Bataille des Plaines d’Abraham

2009/02/11 | Par Patrick Bourgeois

Malgré les critiques les plus vives déplorant son caractère festif, la direction de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) s'entête à dire que le projet prévu l'été prochain afin de commémorer la violente défaite franco-canadienne de 1759 se fera dans le respect le plus total des ancêtres des Québécois.

Du côté des opposants à un tel projet de propagande fédéraliste visant à réviser notre histoire afin de rapprocher les « solitudes », on soutient plutôt que la reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham ne sera rien d'autre qu'un vaste leurre à touristes et que cela n'est aucunement une formule acceptable afin de commémorer la défaite la plus cuisante d'un peuple, défaite qui le soumit au joug colonialiste de l'empire britannique. Et encore une fois, nous, les opposants, nous avions raison.

Une nouvelle preuve à l'effet que le projet de la CCBN n'est aucunement respectueux pour nos ancêtres et le Québec vient de tomber. Sur le site Internet de l'agence britannique de voyage Holts Tours (http://www.holts.co.uk/ht356.html), il est proposé aux touristes britanniques d'emprunter le même itinéraire que Wolfe en 1759, itinéraire qui permit au sanguinaire général anglais de vaincre les armées franco-canadiennes sur les Plaines d'Abraham.

Pour la modique (!) somme de 2400 livres anglaises, les touristes britanniques seront transportés au Québec où ils visiteront tout d'abord Montréal. Ils viendront ensuite à Québec pour assister aux diverses reconstitutions des événements de 1759. Sur le site de l'agence, on attire les touristes ainsi : by an audacious and brilliant attack, General Wolfe defeated the French army of General Montcalm and opened the way for the fall of French Canada. The 250th Anniversary commemoration tour will be a once in a lifetime event featuring major reenactments of the Battles of the Plains of Abraham and Sainte-Foy. On peut également y lire ceci à propos du général Wolfe, cet adepte de l'épuration ethnique : The British expedition up the St. Lawrence River was commanded by a brave and dedicated soldier, 32 year old James Wolfe.

En culottes courtes, tout en sirotant des boissons gazeuses, ces touristes seront très certainement heureux d'assister à la reconstitution des hauts faits d'armes de leur héros Wolfe. Agissant ainsi, ces touristes-spectateurs que le petit maire Labeaume sera très content d'accueillir dans NOTRE Capitale nationale ne manqueront bien sûr pas de respect pour les Québécois d'aujourd'hui et leurs ancêtres. C'est l'évidence même! Non, mais quelle bouffonnerie!

* Le Réseau de Résistance du Québécois promet à ces touristes un voyage qu'ils n'oublieront pas de sitôt! |Les touristes britanniques s’en viennent
1345|1396|Manchettes Mouvements_syndical|Occasion ratée pour M. Ignatieff|2009-02-12 02:41:26|Serge Cadieux|

Michael Ignatieff, le nouveau chef de l’Opposition officielle à Ottawa, a raté une belle occasion de soutenir concrètement les familles qui perdront leur emploi dans les semaines et les mois à venir en raison de la récession qui frappe le Canada, comme ailleurs sur la planète.

En échange de l’appui du Parti libéral fédéral au budget Flaherty du 27 janvier dernier, M. Ignatieff aurait pu exiger - et obtenir -  un assouplissement des conditions d’admissibilité de l’assurance-emploi pour permettre aux victimes de perte d’emploi de toucher des prestations.

Il est indécent que seulement 48 % des travailleuses et travailleurs qui perdent leur emploi soient éligibles aux prestations en raison des critères d’admissibilité trop stricts de l’assurance-emploi.

Cet état de fait est d’autant plus aberrant alors que la caisse d’assurance-emploi a engrangé un surplus d’environ 58 milliards de dollars, des dollars, faut-il le rappeler, qui proviennent des travailleuses et travailleurs et des employeurs.

Depuis plus de dix ans, l’assurance-emploi ne remplit plus sa mission auprès des travailleuses et des travailleurs qui perdent leur emploi. Dans les années ’80, 83 % des travailleuses et des travailleurs qui perdaient leur emploi étaient admissibles à recevoir des prestations d’assurance-emploi à raison de 60 % de leur salaire avec un maximum établi par la loi.

