Dossier linguistique II

2009/06/02 | Par L’aut’journal 


Les données de Statistique Canada étaient pourtant claires: le nombre de francophones diminue au Canada, au Québec et sur l'île de Montréal. Dans ce dernier cas, il glisse sous la barre des 50%. Mais les données démographiques et linguistiques étant une question éminemment politique, les éditorialistes et les chroniqueurs des journaux fédéralistes ont trituré les chiffres pour leur faire dire le contraire de ce qu'ils disaient et jeter la confusion au sein de la population. Le grand mérite du mathématicien Charles Castonguay, qui s'intéresse depuis des décennies à ces questions, est de démasquer les démagogues et nous présenter la situation réelle du français à Montréal, au Québec et au Canada.

Sommaire du dossier:

Le mathématicien de la langue : portrait de Charles Castonguay
Le français, langue de travail des francotropes
L’anglais, langue commune du travail à Montréal
Bouchard-Taylor dans le champ
Langue: papotage et attentisme
Vers un Québec de plus en plus anglais?
Le statut défaillant du français
Réplique à M. Paillé
Savoir compter
Mettre la langue à l'abri de la partisanerie
Les jeunes et l’anglais
Avenir du français
La dégringolade du français en 2006




Le mathématicien de la langue


Une entrevue sous forme de portrait avec le professeur Charles Castonguay, ardent défenseur de la langue française

Cet article est paru à l'origine dans le numéro 208 de L'aut'journal, soit en avril 2002.

Par Ginette Leroux

Charles Castonguay est professeur titulaire au département de mathématiques et de statistique de l'Université d'Ottawa. Ardent défenseur de la langue française, critique des démographes Henripin et compagnie qu'il accuse de vouloir « faire dire n'importe quoi aux chiffres », le mémoire qu'il présente à la Commission des États généraux du français, la Commission Larose, tenue en août dernier en fait preuve.

« L'avenir du français au Québec ne sera assuré que lorsque les transferts linguistiques à Montréal se répartiront au prorata des populations de langue française et de langue anglaise. Si l'on ne se donne pas les moyens de réaliser cet objectif, on se leurre. Le poids des francophones baissera jusqu'à un niveau tel que l'actuelle politique sera remise en question, à la faveur d'un bilinguisme dont on connaît l'issue », voilà en résumé son plaidoyer.

Publié ce mois-ci (en avril 2002 - ndlr) conjointement par L'aut'journal et les Éditions Trois-Pistoles, Larose n'est pas Larousse réunit ses chroniques parues dans L'aut'journal sur la question.


Un anglophone originaire d'Ottawa


Comment Charles Castonguay, un anglophone originaire d'Ottawa, en est-il venu à épouser la cause linguistique québécoise ? Une énigme que son histoire personnelle nous aide à déchiffrer. C'est suite à la prise du pouvoir par le Parti québécois en 1976, après une décennie d'engagement actif au sein du PQ, que sa nouvelle identité se précise : d'anglo-ontarien, il devient anglo-francisé. En 1980, de retour à Hull, ses écrits deviennent plus universitaires, ses recherches plus fouillées, ses préoccupations plus ciblées.

« Québec veut probablement ce que je voudrais, avoue-t-il, la réconciliation du Canada français et du Canada anglais sur une base de partenariat d'égal à égal. » Un espoir qui s'amenuise au fil des années, croit-il, mais ce qui ne l'empêche pas de continuer à informer les Québécois souverainistes, les francophones hors Québec, les fédéralistes, même les anglophones, sur les dangers que court la langue française.

Il est alors en mesure de formuler sa propre perspective qu'il présente sur un ton ferme. Pour avoir une influence sur le cours des choses, il prend la parole par l'écrit et les conférences. Afin de mieux comprendre le chemin parcouru, il faut connaître l'homme derrière les idées.


Des origines mixtes


Charles Castonguay est anglophone. Son identité est claire. Pourtant, Castonguay n'est-il pas un patronyme francophone ? «Métissage, explique-t-il. C'est une chose assez courante dans les zones de contact entre le Canada français et le Canada anglais. »

Du côté maternel, ses grands-parents étaient des immigrants de langue allemande venus de la Prusse orientale. Son grand-père avait servi dans l'armée de Bismarck. Après la paix de 1871, appréhendant une autre guerre, il arrive au Canada et s'installe à Ottawa.

À cette époque, il y avait là une colonie allemande florissante qui considérait importante la transmission de sa culture à la génération née au Canada. Sa mère, née à Ottawa en 1900, est allée à la petite école allemande et a été élevée dans la religion luthérienne de son père, bien que sa mère fut catholique.

Mais avec la Première Guerre mondiale, la discrimination contre les Allemands s'est fait sentir à Ottawa. Cela s'est accentué avec la Deuxième grande guerre. Ainsi, les racines allemandes se sont estompées. Sa mère s'est anglicisée tout comme la communauté qui s'est dissoute. Elle ne lui a jamais transmis l'allemand. « C'est tout naturellement que ma famille du côté allemand s'est anglicisée, l'anglais et l'allemand étant des langues germaniques. J'étais donc anglophone, ma mère ne parlait pas français. »

Du côté paternel, son grand-père épouse une Irlandaise catholique. La mort prématurée du grand-père à 45 ans fait en sorte que la langue de la grand-mère s'impose à la maison. « Mon père a toujours parlé anglais avec ma grand-mère; ma mère et moi évidemment parlions anglais avec elle aussi; je ne l'ai jamais entendue parler français et je ne sais même pas si elle pouvait parler français », précise-t-il.

Les origines de Charles Castonguay sont décidément mixtes. « Je suis issu d'un mariage mixte, mon père aussi, et la famille de ma mère est passée de l'allemand à l'anglais. » L'anglais est sa langue maternelle. Suite à un « accommodement » entre ses parents, il fait son entrée à l'école francophone.

« Ma mère s'est convertie au catholicisme de façon à pouvoir épouser mon père. Je pense qu'il y a eu là un genre de négociation, probablement inconsciente, entre les deux conjoints. Elle avait cédé pour la religion, elle a aussi cédé pour l'école. »


Vivre à la frontière de deux mondes


« Le français, je l'ai reçu en tirant la langue pour recevoir l'hostie », dit-il en riant. Il apprend le français à l'école primaire séparée franco-ontarienne et catholique. On était en Ontario, mais la mentalité des francophones était indissociable de la culture canadienne-française du côté québécois de la rivière. « C'était un véritable cours d'immersion avant la lettre. On anglicisait la cour d'école, mais on parlait français dans les corridors et dans les salles de cours. »

Il prend ses premiers cours d'anglais au high school, une école secondaire confessionnelle fondée et dirigée par les Pères Oblats. Un mélange de laïcs et de prêtres assuraient les cours; ces derniers offraient les cours de français, de latin et de religion tandis que les laïcs donnaient les cours de chimie, de géographie et d'anglais.

Retour donc à l'anglais. Un vrai plaisir. Il se met alors à fréquenter la Ottawa Public Library et la Carnegie Library. « On lisait jusqu'à sept romans par semaine mon frère et moi. » Dans la communauté anglophone, même au Québec, l'incitation à la lecture est fortement liée au milieu scolaire. «Ça vient du protestantisme, dit-il. Luther voulait que chacun soit alphabétisé et puisse lire la Bible afin de développer un rapport personnel avec le Très-Haut. »

De là, les différentes sectes protestantes. « Quand j'écoute Bach, ses passions, ses cantates, c'est simple, c'est direct, c'est très luthérien », ajoute-t-il. Dans l'Église catholique, la hiérarchie fait loi, ce qui a eu pour effet de garder le peuple dans l'ignorance pour mieux encadrer et éventuellement mobiliser les fidèles.

Charles Castonguay a navigué entre deux mondes linguistiques et culturels : anglophone de sa mère et francophone de son père, et il est parvenu sans heurt à concilier les deux parties de lui-même.


Les études universitaires


Sur les conseils de son professeur James J. Gillespie, lui-même officier et pilote dans l'aviation britannique durant la Deuxième Guerre mondiale, il s'engage dans les Forces Armées canadiennes pour payer ses études universitaires.

Une fois le contrat signé, Charles Castonguay commence ses études de premier cycle à l'Université d'Ottawa. Les programmes étaient structurés de façon à ce que les anglophones puissent suivre une formation en anglais et les francophones en français. Leur contenu était riche en littérature de langue maternelle française ou anglaise, mais pauvre en enseignement de la langue seconde. Il opte pour l'anglais.

Le directeur du département de français le convoque à son bureau. «Pourquoi, avec un nom comme Castonguay, vous inscrivez-vous dans le programme anglais?», lui demande-t-il, outré. « Ici je suis libre, lui répond Charles sans sourciller, je ne suis plus à l'école secondaire; à l'université, on choisit son cours. »

Le directeur était rouge de colère. Il s'appelait Bernard Julien, le frère de Pauline. « Je ne le savais pas à l'époque, raconte Castonguay. Je pensais que c'était encore un de ces emmerdants d'oblats qui voulait faire de moi un militant pour la cause française. J'ai refusé. Du déjà vu à l'école élémentaire, puis au secondaire. Ça me paraissait conservateur, renfermé sur soi, rétrograde, sombre : je sentais qu'ils voulaient faire de nous une sorte de militants de remparts; ça ne m'intéressait strictement pas. »

Le genre de francophonie pratiqué à l'époque, notamment chez les minorités comme à Ottawa, n'était pas très emballant pour un jeune.

À la fin du bac, ses bonnes notes lui permettent d'obtenir un délai de service militaire pour faire sa maîtrise. Il n'en a pas été de même pour le doctorat. « Qu'est-ce qu'on peut faire avec un doctorat en mathématiques dans l'aviation? », se demandaient ses supérieurs. Dommage, parce qu'il avait été accepté à Berkeley. Il a donc fallu qu'il fasse ses trois années de service militaire avant d'entreprendre ses études doctorales.


La poésie, l'amour et la langue française


Au cours de la première année de service, il est affecté aux quartiers généraux à Ottawa comme mathématicien conseil. Se sentant désœuvré, il s'inscrit à un cours de littérature française. C'était en 1963, il avait 23 ans. « Mon prof André Renaud était fascinant. Il connaissait bien sa matière et il avait le don du verbe. Entre Rutebeuf et Rimbaud, j'ai intériorisé le français. C'est par la poésie qu'on entre vraiment dans une langue. »

Peu après, il rencontre Lise, celle qui allait devenir sa femme. Elle était originaire du vieux Hull, québécois et francophone. Sa vie se déroulait essentiellement du côté québécois de la rivière, celle de Charles du côté ontarien. Les chansons de Gilles Vigneault ont rapproché une fille de Hull et un gars d'Ottawa. La poésie et l'amour réunis ont dessiné son univers francophone.


Les bienfaits de la coercition


Il poursuit son service militaire au Collège militaire de Saint-Jean. Pour la première fois de sa vie, il se retrouve dans un milieu francophone et en pleine Révolution tranquille. Nous sommes en 1964-1965. Lise l'accompagne, elle enseigne au cégep. Quant à lui, il enseigne aux jeunes officiers. Les anglophones ont des professeurs anglais et les francophones des professeurs français. La langue de communication publique quotidienne est le français pendant la moitié du mois et l'anglais l'autre moitié du mois.

Le système coercitif fonctionne à merveille. « Si un officier élève était pris à parler une langue contraire à la langue du jour, soit en allant à son cours, à la cafétéria ou encore le soir en se promenant, il était puni, se rappelle-t-il. À 6h du matin, il devait courir autour des bâtiments, faire des push-up. Il n'y a pas une langue plus difficile à apprendre qu'une autre si la motivation est là, et la motivation peut prendre la forme d'une contrainte.»

Ses obligations acquittées envers l'armée, il reçoit une offre d'emploi de l'Université d'Ottawa qui, largement anglophone depuis sa création en 1953, cherche à répondre à une grande partie de sa clientèle maintenant francophone. La décision est prise : les jeunes mariés, parents d'un bébé, achètent une maison à Hull parce que «pour Lise, il n'était pas question d'habiter en Ontario ».

Pour avoir un poste permanent, un doctorat est essentiel. Il s'inscrit donc à l'Université McGill. Il oriente son choix vers la philosophie des mathématiques et l'épistémologie avec comme sujet de thèse : Meaning and existence in mathematics (Sens et existence en mathématiques). «J'ai décidé de réfléchir sur les mathématiques. Comment sait-on ce qu'on pense savoir ? Sait-on quoi que ce soit ? Quel est le fondement de la vérité en mathématiques ? »

Le thème de la vérité, ce désir de certitude, a toujours été omniprésent chez Charles Castonguay. « Chez d'autres personnes, c'est la soif de Dieu sous différentes formes ou encore l'amour ou l'expression artistique », précise-t-il. Nous sommes en 1968. Au Québec, ça bouge beaucoup à ce moment-là.


Une décennie d'implication active


Deux ans plus tard, c'est la Crise d'Octobre. « J'ai compris que si jamais un felquiste se présentait à la porte pour demander refuge, Lise l'abriterait. » À la même époque, René Lévesque se présente dans le comté de Laurier et tient une assemblée en anglais. « Il y avait plus de quatre cents personnes dans la salle, beaucoup d'atmosphère. Après quarante-cinq minutes, des gens au fond de la salle ont commencé à scander En français ! En français !, ce qui a été repris par la salle.

Écoutez, c'est une soirée d'information pour les anglophones, ça va se poursuivre en anglais, s'est exclamé René Lévesque. Tout le monde a applaudi. Il avait le don de manier les foules. J'étais parmi les trois ou quatre anglophones présents; tous les autres étaient des francophones. Mais la soirée s'est terminée en anglais. Ça m'avait beaucoup impressionné parce j'avais des hésitations sur le nationalisme québécois. »

La Loi des mesures de guerre imposée par Pierre E. Trudeau a été la goutte qui a fait déborder « son vase ». « Comme Canadien anglais, j'avais honte; je trouvais ça injuste. » Il prend alors conscience que le Canada anglais, loin de vouloir comprendre le Canada français, loin de vouloir une réconciliation, cherche plutôt par des moyens militaires à le briser. « Et Trudeau a été très explicite. Son objectif était de mettre fin au nationalisme canadien-français », ajoute-t-il.

Il est intéressant de constater le profil linguistique similaire entre Trudeau et Castonguay. L'un comme l'autre étaient issus d'un mariage mixte entre francophone et anglophone. « Pour Trudeau, le nationalisme canadien-français était celui que moi non plus je n'avais pas aimé quand j'étais jeune : style renfermé, dominé par le clergé, plutôt replié sur le passé. » Mais là s'arrête la ressemblance. « Trudeau simplifiait; je suppose que lui aussi cherchait sa vérité. Mais sa vérité, c'était lui-même. Il l'a vue dans le miroir, trop imbu de lui-même. »

Son idéal était plutôt Lester B. Pearson, un grand diplomate, selon lui. Il rappelle qu'il a mis sur pied la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme dont le mandat était de faire des recommandations de façon à ce que le Canada se développe sur la base d'un partenariat entre les deux peuples fondateurs, d'égal à égal. « C'était parfait pour moi. C'était une façon de réconcilier mes deux univers. »

Mais la situation politique du Québec l'enthousiasme. « Le volet social-démocrate du Parti québécois, le mouvement indépendantiste perçu comme un mouvement de libération, c'était emballant », déclare-t-il. Il devient membre du PQ. L'explosion culturelle, la chanson, le théâtre, le cinéma, le mouvement écologiste anglo-saxon (Small is beautiful), tout le pousse à s'impliquer de façon active. « C'est à ce moment-là que je suis né politiquement », reconnaît-il.

Son doctorat terminé en 1971, sa permanence est acquise à l'Université d'Ottawa en 1972. À trente ans, il est professeur agrégé. Les enfants sont alors d'âge scolaire. Avec sa femme, il participe à des comités d'école. C'est aussi l'époque des coopératives de consommation. Tous deux deviennent membres très actifs du club coopératif de consommation de Hull.

Ils s'impliquent à fond au sein de l'organisation du PQ. Ils impriment le journal du PQ chez eux pour informer les membres des enjeux, des débats. Aussi, ils assurent la formation des militants pour qu'il y ait une vraie qualité de vie démocratique en plus d'une participation aux débats politiques qui amènent le programme du PQ à se transformer. Ils sont idéalistes. « Bien que nous nous soyons heurtés à l'establishment, ce furent des années très formatrices », reconnaît-il.


Année charnière


1976 est pour lui une année charnière. Suite à la prise du pouvoir par le Parti québécois, à la fois satisfait mais aussi un peu refroidi par la politique partisane, il délaisse le parti. Les règles du jeu ont changé. Il oriente plutôt son action vers la Société nationale des Québécois (SNQ) et l'Association canadienne des francophones ontariens (ACFO). Il participe à des débats, prononce des conférences.

Son identité se précise, sa mutation se fait sentir. Il réalise qu'il s'est assimilé. D'où ses recherches approfondies et ses écrits-chocs sur les transferts linguistiques. Il devient spécialiste de la question, non seulement au Québec mais aussi au Canada.

« N'oublions pas que je suis parti d'Ottawa et que je suis rendu à Hull (Gatineau maintenant), ce n'est pas rien. Deux mondes différents : le Canada anglais et le Canada français; ce petit pont-là est très important, très significatif. »

Que réserve l'avenir ? Son vœu le plus cher est de passer le flambeau, former des jeunes capables de continuer le combat, d'animer le débat et, espère-t-il, assurer ainsi la postérité.



Par Charles Castongua, publié le 20 avril 2008


Oh! Que voilà de la belle ouvrage! Statistique Canada mérite un superbe bouquet de fleurs pour sa présentation le 4 mars dernier des résultats de 2006 sur la langue de travail. C’était la deuxième fois seulement qu’au recensement, on recueillait de l’information sur ce sujet capital. L’intérêt portait donc sur la façon dont les nouvelles données allaient se comparer à celles de 2001, tout particulièrement en ce qui a trait à la langue principale de travail des travailleurs allophones récemment arrivés au Québec.

Une évolution inquiétante

On se rappellera qu’au recensement de 2001, l’examen de la langue de travail des travailleurs immigrés en fonction de leur période d’immigration suggérait l’existence d’une évolution inquiétante. L’emploi de l’anglais comme langue principale de travail en 2001 était aussi fréquent que celui du français parmi la plus récente cohorte de travailleurs allophones, soit ceux arrivés en 1996-2001, tandis que l’usage du français était nettement prépondérant parmi ceux qui étaient arrivés depuis plus longtemps.

Par exemple, pour la cohorte arrivée en 1976-1985 l’usage principal du français au travail s’élevait à 55 % contre 28 % pour l’anglais, le reste étant réparti entre l’usage à parts égales du français et de l’anglais ou, beaucoup plus rarement, l’usage principal d’une tierce langue de travail.

Tout cela pouvait laisser craindre que le français soit en perte de vitesse vis-à-vis de l’anglais comme langue de travail des immigrés allophones au Québec et, notamment, dans la région de Montréal.

Renversement de tendance

Les analystes fédéraux ont fait ça comme des pros. Ils ne se sont pas contentés de souligner que l’usage principal du français au travail par les immigrés allophones est en hausse en 2006 comparativement à 2001. Ils ont aussi fait ressortir la raison fondamentale derrière cette bonne nouvelle. Les très nombreux allophones immigrés tout récemment au Québec comptent une plus forte proportion de francotropes.

Tout comme les héliotropes sont des plantes qui se tournent naturellement vers le soleil, les francotropes sont des allophones portés par l’histoire ou par des affinités linguistiques à utiliser le français plutôt que l’anglais. Nous les connaissons bien. Ce sont grosso modo les personnes de langue maternelle latine, indochinoise, arabe ou créole.

En effet, parmi la cohorte d’allophones immigrés au Québec en 1996-2001, le recensement de 2001 comptait 46 % de francotropes et 43 % de travailleurs ayant le français comme langue principale de travail. Et parmi la cohorte arrivée en 2001-2006, le recensement de 2006 compte 54 % de francotropes et 50 % de travailleurs qui emploient principalement le français au travail. La corrélation entre le poids des francotropes et l’usage du français au travail parmi une cohorte donnée est évidente.

Le document d’analyse de Statistique Canada n’utilise pas la notion de francotrope comme telle mais c’est tout comme. Il y est question de la forte croissance du nombre d’immigrants de langue arabe, espagnole et roumaine dans la cohorte 2001-2006. Et, plus précisément, de « 15 500 travailleurs immigrants récents de langue maternelle arabe dont 84 % déclaraient utiliser le plus souvent le français (seul ou avec une autre langue) au travail ». Rien qu’à voir, on voit bien.

Trois fois chapeau! donc. C’est seulement dommage que le 4 décembre dernier, au moment de dévoiler les données de 2006 sur la langue principale parlée à la maison, les gens de Statistique Canada n’aient pas fait preuve de la même transparence. Ils avaient alors omis de signaler que le même facteur, soit la proportion élevée de francotropes, explique aussi la majeure partie de la hausse du pouvoir d’assimilation du français comme langue d’usage au foyer parmi l’immigration allophone plus récente, comparativement à la plus ancienne. Ce qui leur a valu une volée de bois vert dans ma dernière chronique. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire!

La ministre est dans le champ

Par contre, ceux qui ne veulent pas voir ne verront jamais rien. Comme elle l’avait fait le 4 décembre à la diffusion des données de 2006 quant au pouvoir d’attraction élevé du français comme langue d’usage au foyer parmi la plus récente cohorte d’immigrés allophones, à la diffusion du 4 mars Christine St-Pierre a encore attribué à la Loi 101 la hausse du français comme langue principale de travail parmi les travailleurs allophones les plus récemment arrivés. « La Charte de la langue française fait son travail », s’est-elle rengorgée, au lieu de reconnaître que c’est plutôt la sélection des immigrants qui fait le travail.

Cette fois, prévenus par l’interprétation offerte par Statistique Canada, les journalistes n’ont pas été dupes. Ils ont tout de suite mis les pendules à l’heure en faisant état dans leurs reportages de la proportion élevée de personnes de langue arabe, espagnole et roumaine parmi les tout nouveaux arrivants. Ce qui a pas mal gâché l’ambiance de fête dont « Mam » Boucher comptait sans doute profiter en publiant dès le lendemain 5 mars son rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec.

Va-et-vient entre les provinces

Statistique Canada a fait encore mieux. Après avoir relevé que de 43 % en 2001, l’usage principal du français au travail parmi la cohorte d’allophones immigrés en 1996-2001 est passé à 50 % en 2006, ses analystes n’ont pas laissé entendre de manière simpliste que « la Charte de la langue française fait son travail ».

Ils ont plutôt attiré l’attention sur le tamisage migratoire entre le Québec et le reste du Canada. Le va-et-vient entre les provinces fait en sorte qu’après cinq ans, les allophones de la cohorte 1996-2001 qui résidaient encore au Québec au recensement de 2006 sont davantage enclins à utiliser le français que ceux qui y étaient énumérés en 2001. Car les allophones portés à utiliser l’anglais ont tendance à quitter le Québec alors que les francotropes tendent à y rester.

Parmi une cohorte donnée, il serait par conséquent étonnant de constater, avec le passage du temps, autre chose qu’une hausse de l’usage du français au travail. Le même raisonnement vaut pour la part du français dans l’assimilation linguistique d’une cohorte donnée d’immigrés.

Une autre explication viendra facilement à l’esprit de ceux qui ont suivi les audiences de la commission Bouchard-Taylor. Certains Maghrébins, par exemple, immigrés en 1996-2001 mais qui n’avaient pas encore d’emploi au recensement de 2001 parce qu’ils ne connaissaient pas l’anglais, figurent sans doute maintenant parmi les travailleurs énumérés en 2006 du fait qu’ils ont réussi entre-temps à trouver du travail. Ainsi ils ont pu déclarer au recensement de 2006 qu’ils travaillaient en français alors que la question sur la langue de travail ne leur était même pas destinée en 2001.

La question de fond

Pour revenir au facteur qu’a fait ressortir Statistique Canada, le lien entre le poids des francotropes et l’usage principal du français au travail parmi la population immigrée se double d’un lien semblable entre le poids des francophones et la fréquence d’emploi du français comme langue principale de travail parmi la population non immigrée. Ce qui nous amène à poser la question de fond.

Au-delà du conditionnement démographique, quel est le statut du français vis-à-vis de l’anglais au travail? Quel serait le degré d’emploi du français dans le monde du travail au Québec s’il n’était pas paqueté de francophones et de francotropes, c’est-à-dire si les francophones ne formaient plus une aussi forte majorité de travailleurs non immigrés qu’en 2006 et si les cohortes d’immigrants n’étaient pas majoritairement francotropes?

Autrement dit, quelle serait la langue de travail commune au Québec s’il y avait, par exemple, autant de travailleurs anglophones que de francophones, et autant de travailleurs anglotropes que de francotropes?

Un début de réponse se cache quelque part dans la pile de documents dompés en vrac par « Mam » Boucher le 5 mars dernier. Cherche et trouve!




L’anglais, langue commune du travail à Montréal


Par Charles Castonguay, publié le 19 mai 2008.

Nos apparatchiks de la langue ont un penchant pour noyer le poisson. Au lieu d’examiner en profondeur la situation linguistique à Montréal, là où se joue l’avenir du français en Amérique, ils préfèrent nous servir des analyses à l’échelle du Québec. La majorité massivement francophone à l’extérieur de la métropole garantit aussitôt aux résultats un aspect plus rassurant.

Comment déjouer ce conditionnement démographique? Comment déterminer, notamment, le statut du français dans des situations de travail où francophones et anglophones seraient davantage à forces égales?

Une solution du moins partielle serait d’enquêter non pas tant sur la langue principale de travail que sur la langue qu’emploient les francophones pour communiquer avec des anglophones dans leur milieu de travail immédiat. Et sur la langue commune utilisée entre travailleurs francophones et allophones, de même qu’entre anglophones et allophones. Enquêter, quoi, sur le degré de réalisation de l’objectif premier de la Charte de la langue française, qui est on ne peut plus clair : « Le français doit devenir la langue commune de tous les Québécois ».

J’ai donc insisté là-dessus durant mon mandat de cinq ans au Comité de suivi de la situation linguistique à l’Office de la langue française. Qu’attend-on pour enquêter sur la langue commune au travail ou dans d’autres domaines d’activité publique? La réponse du directeur de la recherche, Pierre Bouchard : « Ce serait trop compliqué ».

Des informations d’intérêt capital 

Mais voilà qu’on nous présente les résultats d’une étude intitulée Langue de travail dans les grandes entreprises au Québec, qui offre quelques observations sur la langue de « convergence », ou langue commune, entre travailleurs de langues maternelles différentes. Ses résultats proviennent d’une enquête menée, elle, à l’hiver 2001-2002.

Les membres externes du comité ont aussitôt relevé l’intérêt capital de ces informations. Cela n’aura pas été finalement si « compliqué » pour les enquêteurs de poser, par exemple, la question suivante aux francophones : « Quelle langue utilisez-vous généralement lorsque vous vous adressez à vos collègues anglophones pour des questions de travail? ».

L’étude s’est retrouvée parmi la pile de documents « dompés » par « Mam » Boucher à l’occasion de la publication, le 5 mars dernier, de son bilan de la situation linguistique. Comme on le sait, la mafia en place à l’Office a « flushé » le Comité de suivi lors du processus de confection de ce premier bilan quinquennal. C’est Pierre Bouchard, à la retraite depuis 2006, qui en a rédigé à contrat la majeure partie.

Tenons-nous-en, pour l’instant, à l’étude en question. Elle montre que même à l’échelle du Québec dans son ensemble, les francophones sont aussi nombreux, dans les grandes entreprises, à employer l’anglais comme langue principale de communication avec leurs collègues, supérieurs ou subalternes anglophones dans leur environnement de travail immédiat, qu’à utiliser le français.

À la même échelle, le français devance certes l’anglais comme langue de travail commune entre francophones et allophones, mais l’anglais est la langue la plus souvent utilisée entre travailleurs anglophones et allophones.

50% des francophones utilisent principalement l’anglais

On n’y trouve qu’un seul petit tableau, partiel, sur la langue commune dans les grandes entreprises situées dans la région de Montréal. Il révèle qu’environ 50 % des francophones utilisent principalement l’anglais pour communiquer au travail avec leurs collègues ou supérieurs anglophones, contre quelque 40 % qui emploient le français comme langue commune dans les mêmes circonstances. Les 10 % restants affirment employer le français et l’anglais à parts égales.

Il n’y a rien sur la langue commune à Montréal entre travailleurs francophones et allophones, ni entre anglophones et allophones. Les résultats pour l’ensemble du Québec laissent toutefois déduire que dans ces cas de figure, l’anglais jouirait d’un statut au moins égal à celui du français en tant que langue de travail commune dans les grandes entreprises de la région métropolitaine.

Néanmoins, les auteurs, deux employés de l’Office et un contractuel, ont pris soin de bien noyer le poisson à l’échelle provinciale, de façon à conclure que « lors des contacts interlinguistiques, le français est plus la langue de convergence que l’anglais ».

La domination de l’anglais

Il faut noter que cette enquête ne visait que les entreprises privées de cent employés ou plus et, par surcroît, inscrites au processus de francisation défini par l’Office. Il s’agit donc de la crème de ce qui a été accompli en matière de francisation de la langue de travail depuis les lois 22 et 101, soit le milieu des années 1970.

Si l’on enquêtait sur les travailleurs de toutes les entreprises, de toutes tailles et inscrites ou non au processus de francisation, la domination de l’anglais comme langue commune dans le milieu de travail montréalais ressortirait nettement. Et davantage encore si l’on visait les entreprises situées dans l’île de Montréal où la composition linguistique de la population active avantage moins le français que dans l’ensemble de la grande région métropolitaine.

Soulignons aussi que les résultats de cette enquête ne sont nullement attribuables à l’incidence de la mondialisation sur la langue de travail à Montréal. Il ne s’agit pas d’observations sur la langue de communication avec des clients à l’extérieur du Québec mais bien sur la langue utilisée pour communiquer avec des personnes de langue différente dans l’entourage de travail immédiat de la personne interviewée.

Confirmé par d’autres études

Cette supériorité de l’anglais sur le français comme langue de travail commune à Montréal s’accorde parfaitement avec les études publiées en 2007 par Statistique Canada et l’Institut C.D. Howe, selon lesquelles l’anglais s’avère plus payant sur le marché du travail que le français pour les immigrés allophones au Québec. Le bilan Boucher-Bouchard fait comme si ces deux études n’existaient pas.

D’ailleurs, le bilan fait comme si la plus significative de toutes les études réalisées depuis cinq ans à l’Office même, qui porte sur les perceptions des résidants de l’île de Montréal quant au statut comparé du français et de l’anglais, n’existait pas non plus. L’étude en question conclut que l’anglais jouit aux yeux des Montréalais d’un statut supérieur. Attitude qui cadre parfaitement, elle aussi, avec les comportements que nous avons pu déduire en ce qui a trait à la langue commune du travail à Montréal. Cette étude demeure à ce jour inédite.

Comment noyer le poisson

Voyons maintenant ce qu’il reste, dans le bilan Boucher-Bouchard, des observations sur la langue de travail commune dans les grandes entreprises.

Le communiqué du 5 mars soutient que ce premier bilan quinquennal « permet de prendre la juste mesure de la place occupée par le français et les autres langues au Québec », pour ensuite aligner faussetés et fadaises. Pas un mot sur la langue commune, enjeu fondamental de la Charte.

La synthèse du bilan nous ment effrontément. On y affirme qu’une proportion « non négligeable » de travailleurs francophones « doit utiliser l’anglais en présence de personnes de langue anglaise ». Même si l’on ne s’en tient qu’à la situation dans l’ensemble du Québec, il s’agit en vérité, nous l’avons vu, de pas moins de la moitié des travailleurs francophones.

Quant au bilan au complet, ses auteurs noient allègrement le poisson. Ils ne reprennent que les tableaux les plus rassurants sur la langue de travail commune pour l’ensemble des grandes entreprises du Québec. Pas la moindre note sur les résultats de l’enquête pour celles qui sont situées dans la région de Montréal.


En somme, au lieu de nous donner la « juste mesure » de la place qu’occupent le français et l’anglais en tant que langue commune du travail, l’Office a pratiqué la dissimulation et le mensonge. Tout pour conforter les Québécois dans l’inaction.

Le triomphe de la langue de bois

Dès avant les dérapages de « Mam » Boucher, la réputation de l’Office avait été ternie par l’affaire de l’enquête inexistante sur la langue de service au centre-ville de Montréal. La même loi de l’omerta quant au statut réel du français à Montréal a abouti à un bilan douteux. Cinq autres années de perdues.

Vous souvient-il quand Louise Beaudoin et Nadia Assimopoulos nous endormaient avec « le français est la langue commune de la société québécoise »?

Il y a longtemps que la langue officielle du Québec est devenue la langue de bois.



Par Charles Castonguay, publié le 22 août 2008.


M. Bouchard et Taylor avaient posé dans leur document de consultation la question fondamentale : l’inquiétude pour la survie de la majorité 1589|1642|Société Manchettes Coups_de_gueule|À nouveau, la Fondation Chagnon|2009-06-03 08:46:02|Monique Pauzé|L’auteure est président du Syndicat de l’enseignement de Champlain

« S’acheter une partie d’État », ce sont les termes du président de la CSQ pour qualifier l’action de la fondation Chagnon. Rappelons que le gouvernement Charest s’associe à cette fondation privée pour contrer le décrochage scolaire, mais également pour venir en aide aux enfants de milieux défavorisés. Deux projets de loi sur ce partenariat sont actuellement à l’étude.

Malgré leur besoin d’argent frais, groupes communautaires et milieux scolaires dénoncent l’attitude de la Fondation. Pourquoi?

À cause d’expériences négatives. La Fondation arrive dans les écoles en imposant ses expertises, sa formation, ses façons de faire.

À Trois-Rivières, tout a commencé avec le programme Québec en forme. J’en ai discuté avec la vice-présidente du syndicat de l’enseignement, Mme Claudia Cousin, pour bien comprendre l’origine du problème.

Au départ, Québec en forme prenait l’initiative de tout organiser et de tout payer : sorties pour les élèves, lettres aux parents, réservation d’autobus, achat de matériel.

Le personnel enseignant et la direction n’y voyaient que du bon. Il y avait de l’argent, les jeunes allaient bouger, les enseignants auraient du temps pour planifier.

Trois ans plus tard, l’étoile a considérablement pâli. Les animateurs changent l’horaire sans avertir le personnel de l’école; il n’y a plus de belles sorties. De plus, les enseignantes et les enseignants doivent chausser leurs espadrilles et prendre en charge l’organisation des activités. Ils n’ont plus de temps pour planifier. Pendant ce temps, les enseignants d’éducation physique passent au second plan, parce que Québec en forme s’accaparent les gymnases.

Mme Cousin me signale que, devant le mécontentement généralisé, la direction de l’école et la commission scolaire ont décidé d’arrêter le programme et de se réorganiser pour l’an prochain.

Non, la Fondation Chagnon ne gèrera pas nos écoles !

La CSQ a annoncé l’organisation d’un colloque à l’automne sur les implications de ce nouveau mécénat qui s’apparente beaucoup plus à une privatisation des services publics.

Monique Pauzé, présidente
|Mécontentement généralisé à Trois-Rivières
1590|1643|Divers |L'aut' journal vicitme d'un cambriolage|2009-06-03 17:02:21|Pierre Dubuc|

En arrivant dans nos locaux lundi matin, nous avons retrouvé la porte défoncée, les classeurs et les tiroirs des bureaux ouverts, la documentation éparpillée sur le sol. Mais, surtout, nous avons constaté l’absence du photocopieur, de deux ordinateurs neufs et de leur écran plat. Des cambrioleurs nous avaient visités au cours de la fin de semaine, tout comme d’autres locataires de l’immeuble.

Heureusement, nos listes d’abonnés et nos copies de sauvegarde avaient été mises à l’abri. Nous pourrons donc reprendre rapidement nos activités.

Cependant, un tel événement n’est pas sans coût. Nous étions assurés, mais il y a un déductible de 500 $. De plus, nous devrons investir des sommes relativement importantes pour nos moyens afin de sécuriser notre local.

Des projets compromis

Au cours des deux dernières années, nous avons multiplié les efforts pour assainir nos finances. Nous avons réduit le tirage de 30 000 à 20 000 exemplaires, diminuer le nombre de pages pour les éditions où la publicité était moins présente. Nous avons également déménagé dans un local plus petit et moins cher.

Tout cela nous a permis de dégager des sommes d’argent que nous avons consacrées à notre site Internet. Avec la campagne d’abonnement en cours à l’occasion du 25e anniversaire du journal, nous avions réussi à amasser un petit pécule qui nous aurait permis la mise en place d'un certain nombre de projets l’automne prochain. Par exemple, nous envisagions une chronique syndicale plus élaborée sur notre site Internet. Ces projets sont compromis par ce cambriolage.

Il faut rappeler que la situation financière de l’aut’journal est précaire. Notre budget annuel tourne autour de 150 000 $ et nous réussissons à produire le journal, la revue L’Apostrophe, les Carnets de l’aut’journal, des livres et alimenter un site Internet avec des mises à jour quotidiennes à cause du militantisme de nos collaboratrices et nos collaborateurs. L’aut’journal n’a qu’un seul salarié, Louis Bourgea, qui assure la permanence et la coordination de nos activités.

Votre soutien est important

Pour adoucir la situation actuelle et nous permettre de réaliser ce que nous avions projeté pour l’automne, nous vous invitons à nous apporter votre soutien. Cela peut se faire de plusieurs façons.

Nous invitons les organisations syndicales et les autres organismes à prendre une publicité dans notre prochaine édition consacrée à la Fête nationale.

Nous invitons nos lectrices et nos lecteurs à renouveler leur abonnement, s’ils ont négligé de le faire, ou à s’abonner, si ce n’est déjà fait.
Vous pouvez également acheter nos publications (livres, carnets) dont vous trouverez la liste en cliquant ici.

Enfin, bien entendu, nous acceptons les dons, si minimes soient-ils. Vous pouvez effectuer un don en utilisant votre carte de crédit en cliquant ici ou encore en envoyant un chèque à l’aut’journal, 4270, boul. Saint-Laurent, bureau 204, Montréal, H2W 1Z4.

Merci de votre solidarité et de votre soutien au développement d’une presse libre et indépendante !

Pierre Dubuc
directeur

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1591|1644|Accueil_Actualités|Loi sur les poursuites abusives|2009-06-04 08:42:30|L’aut’journal|

Les Éditions Écosociété saluent l’adoption de la Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens au débat public et remercient les parlementaires d’avoir voté une telle loi. 

Écosociété et les auteurEs de Noir Canada se saisiront bientôt des nouveaux outils législatifs à leur disposition. Leur cas permettra alors de tester l’efficacité de la loi.

Écosociété a maintes fois réclamé une intervention législative forte pour réaffirmer la prédominance de la liberté d’expression, dans le cadre du débat public, sur le droit à la réputation. Cependant, si cette loi fait un pas dans la bonne direction, certaines de nos revendications, qui visaient à renforcer la protection du débat public, n’ont pas été entendues. Nous restons donc très inquiets quant à notre avenir.

Nous aurions entre autres souhaité qu’il y ait une présomption d’abus en cas de poursuites contre une personne ou un organisme utilisant sa liberté d'expression dans le cadre de débats publics portant sur des questions d’intérêt public.

Cette présomption d'abus aurait en effet permis un renversement automatique du fardeau de la preuve, ce qui signifie que la partie qui poursuit aurait eu à établir d'emblée que sa poursuite n'est pas abusive dès lors qu'elle intervient dans le cadre d'une participation au débat public. 

Comme le souligne Me Tamaro, procureur d’Écosociété, une telle modification aurait donné de l’importance au débat public qui, actuellement, cède trop souvent devant le droit à la réputation.

Elle aurait fait écho au jugement de la Cour Suprême du Canada rendu en 2008 par le juge Binnie : « La fonction du délit de diffamation est de permettre le rétablissement de la réputation, mais de nombreux tribunaux ont conclu qu’il faudrait peut-être modifier les éléments constitutifs traditionnels de ce délit pour faire plus de place à la liberté d’expression. On redoute en effet que, par crainte des coûts de plus en plus élevés et des problèmes engendrés par les poursuites en diffamation, les diffuseurs passent sous silence des questions d’intérêt public (...). La controverse publique a parfois de rudes exigences, et le droit doit respecter ses exigences. »

Malheureusement, cette nouvelle loi n’intègre pas suffisamment ce message fort important alors qu’il faudrait donner aux tribunaux les moyens de renverser le déséquilibre actuel.

Ainsi, lors du recours à la loi contre les poursuites abusives, ils devront corriger ce déséquilibre au profit de la liberté d’expression dans le cas où le débat public est en jeu. C’est une « rude exigence », mais combien essentielle dans une démocratie.  

L’histoire dira si nous nous sommes véritablement donnés les moyens de défendre la place de la pensée critique et du débat public dans notre démocratie.

Source : Éditions Écosociété

|Écosociété sera le test
1592|1645|Manchettes Mouvements_syndical|Régine Laurent élue à la présidence de la FIQ|2009-06-04 08:51:47|L'aut'journal|

Réunies en conseil fédéral à Saint-Hyacinthe, les déléguées de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ ont élue Régine Laurent comme présidente. Madame Laurent succède donc à Lina Bonamie.

Infirmière de profession depuis 1979 et militante syndicale depuis 1984, madame Laurent était présidente de l’Alliance interprofessionnelle de Montréal (AIM) depuis 2005. De 1991 à 2001, elle avait également occupé le poste de secrétaire au Comité exécutif de la Fédération. « Je suis extrêmement heureuse et fière d’avoir été élue comme présidente de la FIQ. C’est une organisation formidable portant des valeurs auxquelles je crois profondément », de dire Régine Laurent.

La nouvelle présidente se dit prête à relever les prochains défis qui se présenteront à elle. « Je débute mon mandat à l’aube d’une nouvelle ronde de négociations. Les professionnelles en soins membres de la FIQ peuvent compter sur toute mon énergie pour la défense et l’amélioration de leurs conditions de travail. », de poursuivre madame Laurent.

L’organisation du travail représente également un dossier prioritaire pour la nouvelle élue. « La Fédération en a fait un cheval de bataille depuis plusieurs années et j’ai la ferme intention de poursuivre cette bataille. À cet égard, je souhaite que l’organisation du travail permette de redonner aux professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires la place qui leur revient dans notre réseau de la santé et, ainsi, leur permettre de donner des soins plus humains », de conclure madame Laurent.

|Elle succède à Lina Bonamie
1593|1646|Caricatures|L'escouade antiterroriste!|2009-06-04 19:27:16|Simon Banville|

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1594|1647|International Accueil_Analyses|Des terroristes au Congrès US|2009-06-05 08:18:06|Jean-Guy Allard|

L’auteur est journaliste à l’agence de presse Granma

Au moins une douzaine des pourvoyeurs de fonds du lobby le plus actif de Washington en ce qui a trait à l’opposition à une normalisation  des relations avec Cuba ont participé ou ont été liés à des activités terroristes et paramilitaires de  la mafia cubano-américaine de Miami.

Une analyse des listes de donateurs du Comité d’action Politique (PAC)  « Démocratie USA-Cuba », connu à Washington pour son activité de lobbying et grand bailleur de fonds aux campagnes des congressistes des deux partis, révèle que plusieurs d’entre eux ont collaboré à des activités qui, dans tout autre pays du monde, seraient qualifiées de terroristes et réprimées par les tribunaux.

Feliciano Foyo, Horacio García et Alberto Hernández, trois ex directeurs de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) que le terroriste notoire d’origine cubaine Luis Posada Carriles a désigné publiquement  comme étant les principaux « financiers » de ses activités criminelles, apparaissent dans  la liste de donateurs du PAC anti-cubain, publié par la Commission Fédérale des Électeurs (FEC) sur son site web.

La FEC est une entité fédérale chargée d’administrer et appliquer la loi sur le financement de campagnes et sur la cueillette de fonds réalisée par les candidats à la Chambre des représentants, le Sénat, la présidence et la vice-présidence des États-Unis.

 

LE « DOCTEUR » HERNANDEZ,  MÉDECIN ET PROMOTEUR DE LA TERREUR

La seule trajectoire terroriste du médecin Alberto Hernández Sarduy pourrait couvrir plusieurs pages. Collaborateur assidu de la CIA, Hernández a réuni, en compagnie du fondateur de la FNCA, Jorge Más Canosa, et d’autres têtes dirigeantes de la mafia terroriste de Miami, les 200.000 dollars pour soudoyer les trois juges vénézuéliens qui ont « révisé » le dossier de Orlando Bosch, malgré l’étendue de ses crimes sur le territoire même des États-Unis.

 Il a aussi participé activement à l’évasion de Posada Carriles.de sa prison du Venezuela pour sa réintégration à des opérations de la CIA.

Comme vice-président de la FNCA, Hernández a été le premier responsable de l’organisation en Amérique centrale d’une infrastructure terroriste gérée par Posada, qui souligne ses « mérites » dans son livre Los caminos del guerrero.

En mai 2007, José Antonio Llama, alias « Toñín », ex directeur de la FNCA, a révélé comment, avec les autres membres de la hiérarchie de cette organisation, il a créé un groupe paramilitaire pour mener des actions de déstabilisation à Cuba et éliminer le président Fidel Castro.

Parmi les nombreux membres du groupe, Llama a identifié Foyo et García, ainsi que Elpidio Núñez Ojeda. D’autres sources ont désigné Diego R. Suárez, qui, tout comme les individus déjà cités, a quitté la Fondation en 2001 pour fonder le soi-disant Conseil pour la liberté de Cuba (CLC), où il occupe un poste de direction.

Núñez est propriétaire de Northwestern Meat, qui fait le commerce de la viande à Miami, qu’il a fondé dans les années 60 grâce à des apports de la CIA.

Le comité paramilitaire de la FNCA s’est chargé en 1997 d’ordonner, financer et orienter la campagne terroriste qu’a alors menée Posada Carriles à Cuba, avec des mercenaires d’Amérique centrale, qui a causé la mort du jeune touriste italo-canadien Fabio Di Celmo.

Le 11 août 1997, Núñez, Suárez, García, Foyo et Hernández ont souscrit avec leurs complices à la Déclaration de la Fondation en appui à cette série d’attentats.

Ils y affirmaient froidement que touts les moyens, aussi violents qu’ils soient, sont admissibles pour un changement de gouvernement à Cuba. Le document était aussi signé par Orlando Bosch, le capo terroriste de Miami.

Núñez et Suárez sont aujourd’hui deux des principaux chefs du CLC. Ils ont contribué tous deux plusieurs fois au PAC anti-cubain qui mène au Congrès de violentes campagnes d’attaques contre l’Île.

Felipe Valls, connu dans les années 70 pour ses activités de narco, a aussi participé au Comité paramilitaire de la FNCA. Valls se trouve aujourd’hui sur cette liste de donateurs de PAC mal nommé.

 

TOUS PARTISANS AVOUÉS DE L’USAGE DE LA TERREUR

Parmi les membres les plus influents du Conseil des directeurs de ce lobby se trouvent les entrepreneurs Remedios « Reme » Díaz-Oliver et Ricardo Mayo Álvarez, deux autres directeurs du CLC.

Díaz-Oliver est célèbre pour avoir extorqué le fisc fédéral de plusieurs millions. Ses contacts politiques au plus haut niveau l’ont sauvée à la dernière minute d’un long séjour en prison.

Quant à Mayo, il est président de Doral Pharmamedics, fermement connectée aux largesses de Medicaid.

Les deux sont des partisans avoués de l’usage de la terreur contre Cuba.

Le Comité d’action politique  Démocratie USA-Cuba est né officiellement le 22 décembre 2003, au cours d’un banquet  à l’hôtel Biltmore de Miami, avec la participation de Mel Martínez, du frérot Jeb Bush, alors gouverneur de la Floride, d’Adolfo Franco, vice-administrateur pour l’Amérique Latine et les Caraïbes de l’Agence pour le développement international des USA (USAID); et  les congressistes républicains d’ascendance batistienne  Ileana Ros-Lehtinen, Lincoln Díaz-Balart et Mario Díaz-Balart.

