Il y a encore des syndicats qui font des gains

2009/02/19 | Par Marc Laviolette

En cette période de morosité économique et de difficulté pour les travailleurs et leurs familles, il est important de souligner les bons coups des syndicats afin de garder le moral syndical. Le cas des 240 travailleuses et travailleurs du syndicat CSN chez sucre Lantic à Montréal en est un bon exemple.

« Après un contrat de longue durée de 10 ans, un changement d’allégeance syndicale porté par un mouvement de démocratisation du syndicat et une négociation qui a duré neuf mois, nous avons conclu, avant les fêtes, une convention collective de cinq ans qui apporte des améliorations notables à la reconnaissance de notre organisation syndicale, des avancées majeures en santé-sécurité et des augmentations salariales (incluant un rattrapage) variant de 3,6 à 3,8 % à chaque année de convention », confiait fièrement M. Robert Belhumeur à l’aut’journal.

Pour bien illustrer le changement radical de la conjoncture syndicale à l’intérieur de l’usine, le président rappelle l’état de la liberté syndicale qui existait avant la signature de leur nouvelle convention.

« Auparavant, le contenu de notre journal syndical, tout comme les tableaux d’affichage syndical devaient être approuvés par l’employeur avant d’être diffusés aux membres. Lorsque nous avons commencé la négociation, nous diffusions notre journal et nos tracts d’information en toute liberté.  Inutile de vous dire que cette indépendance syndicale rendait le boss très tendu. Ça lui donnait une bonne idée de l’état de tension de nos relations de travail. Ces relations étaient traditionnelles, légalistes et répressives. Tout était surveillé et le boss essayait toujours de nous prendre en défaut ».

Pour le président, les membres en avaient ras le bol de cette situation et ont décidé de se mobiliser derrière leur comité de négociation. Comme le rappelait M. Robert Belhumeur : « On a eu un gros travail d’émancipation à faire pour que les travailleurs se sentent libres et qu’ils reprennent confiance en leurs représentants syndicaux et nous avons réussi. Nous avons obtenu beaucoup lors de cette négociation et les membres sont contents ».

Le président Belhumeur nous indiquait que même en période de récession, l’industrie se porte très bien. L’usine Sucre Lantic de Montréal (ancienne St-Lawrence Sugar achetée par Lantic en 1984) a pris de l’expansion et a été l’objet d’un programme de modernisation de 120 millions qui a doublé la capacité de l’usine en 2000.

L’usine a une capacité de 440 000 tonnes en temps régulier et jusqu’à 600 000 tonnes avec le temps supplémentaire. Lantic contrôle environ 47 % des parts de marché et sa production est principalement destinée au secteur de la fabrication des aliments au Québec (74 000 emplois au Québec). Globalement, l’industrie canadienne du sucre produit plus de 1,3 million de sucre raffiné par année et est dominée par trois acteurs soit : sucre Lantic, Rogers Sugar et sucre Redpath.

Conscients de leur rapport de force sur le marché, mobilisés grâce au mouvement de démocratisation de leur syndicat, les travailleurs et travailleuses de sucre Lantic ont tiré avec brio leur épingle du jeu en forçant Lantic à respecter leur organisation syndicale et en obtenant le rattrapage auquel ils avaient droit.