leur strict intérêt envers le « rendement » des « marchés, » ils sont peu concernés par la « vie des êtres humains, » par l’impact de l’éventail d’implacables réformes macro-économiques et financières sur la vie des gens, réformes qui poussent à la faillite des secteurs entiers de l'activité économique.

Le raisonnement sous-jacent au discours économique néolibéral est souvent cynique et méprisant. À cet égard, le discours économique de Lawrence Summers se distingue. Il est connu chez les écologistes pour avoir proposé de déverser les déchets toxiques dans les pays du tiers monde, car, là-bas, les gens ont la vie plus courte et le coût de main-d'œuvre est extrêmement bas, ce qui signifie essentiellement que la valeur de marché des gens du tiers monde est très inférieure. Selon Summers, cela rend l’exportation des matières dangereuses vers les pays pauvres beaucoup plus « rentable ». En 1991, une note de service controversée de la Banque mondiale, signée par l’économiste en chef Larry Summers, indique ce qui suit (extraits, souligné par l’auteur) :

Date : 12 décembre 1991 – Pour : Distribution – De : Lawrence H. Summers – Objet : GEP [GEP signifie Bonnes Pratiques Environnementales, ndt]

Industries « sales « : Juste entre vous et moi, la Banque mondiale ne devrait-elle pas encourager DAVANTAGE la migration des industries sales vers les pays les moins développés ? Je pense à trois raisons :

1) La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité. .. De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face.

2) Le coût de la pollution est susceptible d'être non linéaire, car l’augmentation initiale de pollution a sans doute un coût très bas. J'ai toujours pensé que les pays sous-peuplés d'Afrique sont infiniment peu pollués, la qualité de leur air est sans doute considérablement peu rentable par rapport à Los Angeles ou Mexico. Ce qui empêche l’amélioration du bien-être mondial du commerce de la pollution de l'air et des déchets, c’est le seul fait déplorable que tant de pollution soit produite par des industries non négociables (transport, production d'électricité), et que le coût unitaire du transport des déchets solides soit si élevé.

3) La demande d’un environnement propre pour des raisons esthétiques et de santé est susceptible d'avoir une très grande élasticité de revenus. [La demande augmente avec le niveau de revenu]. L'inquiétude à propos d’un agent ayant une chance sur un million de provoquer le cancer de la prostate est de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens survivent au cancer de la prostate que dans un pays où le taux de mortalité des moins de 5 ans est de 200 pour mille. . .

L’attitude de Summers sur l'exportation de la pollution vers les pays émergents a eu un impact marqué sur la politique environnementale des États-Unis :

En 1994, « pratiquement tous les pays du monde se sont dissociés des réflexions de « logique économique » de M. Summers formé à Harvard, sur le déversement des poisons des pays riches chez leurs voisins plus pauvres, et ils ont décidé d'interdire l'exportation des déchets dangereux de l'OCDE vers les pays [émergents] non membres de l'OCDE dans le cadre de la Convention de Bâle. Cinq ans plus tard, les États-Unis sont l'un des rares pays n'ayant toujours ni ratifié la Convention de Bâle ni l'Amendement d'Interdiction de la Convention de Bâle sur l'exportation des déchets dangereux de l'OCDE vers les pays hors OCDE. (Jim Valette, La guerre contre la Terre de Larry Summers, Counterpunch, non daté)

Crise asiatique de 1997 : Répétition générale des choses à venir

Au cours de l’année 1997, la spéculation monétaire, instrumentée par de grandes institutions financières et dirigée contre la Thaïlande, l'Indonésie et la Corée du Sud, a favorisé l'effondrement des monnaies nationales et le transfert de milliards de dollars des réserves des banques centrales entre les mains de financiers privés. Plusieurs observateurs ont signalé la manipulation délibérée du marché des actions ordinaires et des devises par des banques d’affaires et des sociétés de courtage.

Bien que les accords de plan de sauvetage asiatiques étaient négociés officiellement par le FMI, les grandes banques de commerce de Wall Street (dont Chase, Bank of America, Citigroup et JP Morgan), ainsi que les « cinq grandes » banques d'affaires (dont Goldman Sachs, Lehman Brothers, Morgan Stanley et Salomon Smith Barney) ont été «consultées» sur les clauses à inclure dans ces accords.

Le Trésor des États-Unis, en lien avec Wall Street et les institutions de Bretton Woods, ont joué un rôle central dans la négociation des accords de sauvetage. Larry Summers et Timothy Geithner, ont participé activement au nom du Trésor des États-Unis au sauvetage de la Corée du Sud en 1997 :

[En 1997] MM Summers et Geithner s’activaient à persuader M. Rubin de soutenir l'aide financière à la Corée du Sud. M. Rubin se méfiait de pareille mesure, s’inquiétant du fait que fournir de l'argent à un pays en situation désespérée pourrait être une affaire perdue d’avance. . . (WSJ, 8 novembre 2008)

Ce qui est arrivé en Corée du Sud du fait des conseils du secrétaire adjoint au Trésor Larry Summers et des autres, n'a rien à voir avec l’« aide financière. »

Le pays a été littéralement mis à sac. Le sous-secrétaire des Finances, David Lipton, a été envoyé à Séoul en début décembre 1997. Des négociations secrètes ont été engagées. Washington a exigé le congédiement du Ministre des Finances de Corée du Sud et l’acceptation sans réserve du « sauvetage » du FMI.

Aussitôt après sa nomination, le nouveau secrétaire au Trésor, qui était un ancien fonctionnaire du FMI et de la Banque mondiale, est parti précipitamment à Washington pour des « consultations » avec son ancien collègue Stanley Fischer, directeur général adjoint du FMI.

« Le corps législatif coréen s’est réunis en sessions extraordinaires le 23 décembre. La décision finale, concernant le marché de 57 milliards de dollars, a été prise le lendemain, le 24 décembre, lors du réveillon de Noël, après les heures de bureau à New York. Les plus hauts financiers de Wall Street, de Chase Manhattan, Bank America, Citicorp et JP Morgan, ont été convoqués pour une réunion à la Banque de la Réserve fédérale de New York. C’est aussi dans la salle du réveillon de Noël oû se retrouvaient les représentants des cinq grandes banques d’affaires de New York, notamment Goldman Sachs, Lehman Brothers, Morgan Stanley et Salomon Smith Barney. Et à minuit, au réveillon de Noël, recevant le feu vert des banques, le FMI a accordé à la hâte 10 milliards de dollars à Séoul pour répondre à l'avalanche de dettes à court terme venant à échéance.

Les coffres de la Banque centrale de Corée du Sud ont été mis à sac. Les créanciers et les spéculateurs attendaient anxieusement pour toucher leur butin. Ces mêmes institutions, qui spéculaient contre la victoire coréenne, ont encaissé l’argent du plan de sauvetage du FMI. C’était une escroquerie.» (Voir Michel Chossudovsky, The Recolonization of Korea, publié par la suite en chapitre de The Globalization of Poverty and the New World Order, Global Research, Montréal, 2003.)

Cette « puissante médecine économie » est la prescription du Consensus de Washington. « Souffrance à court terme pour gains à long terme » était la devise de la Banque mondiale durant la période où Lawrence Summers était économiste en chef. (Voir IMF, World Bank Reforms Leave Poor Behind, Bank Economist Finds, Bloomberg, 7 novembre 2000)

Nous avons affaire à tout un « réseau de vieux copains » fonctionnaires et conseillers du Trésor, de la Réserve fédérale, du FMI, de la Banque mondiale, des groupes de réflexion de Washington, qui sont en lien permanent avec les principaux bailleurs de fonds de Wall Street.

Quel qu’il soit, celui que choisira l’équipe de transition d’Obama fera partie du Consensus de Washington.

La Financial Services Modernization Act de 1999

Ce qui est arrivé en octobre 1999 est décisif.

À la suite de longues négociations à huis clos dans les salles de réunion de Wall Street, dans lesquelles Larry Summers joua un rôle central, le cadre réglementaire contrôlant les puissants conglomérats bancaires de Wall Street fut abrogé « d’un trait de plume. »

Larry Summers travaillait en étroite collaboration avec le sénateur Phil Gramm (1985-2002), président du comité sénatorial des banques, qui fut l'artisan législatif de la Gramm-Leach-Bliley Financial Services Modernization Act, promulguée le 12 novembre 1999 (voir la photo de groupe ci-dessus). (Pour le texte complet voir sur le site du Congrès des États-Unis : Pub.L. 106-102 ). En tant que sénateur du Texas, Phil Gramm fut étroitement associé à Enron.
En décembre 2000, en fin du mandat de Clinton, Gram présenta un deuxième projet de loi appelé Gramm-Lugar Commodity Futures Modernization Act (FSMA), qui ouvrait la voie à l'attaque spéculative dans les produits de base, notamment le pétrole et les denrées alimentaires.

«Cette loi, a-t-il déclaré, permettrait de s'assurer que ni la SEC ni la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) ne pouvaient contrôler les affaires des produits financiers modernes appelés swaps, et donc protégerait les institutions financières de la sur-réglementation » et la « positon de leader mondial de notre secteur des services financiers dans le nouveau siècle. » (Voir David Corn, Foreclosure Phil, Mother Jones, juillet-août 2008)

Dans le cadre des nouvelles règles de la FSMA, ratifiée par le Sénat américain en octobre 1999 et approuvée par le Président Clinton, les banques commerciales, sociétés de courtage, fonds spéculatifs, investisseurs institutionnels, fonds de pension et compagnies d'assurance, peuvent investir librement dans toute autre entreprise, ainsi que regrouper entièrement leurs opérations financières.

Un « supermarché financier mondial » a été créé, ouvrant la voie à une énorme concentration de puissance financière. L'un des personnages clefs à l’origine de ce projet fut le secrétaire au Trésor Larry Summers, en coopération avec David Rockefeller. Summers décrivait la FSMA comme « le fondement législatif du système financier du 21ème siècle. » Ce fondement législatif est l'une des principales raisons de la débâcle financière de 2008.

Désarmement financier

Il ne peut y avoir de solution constructive à la crise, sauf réforme majeure dans le système financier, ce qui implique, entre autres, le gel du négoce spéculatif et la «neutralisation des marchés financiers.» Le projet de neutralisation des marchés financiers fut proposé pour la première fois dans les années 40 par John Maynard Keynes, comme un moyen d’instaurer un système monétaire international multipolaire. (Voir JM Keynes, Activities 1940-1944, Shaping the Post-War World: The Clearing Union, The Collected Writings de John Maynard Keynes, Royal Economic Society, Macmillan et Cambridge University Press, Vol. XXV, Londres 1980, p. 57) .

Le commun des mortels contre Wall Street

Où sont «les candidats du Main Street» retenus par Obama ? C’est-à-dire, ceux qui obéissent aux intérêts des gens des quatre coins des États-Unis. Aucun leader du milieu communautaire ou représentant des travailleurs n’est sur la liste des postes clefs d’Obama.

Le président élu désigne les artisans de la déréglementation financière.

Aucune réforme financière constructive ne peut être adoptée par des fonctionnaires nommés par Wall Street et agissant en son nom.

Ceux qui en 1999 ont incendié le système financier, sont rappelés pour éteindre le feu.

La « solution » du « sauvetage » proposée pour la crise provoque davantage de débâcle économique.

Il n'y a aucune solution politique à l'horizon.

Les conglomérats bancaires mènent le bal. Ils décident de la composition du gouvernement Obama. Ils ont aussi choisi l'ordre du jour du sommet financier de Washington (15 novembre 2008), prévu pour jeter les bases de la création d'un nouveau «système financier mondial.»

Le plan de Wall Street a déjà été discuté derrière les portes closes : le programme secret est d'établir un système monétaire international unipolaire, dominé par la puissance financière des États-Unis, qui à son tour serait protégée et sécurisée par la supériorité militaire du pays.