Le porte-parole et principal lobbyiste du PAC à Washington est l’ex-avocat du Département du trésor Mauricio Claver-Carone. Cet étasunien d’origine cubaine  dirige simultanément  l’organisation Défenseurs de la Démocratie à Cuba  (Cuba Democracy Advocates Inc.), créé en 2004 par le concessionnaire Ford de Hialeah Gus Machado et l’ex Roi de la Pizza de Madrid Leopoldo Fernández Pujals  Machado est le trésorier inscrit du PAC depuis sa création.

 

MADAME SIXTO A CONTRIBUÉ JUSTE À TEMPS

Bien que  fortement lié au CLC, le PAC accueille d’autres éléments de la faune mafieuse de Miami, entre autres des directeurs d’organisations de façade de la CIA liés à la USAID.

Tel est le cas de Sylvia Iriondo, de M.A.R. por Cuba, et Frank Calzón, du Center for a Free Cuba (CFC)

La Iriondo, qui perçoit depuis des années des subventions du Département d’État  par le biais de la USAID, collabore régulièrement, aux côtés du « Chino » Aquit, terroriste fiché, avec les renseignements nord-américains dans des opérations de propagande  qui le mènent en Europe  et garantissent sa prospérité.

Pour sa part, Calzón, un ex terroriste du groupe Abdala, a été impliqué dans un scandale de détournement de fonds en 2007, quand un audit a révélé que son bras droit, Felipe Sixto, avait empoché un demi-million de dollars payés au CFC par la USAID.

Incroyable mais vrai: les informations publiées par la FEC révèlent que l’épouse de Sixto, Laura, identifiée comme « maîtresse de maison » résidant au 9624 Brigadoon Place, Urbana, Maryland, a  contribué au PAC… juste une semaine avant que son mari, qui avait soudainement démissionné du CFC, soit nommé rien de moins que conseiller spécial de George W. Bush.

Sixto a été  condamné depuis à 30 mois de prison, 10.000 dollars d’amende et trois ans de liberté conditionnelle.

 

D’AUTRES ÉMINENTS DONNATEURS

Autre surprise que réservent la liste du FEC: madame  Jaime Suchlicki, vivant à Coconut Grove, épouse de Jaime Suchlicki, respectable directeur de l’Institut des études cubaines et cubano-américaines, a aussi contribué au fonds qui se consacre à financer l’hostilité contre Cuba.

Ex-analyste de la CIA, en 2002, Suchlicki s’est empoché un chèque de 1.045.000 dollars, premier versement d’une subvention de la USAID, remise par Adolfo Franco sous prétexte d’une étude sur la soi-disant transition à Cuba.

Le magnat cubano-américain du sucre Alfonso Fanjul, propriétaire de la Florida Crystals, de West Palm Beach, a aussi manifesté sa générosité envers le PAC. Les Fanjul appartiennent à une famille d’origine espagnole dont les intérêts ont été nationalisés à Cuba par la Révolution. Ils ont été dénoncés pour les méthodes esclavagistes de travail qu’ils appliquent aujourd’hui en exploitant des enfants haïtiens.

Sergio Pino, patron de Century Homebuilders de Miami, d’origine  cubaine, impliqué dans un scandale et une enquête fédérale pour corruption, a aussi donné des chèques à Gus Machado.

Parmi les donateurs du PAC, apparaissent aussi d’ex-membres de l’Administration fédérale et d’ex-fonctionnaires de haut rang du gouvernement des USA, tels que Roger Noriega, ex-sous-secrétaire d’État, du cabinet d’avocat Tew Cardenas, Otto Reich, également ex- sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques ainsi que Ana Carbonell, nostalgique du groupe terroriste La Rosa Blanca et bras droit du congressiste Lincoln Diaz-Balart.

Tous ont parrainé d’une façon ou d’une autre des actions violentes contre Cuba. Notamment Reich, qui a été ambassadeur à Caracas a appuyé la libération de Orlando Bosch et son éventuelle réintégration aux États-Unis comme il a aidé à l’obtention de la grâce de Luis Posada Carriles, à Panamá, en 2004.

Au début de l’année, des éléments terroristes de Miami, parmi lesquels Posada, ont tenu dans cette ville une assemblée qui a réuni des partisans de la terreur contre Cuba. L’évènement a été convoqué par Angel De Fana Serrano, qui a participé en 1997, dans l’île vénézuélienne de Margarita, à un complot  inspiré par Posada pour assassiner le président cubain Fidel Castro durant le Sommet ibéro-américain.

Angel De Fana est un autre nom que l’on trouve sur la liste de la FEC.

Depuis sa création, le PAC a encaissé plus d’un million de dollars qui ont été destinés à des contributions politiques à des centaines de candidats au Congrès.

Véritable bande de délinquants portés sur la terreur, le comité anti-cubain a contribué à former la politique nord-américain envers Cuba par des manœuvres de coulisses au Capitole, destinées à contrecarrer toute initiative vers une  normalisation des relations avec l’île, au mépris de la volonté exprimée par une vaste majorité de citoyens de ce pays et de la totalité des nations d’Amérique latine.•

|Voyage dans les méandres de la mafia cubano-américaine
1595|1648|Manchettes Culture Cinéma|Maman, c’est toi la plus belle du monde|2009-06-05 08:24:51|Ginette Leroux|

Vouloir régler ses comptes avec le père ou la mère qui a déçu nos attentes est, pour tous, un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte. À 17 ans, Xavier Dolan, pour tenter de se libérer de ses frustrations d’adolescent aux prises avec de perpétuels conflits avec sa mère, chez qui il habite depuis la séparation de ses parents, écrit une nouvelle intitulée Le matricide. Ce premier acte d’affranchissement maternel le conduit à la scénarisation, puis à la réalisation de J’ai tué ma mère, un film pour lequel il vient d’être récompensé à Cannes.


Les « mères » d’Hubert

« Je ne sais pas ce qui s’est passé. Quand j’étais petit, on s’aimait. Mais, je ne peux pas être ton fils. Peut-être celui de n’importe qui d’autre… », lance Hubert Minel, un adolescent hyperactif, indigeste, ingérable, à sa mère qui l’élève seule. Il l’accuse de miner sa quête d’indépendance.

« Tu me fais penser à ton père », lui lance sa mère exacerbée suite à une discussion acharnée, avant de le flanquer dehors de sa voiture. N’est-ce pas l’insulte suprême pour un fils qui souffre de l’absence de son père?

Le jeune cinéaste a su trouver un rythme soutenu à son scénario dont les répliques reproduisent avec acuité et pertinence les propos sans merci d’un fils à sa mère au quotidien, enfermés dans une relation d’amour-haine étouffante, épuisante, barbouillée d’un chantage émotif mutuel. Les mères monoparentales y reconnaîtront certainement des situations qu’elles ont elles-mêmes connues, obligées d’assumer le double rôle parental, sans appui et, trop souvent, sans témoins.

Envahissante, contrôlante,  kétaine, « la pire des mères », un rôle qui sied à merveille à une Anne Dorval tour à tour piquante et cinglante, émouvante et d’une drôlerie et d’une exubérance qu’elle seule sait rendre à son maximum.

L’autre mère du film (l’excellente Patricia Tulasne) est celle d’Antonin, le copain et petit ami de l’adolescent, un véritable modèle maternel. Chez les Rimbaud, la permissivité est reine, ce qui fait d’elle une femme « cool » que Hubert envie grandement à son ami. Chez Antonin, c’est portes ouvertes à toutes les libertés : on mange bien, on boit du vin et on fume un joint, sans restriction aucune. Le bonheur pour l’ado qui, au retour à la maison, retrouve une mère qui lui offre du filet mignon, des patates pilées à la ciboulette et un gâteau au glaçage graisseux, surmonté de roses jaunes comme on en mangeait dans les années soixante.

Sans compter que ses goûts vestimentaires l’horripilent. « C’est laitte, lui dit-il en faisant une moue dédaigneuse, moi, j’ai encore du goût », lorsqu’elle lui fait admirer ses nouveaux pantalons très ajustés assortis d’un corsage du même genre, une tenue complétée par un blouson, style boléro en « minou » blanc. Pour le fils, c’est le summum de la kétainerie.

Une troisième femme complète le portrait maternel de ce film. Julie Cloutier, enseignante de français (rôle défendu par Suzanne Clément qui donne une solide prestation, toute en nuances et retenue) qui a saisi la dynamique familiale, écoute, comprend et conseille son élève. Une amitié durable s’ensuit.


D’inconnu à révélation

 Notre prodige « made in Québec » en a médusé plus d’un. Sans compter l’onde de choc  sans précédent qu’il a créée à Montréal lors de l’annonce de sa triple récompense décernée à la Quinzaine des réalisateurs. Nous étions tous suspendus aux lèvres des lecteurs de nouvelles, télévisées et radiophoniques, tant nous voulions partager le bonheur et la réussite sans conteste de Xavier Dolan. 

Dans une entrevue à Cannes, Xavier Dolan a proclamé haut et fort sa fierté d’être québécois dans cette « langue belle » qu’est la nôtre et qu’il manie avec justesse et élégance. À l’image des jeunes cinéastes de sa génération, le doué, l’ingénieux, l’effervescent Dolan a gagné son pari.


J’ai tué ma mère prend l’affiche le 5 juin.

|J’ai tué ma mère, un film de Xavier Dolan
1596|1649|authebdo|authebdo - 5 juin 2009|2009-06-05 09:17:18|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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ACTUALITÉS

Maman, c’est toi la plus belle du monde
J’ai tué ma mère, un film de Xavier Dolan
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Les beaux jours des alumineries, ça se négocie!
Charest, aussi piètre négociateur que « Grand Bâtisseur »
par Alain Proulx


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Urti Caire
Le candidat de Pratte à la direction de l’ADQ
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Le capitalisme casse
Ou c’est l’humanité qui casse
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Régine Laurent élue à la présidence de la FIQ
Elle succède à Lina Bonamie


SOCIÉTÉ

Loi sur les poursuites abusives
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Tous pour une langue, une langue pour tous
Grand Rassemblement du Mouvement Montréal français


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Quelle démarche pour l’indépendance ?
Colloque annuel des IPSO (Intellectuels pour la souveraineté)


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Asymptote : L’escouade antiterroriste
par Simon Banville


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1597|1650|Manchettes Mouvements_souverainiste|Louise Harel. Quel scandale! Quel scandale?|2009-06-05 16:36:47|Gérald Larose|L'auteur est président du Conseil de la souveraineté du Québec.

Elle est unilingue! Et elle veut se présenter à la mairie de Montréal. Quel scandale! Il est unilingue et il a été élu maire d’Ottawa. Quel scandale? À chaque fois on se surprend à constater que « ces gens-là, monsieur » » (pour reprendre une expression de Jacques Brel dans « Les bourgeois » - et ils en sont!) ont une indignation à deux gabarits.

La presse anglophone s’est déchainée. Il ne lui en faut pas beaucoup pour que son racisme latent remonte à la surface. Louise Harel, « le monstre… l’idiote…que seul Mom Boucher dépasserait comme repoussoir de Gérald Tremblay... etc. » ose poser sa candidature à la marie de Montréal! Quel scandale! « Elle ne parle pas l’anglais. C’est une impolitesse » éructe Peter Trent, ancien maire de Westmount. Haro!

Est-Il nécessaire de rappeler qu’au Québec le français est la langue officielle, publique, commune, normale et habituelle de l’État, de l’administration, du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires.

Le Québec est français! Montréal aussi! Il est vrai qu’il y a un décalage entre l’affirmation de la loi 101 et la réalité du Québec et de Montréal en particulier. En dépit de cela 87% des Montréalais ont une connaissance du français. 60% le parlent à la maison. 19% parlent plutôt l’anglais. Et 21% y parlent une autre langue que le français et l’anglais, ce qui est moindre que l’anglais.

Quel scandale y a-t-il à élire dans une métropole une maire qui parle la langue que comprennent 87% de ses commettants dans un État qui a déclaré cette langue officielle, publique, commune, normale et habituelle?

Alors qu’il n’y a pas de scandale à Ottawa? Une capitale d’un pays bilingue où vivent 17,7 de locuteurs français. Où comme toujours, c’est un unilingue anglais qui a posé sa candidature et qui a été élu maire. Sans que cela ne soulève quelque vague que ce soit.

Ainsi donc il est scandaleux à une unilingue française de poser sa candidature dans la métropole d’un État français et acceptable pour un unilingue anglais d’être élu maire d’une capitale d’un pays bilingue. Chercher l’erreur! Ce Québec est colonisé, maintenu qu’il est dans un cadre dont il ne s’est pas encore libéré.
|Elle est unilingue! Et elle veut se présenter à la mairie de Montréal.
1598|1651|International Manchettes|Business as usual|2009-06-08 08:28:27|Collectif d’auteurs|

Par Robert Jasmin, Claude Vaillancourt (ATTAC-Québec), Omar Aktouf, Normand Baillargeon, Maude Barlow (Conseil des Canadiens), Roméo Bouchard (Coalition pour un Québec des régions), Gaétan Châteauneuf (Conseil central du Montréal métropolitain – CSN), Paul Cliche (Coalition pour un Québec des régions, section montréalaise), Éric Darier (Greenpeace), Gilles Dostaler, Jacques B. Gélinas, Lorraine Guay (Collectif D’abord solidaires), Michel Lambert (Alternatives), Maria-Luisa Monreal (AQOCI), Sylvie Paquerot, Christian Pépin (ASSÉ), Dominique Peschard (Ligue des droits et libertés), Éric Pineault, Jean-Marc Piotte, Marie-Claude Prémont, Cécile Sabourin (FQPPU), François Saillant (FRAPRU), Laure Waridel.



Comme à chaque année, le Forum économique international des Amériques organise la Conférence de Montréal qui rassemble certains des plus importants décideurs au monde. Grands banquiers, gens d’affaires, dirigeants d’institutions financières internationales, politiciens se rencontrent pour discuter du sort de l’humanité, comme ils l’ont fait quelques mois auparavant au Forum économique de Davos.

Cette année, la Conférence revêt une importance particulière. Ces personnalités réunies à Montréal ont mis en place et soutenu le système financier et économique qui s’est effondré depuis la crise des subprimes, symptôme d’une faillite beaucoup plus large : les crises alimentaire, environnementale, énergétique et sociale qui se succèdent et s’emboîtent montrent bien que l’économie s’appuie aujourd’hui sur des fondements qui ne tiennent plus.

Le titre de la Conférence de cette année est prometteur : «s’adapter au nouvel ordre mondial». Les conférenciers invités feront-ils leur mea culpa et proposeront-ils de relancer l’économie du monde sur de nouvelles bases? Un examen attentif du programme montre que très peu d’idées nouvelles seront mises en jeu et que les solutions face à la crise, dont les organisateurs de l’événement reconnaissent les effets, risquent de se résumer à une relance des politiques qui l’ont créée.

 

Libre-échange et exploitation des ressources naturelles

 Ainsi, le commerce international est considéré une fois de plus sous l’angle unique du libre-échange. Les participants entendront parler d’«occasions d’affaires», de compétitivité, de partenariats public-privé à l’échelle internationale, même si ces derniers se sont montrés inefficaces dans la quasi totalité des cas.

Les accords de libre-échange sont des outils de déréglementation : est-ce vraiment ce qui convient en temps de crise, alors que cette déréglementation a justement provoqué les faillites et abus pour lesquels il faut aujourd’hui payer?

Rien ne laisse entendre que ces accords seront abordés avec une approche nouvelle qui prioriserait la coopération entre les pays, le respect des droits humains, l’équité, la protection de l’environnement.

La présence d’Alvaro Uribe Vélez, président de la Colombie et de Catherine Ashton, commissaire au commerce de l’Union européenne, montre bien la volonté de promouvoir deux accords de libre-échange, l’un entre le Canada et la Colombie et l’autre entre le Canada et l’Union européenne.

Le premier, en processus de ratification, soulève une vive opposition. Il favorise surtout les intérêts de minières canadiennes, peu préoccupées du respect de l’environnement et des normes du travail. Il se conclut avec un pays où les droits humains sont gravement violés et où des syndicalistes et des défenseurs des droits humains se font régulièrement assassiner, sans que les coupables ne soient poursuivis.

Le développement durable et l’énergie sont aussi au programme. On peut toutefois souligner le manque de distance critique avec lequel ces sujets seront abordés. Au lieu de choisir des spécialistes de l’environnement, la Conférence de Montréal préfère donner la parole à des intervenants qui sont à la fois juge et partie.

Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, une firme qui table grandement sur l’exploitation de l’énergie nucléaire et du gaz naturel, donnera une conférence intitulée «Énergie et développement durable : où en sommes-nous?»

Jeffrey Immelt, PDG de General Electric, fabriquant de moteurs d’avion, d’équipements pétroliers et gaziers, d’appareils électro-ménagers, abordera la question de l’innovation et du développement durable.

La compagnie Rio Tinto, l’un des plus grands groupes miniers au monde (aluminium, or, cuivre, charbon, diamant, fer) remettra quant à elle le prix Rio Tinto de la durabilité!

 

Et la démocratie ?

 La Conférence de Montréal de juin 2009 ferme les yeux sur le nouvel ordre mondial et sur la crise que nous traversons. Aucune proposition forte ou nouvelle n’émerge du programme préliminaire : on ne trouve aucune réflexion sur l’activité irresponsable des banques, la limitation de la spéculation, la stabilisation de l’économie.

Rien pour combattre la pauvreté, pour contrer les inégalités (ces deux mots sont d’ailleurs absents du programme). Rien pour lancer un développement véritablement basé sur les énergies renouvelables et sur une consommation beaucoup plus responsable de l’énergie, des ressources naturelles et de l’eau.

Dans le confort de l’Hôtel Hilton de la place Bonaventure, les Paul Desmarais, organisateur de l’événement, Dominique Strauss-Kahn, directeur de Fonds monétaire international, Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale, Madeleine Albright, ex-secrétaire d’État des États-Unis et consorts continueront de réfléchir en vase clos au maintien des intérêts des grandes corporations, sans tenir compte de l’effet de leurs décisions sur les populations.

Cette conférence ne donne en effet que très peu de place au débat contradictoire, aux intervenants dont les idées divergeraient de celles des patrons des multinationales. Et le coût d’inscription à la Conférence a de quoi décourager toute participation de ceux qui ne gagne pas de gros salaires.

Pour leur part, les élus Jean Charest, Raymond Bachand, Lawrence Cannon serviront de présentateurs pour les grandes conférences, alors que les thèmes «développement durable, santé et énergie» et «le commerce international et les Amériques» seront abordés réciproquement en collaboration avec Rio Tinto et RBC marché des capitaux. Cette collusion entre le monde des affaires et les élus, qui exclut le reste de la société civile, est un recul pour la démocratie.

Qui devra s’adapter au nouvel ordre mondial? Au bénéfice de qui?  À l’occasion de la Conférence de Montréal, nous joignons les nombreuses voix dans le monde qui répondent que ce ne sont pas aux populations, et en particulier les plus pauvres, à s’adapter et à payer pour les méfaits et l’irresponsabilité des élites d’affaires et des gouvernements qui persistent à défendre une vision du monde et de l’économie insoutenable sur les plans sociaux, environnementaux et humains.

|À la Conférence de Montréal, organisée par Paul Desmarais
1599|1652|Manchettes Mouvements_souverainiste|Pour un référendum d’initiative populaire sur la souveraineté|2009-06-09 08:33:48|SPQ Libre|

Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc, respectivement président et secrétaire du club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec Libre (SPQ Libre)


Disons les choses crûment : la détérioration rapide de la situation économique et la mise à l’écart du Québec par le gouvernement fédéral mettent à l’ordre du jour l’urgence de l’indépendance nationale. Depuis son accession au pouvoir, le gouvernement Harper accorde des milliards de dollars en subventions à l’industrie pétrolière de l’Ouest du pays. Maintenant, c’est bar ouvert pour l’Ontario.

C’est plus de 13,5 milliards que les gouvernements fédéral et de l’Ontario vont verser aux seules entreprises Chrysler et GM. Après avoir aidé l’Ontario à réoutiller son industrie automobile, Ottawa déliera à nouveau les cordons de la bourse pour l’aider à revamper son parc de centrales nucléaires.

Pendant ce temps, l’industrie forestière québécoise doit se contenter de quelques centaines de millions et Hydro-Québec développe à nos frais, sans aide fédérale, ses projets hydro-électriques. Quand viendra le temps, dans quelques années, d’éponger la dette astronomique des années de crise, le fédéral enverra au Québec « sa quote-part » de la facture sous forme de réductions de paiements de transferts et de compressions dans les services publics.

 

La marginalisation croissante du Québec

De toute évidence, le Québec ne pèse pas lourd à Ottawa et il faut y voir plus qu’un phénomène conjoncturel lié au Parti conservateur. Le déclin du poids politique du Québec à Ottawa est inscrit dans l’évolution démographique du pays. Déjà, le gouvernement de Stephen Harper a annoncé son intention de modifier la carte électorale fédérale pour mieux refléter la réalité démographique du pays, conformément au principe de la représentation selon la population. On ajouterait 24 nouvelles circonscriptions en Ontario et un nombre encore indéfini en Alberta et en Colombie britannique. 

À ce recul de la place du Québec au sein du Canada, s’ajoute le déclin relatif de la population francophone au Québec même. Selon le dernier recensement, celle-ci est descendue en-dessous de 80% dans l’ensemble du Québec, mais surtout sous la barre psychologique des 50% sur l`île de Montréal.

Il n’y a pas trente-six mille interprétations découlant de ces données démographiques, politiques et économiques fondamentales. Elles annoncent la marginalisation croissante du Québec et son insignifiance politique à Ottawa. Tous les partis politiques fédéraux, tous les commentateurs et éditorialistes du Canada anglais ont pris bonne note qu’il sera bientôt possible, une fois la refonte de la carte électorale adoptée, de gouverner à Ottawa sans tenir compte du Québec.

Le gouvernement Harper le fait déjà. Il dépense 200 millions par mois pour la guerre en Afghanistan, même si la députation en provenance du Québec a voté très majoritairement contre la prolongation de la mission.


La poursuite de la « guerre référendaire »

Pour s’assurer que le Québec ne relève pas la tête, les forces fédéralistes poursuivent la « guerre » – pour utiliser l’expression de Jean Pelletier, l’ex-chef de cabinet de Jean Chrétien – entreprise contre le mouvement souverainiste.

Un livre – Le Référendum volé – a documenté les hauts faits d’armes du fédéral lors de la dernière campagne référendaire. Un autre mériterait d’être écrit sur la poursuite de cette guerre depuis 1995. À la Loi sur la clarté, aux menaces de partition et au programme des commandites,  s’additionnent les efforts pour neutraliser trois instruments essentiels pour l’accession du Québec à la souveraineté : 1. la reconnaissance internationale; 2. un outil économique pour contrer les pressions financières; 3. des médias sympathiques.

Le président Nicolas Sarkozy a répudié la politique qui prévoyait que la France accompagnerait le Québec dans sa démarche vers la souveraineté. La Caisse de dépôt, avec des pertes de 40 milliards $, est extrêmement affaiblie. Les principaux médias sont contrôlés par la famille Desmarais qui a pris sous son aile Nicolas Sarkozy et vient d’embaucher Henri-Paul Rousseau.

Quebecor Media, le seul groupe médiatique à permettre l’expression du point de vue souverainiste, repose sur le développement de sa filiale Vidéotron, dont le principal actionnaire est la Caisse de dépôt aujourd’hui dirigée par l’ex-président de son principal concurrent Bell, Michael Sabia, qui aurait toujours en sa possession des actions dans l’entreprise si l’Opposition officielle ne l’avait pas dévoilé! Autrement dit, les fédéralistes tiennent l’empire Péladeau en laisse.


Un référendum d’initiative populaire

Au lendemain de la défaite de 1995, le mouvement souverainiste a culpabilisé sur la question identitaire –  à la suite de la déclaration de M. Parizeau sur les « votes ethniques » – et il a capitulé devant les pressions néolibérales avec le Sommet du déficit zéro.

Sur le plan électoral, cela s’est traduit par une cour assidue à l’électorat adéquiste, qui n’a donné aucun résultat, si ce n’est une désaffection croissante de l’électorat souverainiste à l’égard du Parti Québécois qui s’est exprimée par des records d’abstentions.

Depuis l’arrivée de Mme Marois à sa direction, le Parti Québécois se réapproprie le discours identitaire et celle-ci propose maintenant une stratégie axée sur la récupération de nouveaux pouvoirs pour le Québec, qui n’exclut pas le recours à des référendums sectoriels.

Nous ne nous opposons pas à cette stratégie – aux vertus éducatives certaines –, mais à la condition qu’elle soit complétée par l’engagement à tenir un référendum sur l’indépendance du Québec. Un engagement que Mme Marois a pris.

Nous proposons de faire un pas de plus en mettant le peuple dans le coup. Le référendum d’initiative populaire sur la souveraineté répond à cette exigence. Il stipule qu’un gouvernement du Parti Québécois inviterait, au moment approprié, les électeurs désirant un référendum sur la souveraineté à venir signer un registre ouvert à cet effet. Un minimum de 10% de l’électorat, soit environ un demi-million d’électeurs, serait requis pour la tenue de ce référendum.

Les choses auraient alors le mérite d’être claires. On signalerait à tous les indépendantistes qui craignent une dérive vers l’autonomisme que l’article premier du Parti Québécois est toujours l’indépendance du Québec. On enverrait le message à la population que le Parti Québécois croit à la démocratie participative et qu’il l’implique dès le départ dans une démarche aussi fondamentale et exigeante.


On est capables !

Un an avant l’élection américaine, qui aurait prédit l’élection d’un président noir? Personne. Pourtant, Barack Obama y est parvenu, non pas en cherchant à séduire l’électorat républicain avec un discours conservateur, néolibéral et belliciste, mais bien en ralliant des couches de la population – les jeunes, les Noirs, les latinos – qui participaient peu ou pas au processus électoral avec un programme progressiste et le slogan : « Yes, we can! »

Notre projet d’indépendance nationale est aussi noble et enthousiasmant que l’élection d’un président noir en plus d’être une nécessité absolue. Avec 100 députés péquistes et bloquistes, et tout leur personnel politique, nous avons l’ossature organisationnelle pour mener campagne. Alors, présentons une stratégie et une démarche claires et rallions la population autour du slogan : « On est capables! »

Pour une réplique aux critiques de cette position, cliquez ici.

|Pour compléter le plan Marois
1600|1653|International Accueil_Analyses|Les Haïtiens veulent Aristide et personne d’autre!|2009-06-09 08:45:58|André Maltais|

En faisant tout récemment de Bill Clinton l’envoyé spécial des Nations-Unies pour Haïti, le Secrétaire général Ban Ki-Moon demande à l’ex-président des États-Unis de « stabiliser un pays qu’il a lui-même aidé à déstabiliser ».

Ainsi s’exprime le correspondant de la chaîne de télévision latino-américaine Telesur, Jeremy Scahill, qui appelle l’ONU à « faire la lumière sur le rôle joué par la communauté internationale dans la destruction et l’échec du gouvernement constitutionnel en Haïti ».

Clinton, rappelle Scahill, arrive au pouvoir en 1992, soit un an après que les États-Unis eurent appuyé le coup d’état du général Raoul Cédras et de ses bandes paramilitaires (les FRAPH) contre le gouvernement élu de Jean-Bertrand Aristide.

Pendant que, en public, Clinton et ses conseillers expriment leur consternation, dans la pratique, ils conditionnent le retour d’Aristide à l’adoption de politiques néolibérales et surtout à la non-prolongation de son mandat pour compenser le temps perdu en exil.

De plus, poursuit Scahill, Aristide devait remplacer son discours social par celui de la réconciliation entre riches et pauvres et inclure plusieurs de ses anciens opposants dans un futur gouvernement de coalition.

Pendant ces trois interminables années de négociations, les forces conservatrices haïtiennes s’incorporent partout dans les institutions du pays. Et, bien sûr, les États-Unis peuvent d’autant plus impunément contrôler Haïti qu’ils interviennent contre les « méchants » instigateurs d’un coup d’état.

Aujourd’hui, Bill Clinton revient s’occuper d’Haïti, cette fois après que le même Aristide que la population persiste à élire, eut été séquestré et déporté de son propre pays et en pleine nuit, par des officiels états-uniens avec l’active complicité du Canada et de la France.

Dans un article paru sur le portail internet Global Research, Jean Saint-Vil nous apprend que c’est à Gatineau, au Québec, que, les 31 janvier et 1er février 2003, le gouvernement canadien de Paul Martin organise secrètement la première réunion de planification de ce second renversement d’Aristide.

Baptisée « Initiative d’Ottawa sur Haïti », la rencontre à laquelle aucun Haïtien ne participe, conclue d’imposer à Haïti une tutelle de type de celle alors exercée au Kosovo, de ressusciter les forces armées haïtiennes dissoutes par Aristide et de former une nouvelle force de police.

Pendant l’année qui précède la déportation d’Aristide, nous dit Saint-Vil, l’aide canadienne de l’ACDI est allée en grande partie aux groupes de pression anti-Aristide comme la Coalition nationale des droits des haïtiens (CNDH).

Au lendemain du coup d’état, cette ONG demande au Canada et reçoit « dans un délai de moins de cinq jours ouvrables », précise Saint-Vil, un nouveau montant de 100.000 dollars pour aider « les victimes du régime Lavalas ». Le rapport qui s’ensuit mène directement à l’emprisonnement du premier ministre Yvon Neptune sur de fausses accusations de génocide.

Dix mois plus tard, soit le 6 décembre 2004, le gouvernement canadien annonce une nouvelle aide à Haïti et, aussitôt, le président haïtien de facto, Gérard Latortue, consacre 29 millions $ à la remobilisation d’ex-soldats et paramilitaires que, depuis deux ans, la CIA recrutait et entraînait en République-Dominicaine voisine.

Wooldy Edson Louidor et Angelica Rocio Lopez Granada, dans un article paru sur le site internet Rebelion, soulignent que le budget du gouvernement Préval dépend à 60% de l’aide étrangère.

Malgré cela, disent-ils, à l’approche de la nouvelle saison des ouragans, les 800.000 victimes des quatre tempêtes de 2008 sont plus vulnérables que jamais et, un an après les violentes émeutes de la faim, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire affirme que plus de trois millions d’Haïtiens sont affectés par l’insécurité alimentaire.

Dans le même sens, Saint-Vil dénonce « la contradiction incroyablement gênante entre l’aide multimillionnaire que le Canada destine à la reconstruction de la police haïtienne et du système de justice et le fait que, selon plusieurs études indépendantes, ces mêmes institutions sont aujourd’hui en pire condition qu’il y a cinq ans ».

Depuis le coup d’état de 2004, en plus de la police de Port-au-Prince, l’occupant canadien est responsable du Bureau de lutte contre le trafic de stupéfiants et de l’unité anti-kidnappings, deux institutions devenues particulièrement inefficaces.

Outre l’argent et les armes, Saint-Vil pointe aussi le racisme et la solidarité de classe en tant que piliers du régime d’après-2004.

En caricaturant les supporteurs d’Aristide en « chimères » et en « bandits », écrit-il, « les médias ont réussi à unir tous les partis politiques derrière les forces étrangères, même la plate-forme Lespwa, de René Préval, ex-compagnon d’Aristide dont la victoire électorale de 2006 a pourtant été sauvée par les protestations massives de la population ».

Saint-Vil souligne « l’étroit réseau de liens entre ambassadeurs de Port-au-Prince, directeurs d’ONG, importateurs d’aliments et propriétaires d’usines d’assemblages; tous vivant dans les mêmes quartiers, envoyant leurs enfants dans les mêmes écoles et se créant une appartenance commune de type apartheid (…) une mentalité de classe assiégée qui doit se protéger des autres sauvages ».

Dans ce contexte, il est important pour les occupants étrangers que des élections soient régulièrement tenues même si elles n’ont de démocratique que le nom.

La dernière de celles-ci avait lieu le 19 avril. Ce jour-là, la population haïtienne devait combler douze des trente postes de sénateurs du pays sans pouvoir voter pour un seul candidat du parti de Jean-Bertrand Aristide, Famni Lavalas.

C’est que, le 6 février dernier, le Conseil électoral provisoire (CEP) d’Haïti avait purement et simplement disqualifié tous les candidats de Lavalas au motif que leurs papiers d’enregistrement ne portaient pas la signature d’Aristide (qui est en exil!), une procédure invoquée pour la toute première fois.

Après l’annonce, rapporte l’agence haïtienne Radio métropole, les officiels du CEP n’étaient pas disponibles pour commenter leur décision. S’attendant à des protestations, ils s’étaient barricadés d’avance dans leurs quartiers généraux, bien protégés par les tanks de la MINUSTAH (Mission des Nations-Unies pour Haïti).

Les dirigeants de Lavalas ont répliqué en poursuivant le CEP et en appelant au boycottage des élections sénatoriales.

Un juge, Jean-Claude Douyon, a donné raison aux poursuivants, statuant que le CEP devait réintégrer les candidats Lavalas dans le processus électoral. Quelques jours plus tard, Douyon était congédié pour « corruption » par le ministre de la justice de René Préval, Jean-Joseph Exume!

Mais le plus bel appui qu’a reçu Lavalas et que Bill Clinton fera sans doute semblant d’ignorer, est l’incroyable réponse de la population au boycottage des élections. Le 19 avril, en effet, journée nationale d’élections, seulement 3% de la population s’est présenté aux bureaux de scrutins!

Redoutant de nuire le moindrement à la politique étrangère canadienne et malgré l’importante communauté haïtienne de Montréal, aucun grand média québécois n’a rapporté cet extraordinaire acte de résistance pacifique d’un peuple qui, depuis 200 ans, est parmi ceux qui ont le plus souffert!

« Nous voulons féliciter la Communauté internationale pour son hypocrisie, ironise Ronald Fareau, l’un des leaders de Lavalas. Ils ont dépensé plus de 17 millions de dollars pour une autre fraude électorale en Haïti pendant que la population souffre de malnutrition et d’illettrisme ».

|97% de la population boycotte le scrutin
1601|1654|Politique_Canada|Le Parti libéral... Plus ça change, plus c'est pareil!|2009-06-10 07:28:10|l'autjournal|

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1602|1655|Accueil_Analyses Mouvements_souverainiste|L'indépendance est une fin en soi !|2009-06-10 07:52:33|Louis Bernard|


Texte d’une intervention faite lors du Colloque organisé par les IPSO (Les Intellectuels pour la Souveraineté) tenu à Montréal, le 6 juin 2009, sur le thème suivant :« Construire une majorité exige que la souveraineté soit rendue concrète par un projet de pays. Mais lequel? »

Le thème du colloque de ce matin reflète une façon de promouvoir la souveraineté qui a été mise de l’avant dans les cercles souverainistes depuis, au moins, une trentaine d’années. Pour mieux faire comprendre les avantages qu’il y aurait à ce que le Québec devienne indépendant, on s’est efforcé d’incarner la souveraineté dans un projet de société auquel une majorité de Québécois pourraient s’identifier. Quoi de mieux, en effet, pour rendre l’indépendance désirable, que de lui donner les traits concrets d’une société concrète, définie aussi précisément que possible afin que tous puissent la visualiser, si possible dans ses moindres détails? Et à chaque fois que l’occasion se présentait, on en a profité pour faire valoir que la souveraineté, si nous l’avions, nous permettrait de mieux régler tel ou tel problème ou d’atteindre tel ou tel objectif.

Cette approche a certainement ses mérites, et je l’ai employé moi-même à plusieurs occasions. Mais avec le temps et après réflexion, j’en suis venu à la conclusion qu’il y avait une autre approche, une approche différente qui était au moins aussi valable. Cette approche est celle qui prédominait aux premiers temps du mouvement indépendantiste et du PQ d’avant la prise du pouvoir. C’est l’approche que j’appellerais celle de la souveraineté pour la souveraineté. De l’indépendance pour l’indépendance.

Mais voyons!, me dira-t-on, l’indépendance, ce n’est pas une fin en soi, c’est un moyen : on ne cherche pas l’indépendance pour l’indépendance ! Mais si ! On peut rechercher l’indépendance pour l’indépendance, comme on recherche la liberté pour la liberté. Être libre, être indépendant, pouvoir se gouverner soi-même, être maitre de ses décisions, c’est une fin en soi. C’est même la première fin qu’il faut rechercher quand on veut se bâtir un pays ou une vie à soi.

Chacun a ses raisons pour être souverainiste. Pour moi, c’est la conviction que le Québec mérite d’exister comme un pays égal aux autres, comme un membre à part entière de la société des nations. L’indépendance, pour moi, c’est d’abord une proclamation officielle sur la scène internationale de l’existence de notre nation. C’est dire au monde entier que nous prenons notre place sur la planète et que nous assumons tous les pouvoirs et les devoirs d’un pays souverain. Et, dans notre cas particulier, c’est dire au Canada que nous récupérons tous les pouvoirs qu’il exerce actuellement sur notre société et tous les impôts qu’il perçoit chez nous.

Pourquoi le Québec doit-il être souverain ? Tout simplement parce qu’il le mérite et qu’il le peut. Parce qu’il est une société qui, avec le temps, a su développer son caractère distinct des autres. Une société qui est maintenant capable de se subvenir à elle-même, de développer ses propres modèles sociaux, de contribuer à sa manière à l’avancement du genre humain. Une société qui a duré, qui a su traverser de nombreuses épreuves et survivre à des tentatives avouées de l’assimiler et de la faire disparaitre. Une société qui participe activement à l’une des grandes cultures de l’Occident et est un membre majeur de la Francophonie mondiale.

Le Québec doit également devenir souverain parce qu’il ne l’est pas et qu’il a besoin de l’être. Tant qu’il reste soumis à la constitution canadienne actuelle, le Québec ne peut pas devenir un pays français, mais restera toujours un pays bilingue; il ne pourra jamais contrôler complètement son immigration; il ne pourra pas conserver tous ses impôts; il n’aura aucun contrôle sur son droit criminel; ni sur ses télécommunications, sa radio et sa télévision; ni sur ses banques et la plupart de ses principales institutions financières; ni sur ses pêcheries; ni sur ses chemins de fer et ses transports aériens et maritimes; ni sur sa navigation; ni sur ses brevets, ses marques de commerce et sa propriété intellectuelle; ni sur ses forces armées et ses alliances militaires. Sans parler de compétences incomplètes et partagées sur l’agriculture, l’environnement et la recherche. Et, bien sûr, il ne pourra pas faire entendre sa voix dans les nombreux forums internationaux où se discutent de plus en plus de sujets qui affectent ses intérêts.

Devenir souverain, c’est l’aboutissement d’un long périple. C’est le couronnement de quatre siècles d’efforts, de persistance et de développement par une centaine de générations de Québécoises et de Québécois. C’est un témoignage de fidélité et de reconnaissance à nos ancêtres.

L’indépendance, comme la liberté dont elle l’expression politique sur le plan collectif, n’exige donc pas de justification extérieure. Elle n’a pas besoin de se présenter sous la forme d’un quelconque projet de société. Pensez au Général de Gaulle lançant aux Français son appel de Londres : avait-il besoin de justifier la France Libre par autre chose que la nécessité que la France retrouve sa liberté ? La liberté de la France était une fin en soi. L’indépendance de la France était la fin première. En 1776, l’indépendance des États-Unis était une fin en soi. En 1921, l’indépendance de l’Irlande était une fin en soi. En 1947, l’indépendance de l’Inde était une fin en soi. Et il en sera de même pour les 141 États qui, depuis 1945, se sont joints aux 51 membres fondateurs des Nations Unies. Être un pays reconnu souverain par les autres nations du monde, c’est une fin en soi.

C’est pourquoi je crois que la meilleure façon de convaincre les Québécoises et les Québécois de militer pour l’indépendance du Québec, c’est de leur dire : faisons-le pour nous-mêmes, pour être libres, pour être maitre chez nous.

Cela étant dit, il y a un certain nombre d’éléments fondamentaux sur lesquels les Québécois doivent faire un large consensus quant à la nature du pays qu’ils veulent se donner. Personnellement, j’en vois trois sur lesquels je voudrais dire un mot :

  • le Québec souverain sera un pays démocratique, fondé sur la règle de droit,

  • le Québec souverain sera un pays français, reconnaissant les droits et l’apport de ses nations autochtones et de sa minorité anglophone,

  • le Québec sera un pays dont la souveraineté sera acquise dans les règles et exercée en fonction des exigences économiques contemporaines.

Je ne crois pas qu’il y ait de difficulté à s’entendre entre Québécois sur le caractère démocratique d’un Québec souverain. Notre démocratie n’est pas parfaite, loin de là, mais les progrès que nous avons faits à cet égard ne seront certes pas remis en question par la souveraineté. Par ailleurs, je crois qu’au début, il serait sage de conserver, dans une constitution provisoire, les institutions démocratiques que nous avons et que nous connaissons bien, sans essayer de les changer en même temps que nous faisons l’indépendance. La remise en cause, par exemple, du mode de scrutin ou du régime parlementaire demandera des analyses et un débat public qu’il vaudrait mieux tenir dans le cadre de l’adoption d’une constitution définitive. Évidemment, il faudra, dès le départ, remplacer la Reine par un Président.

Le caractère français du Québec souverain mérite quelques mots. Il va de soi que le français sera la seule langue officielle du Québec, de son Parlement, de ses lois, de ses tribunaux et de ses institutions publiques. Cela garantira enfin notre sécurité identitaire. Mais à l’intérieur de cette exclusivité, il faut accepter de faire une place pour la reconnaissance des nations autochtones qui habitent le territoire depuis plus longtemps que nous, et celle de la minorité anglophone qui a contribué à plusieurs traits de notre identité québécoise et qui tient à conserver son identité propre.

La présence parmi nous de onze nations autochtones, dont plusieurs ont conservé leur langue et leurs coutumes, et d’une minorité anglophone de plus d’un million de personnes ayant ses propres institutions, est un enrichissement dont nous devons nous réjouir et qu’il nous faut protéger. Le Québec est plus riche de sa diversité. Dans le monde d’aujourd’hui, c’est un atout inestimable qu’il nous sera heureusement plus facile de reconnaitre quand nous serons souverainement français.

Enfin, je voudrais dire un mot de l’exercice de la souveraineté dans le contexte d’aujourd’hui. La souveraineté des États, telle que définie par Bodin au 16e siècle, a un caractère absolu : on est souverain complètement ou on ne l’est pas du tout. Dans la vie des États, cependant, la réalité a toujours été plus complexe et, de nos jours, les États souverains sont de plus en plus enclins à partager leur souveraineté dans le cadre d’alliances économiques, voire même politiques. La souveraineté, aujourd’hui, est moins un moyen de s’isoler que de se rapprocher. Les États qui s’isolent, comme la Corée du Nord ou la Birmanie, sont l’exception plutôt que la règle.

Si le Québec veut être de son siècle, il doit exercer sa souveraineté non pas pour s’isoler mais pour se rapprocher de ses voisins et des autres pays. Cela veut dire que le Québec cherchera à conserver son union commerciale et monétaire avec le Canada et ses relations de libre échange avec les États-Unis et le Mexique. D’ailleurs, les Québécois n’ont jamais envisagé d’avoir des douanes à franchir pour aller en Ontario ou au Nouveau-Brunswick ou d’échanger leurs dollars canadiens contre des dollars québécois. Heureusement, il est tout à fait possible de nos jours d’être souverain sans cela.

Le Québec doit également accepter les règles internationales qui régissent l’accession d’un pays à la souveraineté. Ce n’est pas parce qu’un pays déclare son indépendance qu’il est automatiquement accepté comme un pays souverain par la communauté internationale. Au contraire, il y a des règles à suivre. Ainsi, il ne suffirait pas que le Québec déclare son indépendance pour recevoir la reconnaissance des autres États, être accepté par la communauté internationale et devenir membre de l’Organisation des Nations Unies. La reconnaissance du Québec par les autres pays relève de chacun d’entre eux et chaque pays demeure entièrement libre de décider s’il reconnaîtra ou non le Québec comme pays souverain. Quant à l’ONU, il n’y a aucun cas d’admission d’un pays sécessionniste sans l’accord du pays d’origine.

En conséquence, si le Québec veut conserver son union commerciale et monétaire avec le Canada, recevoir la reconnaissance des autres nations et faire son entrée aux Nations Unies, il doit accepter que son accession à l’indépendance se fasse à la suite de négociations avec le Canada. C’est d’ailleurs ce qui a été proposé aux Québécois lors du référendum de 1995. Il n’y a pas lieu remettre en question cette façon de faire. Surtout qu’en vertu de la décision de la Cour suprême, le Canada a l’obligation constitutionnelle de négocier de bonne foi et qu’une telle négociation est clairement dans l’intérêt des deux parties et sera fortement souhaitée par les autres pays, à commencer par les États-Unis et la France.

En résumé, on ne doit pas vendre l’indépendance comme on vend un programme électoral. Il vaut mieux inciter les Québécoises et les Québécois à choisir l’indépendance afin de s’affirmer comme nation libre et se donner un pays bien à eux. Un pays démocratique fondé sur la règle de droit, un pays français mais fier de sa diversité, un pays dont l’accession à l’indépendance se fera dans l’ordre en suivant les règles internationales et en préservant ses relations économiques actuelles avec ses voisins nord américains.

|Intervention au colloque des IPSO
1603|1656|Accueil_Analyses Mouvements_souverainiste|Le référendum d’initiative populaire|2009-06-10 08:21:20|Jean-Herman Guay|

Extrait d’un article de Jean-Herman Guay, « La dialectique de la souveraineté », paru  dans Options politiques, volume 28, no 4, avril 2007, p. 79-83.


En modifiant la loi sur les consultations populaires, l’Assemblée nationale pourrait permettre l’initiative populaire en matière référendaire. Cette mesure, déjà établie dans plusieurs pays et dans une trentaine d’États américains, de même qu’à l’échelle municipale au Québec, permettrait de déplacer le contrôle de l’agenda référendaire du gouvernement à la population.

On peut ainsi imaginer que si 15 p. 100 des inscrits sur la liste électorale demandaient par pétition la tenue d’un référendum, le gouvernement, quel qu’il soit, serait tenu de déclencher une telle procédure dans les soixante jours. Le projet de souveraineté, reconnu dans sa dualité, trouverait alors une flexibilité lui permettant d’épouser les variations de l’opinion publique.

Par voie de conséquence, le Parti québécois pourrait soutenir que, s’il prend le pouvoir, son gouvernement ne déclencherait pas de lui-même un référendum sur cette question comme en 1980 et en 1995. Advenant qu’il forme à nouveau le gouvernement, il n’actionnerait la procédure référendaire que dans la mesure où elle serait soutenue par la société civile, via la procédure de l’initiative populaire. Cet engagement lui permettrait de soutenir une double exigence : se libérer du poids des scénarios référendaires sans renier sa foi profonde à l’endroit du projet souverainiste.

Ce compromis donnerait surtout de la flexibilité au PQ. Celui-ci pourrait continuer d’être habité par le projet. Il pourrait aussi en faire la promotion et la « pédagogie », selon l’expression consacrée, sans pour autant être coincé par une échéance ou des modalités. Bien plus, d’autres partis pourraient se joindre à ce mouvement sans qu’ils ne deviennent des concurrents. Si la souveraineté devait être souhaitée par un grand nombre de Québécois, dans deux, cinq ou vingt ans, ou selon une urgence déclenchée par une « offensive fédérale », l’idée d’un référendum sur cette question pourrait se concrétiser rapidement et ce, peu importe quel est le parti au pouvoir à Québec à ce moment-là.