Aujourd’hui, non seulement les prestations ont-elles été diminuées à 55 % du salaire, mais en plus les règles d’admissibilité ont été tellement resserrées que moins de la moitié des travailleuses et travailleurs qui perdent leur emploi aujourd’hui peuvent bénéficier de ce revenu d’appoint pour subvenir à leurs besoins primaires et à ceux de leur famille.

Mais où sont donc passées vos valeurs libérales et votre compassion envers vos concitoyens M. Ignatiefff ? C’est un important rendez-vous que vous avez lamentablement manqué avec celles et ceux que la récession fauchera sur son chemin.

Serge Cadieux

Serge Cadieux est président national du Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau (COPE SEPB), vice-président du Congrès du travail du Canada (CTC) et vice-président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

|Soutien déficient aux familles qui perdent leur emploi
1346|1397|authebdo|authebdo - 13 février 2009|2009-02-12 12:35:17|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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ACTUALITÉS

Sarkozy : Pourquoi c’est important
Le jeu des alliances internationales peut être déterminant pour le Québec
par Pierre Dubuc

Bataille des Plaines d’Abraham
Les touristes britanniques s’en viennent
par Patrick Bourgeois


COUPS DE GUEULE

Les bals de la pauvreté
Les bals constituent la manière la plus abjecte de mépriser encore plus les démunis >>
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Matériel scolaire du Canadien
Faible devant ses buts, le ministère laisse passer la rondelle
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À propos du Manifeste de l’Assé
Où est passée l’école privée?
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SANTÉ

Quand la santé est une business
800 à 900 personnes pour gérer un hôpital comme le Royal Victoria
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Alcan au Saguenay : un contrat social légal, mais socialement illégitime
Pertes d’emplois et avantages occultes
par Arthur Bonneau, Guy Lessard, René Gagné


MOUVEMENT SYNDICAL

Occasion ratée pour M. Ignatieff
Soutien déficient aux familles qui perdent leur emploi
par Serge Cadieux

Lock-out au JdeM : appui de la FTQ-Construction
La nature idéologique d’une portion des enjeux de ce conflit devrait interpeller l’ensemble du mouvement syndical


ÉCONOMIE

Pour une autre vision de l'économie
Un nouveau site Internet
Lancement vendredi, 13 février


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1347|1398|Caricatures|St-Valentin|2009-02-12 17:14:44|Simon Banville|

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1348|1399|Accueil_Actualités|Pour une autre vision de l'économie|2009-02-13 07:20:41|L'aut'journal|

Les économistes rejetant le néolibéralisme comme pensée unique se sont regroupés autour du professeur nouvellement retraité de l'UQÀM, Bernard Élie. Après avoir publié une déclaration-manifeste, voici qu'ils lancent ce vendredi leur site web: www.economieautrement.org.

Voici comment ils présentent ce nouveau projet :

« Le site Économie autrement se veut un lieu de débats économiques ouvert aux alternatives sociales. Il propose d'une part des chroniques d'économistes sur différents sujets d'actualité, sur des dossiers de fonds ou des débats théoriques. Il ouvre également la porte à des intervenants engagés dans différents mouvements sociaux. Enfin, il permet à tout citoyen ou toute citoyenne de commenter les articles publiés sur le blogue. »

|Un nouveau site Internet
1349|1400|Manchettes Mouvements_souverainiste|Sarkozy : Pourquoi c’est important|2009-02-13 07:20:44|Pierre Dubuc|

Quand Sarkozy accuse les indépendantistes de « sectarisme » et d’« enfermement », il nie tout simplement l’intérêt que le mouvement souverainiste a toujours porté à la situation internationale. Les Québécois savent d’instinct que pour de petites nations - d’un point de vue démographique - comme le Québec, le jeu des alliances internationales tient souvent un rôle déterminant. L’importance accordé au « Vive le Québec libre » du Général de Gaulle en 1967 et à sa répudiation aujourd’hui par le président Sarkozy le prouve.

Il faut se rappeler qu’au cœur de la stratégie mise de l’avant par Jacques Parizeau lors du référendum de 1995, il y avait la reconnaissance par la France d’un vote majoritaire en faveur de l’indépendance.