Le néolibéralisme à « visage humain »

Rien n'indique qu’Obama rompra les ponts avec ses commanditaires de Wall Street, qui ont largement financé sa campagne électorale.

Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Citigroup, Microsoft de Bill Gates sont parmi ses principaux donateurs de la campagne.

Au nombre des individus les plus riches du monde, Warren Buffett n’a pas fait que soutenir la campagne électorale de Barak Obama, il est membre de son équipe de transition, jouant un rôle clef dans la formation de ses ministères.

À moins d’un bouleversement majeur dans le système des nominations politiques aux postes clefs, un ordre du jour économique alternatif de Barack Obama axé sur la lutte contre la pauvreté et la création d'emplois est grandement improbable.

Ce à quoi nous assistons est la continuité.

Obama procure un « visage humain » au statu quo. Ce visage humain sert à tromper les Étasuniens sur la nature de l'économie et de l’action politique.

Les réformes économiques néolibérales restent inchangées.

L’essentiel de ces réformes, dont le « plan de sauvetage » des plus importantes institutions financières étasuniennes, détruit en fin de compte l'économie réelle, tout en forçant à la faillite des régions entières du secteur manufacturier et de l'économie des services.


Original : Who are the Architects of Economic Collapse? Will an Obama Administration Reverse the Tide?, publié le 9 novembre 2008.

Traduction libre de Pétrus Lombard. Révisée par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca



Le cheval de Troie de Wall Street

Sergei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a annoncé que le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine «coordonnent leurs efforts pour surmonter la crise financière.» Cette déclaration suggère que les quatre pays vont se confronter à l’alliance dominante, US-UK-
1174|1222|Caricatures|Les bulletins de vote|2008-12-01 06:31:37|Simon Banville|

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1175|1223|Manchettes Région|Nouvelles du Saguenay: Les élections provinciales (suite et fin)|2008-12-01 11:32:39|Pierre Demers|Entrevue avec Jean-Claude Bouchard, prof de science politique au cégep de Jonquière

Qu’est-ce qui distingue les habitudes électorales du Saguenay de celles du Lac Saint-Jean ?

Jean-Claude Bouchard : Au Saguenay. et plus particulièrement à Chicoutimi, la famille Bédard, péquiste de père en fils, domine le paysage. À tel point que les candidats des autres partis provinciaux donnent souvent l’impression d’aller à l’abattoir quand ils se présentent contre.

Le patriarche Marc-André conseille encore ses troupes et participe à tous les grands rassemblements partisans en campagne. Ils ont aussi une solide organisation qui démarre rapidement une fois les élections déclenchées.

Depuis près de 40 ans, cette famille et ses alliés contrôlent donc le mouvement souverainiste du comté avec ferveur. Même le maire Tremblay s’incline devant les Bédard et ménage ses sorties contre cette dynastie. Les péquistes devraient donc conserver facilement le comté le 8 décembre. Après tout, le Bloc a lui aussi fait élire son député à Chicoutimi en profitant de l’organisation souverainiste.

Le danger que le PQ perde des plumes au Saguenay est plus grand dans Dubuc et dans Jonquière. Dans Dubuc, il y a beaucoup de Simard et le candidat libéral s’appelle justement Simard, Serge. C’est aussi simple que cela.

Le député péquiste, Jacques Côté, a pris sa retraite tard au début de la campagne électorale. Le candidat qui a été élu pour le remplacer, André Michaud, a eu à peine le temps de s’organiser. Et malheureusement pour lui il ne s’appelle pas Simard et il n’habite dans le comté.

D’ailleurs son adversaire ne cesse de marteler qu’il est «parachuté » parce qu’il demeure dans Jonquière. Ici, les électeurs et les candidats misent beaucoup sur les habitudes et les particularités locales. Il faut dire aussi que la Baie est une enclave dans le Saguenay, un secteur à part des autres avec plein de petits villages et des familles qui se connaissent toutes. Ils étaient majoritairement contre la fusion municipale avec Chicoutimi et Jonquière.

Le candidat libéral joue sur cette corde consanguine pour attacher ses votes. Il profite surtout du départ précipité du député péquiste pour se faufiler à l’Assemblée nationale. Lui aussi on oublie de le questionner sur son bilan et quand on essaie de le faire, il se défile.

Sur le fait, par exemple, que la Baie ait perdu des centaines d’emplois avec la fermeture de la Consol sans que les élus municipaux dont il était s’activent à trouver des alternatives.

Dans Jonquière, le candidat et député péquiste, Sylvain Gaudreault, va peut-être l’emporter sur la candidate libérale, une no name, mais par la peau des dents. La libérale profite du courant favorable aux candidats susceptibles de se retrouver au pouvoir. Mais elle n’est pas ministrable évidemment.

Elle utilise les mêmes arguments que Jean-Pierre Blackburn lors des récentes élections fédérales, l’attrait du pouvoir, la possibilité de faire partie du gouvernement en place. Le vote dans Jonquière s’explique souvent par la conjoncture. Lucien Bouchard est passé par Jonquière, Michel Chartrand aussi, c’est le rendez-vous de tous les possibles et des règlements de comptes.

Est-ce que Ti-Jean Tremblay joue un rôle déterminant dans les élections provinciales actuelles ?

J.C. Bouchard : Il est toujours présent quelque part celui-là, malheureusement.
Il faut toujours qu’il dise son mot dans n’importe quelle élection. Les gens votent pour lui depuis dix ans parce qu’il promet à chaque fois de geler les taxes municipales. Pour sauver deux piastres, les citoyens/propriétaires de Saguenay sont prêts à tout, même à voter pour une caricature de politicien.

Le maire ne se trompe jamais quand il se prononce sur tout et rien et quand il se trompe, jamais il ne l’avoue. C’est sans doute pour cette raison que tous les candidats du parti au pouvoir sentent la nécessité de lui faire de l’œil. Même les péquistes s’en méfient.

Le fait que Sylvain Gaudreault lui tienne tête régulièrement joue sans doute contre lui dans la présente campagne. Tous les candidats libéraux au Saguenay y ont fait leur profession de foi très tôt au début des élections. Oui, Ti-Jean est pesant et encombrant en campagne provinciale et fédérale. Et en campagne municipale, il frôle la dictature.

Comment se comportent les électeurs au Lac Saint-Jean ?

J.C. Bouchard : les forces sont plus équilibrées au Lac. Aux élections fédérales, c’est le comté de Roberval qui a toujours dominé avec ses députés et ses ministres. Parfois bloquiste (Michel Gauthier), parfois conservateur ( Benoît Bouchard).

Habituellement quand les électeurs de ce comté votent bleu au Fédéral, comme c’est le cas aujourd’hui avec le député/ministre Lebel, ils votent rouge à Québec. Mais les péquistes sont tout de même bien en place à l’heure actuelle. Ça dépendra du courant et de la direction du vent libéral si le député péquiste Denis Trottier résiste ou non.

Pendant longtemps, l’ancien ministre Jacques Brassard jouait un peu le rôle du leader souverainiste au Lac comme le fait encore Marc-André Bédard au Saguenay. Mais depuis qu’il s’est converti en polémiste de droite dans Le Quotidien, les péquistes jeannois l’ont répudié. On déplore son virage et ses coups de gueules réactionnaires. On le traite désormais comme un ex-politicien plus ou moins encombrant, isolé dans ses anathèmes.

Le comté d’Alma va toujours voter péquiste, souverainiste. C’est encore plus inscrit dans les mœurs politiques de cette autre enclave de voter pour l’indépendance que dans Chicoutimi. À Chicoutimi, on vote pour l’homme, la famille Bédard, à Alma on vote pour le parti.

On votait bleu avant que Jacques Brassard se présente pour la première fois au début des années 70. Alors que, dans le comté de Jonquière, on peut changer de bord à l’occasion, à Alma, on ne change jamais. Comme dit un de mes confrères de travail en science politique, «on voterait pour un cochon peinturé en bleu dans Alma ».

Et le fait qu’un syndicaliste affilié à la FTQ se présente comme libéral dans Alma ne me surprend pas outre mesure. Ce candidat se cherche une tribune et une job à Québec. Comme l’ancien président de la CEQ, Charbonneau qui s’était retrouvé député libéral lui aussi. Parfois le syndicalisme mène à tout, même à l’Assemblée nationale. On pourrait nommer d’autres cas à travers l’histoire politique provinciale.

Sur le plan de la valeur des candidats et des politiciens en général, tant au municipal, au provincial qu’au fédéral, je trouve que les élus du Lac ont plus d’envergure que ceux du Saguenay.

Si l’on compare le parcours politique et les idées du maire d’Alma, Gérald Scullion, Denis Trottier dans le comté de Roberval, deux militants environnementalistes de longue date, ce sont tout de même des politiciens qui se démarquent par rapport aux petits politiciens du Saguenay comme le maire Tremblay et ses échevins dociles du conseil municipal.

Au Saguenay comme au Lac, on commence à renouveler les candidats péquistes. C’est de bon augure. La relève se pointe. Du côté des libéraux, on puise toujours dans la même marmite des élus municipaux et des politiciens retraités. Québec solidaire n’est pas encore sorti de l’ombre. Il faudra bien qu’on trouve une ou deux autres familles Bédard pour animer la vie politique provinciale régionale et la renouveler un de ces jours.
|Les habitudes électorales du Saguenay et du Lac Saint-Jean
1176|1224|Analyses Mouvements_souverainiste|La pertinence du Bloc|2008-12-01 11:42:38|André Binette|On voit souvent dans vos textes que vous n'aimez vraiment pas le Bloc québécois. Vous faites partie de ces esprits brillants qui ne peuvent pas comprendre un phénomène aussi profondément ancré dans notre histoire, qui prédisent continuellement la mort du Bloc et qui ragent chaque matin de voir qu'ils sont toujours là. Pourtant, Gilles Duceppe est le seul véritable adulte à la Chambre des Communes et le seul homme d'État à Ottawa.

Le Bloc est né de l'incapacité du Canada à modifier sa Constitution dans le sens de l'aspiration légitime du Québec à faire reconnaître son identité nationale et à la développer. Est-ce vraiment si difficile à comprendre?

Le prix pour le Canada pour son déni de la question du Québec est l'instabilité politique: l'impossibilité croissante de se donner un gouvernement majoritaire, des gouvernements de coalition, des élections à tous les deux ans. Est-ce vraiment si difficile de constater une telle évidence?

Jacques Parizeau avait prédit que l'échec de son référendum en 1995 ne règlerait en rien le problème canadien. Il avait dit que dans les années qui suivraient, le Canada vivrait une longue visite chez le dentiste et aurait un parlement instable à l'italienne. Est-ce vraiment si difficile de s'en rappeler et de constater que ces prévisions sont en train de se réaliser?

Si vous aviez étudié l'histoire de l'Irlande, vous constateriez que l'histoire se répète. L'Irlande inspirait déjà Louis-Joseph Papineau. A peu près au moment de la Confédération canadienne, les premiers députés nationalistes irlandais ont été élus au Parlement britannique. Quelques années plus tard, vers 1885, ils détenaient la balance du pouvoir à Londres. Trente ans après, l'Irlande est devenue indépendante. Les Irlandais ont surmonté de plus grandes difficultés que les Québécois. Nous sommes en train de suivre la même trajectoire dans des conditions beaucoup plus favorables.

L'Irlande est devenue indépendante et est aujourd'hui l'un des pays les plus prospères d'Europe, même si elle doit traverser la crise économique comme tout le monde. L'Écosse n'a pas encore choisi la souveraineté, et est toujours restée pauvre. Les Anglais n'ont jamais eu pour priorité le développement économique de l'Écosse ou de l'Irlande. Certains l'ont compris plus vite que d'autres.