Le projet occuperait alors une position « attentiste », inscrite dans la durée ; il ne subirait pas les aléas des élections. À court terme, il pourrait cesser de presser le Québec avec une insistance qui, du moins depuis quelques années, génère une profonde lassitude.

|Un projet qui donne de la flexibilité

1604|1657|Accueil_Actualités|Non aux PPP pour les hôpitaux universitaires!|2009-06-10 08:30:58|L’aut’journal|

Les membres de la vaste coalition CHU sans PPP, nouvellement formée, ont rejeté aujourd’hui le choix du mode PPP pour les projets d’hôpitaux universitaires du CHUM, du CUSM et du CHUQ. Lors d’une conférence de presse tenue à Montréal, ils ont réclamé du même souffle la relance de ces projets en mode conventionnel.

« Notre coalition est constituée de groupes professionnels, syndicaux et sociaux très impliqués en santé et dans la construction de bâtiments. Choisir le mode PPP pour ces projets majeurs serait une aberration. Médecins, infirmières, techniciens, architectes, professionnels, travailleurs, nous parlons aujourd’hui d’une seule voix et affirmons que nous ne voulons pas des PPP pour nos CHUs. » a affirmé le docteur Alain Vadeboncoeur, qui intervenait comme porte-parole de la coalition.

André Bourassa, président de l'Ordre des architectes du Québec, a pour sa part souligné que le Québec n'avait aucune expérience des PPP en santé. Ce serait donc une erreur de réaliser de cette façon les plus importants et plus complexes projets en santé de l'histoire. « C’est un pari incroyablement risqué! Le mode PPP conduit à une rigidité qui rend coûteuses sinon impossibles à réaliser les améliorations requises au fil des ans. Pourtant, un hôpital est sujet à des réorganisations majeures et répétées, comme un organisme vivant », a-t-il ajouté.

La coalition a insisté sur l’impossibilité de prédire les changements qui se produiront à long terme dans l’univers des soins et de la médecine. « C’est simple : personne ne peut prédire où nous en serons dans 20 ou 30 ans en médecine, surtout dans un milieu universitaire à l’avant-garde des innovations. Le manque de flexibilité du mode PPP pourrait donc compromettre à long terme la qualité des soins et faire exploser les coûts, autant d’argent perdu pour nos patients », a ajouté le docteur Marie-Claude Goulet, représentant les Médecins québécois pour le régime public. 

Régine Laurent, infirmière et présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ, a pour sa part rappelé les difficultés de financement des projets d’envergure en mode PPP dans le contexte économique actuel, les entreprises ne trouvant tout simplement pas l’argent requis. « La crise économique décuple le risque de faire appel à ces firmes fragilisées par la crise économique », a-elle affirmé, avant de demander : « Voulons-nous vraiment être les locataires d’hôpitaux dont nous aurons payé la mise de fonds et garanti l’hypothèque? ».

La coalition souligne également le risque de perte d’expertise dans la gestion et la construction de méga-projets au Québec :  « Le mode PPP n’est tout simplement pas approprié pour la construction d’un méga-hôpital universitaire » a indiqué monsieur Louis Roy, premier vice-président de la CSN. « Par ailleurs, ce choix de construire des hôpitaux en PPP remet aussi en question les compétences québécoises : ils seraient alors réalisés essentiellement par des firmes étrangères. Le Québec possède pourtant une immense expertise dans les projets d’envergure : la construction des grands barrages est un exemple classique! ». 

Rappelant que le premier ministre Jean Charest avait déjà ouvert la porte à un plan B lors de l’annonce récente de la construction du CHUM, la coalition demande le retour au mode conventionnel pour le financement, la conception, la construction et l’entretien de ces hôpitaux. « C’est le temps d’appliquer le plan B : nous prescrivons aujourd’hui le rejet des PPP en faveur d’une approche conventionnelle résolument publique, où le gouvernement conservera toute sa maîtrise d’œuvre, dans l’intérêt de tous et en particulier des patients», a conclu le docteur Alain Vadeboncoeur. 

Profil de la Coalition CHU sans PPP

La Coalition CHU sans PPP s’est donnée comme principal objectif que les projets de construction ou de transformation du CHUM, du CUSM et du CHUQ soient réalisés en mode conventionnel public et non en PPP.

Organisations membres de CHU sans PPP

Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux – APTS
Association des architectes en pratique privée du Québec – AAPPQ
Centrale des syndicats du Québec – CSQ
Coalition Solidarité-Santé - CSSanté
Confédération des syndicats nationaux - CSN
Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ
Fédération des médecins résidents du Québec – FMRQ
Fédération de la santé et des services sociaux – FSSS - CSN
Médecins québécois pour le régime public – MQRP
Ordre des architectes du Québec – OAQ
Secrétariat intersyndical des services publics – SISP
Syndicat de la fonction publique du Québec – SFPQ
Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec - SPGQ

Source : FIQ

|Le premier ministre Jean Charest doit passer au plan B, selon la nouvelle coalition CHU sans PPP
1605|1658|Manchettes Mouvements_souverainiste|Colloque des IPSO|2009-06-10 08:35:17|L’aut’journal|

Ce colloque s’est tenu le 6 juin dernier. Voici les vidéos d'une partie des interventions lors de ce colloque, dont

 

9 h – Quel(s) projet (s) de pays ?

Intervenants :Louis Bernard, Françoise David , Robert Laplante, Marilyse Lapierre (présidente)

Réplique: Jean-Pierre Roy, Marc Brière, Pierre Dubuc, Jean Dorion, Andrée Lajoie.

 

Vidéo Débat 1:  Quel(s) projet (s) de pays ?

http://www.tagtele.com/profil/Balzac/?v=39199&vc=&vp=1

 

11 h - Comment construire la concertation indépendantiste ?

Intervenants : Gérald Larose, Gilbert Paquette et Daniel Turp, Micheline Labelle (présidente)

Réplique: Françoise David, Marc Laviolette, Myrlande Pierre, Claude Bariteau, Anne Legaré

 

Vidéo Débat 2: Comment construire la concertation indépendantiste ?

http://www.tagtele.com/profil/Balzac/?v=39211&vc=&vp=1

 

13h30 - Conférence de Jacques Parizeau

Vidéo: Conférence de clôture du colloque des IPSO 6 Juin 2009

http://www.tagtele.com/profil/Balzac/?v=39184&vc=&vp=1

|Les vidéos des interventions dont celle de Jacques Parizeau
1606|1659|Société Accueil_Analyses|L’État-providence, revu et corrigé|2009-06-11 07:59:26|Catherine Gauthier|

L’entrevue est parue dans Nouvelles CSQ, Printemps 2009, le magazine de la Centrale des Syndicats du Québec. Catherine Gauthier est rédactrice en chef du magazine.

Sociologue de renommée internationale, Gösta Esping-Andersen est spécialiste des questions relatives à l’État-providence et à la protection sociale. Aujourd’hui professeur à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone et conseiller auprès du président de la Commission européenne, il a aussi enseigné notamment à Harvard, travaillé pour des organisations internationales telles que l’OCDE et les Nations Unies ainsi que pour plusieurs présidences de l’Union européenne.

L’avenir de l’État-providence semble compromis… Pourrons-nous en assurer la viabilité financière avec le vieillissement de la population ainsi que les dépenses de santé et de retraite qui gonflent à vue d’œil ? Déjà, plusieurs pointent du doigt ce modèle qu’ils accusent non seulement d’être inefficace et coûteux, mais aussi de freiner la croissance économique.

Et si on cessait d’associer la protection sociale à une dépense et qu’on l’envisageait plutôt comme un investissement dans l’avenir ? Un investissement stratégique destiné à préparer et à outiller les individus, dès leur petite enfance, pour qu’ils puissent répondre aux défis économiques de demain tout en continuant à les soutenir dans les moments difficiles ?

C’est l’idée que défend Gösta Esping-Andersen dans son plus récent livre intitulé Trois leçons sur l’État-providence. Nouvelles CSQ s’est entretenu avec ce chercheur de renom. Des propos qui portent à la réflexion…

Nouvelles CSQ Au cours des derniers mois, les gouvernements de plusieurs pays ont investi des milliards pour soutenir des multinationales au bord du gouffre et ont rendu public leur plan de relance économique. L’ampleur des déficits pourrait éventuellement les entraîner à réduire les dépenses publiques. Devrions-nous profiter de la situation actuelle pour redéfinir l’État-providence ? Quelle stratégie devraient privilégier nos gouvernements ?

Gösta Esping-Andersen : De façon générale, l’État-providence est vraiment le meilleur et le plus efficace fournisseur de sécurité sociale. La plupart des programmes d’assistance sociale sont d’ailleurs indispensables dans les domaines du soutien au revenu et des services. En aucun cas, on ne doit renoncer à ces avantages au nom de quelconques investissements. Il faut plutôt établir des priorités et orienter les politiques en conséquence, qu’il y ait crise ou non. Par ailleurs, il faut aussi reconnaître que le rôle de l’État-providence a été et demeure trop passif pour ce qui est d’investir suffisamment pour les enfants.

Nouvelles CSQ Nos gouvernements devraient donc cibler davantage les tout-petits ?

Gösta Esping-Andersen : Absolument. En fait, la stratégie consiste à fournir des services universels et de haute qualité aux enfants de 1 à 6 ans en plus des congés parentaux rémunérés couvrant autant que possible toute la première année de vie d’un enfant.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, on a tenu pour acquis que l’expansion et la démocratisation de l’accès à l’éducation corrigeraient les inégalités sociales et stimuleraient la mobilité sociale. Nous savons maintenant que cette hypothèse était tout à fait erronée.

D’une part, les systèmes d’éducation sont très mal équipés pour corriger les inégalités qui sont déjà implantées avant même que les enfants n’arrivent à l’école. De plus, nous disposons d’un grand nombre de preuves pour démontrer que les conditions de vie au cours de la petite enfance ont un effet déterminant sur la scolarisation prolongée, sur la santé et sur d’autres conséquences très importantes comme la délinquance.

Et, ce qui est encore pire, un mauvais départ a des effets durables, non seulement pendant l’enfance, mais aussi à l’âge adulte, sur les capacités, les revenus et le comportement parental. En temps de crise, ce sont d’ailleurs les individus aux compétences insuffisantes qui sont les plus vulnérables.

Enfin, il faut aussi se rappeler qu’à l’avenir, les prochaines générations d’enfants seront plus petites et qu’elles devront soutenir une population âgée très nombreuse. Elles devront aussi pouvoir bien fonctionner dans une économie du savoir. Voilà pourquoi il est primordial que nous assurions un bon départ à tous les enfants.

Nouvelles CSQ Plusieurs facteurs expliquent l’inégalité des chances de départ dans la vie. Ont-ils tous la même importance ?

Gösta Esping-Andersen : L’inégalité des chances de départ dans la vie dépend d’un ensemble de facteurs durant l’enfance : un faible revenu familial (et l’insécurité économique) ainsi que l’intensité et la qualité de la présence parentale. On peut affirmer à coup sûr que ce dernier point est le plus important : est-ce que les parents lisent avec leurs enfants ? Font-ils des jeux de société avec eux ? Etc.

La culture d’apprentissage de la famille est primordiale, car elle influence directement le développement cognitif et les aptitudes à l’apprentissage de l’enfant. C’est dans une très vaste proportion que le départ des enfants dans la vie est affecté négativement par l’un ou l’autre de ces facteurs ou par les trois. Cette proportion est cependant moindre au Canada qu’aux États-Unis.

Nouvelles CSQ Les services de garde universels du Québec font l’envie de plusieurs au Canada et ailleurs dans le monde. Or, certains s’interrogent sur cette prise en charge par l’État. Pourquoi les contribuables devraient-ils assumer ces coûts ? Quels sont les avantages d’un tel système pour la société ? Y a-t-il un réel retour sur l’investissement ?

Gösta Esping-Andersen : Les enfants sont à la fois un bien privé, puisque les parents les désirent, et un actif pour la société. Il y a eu des tentatives pour déterminer monétairement la valeur sociale moyenne d’un enfant. Des estimations faites aux États-Unis l’ont établie à 100 000 $ US pour la durée d’une vie (en tenant compte des coûts tels que le financement des écoles, etc.). Toutefois, ces estimations masquent des variations importantes.

Prenons le cas des décrocheurs, ils engendrent des coûts non négligeables... Par exemple, les frais d’une détention aux États-Unis équivalent à peu près aux droits de scolarité de l’Université Harvard. De plus, les programmes de soutien du revenu, comme l’assurance emploi ou l’assistance sociale, sont surchargés de personnes qui ont connu l’échec scolaire, ce qui ajoute aux coûts de ces mécanismes.

On peut aussi calculer le rapport coûts-avantages d’une autre façon : si les enfants ont un bon départ pendant leurs premières années de vie, ils apprennent beaucoup plus efficacement par la suite. Cela signifie moins de dépenses pour des programmes de rattrapage et autres mesures correctives durant les années scolaires qui, habituellement, ne fonctionnent pas très bien de toute façon.

De plus, les investissements réalisés avant l’entrée à l’école, particulièrement chez les enfants à risque d’échec, ont des effets substantiels et durables qui entraînent des retours nets très élevés. Aux États-Unis, par exemple, on estime que chaque dollar investi pour les enfants défavorisés d’âge préscolaire rapporte à la collectivité entre 5,60 $ (selon l’estimation la plus conservatrice) et 12,50 $. Ce sont là des retombées très importantes.

Enfin, des services de garde de haute qualité à prix abordable contribuent aussi à la conciliation famille-travail pour les femmes, ce qui augmente la disponibilité des mères sur le marché du travail pendant toute leur vie. J’ai tenté d’établir la valeur monétaire de cette retombée pour le Danemark. Price Waterhouse a fait de même pour le Royaume-Uni et est parvenu à des résultats semblables.

La disponibilité supplémentaire de main-d’œuvre féminine, en raison des paiements d’impôt qui en résultent, compense amplement le coût initial des frais de garde subventionnés. En d’autres mots, on gagne sur les deux tableaux !

Nouvelles CSQ Dans votre livre, vous présentez la stimulation précoce durant la petite enfance et le support à la famille comme une stratégie efficace pour accroître la productivité de la force de travail de demain. Au Québec, le programme de garderies à 7 $ par jour permet aux enfants de bénéficier des mêmes services. Cependant, la contribution fixe des parents, quels que soient leurs revenus, est décriée par plusieurs comme étant inégalitaire. Que pensez-vous de cette approche ?

Gösta Esping-Andersen : Il est crucial que les services de garde offerts soient de haute qualité et abordable. Le Danemark constitue un excellent point de comparaison, puisque la politique s’y applique de façon pratiquement universelle. Ici, la contribution des parents équivaut normalement à un tiers du coût total. Les frais sont réduits pour les familles à revenu plus faible et ils sont même nuls pour les familles très pauvres.

Au Québec, les frais de 7 $ par jour représentent une contribution parentale d’environ 200 $ par mois, ce qui se rapproche beaucoup de la situation au Danemark. Je crois cependant qu’il faut diminuer les coûts jusqu’à la gratuité pour les parents à faible revenu, surtout parce que les enfants de ce type de familles (où les mères monoparentales, les personnes peu scolarisées et les immigrants sont largement surreprésentés) sont ceux qui ont le plus grand besoin de ces services et qui en bénéficieront le plus.

Nouvelles CSQ Le régime public universel de santé du Québec fait face à de nombreux défis : population vieillissante, hausse de la demande des soins de santé, pénurie de personnel, listes d’attente… Certains affirment que le développement du secteur privé permettrait au public d’accroître son efficacité et de réduire ses coûts. Êtes-vous d’accord avec cette idée ?

Gösta Esping-Andersen : La privatisation des services de santé n’entraînera pas de réductions de coûts. Ce sera plutôt le contraire. Les plans privés et les fournisseurs de services de santé sont généralement plus coûteux à cause de leurs frais d’administration fixes plus élevés en plus du profit, bien entendu.

Nouvelles CSQ En considérant l’accélération du vieillissement de la population, les retraites précoces et la progression de l’espérance de vie, la société sera-t-elle en mesure de maintenir l’État-providence et d’assurer par le fait même la viabilité des caisses de retraite ?

Gösta Esping-Andersen : À l’heure actuelle, la politique la plus efficace pour faire face au vieillissement consisterait à repousser l’âge de la retraite à 65 ans, comme c’était le cas auparavant. Sur le plan financier, cette stratégie serait avantageuse à la fois pour les citoyens et le gouvernement, puisqu’elle aurait pour conséquence d’augmenter le nombre d’années de cotisation et de réduire la durée de la retraite.

Malgré le report du début de carrière, dû à une plus longue éducation, ainsi que les progrès énormes en longévité et en nombre d’années sans incapacités, les travailleurs des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont pris leur retraite de plus en plus tôt. Et ce, principalement en raison du fait que les industries tentaient de se départir des travailleurs plus âgés aux salaires plus élevés et à la santé plus fragile. De plus, dans de nombreux pays, les travailleurs avaient peu de raisons de demeurer en poste, puisque les contributions supplémentaires n’auraient pas augmenté les revenus de pension.

Pour reporter l’âge de la retraite, il faut donc réformer nos façons de faire en favorisant notamment des modalités de départ à la retraite flexibles et différenciées, telles que des départs en retraite partielle.

Nouvelles CSQ Ce report de l’âge de la retraite n’entraîne-t-il pas un problème d’équité ?

Gösta Esping-Andersen : En effet. Les travailleurs peu spécialisés et à bas revenu meurent beaucoup plus tôt que ceux qui ont une éducation supérieure. Dans certains pays, la différence est de l’ordre de cinq ou six ans. Par conséquent, une politique équitable devrait permettre d’ajuster progressivement l’âge de la retraite selon la longévité. Je proposerais que l’âge de la retraite soit indexé positivement selon la rémunération de toute la vie.

Un défi semblable se pose quant au nombre possiblement élevé de travailleurs qui se retrouvent avec des économies pour la retraite insuffisantes. Traditionnellement, il s’agissait surtout des femmes. Mais à cause des changements continus qui surviennent dans le marché du travail, on peut s’attendre à ce que cela s’étende de façon plus générale aux travailleurs peu spécialisés. Ils font face à des risques de chômage élevés et à des perspectives de rémunération de moins en moins favorables. Une partie du contrat intergénérationnel devrait donc comprendre une garantie minimale de revenu de retraite, comme les pensions du peuple dans les pays nordiques. Le fardeau financier additionnel de l’État serait probablement modeste, tout en allégeant celui des programmes de rentes de retraite.

Nouvelles CSQ Alors comment garantir l’équité entre les retraités de demain ?

Gösta Esping-Andersen : Une bonne politique en matière de retraite, paradoxalement, doit commencer par les bébés et les enfants. Car pour garantir l’équité entre les retraités de demain, il faut tout d’abord assurer dès aujourd’hui plus d’équité aux enfants en matière de stimulations cognitives et d’éducation.

De plus, nous savons qu’une retraite sûre découle essentiellement de la réussite de la vie professionnelle qui dépend de la qualité de l’enfance et de la jeunesse. Dans une économie du savoir, les citoyens peu qualifiés ou qui ont de faibles compétences risquent d’être condamnés aux bas salaires et à la précarité de l’emploi. Lorsqu’on considère les taux d’abandon scolaire précoce, on a une bonne indication du nombre de jeunes à haut risque de pauvreté au cours de leur vie. Voilà pourquoi il est primordial d’assurer un bon départ dans la vie à tous les enfants.


|Une entrevue avec Gösta Esping-Andersen, l’auteur deTrois leçons sur l’État-providence
1607|1660|Caricatures|L'escouade antiterroriste! 2|2009-06-11 18:17:51|Simon Banville|

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1608|1661|Manchettes Livres|Le prix Richard-Arès à Noir Canada|2009-06-12 08:05:49||

L'auteur est professeur au département de philosophie de l'Université de Montréal et membre du jury du prix Richard-Arès 2008. Nous reproduisons ici son allocution prononcée lors de la remise du prix le 10 juin 2009.

Le prix Richard-Arès pour le meilleur essai de 2008 est attribué à Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher pour l’ouvrage Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, paru chez Écosociété l’an dernier. Le jury a unanimement estimé que cet ouvrage devait être salué à cause de son impact majeur sur la société québécoise.

Noir Canada, c’est un ouvrage de 350 pages, constitué d’un appareil de notes imposant de plus de 1200 entrées. Le livre permet au lecteur de se familiariser avec une littérature abondante mettant en cause certaines entreprises aurifères canadiennes qui se sont engagées dans le développement minier en Afrique. C’est un ouvrage universitaire, mais destiné à un large public, qui décrit le rôle destructeur de plusieurs grandes sociétés minières canadiennes en Afrique et il analyse l’impunité qui leur est accordée par le gouvernement canadien.

Photo: Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher

Ces entreprises, qui exploitent les terres du Congo oriental, du Lesotho, de la Tanzanie, du Mali, du Ghana, du Soudan et d’autres pays d’Afrique, le font avec la complicité des pouvoirs locaux, mais aussi très souvent au détriment des populations locales. Elles ont accumulé des profits colossaux suite à des investissements atteignant 14 milliards de dollars en 2010.

La documentation consultée tend à montrer que les entreprises canadiennes sont compromises plus ou moins indirectement, par leur silence complice ou par leur implication active, dans des déplacements violents de population, dans le démembrement d’entreprises locales, dans la désolation et la pollution des territoires et dans des activités qui ont des conséquences nuisibles pour la santé des populations. Elles prennent possession, grâce à des contrats léonins, de gisements ou de mines sur des territoires nationaux africains, et les pays concernés obtiennent en échange des sommes provenant du fonds monétaire international.

Le Canada accueille plusieurs de ces entreprises sur son territoire. En effet, la moitié des entreprises engagées dans le développement minier ou pétrolier en Afrique sont canadiennes ou sont cotées en bourse au Canada. Le Canada est donc massivement présent au sein des pays d’Afrique. Il est aussi un paradis judiciaire pour les compagnies pétrolières et minières. Celles-ci sont à l’abri de toute poursuite juridique au Canada.

Les auteurs se sont appuyés sur des sources gouvernementales, sur des sources en provenance des Nations unies, ainsi que sur des informations issues d’ONG telles que Human Rights Watch. Ils se sont appuyés sur des enquêtes universitaires et journalistiques, sur les témoignages recueillis auprès des populations oeuvrant sur le terrain, mais aussi sur des études, rapports ou documents en provenance d’un très grand nombre d’autres sources. Plusieurs journaux tels que Le Monde, Le Monde diplomatique, Le Devoir et France Culture ont estimé que Noir Canada était un ouvrage essentiel.

L’ouvrage a eu un impact majeur sur la société québécoise. Comme chacun sait, immédiatement après la publication du livre le 15 avril 2008, la multinationale canadienne Barrick Gold a déposé, au Québec, une action en justice et elle réclame des auteurs, du conseil d’administration et de l’éditeur 5 millions de dollars pour dommages moraux compensatoires et 1 million $ à titre de dommages punitifs, pour un total de 6 millions $.  Quelques mois plus tard, la compagnie Banro emboîtait le pas et choisissait de poursuivre elle aussi Écosociété et les auteurs de Noir Canada en Ontario, en réclamant 5 M$. Écosociété et les auteurs de Noir Canada font donc face à deux poursuites bâillon, initiées par deux minières canadiennes, sous deux systèmes de justice différents totalisant la somme de 11 millions $.

Plusieurs organismes et personnes ont aussitôt réagi face à une telle attaque contre la liberté de recherche universitaire, la liberté d’expression et le droit du public à l’information. Plus de 60 éditeurs en provenance de trente pays ont déclaré leur appui à l’éditeur et aux auteurs. Les auteurs ont vendu environ 5000 copies de leur ouvrage. Écosociété a recueilli 12000 signatures individuelles d’appui. Elle a reçu des appuis de l’association des libraires du Québec, de la centrale des syndicats du Québec, de la fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec, de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, de l’Union des écrivains du Québec, de la société  de développement des périodiques québécois et du syndicat de la fonction publique du Québec. Au total, c’est plus d’une centaine d’organisations québécoises diverses provenant de tous les coins de la société qui appuient Écosociété et les auteurs de Noir Canada.

Les appuis de personnalités bien connues sont également très nombreux, incluant notamment Frédéric Back, Noam Chomsky, Françoise David, Richard Desjardins, Julius Grey, Amir Khadir, Naomi Klein, Jacques Lacoursière, Georges Leroux, Avi Lewis, Yann Martel, Ricardo Petrella, Hubert Reeves et Daniel Turp.

Des valeurs importantes défendues au sein de la société québécoise sont en cause avec cette poursuite pour atteinte à la réputation. En plus de s’en prendre à la liberté d’expression, à la liberté académique et au droit du public à l’information, Barrick Gold nuit considérablement à la qualité de la vie démocratique, en l’occurrence à la démocratie délibérative. Mais il y a un autre enjeu de taille, qui est aussi très important pour le Québec et qui ne concerne pas cette fois-ci que la poursuite bâillon dont Écosociété fait l’objet. Il s’agit d’un enjeu soulevé par le propos même de l’ouvrage. Même s’il est question des pays d’Afrique, le livre soulève la problématique du droit de tous les peuples à l’autodétermination. Il nous aide à comprendre que celle-ci ne doit pas être entendue seulement au sens culturel.

Les peuples ont le droit à un développement égal, ils ont le droit au développement de leur territoire. Ils ont aussi un droit de propriété sur leurs propres ressources naturelles de la même manière que les personnes ont un droit de propriété sur leurs propres talents. Ces ressources sont des «biens publics» et ne sont pas la propriété des dirigeants qui s’emparent du pouvoir. Toute vente à des intérêts privés devrait alors faire l’objet  d’un accord de la part de la population. Ces droits sont possédés par les peuples et non par les États qui les représentent.Le livre montre à quel point ces droits sont bafoués au profit d’entreprises et aux dépens des populations locales.

Ce sont là des enjeux importants que nous avons nous-mêmes vécus au Québec et qui ont notamment été soulevés par la coalition Eau-secours. L’eau est notre propriété collective et ne doit pas être cédée à des intérêts privés sans une consultation menée auprès de la population. Au Québec aussi, il nous faut protéger le droit collectif du peuple québécois et des peuples autochtones au développement de leur territoire. Il nous faut protéger leur droit à un développement égal et le droit de propriété à l’égard de leurs ressources naturelles.

C’est donc autant sur le plan théorique que sur le plan politique que l’ouvrage Noir Canada a joué un rôle décisif dans la société québécoise. Certes, les auteurs du livre ont attiré beaucoup de sympathie à cause de la poursuite de Barrick Gold et le succès en librairie de Noir Canada s’explique en partie à cause de cette poursuite. Mais si nous célébrons cet ouvrage aujourd’hui, c’est parce les projecteurs médiatiques ont permis aussi de nous rendre compte des qualités intrinsèques du livre.

Si autant de gens et d’organismes se sont rangés aux côtés d’Écosociété, c’est parce que le livre a pu tenir le coup par la force même de son propos. Son impact a été et restera immense, et c’est la raison pour laquelle il nous fait plaisir de décerner le prix Richard-Arès 2008 à Noir Canada d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher.

|Le livre soulève la problématique du droit de tous les peuples à l’autodétermination
1609|1662|authebdo|authebdo - 12 juin 2009|2009-06-12 08:42:15|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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Pour un référendum d’initiative populaire sur la souveraineté
Pour compléter le plan Marois
par SPQ Libre

Le référendum d’initiative populaire
Un projet qui donne de la flexibilité
par Jean-Herman Guay


MOUVEMENT SOUVERAINISTE

Colloque des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)
Les vidéos des interventions dont celle de Jacques Parizeau

L'indépendance est une fin en soi !
Intervention au colloque des IPSO
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POLITIQUE QUÉBÉCOISE

Non aux PPP pour les hôpitaux universitaires!
Le premier ministre Jean Charest doit passer au plan B, selon la nouvelle coalition CHU sans PPP


INTERNATIONAL

Les Haïtiens veulent Aristide et personne d’autre!
97% de la population boycotte le scrutin
par André Maltais


ÉCONOMIE

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À la Conférence de Montréal, organisée par Paul Desmarais
par Collectif d’auteurs


SOCIÉTÉ

L’État-providence, revu et corrigé
Une entrevue avec Gösta Esping-Andersen, l’auteur deTrois leçons sur l’État-providence
par Catherine Gauthier


LANGUE

Louise Harel. Quel scandale! Quel scandale?
Elle est unilingue! Et elle veut se présenter à la mairie de Montréal
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LIVRE - ESSAI

Le prix Richard-Arès à Noir Canada
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Asymptote : L’escouade antiterroriste II
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1610|1663|Accueil_Actualités|Le Téléjournal de Radio-Canada : for Canada for sure !|2009-06-15 08:47:09|Mathilde François|

Radio-Canada constituait depuis maintenant quelques décennies ma principale source d’informations concernant l’actualité nationale (internationale aussi, dans une certaine mesure).

Or bien que je m’en sois éloignée passablement depuis les années ‘90, compte tenu de sa forte orientation idéologique dans le débat constitutionnel (héritage du très « honnête » parti Libéral de ce grand « démocrate » nommé Jean Chrétien), je n’avais pas totalement abandonné cette chaîne (jusque-là hautement crédible et très professionnelle) qui fonctionne pour une bonne part, il faut tout de même le rappeler, grâce au soutien de... mes propres deniers de contribuable.

Hélas, je dois aujourd’hui annoncer qu’il ne m’est plus du tout possible de lui maintenir ma confiance. Outre une programmation générale très commerciale et fort américaine que j’ai largement délaissée au fil des ans (qualité approximative de la langue, variétés à n’en plus finir, contenus à haut coefficient de violence, érotisme facile sinon primaire, émissions et films médiocres, sans compter la publicité qui par sa permanence parvient à décourager [dégoûter même] le plus « fan » des auditeurs : en bref, on se croirait en France... Ou chez TVA !), c’est le dernier verrou qui pour moi, maintenant, se referme. Le verrou... sur Radio-Cadenas, diraient les mauvaises langues (mais pas forcément hallucinées pour autant).

Car, voyez-vous, même votre Téléjournal me déprime. Sur tous les plans. De fait, à force de faire so Canadian vous perdez l’essentiel de votre auditoire (exclusivement québécois à quelques individus près). Car il faut bien savoir – telle une peau de chagrin au sein de ce beau pays aussi « bilingue » (hors Québec) que le maire de sa capitale ou de sa métropole – que la poignée de Franco-canadiens encore debout dans le reste du Canada préfère le plus souvent, l’assimilation ayant joué son rôle à la plus grande satisfaction de nos concitoyens d’outre-Outaouais, écouter CBC ! Voire des chaînes d’outre 45e parallèle.

Aussi, quant à perdre mon temps à écouter les radotages de faits divers en provenance d’un village perdu de Nova-Scotia, de l’Ontario ou de British Columbia, et en anglais bien sûr (la moitié du Téléjournal se décline désormais dans la langue de Michael Ignatieff...), et ce pendant que l’on ignore (ou survole en coups de vent) des événements d’intérêt proprement québécois, eh bien je préfère encore la Toile numérique, Le Devoir ou le Téléjournal de... TVA. Sinon un bon bouquin en écoutant Félix, Schubert, le grand Gilles, Piaf, Dubeau, Brel, Hamelin ou Paul Piché.

Malgré tout, contre vents et marées, et en dépit des déceptions répétées au gré des ans, je m’entêtais obstinément (allez savoir pourquoi) à demeurer fidèle à Radio-Canada. En outre, avec la venue de mesdames Céline Galipeau et Pascale Nadeau comme cheffes d’antenne (femmes que j’ai d’ailleurs longtemps estimées et respectées), je m’étais mise à espérer une (intelligente) embellie. Mal m’en prît. C’est pire que jamais ! Hormis entre-temps la déchéance suprême : cette journaliste de la maison qui a foulé au pied toute sa crédibilité intellectuelle (qui n’était pourtant pas mince) en devenant la représentante officielle du colonialisme britannique...

Il y aurait également tant à dire, mais ce sera pour une autre chicane, sur les deux chaînes radiophoniques : autrefois lieux de grands échanges et de belle culture, aujourd’hui repères de tous les ennuis. Nonobstant, il est vrai, le travail de quelques individus qui, de Michel Desautels à Joël Le Bigot et Anne-Marie Dussault ou Monique Giroux, résistent tant bien que mal contre la médiocrité ambiante. Inoculée depuis des années, comme chacun sait, par les soins attentifs de M. Sylvain Lafrance. Fonctionnaire d’État de son état.

Aussi, et je terminerai sur cette suggestion que je veux constructive, je ne vois sur ce plan de notre vie collective qu’une issue honorable pour l’avenir : transférer la totalité du budget de Radio-Canada à Télé-Québec(referendums sectoriels en attendant la Folle Nuit d’Amour, Madame Marois... ?). Laquelle chaîne se chargerait de nous offrir une programmation (et cette fois de qualité) où le citoyen québécois n’aurait plus l’impression, face à son propre écran télévisuel national, d’être un étranger dans son propre pays.

Comme l’écrivait Aragon sous l’Occupation.

Merci.


Mathilde François
Québec, 12 juin 2009

 

|Lettre ouverte à la Société Radio-Canada

1611|1664|Langue Manchettes|L’anglicisation à Ottawa|2009-06-15 15:39:47|Charles Castonguay|

Voir comment le Canada pourrait se développer « on the basis of an equal partnership between the two founding races » (« sur la base d’un partenariat d’égal à égal entre les deux peuples fondateurs », dirait-on dans le français d’aujourd’hui). Magnifique mandat donné en 1963 à la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, ou Commission BB, par Lester B. Pearson, premier ministre unilingue anglais d’un pays en crise.

Son successeur, Pierre Elliott Trudeau, a fait en sorte que la montagne accouche d’une souris. De la vision de Pearson, il ne reste que la Loi sur les langues officielles. Adieu, pays biculturel et binational. Bonjour, hétéroclite collage d’une seule nation, de deux langues officielles et de moult cultures.

Du point de vue de la consolidation du fait français au Canada, le fiasco de la formule à Trudeau n’est nulle part plus patent que dans la capitale de ce pays chimérique.

La Commission BB avait souligné qu’à Ottawa, le français souffrait d’un statut inférieur à l’anglais. Elle s’est toutefois gardée de chiffrer l’anglicisation qui en découlait. Peut-être jugeait-elle que l’ex-fonctionnaire fédéral Marcel Chaput avait, dix ans plus tôt, attiré suffisamment l’attention sur l’assimilation de la population d’origine française hors Québec dans son retentissant plaidoyer, Pourquoi je suis séparatiste.

Chaput avait constaté que ce type d’anglicisation évoluait à la hausse. Si la commission avait voulu, elle aurait pu ajouter que dans le comté d’Ottawa-Carleton, qui correspond à l’actuelle ville d’Ottawa, l’anglicisation des personnes d’origine française avait doublé entre 1941 et 1961, passant de 7 à 15 %.

La commission a préféré s’en tenir aux grands principes. Intitulé « La capitale fédérale », le Livre V de son rapport final s’ouvre sur une citation de Montesquieu : « C’est la capitale qui, surtout, fait les mœurs des peuples; c’est Paris qui fait les Français. » Elle a proposé pour la capitale du Canada un objectif à l’avenant, soit « un état d’équilibre entre les deux langues officielles […] Si la capitale d’un pays bilingue doit inspirer le respect et la fidélité chez ses citoyens des deux langues, elle ne doit pas refléter la domination d’une langue sur l’autre. »

Grâce aux bons offices de Trudeau, cela ne s’est pas traduit par un éveil réciproque des citoyens de la capitale au fait qu’ils expriment quotidiennement, dans ces deux langues, deux grandes cultures distinctes, ni par la reconnaissance qu’ils y sont les représentants au jour le jour de deux nations qui commandent un égal respect. Adoptée en 1969, la Loi sur les langues officielles assure seulement aux habitants d’Ottawa des services fédéraux en français et en anglais et, s’ils sont fonctionnaires fédéraux, le droit d’y travailler dans la langue officielle de leur choix.

Où en sommes-nous en ce 40e anniversaire de cette loi ?

Chaput avait dû mesurer l’assimilation en comparant langue maternelle et origine ethnique. Recueillie depuis 1971, l’information sur la langue d’usage parlée à la maison au moment du recensement nous permet de suivre l’assimilation de manière plus immédiate, en mesurant celle qui est survenue du vivant des personnes recensées.

En 1971, 16 % des francophones (langue maternelle) de la ville d’Ottawa ont déclaré avoir adopté l’anglais comme langue d’usage au foyer. En 2006, le taux correspondant s’élevait à 32 %. Du simple au double en 35 ans et ce, en marquant une hausse à chaque recensement successif.

Ajoutons qu’en 2006, le taux atteint 38 % chez les 25 à 44 ans. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, plus du tiers des parents francophones d’Ottawa élèvent leurs enfants en anglais. De langue maternelle anglaise, ceux-ci alourdiront le ratio des anglophones aux francophones dans la capitale. Ce qui renforcera le pouvoir d’assimilation de l’anglais sur la minorité francophone restante. Et tourne la roue !

À cause de son formidable pouvoir d’assimilation, la majorité de langue d’usage anglaise a maintenu de fait son poids à 77 % de la population d’Ottawa. Au contraire, celui de la minorité de langue d’usage française a chuté rapidement, passant de 17 % en 1971 à seulement 11 % en 2006. Ainsi, la capitale comptait quelque 450 anglophones pour 100 francophones, langue d’usage, en 1971 mais environ 700 anglophones pour 100 francophones 35 ans plus tard.

Cet engrenage s’est étendu au comté voisin de Russell, à l’est d’Ottawa. À l’époque de la Commission BB, la majorité francophone de Russell, pour l’essentiel rurale, jouissait d’un poids comparable à celle du Québec et demeurait presque aussi imperméable qu’elle à l’anglicisation. L’étalement urbain autour d’Ottawa a transformé la situation. De 1971 à 2001, le poids des francophones dans le comté de Russell est passé de 84 à 62 %. Corrélativement, le taux d’anglicisation des jeunes adultes y est passé de 3 à 10 %.

Dans la mesure où l’assimilation traduit fidèlement le statut social des langues, la hausse continue du taux d’anglicisation des francophones indique qu’à Ottawa, loin de se rapprocher d’un équilibre entre les deux langues officielles ou d’un adoucissement de la domination de l’une sur l’autre, la situation s’en éloigne sans cesse.

Sans doute serait-ce pire encore si, dans la capitale du Canada, le droit de recevoir des services fédéraux en français et celui de travailler en français à la fonction publique fédérale n’existaient pas, du moins sur papier. En réalité, le fédéral n’a toujours pas trouvé moyen d’appliquer correctement sa loi tant célébrée.

Le commissaire aux langues officielles le répète depuis maintenant 40 ans. Voyons son rapport annuel, cuvée 2008-2009 : « Tout comme mes prédécesseurs […] j’ai souvent été atterré par le fait que le gouvernement fédéral et ses institutions n’ont pas su faire respecter l’esprit de la Loi […] Aujourd’hui encore […] le fait d’utiliser les deux langues pour accueillir les citoyens et de faire valoir pleinement les deux langues en milieu de travail ne fait pas partie de [leur] culture […] le droit de travailler en français […] est souvent plus symbolique que réel. Dans la plupart des milieux de travail au sein du gouvernement fédéral, l’anglais et la culture anglophone continuent de prédominer. Souvent, les fonctionnaires qui parlent en français pendant une réunion ou qui écrivent […] dans cette langue ne sont pas certains d’être bien compris ou appréciés […] il faut se rendre à l’évidence : le français comme langue de travail n’est pas aussi utilisé qu’il devrait l’être dans les bureaux fédéraux situés dans la région de la capitale nationale. »

Pareil constat se fonde d’ailleurs sur des enquêtes qui, au lieu de déterminer si un fonctionnaire francophone travaille effectivement en français, lui demandent s’il se sent « libre » de travailler « dans la langue officielle de [son] choix ». Libre, donc, à celui qui travaille en anglais parce qu’il juge cela plus avantageux ou qu’il maîtrise mieux cette langue, de répondre qu’il travaille « dans la langue officielle de [son] choix ». Ces enquêtes sont par conséquent trompeuses. Qu’on y pense : à Ottawa, l’anglais domine à tel point dans la vie de tous les jours que, dès la fin du secondaire, la majorité des élèves franco-ontariens de la capitale s’identifient désormais comme « bilingues » plutôt que « francophones ». Rendus là, bon nombre sont déjà plus compétents en anglais qu’en français.

Le gouvernement du Québec en est venu, à l’usure, à ne plus respecter l’esprit de sa loi 101. Mais cela fait 40 ans que le gouvernement du Canada s’abstient de donner l’exemple et d’exercer le leadership nécessaire pour que sa Loi sur les langues officielles règne dans tous les cœurs. Lisons encore le commissaire : « Lors d’événements comme la remise de prix littéraires, les festivals du film ou les concours visant à déterminer les plus importants symboles canadiens, on présume souvent que le Canada est un pays anglophone et que sa culture et son histoire sont associées à cette langue. Trop souvent, les seuls mots de français qu’on entend lors d’événements publics sont Bonjour Mesdames et Messieurs au début et Merci à la fin, et ce, même à Ottawa, la capitale nationale. »

Rien d’étonnant, alors, à ce qu’on soit acculé à la guérilla juridique pour défendre les services bilingues de la ville d’Ottawa contre les attaques des Canadians for Language Fairness, héritiers de la Association for the Preservation of English in Canada, ou, encore, l’affichage bilingue décrété par la municipalité de Russell contre sa contestation judiciaire par Howard Galganov, ex-président du Quebec Political Action Committee.

Ottawa compte de nombreux anglophones de bonne foi. Ils ne font cependant pas le poids devant la sourde résistance et, régulièrement, l’expression ouverte d’une volonté atavique de domination qui ont miné la réalisation d’un état d’équilibre entre le français et l’anglais dans la capitale du Canada.

Comme dirait Montesquieu, c’est Ottawa qui fait les Canadiens. Et Ottawa parle anglais.

|Plus du tiers des parents francophones d’Ottawa élèvent leurs enfants en anglais.
1612|1665|International Manchettes Mouvements_syndical|Conflit syndical: Directive d’Obama à son administration|2009-06-16 08:29:22|Paul Martineau|

Quels ministres à Québec ou Ottawa accepteraient de boycotter un sommet de la plus haute importance qui se tiendrait à Montréal, par exemple, pour éviter d’avoir à traverser une ligne de piquetage symbolique érigée par des syndiqués en conflit avec le maire Tremblay ?

Aux États-Unis, la question est maintenant réglée. Les plus hauts dirigeants de l’administration Obama n’ont pas à prendre position sur tous les conflits de travail, mais ils ont ordre de ne traverser aucune ligne de piquetage, par respect pour les travailleurs et le mouvement syndical.

Le vice-président Joseph R. Biden et plusieurs autres hauts gradés de l’administration ont en effet causé un véritable scandale dans le monde municipal en juin, lorsqu’ils ont annulé leur présence à la Conférence annuelle des maires, parce que le syndicat des pompiers locaux allait ériger une ligne de piquetage devant l’événement.

« Même si cette administration ne prend pas position sur les circonstances du conflit en tant que tel, nous avons toujours respecté les lignes de piquetage, et les responsables de l’administration ne traverseront pas celle-ci », a expliqué l’attaché de presse de Barack Obama, Robert Gibbs, dans une déclaration publique.

L’annulation de la présence de l’équipe Obama à la Conférence des maires a été reçue comme un immense affront par les organisateurs et plus particulièrement par le maire David Ciccilline, qui avait travaillé d’arrache-pied pour que le sommet se tienne dans sa ville, Providence, au Rhode Island.

Il s’agit en effet d’une rencontre d’envergure et c’est la première fois que les représentants de la Maison Blanche n’y seront pas. L’événement rassemble environs 1200 personne venus de partout aux États-Unis, dont 180 maires de petites et grandes villes, venus échanger avec des experts gouvernementaux, des politiciens et des dirigeants d’entreprises.

« Nous sommes absolument frustrés que la Maison Blanche ait décidé de boycotter notre rencontre à la demande d’un syndicat », a déclaré un des organisateurs du Sommet, alors que le maire accusait les syndiqués de prendre l’événement en otage.

C’est l’Association internationale des pompiers, qui regroupe les syndicats locaux à travers les États-Unis, qui a convaincu l’administration Obama de ne pas se présenter à l’événement pour respecter la ligne de piquetage.

Le président du syndicat des pompiers de Providence, Paul Doughty, avait annoncé il y a plus d’un an que ses membres utiliseraient l’événement pour publiciser leur conflit avec la ville. Les pompiers sont sans contrat de travail depuis plusieurs années et le maire a juré publiquement de leur tenir tête pour éviter une augmentation des coûts du service.

« Nous saisissons cette opportunité parce que c’est une chance d’avoir l’attention de tout le pays pour dire « Hey, ce gars-là ne nous donne pas une chance équitable » », a déclaré à M. Doughty à l’Associated Press.

Outre le vice-président Biden, les autres responsables à avoir annulé leur présence à la conférence incluent une conseillère présidentielle, la directrice de l’Agence de protection de l’environnement, le Secrétaire au logement, le Secrétaire au Commerce, le Secrétaire du Travail et l’Attorney General, équivalent de notre ministre de la justice.

La Maison Blanche a fait savoir que si le maire de Providence se retirait de l’événement pour éviter l’apparition d’une ligne de piquetage, les responsables gouvernementaux pourraient changer d’idée. Le maire a rapidement écarté cette possibilité.

|On ne franchit pas de lignes de piquetage
1613|1666|Manchettes Mouvements_syndical|JdeMtl: Les lockoutés jugent immoral que Québec aide Quebecor à acheter Le Canadien|2009-06-16 09:00:55|L’aut’journal|Le STIJM a écrit au premier ministre Charest lui demandant de ne pas soutenir financièrement Quebecor dans une transaction visant à acquérir les
Canadiens de Montréal.

« Nous croyons qu’il serait immoral que l’argent des contribuables québécois soutienne une compagnie qui traite ses employés de manière aussi cavalière », écrit-on au premier ministre. Le ministre des Finances, Raymond Bachand a déclaré cette semaine qu’il pourrait offrir une aide de 100 millions $ à des acquéreurs composés majoritairement d’intérêts québécois.

Le STIJM estime « qu’il serait inopportun que l’État, qui représente le bien commun et l’intérêt public, vienne enaide à une entreprise qui s’est distinguée ces dernières années par ses longs conflits de travail, souvent marqués par des lockout, comme ce fut le cas chez Vidéotron, au Journal de Québec, et maintenant au Journal de Montréal et au Réveil de Saguenay. (…) Si elle a les moyens financiers d’acheter le Canadien, le Centre Bell et
le Groupe Gillett, Quebecor a les moyens de mettre fin au lock-out qu’elle a déclenché. Malgré les accommodements et les tentatives de rapprochement faites encore tout récemment par notre syndicat, la haute direction de Quebecor refuse de reprendre les négociations », précise-t-on.

Le STIJM souhaite que l’État ne soit pas complice de Quebecor en cautionnant, par une aide financière, les agissements d’une entreprise qui, en plus, cherche à transférer des emplois hors du Québec.|Occupation des bureaux du Fonds de solidarité
1614|1667|Manchettes Mouvements_syndical|Pas de statut particulier pour les infirmières des agences|2009-06-17 08:02:07|Marc Laviolette|

Le 29 mai 2009 pourrait très bien être le début de la fin des agences qui fournissent le personnel infirmier au réseau de la santé en pénurie d’infirmières. Une décision du commissaire Louis Garant de la Commission des relations de travail statue que le personnel fourni par une agence de placement est bel et bien salarié au sens du code du travail et que, dans  la requête qui lui est soumise, le véritable employeur est le Centre de santé et de services sociaux.

Cette victoire du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’est du Québec (SIIIEQ-CSQ) est une percée importante dans la lutte contre la privatisation de notre système de santé au Québec. C’est le 23 octobre 2008 que le syndicat de 1650 membres a déposé une requête en vertu de l’article 39 du code du travail afin que les infirmières d’agences privées oeuvrant au service d’info-santé du Centre des services sociaux de la Mitis soient déclarées visées par l’accréditation syndicale couvrant cet établissement.