Les fédéralistes se moquent de cette stratégie en parlant du « Grand jeu » de M. Parizeau et cherchent, par le fait même, à minimiser l’importance d’une reconnaissance internationale d’une éventuelle Déclaration d’indépendance du Québec. Mais leurs agissements prouvent le contraire. À preuve, les efforts déployés par Paul Desmarais auprès des membres de l’élite intellectuelle et politique française, au premier chef Nicolas Sakrozy, pour leur vendre le point de vue fédéraliste et les éloigner des milieux souverainistes.

Les expériences historiques donnent raison à M. Parizeau. Par exemple, la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique a été proclamée de façon précipitée avec comme objectif premier d’obtenir la reconnaissance des puissances européennes et, d’abord et avant tout, de la France. C’est fort de cette reconnaissance internationale que le gouvernement américain ait pu négocier l’indépendance du pays avec la Grande-Bretagne après une période agitée marquée, entre autres, par des tentatives de sécession de certaines régions.

Le Québec et la Révolution américaine

Nous avons souvent l’impression que le Québec se retrouve à l’écart des grands courants politiques internationaux et nous oublions trop facilement que notre destin a été façonné par la vie internationale. La conquête britannique symbolisée par la bataille des Plaines d’Abraham et la cession du Canada par la France à la Grande-Bretagne lors du Traité de Paris de 1763 ne sont compréhensibles que dans le cadre de la Guerre de Sept Ans, qualifiée de première grande guerre mondiale par Winston Churchill.

La Révolution américaine a également eu un impact considérable sur notre avenir. C’est son imminence qui a forcé la Grande-Bretagne à mettre temporairement au rancart ses projets d’assimilation et à nous concéder par l’Acte de Québec de 1774 le droit civil français et la liberté de religion afin de contrer les appels des révolutionnaires américains à nous joindre à eux.

Plus tard, ce sont les idéaux de cette même Révolution américaine qui ont inspiré les Patriotes dont la lutte s’inscrivait temporellement dans le grand mouvement des indépendances européennes et latino-américaines. Les Patriotes ont échoué lorsque les Britanniques leur ont imposé la lutte armée - c’est toujours les classes dominantes qui mettent la baïonnette à l’ordre du jour - dans un contexte où le rapport de force leur était désavantageux.

Leur échec s’explique en bonne partie par un contexte international défavorable, le président américain Van Buren refusant d’appuyer la cause patriote, de crainte de provoquer un conflit avec la Grande-Bretagne, malgré les demandes pressantes d’un Louis-Joseph Papineau venu le rencontrer à la Maison Blanche.

Le Québec et la guerre

Les guerres mondiales ont puissamment contribué à faire prendre conscience au peuple québécois de son statut minoritaire et à faire émerger l’idée d’indépendance nationale comme alternative à son état de soumission. C’est contre sa volonté exprimée lors d’élections que le Québec s’est fait imposer la participation à la Première Guerre mondiale. C’est dans ce contexte que des émeutes ont éclaté à Montréal et à Québec en opposition à la conscription et que le député J. N. Francoeur a déposé à l’Assemblée législative du Québec une motion en faveur de l’indépendance du Québec.

Cette irruption nationale - qui n’est pas sans rappeler l’insurrection de Pâques 1916 en Irlande - n’était pas sans inquiéter les classes dirigeantes. Après tout, Lénine n’avait-il pas écrit à propos de l’insurrection irlandaise que la lutte des petites nations opprimées dans les pays avancés avait une importance politique cent fois plus grande que celles des lointaines colonies. 

C’est sans doute pour prévenir la répétition de tels événements que la classe dirigeante canadienne a provoqué la défaite du gouvernement nationaliste de Maurice Duplessis aux élections de 1939 -  dont l’enjeu était la participation à la Deuxième Guerre mondiale - et que le gouvernement Godbout fit des concessions en adoptant des lois qui accordèrent le droit de vote aux femmes en 1940, rendirent obligatoires les études scolaires jusqu'à l'âge de quatorze ans et instaurèrent la gratuité de l'éducation au primaire. Le gouvernement Godbout adopta aussi un nouveau code du travail qui affirma clairement le droit des travailleurs de se syndiquer et nationalisa les compagnies électriques à Montréal pour créer Hydro-Québec.