On ne peut pas demander à un chroniqueur une connaissance approfondie de l'histoire. C'est pourtant ce qu'il faudrait pour bien comprendre le rôle et la raison d'être du Bloc québécois. De plus, votre propriétaire, Paul Desmarais, a bien dit récemment que La Presse était un journal fédéraliste.

Vous continuerez à vous poser des questions au sujet du Bloc dans les prochaines années. Malheureusement, vous n'exprimerez alors que votre aveuglement.

J'ajoute que le Canada anglais n'a pas produit un seul homme d'État digne de ce nom depuis le départ de Lester Pearson, qui avait gagné le Prix Nobel de la Paix, il y a exactement 40 ans. Pendant cette période, le Québec en a produit une bonne douzaine, souverainistes et fédéralistes réunis. Même un Claude Ryan, qui n'a jamais été premier ministre et qui n'a jamais été député fédéral, avait une envergure et une profondeur bien supérieures à celles de Stephen Harper. Un Québec souverain qui réunirait tout ce talent politique sous un même toit étonnerait le monde.

Mais La Presse préfère nier ces vérités plutôt que de contribuer à la prise de conscience politique du peuple québécois.

|Réplique à Vincent Marissal
1177|1225|Langue Analyses|Élections québécoises|2008-12-01 12:02:25|Impératif français|Impératif français déplore le peu de place que les diverses formations politiques et leurs chefs ont accordé à ce jour à la défense, au prestige et au rayonnement de la langue française dans le cadre de la campagne électorale en cours.

La précarité de la langue française n’a même pas fait l’objet de discussions et d’engagements sérieux des chefs lors du débat.

Nous déplorons également le peu de mesures concrètes que l’on retrouve dans les réponses obtenues des formations politiques qui ont répondu à notre questionnaire portant sur les enjeux suivants : le non-respect de vos droits linguistiques, l’érosion culturelle et identitaire, la défrancisation de l’environnement linguistique et l’insuffisance de services de santé en français.

Nous publions leurs réponses dans notre site Web à www.imperatif-francais.org.

À une semaine du vote, nous espérons voir et entendre les diverses formations politiques s’engager par des mesures concrètes à défendre et à promouvoir notre identité, notre langue et notre culture.

|La langue française, la grande oubliée!
1178|1226|Société Manchettes|Décès de l'écrivaine Hélène Pedneault|2008-12-01 14:27:49|L'aut' journal|Montréal, le 1er décembre 2008 – C’est avec regret que nous vous informons que l’écrivaine Hélène Pedneault est décédée ce matin à Montréal, à l’âge de 56 ans.

Féministe engagée, Hélène Pedneault a publié les célèbres Chroniques délinquantes (VLB Éditeur – 1997) d’abord parues dans le magazine La Vie en rose. Toutes les formes de littérature l’intéressaient : biographie (Notre Clémence – Les Éditions de l’Homme, 1989), nouvelle, pamphlet, chanson, chronique, théâtre (La Déposition, créée à Montréal en 1988, traduite en cinq langues et jouée en France, en Italie, en Belgique, au Canada, en Suisse, en Allemagne, en Hollande et aux États-Unis).

Parmi les livres parus : Pour en finir avec l’excellence (Boréal, 1992) et La Douleur des volcans (VLB Éditeur, 1992). Plus récemment, Hélène Pedneault publiait Les Carnets du lac (Lanctôt Éditeur, 2000) et Mon enfance et autres tragédies politiques (Lanctôt Éditeur, 2004).

Outre ses commentaires et éditoriaux, Hélène Pedneault a également réalisé les séries Signé Loranger (1995), Éloge de l’indignation (1996), Robert Gravel, L’homme qui avait toujours soif (1996) à Radio-Canada. En 1996, elle a signé l’adaptation du téléroman Sous le signe du lion de Françoise Loranger pour la télévision de Radio-Canada, pour lequel elle a remporté un prix Gémeaux.

Environnementaliste, Hélène Pedneault avait accepté l’invitation de la Coalition Eau Secours, dont elle était cofondatrice, et avait joint les rangs des « Porteurs d’eau ». Indépendantiste convaincue, elle siégeait au Conseil de la souveraineté du Québec.

Originaire de Jonquière, Hélène Pedneault a été honorée par le Salon du livre du Saguenay – Lac-Saint-Jean en 2006.

Sur la jaquette de son livre Mon enfance et autres tragédies politiques, on peut lire : « Ce recueil vient confirmer la force de frappe, l’originalité de la pensée et l’irrévérence chronique d’Hélène Pedneault. Ses buts dans la vie : préserver à tout prix sa capacité d’indignation, être une arme de réparation massive et faire l’indépendance du Québec ».

Ses proches tiennent à remercier le personnel du département d’oncogynécologie de l’hôpital Notre-Dame. D’autres détails suivront quant à la cérémonie d’au revoir qui se tiendra sous peu.
|Elle était, entre autres, co-fondatrice de la Coalition Eau-Secours
1179|1227|Actualités|La prérogative royale, qu'en est-il?|2008-12-01 14:35:29|Louis Bernard|Il semble exister une certaine confusion quant aux règles constitutionnelles qui régissent l’exercice par la Gouverneure générale de la prérogative royale de dissolution de la Chambre des communes. Ces règles sont les suivantes.

En vertu des conventions qui s’appliquent à notre monarchie constitutionnelle, le souverain ne peut exercer ses pouvoirs que sur l’avis de ses conseillers. Il ne peut jamais exercer aucun pouvoir unilatéralement, c’est-à-dire sans l’avis de ses conseillers. Ces conseillers, à leur tour, doivent avoir la confiance de la Chambre des communes. Le seul pouvoir, donc, que conserve le souverain, c’est celui de changer ses conseillers qui n’ont plus la confiance des Communes par des conseillers qui sont susceptibles de l’avoir. S’il ne peut trouver de tels nouveaux conseillers, il doit suivre l’avis de ses conseillers en place.

À l’issue des dernières élections, les conseillers actuels du souverain n’ont pas obtenu la majorité des députés aux Communes et, par conséquent, n’ont pas acquis l’assurance d’obtenir ou de conserver la confiance de la Chambre. Ils sont restés en place parce que, formant le parti ayant le plus de députés, ils semblaient les plus susceptibles d’avoir la confiance des Communes.

Si le gouvernement actuel perd la confiance des Communes, il peut recommander à la Gouverneure générale, soit d’accepter sa démission et de choisir d’autres conseillers, soit de dissoudre le Parlement. La Gouverneur générale n’est pas obligée de suivre ces recommandations (puisque ses conseillers n’ont plus la confiance des Communes), mais, pour ce faire, elle doit se trouver d’autres conseillers susceptibles d’obtenir cette confiance. Si elle ne peut trouver de tels nouveaux conseillers, elle doit suivre l’avis de ses conseillers actuels.

Ainsi s’expliquent les efforts que font actuellement les partis d’opposition pour mettre sur pied une alliance qui pourrait donner à la Gouverneure générale une raison suffisante de leur confier la responsabilité de former un nouveau gouvernement susceptible d’obtenir la confiance de la Chambre des communes. Si elle devait réussir, cette alliance comprendrait un gouvernement de coalition entre les Libéraux et les Néo-démocrates, appuyé de l’extérieur par le Bloc québécois. La coalition elle-même rassemblerait 114 députés et représenterait 44% des électeurs, contre 143 députés et 38% des électeurs pour les Conservateurs.

Si la coalition est formée et que le gouvernement est défait, il est clair que la Gouverneure générale aura le loisir de ne pas acquiescer à la dissolution du Parlement avant de s’être assurée qu’il n’y a pas de possibilité véritable de se trouver d’autres conseillers capables d’obtenir la confiance stable des Communes. Et, à cette fin, il serait légitime qu’elle rencontre d’abord les chefs de la coalition et du Bloc québécois. Car il faut se rappeler qu’après deux gouvernements minoritaires, les électeurs viennent tout juste de refuser de donner aux Conservateurs la majorité qu’ils réclamaient et pour laquelle ils avaient déclenché les élections à l’encontre de la loi qu’ils avaient eux-mêmes fait adopter sur des élections à date fixe.

Enfin, il faut souligner que de telles règles sur l’exercice de la prérogative royale s’appliquent aussi bien à la prorogation de la Chambre des communes (qui met fin à une session parlementaire) qu’à sa dissolution (qui met fin au Parlement et déclenche des élections). Cela ne semble pas avoir été compris par les commentateurs, mais pourrait se révéler important si le gouvernement voulait éviter de perdre la confiance de la Chambre des communes en recommandant à la Gouverneure générale de mettre fin à la session en la prorogeant. La question peut donc se retrouver sur la table de la Gouverneure générale bien avant lundi prochain.
|Un rappel des règles en vigueur

1180|1228|Manchettes Mouvements_étudiant|Mobilisation étudiante contre le recrutement militaire|2008-12-01 15:39:08|L'aut'journal|Les Forces Canadiennes ont annulé un kiosque de recrutement prévu le 1er décembre au cégep André-Laurendeau en raison de l’opposition étudiante. Des étudiants ainsi que des enseignants se sont mobilisés pour perturber le kiosque de recrutement de l’armée qui devait avoir lieu ce midi. Les recruteurs en ont été informés à l’avance: ils ont annulé leur visite ce matin.

Une autre perturbation d’un kiosque de recrutement est prévue demain le 2 décembre au cégep Montmorency à Laval. Advenant la présence des militaires à Montmorency demain, une variété de moyens d’actions sera exploitée pour perturber les activités de recrutement. La manifestation débutera dès l’arrivée des recruteurs, (qui est prévue à 11:30) et se continuera jusqu’à ce qu’ils quittent les lieux.

Les étudiants avaient prévu, lors de l’événement, distribuer du matériel d’information dénonçant les pratiques des recruteurs et des interventions théâtrales. Différentes actions surprises de perturbation directe étaient également prévues par les étudiants. Ces démarches visent à rendre impossible toute forme de recrutement en rendant le kiosque de l’armée inefficace.

Selon les étudiants, les pratiques de recrutement de l'armée sont littéralement fallacieuses. La vie de militaire est tout autre que ce qui est présenté par les recruteurs. En plus de déformer la réalité, ceux-ci omettent systématiquement de mentionner aux potentielles recrues la multitude d'aspects négatifs du rôle de soldat ainsi que les motivations économiques de la présence canadienne en Afghanistan.

De surcroît, ils font la promotion à outrance d’une culture militariste, soit de l’usage de la violence sans borne pour servir des fins politiques. Une telle propagande n’a pas sa place dans nos écoles.

«Les recruteurs tentent de profiter de la précarité financière croissante des étudiants pour leur offrir des études subventionnées au sein de l'armée. Or, personne ne devrait avoir à s'enrôler, à apprendre à tuer, pour pouvoir avoir accès à l'éducation! Tout le pétrole américain ne vaut pas la vie d’un seul de nos étudiants ! » déclare Jean-François Doucet, président du syndicat des enseignantes et enseignants du collège.

Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une la campagne nationale d'opposition au recrutement militaire dans les écoles, du nom d’« Opération Objection ». Elle vise à informer les étudiants sur l'envers de la médaille d'une carrière de militaire et à organiser la mobilisation contre le recrutement sur les campus. Au cours de la dernière année scolaire, les recruteurs ont massivement annulé leurs visites dans les cégeps en raison de cette forte mobilisation étudiante.
|Perturbation des kiosques prévus dans les cégeps
1181|1229|Dossier|Rencontres syndicales II|2008-12-01 21:14:51|Pierre Dubuc|

Sommaire :

Un syndicat au cœur de la crise
La FTQ-Construction prête à revoir le mode de négociation
« On ne veut pas seulement être des ‘‘brancheux’’ et des ‘‘débrancheux’’ »
Les TCA prêts à en découdre avec Harper


Un syndicat au cœur de la crise

Quand j’ai rencontré Michel Ouimet, l’industrie forestière et papetière au Québec tremblait devant la menace que le géant Abitibi-Bowater se place sous la loi sur les arrangements avec les créanciers. Si cette compagnie tombe en faillite, c’est 7 600 travailleurs et plus de 8 900 retraités qui seraient affectés. « On est assis sur le bout de notre chaise. Déjà, la moitié des scieries et des papetières sont fermées », de dire le vice-président du SCEP-FTQ qui craint que le désastre de Lebel-sur-Quévillon s’étende à d’autres villes-ressources au Québec.