Dans sa décision, le commissaire Louis Garant stipule que les infirmières d’agences sont des salariés au sens du code du travail et que « les infirmières du centre de santé et des agences ont toutes la même mission, servir la population en les informant adéquatement sur les problèmes de santé qui les préoccupent. Pour ce faire, elles partagent les mêmes locaux, les mêmes heures de travail, les mêmes outils, reçoivent la même formation et on leur assigne, de façon aléatoire, la clientèle. Les infirmières des agences sont très intégrées à l’entreprise, elles occupent une place depuis près de deux ans dans certains cas et on voudrait qu’elles ne soient pas visées par l’accréditation syndicale parce qu’une autre personne paie leur salaire qui est remboursé par le centre de santé? Il s’agit là d’un non sens. »

De plus, poursuit-il, « les dispositions de la loi 30 sont explicites et il ne peut y avoir deux groupes de salariés appartenant à la même catégorie; les infirmières d’agences, dans ce cas-ci , sont visées par l’accréditation du requérant ».

Suite au jugement, la présidente du SIIIEQ-CSQ), Micheline Barriault, déclarait que « la décision rendue par le juge Louis Garant est majeure. Il faut espérer qu’elle représente le début de la fin d’un double traitement, inéquitable et injuste, des infirmières travaillant dans nos établissements publics de santé, selon qu’elles proviennent du secteur public ou des agences privées. »

« Il n’est pas normal, de poursuivre Mme Barriault, que certaines infirmières, sous prétexte qu’elles travaillent pour une agence, puissent œuvrer dans le secteur public dans des conditions privilégiées pendant que la majorité de leurs collègues doivent subir des conditions de travail  beaucoup plus difficiles. »

Pour Francine Lévesque, présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, la victoire de la CSQ donne un sérieux coup de pouce à la lutte contre la privatisation. « Ça tombe au bon moment, à l’aube des prochaines négociations qui se feront en Front commun. Notre demande syndicale de trouver des solutions publiques au problème de pénurie de main d’œuvre dans le réseau de la santé va s’en trouver renforcée. »

Contacté par l’aut’journal, Michel Boucher, le conseiller en relations de travail de la CSQ qui a plaidé la requête devant le commissaire Garant qualifie d’aberrante la situation des agences dans le réseau de la santé. « Les agences savent que les centres de santé et services sociaux sont dans le trouble. Elles chargent  le double du prix et se prennent une grosse part de profit. Les infirmières d’agence sont payées à un taux salarial supérieur à la convention collective et on leur accorde des privilèges supérieurs à ce qui est conventionné, ce qui entraîne un exode des infirmières du réseau public vers les agences. Agences qui remplacent les postes vacants du réseau public. C’est pas comme ça qu’on règle le problème de pénurie. »

Selon Gérard Noterbaert, étudiant à la maîtrise en droit du travail à l’UQAM et avocat, les entreprises de location de personnel se sont développées à partir des années 1970 et,  depuis 1990, l’industrie a fait une percée significative dans le domaine des services sociaux et dans la fonction publique en général. Les compressions massives effectuées par le gouvernement offrent une occasion d’affaires inespérée à cette industrie.

De 1993 à 2002, le nombre d’entreprises au Canada dans ce domaine est passé de 1191 à 3966. Les recettes canadiennes de l’industrie, qui totalisaient 1,4 milliard de dollars en 1993, se chiffrent à 5,6 milliards en 2002 et l’industrie québécoise compte pour 16,5% dans l’ensemble de ces revenus d’exploitation. Les salaires versés par cette industrie au Québec sont passés de 264 millions en 1990 à 686 millions en 2002.

Pour la présidente de la SIIIEQ-CSQ, jointe par l’aut’journal, « si la décision n’est pas contestée, ça va avoir des impacts majeurs pour le réseau. À date, le CSSS Matane nous a avisés qu’il allait se conformer à la décision. Pour ce qui est du CSS de la Métis visé par le jugement, la direction est toujours en réflexion.

« Pour le syndicat, il n’y a pas de motif à contester, la décision du commissaire est claire. Le ministre de la Santé affirmait publiquement qu’il fallait trouver des solutions sans faire appel aux agences pour régler le problème de la pénurie d’infirmières dans le réseau. Avec cette décision, la porte est ouverte », concluait Micheline Barriault.

|Importante victoire contre la privatisation dans la santé
1615|1668|Manchettes Mouvements_souverainiste|Une Fête nationale bilingue? No way!|2009-06-17 08:25:31|Patrick Bourgeois|

Je suis un chien qui ronge l’os
En le rongeant, je prends mon repos.
Un temps viendra qui n’est pas venu
Que je mordray qui m’aura mordu.


Les événements des derniers jours concernant L’Autre Saint-Jean bilingue ont de quoi en jeter plus d’un en bas de leur chaise! Il est en effet inconcevable que ce soit l’Association culturelle Louis-Hébert, dont le conseil d’administration est exclusivement composé de militants indépendantistes, qui ait créé un précédent en invitant des groupes à se produire en anglais le 23 juin, précédent qui affectera pour longtemps le symbole de la lutte pour le français qu’est la Fête nationale au Québec.

Il est encore plus inconcevable d’entendre ces mêmes organisateurs prononcer des discours en tous points comparables à ceux tenus par nos ennemis lorsqu’ils traitent de la question linguistique au Québec. Comme quoi, ceux qui se disent nos amis ne le sont pas toujours…

À cause de l’Association culturelle Louis-Hébert, un débat néfaste sur la présence de l’anglais à la Fête nationale s’est enclenché au Québec, un débat qui n’avait historiquement jamais eu lieu et qui n’a dans les faits aucune allure. Tout le monde devrait s’entendre sur le fait qu’il est correct, normal et tout à fait acceptable de célébrer en français une nation d’expression française.

Nous saurons bientôt de quelle façon cette saga se terminera, mais d’emblée, il est possible de dire que tout cela n’est pas de bon augure. À cause de l’influence de ceux qui désirent de l’anglais sur la scène de la Fête nationale et de la pusillanimité de ceux qui devraient s’y opposer, on a toutes les chances du monde d’entendre de l’anglais le 23 juin cette année. Cela serait peut-être une défaite symbolique, mais ce serait quand même une défaite. Une défaite très grave en fait, car elle constituerait un précédent qui légitimerait les actes de ceux qui veulent qu’au Québec tout se fasse « en bilingue », au mépris de notre langue nationale, le français.

Malheureusement, dans les présentes circonstances, en exigeant le maintien du caractère francophone de la Fête nationale, il est difficile de bien paraître aux yeux de ceux qui ne réalisent pas la fragilité du fait français en Amérique et le précédent que cela créerait si elle devait se bilinguiser cette année. Réserver la Fête nationale aux artistes qui se produisent en français en désinvitant des artistes anglophones qui avaient été invités dans les règles, ça peut donner une impression d’exclusivisme qui ne peut aucunement constituer une bonne carte de visite en ce Québec soumis aux règles du politiquement correct. Cela est d’autant plus vrai que les médias fédéralistes –c’est-à-dire La Presse d’abord et avant tout – multiplient toujours les manœuvres à l’approche de la Fête nationale pour que l’organisation de celle-ci soit retirée des mains des organismes souverainistes.

À cause de l’Association culturelle Louis-Hébert et des réactions que leur projet de spectacle a suscitées, André Pratte, Yves Boisvert, Patrick Lagacé et compagnie ont eu cette année beaucoup de matière à se mettre sous la dent-bouffe-Québec-français. Ils ont exploité avec un sans-gêne grossier le fait que des groupes anglophones devant jouer à la Fête nationale aient provoqué des tensions. Accuser les indépendantistes souhaitant que la Fête nationale demeure francophone d’être des fascistes en herbe leur a été très facile. Et ils ne s’en sont pas privés. Merci aux organisateurs de l’Autre Saint-Jean!

À cause de l’amateurisme des organisateurs de l’Autre Saint-Jean qui ont invité presque en catimini des groupes anglophones pour ensuite les désinviter à cause des pressions indépendantistes pour ensuite les réinviter, à cause de pressions fédéralistes cette fois, c’est toute l’organisation de la Fête nationale qui a ô combien mal paru. Cette histoire a donné une impression de travail bâclé qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur la suite des choses. Ceux d’en face tenteront par tous les moyens d’exploiter cet épisode pour mieux miner les bases mêmes de la Fête nationale du Québec telle qu’organisée par le Mouvement national des Québécois, et ce, au grand avantage bien sûr du 1er juillet, fête du Canada, qui survient une semaine plus tard seulement. À ce chapitre, il est très facile de voir clair dans le jeu de ceux d’en face.

Mais maintenant le mal est fait. Et nous devons, envers et contre tous s'il le faut, refuser de reculer. Il ne doit pas y avoir de groupes invités à se donner en prestation en anglais lors de la Fête nationale. Un point c’est tout. Mais pourquoi est-ce inadmissible que des groupes jouent à la Fête nationale en anglais? Cela l’est d’abord à cause du contexte dans lequel nous sommes empêtrés présentement.

Le français décline fortement à Montréal, et au Québec par le fait même, depuis plusieurs années maintenant. Et rien n’est fait pour corriger la situation. Tout le monde s’en lave les mains ou craint de se mouiller. On laisse même passer la construction de deux éléphants blancs – les méga centres hospitaliers universitaires de Montréal, l’un fonctionnant en français et l’autre en anglais – de peur de heurter la sensibilité de la communauté anglophone du Québec qui, précisons-le, n’est en rien une minorité. On parle ici simplement d’une diaspora canadienne-anglaise.

Et avons-nous besoin de dire que l’anglais n’est aucunement menacé en Amérique contrairement au français? Si l’on plie en plus dans le dossier de la Fête nationale, cela serait un symbole très fort. Cela confirmerait que le recul du français n’est aucunement une chimère, que telle est la réalité et que surtout rien ni personne n’est en mesure de l’enrayer puisque même notre fête est devenue bilingue. Accepter que l’anglais fasse son nid dans la Fête nationale, cela reviendrait à mettre le bout du doigt dans un moulin à viande qui ne cesse jamais de tourner. Un tel précédent serait le signal qu’attendent depuis trop longtemps nos ennemis pour prendre d’assaut la Fête nationale. Cette année, l’Autre Saint-Jean présenterait une demi-heure de contenu en anglais. Et l’an prochain, qu’est-ce que ce sera? Une heure? Et l’année d’après, Guy A. Lepage parviendra-t-il à imposer des prestations en anglais au parc Maisonneuve?

Parce que nos ennemis veulent ouvrir une nouvelle ligne de front encore plus près du cœur de la Nation en s’en prenant à notre Fête nationale, il nous faut résister avec l’énergie du désespoir. Il nous faut dire non à l’anglais à la Fête nationale.

Qui plus est, il me semble que nos demandes ne sont aucunement exagérées. Vouloir qu’une seule petite journée par année se passe entièrement en français lorsque les événements sont financés par des fonds publics qu’accorde l’État du Québec, dont la seule et unique langue officielle – rappelons-le – est le français, cela devrait être acceptable pour tous.

Au Québec, 364 jours par année, l’industrie musicale anglophone s’impose et est dominante. Et certains voudraient en plus mettre la main sur la dernière journée qui nous reste. Si certains sont fermés, ce n’est certainement pas les indépendantistes refusant que la Fête nationale devienne bilingue, ce sont bien davantage ceux qui ne peuvent accepter que les amoureux et les défenseurs du français aient au moins une journée dans l’année pour célébrer la présence fragile de cette langue en Amérique; que cela nous soit refusé dans le difficile contexte linguistique actuel, cela est odieux et scandaleux. Comme quoi, les assimilationnistes de tous poils ne prennent jamais de répit.

Maintenant, je veux qu’il soit bien compris par tous que je n’ai strictement rien contre Bloodshot Bill ou Lake of Stew, groupes que je ne connais absolument pas. Eux, ils n’ont fait qu’accepter un généreux cachet pour monter sur scène. Les véritables coupables dans cette histoire sont les organisateurs de cette funeste mascarade. Il n’y a pas si longtemps, certains parmi ces mêmes organisateurs avaient été porter 101 langues de porc dans le vinaigre à la ministre Christine St-Pierre, qu’ils accusaient de ne pas respecter suffisamment le français au Québec. À l’évidence, ils ne démontrent pas plus de respect pour la langue de Molière au Québec que cette même ministre.

Si les groupes en question ne sont coupables de rien, les entrevues qu’ils ont accordées sur le sujet depuis quelques jours confirment quand même qu’ils n’ont pas leur place à la Fête nationale. Pourquoi? Parce que leurs membres, même s’ils sont nés au Québec et y ont grandi, ne peuvent à peu près pas parler français. Et ils ne connaissent rien de la réalité nationale et culturelle de la majorité francophone du Québec. L’un d’eux a même confirmé qu’il ne savait à peu près pas qui était Guy A. Lepage! Il me semble que si des anglophones tenaient vraiment à célébrer avec nous la Fête nationale, il faudrait au moins qu’ils connaissent un tant soit peu ce Québec. Qu’ils y participent simplement pour le chèque de paie, cela devient plutôt indécent. La Fête nationale, ce n’est pas une journée comme les autres. C’est un symbole fort de la présence française en Amérique.

Si des anglophones respectueux de la nation québécoise désiraient ardemment participer à la Fête nationale, ils pourraient tout à fait le faire, mais en chantant en français. Cela dénoterait un respect certain pour la nation québécoise et je serais le premier à applaudir la participation de cet artiste anglophone à notre Fête nationale. D’ailleurs, plusieurs anglophones s’intègrent très bien en français à la Fête nationale. Pensons à Jim Corcoran ou Nanette Workman, qui sont des exemples d’intégration au Québec. N’est-ce pas ce genre de cheminement qui devrait être encouragé plutôt que la fermeture au fait français de certains artistes anglos?

Évidemment, les positions que je défends ici globalement ne seront pas populaires dans certains milieux. Je n’en ai rien à foutre! Tous les acteurs, ou presque, dans ce dossier, ont des intérêts à protéger. Pas moi. Moi, je parle uniquement afin d’éviter qu’un autre pan – symbolique, mais très important quand même – de la réalité francophone du Québec ne s’écroule sous les coups répétés des adeptes de la fausse ouverture sur le monde. Cela ferait de moi un ayatollah ou un taliban de la langue - ce qui est faux bien sûr- que je m’en foutrais tout autant.

Voyez-vous, je demeure convaincu qu’il est tout à fait légitime de militer en faveur de la pérennité du fait français au Québec. Je sais avoir raison quand je dis que le Québec parlant encore et toujours français n’est aucunement un geste de fermeture, que c’est bien plutôt la seule façon pour la nation québécoise de travailler en faveur de l’enrichissement de la culture mondiale. Je persiste donc et je signe : pas d’anglais à la Fête nationale du Québec.

|Un débat néfaste sur la présence de l’anglais à la Fête nationale s’est enclenché
1616|1669|Accueil_Actualités Mouvements_populaire|Mobilisation sociale|2009-06-17 08:35:12|Jacques Fournier|

L’auteur est un organisateur communautaire retraité


Les groupes communautaires devraient-ils s’impliquer davantage dans les débats tels la question nationale, les problèmes sociaux et les enjeux municipaux?

Les groupes communautaires ont toujours eu, au Québec, un rôle important dans la participation citoyenne et la perception anticipée des problèmes sociaux.

Souvent, ce sont des groupes communautaires qui ont découvert les nouveaux besoins et mis de l’avant des pistes de solution. Les gouvernements ont par la suite « récupéré », au sens positif du terme, ces solutions et adopté des lois pour les mettre en vigueur, au bénéfice de toute la population.

Par exemple, ce sont les ACEF, les associations coopératives d’économie familiale, qui ont été les premières à jeter un éclairage cru sur les problèmes d’exploitation des consommateurs et, plusieurs années plus tard, le gouvernement a mis sur pied l’Office de la protection du consommateur (OPC). De même, les CLSC ont été créés par le législateur dans la foulée des cliniques populaires de santé de la fin des années 1960.

Les syndicats ont également joué ce rôle d’éclaireur social : combien de projets de loi à saveur sociale et progressiste ont vu le jour grâce aux pressions syndicales? (l’assurance-santé, le zonage agricole, etc.). Ces projets de loi apportent des bénéfices non pas aux seuls syndiqués mais à tous les citoyens.

Groupes communautaires et syndicats ont historiquement été des outils puissants de participation citoyenne : ils ont fait découvrir à leurs membres qu’unis, ils pouvaient, comme citoyens, mettre leur grain de sel dans les débats publics, avec confiance, avec un espoir réel que les choses puissent changer pour le mieux. Ils ont aidé les citoyens et citoyennes à combattre leur sentiment d’impuissance.

Les choses ont-elles changé sous ce rapport en 2009, comparativement aux années antérieures? Concernent les groupes communautaires, on observe parfois, dans certains groupes, une baisse de cette fonction de critique et de participation sociale. Comment cela peut-il s’expliquer?

Comparativement à il y a vingt ans, le gouvernement finance de plus en plus les groupes communautaires, qui assument toutes sortes de responsabilités, pour une fraction du prix, comparativement à ce que cela coûterait si ces services étaient offerts par le secteur public.

En 1991-92, dans le secteur de la santé et des services sociaux, le gouvernement versait au PSOC (Programme de soutien aux organismes communautaires) la somme de 57 millions $. En 2008-2009, ce montant a été multiplié par sept et atteint 395 millions $.

Grosso modo, pour la moitié des groupes, cela n’a rien changé à leur fonction de critique sociale et de participation citoyenne. Mais malheureusement, environ la moitié des groupes en ont conclu, à tort selon moi,  que ce financement accru leur enlevait le droit de prendre position et de se déployer dans la sphère publique, que ce soit concernant les dossiers sociaux, la question nationale québécoise, l’implication municipale, etc.

Nous avons besoin d’un mouvement citoyen fort. Nous avons besoin que tous les groupes communautaires, en plus de remplir adéquatement les mandats pour lesquels ils reçoivent, de façon pertinente, du financement gouvernemental, gardent leur autonomie et leur esprit critique et ne s’auto-censurent pas dans leurs prises de position. Leur apport enrichit considérablement le fonctionnement démocratique de notre société.

|Le mouvement communautaire s’auto-censure-t-il?
1617|1670|International Accueil_Analyses|Procès d’un terroriste anti-cubain|2009-06-17 09:06:52|Jean-Guy Allard|

L’auteur est journaliste à l’agence cubaine Granma

Le tribunal de El Paso, Texas, a accepté de reporter le procès du terroriste international  Luis Posada Carriles jusqu’au 1er février 2010, confirmant ainsi toutes les analyses qui révèlent  une procédure dilatoire de style mafieux, ainsi que la complaisance évidente de la juge dans cette affaire.

Sous le prétexte de permettre aux avocats de l’auteur du crime de la Barbade (l’explosion en vol d’un avion cubain) d’avoir plus de temps pour se préparer, la juge Kathleen Cardone a accepté au complet les arguments de la défense.

Cardone est ce même magistrat qui a absout  cet ex agent de la CIA une première fois et qui ce 14 avril lui a fait cadeau pour une deuxième fois d’une libération sous caution.

À cette dernière occasion, elle a d’abord conditionné la libération à une détention domiciliaire jusqu’au procès, avec un dispositif électronique à la cheville, sans pouvoir sortir de sa résidence — déterminée par ses complices dans un lieu secret— sauf pour visiter ses avocats ou son médecin.

Posada a  violé à plusieurs reprises cet ordre de la cour, y compris en visitant à plusieurs reprises le local de Miami de l’organisation

terroriste Alpha 66, sans la moindre intervention de la police fédérale, le FBI, toujours apathique en matière de terrorisme contre Cuba.

Posada qui, en plus de détruire un avión cubain, a torturé et assassiné durant des années au Venezuela, où il a dirigé pendant des décennies des escadrons de la mort chargés d’éliminer les opposants, sera jugé pour « fraude et parjure en rapport avec des démarches pour devenir citoyen »nord-américain, a rapporté AP

Posada Carriles, 81 ans, est aussi accusé « d’avoir menti sur sa participation dans les attentats dans une série d’hôtels à La Havane en 1997 », précise l’agence.

Cette dernière accusation est la première à être formulée par le ministère public, après des années de séjour du criminel international   dans ce pays qu’il a toujours servi, qui soit reliée à ses activités terroristes.

Le Venezuela réclame en vain depuis lors l’extradition de Posada, qui a fui de ce pays avant de faire face aux tribunaux comme auteur intellectuel de cet attentat de 1976 contre un aéronef de Cubana de Aviación où 73 personnes ont trouvé la mort.

Six heures d’entrevues accordées à la journaliste Ann Louise Bardach et publiées dans le New York Times, où Posada a admis avoir planifié l’attentat  de 1997 à La Havane dans lequel est mort le jeune italo-canadien Fabio Di Celmo, seront présentées comme preuves au procès, s’il finit par avoir lieu.

L’équipe de procureurs par John W. Van Lonkhuyzen, qui appartiennent à la section antiterroriste du Département de la justice — maintenant dirigé par Eric Holder — a pour objectif de dilater les procédures pour empêcher l’extradition.

Une preuve de plus de cette théorie, le Procureur général des États-Unis a sollicité il y a quelques jours une directive de ce même tribunal du Texas pour interdire que de tierces parties, en commençant par la presse, aient accès à l’information . « sensible qui pourrait être présentée dans ce dossier.

Posada Carriles, au cours de des décennies de participation à la guerre sale livrée par la CIA contre l’Amérique latine, a participé – à d’innombrables activités illégales y compris en rapport avec le narcotrafic et le trafic illégal d’armes.

Il a aussi été durant des années conseiller de différents gouvernements d’Amérique centrale, une région où on l’a accusé de façon répétée  d’entretenir un réseau terroriste dans le but de réaliser des actions criminelles, y compris des assassinats de dirigeants de pays progressistes du continent.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a spécifiquement accusé Posada d’avoir organisé un attentat contre sa personne, sans que les autorités policières et judiciaires  nord-américaines aient eu la moindre réaction.

|Les mesures dilatoires de la justice américaine
1618|1671|Accueil_Actualités|Gestion participative de la zone agricole|2009-06-18 07:42:12|Coalition SOS Pronovost|

Saint-Germain-de-Kamouraska, 15 mai 2009La Coalition SOS-Pronovost salue la publication du rapport Ouimet qui reprend sur plusieurs points les recommandations formulées par le rapport Pronovost concernant la protection du territoire agricole, «dans une perspective de multifonctionnalité de l’agriculture et d’occupation du territoire» (Recommandations 42-44)

La Coalition estime, tout comme la Commission Pronovost, que la gestion des usages en territoire agricole est intimement liée au développement d’une agriculture multifonctionnelle et à l’avenir des régions rurales en dépeuplement aussi bien que des régions urbaines en expansion.

Tout en réaffirmant l’importance de protéger les terres agricoles, particulièrement en périphérie des villes, et le rôle central de la Commission de protection du territoire agricole, la rapport Ouimet ouvre la voie à une adaptation de la gestion des usages en zone agricole selon les territoires. Et en le rendant public à ce moment-ci, le Gouvernement favorise un débat élargi sur ces questions qui sont  au cœur de l’occupation du territoire.

Retour des instances municipales dans la gestion du territoire agricole

La Coalition se réjouit que le rapport Ouimet propose de faire une place beaucoup plus grande aux instances municipales et au plan d’aménagement de leur territoire dans la gestion des usages sur leur territoire agricole.

Les mécanismes de gestion participative et planifiée proposés par M. Ouimet aideront sans aucun doute à réconcilier la protection des terres propices à l’agriculture et le besoin d’espace pour le développement urbain et l’occupation du territoire rural. Il y a là une démocratisation souhaitée depuis longtemps.

La proposition d’une liste d’activités admissibles en zone agricole sans autorisation, notamment l’établissement de fermes et d’ateliers de transformation de petite taille, complémentaires à l’agriculture conventionnelle, vient aussi apporter une bouffée d’oxygène pour des milliers de fermiers et d’artisans qui se voyaient interdire l’accès à la zone agricole.

À titre d’exemple,  les tables champêtres développées par plusieurs fermes artisanales sont encore considérées par la CPTAQ comme une activité non agricole, donc non admissible en zone agricole, et doivent se battre présentement pour leur survie.

Par contre, la Coalition déplore que M. Ouimet, contrairement au rapport Pronovost, n’ait pas remis en cause le droit de veto et les privilèges dont jouit l’Union des producteurs agricoles (UPA), à titre d’Union accréditée, particulièrement pour les demandes de portée collective.

Le Forum de concertation proposé par M. Ouimet, si utile soit-il,  ne saurait   faire contrepoids à ces privilèges. La Coalition, qui défend justement le droit de parole de l’ensemble des agriculteurs et citoyens concernés par ces dossiers, comprend mal qu’on permette à un groupe corporatif de limiter de cette façon le pouvoir d’aménagement des instances municipales élues.

La Coalition SOS-Pronovost regroupe maintenant une vingtaine d’associations nationales d’agriculteurs, de consommateurs et de citoyens, une cinquantaine de fermes de tous les coins du Québec et une dizaine de personnalités connues pour leur contribution au développement durable de l’agriculture et de l’alimentation au Québec.

|Le rapport Ouimet ouvre le débat
1619|1672|Manchettes Coups_de_gueule|Les parasites de Thémis|2009-06-18 07:45:08|Michel Rioux|

Ces porteurs de seringues ont pris des airs si rogues,
Ce n’est qu’au prix de l’or qu’on achète leurs drogues!
Qui pourrait s’en passer et mourir tout d’un coup,
De son vivant sans doute épargnerait beaucoup.

C’est en ces termes que le vieux Géronte, dans Le légataire universel, une pièce de Regnard, parlait des médecins. Ces propos sont toujours d’actualité pour les disciples d’Esculape. Mais s’est ajoutée depuis, et la chose va galopante ces derniers temps, cette crème d’avocats dits d’affaires, payés la plupart du temps à même les fonds publics et à prix d’or, et qui sévissent à coups d’honoraires pas du tout honorables.

Pour tout dire, nous nous trouvons ni plus ni moins en présence de parasites. Vous savez, ces petites bibittes qui vivent à même les autres, suçant ici le sang, se lovant là dans les entrailles. La quintessence du parasitisme étant cet oiseau, picorant sur le dos d’un rhinocéros les insectes bien incrustés dans les crevasses de la carapace.

Sans doute connaissez-vous l’histoire. Celle de ce jeune avocat tout fier d’annoncer à son avocat de grand-père qu’il a réussi à régler un dossier sur lequel le grand-père, et son fils après lui, avaient consacré des heures et des heures sans pour autant y trouver de solution. « Tu es trop pressé, mon garçon. Ton père et moi, on a élevé nos familles avec ce dossier-là ». On comprend le mode d’emploi.

Les temps présents semblent des plus propices, et des plus lucratifs, pour un grand nombre de disciples de Thémis, devenus artificiellement incontournables pour le règlement des petites et surtout de ces grandes causes qui occupent l’actualité. La Presse, qui n’a pourtant plus de chronique syndicale depuis les beaux jours des Pierre Vennat et Lisa Binsse, c’est-à-dire depuis plus de vingt ans, leur consacre par ailleurs une page par semaine, où on apprend les départs et les arrivées de ces grands plaideurs dans des bureaux d’avocats en constante transformation.

Le marché des échanges y semble plus actif que celui de la ligue Nationale. On ne cesse d’y faire l’apologie des avocats d’affaires, y allant de titres comme : Une année faste pour les avocats québécois, ou encore : Les avocats canadiens des pétrolières, où on apprend que « les pétrolières font des affaires d’or. Les avocats aussi ».

Les commissions d’enquête représentent un puits sans fond pour ces défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Les contribuables ont casqué plus de 2,1 millions de dollars pour les frais d’avocats de Brian Mulroney, soupçonné par le gouvernement fédéral d’avoir empoché des pots-de-vin d’Airbus.

Le même Mulroney a reçu encore une fois près de deux millions pour sa défense devant le juge Oliphant. Celui qui officiait en son nom, Me Guy Pratte, est le même qui prenait la défense de l’ex- lieutenant-gouverneure Lise Thibault, celle-là même qui avait, à l’instar de Padre Pio, le don d’ubiquité, prenant trois repas à la même heure, dans la même journée, mais dans des villes différentes.

Jean Pelletier, chef de cabinet de Jean Chrétien, l’avait aussi choisi pour défendre ses intérêts devant Gomery. Un petit 382 000 dollars était venu arrondir ses fins de mois. Me Pratte, ci-devant frère de l’homme-lige de Power à La Presse, André, est aussi le fils de l’ex-juge de la Cour suprême, Yves Pratte. Les nombreux préteurs qui se sont activés devant le juge des commandites ont touché plus de 3 millions de dollars publics.

Il ne faut pas croire que le secteur privé (rescapé par l’argent public cependant…) se prive des conseils de ces grands cabinets. La Presse nous apprenait qu’une armée de 500 avocats, dont « certains facturent jusqu’à 1000 $ l’heure », se penchait sur le sort de Chrysler et de GM.

L’Autorité des marchés financiers, dans le cas de Norbourg, a déjà engagé 8,6 millions de dollars d’argent public en frais juridiques. Une dizaine de cabinets ont jusqu’à maintenant profité de cette manne, dont le principal, Heenan Blaikie, pour un montant de 3,9 millions de dollars.

Une autre embardée financière qui se révèle fort lucrative pour les artistes de la toge est le gouffre des PCAA, dans lequel la Caisse de dépôt a laissé notre chemise. « La Caisse de dépôt devra débourser plus de 75 millions de dollars en honoraires (…) dans le dossier du papier commercial », écrivait la Presse canadiene. S’ajoute à cela, pour les onze premiers mois de 2008, une somme de 9,5 millions de dollars versés à des firmes privées.

Mais il semble bien que ce soient les PPP qui sont en passe de permettre à des avocats bien placés d’espérer élever leur famille sur au moins quatre générations. Dans le seul cas du prolongement de l’autoroute 30 par exemple, un document juridique de 2000 pages a été rédigé.

On rapportait dans La Presse qu’une « équipe d’une cinquantaine d’avocats du cabinet Gowlings avaient travaillé pendant 15 mois presque jour et nuit pour préparer la seule proposition du consortium Acciona-Irridium ». Quand on pense au CHUM, on ne peut éviter les cauchemars.

Il faudrait consacrer un chapitre entier à l’un de ces mieux rémunérés chevaliers de la toge, Me Lucien Bouchard, qui a officié ces dernières années pour Quebecor, pour l’OSM, pour Olymel, pour l’UQAM, pour Corus, pour Transcontinental, pour la SAQ, où, pour à peine deux mois et demi de travail, il a touché des honoraires de 199 500 dollars. On y reviendra.

|Maître Pratte, le frère d'André, l'homme-lige de Power à La Presse, a touché un petit 382 000 $
1620|1673|Environnement Manchettes Coups_de_gueule|La dictature de la charité?|2009-06-18 08:16:09|André Bouthillier|

Émission télévisée « Tout le monde en parle » : le journaliste-écrivain Hervé Kempf présente son récent livre. À quel moment souleva-t-il la vive réaction de la comédienne et cinéaste Micheline Lanctôt ? Je ne m’en souviens plus, mais elle secoua le plateau par une sortie bien sentie contre la façon opportuniste de certains riches mécènes ou philanthropes de dissimuler sous la façade de fondations (1), des revenus soustraits à l’emprise des méchants gouvernements lesquels, selon ces riches, oseront répartir le bienfait des taxes dans des services utiles à des citoyens qui ne le méritent pas.

La pensée bien articulée de Mme Lanctôt trouva écho dans l’exemple cité par le spécialiste Kempf, auteur de « Comment les riches détruisent la planète », à propos de l’exigence de la Fondation de Bill Gates, le richissime propriétaire de Microsoft, de financer l’agriculture en Afrique à condition qu’elle soit de type OGM (organismes génétiquement modifiés). Les occidentaux, eux, les remettent en cause, question de santé! Appuyés sur leur milliard$, des fondations imposent des directives contrevenant aux politiques publiques. 

À ces propos, Guy A. Lepage ne peut dissimuler un rictus aigre-doux. Il ripostera, lors d’une émission ultérieure, en donnant la parole à Patrick Huard qui répliquera, sur un ton badin et méprisant, à Madame Lanctôt, absente du plateau. Voilà que les riches se défendent de mal faire le bien.

En résumé, Huard expliquait que de donner des taxes aux gouvernements désavantageait ses bonnes œuvres, faut-il comprendre qu’il préfère financer directement et ainsi garder le contrôle sur la gestion de son argent? Un geste purement antidémocratique. À moins que ce geste individuel réponde à un certain désintéressement d’un gouvernement face à sa propre collectivité ?

Cet épisode télévisé me revient en mémoire lorsque le bulletin de nouvelles m’apprend le voyage spatial du président du Cirque du Soleil. Je tique à sa prétention de le réaliser au nom de sa fondation « One Drop (2) », avec la conviction que les 40 millions engagés pour son voyage engendreront des retombées médiatiques pour son organisme.

Le cas échéant, il faudra être attentif à ce que l’argent ne sorte pas des livres comptables de la Fondation. Cette pratique me trouble. Comme le révéla l’un des directeurs du Cirque, les millions $ dépensés lors des grands partys annuels donnés par Laliberté dans sa résidence du Québec étaient comptabilisés dans les frais de relations publiques du Cirque du Soleil.

À mon avis, l’échiquier de l’accès à l’eau pour tous oppose deux concurrents : les tenants des interventions privées et ceux des interventions de l’État démocratique. Lors de mon mandat comme président d’Eau Secours!, nous demandions à l’État de prendre ses responsabilités. Pas question de placarder uniquement «Donnons de l’eau», il était urgent de faire modifier les règles de gouvernance, celles-là même qui assoiffent les populations.

Bien avant le lancement de sa fondation, nous avons proposé à Guy Laliberté de devenir Porteur d’eau et de prêter « eau forte » à nos démarches citoyennes, ce qu’il refusa. En rencontre avec le directeur du Développement des affaires corporatives du cirque, je constatais que nos voies différaient. Pour ici, il souhaitait sensibiliser la population à l’importance de l’eau pour collecter de l’argent pour ses oeuvres hors Québec.

Un peu plus tard, nous comprenions qu’il choisissait délibérément la privatisation de la répartition de la richesse, du fait que Mme France Chrétien-Desmarais fut invitée à siéger au Conseil d’administration, confortant ainsi la famille Desmarais et ses nombreux alliés quant à son choix de contribuer à la privatisation de l’aide humanitaire. Cependant je ne doute pas qu’en certains endroits du globe des gens bénéficieront de la charité que fera l’œuvre caritative. 

Pour lancer sa fondation, le président du Cirque du Soleil y versait un don de 100 millions $ sur 25 ans. Cela fait bien 4 millions$ par année?

Généreux, Laliberté? Allons-y voir. Selon les magazines spécialisés, sa fortune personnelle est évaluée à environ 2,5 milliard$. Un petit calcul pour comparer sa générosité à la vôtre : il donne annuellement à la fondation 4 millions$, donc 0,16 % de sa fortune. Pas possible de calculer votre propre fortune? Alors, supposons que votre salaire est de 60 000$ par année, cela représenterait un faramineux don de 96$ déductible d’impôt. Expertise d’homme d’affaires versus générosité populaire. 

La création d’une fondation épargne au fondateur de payer de l’impôt approprié à ses revenus. Le cas le plus navrant est celui de l’ancien propriétaire de Vidéotron, André Chagnon, qui réchappa de l’impôt 1,4 milliard$ tiré du profit de la vente de Vidéotron de 1,8 milliard $. Outre les déductions fiscales habituelles, ce dernier a bénéficié d'une modification sur mesure apportée à la loi fédérale sur l'impôt en 2002, et a économisé 180 millions$ supplémentaires. Un politicien a été généreux pour lui 

Comment qualifier une fondation qui s’associe à des compagnies dont certains administrateurs sont responsables de la présente crise financière, prônent la privatisation des services de l’État, valorisent les partenariats public-privé et bien d’autres positions politiques contributrices de l’appauvrissement de la classe moyenne et de l’enfermement des pauvres dans le désespoir de ne pouvoir s’en sortir. C’est du blanchiment social « Toute une drop ». 

Scrutez la liste des partenaires de « One Drop », à vous d’en pressentir la sincérité : BMO Groupe Financier, Bombardier, CGI, Club de Hockey Canadien / EFFIX, Corporation d'investissements en technologies Power, Corporation financière Power, Divco Claridge, Groupe Financier Banque Nationale, Mouvement des caisses Desjardins, National / Molson Coors, Ogilvy Renault, Power Corporation du Canada, Prestige Telecom, Royal Bank of Canada, Samson Bélair / Deloitte & Touche, Saputo, Starlink, Transcontinental, et bien d’autres. 

Voici un exemple de gros sabots portés par de bons sentiments. C’était en 2008, « One Drop », Oxfam-Québec et la ville de Sherbrooke se liguent pour trouver le financement à la construction de points d’eau au Honduras. L’astuce était de faire une campagne publique pour que les Sherbrookois économisent de l’eau le 27 mars. La Ville pour sa part s’engage à remettre le montant économisé de la production d’eau afin de soutenir le projet. 

La campagne « À l'eau, Sherbrooke! » est lancée. Sauf que le résultat s’avère négatif. Deux millions de litres d'eau de plus que la veille ont été consommés au cours des 24 heures. La Ville toute penaude donne quand même 25 000$ aux organismes.

Pourtant Eau Secours! avait prévenu le représentant du Cirque, les grosses économies d’eau au Québec sont davantage logés dans les industries et non chez les individus dont la consommation y est systémique et baisse constamment depuis 1990. À quoi rêvaient-ils ? Pourquoi les grands consommateurs corporatifs auraient-ils réduit leur production pour le Honduras? Ce n’est pas leur mission et cela nuirait aux dividendes des actionnaires lors du prochain trimestre. Seuls des lois et règlements peuvent opérer sur le monde des affaires, et encore!

« One Drop » est coincé, le Cirque du Soleil ne peut pas culpabiliser les entreprises : ces acheteurs de billets corporatifs du parterre de la grande tente, qui les offrent pour acquérir des contrats.  

Riccardo Petrella, éminent vulgarisateur, nous avait prévenus de la tendance en 2002 : « Dans cette conquête de l'eau, le monde de l'entreprise n'a pas eu de grosses difficultés à faire accepter le credo de la marchandisation de l'eau par les  organisations non gouvernementales. Dans de très nombreux cas, une partie de leur activité a pu être réalisée grâce au mécénat et, de plus en plus, au parrainage des entreprises multinationales privées. Ces ONG privés, même s’ils entendent lutter contre la pauvreté, marginalisent les autres ONG qui défendent l'eau en tant que bien public commun, ainsi que la gestion publique des services d'eau ».

Déjà la collusion des riches s’observe publiquement. Le 5 mai 2009, les mécènes les plus riches des États-Unis se sont réunis discrètement à New York, notamment Oprah Winfrey, Bill Gates, Warren Buffet, Ted Turner, George Soros, David Rockefeller, pour parler d’éducation et de santé, dit-on… Quelle sera l’ouverture de leur fondation face au plan d’Obama visant à introduire un système de santé public pour tous?

Attention, la dictature de la charité est à nos portes et Laliberté n’en est qu’un rouage.

Quelques données de 2007
9 297 fondations sont enregistrées au Canada.

Onze des vingt principales fondations sont des fondations familiales ou privées dont l’actif global s’élève à plus de 3,5 milliards$. Comparons : pour la même année, le budget de la ville de Montréal est de 3,92 milliards$.

 

(1) Une fondation, c’est avant tout de l’argent privé mis à disposition d’une cause publique. Elle est dirigée par un conseil d'administration, dont les membres peuvent être les fondateurs, mais aussi d’autres personnes invitées ou élues.

(2) La Fondation ONE DROP est un organisme sans but lucratif fondé par Guy Laliberté, président du Cirque du Soleil, afin de lutter contre la pauvreté en donnant accès à l’eau à chacun.

|Guy Laliberté s’envoye en l’air, pis après !
1621|1674|Divers |L’anglais à la Fête nationale : La victoire des maîtres chanteurs|2009-06-18 14:28:28|Pierre Dubuc|

Jacques Parizeau aime raconter que la Révolution tranquille a été faite par une demi-douzaine d'hommes politiques, une douzaine de fonctionnaires et une cinquantaine de chansonniers et de poètes. Aujourd’hui, avec le débat entourant la présence de l’anglais sur la scène de la Fête nationale, on peut se demander si l’arme de la chanson n’est pas en train de se retourner contre nous.

Parmi tous les produits culturels, la chanson est sans conteste le plus puissant instrument politique, car elle pénètre dans toutes les couches de la population. Elle a été l’arme de prédilection de l’Occident pour conquérir la jeunesse de l’ex-empire soviétique et elle demeure le véhicule par excellence de l’impérialisme culturel anglo-saxon.

La « stratégie du choc »

Au Québec, les groupes musicaux qui remportent le plus de succès – Simple Plan, Lost Fingers, Pascale Picard, pour ne nommer que ceux-là – chantent en anglais, bien qu’ils soient composés majoritairement de francophones. Ils sont devenus la coqueluche des animateurs de la radio et de la télévision francophones et, dans ces circonstances, on ne devrait pas s’étonner que le milieu médiatique les voie sur la scène de la Fête nationale chantant en anglais.

Tout comme on ne devrait pas se surprendre que les milieux anglophones de Montréal aient saisi au bond la mini-crise provoquée par la décision d’interdire la présence de groupes chantant en anglais, à une célébration de la Fête nationale dans le quartier Rosemont, pour avancer la pièce du bilinguisme sur l’échiquier de la bataille linguistique.

Avec la vitesse de l’éclair, The Gazette et des porte-parole comme Jack Jedwab, vite relayés par le justicier Boisvert et le mercenaire Lagacé de La Presse, se sont mis à traiter de xénophobes, racistes et fascistes les responsables de cette décision et ceux qui les appuyaient.

Pendant que les souverainistes discouraient sur le « bon usage des crises », dans la foulée des déclarations de M. Parizeau, les fédéralistes montraient leur savoir-faire et leur maîtrise de « la stratégie du choc », telle que si bien décrite par Naomi Klein.

Penauds, naïfs ou niais – on vous laisse les départager – les leaders souverainistes ont salué cette nouvelle victoire contre « l’exclusion », au grand plaisir des éditorialistes de The Gazette et de La Presse qui ont applaudi leur « ouverture » et leur « modernité ».

Les anglos scorent, les francos applaudissent

Comment se fait-il que les leaders souverainistes scorent ainsi continuellement dans leurs propres buts, alors que les allophones tirent toujours au filet adverse? Par exemple, quand il s’est agi de trouver un nouvel instructeur pour le Canadien, la presse anglophone déclarait que sa connaissance du français n’était pas un critère, seule la compétence comptait.

Cependant, lorsque Louise Harel a annoncé sa candidature à la mairie de Montréal, le critère de la compétence ne tenait plus. Elle devait être bilingue! Son unilinguisme était un manque de respect et de politesse pour 40% de la population montréalaise, affirmait Peter Trent, l’ancien maire de Westmount.

Pendant que les anglophones et leurs alliés fédéralistes font flèche de tout bois, les leaders souverainistes célèbrent la « paix linguistique », se rassurent en inventant des indices bidons, comme celui de « langue d’usage publique » pondu par l’Office de la langue, qui gonflent artificiellement la proportion de la population québécoise qui comprend et parle le français !

L’anglais, langue de communication, oui!, d’identification, non !

La base théorique de ce « bon ententisme » est bien exprimée dans le Rapport final de la Commission Larose qui invitait la « société québécoise à ne plus percevoir la langue anglaise comme objet de concurrence, mais comme une corde de plus à son arc et comme un mode d’accès à une composante majeure de son identité ».

Que la culture anglaise, tout comme la culture américaine, aient marqué notre propre culture, cela est indéniable. Que l’anglais puisse être une langue de communication, personne ne s’en disconvient. Mais faire de l’anglais une « langue d’identification », proclamer qu’elle est une « composante majeure de notre identité », cela doit être dénoncé sur tous les toits. À ce chapitre, la seule contribution de l’anglais au français, c’est le joual!

Comment combattre l’influence grandissante de l’anglais lorsqu’on nous invite « à ne plus la percevoir comme objet de concurrence »?

Quoique puissent en dire les partisans de cette approche, c’est ouvrir toute grande la porte au bilinguisme identitaire qui, au Canada, est l’antichambre de l’assimilation.

Le bilinguisme, cheval de Troie de l’anglicisation

Il y a déjà, au Canada, de nombreuses populations de langue maternelle française qui en sont venues à considérer l’anglais et le français comme composantes à parts égales de leur identité. Leur comportement linguistique dans l’intimité du foyer illustre bien à quel point ce type de bilinguisme n’est qu’une étape vers l’anglicisation.

Statistique Canada a mené une enquête sur la « vitalité des minorités de langue officielle ». Les résultats révèlent, par exemple, que 52 % des Franco-Ontariens se considéraient d’identité bilingue en 2006, c’est-à-dire qu’ils s’identifiaient autant au groupe francophone qu’au groupe anglophone. En même temps, le taux d’assimilation des Franco-Ontariens à l’usage de l’anglais comme langue principale au foyer était de 44 %. La situation est semblable au Manitoba et en Saskatchewan.

On comprend pourquoi l’objectif de la minorité anglophone n’est pas officiellement l’anglicisation, mais le bilinguisme et que le cœur de ce combat est Montréal. Le jour où Montréal sera officiellement bilingue – ce que prônent les Alain Dubuc, Gilbert Rozon et compagnie – le combat sera perdu.
S’inspirer de la Loi 101, première mouture

Il n’existe pas de nation bilingue. La nation québécoise ne fait pas exception. Sa langue nationale est le français. Extrêmement minoritaire en Amérique du nord, elle doit être protégée par une politique de discrimination positive, ce que voulait être la Loi 101.

À l’origine, par exemple, la Loi 101 permettait l’affichage dans toutes les langues, sauf l’anglais parce que c’est cette langue qui constitue une menace. Aujourd’hui, encore dans le quartier chinois, on affiche en français et en chinois, dans le quartier portugais, en portugais et en français, parce que ni le chinois, ni le portugais, ni les autres langues parlées au Québec, sauf l’anglais, ne menacent le français.

C’est la Cour suprême du Canada qui a invalidé cette disposition de la loi et a permis l’affichage en anglais. Ceux qui admettent qu’on puisse chanter en anglais lors de la Fête nationale légitiment ce jugement. Il faudrait plutôt respecter l’esprit initial de la Loi 101, c’est-à-dire permettre à des chanteurs, chanteuses et des groupes des communautés culturelles de chanter dans leur langue d’origine et inviter les groupes anglophones à chanter… en français !

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1622|1675|Manchettes Mouvements_souverainiste|L’anglais à la Fête nationale|2009-06-18 16:11:52|Pierre Dubuc|

La victoire des maîtres-chanteurs

Jacques Parizeau aime raconter que la Révolution tranquille a été faite par une demi-douzaine d'hommes politiques, une douzaine de fonctionnaires et une cinquantaine de chansonniers et de poètes. Aujourd’hui, avec le débat entourant la présence de l’anglais sur la scène de la Fête nationale, on peut se demander si l’arme de la chanson n’est pas en train de se retourner contre nous.

Parmi tous les produits culturels, la chanson est sans conteste le plus puissant instrument politique, car elle pénètre dans toutes les couches de la population. Elle a été l’arme de prédilection de l’Occident pour conquérir la jeunesse de l’ex-empire soviétique et elle demeure le véhicule par excellence de l’impérialisme culturel anglo-saxon.


 La « stratégie du choc »

Au Québec, les groupes musicaux qui remportent le plus de succès – Simple Plan, Lost Fingers, Pascale Picard, pour ne nommer que ceux-là – chantent en anglais, bien qu’ils soient composés majoritairement de francophones. Ils sont devenus la coqueluche des animateurs de la radio et de la télévision francophones et, dans ces circonstances, on ne devrait pas s’étonner que le milieu médiatique les voie sur la scène de la Fête nationale chantant en anglais.

