De la poudre aux yeux pour sauver du temps

2009/02/02 | Par L’aut’journal 

Certes, les investissements massifs dans les infrastructures ont de quoi réjouir l’industrie de la construction. Ces 12 milliards de dollars investis au cours des deux prochaines années s’ajoutent au Plan québécois des infrastructures qui prévoit aussi des investissements de l’ordre de 30 milliards d’ici 2012.

Considérant que chaque somme allouée à des travaux de construction génère à la fois de l’activité économique dans ce secteur, de la création d’emplois et des retombées considérables dans d’autres secteurs connexes, investir dans les infrastructures et dans l’industrie de la construction s’avère un choix judicieux pour relancer l’économie.

La FTQ-Construction estime toutefois que ce budget est bien loin de répondre aux besoins urgents des travailleurs et des travailleuses : « Dans le contexte de récession actuel, le budget Flaherty n’est que de la poudre aux yeux pour sauver du temps; c’est un calcul politique éhonté et obstiné », d’exprimer le directeur général de la FTQ-Construction, Richard Goyette.

L’industrie de la construction perçue comme la manne

Malgré les nombreux investissements qui y sont consacrés, l’industrie de la construction aussi sera inévitablement affectée par la crise économique. S’il est vrai que les investissements dans les infrastructures stimuleront le secteur du génie civil et de la voirie, nombreux sont les travailleurs et les travailleuses qui subiront le ralentissement certain de la construction résidentielle et la baisse notable des travaux dans le secteur industriel en raison du report de nombreux projets.

Ainsi, partout à travers le Québec, des travailleurs et des travailleuses de la construction se retrouveront sans emploi, certaines régions étant plus touchées que d’autres. Dans certains métiers, le ralentissement se fait déjà sentir.

Pour la FTQ-Construction, il importe d’abord et avant tout que ces travailleurs puissent gagner leur pain. « Notre priorité, c’est d’assurer la mobilité de la main-d’œuvre pour permettre aux travailleurs de la construction de vivre de leur métier ou de leur occupation. Pour nous, il n’est pas question de crier au loup et de créer artificiellement un bassin de main-d’œuvre de travailleurs qui se retrouveront à coup sûr au chômage dans quelques mois », d’expliquer Serge Dupuis, directeur de la formation professionnelle et de la sécurité du revenu à la FTQ-Construction.

Les travailleurs et les travailleuses laissés pour compte

Les mesures contenues dans le budget Flaherty quant à l’assurance-emploi sont assurément insuffisantes. S’il est heureux que les périodes de prestations soient allongées, il demeure inacceptable qu’à peine 40 % des cotisants puissent se qualifier pour bénéficier du régime. L’industrie de la construction devant conjuguer avec des périodes d’emploi et des cycles de chômage obligé, l’assurance-emploi est un dossier particulièrement chaud à la FTQ-Construction.

Plutôt que de consentir à des baisses d’impôts ridicules qui, de toute façon, n’allégeront pas le fardeau des travailleurs et des travailleuses, ces sommes devraient servir à solidifier le filet social. La FTQ-Construction est d’avis qu’il est urgent de prendre des mesures visant à améliorer l’accessibilité au régime d’assurance-emploi.

En cette période de turbulences, les travailleurs et les travailleuses, tous secteurs d’activité confondus sont nombreux à se retrouver sans emploi. «Ce sont les travailleurs qui subiront de plein fouet les débâcles de cette crise et ce sont eux qui sont laissés pour compte dans ce budget hypocrite», de dénoncer Serge Dupuis.

Un exercice budgétaire décevant

Pour le directeur général de la FTQ-Construction, l’issue de cet exercice budgétaire n’a rien d’étonnant, quoique décevant : «À notre avis, le gouvernement conservateur a été égal à lui-même en présentant ce budget : sans vision à long terme, sans projet et sans intérêt pour les travailleurs et les travailleuses. Michael Ignatieff a fait preuve d’une grande lâcheté en soutenant ce budget inadéquat. La portée de son geste sera lourde de conséquences pour les travailleurs et les travailleuses. C’est le Québec tout entier qu’il laisse tomber en cautionnant les conservateurs.»

Source : FTQ-Construction