Michel Ouimet a l’habitude d’être au front. Son syndicat, comme son sigle le proclame, a des membres dans les secteurs des communications, de l’énergie et du papier. En effet, le SCEP a été sur la sellette au cours des dernières années avec la fermeture de l’usine de la Goodyear à Valleyfield, les multiples changements chez Bell Canada et, plus récemment, le conflit chez Petro-Canada qui s’est terminé par une étincelante victoire après treize mois de lock-out.

Une catastrophe sociale

Mais aujourd’hui, c’est le secteur du papier qui préoccupe cet ancien technicien en informatique chez Bell. AbitibiBowater a une dette monstrueuse de 6 milliards de dollars dont 347 millions venant à échéance le 30 mars 2009. Plutôt que de chercher un refinancement auprès des pouvoirs publics comme l’industrie automobile, la compagnie semble vouloir préférer la liquidation d’actifs, c’est-à-dire la vente d’installations hydro-électriques en Ontario et au Québec, ce qui aurait pour effet de rendre non-concurrentielles les usines qui y sont rattachées.

Finalement, c’est Hydro-Québec qui est venu à la rescousse d’AbitibiBowater en achetant pour 615 millions de dollars la part de la compagnie dans la centrale hydroélectrique de Manicouagan sur la Côte-Nord. Les travailleurs et la communauté de Baie-Comeau ont approuvé cette transaction puisque la compagnie s’est engagée à investir 100 millions de dollars dans l’usine à même les bénéfices de la vente.

Les syndicats soupçonnent AbitibiBowater de vouloir profiter de la récession pour fermer des usines étant donné la baisse structurelle de la demande de papier journal en Amérique du nord et le déplacement de la production vers l’Amérique latine et l’Asie.

Tout cela se déroule au moment où les conventions collectives viennent à échéance le 30 avril 2009. Ne pouvant ignorer le poids considérable que représente AbitibiBowater dans le secteur des pâtes et papiers avec ses onze usines et ses 5 000 travailleurs syndiqués au SCEP dans l’est du pays, le syndicat a choisi d’en faire la compagnie cible pour établir le « modèle » de négociation pour l’industrie.

AbitibiBowater a demandé une prolongation d’un an de la convention collective, mais le SCEP est réticent à accepter cette offre. Il a conclu en juillet dernier dans l’ouest du pays une entente fort avantageuse - avec des augmentations salariales supérieures à 2 % à chacune des quatre années de la convention collective -  avec la compagnie Canfor Pulp, entente qui a été appliquée, en vertu de la stratégie du « modèle », à toute l’industrie dans l’Ouest.

Le SCEP a toujours eu une convention modèle dans l’Ouest et une autre dans l’Est du pays, sans grande disparité entre les deux, et reporter la négociation avec AbitibiBowater risquerait de creuser un écart entre les deux.

Cependant, personne ne nie que le contexte est extrêmement défavorable dans l’est du pays. « En  plus des difficultés financières d’Abitibi, il y a la hausse du dollar canadien, l’entente sur le bois d’œuvre, l’augmentation du prix du pétrole, la réduction des droits de coupe qui rendent nos usines moins concurrentielles, de même que la chute de la demande avec la crise », d’ajouter Michel Ouimet.

On sent que le leader syndical a été très affecté par la fermeture de l’usine de la Domtar à Lebel-sur-Quévillon après un lock-out de trois ans. « On a tout fait pour essayer de relancer l’usine, puis pour reclasser les travailleurs. On a voulu rediriger des travailleurs vers les mines. On a poussé pour qu’ils aient accès à la formation nécessaire. Mais les mines ferment! Il est clair que les CAMO - les Comités d’adaptation de la main-d’œuvre - sont insuffisants. Nous faisons face à une véritable catastrophe sociale. »

Pour empêcher d’autres drames semblables, le SCEP a déjà fait beaucoup, localement, afin d’aménager de nouvelles pratiques pour baisser les coûts de production, mais il n’est pas question de s’attaquer aux conditions prévues par la convention modèle.

Une belle victoire chez Petro-Canada

Malgré les assauts brutaux de la compagnie, une chose est certaine, c’est que le principe de la négociation d’un contrat modèle a tenu le coup chez Pétro Canada. Michel Ouimet n’en est pas peu fier.

« C’était un lock-out sauvage d’une compagnie multimilliardaire. Mais la compagnie a frappé tout un nœud. Nous avons obtenu un très bon règlement après treize mois de lock-out, un règlement qui maintient les éléments clés de la convention modèle, un règlement ratifié par 94,6 % de nos gars », a souligné M. Ouimet.

Peu avant le déclenchement du conflit, la compagnie avait fait la « promotion » d’une vingtaine d’employés à des postes de cadres pour pouvoir les utiliser comme « scabs » et, au cours du conflit, elle a obtenu de nombreuses injonctions contre les lock-outés.

L’arrogance de Petro-Canada a été sans bornes. Au centième jour du conflit, le personnel de direction a même organisé une fête costumée pour narguer les travailleurs.  « Même les cadres ont trouvé que ça n’avait pas de bon sens », a appris Michel Ouimet.

L’objectif implicite de la compagnie était de mettre le syndicat à sa main avant de procéder à des investissements majeurs dans le cadre du projet qui devait acheminer à Montréal du pétrole en provenance des sables bitumineux de l’Alberta. Mais, avec la chute des prix du pétrole et le contexte économique actuel, le projet a été reporté.

Le seul regret de Michel Ouimet dans ce conflit est d’avoir dû abandonner les recours juridiques contre les briseurs de grève. « D’autre part, la compagnie nous accusait d’avoir violé à plusieurs reprises les injonctions et, comme il arrive souvent à la conclusion d’une entente, chaque partie a convenu de laisser tomber ses poursuites judiciaires. »

Faire face à l’anti-syndicalisme de Bell

Le SCEP représente aussi les employés de Bell Canada où l’anti-syndicalisme de la compagnie a forcé le mouvement syndical à faire preuve de beaucoup d’imagination au cours des dernières années.

On se rappellera qu’en 1999, pour contourner l’application de l’équité salariale, Bell avait profité d’un trou dans le code du travail québécois pour transférer les emplois des téléphonistes à sa filiale américaine Nordia - détenue en partenariat avec l’américaine Excell Global Services - sans obligation de maintenir le syndicat et la convention collective.

La loi permettait alors qu’une entreprise de juridiction fédérale comme Bell puisse céder une partie de ses activités à une entreprise de compétence provinciale comme Nordia, sans que cette dernière soit liée par l’ancien contrat de travail et l’ancienne accréditation. Bell avait ainsi congédié 1500 téléphonistes. Les femmes qui ont accepté, par la suite de travailler chez Nordia se sont retrouvées avec une baisse de salaire de 50 % et sans avantages sociaux par rapport à ce que les téléphonistes syndiquées recevaient. Le SCEP a bien tenté de syndiquer ces nouvelles compagnies, mais c’est extrêmement difficile de le faire en raison d’un taux de roulement phénoménal au sein de ces entreprises.

Aujourd’hui, Bell s’attaque aux employés de bureau en délocalisant leur emploi en Inde, nous explique Michel Ouimet. Ce qui est d’autant plus choquant, car ces employés ont fait de nombreux efforts pour ramener leurs conditions de travail au niveau du marché. Mais pour Bell, il semble que ce ne soit jamais assez. Dans ce contexte de menaces de sous-traitance outremer, il faut tout faire pour maintenir les emplois au Québec tout en conservant les accréditations syndicales.

Et Bell n’a jamais de cesse d’attaquer les droits de ses travailleurs. Par exemple, en 1996, lorsque la compagnie a voulu se départir de ses 850 techniciens résidentiels. Le Fonds de solidarité de la FTQ avait alors créé l’entreprise Entourage pour les embaucher. Les techniciens avaient vu leur salaire horaire chuter de 24 $ à 17 $, mais avaient réussi à maintenir leur accréditation syndicale au SCEP et surtout, à conserver leur emploi.

En 1999, Entourage a été cédé par le Fonds à Adrien Pouliot. Bell en détenait 25 % des actions.  Plus tard, Bell a rapatrié Entourage dans son girond. « J’étais extrêmement content de voir disparaître les camions jaunes d’Entourage et qu’Entourage redevienne une filiale de Bell », de raconter Michel Ouimet.

Plus récemment encore, elle a cherché à confier à la sous-traitance le travail de 500 autres techniciens d’Expertech au Québec et plus de 1 000 en Ontario. « Les camions du sous-traitant étaient achetés. Nous avons réussi in extremis à contrer Bell, mais nous avons dû accepter des concessions de l’ordre de 15 % à 20 % afin de sauver les emplois des techniciens dont des centaines étaient à la veille de prendre leur retraite », précise Michel Ouimet.

Un autre objectif auquel tenait l’ancien technicien de Bell devenu vice-président exécutif du SCEP au Québec était de regrouper au sein d’un même syndicat ses membres et ceux de l'Association canadienne des employés en télécommunications (ACET), un syndicat indépendant. Cette fusion s’est concrétisée en octobre 2007. L'ACET représentait alors 12 000 employés de bureau et des ventes au Québec et en Ontario travaillant directement chez Bell ou encore dans les compagnies que cette dernière contrôle.

« Nous avons tentés à plusieurs reprises de marauder l’ACET, mais sans succès. Ce n’est pas facile de faire signer plus de 6 000 cartes d’adhésion. C’est ce qui fait que nous avons finalement choisi de discuter. Nous avons donc pris contact avec la direction de l’ACET et entrepris de longues négociations qui ont débouché sur une entente. La fusion a été acceptée par 87 % des membres », de nous dire un Michel Ouimet, fier de la réalisation de ce rêve qu’il caressait depuis ses tous débuts de syndicaliste, il y a 30 ans.

Cette unité des employés de Bell, enfin tous regroupés dans le même syndicat, sera nécessaire pour faire face à un employeur dont la vente à Teacher’s vient d’échouer et qui fait face à la concurrence de plus en plus agressive de Videotron.

« J’ai rencontré à plusieurs reprises Michael Sabia l’ancien p. d.-g À chaque occasion, je lui ai répété qu’il fallait améliorer le service, qu’il fallait revenir à des voix humaines. Mais sans succès », de nous confier Michel Ouimet.

Il faut espérer que la concurrence rendra la nouvelle direction plus sensible à ces arguments et qu’elle comprendra que les multiples restructurations, délocalisations et sous-traitances ont insécurisé les travailleuses et les travailleurs et sont responsables d’un service pitoyable qui fait fuir les clients. C’est le message que livrera encore une fois Michel Ouimet la prochaine fois qu’il rencontrera la nouvelle direction de Bell.





La FTQ-Construction prête à revoir le mode de négociation

S’il n’en tenait qu’à Richard Goyette, le nouveau directeur de la FTQ-Construction, la prochaine ronde de négociation dans l’industrie de la construction se déroulerait bien différemment des précédentes marquées par l’habituelle campagne de maraudage entre les organisations de travailleurs.

« Face à la crise économique qui s’en vient, nous avons besoin de solidarité et non de concurrence entre les travailleurs. La loi actuelle est dépassée », lance Richard Goyette en ajoutant : « Notre attitude a changé. Nous avons une position ouverte à l’égard des autres centrales. Nous sommes prêts à mettre la main à la pâte pour trouver une approche différente ».