Tout comme on ne devrait pas se surprendre que les milieux anglophones de Montréal aient saisi au bond la mini-crise provoquée par la décision d’interdire la présence de groupes chantant en anglais, à une célébration de la Fête nationale dans le quartier Rosemont, pour avancer la pièce du bilinguisme sur l’échiquier de la bataille linguistique.

Avec la vitesse de l’éclair, The Gazette et des porte-parole comme Jack Jedwab, vite relayés par le justicier Boisvert et le mercenaire Lagacé de La Presse, se sont mis à traiter de xénophobes, racistes et fascistes les responsables de cette décision et ceux qui les appuyaient.

Pendant que les souverainistes discouraient sur le « bon usage des crises », dans la foulée des déclarations de M. Parizeau, les fédéralistes montraient leur savoir-faire et leur maîtrise de « la stratégie du choc », telle que si bien décrite par Naomi Klein.

Penauds, naïfs ou niais – on vous laisse les départager – les leaders souverainistes ont salué cette nouvelle victoire contre « l’exclusion », au grand plaisir des éditorialistes de The Gazette et de La Presse qui ont applaudi leur « ouverture » et leur « modernité ».


Les anglos scorent, les francos applaudissent

Comment se fait-il que les leaders souverainistes scorent ainsi continuellement dans leurs propres buts, alors que les allophones tirent toujours au filet adverse? Par exemple, quand il s’est agi de trouver un nouvel instructeur pour le Canadien, la presse anglophone déclarait que sa connaissance du français n’était pas un critère, seule la compétence comptait.

Cependant, lorsque Louise Harel a annoncé sa candidature à la mairie de Montréal,  le critère de la compétence ne tenait plus. Elle devait être bilingue! Son unilinguisme était un manque de respect et de politesse pour 40% de la population montréalaise, affirmait Peter Trent, l’ancien maire de Westmount.

Pendant que les anglophones et leurs alliés fédéralistes font flèche de tout bois, les leaders souverainistes célèbrent la « paix linguistique », se rassurent en inventant des indices bidons, comme celui de « langue d’usage publique » pondu par l’Office de la langue, qui gonflent artificiellement la proportion de la population québécoise qui comprend et parle le français !

 

L’anglais, langue de communication, oui!, d’identification, non !

La base théorique de ce « bon ententisme » est bien exprimée dans le Rapport final de la Commission Larose qui invitait la « société québécoise à ne plus percevoir la langue anglaise comme objet de concurrence, mais comme une corde de plus à son arc et comme un mode d’accès à une composante majeure de son identité ».

Que la culture anglaise, tout comme la culture américaine, aient marqué notre propre culture, cela est indéniable. Que l’anglais puisse être une langue de communication, personne n’en disconvient. Mais faire de l’anglais une « langue d’identification », proclamer qu’elle est une « composante majeure de notre identité », cela doit être dénoncé sur tous les toits. À ce chapitre, la seule contribution de l’anglais au français, c’est le joual!

Comment combattre l’influence grandissante de l’anglais lorsqu’on nous invite « à ne plus la percevoir comme objet de concurrence »?

Quoique puissent en dire les partisans de cette approche, c’est ouvrir toute grande la porte au bilinguisme identitaire qui, au Canada, est l’antichambre de l’assimilation.


Le bilinguisme, cheval de Troie de l’anglicisation

Il y a déjà, au Canada, de nombreuses populations de langue maternelle française qui en sont venues à considérer l’anglais et le français comme composantes à parts égales de leur identité. Leur comportement linguistique dans l’intimité du foyer illustre bien à quel point ce type de bilinguisme n’est qu’une étape vers l’anglicisation. 

Statistique Canada a mené une enquête sur la « vitalité des minorités de langue officielle ». Les résultats révèlent, par exemple, que 52 % des Franco-Ontariens se considéraient d’identité bilingue en 2006, c’est-à-dire qu’ils s’identifiaient autant au groupe francophone qu’au groupe anglophone. En même temps, le taux d’assimilation des Franco-Ontariens à l’usage de l’anglais comme langue principale au foyer était de 44 %. La situation est semblable au Manitoba et en Saskatchewan.

On comprend pourquoi l’objectif de la minorité anglophone n’est pas officiellement l’anglicisation, mais le bilinguisme et que le cœur de ce combat est Montréal. Le jour où Montréal sera officiellement bilingue – ce que prônent les Alain Dubuc, Gilbert Rozon et compagnie – le combat sera perdu.


S’inspirer de la Loi 101, première mouture

Il n’existe pas de nation bilingue. La nation québécoise ne fait pas exception. Sa langue nationale est le français. Extrêmement minoritaire en Amérique du nord, elle doit être protégée par une politique de discrimination positive, ce que voulait être la Loi 101.

À l’origine, par exemple, la Loi 101 permettait l’affichage dans toutes les langues, sauf l’anglais parce que c’est cette langue qui constitue une menace. Aujourd’hui, encore dans le quartier chinois, on affiche en français et en chinois, dans le quartier portugais, en portugais et en français, parce que ni le chinois, ni le portugais, ni les autres langues parlées au Québec, sauf l’anglais, ne menacent le français.

C’est la Cour suprême du Canada qui a invalidé cette disposition de la loi et a permis l’affichage en anglais. Ceux qui admettent qu’on puisse chanter en anglais lors de la Fête nationale légitiment ce jugement. Il faudrait plutôt respecter l’esprit initial de la Loi 101, c’est-à-dire permettre à des  chanteurs, chanteuses et des groupes des communautés culturelles de chanter dans leur langue d’origine et inviter les groupes anglophones à chanter… en français !

|La victoire des maîtres chanteurs
1623|1676|authebdo|authebdo - 19 juin 2009|2009-06-18 17:56:53|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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ACTUALITÉS

L’anglais à la Fête nationale
La victoire des maîtres chanteurs
par Pierre Dubuc

Débat Gérald Larose/Pierre Dubuc
À l'émission Désautels de Radio-Canada
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Une Fête nationale bilingue? No way!
Un débat néfaste sur la présence de l’anglais à la Fête nationale s’est enclenché
par Patrick Bourgeois


LANGUE

L’anglicisation à Ottawa
Plus du tiers des parents francophones d’Ottawa élèvent leurs enfants en anglais
par Charles Castonguay


COUPS DE GUEULE

Les parasites de Thémis
Maître Pratte, le frère d'André, l'homme-lige de Power à La Presse, a touché un petit 382 000 $
par Michel Rioux

La dictature de la charité?
Guy Laliberté s’envoye en l’air, pis après !
par André Bouthillier


MOUVEMENT SYNDICAL

Pas de statut particulier pour les infirmières des agences
Importante victoire contre la privatisation dans la santé
par Marc Laviolette


JdeMtl: Les lockoutés jugent immoral que Québec aide Quebecor à acheter Le Canadien
Occupation des bureaux du Fonds de solidarité


INTERNATIONAL

Conflit syndical: Directive d’Obama à son administration
On ne franchit pas de lignes de piquetage
par Paul Martineau

Procès d’un terroriste anti-cubain
Les mesures dilatoires de la justice américaine
par Jean-Guy Allard


RÉGIONS

Gestion participative de la zone agricole
Le rapport Ouimet ouvre le débat
par Coalition SOS Pronovost


SOCIÉTÉ

Le Téléjournal de Radio-Canada : for Canada for sure !
Lettre ouverte à la Société Radio-Canada
par Mathilde François

Disparition d’une femme Mohawk
La communauté dénoncent les pratiques discriminatoires des taxis

Crise des isotopes médicaux
Mme Marois devrait en tirer profit pour récupérer des pouvoirs
par Claudette Piché


MOUVEMENT POPULAIRE

Mobilisation sociale
Le mouvement communautaire s’auto-censure-t-il?
par Jacques Fournier

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1624|1677|Accueil_Actualités|Disparition d’une femme Mohawk|2009-06-19 07:22:52||

Kahnawake, territoire Mohawk – La famille, les Femmes Autochtones du Québec inc., les membres de la communauté, la Campagne des Soeurs spirituelles, Amnistie internationale, Justice disparue et ses supporteurs, plusieurs provenant de Montréal, se rassembleront pour une marche commémorative et une vigile à la chandelle le 18 juin sur le territoire K103 de Kahnawake afin de souligner le troisième anniversaire de la disparition de Tiffany Morrison, une femme Mohawk de 24 ans, qui est portée disparue depuis qu’elle a voulu retourner chez elle en taxi en compagnie d’un homme de la communauté.

Pour la famille Morrison, l’anniversaire souligne trois ans d’angoisse avec de nombreuses questions mais peu de réponses, et avec beaucoup de frustration envers l’indifférence des médias, le manque de collaboration des forces policières hors-réserve et les questions non-résolues de juridiction, ainsi qu’envers les pratiques discriminatoires des taxis envers les résidents de Kahnawake.. Ainsi, comme le révèlent les enquêtes menées par la famille et par les forces policières, les chauffeurs de taxi ne notent pas sur le registre les voyages vers la réserve Mohawk de Kahnawake.

« Il y a négligence de la part des propriétaires de compagnie et des chauffeurs », dit Melanie Morrison, la soeur aînée de Tiffany. « Pourquoi notre communauté devrait-elle être à risque? Tellement de questions restent sans réponses puisque la compagnie de taxi représente un obstacle en prétendant n’obtenir aucune information et donc aucune preuve ».

En moins d’une année, cinq femmes autochtones sont disparues au Québec. Une étude par l’Association des femmes autochtones du Canada confirme que 520 filles et femmes autochtones ont été portées disparues ou ont été assassinées depuis 1980, mais le nombre peut être plus élevé puisque beaucoup d’incidents ne sont pas rapportés, souvent suite à la méfiance qui existe de la part des communautés des Premières Nations envers les forces policières. Par comparaison, si la population non-autochtone devait subir de telles disparitions et assassinats proportionnellement à la population, le nombre serait de 18,000.

Une étude publiée par Amnistie internationale en 2004, les Soeurs volées, a proposé de nombreuses recommandations au gouvernement canadien, auxquelles aucun suivi n’a été fait. L’ONU a récemment lancé un ultimatum au gouvernement canadien : revenez-nous à l’automne 2010 avec un rapport sur le statut de plus de 300 cas dont « l’investigation est inadéquate ou qui n’ont pas reçu d’attention prioritaire, alors que les coupables demeurent sans châtiment ».

La famille de Tiffany déclare que Tiffany, femme remplie d’énergie et entièrement dévouée à sa fille, ne serait jamais disparue volontairement. « Quelqu’un sait quelque chose. Nous espérons que ce quelqu’un se manifestera tôt ou tard ».

« Tous les jours nous attendons un coup de téléphone qui nous donnerait quelque nouvelle », dit Carol Morrison, la mère de Tiffany. « Lorsque quelqu’un arrive en auto, nous courons ouvrir, espérant que ce soit elle ».

|La communauté dénoncent les pratiques discriminatoires des taxis
1625|1678|Accueil_Actualités|Crise des isotopes médicaux|2009-06-19 07:25:09|Claudette Piché|

Madame Marois devrait prendre rapidement au rebond la dernière crise fédérale des isotopes médicaux et manifester haut et fort la volonté des QuébécoisEs de ne plus dépendre de l’irresponsabilité fédérale en matière nucléaire telle que le démontre la saga de Chalk River et de la faillite sous couverture de EACL.

Dans ce domaine particulier, pour devenir souverain, le peuple québécois souhaite - à une bonne majorité - la fin de l’aventure catastrophique du nucléaire de Gentilly.

Le Parti Québécois devrait se démarquer maintenant du gouvernement Charest pour le devancer dans son récent plan nébuleux d’énergies renouvelables dans le Grand Nord et rejoindre le mouvement Maîtres chez-nous 21ième siècle. (  www.mcn21.org/  ).Celui-ci lui donne toutes les pistes à suivre pour notre indépendance énergétique.

Le Québec possède déjà assez d’énergie pour se munir si nécessaire d’accélérateurs de particules pouvant servir en radiothérapie anti-tumorale. Cela permettrait d’être auto-suffisant pour combler nos besoins médicaux et ainsi résorber au Québec la dernière crise  fédérale.

Pour cela, Madame Marois doit changer son discours sur le projet de reconstruction de la centrale nucléaire de Gentilly-2 et convaincre les dirigeants de la FTQ qu’il faudra bien du béton et des services pour sécuriser le déclassement de G-1 et G-2 et pour acquérir l’expérience du monitoring de la radioactivité. Ces expertises sont exportables dans de nombreux pays qui devront fermer des dizaines de centrales nucléaires en fin de vie.

La conquête de notre indépendance énergétique passe par un Québec vert hors du nucléaire en mobilisant tous les milieux économiques et sociaux.

Claudette Piché, Ste-Thècle

|Mme Marois devrait en tirer profit pour récupérer des pouvoirs
1626|1679|Société Accueil_Analyses Mouvements_des_femmes|Foulard islamique et fonctionnariat|2009-06-22 07:45:21|Claude G. Charron|

Depuis que la Fédération des femmes du Québec s’est prononcée contre l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique, Françoise David fait partie des personnalités québécoises qui ont très tôt appuyé cette position. Son texte du 28 mai (1), nous pousse à un questionnement quant à la valeur des arguments émis pour défendre la controversée position de la FFQ.  

Elle écrit: «Et puis, imaginez… Un gouvernement dépose un projet de loi pour interdire le port de signes religieux ostentatoires dans les services publics. Une telle loi serait probablement irrecevable devant les tribunaux.».  Elle ajoute : «Et plus grave encore, elle diviserait la population.»


«Loi irrecevable devant les tribunaux »

Françoise David semble avoir entièrement intériorisé la philosophie politique qui sous-tend la constitution de 1982 avec sa Charte des droits et libertés devant «protéger les minorités contre la dictature de la majorité» quand on sait très bien qu’elle avait d’abord été conçue pour casser la volonté d’émancipation de la plus grosse de ces minorités au Canada. Vous savez laquelle. 

De l’avis de madame David, les députés de l’Assemblée nationale perdraient leur temps à débattre de la nécessité ou non d’une charte de la laïcité, par exemple, même si ladite charte s’inscrivait en concordance avec la Charte québécoise des droits de la personne. S’appuyant sur l’autre charte, les juges de la Cour suprême, la déclareraient ultra vires, diront tous ceux qui adorent que nos grands problèmes de société soient réglés par des juges nommés par Ottawa.   

Il est pourtant possible de court-circuiter cette capacité des magistrats de défaire les lois des élus. Ces derniers n’ont qu’à y greffer la clause dérogatoire. Mais pourquoi donc de nos jours nos députés ont-ils si peur du nonobstant ?

De 1982 à 1985, le gouvernement Lévesque en a systématiquement usé dans la confection de toutes ses lois.

Entre 1985 et 1988, le PLQ l’a utilisé cinq fois et, dans une entrevue au Toronto Star le 28-08-1999, Antonio Lamer, alors juge en chef de la Cour suprême, avait dit que les législateurs pouvaient toujours contourner la Cour en utilisant la clause nonobstant qui assure «que les élus ont le dernier mot, quand ils veulent l'avoir ».


La population divisée ?

Lors d’un  récent sondage, à la question : «Devrait-on interdire le port des signes religieux au sein de la fonction et des services publics québécois?»  La réponse a été oui à 60%. 63% pour les Franco et 47%  pour les Non Franco. (2) 

Et se trompent ceux qui répliquent que la population est mal informée sur la question. Et qu’elle a plein de préjugés envers les immigrants. On oublie que les audiences publiques de la commission Bouchard-Taylor ont été un succès médiatique.

Et ne passa pas inaperçue le fait que bien des participants se faisaient couper la parole s’ils osèrent parler contre le multiculturalisme. Avec un Gérald Bouchard les accusant d’avoir des propos xénophobes alors qu’il manifesta «une grande ouverture» pour certains intervenants non-pure-laine aux propos acrimonieux.

La commission n’a pas réussi à culpabiliser le peuple québécois qui, dans son ensemble, n’est pas anti-immigrant. En fait, ce que la majorité craint, c’est qu’après, dans les années soixante, avoir déconfessionnalisé nos institutions, on s’apprêterait à fragiliser celles-ci par un excès de multiculturalisme. 


Excès de multiculturalisme

Les attentats de 2005 à Londres avec ses 53 morts ont fait prendre conscience  aux Britannique des limites du multiculturalisme. On avait facilement accordé l’asile à nombre de musulmans extrémistes. Puis, on leur avait laissé  propager leurs idées dans les écoles, mosquées et médias. Même réveil brutal en Hollande suite à l’assassinat en 2004 de Theo Van Goth. Son crime ? Avoir réalisé un film où il critiquait l’islam.

Dans Le Devoir du 22 mai dernier, Christian Rioux faisait témoigner Senay Ozdemir,   Hollandaise d’origine turque: «Je viens d’une famille laïque, mais on ne cesse de me qualifier de musulmane. Avant d’arriver ici, je ne m’étais pourtant jamais perçue à travers l’islam. Le multiculturalisme exagère. Ça ne rend pas service aux immigrants.»

Déjà en 1995, Neil Bissoondath considérait le multiculturalisme «comme une forme certes douce mais néanmoins insidieuse qui accroît les divisions dans un pays déjà divisé.» (3)  Et voilà que l’Algéro-Québécoise Djemila Benhabid va plus loin encore: «En Occident, c’est à travers des manifestations “culturelles ou identitaires”, comme le port du voile ou l’exigence de salles de prières dans les universités, que se camoufle sournoisement une vision du monde archaïque qui vise à embrigader les communautés immigrantes pour s’imposer comme acteur politique et peser sur les enjeux de société.» (4)  

Madame David se dit satisfaite que le port du voile ne soit pas uniquement un symbole d’infériorisation mais «que certaines femmes musulmanes choisissent de le porter pour des raisons identitaires, religieuses ou politiques.» Mais, par leur costume, n’y aura-t-il pas une forme de prosélytisme larvé quand les enseignantes, parmi ces femmes «libérées du carcan masculin», devront dispenser le cours Éthique et culture religieuse dans des classes multiethniques ? 

Plus que l’Angleterre et la Hollande, le Québec, simple province, est une société fragile. Le multiculturalisme de Trudeau avait pour objectif premier de le parcelliser. Opération réussie : fracture territoriale entre le Montréal franco à l’est, et l’English Montreal à l’ouest, immigrants bilingues - parlant arabe et français -, ne trouvant pas d’emploi parce que pas encore assez «bilingues».

Autre facteur préoccupant: le financement excessif des écoles privées. À voir comment la ministre de l’éducation est embourbée avec des écoles juives n’obtempérant pas à ses directives, il est fort à parier que le même type d’imbroglio touchera bientôt de nombreuses écoles musulmanes. 

La majorité de la population est consciente des graves problèmes qui, si rien n’est fait, pointeront à l’horizon. Et c’est son gros bon sens qui, à l’instar de ce qui se fait en France, lui dicte qu’il faut absolument interdire le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique.


  1. francoisedavid.com, 28 mai, Le voile : suite et fin.
  2. Jean-Marc Léger, Les Québécois se dévoilent, Le Journal de Montréal, page 29
  3. Neil Bissoondath, Le Marché aux illusions – Boréal, Montréal, 1995, quatrième de couverture
  4. Djemila Benhabib, Ma vie à contre-Coran, VLB éditeur, Montréal, 2009, page 23  

Ce texte paraît dans l’édition du mois de juin du journal Le Couac

|Au peuple québécois à faire ses choix
1627|1680|International Manchettes|Coup d’État au Honduras|2009-07-09 08:15:47|Jean-Guy Allard|

L’auteur est journaliste à l’agence de presse Granma

 Hugo Llorens, l’ambassadeur des États-Unis au Honduras qui a admis avoir participé à des réunions où ont été discutés les plans de putsch avant le rapt du président Zelaya est un cubano-américain émigré à Miami durant l’opération Peter Pan de la CIA.

 Spécialiste du terrorisme, il était le directeur des Affaires andines au Conseil national de sécurité à Washington lorsque s’est produit le coup d’état contre le président Hugo Chávez.

 Au cours de ses premières années d’activité diplomatique, il s’est installé une première fois au Honduras comme conseiller économique puis est passé à La Paz en Bolivie, avec le même titre. Il poursuivra sa route, cette fois comme conseiller commercial au Paraguay de la dictature de Stroesner et il se pointera plus tard au Salvador comme coordonnateur des narcotiques, une autre de ses spécialités.

 Faisant un bond inattendu de l’autre côté de la planète, le très polyvalent Llorens va ensuite aux Philippines comme simple fonctionnaire consulaire. Ses activités lui permettent alors d'apprendre... le tagalog, le langage local, qu'il parle couramment.

 De retour sur le continent américain, il sera durant trois ans consul général des États-Unis à Vancouver, au Canada, où il se consacrera à créer une station dite multi-agences qui réunira, dans les locaux du consulat, des représentations du  FBI, du Bureau des alcools, tabac et armes à feu, et du Service des douanes des États-Unis. Sans oublier le Service secret et de sécurité du Département d’État. Tout cela sous le thème de la lutte contre le terrorisme et la délinquance internationale.


Aux côtés de Elliot Abrams et Otto Reich

 La Maison Blanche de George W. Bush recrutera l’astucieux Llorens en  2002 comme directeur des Affaires andines du Conseil national de sécurité à Washington, D.C., ce qui  en fait le principal conseiller du président sur le Venezuela.

Il appert que le coup d’état de 2002 contre le président Hugo Chávez se produit tandis que Llorens se trouve sous l’autorité du sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques Otto Reich, et du très controversé Elliot Abrams.

Cubano-américain comme lui, Reich, protecteur du cabecilla terroriste Orlando Bosch, avait été durant trois ans ambassadeur des États-Unis au Venezuela, entre 1986 et 1989, et prétendait connaitre le terrain.

 Depuis le Département d’État, Reich a donné son appui immédiat au Michiletti vénézuélien, Pedro « Le Bref » Carmona,  et aux militaires putschistes.

 Otto Reich, membre du circuit des faucons déplumés de la Maison Blanche, continue à être un des personnages les plus influents de la faune mafieuse de Miami. Son nom circule aujourd’hui parmi ceux des conspirateurs du gang des putschistes de Tegucigalpa.

 En juillet 2008, Llorens est nommé ambassadeur au Honduras où il substituera Charles « Charlie » Ford, un personnage qui a eu la tâche ingrate de proposer, à l’initiative de Bush, que le terroriste international Posada Carriles aille s’installer au Honduras. Zelaya lui a répondu que non, catégoriquement, et « Charlie » a dû informer ses patrons qu’ils devaient continuer à vivre avec leur patate chaude.


Le général Vazquez se sentait déjà sollicité

 Après l’arrivée de Llorens à Tegucigalpa, le 12 septembre 2008, le président Zelaya, devant le fait que la Bolivie venait d’expulser le représentant des États-Unis pour ses activités d’ingérence, a refusé de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur en signe de solidarité..

Huit jours plus tard, Zelaya a reçu Llorens et lui a fait part du malaise de son gouvernement au sujet « de ce qui se passe dans le pays le plus pauvre d’Amérique du sud ».

 Un fait survenu ces jours-là retient l’attention. Le 22 septembre, tandis que se manifeste le dit malaise  de Zelaya, le chef de l’État-major conjoint des Forces armées du Honduras, le général Romeo Vásquez, ce même leader putschiste qui aujourd’hui soutient Micheletti, déclare à la presse locale qu’il y a « des personnes intéressées à déposer le président  Manuel Zelaya ».

 Le militaire fasciste commente que le chef de l’État « fait face aux critiques au sujet des accords réalisés avec le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua » et qu’« on est venu nous chercher pour chasser le gouvernement ».

 « Mais nous sommes une institution sérieuse et nous respectons Monsieur le Président comme notre commandant général et nous nous subordonnons à la loi », a assuré avec le plus grand sérieux celui qui ordonne aujourd’hui à ses troupes de tirer sur le peuple.

Le 22 juin dernier, le quotidien La Prensa a révélé que la nuit précédente avait eu lieu une réunion entre les politiciens les plus influents du pays, les chefs militaires et l’ambassadeur Llorens, dans le but déclaré de « chercher à sortir de la crise ». Celle de la consultation populaire promue par Zelaya.

The New York Times confirmait ensuite que le sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques  Thomas A. Shanon, ainsi que l’ambassadeur Llorens, avaient « parlé » avec les officiers supérieurs des forces armées et les leaders de l’opposition au sujet de « comment renverser le président Zelaya, comment l’arrêter et qui pourrait le faire »

|L’ambassadeur américain a participé à des réunions avec les putchistes
1628|1681|International Manchettes|L’État palestinien de Nétanyahou|2009-07-09 08:20:54|Lorraine Guay|

L’auteure est infirmière à l’Hôpital de réadaptation Gingras-Lindsay et membre de la Coalition pour la justice et la paix en Palestine

 

M. Nétanyahou est un habile politicien : dans sa bouche, les mots paix et guerre sont interchangeables. De même, M. Obama et les dirigeants occidentaux sont d’habiles diplomates : ils n’hésitent pas à affirmer  que le mot «État palestinien» prononcé du bout des  lèvres par le premier ministre israélien constitue «un grand pas en avant».

Mais ce jeu sémantique et diplomatique ne leurre personne. La déclinaison des conditions sine qua non d’acceptation par Israël d’un «État» palestinien constituent en fait une déclaration de guerre. Car il y a des mots qui sont comme des missiles.

Forcé de se déclarer en accord avec l’existence d’un État palestinien, M. Nétanyahou  en trace unilatéralement l’architecture. Cet État sera sans armée avec interdiction totale d’y faire entrer des armes (sous-entendu : Israël surveillera les frontières). Cet État n’exercera aucun contrôle sur son espace aérien (sous-entendu : l’espace aérien palestinien appartiendra à Israël). Il sera interdit à cet État de nouer des alliances avec l’Iran et le Hezbollah libanais (sous-entendu : c’est Israël qui dictera les relations internationales des Palestiniens).

Cet État devra fournir des «garanties solides de sécurité pour Israël» (sous-entendu :c’est Israël qui en déterminera arbitrairement les paramètres, toujours susceptibles de changer au gré du maître,  lequel pourra à loisir envahir le territoire palestinien si les garanties sont jugées insuffisantes). Cet État devra impérativement reconnaître «de façon sincère et publique» qu’Israël est le pays du peuple juif (plus de 20% de la population israélienne est non-juive et déjà traitée de façon discriminatoire).

De plus, il est totalement exclu de mettre un terme à l’expansion «naturelle» des colonies (un euphémisme pour justifier la création constante de nouvelles  colonies) sans même parler du gel et encore moins de leur démantèlement : Israël considère que ces colonies sont construites sur des terres qui leur appartiennent en violation systématique de la IVe Convention de Genève.

Il est totalement exclu qu’Israël reconnaisse le droit de retour des réfugiés palestiniens, victimes du nettoyage ethnique de 47-48-49,  tel qu’il s’y était engagé conformément à la résolution 194 des Nations Unies.

Il est totalement exclu de partager Jérusalem pour en faire la capitale de chacun des deux États tel qu’exigé au plan international. Jérusalem nous appartient de toute éternité peut-on lire un peu partout sur les murs de cette ville.

Enfin cet «État»  doit résolument s’engager  à détruire le Hamas, une incitation directe à la guerre civile.

Et rien sur la fin définitive de l’occupation y compris le Golan syrien conformément à la résolution 242 des Nations Unies.  Et rien sur le démantèlement du mur de séparation tel qu’exigé par la Cour internationale de justice. Et rien sur Gaza dont le blocus  implacable continue de tuer la population palestinienne à petit feu et viole les conventions de Genève.

La position israélienne est porteuse de guerre car elle ne repose pas sur le respect du droit international pourtant limpide sur ce conflit. Elle se situe en fait dans la poursuite du projet sioniste des Ben Gourion, Sharon et autres dirigeants israéliens (peu importe le parti au pouvoir) pour qui «la construction d’Israël» n’est pas encore terminée.

Sous prétexte de «sécurité» et du refus des pays arabes de se faire imposer le partage de 1947, Israël n’a pas cessé de faire bouger ses frontières par la force. La ligne verte (frontière reconnue au plan international)  se déplace y compris dans les têtes pour reprendre une expression de l’intellectuel israélien Michel Warschawski, se rapprochant toujours davantage du projet de ses pères fondateurs soit l’appropriation de tout le territoire de la Palestine historique du Jourdain jusqu’à la Méditerranée.

Ils y arrivent presque….Ce n’est certainement pas le «petit» Obama qui va leur mettre des bâtons dans les roues si près du but. Nétanyahou doit donc gagner du temps, ce qu’il fait en proposant un «État» palestinien émasculé….Il sait très bien que les Palestiniens n’accepteront pas mais alors ce sont eux qui en porteront l’odieux et apparaîtront comme de dangereux terroristes  !!!!

Cette proposition guerrière de Nétanyahou pourrait par ailleurs produire un effet boomerang sur Israël. Si même le «doux et collaborateur» M.Abbas s’est permis de hausser le ton et de rejeter catégoriquement cet État fantoche, c’est que le degré d’indignation et de révolte de la société palestinienne est grand, au point peut-être d’accélérer une unification de l’ensemble des forces politiques palestiniennes incluant le Hamas (dont on ne doit pas oublier qu’il a été élu démocratiquement par la population palestinienne en 2006).

Du côté de la société palestinienne peut-être une troisième intifada est-elle en train de se forger dans les chaumières ? Peut-être verrons-nous l’ONU reprendre enfin du service dans ce conflit et mettre fin à l’impunité d’Israël ? Peut-être les États-Unis imposeront-ils, pour la première fois de leur histoire, un refus catégorique aux  «finasseries» du tandem Nétanyahou/Liberman ?

Peut-être cette idée de plus en plus présente dans les débats d’instaurer un seul État démocratique et laïque fera-t-elle encore plus de chemin ?  L’unilatéralisme pro-israélien du gouvernement canadien n’échappera pas non plus, comme nous le rappelle l’auteur palestinien Rezeq Faraj,  à ce lancinant «refus de disparaître» du peuple palestinien.

|Une déclaration de guerre aux Palestiniens
1629|1683|authebdo|authebdo - Spécial Vacances I|2009-07-10 09:54:43|L'aut'journal|Même si nos activités sont réduites au cours de l’été, nous ne pouvions nous priver du plaisir de vous suggérer ces trois textes.

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Sorry, I dont speak french!
L’alter mondialiste/écolo/ conscientisé/ artiste/et curieux de tout…sauf de la société québécoise
par Émilie Dubreuil


Coup d’État au Honduras
L’ambassadeur américain a participé à des réunions avec les putchistes
par Jean-Guy Allard

L’État palestinien de Nétanyahou
Une déclaration de guerre aux Palestiniens
par Lorraine Guay

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1630|1684|International Manchettes|Coup d’État au Honduras|2009-07-17 18:07:40|Claude Morin|

L’auteur est professeur (retraité) d’histoire latino-américaine à l’Université de Montréal (claude.morin@umontreal.ca)


« Premier coup d’État en Amérique latine depuis la fin de la Guerre froide », a-t-on tôt fait de proclamer. A-t-on oublié le coup d’État du 11 avril 2002 au Venezuela même s’il dura moins de 48 heures? Le rapprochement avec la Guerre froide rappelle cependant que plusieurs coups d’État servirent à renverser des gouvernements réformistes ou à contrer les mouvements de revendication.

L’Amérique centrale aura offert au XXe siècle un terreau fertile pour des dictatures militaires ou personnalistes (comme celles d’Ubico, de Carías, de Martínez Hernández sur l’horizon 1930-1945 et surtout celle des Somoza jusqu’en 1979).

L’URSS après 1947, puis Cuba à partir de 1959 servirent d’épouvantails. Les oligarchies et les militaires invoquaient la menace subversive pour s’opposer aux demandes et mouvements réformistes.  La lutte contre le communisme servait de prétexte à la répression, à des élections sur mesure. Les États-Unis cautionnaient ou encourageaient la réponse autoritaire.

N’avaient-ils pas mis fin à l’expérience réformiste au Guatemala en 1954 avant d’utiliser ce pays comme laboratoire pour tester des méthodes de lutte anti-insurrectionnelle appliquées bientôt en Asie du sud-est? Effet de la proximité des États-Unis, les dictatures centre-américaines pouvaient faire bon ménage avec des élections périodiques, des débats parlementaires, la division des pouvoirs. Mais ce vernis ne doit pas faire allusion : l’État de droit n’existait pas.             

 

La République du Pentagone

Dans l’Amérique centrale des dictatures, le Honduras s’est distingué depuis les années 50 comme la « République du Pentagone ». C’est au Honduras que la CIA a organisé une attaque contre le Guatemala dans le cadre d’une guerre psychologique qui devait mener au renversement du gouvernement Arbenz en 1954. C’est du Honduras qu’elle orchestra l’invasion de Cuba en avril 1961.

Les militaires honduriens furent entraînés et armés par les États-Unis. Dès 1957, ils deviennent un acteur politique prépondérant, n’hésitant pas à mettre sur la touche les gouvernements civils. Dans les années 80, Washington fit du Honduras une plate-forme pour sa stratégie d’agression contre le Nicaragua sandiniste et de soutien logistique à l’armée salvadorienne contre le FMLN. Le Honduras ressemblait à un porte-avions.

Washington obligea alors les militaires à remettre le gouvernement aux civils afin de doter le pays d’une façade « démocratique ». La constitution de 1982 est un produit de ce ravalement. Cette façade servait à dissimuler une militarisation de la société. Les militaires profitèrent des largesses qu’apportait leur collaboration aux guerres de l’empire.

Le général Álvarez eut un temps carte blanche pour frapper tout élément jugé « subversif ». Les assassinats et les disparitions s’abattirent sur les organisations populaires. Des manœuvres se déroulaient annuellement en territoire hondurien. La prostitution, les drogues et les maladies vénériennes accompagnaient ces exercices.

Avec la fin de la guerre civile au Nicaragua et au Salvador vers 1991, l’assistance US (1,3 milliard $ entre 1981 et 1987) fondit et le budget national en fut affecté. La démilitarisation se heurta à une résistance chez ceux qui avaient profité politiquement et économiquement du conflit. La criminalité connut une escalade ici comme au Salvador. Quantité de soldats se recyclèrent dans le trafic des narcotiques et les sales besognes.

Les élites honduriennes ont fait preuve de myopie et n’ont pas assumé leurs responsabilités sociales. Le Honduras a incarné jusqu’à la caricature la « République bananière » ouverte à toutes les ingérences et à la corruption. Une longue tradition de servilité et de vassalité forme le tissu de son histoire.

Que de fois les élites honduriennes ont pensé assurer leur prospérité en s’associant à des intérêts étrangers qui ne voyaient dans ce pays qu’un peuple indolent et des richesses à exploiter. Après avoir pensé offrir un territoire pour construire un canal interocéanique, les élites virent dans la banane le produit qui allait faire la richesse du pays. Les sociétés étrangères se disputaient des concessions et appuyaient des partis politiques rivaux ou des dictateurs pour obtenir des faveurs.

L’assistance est devenue par la suite la nouvelle vache à lait, favorisant des enrichissements plus ou moins licites, voire la corruption la plus éhontée. Si cette source rapporte désormais moins, elle n’a pas disparu.

Parallèlement, le Honduras a multiplié les concessions pour attirer des usines de sous-traitance, des sociétés minières (y compris du Canada) et des sociétés forestières. Les possédants ont démontré une attitude défensive face aux demandes sociales. Plus de la moitié de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté. Le pays  occupe le 114e rang mondial pour l’indice de développement humain.

 

Le parcours de Zelaya

Le président Manuel Zelaya est issu de l’élite. Son épouse est la fille d’un général qui occupa la présidence. Son père a même été mêlé à l’assassinat de deux prêtres et de 15 militants paysans dont les cadavres furent trouvés en 1975 sur la propriété familiale Los Horcones.

Industriel forestier et éleveur, il accéda à la direction d’associations patronales. Élu député en 1984, il a occupé plusieurs postes dans des gouvernements libéraux. Il appartenait à la faction progressiste du parti libéral et fut chargé de la direction de programmes sociaux.

Candidat à la présidence en 2005, il avait fait campagne en promettant de s’attaquer sérieusement à la pauvreté par divers programmes. Son concept clé était le « Pouvoir citoyen » : il entendait encourager la participation. Sa victoire, très serrée, fut acquise après un long imbroglio sur les résultats et malgré un taux de participation de 46 %.

Si l’on pouvait lui attribuer une certaine sensibilité progressiste qui le démarquait au sein de sa classe et des partis politiques, c’est dans l’exercice du pouvoir qu’il allait se révéler. Ce faisant, il répondait à une mobilisation croissante de la société civile.

Il adopte une série de mesures sociales favorables à l’éducation et aux travailleurs, dont une hausse de 60 % du salaire minimum, à l’alimentation populaire et aux transports publics. Certaines de ces mesures indisposent le patronat.

Le président se rend accessible aux petites gens. Mais surtout il développe des relations avec le président Chávez. Un accord avec Petrocaribe permet au Honduras de différer de 25 ans les paiements sur la moitié du pétrole qu’il achète et d’utiliser les fonds ainsi économisés pour financer des programmes sociaux. Et il adhère en août 2008 à l’Alternative bolivarienne pour les Amériques.

Cette décision, pourtant bientôt sanctionnée par un vote du Congrès, divise l’opinion. Il devint clair pour les Honduriens que Manuel Zelaya glisse à gauche, d’autant plus qu’il se rend à Cuba et y rencontre Fidel Castro en mars dernier.

En même temps que les élites dénoncent ce virage, les mouvements sociaux connaissent une nouvelle vigueur et font entendre leurs revendications. Des regroupements voient le jour (COPINH, Bloque popular, Unificación democrática, etc.). Cela ne fait pas de Manuel Zelaya un « socialiste ». Tout au plus ressemble-t-il à Jacobo Arbenz.

Il cherche à libérer son pays de la tutelle états-unienne, mais sans envisager une rupture. Il ancre le Honduras dans des alliances régionales et latino-américaines. Ses discours se chargent de propos critiques à l’endroit de l’impérialisme et du capitalisme. S’adaptant aux vents nouveaux, rompant avec plusieurs politiques néolibérales des gouvernements antérieurs, il inscrit son action dans une volonté de rendre effective la participation citoyenne, d’approfondir la démocratie.

Dans un pays aussi conservateur, avec ce passé de servilité et d’oppression, Manuel Zelaya a fini par déranger tous les puissants. Les élites ne se reconnaissent plus dans l’homme. Les attaques fusent, les médias se déchaînent, les positions se durcissent.

Dans la consultation annoncée pour le 28 juin – sur l’opportunité d’ajouter une quatrième urne lors des élections générales du 29 novembre prochain – elles ont vu une manœuvre destinée à leur opposer l’opinion publique et à conférer une légitimité à la campagne en faveur de la convocation d’une assemblée constituante.

Tous les pouvoirs se sont alors ligués contre Zelaya : le Congrès (y compris son parti), la Cour suprême, l’Église, les médias, les forces armées. Même si la consultation n’était pas contraignante et ne pouvait être assimilée à un referendum, ils n’ont pas voulu courir le risque d’être mis en minorité par le « peuple ». Ils ont prétendu que Zelaya cherchait par ce moyen à arracher un second mandat, ce qu’interdit la constitution de 1982.

Le véritable enjeu était l’élaboration d’une nouvelle constitution pour fonder un Honduras réellement démocratique. À court terme, une constituante peut fournir l'occasion à des débats qui font avancer la participation citoyenne. La procédure peut se transformer en une école. Le projet pouvait permettre aux organisations populaires et indigènes de faire entendre leurs voix.

Voilà pourquoi elles appuyaient massivement la démarche qui était déjà endossée par 500 000 signatures. Plusieurs regroupements s’étaient formés pour soutenir l’initiative qui avait porté ses fruits au Venezuela, en Bolivie et en Équateur.

La société civile n’avait eu aucun rôle dans la rédaction de la constitution de 1982 ni dans son approbation. Cette constitution ne prévoyait aucune consultation populaire. Ses rédacteurs appartenaient aux deux partis qui se sont partagé le pouvoir depuis plus d’un siècle, des partis régulièrement fragmentés par des ambitions personnelles, des instruments de clientélisme, des partis qui n’ont toujours pas vocation démocratique.

Je ne suis pas juriste, mais je crois que la Cour suprême a fait une lecture limitative et éminemment politique de la constitution afin de proclamer le caractère illégal de la consultation. Tous les autres corps se sont servis de cette décision pour justifier leur action contre le président Zelaya. Tous ont travaillé de concert.

Les militaires ont utilisé la force pour arrêter le président et l’exiler au Costa Rica. Ils ont prétendu agir au nom des instances juridiques. Le Congrès s’est ensuite réuni. Il a rendu publique une lettre datée du 25 juin par laquelle Zelaya avait signifié sa démission invoquant la polarisation du pays et des raisons de santé. À l’évidence il s’agissait d’un faux fabriqué. Puis il a désigné son président, Roberto Micheletti, comme successeur, celui-là même qui avaient vu ses ambitions présidentielles frustrées par son propre parti.

Les apparences étaient sauvegardées : la Cour suprême statuait sur l’illégalité de l’action présidentielle, le Congrès destituait le président, élisait un successeur et les militaires laissaient le pouvoir aux civils. L’alliance civilo-militaire avait bien fonctionné.

Les médias ont également joué leur rôle. Après avoir chauffé l’atmosphère dans une campagne anti-Zelaya, ils s’imposaient un blackout complet sur le coup avant de se faire les porte-parole du nouveau régime. Les médias favorables à Zelaya ont été exclus des ondes. Niant la réalité du coup d’État, brandissant la sanction juridique, tous les pouvoirs ont voulu faire croire à une « succession constitutionnelle ».


L’inspiration vénézuélienne

L’innovation se trouve du côté de la Cour suprême et du Congrès. Pour le reste, le scénario hondurien s’inspire du coup d’État du 11 avril 2002 au Venezuela : la capture du président par les militaires, la fausse démission, le blackout médiatique. Chávez et le Venezuela servaient d’épouvantail pour discréditer Zelaya et son projet.

La parenté dépasse la simple imitation. L’oligarchie vénézuélienne a fait cause commune avec son homologue au Honduras. À défaut de faire tomber Hugo Chávez au Venezuela, elle voulait le vaincre à l’étranger. En identifiant Zelaya à Chávez, elle a cru prendre sa revanche. Ses partis et ses médias n’ont donc pas dénoncé le coup, bien au contraire. On peut comprendre dans ce contexte que le président Chávez se soit engagé avec une grande vigueur verbale à défendre Zelaya et à vilipender les putschistes.

Cette collaboration entre les deux oligarchies pourrait expliquer que les élites honduriennes se soient complètement illusionnées quant à la viabilité de la solution retenue. Leur haine envers Chávez a été attisée par les invectives de ce dernier à l’endroit de ceux qui s’opposaient à l’accord avec Petrocaribe et qui ont dénoncé l’adhésion du Honduras à l’ALBA.

L’importance du facteur externe explique que les putschistes aient visé également Patricia Rodas, la ministre des Relations extérieures, rudoyée et expulsée au Mexique et qu’ils aient menacé les ambassadeurs du Venezuela et de Cuba.

La droite aux États-Unis (au Congrès, dans les médias) et la droite en Amérique latine soutiennent les putschistes. Elles ne voient en Zelaya qu’un allié de Chávez qu’elles diabolisent. Cette solidarité de classe n’est pas étrangère non plus à la position ambiguë, du bout des lèvres en somme, qu’a adoptée le gouvernement canadien à l’endroit de Zelaya. Rappelons que plusieurs sociétés minières canadiennes sont présentes au Honduras.

Mais à la différence de ce qui s’est passé au Venezuela ce n’est pas d’abord la rue qui peut remettre Manuel Zelaya au pouvoir. Les organisations populaires n’ont pu se mobiliser comme elles le firent au Venezuela. Des ordres de capture ont été émis contre les dirigeants (plus de quatorze) ainsi que les ministres du gouvernement Zelaya. Beaucoup se sont réfugiés dans des ambassades, ont fui le pays ou se sont mis à l’abri. Le couvre-feu a été proclamé.

Les partisans de Zelaya défient avec un grand courage les putschistes en tenant des manifestations. Les forces de sécurité ont occupé les lieux de pouvoir et la répression s’abat avec des arrestations, des blessés, des morts. Zelaya n’a pu disposer, à la différence de Chávez, de la loyauté de militaires. La division n’est pas (encore) apparue au sein des forces armées.

Ce qui aura fait la différence dans le cas du Honduras aura été la réprobation unanime et immédiate du coup d’État par tous les gouvernements d’Amérique latine et par diverses instances régionales (ALBA, Groupe de Rio, UNASUR, etc.). L’Organisation des États américains n’aura pas hésité cette fois à condamner le coup d’État et aura déployé des efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel. 

La nouveauté réside également dans l’attitude des États-Unis. L’administration Obama n’a jamais reconnu les putschistes. Le Département d’État a vite dénoncé le caractère illégal de la destitution. Le président Obama, après s’être limité à exprimer sa « vive préoccupation », a reconnu que Manuel Zelaya était le seul président légal. Puis les États-Unis se sont associés à la résolution de l’ONU réclamant la restauration de Zelaya dans ses fonctions.

Cela ne veut pas dire que certaines instances états-uniennes n’aient pas contribué à la crise. On voit mal l’état-major et les officiers formés dans les écoles militaires du Pentagone s’aventurer dans cette opération sans en discuter au préalable avec les représentants du Pentagone sur place (la base de Soto Cano abrite 500 militaires états-uniens).

USAID financent plusieurs programmes au Honduras. Certaines agences ont servi ailleurs de bras civil à des opérations de propagande, de formation et de subversion. Ainsi dans une entrevue à CNN, dimanche matin, la directrice locale du groupe « Paix et Démocratie » défendait le caractère légal de l’opération en cours.

 

La rumeur d’un coup d’État a couru dès le 24 juin. Qu’a fait l’ambassadeur pour dissuader les putschistes de recourir à cette solution? Des précédents nous rappellent que les instances états-uniennes, surtout dans une situation de tensions ou de crise, ne fonctionnent pas à l’unisson. Les États-Unis gardent plusieurs fers au feu et leurs représentants agissent suivant plusieurs scénarios.

 

Une crise à résoudre

Le coup d’État est condamné à l’échec. La communauté internationale a démontré un soutien unanime au président Zelaya, isolant ainsi les putschistes. L’esprit des résolutions était que son retour se fasse sans conditions préalables. Or le régime illégal tient tête à la communauté internationale et aux manifestations internes d’appui au président déchu. Pour combien de temps? Comment ramener les putschistes à la raison?

Les pressions multiples et combinées devraient servir à ramollir leur folle détermination. Ainsi le Venezuela a coupé ses livraisons de pétrole, les pays voisins ont fermé leurs frontières, plusieurs pays ont rappelé leurs ambassadeurs. Les États-Unis ont suspendu certaines formes d’assistance, mais disposent de plusieurs leviers décisifs: les mettre en action démontrerait la solidité de leur engagement en faveur d'un retour à l'ordre constitutionnel.

On voit mal dans les circonstances comment le régime pourrait se maintenir longtemps au pouvoir. Les patrons ne cachent plus que le boycottage fait mal. Les putschistes, faute de reconnaissance, ne peuvent débloquer la situation à leur avantage. Les firmes de relations publiques ne pourront leur conférer une légitimité.

Zelaya peut-il, pour sa part, tenter d’entrer au pays sans s’exposer, lui et ses partisans, à la brutalité et à d’autres pertes de vie? Un accord préalable est indispensable. Il pourrait prendre la forme d’une amnistie réciproque. Le président du Costa Rica, Óscar Arias, a offert ses bons offices. Les parties ont accepté d’engager le dialogue en présence du médiateur, mais ont refusé jusqu’à ce jour de négocier. Chaque partie campe sur ses positions et prétend agir dans le cadre de la constitution.

Il faut donc croire que Manuel Zelaya sera restauré dans ses fonctions. Il a déclaré en conférence de presse à New York qu’il n’accepterait pas un second mandat. C’était un argument massue de la désinformation entourant l’opposition à la consultation. Les médias ont colporté ce mensonge.