Malgré ces mesures keynésiennes, Godbout perdit les élections au profit de Duplessis en 1944. John Maynard Keynes, qui était de passage au Québec, écrit, dans une lettre àu chancelier de l'Échiquier, que les élections ont porté sur deux enjeux: les relations fédérales-provinciales et la participation à la guerre. Et Keynes de conclure: « Ils ont toujours ici à leur porte, en vérité, une super-question irlandaise ».

Plus près de nous, la décision surprise du gouvernement de Jean Chrétien de ne pas participer à la guerre en Irak aux côtés des États-Unis s’explique, sans doute, par la présence d’un gouvernement souverainiste à Québec qui aurait pu prendre appui sur la mobilisation monstre contre la guerre pour ressortir des cartons une version actualisée de la motion Francoeur.

Le Québec et De Gaulle

Au début des années 1960, le Québec se trouva de nouveau emporté dans le tourbillon mondial. C’est sous l’impulsion de la Révolution cubaine, du mouvement de décolonisation et de celui des droits civiques des Noirs américains que les « Nègres blancs d’Amérique » ont repris leur lutte émancipatrice. On connaît l’influence qu’ont eu ces mouvements sur le RIN et sur sa frange radicale, le FLQ, mais ils ont aussi inspiré la nationalisation de l’électricité et l’ensemble de la Révolution tranquille.

Malheureusement, le Québec n’a pas su profiter d’une conjoncture extrêmement favorable au lendemain du « Vive le Québec libre » de De Gaulle alors que les forces fédéralistes étaient en plein désarroi et que le projet indépendantiste trouvait une oreille sympathique même chez nos voisins du sud. De Gaulle savait pertinemment qu’il fallait profiter du momentum que sa déclaration avait créé et il incitait fortement son « ami Johnson » à aller de l’avant vers la souveraineté.

Mais Daniel Johnson tergiversa et il donna le temps aux forces fédéralistes de se réorganiser. Elles se regroupèrent au Québec autour de Paul Desmarais et recrutèrent un Québécois, Pierre Elliott Trudeau, comme premier ministre. Finalement, c’est un Daniel Johnson affaibli par la maladie, qui capitula en signant la Déclaration d’Hawaï et en abandonnant son slogan « Égalité ou Indépendance ».

Le Québec face à un monde hostile

Par la suite, le mouvement souverainiste poursuivit sa progression, mais les référendums de 1980 et 1995 se déroulèrent dans une situation internationale beaucoup moins avantageuse. Avec l’arrivée au pouvoir des Thatcher et Reagan, l’idéologie du néolibéralisme s’impose alors sur l’ensemble de la planète avec le dogme du tout au marché et de son corollaire, l’État minimal.

Le démantèlement de l’Union soviétique et la création de plusieurs nouveaux États ont pu créer illusion chez certains souverainistes. Mais une analyse approfondie démontre que la création de nouveaux pays dans la foulée de la désintégration de l’URSS, et plus tard de la Yougoslavie, se déroulait sous les auspices et avec la bénédiction des États-Unis dans le but de renforcer leur position dans ce coin du globe. Bien entendu, l’émergence d’un Québec indépendant était plutôt perçue comme l’affaiblissement du plus solide allié des États-Unis au sein du G-8.

D’ailleurs, dans ses Mémoires (Behind The Ambassy Door), James Blanchard, l’ambassadeur des Etats-Unis au Canada lors du référendum de 1995, raconte avec quelle ardeur il a participé aux activités du Comité du Non. M. Blanchard écrit noir sur blanc, carte à l’appui, comment il favorisait la partition du Québec dans l’éventualité d’une victoire du Oui.

 Le Québec et la crise

Quelle sera la donne politique internationale au cours des prochaines années? Difficile à prédire, mais de toute évidence nous entrons, avec le développement d’une crise économique de grande ampleur, dans une zone de turbulences qui va modifier radicalement le paysage politique mondial.

Les Etats-Unis d’Obama vont demander au Canada de prolonger au-delà de 2011 la mission en Afghanistan et d’augmenter sa contribution financière et en soldats dans ce qui est en train de devenir un bourbier d’où il sera extrêmement difficile de s’extirper. Quelle sera la réaction du Québec où déjà plus des deux tiers de la population s’oppose à cette guerre?