Rappelons que, bien que représentant 44% des travailleurs de la construction au terme de la dernière campagne de maraudage, la FTQ-Construction a été exclue de la table des négociations. Les autres organisations – même si chacune d’entre elles avait obtenue l’adhésion de moins de travailleurs – ont pu être reconnues comme interlocuteur au terme de la loi en regroupant plus de 50% des travailleurs au sein d’une coalition, l’Alliance, qui comprend le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD Construction, la CSN-Construction et le Syndicat québécois de la construction.

Quelle pourrait être l’alternative à ce modèle qui exclut l’organisation qui a obtenu l’adhésion de près de deux fois plus de travailleurs que sa plus proche rivale (le Conseil provincial avec 26% d’adhésions) ? Richard Goyette n’a pas de proposition précise à soumettre pour l’instant, mais il évoque la possibilité d’un cartel où tout le monde serait à la table de négociation. « Dans les négociations du secteur public, tout le monde est à la table, malgré la possibilité d’allégeances syndicales différentes. Pourquoi pas dans la construction? »

Est-ce que cela priverait les travailleurs du choix de leur organisation syndicale? « Non, répond-il. Le choix se ferait selon d’autres critères, comme la qualité des services que chaque organisation offre à ses membres ».

Quand le bâtiment va, tout va !

L’enjeu est de taille pour les travailleurs et leurs organisations car tous prévoient des temps difficiles pour les 140 000 salariés du secteur, le deuxième en importance au Québec, dont l’activité représente 11% du PIB.

Déjà, le chômage est structurellement associé à l’industrie de la construction, étant donné son mode d’opération. Les chantiers ouvrent, les chantiers ferment. Leur durée de vie ne dépasse pas en moyenne deux mois et demi. Entre deux chantiers, il arrive souvent que les travailleurs se retrouvent sur l’assurance-emploi. « On nous condamne à chômer pour avoir une main d’œuvre disponible quand on en a besoin», constate Richard Goyette qui ne comprend pas comment, dans ces conditions, certains peuvent accuser les travailleurs de fainéantise ou d’être des profiteurs.

Le système actuel prévoit la constitution de bassins de main d’œuvre régionaux pour que la priorité dans l’embauche soit donné aux travailleurs de la région. « Nous favorisons également l’approvisionnement des entrepreneurs en biens et services pour la construction et hors construction dans la région », ne manque pas de souligner le directeur de la FTQ-Construction en insistant sur le fait que le développement économique régional est un objectif de son organisme.

Soucieux de la sauvegarde des intérêts régionaux, Richard Goyette l’est tout autant de ceux du Québec dans l’ensemble canadien et international. Au mois de mars dernier, quand le premier ministre Charest a rendu public ses projets de « nouvel espace économique » avec la France et l’Europe, mais également dans le grand tout canadien, Richard Goyette est intervenu pour souligner que l’industrie de la construction était directement touchée par ces projet. D’une part, par le biais d’une entente France-Québec sur la reconnaissance des compétences des travailleurs qualifiés. Ensuite, par la mise en œuvre complète de l’Accord sur le commerce intérieur (ACI) quant à la mobilité de la main-d’œuvre à travers tout le Canada.

Richard Goyette, alors directeur-adjoint, a averti le gouvernement Charest que « de telles ententes ne peuvent se réaliser sans la concertation et la participation active des différents acteurs de l’industrie de la construction du Québec»

Pénurie ou manque de rétention de la main d’oeuvre

Les médias parlent souvent d’une pénurie de main d’œuvre dans le domaine de la construction. Richard Goyette aborde le sujet sous un autre angle. « Je parlerais plutôt du manque de capacité de rétention des travailleurs », précise-t-il en pointant du doigt toute la question de la santé et de la sécurité au travail.

« ‘‘De la façon dont on travaille, ça ne ressemble pas à ce que j’ai appris à l’école’’, nous disent plusieurs jeunes pour justifier leur choix de quitter la construction pour un autre secteur d’activité », signale-t-il.

« Il y a dix ans, avec 4% de la main d’œuvre, l’industrie comptait 18% des décès. Aujourd’hui, avec 5% de la main d’œuvre, c’est 25% des décès! », s’indigne celui qui, après des études en droit et son admission Barreau du Québec, a enseigné à l’Université de Montréal la santé et la sécurité du travail de 1982 à 1996 et qui préside depuis plusieurs années le comité de santé-sécurité de la FTQ.

Prenant la craie, il se dirige vers le tableau et nous explique en détails les grands et généreux principes de la Loi sur la santé et la sécurité au travail et … leur non application sur la plupart des chantiers du Québec! « Les dispositions de la loi sont appliquées sur seulement 13% de l’ensemble des secteurs d’activité au Québec et 3% des chantiers. Sur les chantiers, il n’y a pas d’identification des problèmes, pas de comité santé-sécurité, pas de représentant à la prévention. Et les amendes sont ridicules. Le maximum est fixé à 20 000 $, alors que c’est un million de dollars dans d’autres provinces. »

« Pourtant, ce serait faisable, ajoute-t-il. On l’a fait dans les mines et le nombre d’accidents a chuté. Mais, dans la construction, on pense à court terme, on pousse les gens dans le dos en pensant économiser, alors que toutes les études démontrent que ces mauvaises méthodes de travail haussent les coûts de production. »

Le travailleur de la construction est aussi un citoyen

Richard Goyette, qui vient d’une famille d’ouvriers de la construction, a commencé sur les chantiers comme manœuvre à l’âge de 18 ans. À 23 ans, il était élu sur l’exécutif provincial et se voyait charger des dossiers sociaux : assurance-emploi, santé et sécurité au travail, retraite.

Aujourd’hui, plus de 35 ans plus tard, il leur accorde toujours la plus grande importance. « Le travailleurs de la construction a droit, affirme-t-il, à un emploi qui s’exerce dans la dignité et le respect de sa santé et sa sécurité autant sur le plan physique que psychologique. Cet emploi doit lui procurer un revenu décent et lui permettre de se réaliser dans sa vie professionnelle et personnelle. »

Il poursuit : « La société dans laquelle il évolue doit lui permettre de bénéficier de services de qualité en matière d’éducation et de formation, de santé et de sécurité du revenu. Et ces services doivent avoir un caractère public. »

Ces grands principes, ils sont inscrits dans la mission de la FTQ-Construction. Cela explique pourquoi le syndicat s’est engagé à fond dans la campagne contre la privatisation des soins de santé.

Richard Goyette est aussi fier de nous souligner que « la FTQ-Construction participera à la construction des cinq patinoires extérieures que la Fondation du Canadien de Montréal pour l’enfance offrira à différents quartiers de Montréal » et qu’elle s’est associée depuis longtemps à la Maison Victor-Gadbois qui offre gratuitement des soins palliatifs spécialisés à des gens atteints du cancer en phase terminale et au Groupe GYM pour soutenir le Club des petits déjeuners du Québec.

Richard Goyette veut changer l’image des travailleurs de la construction. « On nous présente souvent comme des gens dangereux. Mais j’ai envie de dire aux gens : le travailleur de la construction, c’est celui que vous côtoyer dans votre école, votre hôpital, votre quartier. »

Changer le régime de négociation pour mettre fin aux luttes fratricides. Changer l’image des gars de la construction. Et, pourrions-nous ajouter, changer aussi l’image de la FTQ-Construction. C’est le programme que s’est donné Richard Goyette, son nouveau directeur.



« On ne veut pas seulement être des ‘‘brancheux’’ et des ‘‘débrancheux’’ »

Nous avons rencontré Réjean Porlier, le nouveau président du Syndicat des technologues d’Hydro-Québec (SCFP 957-FTQ), le jour de la première tempête de neige dans les Laurentides. Une grosse neige mouillée, lourde, celle qui casse les branches, provoque des interruptions de service et nous fait réaliser notre dépendance à l’électricité.

Ses gars, avec ceux des autres unités d’Hydro-Québec, s’employaient à rétablir le service, au grand soulagement des milieux touchés, ce qui est toujours une occasion de constater que le « courant » passe toujours entre la population québécoise et les employés d’Hydro.

Réjean Porlier nous a accordé cette entrevue entre deux assemblées au beau milieu de sa tournée du Québec. Nouvellement élu président – le 15 juillet dernier – avec son collègue Owaldo Montega au poste de secrétaire-trésorier, Réjean s’est donné pour mandat de « raccorder la base avec le haut de la structure ».

Originaire de Sept-Iles, le nouveau président a hésité longuement avant de poser sa candidature à la présidence de son syndicat. Mais des dossiers non réglés, malgré une entente générale intervenue entre Hydro-Québec et ses employés sur le renouvellement de la convention collective, ont vaincu ses résistances.

Ces dossiers, un peu complexes pour des observateurs extérieurs, mais importants pour les personnes concernées, traînent depuis plusieurs années. Depuis 2001, dans le cas du dossier « Valorisation » pour les postes intermédiaires de chefs d’équipe, de supports techniques, de responsables de la coordination. « Les techniciens et les techniciennes sont victimes de leur professionnalisme, accumulant au fil des ans un lot de responsabilités pour lesquelles ils ne sont pas reconnus tout en s’assurant de prendre tous les moyens pour livrer la marchandise », nous explique Réjean pour justifier l’ajustement salarial réclamé.

Un autre dossier touche des différences salariales importantes – pouvant aller jusqu’à 13 000 $ par année – entre des membres de son unité et ceux d’une autre unité syndicale pour le même travail.

Enfin, il y a toujours la volonté du syndicat de maintenir l’expertise chez les gens de l’entretien et de contrer la tendance d’Hydro de profiter des nouvelles possibilités technologiques pour tout rapatrier à Montréal. « On ne veut pas être seulement des ‘‘brancheux’’ et des ‘‘débrancheux’’, ajoute Réjean, Il faut que nos gens, particulièrement la relève, les plus jeunes, puissent avoir un plan de carrière dans leur région. »

C’est pour mobiliser sur ces dossiers ses 2 500 membres répartis sur l’ensemble du territoire québécois que Réjean a entrepris sa tournée. « Pour mener les dossiers à terme, il faut impliquer les gens concernés, précise le nouveau président. Je veux m’entourer de gens qui vont me pousser. Je veux pas tirer. »

Réjean veut revenir à des formes d’action plus directes, basées sur la mobilisation des membres. « Un grief, ça prend de 3 à 5 ans avant de se régler. Je crois plus dans l’action syndicale pour des résultats directs. »

Bien qu’il mette pour l’instant l’essentiel de ses énergies à remobiliser ses membres sur leurs intérêts particuliers, Réjean Porlier demeure préoccupé par les grands enjeux nationaux, particulièrement dans le domaine de l’énergie.

Il y a bien entendu l’éolien, dont les syndicats d’Hydro revendiquent depuis plusieurs années la nationalisation, mais également le dossier des petits barrages privés. « Il y a dix ans, j’avais levé une mobilisation contre la privatisation d’Hydro. Aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a de plus en plus de petites centrales privées, sans que cela suscite beaucoup de réactions. Il y a des projets de construction sur la rivière Sheldrake, sur la Rivière-au-Tonnerre sur la Côte Nord. Mais ce n’est pas facile de mobiliser la population », nous dit celui qui fait le pari qu’il pourra y intéresser ses membres après avoir revitaliser sa structure syndicale à partir des questions qui les concernent directement.

Réjean Porlier semble bien parti pour gagner son pari. Une visite sur le site Internet du syndicat m’apprend qu’il a obtenu l’appui de 96% de ses membres dans le dossier « Valorisation ».


Les TCA prêts à en découdre avec Harper

« Il faut tout mettre en oeuvre pour battre les Conservateurs », me lance Jean-Pierre Fortin – le nouveau directeur des TCA-Québec qui succède à Luc Desnoyers maintenant à la retraite – rencontré le jour même où La Presse publiait un sondage donnant le parti de Stephen Harper en avance sur le Bloc au Québec. « C’est sûr que Harper veut aller aux urnes avant que la crise économique s’intensifie et, surtout, avant les élections américaines de crainte qu’Obama l’emporte », précise-t-il.