Le président Zelaya reviendra dans un pays encore plus polarisé. Le coup d’État aura mobilisé une partie de la société contre l’autre, aura radicalisé le mouvement social. Face à tous les pouvoirs qui l’ont rejeté, quel pouvoir effectif détiendra-t-il d’ici janvier 2010? Jusqu’où voudra-t-il et pourra-t-il aller dans l’exercice des prérogatives présidentielles qui sont fort grandes en vertu même de la constitution et des pratiques latino-américaines? Un candidat à la succession pourra-t-il poursuivre l’œuvre entreprise? Ou le Honduras oligarchique aura-t-il stoppé pour un temps cette marche vers un Honduras moins inégalitaire, plus démocratique?

L’enjeu dépasse le Honduras. La consolidation du régime issu du coup d’État enhardirait tous ceux qui à droite rêvent en Amérique latine et aux États-Unis de renverser les gouvernements de gauche. La droite fanatique, oligarchique ne peut tolérer que les mouvements populaires utilisent les urnes pour s’inscrire dans une dynamique du pouvoir. Puis restent mobilisés pour défendre et élargir les conquêtes qu’ils ont réalisées. La cause des Honduriens devient la cause de tous.

 

Références :             

              Il y a plus de trente ans que je m’intéresse à l’histoire de l’Amérique centrale et que je suis, avec une intensité certes variable, l’évolution de la situation dans la région ainsi que dans chacun des pays. J’ai consacré à la région une vingtaine d’articles de diverses natures, des chapitres dans des ouvrages collectifs, une douzaine de comptes rendus. J’en ai fait l’objet de plusieurs conférences et causeries.

              Pour qui voudrait lire sur cette région et sur le Honduras, je recommande deux livres. James Dunkerley, Power in the Isthmus: A Political History of Modern Central America (London, Verso, 1988) offre une analyse régionale des processus qui se sont déroulés dans les cinq pays depuis le XIXe siècle. Alison Acker, Honduras: The Making of a Banana Republic (Toronto: Between the Lines, 1988).

              Je fonde mon analyse de l’actualité pour des dépêches et des articles de la presse internationale et hondurienne (AFP, Agencia Bolivariana de Noticias, Prensa Latina, IPS, Reuters, La Prensa, New York Times, etc.). On trouvera un exposé assez détaillé (et critique) de la carrière de Manuel Zelaya sur le site d’une fondation catalane consacrée aux relations internationales : http://www.cidob.org/es/documentacion/biografias_lideres_politicos/america_central_y_caribe/honduras/manuel_zelaya_rosales (consulté le 6 juillet 2009).

 

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Contexte historique et nouvelle donne régionale
1631|1685|International Accueil_Analyses|Obama et la guerre irrégulière en Amérique latine|2009-08-17 07:57:30|Jean-Guy Allard|

L’offensive impériale contre l’Amérique latine progressiste s’intensifie en ce moment envers les pays de l’ALBA.  À Cuba, les investissements annexionnistes de Washington, loin de diminuer, ont augmenté et sont beaucoup plus ciblés grâce aux nouvelles technologies.

C’est ce que conclut, en entrevue, la chercheure vénézuélienne Eva Golinger en analysant comment l’administration nord-américaine actuelle continue à « investir dans la déstabilisation de la Révolution cubaine » par le biais de la USAID et de la National Endowment for Democracy (NED).

« La USAID effectue des investissements dans la déstabilisation de la Révolution cubaine au moyen de deux canaux », explique la spécialiste qui s’est consacrée durant la dernière décennie à étudier et démasquer les mécanismes nord-américains d’ingérence et de subversion en Amérique latine.

« Son principal financement provient du Fonds d’appui économique (Economic Support Fund), une section financière du Département d’État », précise-t-elle. « Ce fonds a accordé 330 000 dollars à la soi-disant transition à la démocratie à Cuba durant les dernières années. Pour 2010, on y a prévu 20 millions de dollars de plus ».

Selon la terminologie de la USAID, l’argent déjà déboursé durant les années 2008 et 2009, 10 million de dollars, a été orienté vers le secteur dit des droits de l’homme, 7 millions sont allés à la « compétition politique » et presque 49 millions de dollars pour la « société civile ».

« La USAID a aussi ouvert un Bureau des initiatives vers une transition (OTI) pour Cuba fin 2007, afin d’effectuer un travail parmi les jeunes et envers les ‘initiatives indépendantes’ de médias », signale la chercheure.

« Dans ce but, elle a prévu un fonds additionnel de 8 millions 383 000 dollars depuis 2008. Les OTI sont des secteurs de la USAID consacrés à profiter rapidement des crises politiques, pour les ‘résoudre’ en faveur des intérêts étasuniens ».

Les OTI gèrent des fonds en liquide de dollars « en grande quantité sans avoir à faire face à des révisions ou des audits  au Congrès étasunien ».

Au Venezuela, une OTI a été établie en août  2002 pour promouvoir et consolider les forces d’opposition à la Révolution bolivarienne. Depuis lors, l’OTI a financé et aidé à créer plus de 450 ONG et groupes politiques avec des fonds qui dépassent les 60 millions de dollars.

Cet argent sert principalement à alimenter des conflits et promouvoir les intérêts étasuniens de façon secrète.


USAID, EN PREMIÈRE LIGNE DE LA GUERRE IRRÉGULIÈRE

USAID, l’agence qui a fait ses débuts comme bras financier du Département d’État en 1962 pour prendre en charge les affaires dites « humanitaires », s’est convertie au XXIe siècle en un des acteurs principaux de la soi-disant « contre-insurrection » sous la nouvelle doctrine de la Guerre irrégulière de Washington.

« Au début de 2009, cette doctrine a été paraphée par le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, comme partie intégrante de sa nouvelle politique de “smart power”, le pouvoir intelligent qui emploie la force militaire, avec la diplomatie, la culture, la  communication, le pouvoir économique et la politique ».

Il y a deux grandes différences entre la Guerre irrégulière et la « Guerre traditionnelle » l’objectif et la tactique, signale l’avocate vénézolano-étasunienne.

« La Guerre traditionnelle a comme objectif la défaite des forces armées de l’adversaire, et sa tactique principale est l’utilisation du pouvoir militaire dans sa forme la plus traditionnelle, le combat et le bombardement. La Guerre irrégulière a comme but le contrôle de la population civile et la neutralisation de l’État, et sa tactique principale est la ‘‘contre-insurrection’’, c’est à dire l’utilisation de techniques indirectes y asymétriques, comme la subversion, l’infiltration, les opérations psychologiques, la pénétration culturelle et le subterfuge militaire. »

Durante ce XXIe siècle, la USAID a développé des secteurs dans l’agence qui fonctionnent avec le Pentagone, tels que les bureaux de Gestion de conflits, transition et reconstruction, Démocratie et gouvernabilité, Initiatives vers une transition, qui réorientent leur travail vers les efforts de « contre-insurrection ».

« Ainsi, la USAID s’est convertie en acteur financier principal de la déstabilisation et la pénétration de la « société civile » dans des pays stratégiquement  importants pour les intérêts étasuniens ».

Dans le dossier de l’Amérique latine, les investissements de la USAID dans les groupes politiques et dans la « promotion de la démocratie » sont renversants.


LA NED ET SA CHAINE D’ONG MERCENAIRES

D’autre part, la NED, l’agence considérée être une façade de la CIA — elle a été fondée pour faire le travail que faisait la CIA dans la décennie des années 60 et 70 mais avec une image plus légitime —  a fourni 1 million 435 329 dollars pour promouvoir la déstabilisation de Cuba cette année, signale Golinger en énumérant les groupes bénéficiaires de ce fonds nord-américain.

- Afro-Cuban Alliance (ACA): 82 080 dollars.

- Asociación Encuentro de la Cultura Cubana: 225 000 dollars.

- Cuban Freedom Center (Frank Calzón): 54 222 dollars.

- Centro para la Empresa Privada Internacional (CIPE): 157 526 dollars.

- Comité para el sindicalismo de Libre Comercio (CFTU): 150 000 dollars.

- Directorio Democrático de Cuba: 275 000 dollars.

-  CubaNet News.: 42 000 dollars.

- Disidente Universal de Puerto Rico: 40 000 dollars.

-  Grupo Internacional para la Responsabilidad Social Corporativa en Cuba: 236 730 dollars.

-  People in Need (PIN):?129 451?dollars.

  • People in Peril Association (PIPA): 43 320?dollars.

La grande majorité de cette collection hétéroclite d’organisations, groupes et groupuscules ont été lies dans le passé à des activités de l’Agence centrale de renseignement (CIA).

Malgré les promesses, changement d’administration ou pas, Washington n’a pas cessé de gaspiller annuellement des centaines de millions de dollars de l’argent du contribuable dans sa guerre sale contre l’Amérique latine.

« Il y a une offensive impériale en marche contre l’Amérique latine qui s’intensifie en ce moment contre les pays de l’ALBA », indique Golinger.

« Une des manifestations est cette agression dite de contre-insurrection comme tactique pour pénétrer et  infiltrer les communautés et promouvoir la déstabilisation », souligne l’auteure de livres tels que Codigo Chávez et La Teleraña Imperial, le répertoire des activités de renseignement de Washington sur le continent et dans le monde.

|Entrevue avec Eva Golinger
1632|1686|Société Manchettes|Financement électoral|2009-08-17 08:07:51|Paul Cliche|

Paul Cliche a été conseiller municipal du RCM à Montréal

On ne peut que se réjouir de constater que la question cruciale du financement des partis politiques soit devenue un des enjeux importants de la prochaine campagne électorale municipale à Montréal.

La proposition du parti réformiste Projet Montréal, relayée  par l’ex-juge John Gomery, de bannir les dons anonymes permettant à un parti de recueillir jusqu’à  20% de ses revenus autonomes de cette façon, sans enfreindre la loi, a en effet fait boule de neige en l’espace de quelques heures. Même le  chef d’Union Montréal le maire Gérald Tremblay, a dû emboîter le pas pour ne pas perdre la face.

Mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas  la seule plaie affligeant la transparence et l’éthique du financement des partis politiques. Un des principales a en effet trait au contournement de la loi qui limite les contributions des individus et des compagnies à la caisse électorale d’un parti.

C’est un secret de polichinelle que cette législation, qui fait partie du legs politique de René Lévesque, est violée systématiquement depuis plusieurs années lors des activités de financement organisées par certains partis surtout au niveau municipal.

Lors de ces événements, prenant généralement la forme de dîners bénéfices où un orateur vedette prend la parole, les compagnies - surtout celles qui ont obtenu ou sont susceptibles d’obtenir des contrats de la municipalités - sont sollicitées fortement pour acheter un certain nombre de billets coûtant quelques centaines de dollars. Ces derniers sont mis au nom d’employés des compagnies concernées qui, aux yeux de la loi, versent des souscriptions individuelles même si leur coût a été défrayé par l’employeur. .

Il s’agit probablement d’une des principales sources de financement des partis qui ont administré Montréal cette dernière décennie sans mentionner plusieurs municipalités de banlieue.

À noter également que la très grande majorité des compagnies ayant reçu des contrats de la ville de Montréal depuis quelques années ont généreusement contribué à la caisse électorale d’Union Montréal, selon des informations publiées dans le journal The Gazette notamment

L’autre plaie majeure dans ce domaine est l’organisation de campagnes électorales clés  en main confiées par certains partis municipaux à des mercenaires moyennant la garantie de grasses prébendes s’ils sont portés au pouvoir. Des médias ont documenté quelques cas concernant des villes de la banlieue de Montréal il y a quelque temps.

Il est urgent que les législateurs québécois modifient la loi et ses règlements pour la rendre étanche sous ces aspects névralgiques. Mais rien ne semble se profiler à l’horizon même pas du côté du Directeur général des élections qui est pourtant l’institution la mieux placée pour constater les failles actuelles.

Quant à la volonté politique des partis en place faut-il souligner  que la dernière réforme majeure dans ce domaine remonte à plus de 30 ans sous le premier gouvernement péquiste.

Anne, ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ?



|Il n’y a pas que les dons anonymes à bannir
1633|1687|Environnement Manchettes|Le Québec, paradis pour les entreprises d'exploration minière|2009-08-17 08:16:37|Nicole Béland|

En tant que géologue de formation ayant moi-même supervisé de nombreuses campagnes de forage d'abord en exploration minière puis en caractérisation environnementale, je me permet de réagir à l'article de Patrick Lagacé publié dans Cyberpresse, le 5 août 2009. Dans cet article (Lien vers l'article), monsieur Lagacé parle du projet d'exploitation d'une mine d'uranium sur la basse Côte Nord.
  
La plus grosse mine d'uranium au monde est en Saskatchewan. Elle est aussi jugée la plus sécuritaire. Pourquoi ? Parce que toutes les étapes d'extraction d'uranium sont automatisées. Les humains ne doivent pas entrer en contact avec le minerai.

L'argument habituel de créer des centaines d'emplois de qualité pour une région en difficulté économique ne tient donc pas la route pour cette industrie où il y a peu d'humains et beaucoup de robots.

De plus, les riches gisements de la Saskatchewan ne ressemblent en rien à ceux du Lac Kachiwiss ur la Basse Côte Nord qui sont de type « faible teneur et fort tonnage ». Ces gisements sont plus difficiles à extraire et demandent des méthodes d'extraction plus coûteuses et beaucoup plus polluantes que celles utilisées pour les gisements à plus riches teneurs.

La seule façon de rendre ces gisements à faibles teneurs rentables, c'est que le prix de l'uranium soit élevé. C'est le cas actuellement bien qu'il ait baissé récemment. L'exploitant minier doit, dans ce contexte économique, réussir à extérioriser les coûts d'exploitation le plus possible.

Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? L'exploitant minier essaie par tous les moyens de faire assumer les frais de son projet minier par une tierce partie : par exemple, payer la plus basse redevance minière possible au gouvernement, obtenir des subventions et des crédits d'impôts pour ses activités d'exploration, n'assumer que partiellement les coûts reliés à la réhabilitation environnementale de sites miniers et laisser le système de santé publique assumer les frais de santé.

Si l'exploitant minier peut profiter d'infrastructures déjà en place tel qu'un train transportant du minerai, les coûts de son projet seront moindres et s'il réussit à faire accepter un projet de mine à ciel ouvert qui est moins coûteux mais dévastateur pour l'environnement alors ses profits seront encore supérieurs. 

J'ai, tout comme monsieur Lagacé, visionné le vidéo amateur de citoyens inquiets de Sept-Îles dénonçant certaines pratiques de la compagnie d'exploration uranifère Terra Ventures. Cette dernière est propriétaire des droits miniers de la région du Lac Kachiwiss.

Dans le vidéo, un homme descend un fil avec un plomb jusqu'à 30 pieds de profondeur dans le tubage d'un puits d'exploration effectué par Terra Ventures. La démonstration avec le fil indique que le puits d'exploration n'a pas été sellé en surface à l'aide d'un bouchon de béton.

Selon des règles de précautions élémentaires, la partie supérieure d'un puits d'exploration devrait être sellée soit par une couche de bentonite (argile gonflante) soit par un bouchon de béton pour empêcher la migration potentielle de contaminants de la surface vers l'eau souterraine. Dans ce cas-ci, c'est certain que ça n'a pas été fait.

Malheureusement, la compagnie minière n'est pas tenue par la loi à prendre ces précautions toutes simples. Il faut des concentrations de l'ordre de 1 % U3O8 pour que les travaux de forage nécessitent des précautions particulières. Sur la Côte Nord, ces concentrations sont de l'ordre de moins de 0,02 % U3O8.

On peut se demander combien d'autres règles de précaution élémentaires sont ignorées par Terra Ventures et les autres compagnies minières lors de campagnes d'exploration. Cette industrie représentée par l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, a élaboré son propre code de conduite qu'elle peut suivre ou non; c'est sans obligation.

Dans l'utilisation de la technique de forage au diamant, beaucoup d'eau doit être utilisée pour forer le roc. D'où provient cette eau? Est-elle récupérée adéquatement ou tout simplement rejetée sans traitement dans l'environnement ? À l'heure actuelle, aucune loi ne régit les eaux de forage utilisées dans le cadre d'une campagne d'exploration minérale.

Cette activité se soustrait à la Loi sur la qualité de l'Environnement sous prétexte qu'elle se soumet déjà à la Loi sur les mines. Mais la Loi sur les mines n'est pas conçue pour protéger l'environnement.

Récupérer une eau contaminée de forage et en disposer adéquatement, c'est une opération beaucoup plus coûteuse que de mettre un bouchon de béton sur un puits d'exploration...et ça ne paraît pas si c'est mal fait ou pas fait du tout. Tirez-en votre propre conclusion.

Le Vérificateur général a critiqué vertement le manque de contrôle environnemental des projets miniers au Québec. En effet, au Québec, quand une entreprise d'exploration minière a une attitude négligente face aux règles élémentaires de précaution, on ne peut lui retirer son permis afin de l'empêcher de continuer ses actions qui sont, certes blâmables mais non illégales.

Selon l'institut Fraser, le Québec était, en 2008, le meilleur endroit au monde pour les entreprises d'exploration minière. Pourquoi? Voici les raisons vantées par L'Association de l'exploration minière au Québec :

- législation moderne, stable et gouvernement pro-développement (voir stratégie minérale québécoise);

- réclamations territoriales autochtones réglées sur une grande partie du territoire géologiquement favorable;

- fiscalité extrêmement attrayante :

* déduction pour l'investisseur pouvant atteindre 150% dans le cadre du financement accréditif;

* crédits d'impôts remboursables pour les entreprises explorant le Québec;

* coûts nets pour une junior ou un investisseur qui dépense 100 dollars en exploration :
33 dollars !

L'Association ne vante pas de riches gisements potentiels mais plutôt la générosité des québécois pour l'industrie minière.

Soyons donc moins généreux envers ces entreprises d'exploration minière qui méprisent notre santé et l'environnement au profit de leur portefeuille et au détriment du nôtre. Exigeons une réglementation stricte pour leurs activités d'exploration minière au Québec.

|Réplique à Patrick Lagacé de La Presse
1634|1688|Société Manchettes|Bulletins au primaire|2009-08-17 08:24:31|Robert Cadotte|

Printemps 2007. Sous la pression de quelques Mario Dumont, la ministre Michelle Courchesne décide de revenir au « gros bon sens » pour les bulletins du primaire. Finie cette aberration de la Réforme qui a accouché de nouveaux bulletins sans chiffres ni moyenne! Faisant une femme d’elle, la ministre renvoie aux oubliettes cette innovation qui ne dit rien aux parents.

Devant ce retour au « bon sens », les commentateurs ont applaudi. Pourquoi faudrait-il réinventer la roue quand les anciens bulletins étaient si efficaces?

Sur le coup, plusieurs écoles se sont opposées à ce retour en arrière. Après quelques années d’expérimentation, elles avaient commencé à trouver des bienfaits à cette nouvelle façon d’évaluer les élèves.

Depuis, rien. Tout est rentré dans l’ordre devant le courroux de la ministre.

À mes risques et périls, les résultats d’une recherche récente m’incitent à remettre ce sujet tabou sur le tapis.

Récemment, j’ai travaillé à l’écriture de l’histoire de l’école Maisonneuve, une ancienne école primaire anglo-protestante. L’école existe toujours, mais depuis la Loi 101, elle est devenue française. C’est en effectuant cette recherche que j’ai constaté à quel point je connaissais mal nos anglos et qu’ils étaient décidemment en dessous de tout en ce qui concerne le « gros bon sens ».

Voyez par vous-mêmes. En 1975, 25 ans avant la Réforme, le bulletin des protestants ne comportait ni note, ni moyenne, tout comme le bulletin de la Réforme. Pire encore, il utilisait seulement trois niveaux de performance : Commendable (louable), Satisfactory et Has difficulty. On est loin du « scientifique » bulletin chiffré. Cerise sur le « sunday », ces protestants émettaient seulement trois bulletins par année.

C’est à se demander comment il se fait que les parents anglo-protestants n’ont pas organisé une levée de boucliers contre un bulletin aussi laconique.

Un collègue anglo m’a fait remarquer que le bulletin chiffré a surtout pour but de mettre en rang et de séparer le bon grain de l’ivraie, pas de faire progresser l’ensemble des élèves. Nos bulletins chiffrés, selon lui, allaient complètement à l’encontre des découvertes révolutionnaires du psychologue B.F. Skinner qui a démontré au milieu du XXe siècle que tous les enfants pouvaient apprendre et que les renforcements positifs étaient beaucoup plus efficaces pour faire apprendre que les négatifs. « Tous les éleveurs de chiens savent ça aujourd’hui, a-t-il ajouté. Il serait temps que vous traitiez vos enfants aussi bien que vos chiens. »

Mon collègue anglo a continué à en rajouter en me faisant remarquer que les protestants avaient simplement compris que la compétition au primaire est nuisible à l’apprentissage de la majorité. Selon lui, les parents étaient satisfaits de ce genre de bulletin. S’ils avaient un problème, ils communiquaient avec la prof qui leur expliquait plus en détail ce qu’il fallait faire avec leur enfant.

De plus, si l’on se fie au nombre d’étudiants universitaires anglophones de l’époque, les plus forts ne semblent pas avoir été nivelés vers le bas. Plus surprenant encore, les protestants envoyaient pratiquement tous leurs enfants (même les petits génies) à l’école publique.


Les bulletins de 1953-54

Je ne l’ai évidemment pas cru et la preuve définitive du manque de « gros bon sens » des anglos m’est venue de M. Brown, un ancien élève sexagénaire, quand il m’a fourni lui-aussi son bulletin de 3e année. Tenez-vous bien, 50 ans avant la Réforme, les anglo-protestants avaient déjà instauré le bulletin sans chiffres ni moyenne.

Les bulletins protestants de 1953-54 comptaient cinq niveaux de performance : Excellent, Very good, Good, Fair, Unsatisfactory. Les élèves recevaient quatre bulletins par année, alors que les petits catholiques en recevaient 10, avec chiffres, moyenne et rangs. Les maîtresses catholiques devaient évaluer si souvent qu’on se demande s’il leur restait du temps pour enseigner.

J’ose croire que ces bulletins de 1975 et 1953 vous ont convaincus du manque total de bon sens des anglos. Sinon, voici l’argument imparable. Imaginez l’inimaginable, dès 1953, les protestants évaluaient déjà des « compétences transversales » telles la capacité de coopérer, de relaxer, d’écouter les autres, etc. Le plus bizarre est que les enseignantes ne semblaient pas trouver ça compliqué.


Je doute, donc je suis

La découverte des bulletins utilisés par les anglo-protestants depuis 1950 m’a d’abord conforté dans la perception de leur nullité. Notre ministre des Sports avait sûrement raison de suivre le vent médiatique. Puis, le doute a commencé à s’insinuer dans mon esprit. En 1953 comme en 1975, les protestants réussissaient très bien avec les bulletins sans chiffres et les compétences transversales. Beaucoup mieux que les catholiques ensevelis sous les chiffres et dont la seule compétence transversale évaluée (par un X ou un M) était la capacité de se taire.

Certains jours, j’en viens à me demander pourquoi la ministre a imposé un bulletin chiffré ? Pour faire plaisir aux médias (aux tenants du « gros bon sens ») ? Parce que, comme disaient plusieurs d’entre eux, « La coopération et la solidarité, c’est bon pour les rêveurs. La compétition mène le monde et nous ne pouvons changer ça. »? Comme si dans l’Histoire, l’humanité n’avait jamais harnaché ses instincts primitifs.

Bref, pourquoi changer quand nous, les privilégiés, sommes si bien servis par le système?

Depuis, dans mes périodes dépressives, j’en arrive à la conclusion que cette décision est bien la pire que nous pouvions prendre pour nous assurer de continuer à faire stagner l’ensemble des petits Québécois. Peut-être nos anglos manquent-ils de « gros bon sens », mais, de leur côté, ils doivent bien rigoler en parlant de nos théories pédagogiques dépassées qui continuent de produire autant de décrocheurs.



|Les leçons de l’histoire
1635|1689|Caricatures|Conjuguer le verbe faire|2009-08-17 08:57:46|Simon Banville|



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1636|1690|Accueil_Actualités Mouvements_souverainiste|Reconquête des plaines d'Abraham|2009-08-18 07:56:14|L'aut'journal|

Le 13 septembre 2009 à Québec: on reprend nos plaines, on marche pour l'indépendance!

Après les manifestations pour l’indépendance qui se sont tenues dans huit villes le 24 mai dernier et celle qui s’est déroulée dans le cadre du défilé de la Fête nationale du Québec le 24 juin, le Comité organisateur de la marche de mobilisation pour l’indépendance du Québec invite les Québécoises et les Québécois à marcher à nouveau pour la liberté du Québec, de façon pacifiste, unitaire et non partisane, à l’occasion de la commémoration de la bataille des plaines d’Abraham le 13 septembre prochain.

Quand? Le 13 septembre 2009 à 10h.

Où? Au Jardin (parc) Saint-Roch (rue De La Couronne et boulevard Charest) à Québec.

Cette année marque le 250e anniversaire de cette bataille qui fut le point culminant de la conquête de la Nouvelle-France par les armées britanniques, lesquelles ont dévasté des milliers d’habitations, de fermes et d’écoles. Plus de 10% de la population a péri dans cette guerre. La défaite fut consommée par le Traité de Paris en 1763 alors que le roi de France cédait le pays au roi d’Angleterre. Ce dernier proclamait alors sa volonté d’assimiler la population vaincue à la langue et à la culture des vainqueurs. À ce jour, malgré leurs persévérantes tentatives, ni lui ni ses successeurs n’ont réussi à atteindre cet objectif, pas plus qu’ils ne sont parvenus à effacer le souvenir de cette sanglante conquête, à supprimer l’espoir d’indépendance perpétué par des générations de résistants.

C’est cet espoir de liberté qui sera commémoré et ranimé par la marche pour l’indépendance le 13 septembre à Québec.

Comme les manifestations précédentes, la marche du 13 septembre est organisée par un collectif non partisan de jeunes Québécoises et Québécois qui veulent voir naître le plus rapidement possible le pays du Québec, qui croient que la libération du peuple québécois ne peut se faire que par la mobilisation du peuple québécois, qui sont convaincus que c‘est en menant des actions citoyennes, avec persévérance, avec courage, avec détermination, que nous parviendrons à réaliser notre rêve.

La manifestation de Québec sera précédée, du 3 au 12 septembre, d’un marchethon pour l’indépendance qui conduira un groupe de militants à parcourir à pied la distance entre Montréal et Québec en passant par Boucherville, Varennes, Verchères, Contrecoeur, Sorel, Yamaska, Odanak, Baie-du-Fèbvre, Nicolet, Trois-Rivières, Champlain, Batiscan, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Grondines, Deschambault, Donnacona, Neuville, Saint-Augustin-de-Desmaures,Cap-Rouge et Sillery.

La marche et le «marchethon» se termineront sur les plaines d’Abraham à Québec où se déroulera en face du Pavillon Edwin-Bélanger, du samedi 12 septembre à 15 h au dimanche 13 septembre à 15 h, le grand événement Le Moulin à Paroles (www.moulinaparoles.com). Durant vingt-quatre heures, quatre-vingts artistes ou personnalités connues du grand public liront des textes puisés dans la littérature d'ici et qui témoignent, en prose, en poésie, en théâtre, de l’histoire du Québec depuis ses sources amérindiennes jusqu’aux multiples facettes de sa modernité.

Le collectif invite tous les partis et mouvements indépendantistes et souverainistes à transmettre à leurs membres l’invitation à participer à ces événements.

Soyons unis et nous l’aurons notre pays!

Le comité organisateur de la marche de mobilisation pour l’indépendance du Québec|On marche pour l'indépendance, le 13 septembre prochain, en provenance de tous les coins du Québec
1637|1691|Accueil_Actualités|Les loyers à Montréal 40% plus élevés que l’inflation|2009-08-18 08:18:58|L’aut’journal|

Alors que la crise du logement perdure depuis dix ans au Québec, les loyers connaissent une hausse effrénée qui surpasse à la fois l’inflation et les recommandations de la Régie du logement. C’est ce que révèle la note socio-économique publiée par l’Institut de Recherche et d’Informations Socio-économiques (IRIS), qui dresse également un bilan négatif des actions des différents paliers de gouvernement en matière de logement.

« Les loyers ont augmenté cette année de près de 3,4% au Québec alors que l’inflation n’était que de 0,4% et que la Régie suggérait des hausses de 0,6% à 0,8% », précise Guillaume Hébert, l’un de deux chercheurs auteurs de la note.

« Depuis le début de la pénurie en 1999, le prix des loyers a connu une hausse 30% plus rapide que l’inflation. À Montréal, ce chiffre atteint 40%.  »

De plus, pour une dixième année de suite, tous les centres urbains québécois connaissent des pénuries de logements locatifs, c’est-à-dire que le taux d’inoccupation des logements se trouve sous le seuil d’équilibre de 3%.

C’est le cas de notamment de Québec (0,6%), Trois-Rivières (1,1%) ou Saguenay (1,1%). Alors que 35,6% des locataires n’ont actuellement pas accès à un logement abordable, la crise économique risque désormais d’exacerber ces difficultés.

La note de l’IRIS évoque les décisions gouvernementales comme l’un des facteurs ayant permis l’apparition, puis la perpétuation de cette crise.« Non seulement la décision du gouvernement fédéral de ne plus subventionner la construction de HLM est une cause directe de la crise, mais depuis, l’action des différents paliers de gouvernements n’a pas permis de sortir de cette crise du logement », explique Marc Daoud, chercheur à l’IRIS.

« La subvention aux loyers mise en place par Québec est une aide précieuse pour plusieurs familles. Cependant, il s’agit  d’une mesure provisoire et non une solution à la pénurie comme elle n’augmente pas le parc locatif. De plus, dans sa forme actuelle et avec la hausse fulgurantes des loyers, il s’agit en fait d’une subvention aux propriétaires. »

Marc Daoud formule un constat similaire au regard des programmes d’accession à la propriété mis en place par certaines villes dont Montréal. « Alors que la crise a lieu du côté du logement locatif, on favorise des programmes d’accès à la propriété. L’effet pervers de ces programmes couplés avec la hausse des loyers, c’est qu’ils incitent des gens qui n’en ont pas les moyens à devenir propriétaires pour éviter de payer des loyers très élevés. À court terme, c’est une mesure qui encourage la construction des condos en ville. À long terme, dans un contexte instable comme le nôtre, il se pourrait bien que ceux qui avaient tout juste les moyens d’accéder à la propriété grâce à ces programmes se trouvent devant d’importantes difficultés financières.».


|Selon une étude de l’IRIS

1638|1692|Environnement Manchettes|Isotopes médicaux : des alternatives existent|2009-08-19 08:29:34|Nicole Béland|

Nicole Béland détient un B.Sc. Géologie

La question des isotopes médicaux pour le traitement du cancer contribue à rendre socialement acceptable et indispensable le nucléaire alors que des alternatives efficaces, moins coûteuses existent déjà… au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke par exemple.

Tous ceux qui s’opposent au développement du nucléaire depuis des lustres sont parfois déstabilisés ou fragilisés dans leurs convictions quand il est question de traitement de cancer par les isotopes médicaux. Tout le monde veut être traité dans les plus brefs délais avec les méthodes de pointe les plus efficaces, évidemment.

Pour comprendre ce dossier complexe, faisons d’abord une petite leçon d’histoire ici. Les isotopes médicaux ont été utilisés dans les diagnostics médicaux longtemps avant la découverte de la fission nucléaire.

Ils ont d’abord été produits dans des cyclotrons ou accélérateurs de particules n’utilisant pas du tout d’uranium et ne produisant que très peu de déchets radioactifs et ce très faiblement radioactifs.

Ces cyclotrons étaient la fierté de plusieurs centres de recherche universitaire dont l’université McGill qui produisait jadis tous ses isotopes médicaux dans un cyclotron situé sur le campus même de l’Université de Montréal. C’était au temps où le gouvernement investissait encore en recherche fondamentale.


L’entrée en scène d’Énergie Atomique Canada

Par la suite, est arrivé EACL (Énergie Atomique du Canada Limité) qui a travaillé très fort au cours des années à développer sa filiale très lucrative d’isotopes médicaux produits en réacteurs nucléaires.

Assez futés ces exploitants nucléaires ! Comment rendre le nucléaire socialement acceptable si ce n’est en sauvant des vies ? Et on n’a aucune difficulté à oublier ici le foudroyant paradoxe de soigner le mal par le mal qui l’a causé en premier lieu.

Les radio isotopes utilisés en médecine sont généralement utilisés pour la recherche médicale, le dépistage du cancer, la stérilisation des équipements médicaux et, beaucoup plus rarement, pour le traitement de certains cancers.

Les isotopes médicaux les plus courants produits en réacteurs nucléaires sont le cobalt-60 et le molybdène-99. Le Cobalt-60 est utilisé surtout pour l’irradiation de tumeurs et pour stériliser l’équipement médical.

Le Molybdenum-99 (Mo-99) se dégrade en un isotope métastable appelé technetium-99m qui a une demi-vie de seulement 6 heures.

Le technetium-99m est le radio isotope par excellence utilisé pour plusieurs tests diagnostiques. Les rayons gamma de ce produit sont moins « agressifs » que ceux du cobalt-60 et est donc préféré car il donne de bonnes images diagnostiques en envoyant une moins forte dose de radiation au patient.

Le problème avec le Mo-99, c’est qu’il ne peut être produit qu’en réacteur nucléaire et ce, en utilisant de l’uranium extrêmement enrichi. Enrichi à 95 % i.e. au point d’être convoité par la non moins humaniste industrie de l’armement nucléaire.

À Chalk River, ils en produisaient justement du Mo-99 avant que les problèmes commencent… Ce réacteur en arrêt indéfini, bien que EACL parle maintenant d’un arrêt jusqu’en avril 2010, aurait théoriquement dû prendre sa retraite en 2000.

Mais tout comme les Québécois détroussés de leurs économies dans le scandale de la caisse de dépôt, il doit reprendre du service pour encore dix ans malgré son usure et sa fatigue. La corrosion de ses parois a mené à un incident qualifié de« très légère fuite d’eau lourde » par un porte-parole officiel de EACL. La fuite dans l’environnement s’est produite suite à une panne d’électricité.

Mais ce n’est pas la faute de ce réacteur quinquagénaire poussé à bout malgré les avertissements répétés de signes de « burn-out » donnés par la très maternelle madame Linda Keen, présidente de la CCSN (Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire) jusqu’à ce qu’elle soit remerciée de ses services indéfiniment pour avoir accordé un congé de maladie à son protégé. Les deux réacteurs nouvellement construits, Maple 1 et Maple 2 qui devaient le relever de ses fonctions ne sont pas fonctionnels et ne le seront probablement jamais malgré les sommes énormes investies.

 

Les États-Unis s’en mêlent

Un autre grave problème d’utiliser de l’uranium enrichi à 95 % dans la production d’isotopes médicaux est le problème d’approvisionnement du réacteur. Aux États-Unis, l’institut de Contrôle Nucléaire (NCI) est allé en Cour pour empêcher la livraison d’uranium enrichi (HEU highly enriched uranium) à Chalk River à cause d’une loi (the Schumer amendment) qui a pour but d’arrêter toutes les exportations de HEU vers d’autres pays.

EACL a reçu un avertissement des autorités américaines de trouver d’autres façons de produire du Mo-99 qu’avec de l’uranium enrichi mais n’a pas pris la menace au sérieux.

 

Des alternatives existent

Deux alternatives au Technetium-99m sont le thallium-206, qui peut être produit dans un cyclotron sans utilisation de l’uranium et les TEP-scans, qui se combinent avec un radio isotope de courte durée appelé fluorine-18, radio isotope également produit dans un cyclotron sans uranium.

Vous vous dites certainement que ce n’est pas possible : « Pourquoi est-ce que tout le monde panique si les alternatives existent déjà ? »

On vous dira que les TEP scans sont dispendieux bien qu’ils donnent souvent des résultats supérieurs au technetium-99m. C’est vrai qu’ils sont dispendieux, soit 2 ou 3 millions de dollars pour un appareil.

Si on examine bien les états financiers de EACL, on apprend que 1,7 milliards de dollars ont été injectés dans le rafistolage de Chalk River depuis 2006 pour mener à…la crise actuelle. Pour le même montant, on aurait pu acheter 500 ou 600 TEP scans qui eux seraient opérationnels aujourd’hui. Et l’argent gaspillée sur les réacteurs MAPLE (530 millions$) aurait permis l’achat de 170 TEP scans additionnels.

Alors que les hôpitaux du Québec manquent cruellement d'isotopes, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke a développé une technique qui pourrait permettre à plusieurs hôpitaux de limiter le nombre d'examens qu'ils doivent annuler.

Au lieu des isotopes de type Technétium 99, on utilise du fluorure de sodium pour faire des examens osseux. En plus de servir pour détecter des fractures cachées, il peut être utilisé pour des cas de cancer du sein et de la prostate.

Le CHUS a mis en branle sa production de fluorure après la première crise du manque d'isotopes en 2007. «On est le seul centre hospitalier à avoir mis ce projet en branle et on est bien content aujourd'hui», dit le Dr Éric Turcotte, chef clinique du Centre d'imagerie médicale de Sherbrooke.

L'établissement a décidé de hausser sa production pour aider d'autres hôpitaux qui le souhaitent. Le Centre hospitalier de Trois- Rivières fait déjà des examens à partir du fluorure produit à Sherbrooke.

L'Hôtel-Dieu de Québec, l'Hôpital de Rimouski et même le CHUM ont également obtenu la permission de Santé Canada d'utiliser ce produit. «On a les capacités pour approvisionner les 12 centres au Québec qui possèdent un TEP-Scan», soutient le Dr Turcotte. «On peut en produire trois fois par jour. »

Je remercie le Docteur Gordon Edwards, cofondateur et président depuis 1978 du Regroupement pour la surveillance du nucléaire pour ses écrits utilisés dans la rédaction de cet article.


|Pourquoi n’en parle-t-on pas ?
1639|1693|Caricatures|Devenir vieux|2009-08-19 08:57:02|Simon Banville|



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1640|1694|Manchettes Mouvements_souverainiste|Congrès mondial acadien|2009-08-20 08:43:37|Jacques Beaumier|

Le 4e Congrès mondial acadien qui se tient présentement à Caraquet dans la Péninsule acadienne, du 7 au 23 août, confirme l’importance du caractère généalogique de l’événement.

Critiqué à de multiples reprises, lors des éditions précédentes, par les idéateurs mêmes de cette rencontre, le Congrès mondial acadien qui se voulait d’abord un lieu de réflexion de l’ensemble du peuple acadien sur son devenir, s’enfonce de plus en plus dans une définition étroite d’une identité culturelle, sinon folklorique, dénuée de toutes revendications politiques.

Les rencontres de familles qui regroupent souvent des gens qui n’ont qu’un patronyme en commun et où, la langue ancestrale commune n’est plus partagée, prennent une place démesurée.

Radio-Canada ne s’y est pas trompée et sa couverture de l’événement, par une soixantaine d’heures d’émissions et de reportages en direct, correspond bien à sa mission de refléter la société canadienne dans sa diversité.

L’intérêt de ce congrès mondial, pour les Québécois, réside dans le fait qu’il illustre parfaitement ce que le gouvernement fédéral attend d’eux et de la place qu’on voudrait les voir occuper dans le Canada multiculturel.

Exprimer l’originalité de son identité culturelle, enracinée dans la généalogie familiale, avec nulle prétention à intégrer les nouveaux venus pour constituer une communauté politique. Le politique doit se vivre à l’intérieur des institutions politiques telles que définies par la constitution canadienne qui laisse, évidemment, toutes les possibilités d’exprimer ses opinions personnelles.

Malgré les louables tentatives de la Société des Acadiennes et des Acadiens du Nouveau-Brunswick (SAANB) de donner une définition plus politique et plus inclusive de l’identité acadienne, le Congrès mondial acadien pour sa part, ne parvient pas à donner un contenu politique à cet événement qui, pourtant, mobilise la société acadienne tous les quatre ans.

Même la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a cédé à la tentation du nationalisme généalogique en se découvrant des racines acadiennes par son arrière-grand-mère, une LeBlanc qui descendait d’un déporté de 1755 réfugié à Saint-Domingue.

Sheila Copps avait fait connaître également ses « racines acadiennes » ce qui lui permettait parfois, au temps où elle était aux commandes du ministère de  Patrimoine Canada, de parler rudement aux Acadiens comme si elle faisait partie de la famille.

Enfermé dans cette définition culturelle de leur identité, les Acadiens qui ne peuvent profiter d’un ministère de la Culture de leur gouvernement provincial parce qu’il n’y en pas tout simplement, dépendent lourdement de cette officine fédérale, véritable ministère de la pensée canadienne.

C’est un jeune cette fois-ci, qui a soulevé le problème de sens que pose la tenue de ce Congrès mondial. Selon le président de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick, Alexis Couture, il y a un mur entre les institutions acadiennes et la population.

Ainsi, un forum populaire pour discuter de la pérennité du peuple acadien, organisé par la Société nationale de l’Acadie, dans le cadre du Congrès mondial, n’a attiré qu’une quarantaine de personnes. « Avoir un débat sur les origines fondamentales de l’identité […], qu’est-ce qu’on est maintenant? Je pense que c’est ça le plus crucial » a-t-il soutenu.

La joviale présidente de la Société nationale de l’Acadie, Françoise Enguehard, s’est au contraire dite ravie du succès de l’événement et que tout le monde était dans un esprit festif !

Au Québec, on connaît bien cette approche maintenant. Elle nous a été servie lors des célébrations du 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec : évitez les activités à caractère historique et politique et lorsqu’il devient incontournable d’en tenir, le peu d’assistance qu’elles suscitent marque un grand succès de l’approche promue par notre ministère de la pensée, Patrimoine Canada.

Les nationalistes québécois qui, de tout temps ont craint la louisianisation du Québec, ont ignoré qu’il y a une étape à franchir avant d’en arriver là. Il semble que nous devions d’abord passer par l’acadianisation du Québec.

Se perdre dans des fêtes culturelles si nombreuses que l’on en oublie les motifs de la fête et se chamailler sur les dates où elles auront lieu, à cause d’un trop court été, semble indiquer que le processus est déjà bien enclenché.



|La célébration du nationalisme généalogique
1641|1695|Langue Manchettes|La lente agonie du français hors Québec|2009-08-20 08:46:57|Charles Castonguay|

Où en est le français à l’extérieur du Québec en ce 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles du Canada? L’enseignement du français comme langue seconde dans les écoles du Canada anglais a certes connu quelque succès. Cela sert trop souvent, cependant, à masquer le recul de l’usage du français comme langue première au foyer.

 Au moment où Pierre Elliott Trudeau faisait adopter ses politiques de bilinguisme et de multiculturalisme, à la fin des années 1960, la population francophone hors Québec réussissait encore à remplacer ses générations. Les jeunes enfants francophones étaient aussi nombreux au recensement de 1971 que les jeunes adultes de langue maternelle française.

Mais l’ancienne société canadienne-française s’est depuis évaporée. Et la disparition de la traditionnelle surfécondité des femmes francophones a mis en évidence les ravages qu’entraîne le cancer de l’assimilation.

À l’heure actuelle, c’est-à-dire au recensement de 2006, le déficit entre les générations francophones s’élève à 44 %. Autrement dit, parmi les francophones à l’extérieur du Québec, les jeunes enfants sont presque moitié moins nombreux que les jeunes adultes. Le profil selon l’âge de la population de langue maternelle française hors Québec (voir notre figure) montre qu’en fait, la relève s’effrite de façon régulière depuis maintenant 40 ans.

Touchées tout autant par la sous-fécondité, les trois autres principales populations de langue officielle au Canada se portent néanmoins mieux. Beaucoup mieux dans le cas de la majorité anglophone hors Québec dont le déficit actuel entre les générations n’est que de 4 %.

Beaucoup mieux également en ce qui concerne la minorité anglophone du Québec dont le déficit n’est aussi que de seulement 4 %.

Quant à la majorité francophone du Québec, son déficit ne s’élève tout de même qu’à 16 %.

Cela s’explique par le profit que chacun de ces groupes tire de l’assimilation. La sous-fécondité des populations de langue anglaise du Québec et du reste du Canada se trouve presque totalement compensée par l’anglicisation de jeunes parents allophones qui élèvent leurs enfants en anglais, ce qui fournit à ces deux populations de nombreux enfants additionnels de langue maternelle anglaise.

Ce mécanisme de compensation fonctionne moins bien pour la majorité francophone du Québec qui francise proportionnellement moins de jeunes adultes allophones.

Le pouvoir d’assimilation du français parmi les allophones à l’extérieur du Québec est, par contre, négligeable. En outre, nombre de jeunes parents francophones s’y anglicisent, produisant du coup des enfants de langue maternelle anglaise.

Par conséquent, si au Québec le nombre de jeunes enfants de langue maternelle française s’est réduit du quart entre 1971 et 2006, dans le reste du Canada il s’est réduit de moitié : on y comptait 67 220 enfants de langue maternelle française âgés de 0 à 4 ans en 1971 contre seulement 33 892 en 2006. Vu autrement, si le Québec comprenait 85 % des jeunes enfants francophones du Canada en 1971, il en rassemble 90 % aujourd’hui.

La réduction de la relève est le plus marquée dans les provinces autres que le Nouveau-Brunswick, où l’anglicisation des francophones sévit moins qu’ailleurs, ainsi que l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique qui accueillent force francophones du Québec et de l’étranger. Par exemple, au cours des 35 années en cause, les jeunes enfants francophones sont passés de 2 325 à 816 en Nouvelle-Écosse et de 4 065 à 1 435 au Manitoba.

Nonobstant la Loi sur les langues officielles de Trudeau, le taux d’anglicisation des adultes francophones âgés de 35 à 44 ans, qui témoignent le mieux du pouvoir d’assimilation qu’exerce l’anglais au cours d’une vie, a progressé depuis 1971 dans huit des neuf provinces hors Québec. Le Nouveau-Brunswick fait seul exception. Le pourcentage de francophones qui, parvenus à l’âge de 35 à 44 ans, ont adopté l’anglais comme langue première à la maison s’y est quelque peu réduit, passant de 12 % en 1971 à 9 % en 2006.

Cette réduction est attribuable au pouvoir politique des Acadiens. Forts du tiers de l’électorat, ils ont obtenu la bilinguisation officielle du Nouveau-Brunswick en 1969, suivie d’une quasi-reconnaissance en tant que peuple.

Cependant, sous-fécondité et anglicisation y agissent tout de même de concert et se soldent par un déficit actuel de 35 % entre les générations francophones. De sorte que la population de langue française au Nouveau-Brunswick évolue désormais à la baisse. La population parlant le français comme langue première à la maison, par exemple, y est passée de 223 265 en 1991 à 213 885 en 2006, soit une réduction de 4 % en 15 ans.

Dans les trois autres provinces de l’est du Canada, l’assimilation et le défaut de remplacement des générations se sont accrus depuis 1971 pour atteindre tous deux 50 % ou plus en 2006. La population de langue d’usage française au foyer se trouve par conséquent en chute libre dans chacune d’elles, passant entre 1971 et 2006 de 2 295 à 740 à Terre-Neuve, de 4 405 à 2 755 à l’Île-du-Prince-Édouard et de 27 220 à 17 870 en Nouvelle-Écosse.

L’Ontario comprend un peu plus de la moitié de la population de langue française hors Québec. Le taux d’anglicisation des 35-44 ans de langue maternelle française y augmente lentement mais sûrement à chaque recensement, passant au total de 38 % en 1971 à 44 % en 2006. Le déficit actuel entre les générations francophones y est également de l’ordre de 40 % et la population ontarienne qui parle le français comme langue principale au foyer s’est réduite de 14 %, glissant de 352 465 en 1971 à 304 721 en 2006.

