Les chômeurs transformés en travailleurs autonomes

2009/05/11 | Par L’aut’journal 

« Des travailleuses et travailleurs sans emploi, surtout parmi les plus âgés, se tournent en désespoir de cause vers le travail indépendant. Il y a peu d'espoir pour eux sur le plan de la création d'emploi et ils sont beaucoup trop nombreux à se voir interdire l'accès aux prestations d'assurance-emploi. »

C'est en ces termes que Georgetti, le président du Congrès du travail du Canada, a répondu à la publication par Statistique Canada des chiffres de l'Enquête sur la population active pour avril. L'emploi a progressé de 35 900, une hausse entièrement attribuable à l'augmentation du travail indépendant.

« Ce n'est pas un signe de reprise économique, car tout bien considéré, nous avons perdu 1 100 emplois en avril. Ce que nous observons, ce sont des gens qui font ce qu'ils peuvent pour traverser la crise économique. Je salue leur courage et leur détermination. »

Les données de Statistique Canada indiquent que près de 60 % des sans-emploi ne touchent pas de prestations d'a.-e., ce qui est inacceptable, comme l'a expliqué Georgetti, qui en a profité pour réclamer de nouveau des améliorations au régime d'a.-e.

Selon lui, un consensus national est en train de s'organiser en faveur d'une réforme de l'a.-e. « La population dit aux maisons de sondage qu'il faut améliorer l'a.-e. Les journaux et même les banques disent la même chose. Les partis d'opposition vont jusqu'à menacer d'aller en élection sur cette question. Le premier ministre et son cabinet sont les seuls à vouloir laisser les chômeuses et chômeurs canadiens se débrouiller avec leurs problèmes. »

Le CTC a appelé plusieurs fois le gouvernement :

• à changer les règles d'admissibilité pour que des prestations régulières d'a.-e. soient versées après 360 heures de travail, quelle que soit la région de résidence ou de travail au Canada;

• à augmenter jusqu'à 50 semaines la durée de la période d'admissibilité aux prestations d'a.-e.;
• à relever immédiatement le niveau des prestations à 60 % du revenu calculé d'après les 12 meilleures semaines de rémunération.

Analyse rapide de l'économiste principal Sylvain Schetagne

Bon nombre de Canadiennes et de Canadiens ont été obligés de se tourner vers le travail indépendant en avril 2009 pour survivre à la crise économique.

Globalement, le nombre d'emplois a augmenté de 35 900 au cours du mois. Dans les faits, 1 100 emplois ont disparu, mais 37 000 travailleuses et travailleurs se sont tournés vers le travail indépendant parce qu'il n'y a pas eu de création d'emploi, que le régime d'assurance-emploi est anémique et que les pensions et les revenus sont en baisse.

Le taux de chômage demeure à 8,0 %, en dépit du fait que 8 000 Canadiennes et Canadiens de plus se soient retrouvés au chômage en avril 2009. La mesure la plus nombreuse des chômeuses et chômeurs (R8), qui comprend les gens découragés et ceux qui se rabattent involontairement sur les emplois à temps partiel, est en progression rapide.

Elle a grimpé pour passer de 8,0 % en octobre 2008 à 12,4 % en mars 2009. (Ces données ne sont pas rajustées en fonction des saisons, mais le taux « réel » de chômage a aussi grimpé de façon marquée comparativement à mars 2008.)

Des travailleuses et travailleurs âgés de 15 à 24 ans ont quitté la population active pour éviter le chômage. Les deux tiers environ de la croissance de l'emploi se situent dans le groupe des Canadiennes et Canadiens de 55 ans et plus.

Le fait que le travail autonome ait tant augmenté le mois dernier peut être un signe que plusieurs des 55 ans et plus reviennent sur le marché du travail parce que leur revenu de retraite a diminué ou qu'ils ont épuisé leurs prestations d'assurance-emploi après avoir été licenciés. C'est aussi un signe du courage et de la détermination des travailleuses et travailleurs licenciés qui essaient d'éviter de se retrouver au chômage pendant cette crise économique.

Le Canada compte aujourd'hui plus de 1 464 600 chômeurs et chômeuses. Ce nombre représente une hausse de 27,2 % par rapport à octobre dernier.

Nombre d'emplois à temps plein perdus depuis octobre 2008 : 347 400.
Travailleuses et travailleurs canadiens licenciés depuis octobre 2008 : 320 700.

Le Congrès du travail du Canada, voix nationale du mouvement syndical, représente 3,2 millions de travailleuses et travailleurs canadiens. Le CTC réunit les syndicats nationaux et internationaux du Canada, les fédérations provinciales et territoriales du travail et 130 conseils du travail régionaux. Site web : www.congresdutravail.ca.