Ma rencontre avec Jean-Pierre Fortin m’a confirmé que les élections américaines suscitent énormément d’intérêt auprès des syndicalistes québécois. Ses collègues, attablés avec nous avant l’entrevue, supputaient les chances d’Obama. On aimerait bien qu’il gagne, mais on n’ose y croire. « Les Américains sont-ils prêts à élire un Noir ? », se demande-t-on avec scepticisme.

Mais le discours d’Obama et d’Hillary Clinton – elle s’est adressée au congrès la veille de notre rencontre – étonne et plaît. « Les deux ne craignent pas de parler du monde ouvrier, de syndicalisation, de la nécessité d’un système de santé pour tous. Ce n’est pas le discours qu’on entend de nos politiciens ces temps-ci », constatent-ils.

Le nonobstant contre l’arrêt Chaoulli

Jean-Pierre Fortin est particulièrement intéressé par la préoccupation exprimée pour les travailleurs victimes de fermetures d’usines et pour le système de santé. « Au Québec, nous voyons les effets de l’arrêt Chaoulli de la Cour suprême. Il ne devait y avoir que trois opérations (cataracte, genou et hanche) qui pouvaient être confiées aux cliniques privées. Mais, avant de quitter son poste de ministre de la Santé pour le privé, Couillard a augmenté la liste à 56 opérations ! Chez nous, aux TCA, nous croyons qu’il faudrait invoquer la clause nonobstant pour soustraire le Québec au jugement de la Cour suprême et protéger le caractère public de notre réseau de la santé. »

Le nouveau directeur des TCA est aussi très inquiet face aux perspectives économiques et à l’insouciance des gouvernements. « Seulement au cours de la dernière année, trois des usines où nous avions des membres ont fermé : Exceldor (volailles) avec 225 emplois perdus; AGC (verre plat), 250 emplois; Honeywell (aérospatiale), 200 emplois. » Ce dernier cas témoigne de l’incurie gouvernementale. « L’entreprise a obtenu des milliers de dollars en contrats militaires, mais ça ne l’a pas empêchée de fermer au Québec et déplacer sa production au Texas », s’insurge Jean-Pierre.

Au Québec, les TCA représentent toujours plus de 22 000 travailleuses et travailleurs, concentrés principalement à l’Alcan, Prévost Car, Nova Bus, Via Rail, CNCP, Bombardier et Pratt & Whitney, l’entreprise d’origine de Jean-Pierre Fortin.

Faire ses classes dans le conflit de la United Aircraft

« À l’époque, la compagnie s’appelait United Aircraft. J’ai été embauché en juin 1973. Six mois plus tard, en janvier 1974, nous tombions en grève », raconte-t-il en rappelant avec fierté que le long conflit de plus de 20 mois, un des plus célèbres de l’histoire ouvrière du Québec, est à l’origine de l’adoption par le gouvernement du Parti Québécois de René Lévesque de la formule Rand et de la Loi anti-scabs.

Jean-Pierre a été très actif dans la reconstruction du syndicat après le conflit. « Il faut savoir, précise-t-il, qu’il n’y avait plus, lorsque la production a repris, que 800 ex-grévistes sur les 2400 employés. Nous côtoyions les anciens scabs dans l’usine. Les patrons ont flairé la bonne affaire et ont suscité un mouvement pour faire révoquer l’accréditation syndicale. Nous l’avons contré de peine et de misère avec 50% des voix et des poussières. Mais nous l’avons contré !»

Pour effacer les vieilles plaies et mobiliser à nouveau les travailleurs, Jean-Pierre a pris en charge le comité d’information. « Avec nos bulletins d’information, nous avons montré aux travailleurs qu’ils étaient payés 1,25$ de moins que les autres travailleurs de l’aérospatiale. C’était énorme, si on tient compte que le salaire horaire tournait autour de 6-7 $. Puis, nous avons convoqué une assemblée pour exiger la réouverture de la convention collective. Plus de 1 200 travailleurs se sont pointés, autant d’ex-scabs que d’ex-grévistes, tous unis désormais face à la compagnie. »

Identifié par l’employeur comme leader du mouvement, Jean-Pierre est congédié. Mais le tribunal du travail ordonne son retour au travail. « J’ai été convoqué par le directeur du personnel qui m’a dit : C’est la première fois qu’on perd sur une question de congédiement. Tu me sembles un gars brillant. Si tu l’es, tiens-toi loin du syndicat ».

Le lendemain, le syndicat faisait parvenir au patron une lette annonçant sa nomination au poste de délégué d’usine. Le patron s’acharne et le congédie à nouveau. Mais l’argument ne tient pas et Jean-Pierre est réembauché. Pour signifier à la direction qu’elle va devoir mener toute une bataille si le harcèlement se poursuit, il est nommé président du comité syndical.

Avec Bob White pour la fondation des TCA

Par la suite, Jean-Pierre Fortin siègera au Conseil québécois de ce qui était à l’époque les TUA, les Travailleurs unis de l’automobile, affiliés au syndicat américain. « Nous avions formé un conseil québécois parce que nous ne nous sentions pas à l’aise au sein du Conseil canadien en tant que Québécois. »

En 1984, devenu président du Conseil québécois, il prend part à la lutte épique des travailleurs de l’automobile qui allait mener à la scission avec le syndicat américain et mener à la création des Travailleurs canadiens de l’automobile. « Les syndicats américains avaient fait d’importantes concessions à Chrysler et voulaient nous les imposer au Canada. Avec Bob White à notre tête, nous avons décidé de quitter les TUA et former les TCA. J’étais de l’équipe qui a pris cette décision historique », se remémore-t-il avec une grande fierté.

Depuis 1990, Jean-Pierre est permanent chez les TCA, d’abord pour les services aux membres, puis au recrutement. Depuis 2004, il est l’adjoint de Luc Desnoyers à qui il succède. Avec Jean-Pierre Fortin à la barre, les TCA vont continuer à être le syndicat le plus actif au plan politique au Québec. « Dès que l’élection fédérale sera déclenchée, nous réunirons les représentants de nos sections locales pour analyser la situation et concentrer nos énergies dans les circonscriptions où notre aide sera la plus en mesure de faire élire les députés du Bloc Québécois », déclare-t-il prêt à en découdre avec le gouvernement Harper. 

 



 

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1182|1230|Manchettes Politique_Canada|Crise politique à Ottawa: une chance inespérée pour les souverainistes|2008-12-02 07:51:17|SPQ Libre|

Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc
Respectivement président et secrétaire de Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre)

La crise politique, sur fond de débâcle économique, qui vient de s’ouvrir à Ottawa change complètement les perspectives de l’élection québécoise. Dans le discours du Trône, Stephen Harper avait annoncé son intention de marginaliser le Québec au sein de la fédération canadienne en procédant à une réforme du Sénat mais, surtout, en apportant des modifications à la carte électorale dans le but d’augmenter d’une douzaine de circonscriptions la représentation des provinces de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario.

Stephen Harper signifiait ainsi qu’il renonçait définitivement à courtiser le Québec pour les sièges qui lui permettraient, lors d’un prochain scrutin, de former un gouvernement majoritaire. Sur les recommandations de son mentor Tom Flanagan, Stephen Harper cherchera désormais sa majorité parlementaire en faisant des gains auprès de l’électorat ethnique des banlieues de Toronto et de Vancouver, où les nouvelles circonscriptions seraient créées.

Le dépôt de l’énoncé économique du ministre des Finances Jim Flaherty confirmait la mise à l’écart définitive du Québec avec la réduction des montants de la péréquation et l’absence totale de mesures pour venir en aide aux secteurs industriel et forestier durement frappés par la crise économique.

Le Bloc et la balance du pouvoir

Mais, par un extraordinaire renversement de situation, le Bloc Québécois peut aujourd’hui poursuivre sur la lancée qui lui a permis d’empêcher la formation d’un gouvernement conservateur majoritaire à Ottawa. Non seulement la victoire du Bloc empêche l’interdiction du droit de grève dans la fonction publique fédérale, le rejet des programmes d’équité salariale et la destruction des partis d’opposition par l’assèchement de leur financement, mais elle permet la formation d’un gouvernement de coalition des libéraux et du NPD. Hier, Harper voulait marginaliser le Québec; aujourd’hui, le Québec se retrouve avec la balance du pouvoir ! Quel revirement !

Toutefois, la crise est loin d’être terminée et il est difficile d’en prévoir les conséquences. Cependant, déjà, nous voyons les forces conservatrices et plusieurs commentateurs politiques de Toronto et de l’Ouest du pays accuser les libéraux et le NPD de poser un acte contre-nature en s’associant aux « séparatistes » du Québec et il n’est pas exclu que nous assistions éventuellement à un ressac anti-Québec dans le reste du Canada.

Rappelons-nous de l’après-Meech

Dans ces circonstances, la crise pourrait facilement mener à une montée de l’effervescence nationaliste au Québec comme au lendemain de l’échec de l’entente du Lac Meech. Les souverainistes se souviennent très bien que l’indépendance leur a alors échappé, même si plus de 60% de la population y était favorable selon les sondages, parce que le Québec était dirigé par le gouvernement libéral de Robert Bourassa. Il ne faudrait pas se retrouver dans une situation analogue. L’indépendance du Québec semblait, hier encore, une perspective bien lointaine, mais elle pourrait rapidement s’imposer comme la seule issue québécoise à la crise.

Un seul choix : marginalisation ou indépendance

La perspective développée par le gouvernement Harper de pouvoir désormais gouverner le Canada sans le Québec a été saluée avec enthousiasme par des commentateurs politiques chevronnés comme Jeffrey Simpson de Toronto et Norman Spector de Vancouver. À cause d’une conjoncture politique bien particulière, le Québec peut y échapper cette fois-ci, mais la chute du poids démographique du Québec dans la fédération canadienne devra tôt ou tard se traduire par une nouvelle répartition des sièges à la Chambre des communes. On ne pourra s’opposer longtemps au principe démocratique fondamental de la représentation selon la population. Deux solutions sont possibles : un statut particulier pour le Québec – ce qui a déjà été refusé pour bien moins lors de Meech – ou l’indépendance du Québec.

La crise politique actuelle offre une chance inespérée aux forces souverainistes de préparer le terrain pour faire valoir éventuellement leur solution à la crise constitutionnelle canadienne avec l’indépendance du Québec. Mais, pour cela, il faut élire un gouvernement du Parti Québécois à Québec. En laissant la porte ouverte à la tenue d’un référendum sur la souveraineté, Mme Marois maintient cette option au jeu.

Finalement, nous sommes devant un choix similaire à celui qui se présentait à Ottawa. Ou bien nous réélisons un gouvernement dirigé par le conservateur Jean Charest dont il est facile d’imaginer – son premier mandat nous l’a amplement démontré – qu’il prépare pour faire face à la crise des mesures semblables à celles de l’énoncé économique de Jim Flaherty. Ou bien nous nous arrimons à la coalition nouvellement créée à Ottawa avec l’élection du Parti Québécois. Mme Marois pourra alors répéter fièrement qu’elle a les « mains liées » à celles du Bloc Québécois et à celles de tous les souverainistes québécois.

|Hier, Harper voulait marginaliser le Québec; aujourd’hui, le Québec se retrouve avec la balance du pouvoir ! Quel revirement !
1183|1231|Caricatures|Juste en cas d'urgence!|2008-12-02 08:02:27|Simon Banville|

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1184|1232|Manchettes Coups_de_gueule|Arrêtons de dénigrer les « states »|2008-12-02 16:46:34|Léo-Paul Lauzon|Ma très mauvaise, et ancienne, attitude vient de mon ami Michel Chartrand, que m’ont dit mes thérapeutes. Et c’est lui qui, en plus, m’a appris à sacrer. Je me suis donc inscrit à une thérapie sur le «jovialisme lucide éclairant» donné par un genre de Bernard Landry en plus positif mais moins cultivé, mais qui ne l’est pas?