Dans chacune des quatre provinces de l’Ouest, l’assimilation des 35-44 ans s’élève en 2006 au-dessus de 60 %. D’autre part, le déficit actuel entre les générations francophones est de 40 % au Manitoba et de plus de 50 % dans les trois autres provinces. De 1971 à 2006, la population de langue d’usage française est donc passée de 39 600 à 20 515 au Manitoba et de 15 930 à 4 320 en Saskatchewan.

Cependant, l’Alberta et la Colombie-Britannique, qui sont des provinces d’immigration, attirent en particulier de nombreux francophones, notamment du Québec et de l’étranger, de sorte que la population de langue d’usage française se maintient autour de quelque 20 000 en Alberta et augmente, même, en Colombie-Britannique où elle est passée de 11 505 en 1971 à 17 555 en 2006.

Ces deux dernières provinces ne demeurent pas moins de véritables cimetières pour le français, langue première, dont la population ne se renouvelle qu’à coup de sang frais en provenance d’ailleurs.

En effet, en Alberta, le taux d’anglicisation des francophones âgés de 35 à 44 ans et natifs de l’Alberta était en 2006 de 88 %. En Colombie-Britannique, le taux d’anglicisation des francophones du même âge, nés dans la province, était de 83 %.

Seulement 22 % des jeunes adultes francophones en Alberta étaient natifs de leur province, comparativement à 38 % qui étaient nés au Québec et 8 % à l’étranger. En Colombie-Britannique, les parts correspondantes étaient de 13 % nés dans la province contre 48 % nés au Québec et 13 % à l’étranger.

Il faut savoir de plus que les taux d’anglicisation des francophones de 45 à 54 ans nés au Québec et nés à l’étranger s’élevaient en Alberta à 65 et 67 % respectivement et, toujours en 2006, à 72 et 61 % respectivement en Colombie-Britannique. Ce qui revient à dire que dans ces provinces, les immigrants francophones, en particulier, en viennent dès la première génération à renforcer la population de langue anglaise davantage que celle de langue française.

Une situation semblable prévaut dans toutes les régions du Canada qui ne comptent pas une viable population francophone de souche à laquelle de nouveaux arrivants de langue française trouveraient intérêt à se greffer.

Plus précisément, outre qu’au Québec, évidemment, ce n’est qu’au Nouveau-Brunswick ainsi que dans l’est et le nord de l’Ontario qu’une majorité d’immigrants francophones persistent à parler le français comme langue d’usage au foyer.

Autrement dit, ailleurs qu’à Montréal, Moncton, Ottawa ou Sudbury, promouvoir une immigration de langue française pour renflouer les populations francophones défaillantes équivaut à mettre un cataplasme sur une jambe de bois.

Or, c’est justement la politique que poursuit le gouvernement du Canada depuis le Plan d’action pour les langues officielles parrainé en 2003 par l’ex-ministre Stéphane Dion, visant à maintenir les minorités francophones à flot « coast-to-coast-to-coast ». Le comble, c’est que le gouvernement québécois collabore à cette fumisterie maintenant que le Québec a « réintégré le giron de la francophonie canadienne », pour reprendre la suave expression de l’ex-ministre Benoît Pelletier.

De toute évidence, pour que le français au Canada en bénéficie pleinement et de façon durable, il convient au contraire d’orienter fermement l’immigration francophone vers le Québec et le Nouveau-Brunswick ou, à la limite, vers l’est et le nord de l’Ontario. Quant au reste du Canada anglais, cette ressource est trop rare et précieuse pour servir de soins palliatifs.



|Un portrait chiffré, illustré et révélateur

1642|1696|Accueil_Actualités|Des fermetures de lits inacceptables|2009-08-21 07:57:44|Jacques Fournier|

L’auteur est organisateur communautaire retraité

L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal persiste dans son intention de fermer 792 lits de longue durée dans les hôpitaux montréalais, alors que 3700 personnes sont en attente d’une place en CHSLD (un peu moins de la moitié d’entre elles sont cependant déjà dans un CHSLD, mais pas dans celui de leur choix).

L’Agence prétend que de nouvelles places vont être créées en « ressources intermédiaires », mais tout indique que cette alternative ne sera pas disponible au moment opportun. Quel est donc l’objectif caché de l’Agence? Que devront faire les familles? Elles devront « placer » leurs aînés dans un centre privé qui leur coûtera très cher. La fermeture de lits en CHSLD s’intègre aux politiques de privatisation du gouvernement Charest.

L’Agence indique qu’elle hébergera les personnes concernées d’abord en lits d’évaluation, puis en lits de transition et enfin dans des lits définitifs. Trois déménagements. C’est inacceptable au plan humain.

L’Agence est sûre d’avoir raison dans son plan de « réingénierie » (oups ! il faut dire « modernisation ») alors que sur le terrain, pratiquement tous les intervenants (médecins, travailleuses sociales, infirmières) trouvent que ces fermetures n’ont pas d’allure.

 

Des ressources intermédiaires insuffisantes

Les ressources intermédiaires (RI) sont de deux ordres : des familles d’accueil (aujourd’hui appelées, dans le jargon technocratique, ressources de type familial, RTF) et des ressources intermédiaires comme telles. Ces dernières ont le droit d’héberger plus de 9 personnes alors que les RTF en hébergent moins de 9. Mais en fait, l’Agence de Montréal encourage la création de RI pouvant accueillir entre 25 et 40 usagers. Les RI sont des petites entreprises, soit privées, soit plus rarement à but non lucratif (OBNL).

Il y a quelques années, les CHSLD avaient des « pavillons », annexes de petite taille. Tout se passe comme si les RI allaient prendre la relève de ces « pavillons », sauf que le personnel des RI est moins rémunéré que celui des CHSLD.

Le gouvernement Charest a voulu diminuer ses coûts de fonctionnement en interdisant, par la loi 7 (adoptée sous le bâillon en décembre 2003), au personnel des RI de se syndiquer. Mal lui en prit car la Cour supérieure du Québec a invalidé cette loi, ainsi que la loi 8 qui prohibait la syndicalisation des services de garde en milieu familial. Ces lois sont discriminatoires à l’égard des femmes, selon le tribunal, et nient un droit reconnu par les chartes, le droit de se syndiquer.

En transférant les personnes hébergées en CHSLD vers des RI, le gouvernement voulait faire des économies qui s’avéreront finalement moins importantes que prévu, parce que la syndicalisation va tendre à améliorer les conditions de travail du personnel dans les RI. Mais les directions des RI seront alors coincées car elles reçoivent des montants forfaitaires du gouvernement, par jour, par usager (variant en fonction de la lourdeur de la clientèle).

Dorénavant, le gouvernement veut limiter l’accès aux CHSLD aux seules personnes qui nécessitent plus de trois heures de soins par jour. Cela implique que l’on ne met plus sur les listes d’attente des CHSLD les personnes qui requièrent moins d’heures de soins. Ces personnes sont mises en attente pour une RI. Lors d’une rencontre tenue le 18 mars 2008, dans le quartier Rosemont, M. Gary Furlong, directeur général du CSSS Lucille-Teasdale, a dit : « On met ces personnes sur des listes d’attente pour des ressources qui n’existent pas ». Et en attendant, l’Agence ferme des lits de CHSLD!

Quant aux services à domicile des CSSS, ils sont réservés aux personnes nécessitant « moins de deux heures et demi de soins par jour, sans surveillance ». Des grilles d’évaluation déterminent si la personne est admissible en CHSLD, en RI ou si elle demeurera à son domicile avec des services du CSSS, dont on sait qu’ils sont souvent insuffisants.



|792 lits de moins pour des listes d’attente de 3 700 personnes d’une place en CHSLD

1643|1697|Caricatures|Une question d'une grande importance|2009-08-21 08:08:28|Simon Banville|



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1644|1698|authebdo|L'aut'hebdo - 21 août 2009|2009-08-21 08:58:54|L'aut'journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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Congrès mondial acadien
La célébration du nationalisme généalogique
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La lente agonie du français hors Québec

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Isotopes médicaux : des alternatives existent

Pourquoi n’en parle-t-on pas ?
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Des fermetures de lits inacceptables

792 lits de moins pour des listes d’attente de 3 700 personnes d’une place en CHSLD
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Obama et la guerre irrégulière en Amérique latine
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1645|1699|Manchettes Mouvements_souverainiste|L’Arctique canadien, l’Afghanistan et le Québec|2009-08-21 17:17:37|André Binette|

André Binette est avocat et a co-présidé la Commission d’étude sur l’autonomie gouvernementale du Nunavik (1999-2001)

Quel  est le rapport entre l’Arctique canadien et l’Afghanistan?   Réponse : un premier ministre canadien militariste qui veut affirmer la souveraineté canadienne contestée dans l’Arctique et qui a besoin des troupes canadiennes en Afghanistan pour le faire.  Des alliés encombrants, le président des États-Unis et le secrétaire général de l’OTAN (ancien premier ministre danois), le pressent de rester à Kandahar.

Ces mêmes alliés et voisins (les Américains en Alaska et les Danois au Groënland) rivalisent avec le Canada dans la course aux ressources naturelles de l’Arctique.  Harper a décidé de les envoyer promener et de recentrer la vision stratégique canadienne sur le Grand Nord.

D’où la profonde signification politique des bouchées de phoque cru.  Il faut se faire ami-ami avec les Inuits qui vivent dans l’un des endroits chauds (mais oui!, politiquement parlant) du 21e siècle.  Résultat : à compter de 2011, nos jeunes Québécois qui s’enrôlent à Valcartier troqueront leurs tenues du désert pour celles de l’hiver.


Recentrer la vision internationale du Québec

Quel rapport avec le Québec? Vues de Kujjuaq, les grandes manœuvres internationales dans l’Arctique se passent dans notre cour.  Regardez une carte géographique. Le Québec est l’une des deux seules provinces avec un rivage arctique et une population inuite, et de loin la plus importante.

Nos Inuit du Nunavik québécois entretiennent des liens étroits avec leurs confrères du Nunavut canadien et du Groënland danois.  La vision internationale du mouvement souverainiste québécois est beaucoup trop centrée sur la France et l’Europe occidentale.

Elle doit être recentrée sur le Québec, y compris dans sa dimension arctique et ses fondements autochtones qui précèdent la présence européenne de plusieurs millénaires. Lorsqu’on se dit souverainiste québécois, il faut dépasser la politique provinciale et s’intéresser à la géopolitique mondiale qui concerne directement le Québec.

La fraîcheur du gouvernement Sarkozy à l’endroit du projet de souveraineté du Québec est un cadeau inespéré de Paul Desmarais, car elle permet de renforcer la québécitude et l’enracinement nord-américain original de l’identité québécoise.

Nous ne ferons pas la souveraineté pour sauter dans les bras de la France retrouvée.  Nous la ferons pour être pleinement nous-mêmes, et pour ce faire, la redécouverte de notre présence légitime dans l’Arctique est un passage obligé.

 

Un peu d’histoire

Les Danois débarquent au Groënland à la fin du 18e siècle,  à peu près au moment de la Conquête.  Les Vikings y avaient cohabité difficilement avec les Inuit pendant cinq siècles, de l’an mille à 1500 environ, avant de quitter l’île pour des raisons mal connues (peut-être un changement climatique, mais dans le sens du refroidissement).

Les explorateurs danois et norvégiens ne se sont pas arrêtés au Groënland.  Ils se sont aussi rendus dans ce qui est aujourd’hui l’Arctique canadien, d’où des prétentions scandinaves sur ce territoire jusqu’au milieu du 20e siècle, prétentions qui ont été tempérées par la Guerre froide (excusez le jeu de mots).

Les États-membres de l’OTAN ne devaient pas se quereller à la frontière polaire de l’URSS, d’autant plus que l’Arctique n’avait pas alors la valeur stratégique que le réchauffement climatique est maintenant en train de lui donner.

La Grande-Bretagne a cédé l’Arctique au Canada en 1888, une vingtaine d’années après la Confédération, ce qui ne valait qu’à l’intérieur de l’Empire britannique et ne mettait pas fin aux différends internationaux. 

 

Terra nullius

Par ailleurs, en 1933, la Cour internationale de Justice a définitivement attribué la souveraineté sur le Groënland au Danemark, en précisant que, malgré la résistance par la force des Inuit, ceux-ci ne comptaient pas comme une société civilisée.

Le Groënland fut alors déclaré terra nullius au moment de l’arrivée des Danois, c’est-à-dire vide de toute occupation humaine au sens des théories juridiques racistes qui avaient cours en droit international à l’époque. La Cour internationale de Justice n’a répudié la théorie de la terra nullius qu’en 1975, dans l’arrêt sur le Sahara occidental.

La Grande-Bretagne s’est également prévalue de la théorie de la terra nullius pour occuper l’Australie, mais non pas le Canada, en prétextant que, contrairement aux autochtones canadiens, les aborigènes australiens étaient trop primitifs pour qu’on doive en tenir compte.

C’est pour cette raison que la Couronne britannique a senti le besoin politique et s’est donné l’obligation juridique de conclure  des traités avec les Premières Nations canadiennes dès le 19e siècle, alors qu’il n’en fut rien à cette époque en Australie.

 

Inuit et Indiens

Au Canada, suite à un renvoi du gouvernement canadien, la Cour suprême a dû se demander en 1939 si le mot Indiens comprenait les Esquimaux (terme péjoratif qui aurait été donné aux Inuit par les Cris, leurs voisins, et qui signifierait mangeurs de chair fraîche, à la Michaëlle Jean).

La Constitution canadienne avait donné en 1867 au gouvernement fédéral la responsabilité des Indiens, mais Ottawa cherchait alors à se défiler de ses responsabilités, en invoquant le coût, l’éloignement et les différences ethniques.

La Cour suprême a étendu la définition d’Indiens aux Inuit, mais Ottawa a tout de même cherché à limiter son rôle et ne leur a jamais appliqué la Loi sur les Indiens.  Les Inuit n’ont jamais vécu dans des réserves et n’ont jamais bénéficié des immunités fiscales de cette loi.  A ce jour, le ministère des Affaires municipales du Québec joue un rôle important auprès des villages inuit du Nunavik, alors qu’il est absent des réserves amérindiennes.

 

Les Inuit et l’indépendance du Groënland

Le Canada a tout de fois toujours eu une attitude ambivalente envers les Inuit, et n’a jamais hésité à s’en servir lorsque des considérations stratégiques internationales paraissaient l’exiger.

Ces inquiétudes sur sa propre souveraineté l’ont ainsi amené à relocaliser des Inuit québécois par la tromperie dans des latitudes tellement éloignées qu’elles étaient impropres à toute occupation humaine, même à celle des Inuit, ce que les hauts fonctionnaires canadiens ignoraient ou ne voulaient pas savoir. Cette affaire a donné lieu à des excuses officielles (encore) et à une compensation il y a une quinzaine d’années.

La même attitude a cours aujourd’hui.  Devant les prétentions russes (dont le haut commandement militaire a menacé de mener une guerre pour l’Arctique il y a quelques mois), américaines (Washington reconnaît seulement la souveraineté canadienne sur les îles de l’Arctique, et non sur les eaux qui dégèlent) et danoises (malgré l’autonomie élargie du Groënland, Copenhague a conservé jusqu’ici le contrôle sur  la défense et les affaires étrangères, et partagera les revenus des ressources naturelles avec le gouvernement de l’île), le Canada offre aux Inuit de nombreux avantages, ce qui a donné lieu notamment à la création du gouvernement autonome du Nunavut en 1999.

Les Inuit, qui ont bien compris l’art politique de maximiser les retombées d’une occasion, pensent au long terme et se laissent utiliser par le Canada jusqu’à l’indépendance du Groënland.

 

Le Québec, absent du Conseil de l’Arctique

Il est plus que temps qu’un mouvement souverainiste qui veut être pris au sérieux recommence à s’intéresser à ces questions.  Jacques Parizeau et Jacques-Yvan Morin y avaient songé en leur temps.

Le Québec doit absolument demander à devenir membre du Conseil de l’Arctique, où siègent six États souverains et plusieurs organisations autochtones. La délégation du Danemark y est parfois dirigée par le premier ministre du Groënland, un État autonome non souverain.  Est-ce que ça devrait nous dire quelque chose? On voit mal comment le Canada pourrait s’opposer à la présence du Québec dans ces conditions et justifier son raisonnement. 


Convergence d’intérêts entre le Québec et les États-Unis

En 1992, devant la Commission d’étude des questions relatives à l’accession du Québec à la souveraineté de l’Assemblée nationale, un professeur de droit international américain, le professeur Jonathan Charney, une sommité mondiale en droit international maritime et conseiller juridique de la US Navy, est venu expliquer aux parlementaires québécois  que le gouvernement des États-Unis ne reconnaissait ni la souveraineté canadienne dans le golfe Saint-Laurent, ni dans les eaux de l’Arctique.

Le professeur Charney a ensuite publié une étude sur la question dans une revue juridique savante aux États-Unis.  Cela s’est passé sous Robert Bourassa.

Il pourrait y avoir une convergence d’intérêts entre le  Québec et les États-Unis au moment de l’accession à la souveraineté sur ces questions.  Pour le savoir, il faudrait réactiver sérieusement la réflexion sur ces questions, ce que l’on ne sent pas actuellement.

Le mouvement souverainiste est embourbé dans une vision étroite de lui-même.  Il lui manque une étincelle créatrice qui l’a déjà inspiré et une passion d’exister.  Le Québec ne fera pas la souveraineté contre qui que ce soit, mais pour manifester cette passion et cette créativité. 

 

Grand Nord et menaces de partition

En 1995, la menace de la partition du Québec était soulevée, notamment pour le motif que les territoires du Grand Nord québécois avaient été acquis par le Québec après 1867.

Cet argument est totalement fallacieux et incompatible avec l’état actuel du droit international, qui ne se préoccupe pas du tout de refaire l’histoire, mais plutôt d’assurer la stabilité du système politique mondial, tout en acceptant l’apparition de nouveaux États.

Cet argument peut aussi toutefois se retourner contre le Canada, qui n’avait pas la juridiction sur l’Arctique avant 1888, ni même la souveraineté internationale avant 1931. 

Trudeau disait que si le Canada est divisible, le Québec l’est aussi.  C’est peut-être l’argument le plus fallacieux de tous, et c’est peut-être dans l’Arctique que ce sera démontré.


|La présence dans l’Arctique, un passage obligé pour les souverainistes

1646|1700|International Manchettes|Les dessous du Congrès du Fatah|2009-08-24 07:57:19|André Le Corre|

Lors d’un voyage  à  Cuba, nous avons pu rencontrer un militant du Fatah de la première heure à qui nous avons demandé ce qu’il pensait du VIe congrès du Fatah. Abou Bechar (son pseudonyme de guerre) ne désire pas être identifié, mais nous connaissons son parcours et savons que son  témoignage est digne de foi.


l’aut’journal Les médias occidentaux, comme d’habitude, ont tracé de ce congrès une image assez terne. Malgré quelques différents, le statu quo semble assuré, Mahmoud Abbas a été réélu comme président et les «négociations de paix» avec Israël continueront. Qu’en pensez-vous?

Abou Bechar: Tout d’abord, il faut dire que la tenue d’un congrès du Fatah dans un territoire militairement occupé est un non sens. Jusqu’à présent tous les congrès ont eu lieu à l’étranger et, pour celui de 2009, la Jordanie ou Alger avaient été suggérésMahmoud Abbas a imposé qu’il se tienne à Bethléem.

De plus, la liste initiale de 1 500 congressistes s’est vu accrue de 700 autres déléguéEs, la plupart choisis par Abbas lui-même. Ces deux mesures assuraient sa réélection car, à l’étranger, il n’aurait certainement pas été réélu.

De ce fait ce congrès s’est mué en une véritable mascarade. On a neutralisé les protestataires en leur intimant de se taire ou de sortir. D’autres, plus virulents, ont été battus par les gardes de sécurité et l’un d’eux s’est même retrouvé à l’hôpital.

De plus, les déléguéEs devaient avoir un laissez-passer israélien. On peut imaginer le filtrage et le contrôle. Une autre chose étonnante, Abou Qorei, premier ministre du temps d’Arafat, n’a même pas été élu.

l’aut’journal : Ex chef de la résistance armée palestinienne, Marwan Bargouthi a été élu au comité central du Fatah alors qu’il purge en Israël  cinq peines  d’emprisonnement à vie. Que dites-vous de cette élection?

Abou Bechar Marwan Bargouthi est devenu un partisan des négociations de paix avec Israël. Après avoir voulu se présenter contre Abbas à la dernière élection présidentielle en 2005, il a finalement décidé de l’appuyer. Mais dans un prochain scrutin il pourrait  se présenter à la présidence de l’Autorité palestinienne.

Dans quelle mesure ces cinq années de détention et le contact permanent avec les Israéliens ont-ils pu changer ses perceptions sur l’avenir de la Palestine, nul ne saurait le dire. Cependant, il est certain que c’est le seul homme capable de négocier un accord entre le Fatah et le Hamas.

l’aut’journal Venons-en maintenant à la révélation  de Farouk Kaddoumi. Lors d’une entrevue avec la chaîne Al Jazeera, il a déclaré qu’il détient des documents prouvant qu’il y a eu un complot entre Ariel Sharon, Mahmoud  Abbas et Mohamed Dahlan pour empoisonner Yasser Arafat.

Abou Bechar Je crois que ces documents sont authentiques (il s’agit d’un procès-verbal d’une réunion entre les trois conjurés). Ils ont été envoyés avec une lettre d’Arafat à Farouk Kaddoumi, le numéro deux de l’OLP, qui réside en exil à Tunis.

On se souvient qu’en 2004 Arafat était assiégé dans son bureau de la Mukata à Ramallah. Ariel Sharon avait demandé alors aux autorités américaines la permission  d’«éliminer physiquement» le président de l’Autorité palestinienne. Le gouvernement américain avait refusé, ne voulant pas faire d’Arafat un martyr.

Peu après, il tombait gravement malade et mourait de façon mystérieuse dans un hôpital de Paris en novembre 2004. Beaucoup de personnes croient qu’il a effectivement été empoisonné.

Yasser Arafat portait toujours sur lui un pistolet chargé et ne se serait jamais laissé prendre vivant. Pour expliquer cette haine féroce d’Ariel Sharon,  il faut remonter à la bataille de Karameh en 1959 à la frontière de Jordanie où les milices palestiniennes commandées par Arafat avaient battu les troupes d’Ariel Sharon et cela devait être vengé.

l’Aut’journal:  Une dernière  question plus personnelle. Abou Bechar, pourquoi tenez-vous tant à l’anonymat?

Abou Bechar : Fatah  est un acronyme inversé qui veut dire Mouvement national de libération palestinienne. C’était au départ une organisation clandestine de lutte armée. Des membres fondateurs, deux seulement  sont encore vivants, les autres ont tous été assassinés  par les services secrets israéliens.

Le Fatah a été créé en 1956 par Abou Amar (Arafat),  Abou veut dire «père de ». Je l’ai rencontré en 1961 et, bien plus tard, je suis devenu délégué du Fatah pour une région. Plusieurs de ces délégués ont aussi été assassinés et maintenant, avec la paranoïa qui a suivi les événements du 11 septembre, des déportations sont toujours possibles partout à travers le monde.

Merci  Abou Bechar!  Nous vous souhaitons de pouvoir retourner un jour dans votre pays enfin libéré.


|Entrevue avec un délégué du Fatah
1647|1701|Caricatures|Torturer un terroriste|2009-08-24 09:55:04|Simon Banville|





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1648|1702|Accueil_Actualités|Les sermons du père Bouchard|2009-08-25 08:17:27|Catherine Caron|

Hydro-Québec est sur la sellette et voilà que Lucien Bouchard vient à la rescousse : notre société d’État doit pouvoir continuer de soutenir des organismes culturels. Le problème, c’est que tel n’est pas l’objet de la controverse actuelle.


Bouchard sermonne le bon peuple mais sa manoeuvre pour détourner le débat est grossière. Car il se garde bien de parler de ce qui est vraiment en cause :  la mentalité du privé qui gangrène et pervertit la sphère publique, le manque de jugement et le conflit d’intérêt palpables dans maintes décisions de nos élites, etc. 

Il pousse jusqu’à la provocation : « En sommes-nous au point de dire à l'immense majorité des QuébécoisEs qui tiennent à conserver Hydro-Québec dans notre patrimoine collectif qu'ils devraient maintenant accepter de la privatiser pour lui permettre d'assumer des responsabilités sociales? ».


Non, monsieur Bouchard, nous sommes au point de dire que c’est par sa contribution aux finances de l’État qu’Hydro-Québec assume d’abord et avant tout sa responsabilité sociale et que ce n’est pas son rôle de financer des écoles privées (déjà subventionnées).


Et que c’est de l’esbrouffe que de chercher ainsi à l’assimiler aux entreprises privées dont les contributions sociales sont, par ailleurs, récompensées par des retours d’impôts.


Le comble, c’est qu’Hydro-Québec commandite le Conference Board of Canada, cette officine de la droite qui n’a de cesse d’oeuvrer pour la libéralisation des marchés et la privatisation qui menacent nos joyaux publics. Le loup est décidément dans la bergerie...



|À la défense de Thierry Vandal

1649|1703|International Manchettes|La droite bouge le pion du Honduras|2009-08-25 08:20:54|André Maltais|

Deux mois après que deux cents militaires, en pleine nuit, eurent séquestré et déporté au Costa-Rica le président du Honduras, Manuel Zelaya, ni l’Organisation des États américains (OEA), ni les Nations-Unies, ni le rejet unanime de tous les gouvernements latino-américains, ni la suspension de l’aide de l’Union européenne ne sont venus à bout de la dictature.

Pour l’avocate des droits de l’homme états-unienne, Eva Golinder, il n’y a pas le moindre doute que les États-Unis sont ceux qui permettent aux putschistes honduriens de se maintenir au pouvoir.

Le moins que l’on puisse dire, écrit-elle sur le site Web Rebelion, est que l’administration Obama a condamné le coup d’état de façon très ambigüe.

D’abord, en parlant de « rupture de l’ordre constitutionnel » au lieu de « coup d’état », Washington a sciemment adopté le langage des putschistes qui se justifient en accusant le président Zelaya d’avoir le premier rompu avec la constitution du pays.

Les États-Unis ont aussi manipulé l’OEA de façon à ce qu’elle abandonne l’idée du retour au pouvoir immédiat du président Zelaya et adopte une solution de « négociations » entre « deux parties en conflit » de façon à gagner un temps précieux pour la dictature et à essouffler la résistance hondurienne.

La médiation du président costaricain, Oscar Arrias, a laissé croire que les deux positions sont acceptables, légitimé les putschistes et culpabilisé le président renversé d’une partie des faits ayant provoqué le coup d’état.

D’ailleurs, ajoute Golinder, la secrétaire d’état, Hillary Clinton, et ses porte-parole qualifient maintenant Roberto Micheletti de « président intérimaire ».

L’administration Obama n’a ni rompu les relations diplomatiques ni gelé l’importante aide financière et militaire fournie depuis 25 ans au Honduras, pas plus qu’elle n’a appliqué les mesures commerciales prévues dans le traité de libre-échange avec l’Amérique centrale (CAFTA) en cas de rupture avec la démocratie.

« Ces mesures, dit Laura Carlsen, directrice du programme Amériques, du Centre de politique international, coûteraient très cher aux putschistes et sont réclamées par la population hondurienne qui a clairement indiqué qu’elle est prête à en assumer les conséquences pour défendre la démocratie. »

Regroupés dans le Comité de résistance nationale contre le coup d’état (CRNG, en espagnol), les secteurs populaires prennent d’assaut les rues et les routes du pays et cela, sans faillir, depuis le premier jour du putsch.

Les manifestations auxquelles s’ajoute une grève générale illimitée font mal aux putschistes mais l’aide états-unienne continue d’affluer et le temps de jouer en faveur de la dictature.

Cette aide, par exemple, dit Andrés Pavon, directeur du Comité des droits humains du Honduras (CODEH), a récemment permis à Roberto Micheletti d’engager des commandos israéliens venus « mettre leur expérience palestinienne et colombienne au service des forces armées du Honduras ».

« Ils sont là, ajoute Pavon, pour provoquer agression et violence. Ils vont commettre des assassinats sélectifs et répandre la peur pour décourager les manifestations et démobiliser la résistance. »

Pour sa part, Marie Nassif-Debs, du réseau Tlaxcala, explique ainsi la présence israélienne au Honduras. En Israël, dit-elle, avant le coup d’état, les services secrets avaient déjà commencé à parler « d’une coordination entre l’Iran (par l’entremise du Hezbollah) et le Venezuela pour frapper les intérêts israëliens en Amérique latine ».

Diego Hernan Cordoba, membre de la rédaction de l’Agence de presse du Mercosur, va dans le même sens : le coup au Honduras est dirigé contre le Venezuela et l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

« Comme dans un jeu d’échecs, écrit-il, en bougeant un pion (Honduras), on cherche à ce que la pièce plus importante, le roi (ALBA), fasse un mouvement erroné permettant de mettre en échec le bolivarisme de Hugo Chavez. »

D’ailleurs, aux premiers jours du coup, le président Chavez, dit-on, brûlait de s’impliquer militairement dans le conflit.

« N’oublions pas, dit encore Cordoba, que l’engagement d’un pays de l’ALBA dans un conflit ferait une grande faveur aux faucons états-uniens de même qu’aux classes dirigeantes latino-américaines. »

Le coup d’état, ajoute-t-il, est aussi un avertissement de ces mêmes faucons à toute l’Amérique latine et même à l’administration Obama qui « doit comprendre qu’elle ne peut presque rien changer à la tradition impériale que la république nord-américaine a établi depuis la deuxième guerre mondiale. »

Pour le journaliste argentin, Luis Balboa, dans le contexte de l’actuelle crise financière mondiale qui a fortement frappé la croissance des entreprises et du choix opéré par la plupart des gouvernements progressistes de ne pas toucher aux structures de pouvoir de la droite, celle-ci reprend rapidement l’initiative, en Amérique latine.

En plus de remporter les élections législatives en Argentine, le 28 juin dernier, et au Mexique, le 5 juillet, la droite parraine une série d’opérations visant à démolir moralement les régimes qui combattent davantage les causes profondes de la misère.

Bilbao mentionne quelques-unes de ces opérations : le commando d’étrangers débarqué en Bolivie pour assassiner Evo Morales; la vidéo diffusée par CNN impliquant le président guatémaltèque, Alvaro Colom, dans le meurtre d’un avocat; la tentative d’abattre l’avion qui amenait Morales et Hugo Chavez assister à l’intronisation du président Mauricio Funes, au Salvador, et l’offensive internationale sans précédent de la presse commerciale contre le même président Chavez.

Tout cela, écrit-il, montre que « l’époque du contrôle de l’Amérique latine par des gouvernements constitutionnels, inaugurée dans les années 1980 par l’administration Carter, est maintenant révolue ».

L’écrivain et politologue argentin, Marcelo Colussi, croit, lui aussi, que « toutes les dictatures de l’histoire latino-américaine ne sont pas disparues parce que la plupart des nouveaux gouvernements de gauche n’y ont pas touché. ».

Le coup au Honduras est là pour nous le rappeler, dit-il. Tant que l’économie était forte, pas de problème. Mais avec la crise de 2008, les populations « pathétiquement, continuent d’être sans défense face aux pouvoirs de facto : quelques tanks dans les principales villes, des coupures d’énergie et une bonne campagne médiatique demeurent très difficiles, sinon impossibles à affronter. »

Colussi demande s’il est encore possible pour les mouvements populaires d’employer des moyens pacifiques alors que la réponse est la force brute. Il reproche aux « simulacres de démocratie de gauche », adeptes de la voie pacifique vers le socialismed’avoir « laissé leur population à la merci des actes criminels de la droite ».

« Bien au-delà, conclut-il, des bonnes intentions d’un jamais plus qui a circulé sur le continent après le retrait des dernières dictatures du 20e siècle, rien ne garantit, qu’avec de simples déclarations politiques, effectivement, jamais plus ne pourront revenir la répression, le sang et les guerres sales. »

Carlos Aguilar, lui, chercheur à l’Institut brésilien d’analyse sociale et économique, il croit que le « virage à gauche » expérimenté depuis une décennie en Amérique latine respire encore.

« Ce qui est certain, dit-il, c’est que le coup d’état marque une nouvelle ère et que celle-ci apporte de nouvelles possibilités de transformations que les populations et politiciens du continent se doivent de saisir! »

En ce sens, les élections qui auront lieu dans les deux prochaines années, au Chili, au Brésil et en Argentine, sont cruciales.



|Avec la bénédiction de l’administration Obama
1650|1704|Manchettes Coups_de_gueule|PQ – PLQ – ADQ : du pareil au même|2009-08-26 07:59:47|Léo-Paul Lauzon|

Mes amis, le PQ, le PLQ et l’ADQ, c’est pas mal du pareil au même. Trois partis logés à l’enseigne de la grosse droite. Je sais, je sais, certains vont tiquer en me disant béatement que le PQ est social-démocrate.

Que je hais ce terme «social-démocrate» fait sur mesure pour les hypocrites de droite qui veulent faussement se présenter au monde comme des gens de gauche. Qu’on se le dise; le PQ est aussi à droite, sinon plus dans certains domaines, que le PLQ et l’ADQ.

Disons que les trois partis sont, sans exception, pour la privatisation et la tarification de services publics comme la santé, les autoroutes, l’éolien, les barrages hydro-électriques et l’éducation, toutes des «vaches sacrées» qui donnent «l’illusion de la gratuité» qu’a seriné François Legault, ex-ténor du PQ.

Et les trois partis sont pour les baisses d’impôts aux compagnies et aux nantis, et en chœur, font l’éloge de la richesse des riches.

Contrairement à l’Ontario et les States qui ne versent rien aux écoles privées, les trois partis sont favorables aux très généreuses subventions publiques de 400 millions$ par année accordées par le gouvernement du Québec aux écoles privées, en plus des millions distribués «généreusement» par Hydro-Québec, Loto-Québec, SAQ et d’autres sociétés d’État aux institutions d’enseignement privées fréquentées par les rejetons du gratin économique et politique.

Même que l’ADQ était, au nom de la «liberté individuelle» de choisir, pour les bons d’éducation qui avaient été rejetés aux États-Unis par le très à droite George W. Bush qui les jugeait trop à droite. Ça veut tout dire de la véritable essence de l’Action démocratique du Québec.

Le PQ, entre autres, Bernard Landry et Jacques Parizeau, tout comme l’ADQ, sont ouvertement favorables à la privatisation d’Hydro-Québec à des opportunistes et inévitablement à des transnationales américaines ou européennes. Même que le PQ voulait à tout prix privatiser la SAQ ce que le PLQ s’est toujours refusé.

Bernard Landry était aussi favorable à une monnaie commune du Québec avec les États-Unis, soit l’utilisation du dollar américain et Lucien «Lulu» Bouchard voulait «adapter» le modèle québécois au merveilleux modèle social américain.

Et, «Bouchard conseille Dumont» que titrait le Journal de Montréal du 23 août 2002 tandis que l’ancien ministre péquiste et membre fondateur du Parti Jean Garon apportait son appui à l’ADQ lors du conseil général de ce parti politique que rapportait La Presse du 30 septembre 2007.

Quoi d’autre? Le PQ a initié et applaudi la vente, à des intérêts étrangers, de joyaux collectifs québécois comme Provigo, Biochem Pharma, Domtar, Cambior, etc. et a été partie prenante du démantèlement de sociétés d’État comme Soquip, Soquem, Soquia et Dofor, des instruments stratégiques nécessaires et primordiaux pour l’émancipation et la souveraineté économique du Québec.

Ils ont approuvé la vente de la Bourse de Montréal à la Bourse de Toronto. Même que le suave Jacques Parizeau avait dit que la vente de Provigo à Loblaws, y’a absolument rien là. Les investisseurs québécois n’auront à l’avenir qu’à acheter des actions de Loblaws et de sa compagnie-mère George Weston qu’il avait dit.

Brillante analyse économique venant d’un pseudo-nationaliste invétéré et supposé grand économiste devant l’éternel. Tant qu’a y être, pour Alcan, y’a vraiment pas de problème. Vous n’avez qu’à vous procurer des actions de Rio Tinto de Londres, la nouvelle compagnie-mère d’Alcan, transaction que le PQ a entériné. Vous n’aurez qu’à faire de même pour Hydro-Québec privatisée en acquérant des actions de la transnationale américaine ou française.

Au cours des dernières années, le PQ a eu comme conseiller économique deux anciens de l’Institut économique de Montréal, un organisme d’extrême droite, soit Daniel Audet, maintenant vice-président au Conseil du patronat et le seul et unique Maxime Bernier, du parti conservateur. Un peu plus et il retenait les services de Julie Couillard, l’ex de Maxime.

Puis, avec le PLQ, ils ont tout fait pour attirer, comme candidate, l’économiste Dominique Vachon, ex vice-présidente à la Banque Nationale et maintenant à l’Institut économique de Montréal, «promotion» rapportée dans le Journal de Montréal du 18 juin 2008.

Il y a aussi Jean-François Lizée, conseiller de toujours au PQ qui se prétend de la «gauche efficace» avec ses idées résolument à droite. Y’a ben juste lui qui se voit à gauche. Avec des gauchistes comme ça, tout le monde est à gauche au pays, même les conservateurs.

Vraiment, vous croyez le PQ à gauche avec des gens comme Lucien Bouchard, Jacques Brassard, Guy Chevrette, Joseph Facal, Bernard Landry, Jean Garon, André Boisclair, Michel Clair, Jacques Léonard, Pierre-Marc Johnson et la châtelaine Pauline Marois qui vient de mettre en vente sa chaumière pour la modique somme de 8 millions$.

Croyez-moi, on l’a échappé belle. Avoir fait la souveraineté avec ces idéologues de droite, le Québec serait devenu une colonie américaine comme l’est Porto-Rico. Entre être rattaché aux States ou au Canada, je préfère le Canada, mais un Canada souverain, pas une filiale américaine comme il l’est actuellement et un Canada socialiste, certes pas dirigé par des ultra-conservateurs.

Au mois d’octobre 2008, le Journal de Montréal titrait : «Le PQ veut recruter des députés de Mario Dumont» et La Presse : «Marois prête à accueillir des transfuges adéquistes». Compte tenu de la nature intrinsèque de l’ADQ, tout parti politique qui veut intégrer leurs députés, lui ressemble.

Même que, durant la dernière campagne électorale au Québec de 2008, le Journal de Montréal du 4 décembre 2008 titrait : «Alliance entre le PQ et l’ADQ? Pauline Marois n’exclut pas l’idée advenant l’élection d’un gouvernement libéral minoritaire». Et La Presse du 30 avril 2009 nous apprenait en exclusivité que : «L’ADQ a proposé une coalition au PQ en 2008». Franchement! C’est comme si au fédéral, le NPD s’alliait au parti conservateur. Le PLQ n’est définitivement pas mieux, comme le titrait le Journal de Montréal du 24 octobre 2008 : «Charest fier de son coup. Deux députés adéquistes abandonnent Dumont pour rallier l’équipe libérale».

Dur coup pour les péquistes qui se sont fait couper l’herbe sous le pied par les libéraux. Meilleure chance la prochaine fois! Voyez-vous Québec Solidaire, la seule véritable alternative progressiste au Québec, lorgner des candidats élus ou défaits de l’ADQ? Moi, non…

Et, d’autres p’tites vites juste pour vous… La Presse du 5 novembre 2002 titrait : «L’ex numéro deux de l’ADQ (Lysane O’Sullivan) sera candidate pour le PQ»; Le Devoir du 1er février 2007 titrait : «Un ancien candidat à la direction du PQ (l’ex député bloquiste de Chambly Ghislain Lebel) claque la porte» pour se joindre à… l’ADQ et l’article du Devoir du 27 février 2007 s’intitulait : «D’anciens péquistes et bloquistes (six exactement) candidats pour l’ADQ». Hum, hum! Ça sent drôle, vous ne trouvez pas?

Et il y a l’ancien chef du PQ, Pierre-Marc Johnson, qui a appuyé ouvertement la candidature de son «ami personnel» Raymond Bachand comme candidat «libéral» dans Outremont que nous a appris le Journal de Montréal du 6 octobre 2006 dans un texte intitulé : «L’ex-PM défend sa fille» qui travaille maintenant au cabinet du ministre libéral Bachand. Ça reste entre amis. L’entraide et le partage sont des belles vertus.

Enfin, Le Devoir du 20 juin 2009 nous informe que la minière Osisko, qui surfe sur des millions en fonds publics québécois et qui va exploiter un gisement d’or à Malartic en Abitibi, a recruté comme lobbyistes une péquiste (Isabelle Fontaine, la présidente des jeunes du Parti québécois) et un libéral et Le Devoir du 8 juillet 2009 titre : «Une fédéraliste notoire (la libérale Irène Marcheterre) dirigera la campagne électorale de Louise Harel» à la mairie de Montréal. Louise Harel qui représentait l’aile progressiste et le noyau «souverainiste pur et dur du Parti québécois». Très intéressant, n’est-ce pas?

Tant qu’à y être, Le devoir du 19 août 2009 nous informe que la «camarade» Harel a confié la responsabilité du chantier de la gouvernance de Vision Montréal a nul autre que l’économiste très à droite et très beaucoup fédéraliste Marcel Côté qui est entre autres actionnaire de la clinique médicale privée Rockland MD.

Oh, oh, attendez un peu, ce n’est pas fini. Que vois-je comme titre de cet article du Devoir du 28 mai 2001 : «Le PLQ glisse à gauche du PQ». Puis, le lendemain, très contrarié par cet article, le premier ministre du temps, l’ineffable Bernard Landry, réplique et Le Devoir du 29 mai 2001, titre alors ainsi sa réponse: «La gauche, c’est nous, plaide le premier ministre». Faut pas rire, c’est très sérieux. D’accord avec vous que ça commence à se compliquer.

Puis, pour nous mêler encore plus, nous qui le sommes déjà, le Devoir du 16 juin 2003 titre : «L’ADQ à gauche du PLQ». C’est à y perdre son latin même si j’en ai jamais eu. Ces trois articles du très sérieux journal Le Devoir démontrent bien la justesse de mes affirmations : PQ, PLQ et ADQ c’est du pareil au même et tous les trois à gauche paraît-il, en tout cas c’est eux qui l’affirment.

Si le PQ est à gauche, selon monsieur Landry, puis le PLQ à gauche du PQ et enfin l’ADQ à gauche du PLQ que nous dit Le Devoir, faut donc en conclure que l’ADQ est un parti d’extrême gauche.

Le patronat et leurs franchisés ont bien raison de se plaindre qu’au Québec c’est la gauche qui mène partout, même dans nos quotidiens comme La Presse et le Journal de Montréal avec leurs journalistes et leurs chroniqueurs marxistes-léninistes qui ne font que parler en bien de ces partis de «gauche».

La droite est vraiment absente au Québec, et même au Canada, n’ayant aucun parti politique pour faire valoir leurs revendications légitimes et leurs droits, car si l’ADQ c’est de la grosse gauche, le parti conservateur fédéral de Stephen Harper est alors vraiment communiste.

J’arrête draitte là parce que ça devient trop compliqué, pour ne pas dire complexe. En fin de compte, si le PQ, le PLQ et l’ADQ sont supposément tous à gauche et que je me permets de les critiquer souvent et durement, ça veut donc dire que je suis un gars à droite! Vous me suivez toujours?




|Trois partis logés à l’enseigne de la grosse droite
1651|1705|Manchettes Politique_Canada|Ouvert sur les States – Fermé sur le Québec|2009-08-26 08:06:05|Claude G Charron|

Ouvert. Fermé. À lire le dernier ouvrage de John Ibbitson, Open and Shut – Why America has Barack Obama and Canada has Stephen Harper, (1) on peut en déduire que ce journaliste torontois est bien de son temps. Il est à l’ère du numérique. À bas l’analogique avec son système décimal! Système à dix chiffres alors que le numérique n’en a que deux, le zéro et le un.  Quelle simplicité! Zéro : ouvert - Un : fermé. Ouvert : blanc - Fermé : noir. On repassera pour les nuances.

Ouvert, c’est l’Amérique d’Obama. Fermé, c’est le Canada de Harper. Le livre veut démontrer qu’avec l’élection d’Obama, les États-Unis sont projetés vers le haut. Tandis que le Canada va vers le bas. Et c’est à la suite d’élections à l’automne 2008 dans les deux pays que l’auteur en est venu à ces constats. Quel contraste entre les deux campagnes, se désole l’actuel correspondant du Globe and Mail à Washington. Belle démocratie que celle qui permet à quelques fermiers dans un État insignifiant du Middle-west d’exercer de l’influence sur qui deviendra président. Tandis que dans un pays comme le Canada où personne n’est en mesure de défier les hommes blancs bien installés au sommet de nos partis, on ne peut vraiment pas penser qu’un Obama puisse devenir premier ministre.  

Selon Ibbitson, ajouté au charisme de l’homme, la Toile devait tout chambouler. Ayant fait grand usage de cette capacité nouvelle de rejoindre les gens, l’équipe du dynamique candidat  a réussi son coup en forgeant une alliance entre jeunes électeurs désintéressés et libéraux urbains. Ceux-ci ont ensuite été rejoints par les Afro et Latino-Étasuniens. Et il est arrivé que la nouvelle administration soit restée en contact avec tout ce beau monde et c’est grâce à son appui quelle entend mener à bien la difficile réforme du système de santé et la nécessité d’une plus grande régulation de l’économie.

Mais quelle mouche a donc piqué Ibbitson pour qu’il en vienne ainsi à prendre les États-Unis comme modèle afin de changer des choses qui iraient cahin-caha au Canada ? Vieux routier du journalisme, comment se fait-il qu’il ait oublié quen politique tout est affaire de conjoncture ? S’il avait attendu, ne serait-ce que quelques mois avant d’écrire Open & Shut, il aurait appris que la présente révolution informatique peut tout aussi bien être l’apanage de l’autre Amérique, celle du Bible Belt, celle des petits hommes blancs qui n’en reviennent pas qu’une famille noire se soit installée à la Maison blanche. Et voilà que Fox News ne se gêne plus de montrer «l’homme providentiel » affublé de la célèbre moustache carrée d’Hitler ! Au Québec, on a déjà connu ça.

C’est donc à partir de ce «pays de lait et de miel » que serait devenu les États-Unis d’Amérique qu’Ibbitson propose des « idées révolutionnaires» pour le Canada. Et quelles «idées révolutionnaires» ! Imaginez. Qu’Ottawa s’immisce davantage dans les domaines de compétence provinciale, entre autres celui des villes et de l’éducation. Et qu’est ce que notre bonhomme suggère en ce dernier domaine? Que le pays adopte le modèle des «écoles à charte» qui permet à chacune de ces institutions de renvoyer tout enseignant qui semble peu performant. Pouvant le faire facilement, parce qu’il est interdit de se syndiquer dans ces écoles dites «à charte ».

Si Ibbitson admet qu’il a été un ancien autonomiste – il s’était déjà permis de comparer  le tandem Mike Harris/Lucien Bouchard, alliés contre Jean Chrétien, au tandem Oliver Mowat/Honnoré Mercier qui, en 1887, s’étaient unis contre la volonté de centralisation de  Macdonald -  il s’est maintenant converti et voit maintenant le Canada comme la fédération du monde la plus décentralisée. C’est oublier que les Macdonald et Brown s’étaient arrangés pour que les provinces ne soient que des vassales du gouvernement central. Et qu’ils s’étaient assurés que, dans leur BNA Act, il soit bien inscrit qu’Ottawa devait assurer «la paix, l’ordre et le bon gouvernement». On a su bien vite apprécier cette petite phrase.

Ibbitson semble vouloir coupler les institutions politiques canadiennes à l’ossature constitutionnelle du pays des check and balance  sénateurs et représentants ont toute liberté de voter comme ils leur semblent la meilleure façon d’assurer leur réélection Il veut convaincre que la démocratie se porterait mieux au Canada par une augmentation du pouvoir d’un premier ministre qui en a déjà trop, et qui ne l’est souvent devenu que par la volonté de moins de la moitié des électeurs. Procédé tout aussi bâtard et pernicieux que de vouloir importer ici le système de dépouilles. Ce serait revenir au temps où, suite à une défaite du gouvernement, le nouveau premier ministre se dépêchait de remplacer la plupart des commis de l’État par des personnes de sa couleur politique.  