Quels seront les grands courants politiques de demain? Assistera-t-on à une résurgence du nationalisme devant l’échec de la mondialisation? Déjà, on voit poindre le protectionnisme qui torpille allègrement le libre-échange, le credo économique des dernières décennies.

« Croyez-vous que le monde, dans la crise sans précédent qu’il traverse, a besoin de division ? » a lancé M. Sarkozy aux souverainistes québécois. Pourtant, de plus en plus d’analystes n’excluent pas que des pays - et possiblement la France - en viennent à quitter la zone euro devant les tensions de plus en plus grandes qui fragilisent l’entente monétaire et l’Union européenne.

Quel sera l’impact de ces événements internationaux sur le Québec? On ne peut le prédire. Mais, chose certaine, le décor est en train de changer. Les indépendantistes ont donc tout intérêt à prêter une attention soutenue aux transformations de la situation internationale et à clouer le bec à ceux qui minimisent l’importance de riposter fermement aux propos de Nicolas Sarkozy.|Le jeu des alliances internationales peut être déterminant pour le Québec
1350|1401|Environnement Manchettes Région|L’industrie du vent : une menace pour l’énergie éolienne|2009-02-16 01:12:55|Aude Fournier|

L’auteur est étudiante en sociologie à l’Université de Montréal

Quand on me demande d’où je viens, je n’hésite jamais à répondre « Vianney », bien que la plupart du temps, mes interlocuteurs ignorent l’existence de cette petite communauté d’environ cent cinquante habitants située dans la MRC de l’Érable. Alors, je leur parle des collines qui font notre paysage quotidien, des grandes étendues de forêt, des gens qui y vivent.

Je suis née dans ce village il y a vingt-quatre ans. « C’est bien peu », me direz-vous, mais suffisant pour observer et porter un jugement sur des changements qui ont eu cours et auront cours dans les prochaines années. À partir de 2011, la maison dans laquelle je suis née et où habitent toujours mes parents se trouvera dans un parc industriel… d’éoliennes.

Selon les plans actuels dévoilés par la MRC de l’Érable, environ vingt éoliennes pousseront dans notre champ de vision, dont trois possiblement à 500 mètres de la maison. Le projet, qui initialement devait s’étendre sur l’ensemble du territoire de la MRC de l’Érable, se concentre dorénavant dans le secteur de Vianney.

Malgré mes valeurs écologiques et mon souci pour le développement régional, j’en suis profondément affectée. Le gouvernement Charest a vendu nos montagnes, comme il l’a fait pour nos rivières et nos forêts, mais il a également sali l’image d’une des formes d’énergie la plus propre et la plus prometteuse, l’énergie éolienne.

Si l’arrivée de ce projet dans notre région me désole, elle ne m’étonne pourtant pas. Depuis une dizaine d’années, les « coupes à blanc » se succèdent sur des terrains acquis par de grands propriétaires terriens qui ne vivent pas dans le village. À la diversité qui composait nos forêts s’en suit l’homogénéité des plantations d’épinettes, le drainage des surfaces humides, bref, une gestion rentable, productive et efficace des ressources naturelles.

L’homme exploite la nature plutôt que de l’habiter. Ces surfaces déjà dévastées sont le terreau idéal pour implanter des éoliennes et poursuivre ce « développement des régions ». Après l’homogénéisation des forêts, on industrialise nos paysages.

Cette exploitation intensive des ressources, déconnectée des réalités locales et appuyée sur une logique de profits, s’oppose à ce que mes parents et plusieurs habitants de la communauté s’efforcent de consolider depuis des années, soit une occupation dynamique du territoire. Par exemple, notre centre de ski de fond, entièrement soutenu par des bénévoles de la région, reçoit des skieurs de partout au Québec. La qualité de l’environnement attire des projets d’agriculture biologique et un jardin d’horticulture est ouvert au public depuis neuf ans.

Plutôt que d’accompagner et de soutenir ces projets, le gouvernement impose sa ligne directrice pour le développement des régions, tout en se déresponsabilisant dans le processus qui doit mener aux résultats attendus.