C’est bizarre, et je n’aurais jamais cru ça possible, mais depuis ma thérapie, je trouve les States maintenant formidable comme pays. Par exemple, prenons les mauvais traitement infligés aux détenus irakiens à la prison d’Abou Ghraïb par les soldats américains… Eh bien, c’était juste du dénigrement gratuit et de l’antiaméricanisme primaire.

Dans le Journal de Montréal du 4 août 2004, la jeune et patriotique militaire américaine Lynndie England, qui s’était fait connaître avec des photos la montrant se moquant de prisonniers irakiens enchaînés et battus, l’a dit : «C’était pour rigoler». Mon Dieu que les Irakiens n’ont pas le sens de l’humour… Se faire torturer, y’a rien de plus drôle, non?

Dans un autre article du même journal du 7 février 2008 intitulé : «La Maison-Blanche d’accord avec la simulation de noyade», ben moi, en plus de trouver ça rigolo, je considère que les Américains sont trop bons et apprennent à des méchants musulmans à nager gratos.

Peut-être une médaille en natation pour l’Irak aux prochains jeux olympiques? La guerre en Irak peut ben leur coûter un bras, pas aux prisonniers irakiens, s’entend mais aux Yankees! Trop de bonté m’émeut!

Puis, dans le cas de massacres répétés, dont celui de Haditha, toujours en Irak, il n’y en aura plus de problème puisqu’il y aura dorénavant : «Des cours d’éthique pour les soldats américains en Irak» que titrait La Presse du 21 juin 2006. Et pour les viols commis par les soldats américains sur leur base militaire au Japon, le Journal de Montréal du 20 février 2008 titrait : «Les soldats américains vont être formés».

Merde, ce ne sont plus des soldats, l’armée américaine est devenue une secte de missionnaires humanistes et de bérets blancs.

Et, en Irak justement, la mission humanitaire de Bush commence à porter fruit comme le laisse voir le titre de cet article du Journal de Montréal du 9 août 2004 : «La peine de mort rétablie en Irak». Enfin, la liberté revenue, merci beaucoup monsieur Bush.

Une crainte m’est toutefois venue à la lecture de ce texte du 16 juillet 2004 du même quotidien intitulé : «Le nouveau gouvernement irakien veut faire la guerre aux terroristes». Dans ma petite tête je me suis dit : «Mon doux Jésus, le gouvernement irakien veut-il faire la guerre aux Américains». La vigilance est de mise avec ces gens pas portés une miette sur les accommodements dits raisonnables.

«Bévue américaine : six militaires irakiens tués par erreur» que titrait le Journal de Montréal du 4 septembre 2008 et «Afghanistan : Une bavure de la coalition fait 90 morts», titre d’un article du Journal de Montréal du 25 août 2008. Bon, les «zumanistes» vont encore grimper dans les rideaux.

Dans un article de La Presse du 26 août 2008, Bush en personne l’a dit : «Ce sont des bavures légitimes» et il a dit qu’il a de la grosse «pé-peine» pour les malheureux et malchanceux civils tués (Journal de Montréal, 4 septembre 2008). Ils étaient juste au mauvais endroit, au mauvais moment.

Enfin, on passera pas le réveillon sur ces quelques décès d’étrangers. Après tout, ce ne sont pas des Américains! Merde, c’est un prix minime qu’ils doivent légitimement payer s’ils veulent que les Américains amènent enfin la démocratie chez eux et reconstruisent leurs pays! Reconstruisent ce qu’ils ont détruit s’entend et l’argent des Irakiens et des Afghans. Eux aussi doivent faire leur part, pas juste les Américains.

Faut tout de même pas exagérer. Vous savez bien que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Alors, arrêter de chiâler et de râler pour quelques «dommages collatéraux» inévitables. Et puis dans un article de La Presse du 6 août 2007 rédigé par le journaliste Alexandre Sirois, George W. Bush a dit : «Il y a l’épaule de Dieu sur laquelle je peux pleurer. Et je pleure beaucoup». Un saint homme que je vous dis qui ne serait pas capable de faire mal à une mouche à chevreuil.

Oui, les États-Unis est le pays le plus libre et le plus démocratique du monde comme le prouve éloquemment le titre de cet article paru dans Le Devoir du 22 août 2001 : «Un condamné à mort préfère la chaise électrique». Clisse, on lui a donné le libre choix entre la pendaison, l’injection mortelle et la chaise électrique. Ainsi, il sera électrocuté aux frais de l’État… au prix que coûte l’électricité aux States, ils font preuve de trop de charité, si vous voulez mon avis. On devrait au moins exiger qu’il paie lui-même sa facture d’électricité. Me semble qu’avant son départ c’est la moindre des choses.

Et, en plus, les Américains sont très pieux comme le laisse voir le titre de ces deux articles : «Essence : On prie Dieu pour faire baisser le prix» (Journal de Montréal, 27 avril 2006) et «Pour vendre votre maison : Priez Saint Joseph» (Journal de Montréal, 20 septembre 2007). Du ben bon monde à l’image de George W. Bush, leur président chéri, qui, selon moi, devrait être béatifié et canonisé de son vivant par le Vatican. C’est bien la moindre des choses.

Et dire que le pape Benoît XVI a refusé de recevoir la secrétaire d’État américaine, la très bonne Condoleezza Rice à l’été 2007 (Journal de Montréal, 20 septembre 2007). Shame on the «pape». Même les gens d’affaires responsables de la crise financière, qui va coûter au moins 1300G$ au citoyen américain, prient. «Les financiers à l’église» que nous dit le Journal de Montréal du 24 septembre 2008 : «Les gens s’assoient, prient ou pleurent» qu’a dit le révérend. C’est-y pas beau ça? Après ce qu’ils ont fait, ils pourraient aussi s’agenouiller et demander pardon au lieu de verser des larmes de crocodile comme ils en ont l’habitude. Par contre, je suis sûr qu’ils ont fait griller quelques lampions format «king size» et jumbo en couleurs pour les loustics qu’ils ont floués.

Plusieurs Saints doivent tiquer et se retourner dans leur tombe à voir le vaudeville de ces bandits repentis. Moi, ma solution serait de les faire méditer en prison au frais de l’État, et pour longtemps en plus de ça. La prison, un merveilleux endroit propice au recueillement.

Vous voyez, ma thérapie me transfigure et je deviens de plus en plus magnifiquement miséricordieux. Tiens, juste pour vous, une preuve indubitable de la religiosité des Américains tel que révélé dans le titre de cet article de La Presse du 24 août 2005 : «Un télévangéliste américain (Pat Robertson) réclame l’assassinat du président vénézuélien (Hugo Chavez)». C’est Dieu qui lui a fait part de cette mission divine pour le bien des States, donc de l’humanité.

Dans mon prochain article, je poursuivrai ma tirade, que dis-je, mon élan d’amour sur les États-Unis, pays de la liberté individuelle, notamment celle de porter une arme à feu comme on le verra… Vous aussi vous aller vous laissez charmer par ce pays, je vous le garantis! Ce que ça fait du bien une thérapie, on voit les choses plus joyeusement, vous ne trouvez pas?
|Depuis ma thérapie, je trouve les States formidable comme pays
1185|1233|Analyses Culture|Nouvelles du Saguenay: Hélène Pedneault|2008-12-02 16:53:42|Pierre Demers|Le 16 mars 2004, le syndicat des profs du Cégep de Jonquière (SPECJ) invite Hélène Pedneault qui a fait ses études collégiales dans cette institution de 1968 à 1970, à devenir marraine du syndicat.

On est alors en pleine négociation de notre convention collective qui va déboucher sur un décret/loi 142 imposé par le gouvernement Charest, le 15 décembre 2005. Vous vous souvenez ?

Elle accepte avec empressement et vient donner une conférence devant notre assemblée sur la montée de la droite au Québec. Elle en profite pour lancer Mon enfance et autres tragédies politiques, journal intime et politique publié chez Lanctôt éditeur dans une brasserie de la rue Saint-Dominique à Jonquière, sa ville natale.

J’ouvre au hasard le livre rempli de chroniques politiques d’une profonde lucidité et je tombe sur un paragraphe qui me rappelle ce qui se passe actuellement dans notre beau pays/province coast to coast.

«On ne peut pas vivre sans tenir compte de notre esprit, de notre psychique, de notre imaginaire. Quand on met de côté ces parties de nous, il y a forcément une déperdition de chaleur par toutes nos fissures. Cela crée une brèche par où peut entrer le froid. Mais le monde dans lequel on vit n’est basé que sur l’économie (C’est moi qui souligne). Toutes les décisions sont prises la calculatrice à la main, l’esprit vide.

« C’est une erreur. Pour qu’un peuple vive, il faut que sa culture précède son économie, de la même façon que les bourgeois sans argent ne se sont jamais sentis pauvres, parce qu’ils possédaient la culture que les vrais pauvres n’avaient pas.

« Une économie qui n’est pas précédée par la culture de son peuple, qui n’a pas ses assises dans une culture reconnue, aimée, forte, vivante et nourrissante, ne restera jamais qu’un vulgaire exercice fiscal.

« Une économie qui ne s’occupe pas de culture et qui trouve toujours qu’elle est un luxe et non une nécessité est une absurdité, et même un mensonge, parce qu’elle nous réduit à n’être que des consommateurs, des travailleurs, des producteurs de biens ou de services, alors que nous sommes beaucoup plus que cela. »
(17 février 1995).

Voici l’entrevue qu’elle accordait au SPECJournal, journal du syndicat des profs, le 11 mars 2004.

Que contient le livre que vous venez de sortir chez Lanctôt Éditeur ?

Hélène Pedneault : Il regroupe vingt ans de chroniques, entre 1984 et 2004, mais surtout des textes écrits après la mort de la revue La Vie en rose en 1987. Il y a trois textes qui datent de 1984, que j’avais publiés dans la Vie en rose, mais ce ne sont pas des chroniques délinquantes. Je trouve que ces trois textes allaient bien dans ce livre.

Ce sont des textes écrits un peu partout (une centaine) en dehors de trois grandes séries de chroniques qui forment les trois premiers chapitres : dans le magazine Guide ressources, dans la Gazette des femmes et dans des émissions animées par Marie-France Bazzo.

Il contient neuf chapitres. J’ai regroupé les autres chroniques sous les thèmes : femmes, eau, Québec, médias, divers et grand bal des exclus. Ils ont été publiés dans le Voir, La Presse, le Devoir et différents magazines. J’ai aussi inclus des conférences que j’ai données devant différents groupes et qui allaient dans mon «Journal intime et politique » qui est le sous-titre de mon livre et le fil conducteur de tous les textes.

Comment se porte le féminisme d’ici au lendemain de la sortie de Jean Pelletier ?

H. Pedneault : Ça ne lui fait pas un pli sur la différence. Le féminisme est et restera dans l’histoire. C’est la plus grande révolution mondiale qui aura réussi à ne pas verser une seule goutte de sang. Jean Pelletier n’est même pas une goutte dans notre beau raz-de-marée. J’arrive de Québec, et personne n’est étonné de ses propos sur Myriam Bédard. Il s’est fait un spécialiste de ce genre de sorties pendant ses trois mandats comme maire de Québec, à l’instar d’André Arthur. Il faudrait se demander pourquoi la ville de Québec génère de tels imbéciles mal embouchés…

La droite se porte-t-elle bien au Québec ?