Dans l’optique de redonner du pouvoir aux MRC, le gouvernement provincial leur a relégué la responsabilité de définir le règlement encadrant l’implantation des éoliennes, appelé le Règlement de contrôle intérimaire (R.C.I.). Chacune des MRC concernées par l’un des quinze projets éoliens est donc chargée de négocier les normes de développement avec la compagnie qui gère le projet, dans notre cas, une multinationale espagnole nommée Enerfin Sociedad de Energia.

Or, ce transfert de responsabilités ne s’est pas accompagné de mesures favorisant le développement de ressources humaines et matérielles nécessaires pour gérer de manière compétente ce dossier. Comme dirait mon père, il ne faut pas un « cours classique » pour comprendre que le rapport de force entre ces acteurs est complètement inégal. C’est là un des paradoxes de la décentralisation au Québec. Elle laisse le champ libre au privé.

Les consultations qui ont été réalisées dans la région n’ont jamais véritablement permis d’ouvrir un espace de délibération où la parole des citoyens aurait pu avoir un impact effectif sur le projet. Le seul pouvoir qui nous a été conféré officiellement a été de signer ou non le contrat qui permettait à la compagnie d’implanter une ou plusieurs éoliennes sur notre lopin de terre, en échange de quelques milliers de dollars par année par éolienne. Cette décision ne relève pas de la collectivité, mais d’individus; la démocratie n’est pas le lot du privé.

Le contexte régional est d’autant particulier que dans le secteur de Vianney, une grande partie des éoliennes seront implantées sur des propriétés inhabitées. Ces propriétaires toucheront à la plus large part des redevances, alors que les impacts de ce projet déborderont largement sur celles des autres. Qu’en est-il de la qualité de vie des résidants? De la valeur foncière de leurs propriétés, qui risquent fortement d’être dévaluées? Du paysage que nous partageons?

La logique qui sous-tend ce mode de fonctionnement, propre au capitalisme, va à l’encontre de la Loi sur le développement durable, qui prévoit que toute nuisance sociale ou environnementale (« externalité ») engendrée par un projet de développement doit être considérée et compensée par la compagnie.

Tel qu’il a été adopté, le règlement de contrôle intérimaire de la MRC de l’Érable prévoit une distance minimale des maisons à 400 mètres, ce qui accorde le droit à la compagnie d’ériger autant d’éoliennes qu’elle le désire à une très grande proximité de l’habitation d’un citoyen qui a refusé de signer le contrat. Alors qu’elle est d’une importance capitale pour les résidants, la détermination de cette distance, qui relève uniquement de la MRC, s’est faite de manière arbitraire et sous le signe de la méconnaissance.

Aucune consultation d’études réalisées à ce sujet (par exemple, sur les impacts sonores), aucune consultation des règlements de contrôle intérimaires adoptés par les autres municipalités et surtout, aucune véritable consultation des citoyens. Si cela avait été fait, il aurait sans doute été découvert que la MRC des Jardins de Napierville en Montérégie a fixé cette norme à 750 mètres des habitations et qu’en Californie, cette norme est d’environ 3000 mètres (2 miles).

À cet égard, pour que Enerfin puisse se proclamer comme une entreprise « socialement responsable », elle ne doit pas développer ce projet à partir de la norme arbitraire de 400 mètres, mais plutôt suivre les meilleures pratiques.

Le Québec regorge de potentiel éolien. Il déborde également d’une créativité reconnue mondialement qui pourrait être mise à profit pour que le développement de cette forme d’énergie des plus prometteuses se fasse intelligemment, dans le respect de la collectivité et de l’environnement.

Il y a quelques semaines (Le Devoir, 16 janvier 2009), Louis-Gilles Francoeur publiait un article présentant une vision alternative de l’implantation des éoliennes sur le territoire québécois, en les construisant à même les bassins des barrages hydroélectriques. Plutôt que de poursuivre le développement effréné dans les milieux habités, ce qui non seulement perturbe la qualité de vie des résidants et les liens sociaux dans différentes communautés du Québec, mais contribue également à souiller l’image de l’énergie éolienne, il est temps d’envisager sérieusement ces alternatives qui s’offrent à nous.

Pour plus d’informations, consultez le site internet de la Coalition pour une intégration réussie du projet éolien de l’Érable à l’adresse suivante : http://eolerable.webs.com

|C’est là un des paradoxes de la décentralisation au Québec. Elle laisse le champ libre au privé.
1351|1402|Caricatures|Les impôts! (2)|2009-02-16 21:21:09|Simon Banville|


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1352|1403|Environnement Manchettes|Shannon : de l’eau cancérigène, des gens malades|2009-02-17 01:35:42|André Bouthillier|

« Ici, la maison à votre gauche, le monsieur est mort d'un cancer, sa dame aussi. Ici, à votre droite, une demoiselle Vachon a eu un cancer du côlon, possiblement un cancer du cerveau en même temps. Le père est mort d'un cancer de la prostate, jeune, et un de ses fils a eu un cancer du rein... ».

Celui qui parle devant les caméras de l’émission « Enquête » de Radio-Canada, c’est leDr. Claude Juneau, médecin à la retraite, qui a traité les gens de Shannon pendant toute sa carrière. « Si les autorités n'avaient pas su que l'eau était contaminée, on aurait pu toujours pardonner. Mais non seulement elles le savaient, elles n'ont rien fait et contestent l'évidence! » s'emporte-t-il.

Ce drame se passe dans une petite municipalité au nord-ouest de Québec. Un produit chimique cancérigène, le TCE (trichloréthylène) contamine l’eau souterraine sous la base militaire de Valcartier. En passant sous la municipalité de Shannon, l’eau infectée pollue la source d’eau des puits artésiens, continue sa course sous des maisons de Val-Bélair, s’approche à 800 mètres d’un puits de captage d’eau municipal pour finalement se déverser dans la rivière Jacques-Cartier.

Certaines personnes ont bu cette eau durant 30 ans, donnons-leur la parole : 
Michel Lemoine de la rue Gosford apprend que son épouse et lui ont chacun un cancer. L’incrédulité passe rapidement à la colère «On sait maintenant que Monique Dupont, de qui on a acheté la maison a aussi eu un cancer du côlon. C'est un fléau, une calamité ».
Caroline Duplain a un cancer du sein et son père militaire est décédé d’un cancer du cerveau.
Alexandre, 18 ans, le fils de Chantal Mallette a reçu des dizaines de séances de chimiothérapie et de radiothérapie, «ça ne marche pas!».
« C’est un peu la panique chaque fois que mes deux adolescents ont mal à la tête » s’inquiète Doris Fritschmann,  «Nous, on est direct dans le triangle le plus contaminé

«Je suis en colère qu'on ait laissé boire cette eau-là à des enfants en toute connaissance de cause.  J'en veux à tous ces scientifiques d'avoir laissé passer ça.»  
Le « cas » Shannon est unique, plaide Marie-Paule Spieser, infirmière, qui a déposé un recours collectif contre le ministère de la Défense nationale et une filiale du Groupe SNC/Lavalin. La norme fédérale tolère la présence de 5 microgrammes de TCE par litre d'eau. On avait des puits qui avaient 1200. »
«Je suis profondément choqué de voir qu'autant à la Direction de la santé publique qu'au ministère de l'Environnement, personne ne pense aux humains. Ce ne sont que les préoccupations administratives qui comptent. Ça n'a pas de sens », laisse tomber Jean Bernier.
Reportons-nous en décembre 2000; deux résidents se jasent pendant que leur auto est en réparation au garage. Celui qui vit à proximité de l'usine et de la base militaire a fait analyser l’eau de son puits artésien. « Y’a du TCE, c’est dangereux qui disent. Mon puits est condamné. » L’autre lui conseille de le dire à la ville.

La municipalité n’est pas au courant; car elle n’opère pas d’aqueduc. Les citoyens doivent surveiller la qualité de l’eau de leur puits artésien. La municipalité contacte quand même la base militaire, et non l’inverse, pour apprendre que la situation est connue.  