H. Pedneault : Non. C’est la gauche qui se porte très bien, ainsi que le mouvement indépendantiste qui va avec. Jean Charest est une personne très utile finalement puisque, par son manque de sensibilité et d’appartenance, il oblige les Québécois-es à prendre position sur chacune de ses incuries et donc, à se demander sérieusement dans quelle type de société ils veulent vivre. On va peut-être réaliser ce fameux «projet de société » dont on se gargarise depuis si longtemps et qui ne se concrétise jamais.
|Elle était la marraine de notre syndicat
1186|1234|Manchettes Politique_Québec|VLB répond aux demandes de la CSN|2008-12-02 16:58:10|Victor-Lévy Beaulieu|Cher Monsieur Couture,

En tant que collaborateur régulier de L’Aut’journal qui a pour mission de défendre la cause syndicaliste, il me fait plaisir de répondre à vos questions.

1) La réforme du mode de scrutin

J’ai été, notamment avec Paul Cliche, l’un de ceux qui demandent depuis des années que notre mode de scrutin archaïque soit révisé en profondeur au profit d’une représentation à la proportionnelle.

2) Lois 7 et 8

Je suis tout à fait en accord avec la syndicalisation des 25 000 travailleuses de la santé et des services sociaux. Tous les travailleurs québécois devraient et doivent avoir les mêmes droits.

3) On sait que le gouvernement du Québec comme employeur est celui qui traite les syndiqués le plus durement. Qu’on pense notamment aux employés de Loto-Québec qui les traite comme du bétail, à ceux d’Urgence-Santé, à ceux de la fonction publique et, plus généralement, à tous ces travailleurs qui doivent signer des conventions qui, avec la bénédiction du gouvernement, leur enlèvent leurs droits acquis. Le droit à la libre association est de plus en plus difficile à faire respecter et je suis d’avis que toutes les centrales syndicales et tous les citoyens du Québec devraient faire coalition pour mettre fin à ce qui est un véritable scandale.

4) Affronter la crise économique et soutenir le secteur manufacturier

Plutôt que de couper l’aide que les régions-ressources reçoivent des gouvernements, ces derniers devraient investir davantage dans notre région pour que soient davantage protégées les entreprises, donc les travailleurs. Allégements fiscaux, un meilleur programme d’aide à l’emploi, aide accrue sous forme de subventions et de prêts sans intérêts, aide accrue à l’exportation.

5) Services publics

Santé
Étant contre la privatisation (même partielle) de notre système de santé, j’appuie par conséquent toutes les mesures qu’entend prendre la CSN pour que nos services publics en santé ne soient pas démantelés au profit d’entrepreneurs privés qui, là comme ailleurs, vont privilégier la notion de profit au droit qu’ont les citoyennes et les citoyens d’avoir des soins de santé gratuits.
Éducation
Je suis un fervent défenseur de la gratuité scolaire pour que chacun dans notre société ait droit à l’égalité des chances. Dans mon programme, j’appuie les demandes des associations étudiantes, notamment en ce qui a trait au sous-financement de l’éducation.

6) Partenariats public-privé

Je suis absolument contre ce modèle économique qui, à long terme, ne peut qu’amener le démantèlement de l’État-Nation comme force de régulation dans un monde où le capitalisme sauvage démontre qu’il est un facteur scandaleux d’appauvrissement de la société plutôt que de son enrichissement.

7) Services de garde

D’accord avec ce que suggère la CSN : qu’on ajoute 38 000 places en garderie et qu’on accorde aux enfants des milieux défavorisés une attention particulière.

8) Environnement et développement durable

Je défends depuis des années une amélioration du service ferroviaire pour deux raisons : le fret ferroviaire allégerait notre réseau routier et en protégerait les infrastructures; un meilleur service pour les voyageurs désencomberait les routes et serait moins polluant; le rétablissement du cabotage sur le fleuve Saint-Laurent contribuerait aussi à la dépollution et serait moins coûteux.

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Je me permets d’ajouter ici un élément qui ne fait pas partie des demandes de la CSN du Bas Saint-Laurent et qui me paraît de la plus haute importance :

LES TRAVAILLEURS AUTONOMMES

Ils sont de plus en plus nombreux celles et ceux qui oeuvrent pour leur propre compte (plus de 4 000 seulement dans le comté de Rivière-du-Loup). Les travailleurs autonomes sont actuellement désavantagés parce qu’ils n’ont pour ainsi dire aucun droit et constituent plus souvent qu’autrement un cheap labor
pour les employeurs. La CSN du Bas Saint-Laurent devrait donner l’exemple au Québec en regroupant ces travailleurs autonomes dans un syndicat qui verrait à défendre ces droits que les gouvernements leur refusent encore.

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En espérant avoir fait œuvre utile en répondant à vous questions, je demeure à votre disposition, en toute solidarité,

|Lettre à Vincent Courture, président du Conseil central du Bas Saint-Laurent
1187|1235|Manchettes Mouvements_syndical|Les Métallos plongent dans l'action politique|2008-12-02 17:10:07|Marc Laviolette|En novembre dernier, la 44e assemblée annuelle des Métallos du Québec donnait suite aux demandes des membres lors de leur dernier congrès en 2007. Comme l’indiquait Daniel Roy, le directeur québécois des Métallos, lors de l’ouverture de l’assemblée : « Nous ne pouvons laisser des décisions qui touchent des millions d’individus se prendre derrière les portes closes du privé. L’enjeu, c’est la démocratie. L’État est un des outils que nous possédons. Nous devons le renforcer et nous mobiliser pour stopper la destruction de nos outils collectifs de développement économique et de nos services publics au Québec ».

Les 450 délégués présents à l’assemblée annuelle ont donc pu débattre avec Alain Noël, politicologue à l’Université de Montréal et Bernard Elie, économiste à l’Université du Québec à Montréal.

« Lors des ateliers à notre dernier congrès, plusieurs membres souhaitaient comprendre c’était quoi la gauche, la droite. Quels étaient les fondements de la social-démocratie… C’est dans cet esprit que l’assemblée annuelle a débattu avec ces deux intervenants », confiait Daniel Roy à l’aut’ journal.

« De plus nous nous sommes inspirés de l’expérience américaine Rapid response network, dans la mise sur pied d’un réseau Métallos d’intervention rapide sur les questions politiques. Nous sommes en train de mettre sur pied dans chaque section locale à la grandeur du Québec un réseau se servant des outils modernes de communication, soit par télécopieur ou courriel, de façon a entraîner une riposte rapide de nos membres sur des questions politiques qui les interpellent. Nous avons testé cette forme d’action politique par des moyens électroniques sur la question de la privatisation en santé que le gouvernement Charest veut nous imposer à plus de 90 %. Nos sections locales ont répondus à la pétition que nous faisions signer. Ce fut très efficace et rapide », nous affirmait Daniel Roy.

Pour le directeur québécois des Métallos, la méthode, lorsqu’appliquée systématiquement, peut donner des résultats d’une redoutable efficacité : « D’abord nous faisons parvenir un tract mettant en situation l’ensemble du réseau et donnant les consignes de l’action politique à entreprendre. Ensuite, nous déployons l’action et une fois terminée nous donnons le feed-back à l’ensemble du réseau sur les résultats obtenus ».

Le dernier congrès des Métallos a aussi mandaté la direction syndicale d’offrir aux membres des cours de formation sur la politique. Ce cours est présentement en élaboration. Pour ce qui est de la situation politique actuelle, Daniel Roy est très clair : « Nous veillerons au grain. Les libéraux de Jean Charest vont nous trouver sur leur chemin et on espère que le Parti Québécois sera plus sensible aux travailleurs. Va falloir que le P.Q. se place ».

Le syndicat a aussi rendu public un film tourné avec René Lévesque en 1965, intitulé : « Le vrai syndicalisme, pourquoi ? ». Vous pouvez consulter ce film sur le site des Métallos : www.metallos.org
|Entrevue avec Daniel Roy, le directeur québécois des Métallos
1188|1236|Analyses Culture|Décès de Madame Hélène Pedneault|2008-12-02 20:13:48|André Bouthillier|

Son départ nous propulse vers notre avenir

Elle était là, assise sagement, attendant le début d'une réunion. La salle syndicale fourmillait de tous les groupes communautaires et sociaux de Montréal invités à s’engager avec la Coalition montréalaise pour un débat public sur l'eau.
La veille, lors d’une entrevue radiophonique, elle avait entendu les fondateurs de cette Coalition, ancêtre d'Eau Secours!, convier la population à se mobiliser contre la privatisation des infrastructures et de la gestion de l'eau à Montréal.

C'est là que je l'ai connu. Elle ne faisait partie d’aucun groupe en particulier. Citoyenne, c'est déjà assez... non! Ainsi était Hélène Pedneault. Nul besoin de courir après pour qu'elle s'implique dans une cause sociale, elle nous y précédait souvent.

Travailler avec Hélène était affaire de créativité. C’est elle qui a récupéré le terme Porteur d'eau pour la Coalition Eau Secours! qu'elle venait de co-fonder. Une idée du tonnerre car il s’agissait de valoriser cette vieille expression si méprisante envers les canadiens français, lorsque les maîtres du Québec d’alors nous taxaient bons à n’être que des Porteurs d'eau et des scieurs de bois.

Sa dernière lutte, cette fois contre la maladie, nous fut tous fatale, nous sommes tous perdants de sa disparition! Si j'inciste sur l’épithète Madame, c’est qu’elle s’était mise au service des femmes, convaincue qu’elles étaient l’avenir de l’Homme. Elle fut de tous les combats, peu importe les eaux dans lesquelles elle devait tremper.

Que de talents : écrivaine (nouvelle, pamphlet, chanson, chronique, théâtre, commentaires et éditoriaux), poète, dramaturge, essayiste, polémiste, indépendantiste et écologiste. Elle s’engagea avec cœur à défendre les intérêts de son « peuple d’eau », pour en finir avec la spoliation de l’eau «le sang dans les veines du pays »

Elle répétait souvent, haut et fort, que «l’eau est indissociable de la chair même de notre culture». Indignée, elle s’écriait devant les requins de la privatisation qui, par cupidité, sont toujours prêts à « détruire le pays réel autant que le pays rêvé » disait-elle. Les vampires de l’eau n’auront jamais mon aval …ni mon amont! » Et malgré sa maladie, elle n’a jamais trahi sa pensée.
De partager un texte avec vous, une célébration de la Liberté, un texte manuscrit de sa main libre et solidaire, qu'elle m'avait offert en cadeau d'anniversaire. Vous en faire part me console un peu parce que ces mots rayonnent l’essence même d’Hélène.

Conversation avec la liberté

Nous avons rendez-vous tous les jours, mais rien à faire, je suis toujours en retard. Quand j’arrive, à bout de souffle, elle est déjà partie. Le destin est contre nous. Un jour, c’est à cause d’un embouteillage monstre causé par un homme soûl qui a fait un ou deux morts de plus, pour rien. Un autre jour, c’est un coup de téléphone de Revenu Québec qui menace de saisir mon compte de banque, juste au moment où je pars. Une autre fois, c’est une amie qui pleure parce que son chat est mort. Une autre fois, c’est la grippe qui me terrasse avec un virus dont le poids n’apparaît sur aucune balance. Une autre fois, je n’ai pas assez d’argent pour mettre de l’essence dans ma voiture. Une autre fois, je n’ai pas l’énergie de la rencontrer. Et ainsi de suite. Il y a toujours quelque chose.

Alors un jour, fatiguée de la manquer, je lui donne rendez-vous chez moi. Elle arrive, ponctuelle. Elle ne me fait aucun reproche pour nos multiples rendez-vous ratés par ma faute. Elle me dit qu’elle déteste qu’on utilise son nom dans des slogans, des devises ou des publicités. Qu’on la traite comme une libertine. Nous parlons du courage de vivre et du courage d’aimer. Nous parlons de compassion, de conscience et de dignité, puis elle éclate de rire. Elle me dit qu’elle n’est nulle part ailleurs. Que tout le reste, c’est du vent.

Et elle s’en va.

Hélène Pedneault
6 octobre 1999

Une lumière d'étoile s'ajoute à toutes celles qui nous éclaire le chemin de notre humanitude


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