Si la ville et les citoyens étaient dans l’ignorance, beaucoup de gens responsables le savaient. Par exemple, en décembre 1999, Environnement Canada et Québec, Santé Canada et Santé Québec ont été informés d’une concentration de TCE 180 fois supérieure à la limite actuellement autorisée.  Un nouveau cas de condescendance politique? Un silence obligé pour éviter d’apeurer la population évoquent certains, mais surtout un silence pour couvrir des devoirs politiques occultés.

En 1978, le ministère canadien de l'Environnement et la Défense nationale avaient été saisi d’un rapport qui disait : « déverser les eaux usées dans un étang perméable qui baigne dans la nappe phréatique est inacceptable ».  L’armée a mis 16 ans avant de remblayer le terrain, mais le problème reste entier. « La décontamination, il n'y a rien de fait là, rien, rien, rien!  Après tout ce temps-là : rien », dit le docteur Juneau. 

En 1991, SNC-Lavalin affirmait avoir omis de regarder de l’autre côté de sa clôture, par conséquent ignorait que l’eau contaminée s’écoulait vers ses voisins. Quoi penser d’une réunion tenue en 1999 par la Santé publique, autant fédéral que provincial, lesquelles ont pris connaissance d'un document énonçant clairement la contamination de la réserve d’eau souterraine régionale? Personne n'informera ni les citoyens ni les autorités locales. 

Pire, dès lors, s’amorce un débat scientifique pour étouffer l’affaire. À la demande de la ville d’étudier l’état de santé des citoyens, le directeur de Santé publique Québec, le Dr Henri Prud’homme affirme «Une étude menée sur un village aussi petit risquerait de créer inutilement la panique ». Son confrère le Dr François Desbiens explique pour sa part qu'aucun problème de santé ne pouvait être constaté avec les « faibles » concentrations de produits relevées à Shannon. Même s'il y a cinq fois plus de cancers à Shannon, on s'obstine à nier l'évidence.  

Dans le cœur du territoire contaminé, « Il y a 3,6 fois plus de cancer que de l'autre côté de la rivière! » résume le Dr Raymond Van Coillie, expert en écotoxicologie. « Ça ne peut pas être le fruit du hasard », souligne le Dr Michel Charbonneau, professeur à l'Institut national de recherche scientifique (INRS).  Dans la cause du recours collectif, pour démontrer que la contamination de l’eau au TCE a déclenché de nombreux cas de cancers, l’avocat Me Charles Veilleux a fait appel au pathologiste Syd Finkelstein, du Laboratoire RedPath à Pittsburgh. Sa conclusion : « tous les cas de cancers répertoriés dans les zones de contamination élevées sont positifs ». Toutefois, l’Institut national de santé publique du Québec remet en question l’interprétation de ces analyses.

La population a raison d’être exaspérée. Les politiciens leur ont dissimulé la vérité, leur ont menti et puis se volatilisent. Entre le premier rapport de 1978 et 2000, est-ce que des politiciens étaient au courant. À partir de 2000, c’est évident que tous les ministères pertinents et politiciens le savent : députés et ministres, provinciaux comme fédéraux.

Ici le dossier se scinde en deux correctifs distincts : obtenir un aqueduc pour la ville et s’occuper de la santé des gens.

Le maire de Shannon a fait son travail et a même impliqué sa ville dans une poursuite contre le ministère de la Défense pour obtenir un aqueduc.  Des députés fédéraux conservateurs ont grafigné bec et ongles pour obtenir le financement de leur gouvernement. Voilà pour le béton, faire travailler les entrepreneurs et s’assurer que l’eau distribuée sera de qualité pour le futur.

Quant à la santé des citoyens, des indemnisations et du soutien aux familles, les partis politiques perpétuent le silence. Si le ministre de la Défense peut se cacher derrière le recours collectif entamé aux frais de citoyens? Que font les autres politiciens sur le plan humain. Le comble de l’imbécillité revient à Sam Hamad, député du Parti Libéral du Québec. Il oublie que Shannon est une ville québécoise bien que le pollueur soit fédéral, lorsqu’il déclare « Vous comprendrez bien qu'on souhaite que des solutions soient trouvées le plus rapidement possible.  Mais on a assez d'ouvrage au Québec, c'est un dossier fédéral et c'est à eux de s'occuper de ce dossier-là. »

Et si cela s’était passé dans leur cours à eux, à Westmount, à Sillery, à Sussex Drive?