Mais ce qui semble la plus forte obsession de notre bonhomme reste le fait que la continuelle élection de députés du Bloc à Ottawa empêche le pays d’avoir un gouvernement majoritaire. Open & Shut est plutôt shut quand il s’agit de parler du Québec. En fait, hormis Céline Dion, c’est comme si la nation québécoise n’existait pas. Et quel irritation que cet autre Dion, incapable de parler correctement l’anglais et s’étant permis de suggérer une coalition ! What a shame que cette idée en anglo-saxonnie ! L’obsession de l’irréductible société québécoise dérange tellement Ibbitson qu’il en vient à déplorer qu’il n’y ait pas eu de guerre civile au Canada. Page 46: We didn’t. Maybe we should have, because the Civil War was the best thing that ever happened to the United States.”

Une suggestion comme une autre en attendant de crever définitivement l’abcès, notre homme ne propose rien de moins que pour qu’un élu puisse siéger à la Chambre des communes, il doive porter serment d’allégeance à la Constitution plutôt qu’à la reine. Chantal Hébert a déjà  démontré que cette idée n’atteindra pas le but fixé par Ibbitson. Tout simplement parce que la Constitution ne spécifie aucunement qu’une province ne puisse de son plein gré sortir de la fédération. (2)

John Ibbitson est un intellectuel qui n’a pas fini de tourner en rond. Il a déjà été un fervent défenseur du renforcement de la souveraineté canadienne, mais voilà qu’avec l’arrivée d’Obama, il voudrait que nos institutions politiques s’apparentent davantage aux étasuniennes. Tout en conservant la monarchie. La quadrature du cercle, quoi! Et le Québec dans cet Anglosphère avec capitale à Washington ? Pourquoi ne pas pratiquer le tough love sur une province qui ne veux pas marcher au pas, semble nous dire Open & Shut. 



  1. John Ibbitson, Open & Shut – Why America Has Barack Obama and Canada has Stephen Harper, McClelland & Stewart, Toronto, 2009
  1. Chantal Hébert, En finir avec la Bloc québécois, Le Devoir, 8 juin 2009

 



|L’Open & Shut du journaliste John Ibbitson du Globe and Mail
1652|1706|Caricatures|Les aveux du terroriste|2009-08-26 08:21:02|Simon Banville|





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1653|1707|authebdo|L'aut'hebdo - 28 août 2009|2009-08-26 15:50:19|L'aut'journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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COUPS DE GUEULE

Le mépris n’aura qu’un temps ! Vraiment ?
« … je propose que nos canons mettent le feu à la ville, qu’ils détruisent les récoltes, les maisons et le bétail (…), et je propose d’expédier en Europe le plus grand nombre possible de Canadiens en ne laissant derrière moi que famine et désolation ».
par Michel Rioux

PQ – PLQ – ADQ : du pareil au même !
Trois partis logés à l’enseigne de la grosse droite
par Léo-Paul Lauzon


INTERNATIONAL

La droite bouge le pion du Honduras
Avec la bénédiction de l’administration Obama
par André Maltais


Les dessous du Congrès du Fatah
Entrevue avec un délégué du Fatah
par André Le Corre


CANADA-ANGLAIS

Ouvert sur les States – Fermé sur le Québec
L’Open & Shut du journaliste John Ibbitson du Globe and Mail
par Claude G Charron


ÉDUCATION/RÉGIONS

La fin des cégeps ?
Un réseau d’enseignement assiégé
Alain Dion


ENVIRONNEMENT

L’éolien et la révolution énergétique
Le plus important gisement éolien est au Québec
Gabriel Ste-Marie


MOUVEMENT des FEMMES

Au nom du père et du fils

À propos des crimes d'honneur
par Louise Mailloux


BANDE DESSINÉE

Asymptote : Les aveux du terroriste
par Simon Banville


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1654|1708|Manchettes Mouvements_des_femmes|Au nom du père et du fils…|2009-08-27 08:51:06|Louise Mailloux|

En juillet dernier, quatre Montréalaises d’origine afghane dont trois sœurs, Zainab (19 ans), Sahar (17 ans) et Geeti Shafia (13 ans) ainsi que Roma Amir Mohammed (50 ans) ont été retrouvées mortes dans le canal Rideau à Kingston en Ontario.

On a d’abord retenu la thèse de l’accident puis le père, la mère et le fils de 18 ans ont été arrêtés et accusés de meurtre prémédité et de conspiration. Selon les autorités policières, même si la chose n’a pas été confirmée publiquement, il pourrait s’agir d’un crime d’honneur.

 

LE PRIX DE LA MARIÉE

Bien sûr il n’est pas rare que des cas de violence conjugale à l’égard des femmes se terminent par un meurtre dont l’auteur est souvent l’ex-conjoint de la victime qui n’accepte tout simplement pas que celle-ci le quitte ou veuille divorcer.

Blessés dans leur orgueil de mâle qui va perdre sa « chose » qui lui faisait des tartes depuis 30 ans, ces hommes frustrés tuent leur conjointe et parfois même leurs enfants, mais en agissant seul, sans pouvoir compter sur l’aide ou l’approbation de leur famille.

Ce qui n’est pas le cas pour les crimes d’honneur dont la spécificité est d’impliquer les proches de la victime comme complices du meurtrier par leur participation, leur accord tacite et leur silence hypocrite.

Ainsi chaque année, des milliers de femmes, 5000 selon les chiffres de l’ONU, sont victimes de crimes d’honneur dans le monde. Des meurtres souvent maquillés en accidents ou en suicides et dont la famille se fait complice. Des crimes souvent impunis perpétrés par le père, le fils, le mari, le beau-frère, l’oncle ou le cousin du beau-frère de l’oncle sur une femme dont le comportement sexuel salit et déshonore la famille.

C’est dire que de la puberté jusqu’à la ménopause, les ovules de Poupoule demeurent sous haute surveillance. Une tâche titanesque qui a occupé les hommes tout au long de l’Histoire. Plus que la guerre, la bière ou le foot, les ovules de Poupoule font toujours courir les foules.

Femmes infidèles ou tout simplement soupçonnées de l’être, coupables de s’être « laissées violer », d’avoir eu des relations sexuelles avant son permis de conduire, d’être filles-mères, d’avoir refusé un mariage arrangé avec le plus vieux des cousins du beau-frère de son oncle, de vouloir divorcer, d’avoir flirter avec un garçon, de lui avoir téléphoné, d’avoir mangé une poutine avec lui, de l’avoir séduit, lui, l’étranger boutonneux derrière son 7Up, devant tout le monde, en plein resto de La Belle Province. Décidément, la Juliette, elle en a dedans pour vouloir vivre comme les Québécoises!

La faute? Vouloir être libre et vivre à l’occidentale. La punition? Une exécution extrajudiciaire commise par les hommes du clan à qui appartient le corps, la sexualité et la virginité des femmes qui incarnent la pureté ou la souillure de leur famille.

Ces femmes considérées comme des vulgaires marchandises que les hommes contrôlent et s’échangent entre eux, pour asseoir leur pouvoir, assurer leur lignée, exhiber leurs richesses, montrer des dents comme les gorilles et imposer le respect auprès des autres gorilles du quartier.

Femmes-objets dont le droit à la vie est intimement lié au respect des traditions plutôt qu’à la Déclaration des Droits de l’Homme, et dont la transgression signe inexorablement leur arrêt de mort.

Une mort annoncée dans le regard endurci de l’entourage, une mise à mort rituelle dans la froide approbation générale. Une sorte de lapidation en règle. Seule contre tous. Sans même pouvoir s’accrocher aux jupes de sa mère qui obéit au mari, pas plus qu’à la DPJ qui se défend d’avoir les mêmes formulaires pour tout le monde.

Pas de racisme, évidemment! Mais toujours seule comme sur un parking de centre d’achats à 9h10 le vendredi soir. Une honte publique qui appelle une réparation publique. Voilà pourquoi les hommes de la tribu s’en débarrassent comme on jette à la poubelle une viande faisandée.

 

LE VOYAGE DE NOCES

Partout à travers le monde, en Inde, au Brésil, au Pérou, en Israël mais surtout dans la grande majorité des pays musulmans qui sont les premiers concernés par ces pratiques odieuses et rétrogrades (Maroc, Turquie, Égypte, Palestine, Liban, Syrie, Jordanie, Yémen, Irak, Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, Iran, Soudan, Nigeria) ou dans les communautés musulmanes immigrées d’Europe (Royaume-Uni, Suède, Norvège, Danemark) ou d’Amérique (États-Unis, Canada) encore aujourd’hui, pour l’honneur des mâles, les femmes paient de leur vie.

Dans le plus strict respect des traditions, de la culture et de la religion et ce, au mépris de maintes Conventions.

En novembre 2000, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution sur « des mesures à prendre en vue de prévenir et d’éliminer les crimes d’honneur contre les femmes en recourant à des mesures législatives, éducatives et sociales ».

La résolution fut votée par 120 pays, alors que 25 autres se sont abstenus, pour la plupart musulmans. Ce qui n’étonne nullement puisque la majorité des crimes d’honneur se produisent dans ces pays.

 

LA DANSE DE LA MARIÉE

Comment expliquer cela? L’islam est demeuré collectiviste dans sa mentalité comme au temps de Mahomet. C’est dire que la communauté prime sur l’individu, que l’on favorise le groupe et que la liberté individuelle si chère à nos sociétés démocratiques apparaît comme la pire des pestes.

Et encore plus détestable et menaçante, la libération des femmes qu’a connu l’Occident, particulièrement la libération de leur corps qui les a libérées de la maternité obligée, libérées de la famille et leur a permis du même coup d’autres libérations qu’elles soient sexuelle, intellectuelle, économique ou politique. « Qui libère la femme, libère tout le reste » nous dit Malek Chebel. La formule est belle et terriblement vraie!

Voilà pourquoi le féminisme et la libération des femmes constitue pour l’islam le pire des dangers, le mal absolu, l’hérésie suprême qui ferait s’écrouler toutes les hiérarchies puisqu’elle est l’expression la plus forte et la plus criante de la liberté individuelle, ruinant du même coup l’autorité et les prérogatives des hommes sur les femmes telles que proclamées dans le Coran.

Voilà aussi pourquoi les ovules de Poupoule sont la propriété du clan et doivent être étroitement surveillées par tous les hommes du clan. Parce que la femme est essentiellement une fabrique de musulmans, la matrice de toute la communauté et que son « lieu naturel » demeure le foyer. Ici, on naît femme, n’en déplaise à Beauvoir et toutes les autres folles.

C’est pourquoi lorsqu’elle sort du foyer pour aller à l’Université ou faire des courses sur la rue Bélanger, elle doit cacher son corps et se déguiser en « Femme invisible » pour se dérober au regard des autres hommes parce qu’elle n’est pas libre de son corps, pas plus que de son désir sexuel et amoureux.

En revanche, ces femmes pourront toujours être libres d’étudier et de travailler, et nous le répéter à satiété, mais jamais on ne leur accordera la liberté sexuelle dont jouissent les femmes occidentales. Et dites-vous bien que celles qui s’y risquent le font parfois au péril de leur vie.


MOURIR À TUE-TÊTE

Les meurtres de Kingston ne sont pas les premiers crimes d’honneur à se produire au Canada. Rappelons-nous en décembre 2007, le cas de la jeune ontarienne Aqsa Parvez assassinée par son père parce qu’elle refusait de porter le voile.

Mais au Québec, la frilosité des médias et le silence embarrassé de la gauche et des groupes de femmes lorsqu’il s’agit de dénoncer ces crimes d’honneur ont pour effet d’étouffer le scandale et de donner un appui aux assassins plutôt qu’aux victimes.

On ne peut pas, sous couvert de lutter contre la mondialisation ou le racisme, encourager par notre silence, ces pratiques ignobles à l’égard des femmes et des jeunes filles, et abandonner à leur sort toutes celles qui aspirent à l’autonomie et souhaitent vivre comme nous.

Il faut, bien au contraire, donner à ces pratiques le plus de visibilité possible parce que la loi seule ne suffit pas pour changer les mentalités, apporter un support et protéger ces femmes. Et s’il s’agissait de NOS FILLES, ne serions-nous pas plus nombreuses à CRIER?...




|Pour comprendre les crimes d'honneur
1655|1709|Manchettes Coups_de_gueule|Le mépris n’aura qu’un temps ! Vraiment ?|2009-08-27 09:03:23|Michel Rioux|

Quand il a donné à son film sur les ouvriers de la construction le titre Le mépris n’aura qu’un temps, le cinéaste Arthur Lamothe, inspiré par Michel Chartrand, qui présidait alors le Conseil central de la CSN à Montréal, devait être en effet convaincu que le temps du mépris achevait. C’était en 1969. Ce cher Arthur Lamothe, comme plusieurs d’entre nous, manifestait un optimisme que la suite des choses allait devoir tempérer.

Pourtant, si on avait retenu un tant soit peu les leçons de l’histoire, plus rien ne serait de nature à nous surprendre en ces matières de mépris où le Conquérant, et à sa suite les possédants et les élites à leur solde, se sont illustrés au-delà de la plus élémentaire des bienséances.

Pourtant, si on avait, parmi toutes les leçons que nous a données notre histoire nationale, gardé en mémoire plutôt que de ne ménager aucun effort pour les oublier les actes et les paroles qui ont été le fait de la Conquête, sans doute ne serions-nous pas aujourd’hui dans cet état de schizophrénie collective qui nous afflige depuis 250 ans et dont les débats autour de la commémoration de la bataille des Plaines d’Abraham représentent la plus récente des illustrations.

En mars 1759, six mois avant cette journée funeste du 13 septembre, le général en chef des armées britanniques, James Wolfe, écrivait à son bras droit, Jefferey Amherst, une lettre qui devrait faire rougir de honte celles et ceux, angéliques, amnésiques ou mieux encore insignifiants, qui se faisaient un plaisir de danser le menuet à la mémoire des nôtres qui, à l’époque, furent pillés et affamés, leurs demeures incendiées, leurs biens volés, les femmes violées par les bons soins de l’armée britannique. Et peut-on passer sous silence la guerre bactériologique lancée contre les Amérindiens par Amherst, qui leur fit distribuer des couvertures infectées par la vérole dans l’intention clairement affichée de les exterminer ?

 

Rues et monuments

Les talents épistoliers de Wolfe sont édifiants de clarté. « … je propose que nos canons mettent le feu à la ville, qu’ils détruisent les récoltes, les maisons et le bétail (…), et je propose d’expédier en Europe le plus grand nombre possible de Canadiens en ne laissant derrière moi que famine et désolation ». Les Anglais s’étaient fait la main en matière de déportation sur les Acadiens quatre ans auparavant.

Wolfe a sa rue à Montréal et son monument à Québec. Amherst aussi a sa rue à Montréal et un village des Laurentides porte son nom depuis 1887. Quand ce ne sont pas les autres qui nous méprisent, on se le sert nous-mêmes à tour de bras. Combien de peuples, en effet, célèbrent de la sorte ceux qui les ont conquis par les armes et semé la dévastation de la pointe Lévis jusqu’à Kamouraska, sur la Côte-du-Sud, et jusqu’à Baie-Saint-Paul, de l’autre côté du fleuve, ne laissant derrière eux que ruines fumantes ? Un peuple qui jusque-là s’occupait à vivre devra désormais, exsangue et décapité, s’acharner à survivre.

Il fallait l’ineffable André Pratte pour voler au secours de ce même Amherst, dont certains avancent l’idée de rayer son nom des rues de Montréal. « Si, au début du XIXe siècle, on a choisi d’honorer la mémoire d’Amherst, c’est parce qu’il était un héros aux yeux des Anglo-Montréalais de l’époque. L’existence d’une rue Amherst n’a donc rien de déplorable ; elle offre une occasion de plus de mieux connaître et de mieux enseigner notre histoire. » Justement, quand on sait ce qu’on sait de ces sinistres personnages…

Il ne faudrait pas non plus oublier qu’à Westmount, le boulevard s’appelle toujours Dorchester, et pas René-Lévesque, comme partout ailleurs dans l’île. Va donc pour Lord Sherbrooke, Wolfe, Amherst, Dorchester et autres brillants représentants de la couronne britannique, mais fi de ce petit énervé de New-Carlisle qui a joué avec nos nerfs. Carlisle ? Tiens donc ! Et Carleton, et Craig…

 

Si ce n’est pas du mépris…

Par une chaude journée d’août, un résidant de NDG se présente à une piscine située tout près de chez-lui, à Westmount. Mais comme il n’est pas de Westmount, impossible de s’y baigner. Même si les Westmountais peuvent à leur guise aller tremper leurs jolis pieds dans celles de Montréal. C’était comment déjà en Rhodésie et en Afrique du Sud dans le temps ?

Un récent exemple de ce mépris distillé sur le dos de ce peuple qui n’en finit plus de se justifier a été publié fin juillet dans Le Devoir. Un certain Lee Gordon, étudiant à McGill, y cassait plus que du sucre sur notre prétendue constipation intellectuelle et notre tribalisme supposément avéré. « L’identité nationale est un vestige tribal dont l’être humain semble incapable de se départir. Il serait peut-être temps que les Québécois de langue française saisissent tout le danger et toute la stupidité du chauvinisme. “Je me souviens”... de quoi au juste ? » Justement, mon cher Gordon, nous sommes heureusement encore quelques-uns à se souvenir de tout ! Et quand il termine son brûlot en lançant : « Il est temps que le Québec sorte de sa névrose identitaire », on a comme la curieuse impression qu’il se livre à ce que les psychiatres appellent de la projection.

Le 13 septembre, à l’instar de Néron qui jouait de la lyre pendant que Rome brûlait, le maire Labeaume pourrait peut-être, couché à plat ventre sur les Plaines, jouer de la cornemuse en l’honneur des conquérants ?


|« … je propose que nos canons mettent le feu à la ville, qu’ils détruisent les récoltes, les maisons et le bétail (…), et je propose d’expédier en Europe le plus grand nombre possible de Canadiens en ne laissant derrière moi que famine et désolation ».
1656|1710|Société Accueil_Analyses|La fin des cégeps ?|2009-08-27 09:07:55|Alain Dion|

Que se passe-t-il donc avec le réseau d’études collégiales ? Chaque début d’année scolaire ravive les mêmes inquiétudes, chuchote les mêmes rumeurs et ramène une réalité qui semble immuable. Sous-financement chronique, fermetures ou suspensions de programmes d’études, diminution de l’effectif étudiant, remise en question de la formation générale, etc. Le portrait semble bien sombre n’est-ce pas ? Les causes sont multiples. Identifiées. Les solutions possibles. Si on les aborde avec courage.

Rappelons que les premières véritables difficultés du réseau collégial sont apparues à la fin des années 90. Le gouvernement de Lucien Bouchard prenait alors une décision extrêmement pénalisante, particulièrement pour les cégeps en région.

Le financement des cégeps qui était jusque-là basé sur le nombre de groupes formés  — on formait un groupe de 10, 12 ou 25 étudiants et on obtenait le financement nécessaire pour offrir ce cours — passait, à la fin des années 90, à un financement lié à chacun des étudiants inscrits à un cours dans un programme donné.

Et les calculs du ministère s’accompagnaient d’une variable qui, grosso modo, exigeait la présence de 60 étudiants inscrits à un programme d’études sur trois ans (une moyenne de 20 par cours à chacune des années) pour obtenir un plein financement.

À première vue, cette mesure semble bien inoffensive. Mais dans un contexte de baisse démographique comme nous le vivons depuis le début des années 2000, ce nouveau mode de financement est venu mettre une pression insoutenable pour les collèges en région qui ne peuvent atteindre des seuils aussi élevés d’admission.

Les cégeps se retrouvent alors aspirés dans une spirale sans fin. On suspend ou on ferme des programmes. Les jeunes doivent quitter leur région pour poursuivre leurs études, ce qui vient à nouveau diminuer le bassin de recrutement potentiel et entraîner à brève et moyenne échéance la fermeture de nouveaux programmes.

Vous voyez le tableau ? Pourtant les collèges ont pour mission d’offrir un enseignement de qualité, tout en proposant une offre de programmes variée permettant aux jeunes de développer leur plein potentiel et participer ainsi au développement social, culturel et économique de leurs coins de pays respectifs.

 

Le manège libéral

Comme si cette réalité ne suffisait pas, l’un des premiers chantiers entrepris par le gouvernement Charest et ce, dès son élection d’avril 2003, aura été celui portant sur l’avenir de l’enseignement collégial.

Le ministre de l’Éducation d’alors, Pierre Reid, se donnait comme objectif de revoir de fond en comble le rôle et la mission des cégeps. S’inscrivant dans la même démarche idéologique des libéraux qui s’acharne depuis leur arrivée au pouvoir à démolir le modèle québécois, ce chantier allait par contre permettre à la population québécoise de clamer très clairement son désaccord avec les orientations libérales. 

En effet, au printemps 2004, lors du Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, les étudiants, les parents, le personnel des collèges, les universités, les employeurs et même la majorité des éditorialistes réaffirmaient haut et fort que le réseau collégial avait non seulement rempli sa mission d’accélérer la scolarisation de la population québécoise, mais que les cégeps s’étaient constamment et parfaitement adaptés à l’évolution économique, sociale et culturelle du Québec moderne.

Toutes et tous convenaient qu’on ne devait pas démanteler le réseau collégial, mais qu’il était au contraire nécessaire de tout mettre en œuvre afin de favoriser son développement.

Il faudrait d’ailleurs le rappeler aux jeunes adéquistes qui, au cours des derniers jours, ont exhumé une proposition totalement farfelue recommandant l’abolition de la formation pré-universitaire dans les cégeps.

Même la Commission de l'éducation arguait dès mars 2003 qu'il fallait de façon urgente revoir le mode de financement des cégeps, lancer une vaste campagne d'information sur l'enseignement collégial et surtout permettre aux cégeps de régions de développer des créneaux exclusifs favorisant ainsi une redistribution nationale de l'effectif étudiant.

Depuis, non seulement le gouvernement Charest n’a proposé aucune mesure favorisant le développement du réseau collégial, mais il a plutôt laissé le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) s’acharner à fragiliser encore davantage les institutions en difficulté, particulièrement les cégeps et centres d’études collégiales situés en région, en multipliant les embûches administratives et en resserrant encore davantage les mesures de financement.

Pendant la même période, on a également permis à des collèges des grands centres de développer des programmes entrant directement en compétition avec ceux offerts en région.

Le gouvernement Charest, par opportunisme politique, par aveuglement idéologique ou tout simplement par lâcheté a abdiqué ses responsabilités et a abandonné la gestion du réseau des cégeps aux mains de quelques hauts fonctionnaires autocrates, qui n’ont pas de compte à rendre à personne.

Ces hauts fonctionnaires anonymes qui orchestrent silencieusement le démantèlement du réseau collégial et qui n’en finissent plus d’exécrer les choix d’un peuple.

Quand on sait que l’ensemble des intervenants du marché du travail s’inquiète présentement de la pénurie d’une main d’œuvre qualifiée et autonome, que la majorité des programmes techniques offrent un taux de placement exceptionnel aux étudiantes et étudiants, on ne peut que dénoncer l’attitude du gouvernement Charest, qui par son immobilisme crasse freine la scolarisation des jeunes de toutes les régions du Québec.

 

Un marché de l’Éducation

Nous le constatons depuis quelques années, le gouvernement Charest poursuit son oeuvre dévastatrice en appliquant la plus pernicieuse politique du laisser-aller, la loi du marché autorégulateur dirait-on dans les sphères néolibérales.

Et la ministre des Sports qui dans ses loisirs s'intéresse parfois à l'Éducation, Michèle Courchesne, est totalement satisfaite de la situation. Elle n'a même pas besoin de se mouiller. Les collèges en régions ferment ou suspendent eux-mêmes des programmes et développent toutes sortes de patentes pédagogiques ou administratives afin de parer au sous-financement et à l'immobilisme des libéraux.

Nous assistons donc à un véritable siège du réseau collégial. Le laxisme des libéraux conduit aujourd'hui les gestionnaires des cégeps à s’inscrire dans une culture marchande de l’Éducation, entraînés dans une compétition féroce et souvent bien inégale entre les institutions afin de courtiser «la clientèle» potentielle.

On recrute quelques étudiants à l’étranger pendant que certains collèges de Montréal et de Québec débordent. On développe à un rythme effréné des attestations d’études collégiales (AEC), versions écourtées et sans formation générale, au détriment du diplôme d’études collégiales (DEC).

On mélange des cohortes d’étudiants afin de minimiser les coûts, on courtise le secteur privé, on diminue les exigences d’admission, etc. Une véritable fuite en avant qui va à l’encontre de la mission des cégeps et qui fragilise un pan entier de notre système d’Éducation ! Même le PDG de la Fédération des cégeps propose de suivre la voie des commerces et d’élargir la plage horaire des collèges en offrant de la formation le soir et la fin de semaine. Du délire !

 

Des solutions et du courage

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille baisser les bras et tout abandonner. Au contraire ! Il faut exiger du gouvernement du Québec qu’il fasse preuve de responsabilités éducative et sociale et qu’il réinvestisse — et pas seulement dans le béton — dès maintenant dans l’enseignement collégial en proposant un financement qui respecte les réalités géographique et démographique ainsi que la mission des institutions en région.

En juillet dernier, même la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur, chapeautée par l’UNESCO, insistait sur l’importance d’investir dans les études postsecondaires. Il faut également exiger du gouvernement québécois qu’il s’engage sérieusement dans une campagne de promotion et de valorisation de l’éducation avant qu’il ne soit trop tard. Il est inconcevable que 40 % de nos jeunes ne terminent pas leurs études secondaires.

Pourquoi ne pas donner suite à la recommandation qui proposait d’attribuer des programmes nationaux exclusifs et le développement de créneaux d’excellence pour les cégeps en région qui ne seraient pas mis en compétition avec les grands centres ?

Il faut travailler à renverser la tendance dévastatrice de la migration vers les grands centres et chercher à diriger les gens de la ville vers nos régions dites éloignées ! Il faut à tout prix sortir de cette vision concentrationnaire de l’Éducation !

Avant d’accepter d’augmenter le nombre d’étudiants dans certains collèges, pourquoi ne pas mettre en place des mécanismes favorisant le déplacement de ces jeunes vers des collèges en manque d’effectif ?

Cette mesure favoriserait la venue en région d’une horde d’étudiants qui découvriraient de nouveaux coins du pays. Cette approche pourrait même faciliter l’intégration de nouveaux arrivants à la société québécoise !

Plusieurs collèges en région recrutent présentement à l’Île de la Réunion par exemple, ce qui est très intéressant. Mais l’île de Montréal, ça vous dit quelque chose ? Il faudrait assurément réfléchir à la possibilité d’améliorer l’accessibilité aux études en réduisant l’endettement étudiant, en indexant l’aide financière aux études au coût de la vie et en permettant plus de souplesse au niveau des modalités de paiement des frais de scolarité.

Bien sûr ces mesures demanderaient du courage politique. Ce qui n’est pas jusqu’à maintenant l’apanage de la bande à Jean Charest…  



|Un réseau d’enseignement assiégé
1657|1711|Société Accueil_Analyses|L’éolien et la révolution énergétique|2009-08-27 10:16:16|Gabriel Ste-Marie|

Bernard Saulnier et Réal Reid sont deux ingénieurs spécialistes des éoliennes qui ont fait entre autre carrière à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ). Ils viennent de publier L’éolien au cœur de l’incontournable révolution énergétique.

Chaque facette de la filière est abordée et les aspects plus techniques sont bien vulgarisés, comme la technologie des composantes internes ou encore l’intégration d’un parc éolien au réseau électrique. Le livre démontre que les éoliennes sont aujourd’hui suffisamment fiables et rentables pour supplanter les filières traditionnelles comme le gaz, le charbon et même l’hydraulique.

La partie historique est fouillée et elle illustre comment le développement technologique a permis de rendre la filière aujourd’hui concurrentielle. Si l’éolienne produisant de l’électricité voit le jour à peine dix ans après l’ampoule électrique, elle ne se développe pas assez rapidement pour concurrencer les centrales hydrauliques ou thermiques.

L’électrification des campagnes des années 1930, jusqu’aux années 1950 pour le Québec, sonne la fin de ces machines qui se voient reléguées au pompage de l’eau pour l’irrigation des cultures.

La filière renaît dans les années soixante-dix, suite au choc pétrolier. Les auteurs nous apprennent, par exemple, que le Danemark se donne alors un plan visant son indépendance énergétique à long terme, en misant principalement sur les éoliennes. L’ancêtre de l’éolienne actuelle à trois pales avait justement été créée par un Danois dans les années 1950.

Saulnier et Reid expliquent que la filière se développe là où il y a une volonté politique. Par exemple, les éoliennes apparaissent en Californie au tournant des années 1980, suite à la mise en place de mesures fédérales encourageant les énergies alternatives, renforcée par une fiscalité locale avantageuse.

Il en sera de même pour l’Allemagne et l’Espagne dans les années 1990, avec leur programme de prix garantis. Ce système annonce un prix qui sera payé aux promoteurs pour toute quantité d’énergie produite.

Une étude de la firme Ernst and Young publiée à l’été 2008 démontre que cette façon de procéder donne un coût nettement moindre que le système de quotas-appels d’offres, celui qui a été utilisé au Québec récemment.

Les deux ingénieurs rappellent comment l’Espagne s’est assurée de maximiser les retombées économiques de ce choix : l’entreprise d’aéronautique espagnole Gamesa est allée chercher l’expertise du fabriquant d’éoliennes danois Vestas pour devenir à son tour un géant mondial. En à peine trois ans, le contenu local des éoliennes espagnoles a atteint les 90%.

Au Québec, c’est aux Îles de la Madeleine que le Conseil national de Recherches du Canada et Hydro-Québec implantent la première éolienne, qui sera opérée jusqu’en 1983. Il s’agit d’un modèle à axe vertical mesurant 36 mètres de hauteur. Hormis quelques éoliennes dispersées à travers le Canada, la suite du développement de cette filière se fait à Cap-Chat.

Le Conseil national et Hydro s’associent à Lavalin autour du Projet Éole, qui donnera la plus grande éolienne à axe vertical jamais construite : 96 mètres sise sur une tour de 14 mètres. Elle sera exploitée de 1988 à 1993. À cause de problèmes techniques, l’industrie se tournera plutôt vers les modèles à axe horizontal à trois pales. Cette grande éolienne hors d’usage est d’ailleurs entourée de 76 éoliennes danoises en opération depuis 1998.

Grâce aux avancées technologiques, chaque composante des éoliennes est constamment améliorée. L’intégration des parcs éoliens au réseau électrique et leur équilibrage se trouvent facilités. On connaît mieux le comportement des vents et le choix des sites est optimisé. Tout ceci a fait chuter le coût de production moyen de la filière à 5¢US le kilowattheure en 2002. L’éolien est désormais concurrentiel, sans même compter son avantage environnemental.

C’est pourquoi les deux spécialistes suggèrent de délaisser le mégaprojet hydroélectrique de la Romaine et le remplacer par deux grands parcs éoliens implantés dans le nord du Québec. L’un serait situé dans la région La Grande4-Laforge et l’autre à Manic-Bersimis-Outardes.

Selon leurs calculs, l’éolien revient moins cher, à certaines conditions. Il est par exemple essentiel qu’Hydro-Québec soit le maître d’œuvre des parcs éoliens, comme elle l’est pour les centrales hydrauliques.

C’est qu’en plus de bénéficier de meilleurs leviers de financement et d’une plus grande capacité à négocier auprès des fabricants, il est plus facile pour Hydro de bien choisir les sites en fonction de ses divers besoins comme l’intégration au réseau. C’est ce qu’on observe aux États-Unis : le coût du kilowattheure des parcs exploités par les utilités est nettement moindre que ceux des promoteurs privés.

Le Québec a le plus important gisement éolien de toute l’Amérique et il est d’une qualité exceptionnelle : il représente cent fois la production d’Hydro-Québec en 2008. Bernard Saulnier et Réal Reid proposent un développement d’envergure pour cette industrie.

En plus de combler nos besoins futurs, l’énergie éolienne doit être exportée à nos voisins, étant donné nos meilleurs vents. Les auteurs proposent la conversion du chauffage à l’huile et au gaz par l’électricité produite par l’éolien.

Ce choix écologique diminue notre empreinte écologique tout comme notre dépendance à l’importation d’énergie fossile. Tout ceci peut être entrepris dès maintenant. Cette filière pourra également alimenter les prochaines voitures hybrides et ainsi percer le marché des transports terrestres. Nous ajoutons à cela les transports en commun à développer, comme les tramways ou trains à grande vitesse.

L’ouvrage montre l’avantage québécois du potentiel éolien. Il montre également que le développement de la filière découle d’un engagement politique en ce sens. La vision des deux ingénieurs dépasse largement celle du gouvernement Charest et de Thierry Vandal.


SAULNIER, Bernard et Réal Reid, L’éolien au cœur de l’incontournable révolution énergétique, Éditions MultiMondes, paru le 29 mai 2009, 432 pages, ISBN : 978-2-89544-145-8




|Le plus important gisement éolien est au Québec
1658|1712|Caricatures|Pour se pratiquer|2009-08-28 11:21:47|Simon Banville|





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1659|1713|Manchettes Cinéma|Festival des films du monde|2009-08-30 11:13:28|Ginette Leroux|Un jeune homme solitaire


Les premières images de Distanz, en français Distance, montre un jeune homme qui travaille comme jardinier au jardin botanique de Berlin. Dans sa vie privée, Daniel Bauer mène une vie de solitaire, réglée au quart de tour.

Peu enclin à socialiser, il se laisse toutefois séduire par Jana, une collègue qui occupe un poste dans les bureaux. Comme elle est aussi de nature solitaire, elle est attirée par la timidité du jeune homme. Son côté farouche l’intrigue.

Débute alors une relation amoureuse qui changera leur vie. Pourtant, lorsque Jana comprendra le besoin irrépressible de Daniel pour les actes de violence gratuits, il sera trop tard… pour les deux. L’issue de cette histoire est troublante.

Distanz est le premier long métrage de fiction de Thomas Sieben, né à Cologne en 1976. Après des études de cinéma et de photographie aux États-Unis, il revient en Allemagne où il travaille comme producteur, monteur et journaliste pigiste.

Le traitement quasi-documentaire du film de Sieben rend avec acuité la psychologie détraquée de Daniel Bauer (brillamment interprété par Ken Duken) tout focalisant l’action sur les deux personnages principaux.

Le contraste entre le jeune homme froid, dépourvu d’émotions, et la chaleur que lui apporte l’amour de Jana (excellente Franziska Weisz) fait espérer, tout au long du film, que cette relation lui redonnera un peu d’humanité et, de ce fait, renversera la situation. Ce qui laisse le spectateur pantois devant l’issue de l’histoire.



Bullying ou l'intimidation à l'école

Selon le site Wikepedia, le bullying est un terme qui, désigne « une violence à long terme, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs agresseurs (bully) à l'encontre d'une victime (bullied) dans une relation de domination ». Ce terme, caractérisé par l'usage répété, non seulement de la violence physique, mais également des moqueries et autres humiliations, est avant tout utilisé pour décrire des comportements de harcèlement en milieu scolaire.

Le film Bullying de Josecho San Mateo raconte l’histoire de Jordi (rôle bien défendu par Albert Carbo), un adolescent de 15 ans, qui vit à Barcelone avec sa mère depuis la mort de son père. La mère endeuillée, grandement déprimée, survit à l’aide d’anti-dépresseurs et de rencontres suivies avec son psychologue. Inscrit à son nouveau lycée, le fils, d’un naturel doux et sans défense, voit sa vie entière tourner au cauchemar lorsqu’il est pris à partie par Nacho (magnifiquement joué par Joan Carles Suau), un camarade de classe de deux ans son aîné. Le harcèlement s’intensifie au fil des jours au point de devenir un enfer.

L’espoir surgit lorsque Jordi fait la connaissance d’Ania, une adolescente qui est victime, comme lui, d’intimidation dans son milieu scolaire. S’ensuit une relation amoureuse qui passera au drame lorsque la jeune fille sera sauvagement agressée par des élèves de son école. L’imprévisible réaction de Jordi en dira long sur ce problème social ignoré sinon encore mal géré par le système scolaire.

Tourné en langue catalane – dont le vocabulaire et la prononciation, s’apparente au français –, le film vaut la peine qu’on y prête l’oreille. Par exemple, vous serez surpris d’entendre le mot « d’accord », prononcé comme en français. Normal puisqu’on dit que le catalan et l’occitan, langue du sud de la France, sont des langues sœurs. Le choix du cinéaste catalan de livrer son film dans sa langue maternelle n’est pas étranger à un nouveau projet de loi voté en mars dernier à Barcelone qui veut que tous les films présentés en Catalogne à partir de 2011 devront être doublés en catalan.

Le film du cinéaste catalan se veut le miroir d’un problème aigu présent dans les pays de l’Union européenne où l’on compte plus de 39% d’élèves qui souffrent de harcèlement à l’école. Sans compter qu’en Espagne un élève sur 4 subit le même sort. Effarant. 

À voir.  

Bullying, Josecho San Mateo; Espagne; 97 mn; présenté les 3, 4, 5 septembre.



Jermal en Indonésie

Présenté en première nord-américaine dans la section Regard sur les cinémas du monde, Jermal, des cinéastes Ravi Bharwani et Rayya Makarim, raconte l’histoire de Jaya, orphelin de mère, qui vient rejoindre son père Johar, le responsable d’un jermal, une plate-forme de pêche construite sur pilotis située à environ 15km des côtes indonésiennes. Il est vite déçu. Le père rejette ce fils qu’il ne connaît pas puisqu’il s’est enfui au moment de la naissance de Jaya, refoulant dans sa mémoire son existence malgré les lettres nombreuses envoyées par la mère du petit.

Les premières images du film montre l’enfant assoupi dans une barque qui l’amène vers sa nouvelle vie, ayant pour seuls biens ses livres rangés dans son sac à dos et une boîte de carton contenant quelques vêtements. Arrivé à bord, Jaya doit faire sa place parmi les autres enfants, rudes et illettrés, qui se moquent de lui et de ses livres. Mais il apprendra vite. Son courage, sa détermination doublés d’une intelligence vive auront raison des mauvais traitements infligés par ses compagnons d’infortune, rendus cruels par l’éprouvante et l’insoutenable vie à bord. Sans compter que sa ténacité aura raison de la réticence de son père, un homme grossier, introverti aux accès de violence incontrôlable, à reconnaître sa paternité.

Sous les apparences d’une fable à la fin heureuse, le film de Ravi Bharwani et de Rayya Makarim dénonce, en filigrane, la situation des enfants esclaves, la plupart des orphelins qui n’ont plus personne pour s’inquiéter de leur sort, employés comme main d’œuvre bon marché à des tâches d’adultes bien au delà de leurs forces. Il faut saluer le jeu excellent et crédible des acteurs, jeunes comme adultes, réunis dans ce huis clos que constitue l’étroite plate-forme sur laquelle ils évoluent.

À voir.

Jermal, Ravi Bharwani et Rayya Makarim, co-production Indonésie, Pays-Bas, Allemagne, Suisse; 90 mn; présenté les 2, 3, 5 et 6 septembre.




|Les propositions de L'aut'journal
1660|1714|Environnement Manchettes|Aux États-Unis, l'industrie nucléaire se fait dire Non|2009-08-31 06:49:02|Nicole Béland|Nicole Béland détient un B.Sc. Géologie

Les temps sont durs pour les lobbyistes de l'industrie nucléaire aux États-Unis. Une agence indépendante d'information sur le nucléaire, la NIRS (Nuclear Information and Resource Service) vient de révéler qu'en 2009 l'industrie nucléaire a essuyé des refus dans chacune de ses requêtes auprès de six États américains pour faire lever les moratoires sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Ces moratoires demeureront donc en vigueur dans les États du Kentucky, du Minnesota, d’Hawaï, de l'Illinois, de la Virginie Occidentale et du Wisconsin. Notons que l'Illinois est l'État américain possédant le plus d'installations nucléaires à l'heure actuelle avec onze centrales.

Depuis le rejet par l'administration Obama du site de Yucca Mountain dans le Nevada pour l'enfouissement des déchets radioactifs et les dépassements de coûts astronomiques sur la construction de nouvelles centrales, la soit disant renaissance nucléaire ressemble plus à une entreprise pour sauver les meubles.

L'industrie nucléaire a également échoué dans sa tentative de faire reconnaître le nucléaire en tant qu'énergie renouvelable par les États de l'Indiana et de l'Arizona. De plus, elle a dû abandonner un de ses projets de faire abolir une loi californienne interdisant la construction de nouveaux réacteurs tant qu'un site d'enfouissement de déchets radioactifs n'est pas en opération.

Jennifer Nordstrom, coordonnatrice du projet Carbon-Free, Nuclear-free de l'Institut for Energy and Environmental Research du Wisconsin a déclaré que de « recommander la construction de centrales nucléaires pour combattre les changements climatiques équivaut à dire à un patient de fumer pour perdre du poids ».

Selon madame Nordstrom, les technologies de remplacement existent bel et bien pour permettre de se retirer complètement du nucléaire et des énergies fossiles d'ici 2050.

À l'heure actuelle, le nucléaire est jugé trop risqué par les investisseurs. Aussi, le seul moyen de poursuivre la construction de réacteurs est de faire assumer le risque financier par les contribuables. C'est ce qu'on appelle un CWIP (Construction Work in Progress).

Dans l'État du Missouri, une demande de CWIP a été refusée. En 2009, sur dix demandes d'alléger la législation pour favoriser le nucléaire, seulement une a été acceptée. Dans cet État, la Georgie,  le CWIP coûtera aux contribuables deux milliards de dollars avant même qu'un seul watt d'énergie ne soit produit par les deux réacteurs projetés.

Pour de plus amples informations, consulter l'article au lien suivant :

http://www.nirs.org/press/08-27-2009/1



|Pas de levée de moratoire pour la construction de nouveaux réacteurs
1661|1715|Environnement Accueil_Analyses|La solution empoisonnée de la bourse du carbone|2009-08-31 07:06:52|André Bouthillier|

Nous vivons tous à quelques kilomètres près d’une cheminée d’usine ou à un pas d’un tuyau d’échappement d’un véhicule motorisé. Leurs substances chimiques rejetées dans l’air  produisent des gaz à effet de serre et polluent nos poumons. Les deux faits sont-ils reliés? Oui et non! L’un nous empoisonne directement et l’autre bouleverse le climat, avec le risque de nous empoisonner la vie.

Solutions en vue? Oui une, sans garde-fou. Depuis les premiers débats sur les changements climatiques, une proposition du monde financier a rallié un consensus autour d’une idéologie dévastatrice, origine de l’éclatement de la « Bourse » lors des bulles technologique, du pétrole, puis de l’immobilier et maintenant de la crise économique à laquelle notre tout dévoué premier ministre Harper a consacré à même nos impôts un tout petit 200 milliards $ pour sauver les institutions financières canadiennes (1). Quelle est donc cette mirifique solution avancée par les requins de la finance et approuvée par nos dirigeants?

La tristement nommée « bourse du carbone ». Son fonctionnement est simple : notre pollueur préféré veut polluer davantage, il se présente à la bourse et achète un permis de polluer à un autre pollueur qui n’en n’a pas ou moins besoin. Ainsi, au détriment de notre santé, il pourra augmenter la quantité de rejets au lieu de chercher à les diminuer.

Attention, ce permis ne couvrira que les substances qui nourrissent les gaz à effet de serre. Les autres cochonneries éjectées par les cheminées ne seront pas diminuées ou mieux contrôlées.

Le comble, plus le gouvernement limitera sa capacité de pollution, plus notre pollueur paiera cher son permis, plus les boursicoteurs joueront sur la rareté des permis et plus le prix de la marchandise produite par notre pollueur préféré nous coûtera cher à l’achat.

Ainsi nous, les consommateurs, contribuerons au remboursement du permis et paierons les profits engrangés par les firmes de fonds spéculatifs, lesquelles se feront la course à la «bourse du carbone» pour faire monter les enchères et s’enrichir. Et notre santé? Aucune considération incluse.


La table mise, passons à l’histoire, aux enjeux et solutions

Début des années 1980, on parle du dérèglement du climat. Les scientifiques nous apprennent que le carbone produit par l’activité humaine crée le gaz à effet de serre (2) et accentue le réchauffement climatique.

À l’appui, un rapport a été publié en 2001 par le « Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) »  au sein de l’Organisation des Nations Unies. Peu importent les nuances des détracteurs, depuis la conférence de Copenhague en mars 2009, un consensus scientifique mondial confirme certains faits indéniables :

  • La hausse du niveau des mers au cours de ce siècle semblerait plus importante que prévue et porterait de graves conséquences aux villes côtières, aux terres agricoles et aux réserves d’eau douce.
  • Une hausse de température de deux degrés dans l’Arctique suffirait à déclencher la fonte du pergélisol (3), ce qui permettrait aux bactéries de dégrader les matières organiques emprisonnées dans les glaces et de produire des milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane entraînant encore plus de réchauffement.
  • Une hausse de quatre degrés pourrait provoquer une quasi-disparition des forêts tropicales humides de l’Amazonie, dont les répercussions effroyables sur la biodiversité et les conditions météorologiques de cette région déclencheraient de nouvelles émissions massives de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

S’ensuivront des conséquences que nous ne jugerons pas secondaires lorsqu’elles nous frapperont personnellement : la perte de terres aptes à produire des aliments, le rationnement en eau potable et le déplacement des populations suite à la submersion des terres (4).

En 2001, toujours à l'affût des dernières recherches scientifiques, Greenpeace Canada attachait le grelot médiatique : « Le Canada se réchauffe à peu près deux fois plus vite que la moyenne planétaire. Il n'y aura à peu près plus de glace en Arctique d'ici 2100. Le sud des Prairies canadiennes deviendra un désert en grande partie, avec des impacts socioéconomiques absolument phénoménaux. Ce scénario transformera le visage du Canada, qui connaîtra des catastrophes naturelles comme l’assèchement des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, des inondations et des vagues de chaleur qui feront augmenter de 88 cm le niveau de la mer. Ces bouleversements entraîneront l'engloutissement de l'Île du Prince Édouard, des Îles de la Madeleine, et certaines parties de la Colombie-Britannique. »

La majorité des médias ont ignoré ce communiqué de presse et les politiciens crièrent à l’alarmisme. Question culturelle peut-être, mais les Québécois, devant une catastrophe redoutée, souffrent du syndrome des « Joyeux Troubadours », chanson thème de la célèbre émission de radio:

« Ce sont des philosophes

au lieu de s’affoler

devant une catastrophe

se mettent à répéter

ne jamais croire,

toutes ces histoires,

c’est comme ça qu’on est heureux…

trouver le ciel bleu

quand il tonne et quant il pleut,

c’est comme ça qu’on est heureux » (5). 

Le scénario politique des élus se ressemble d’un parti à l’autre.  « Nous avons, un plan d’action », d’ânonner les Harper, Dion et autres grands chefs lors de la dernière campagne électorale fédérale.

Ces plans d’action locale tant débattus en période électorale se perdent à coup sûr à l’international; les années défilent à la suite de grandes conférences mondiales sans aucun changement local. Pendant ce temps, les cheminées de notre pollueur préféré continuent de cracher.

Pourquoi les élus se comportent-ils ainsi?

Comme le carbone provient principalement des cheminées d’usines et des tuyaux d’échappement des véhicules motorisés au pétrole, deux catégories d’électeurs les menacent.

Les premiers, investisseurs dans les caisses électorales et les autres, plus nombreux, ont leur bulletin de vote accroché à une mentalité de «touche pas à mon char», alors imaginez devoir taxer le tuyau d’échappement de nos véhicules!

Craignant de perdre leur élection et leur statut social, les ministres refusent d’imposer la règle impopulaire de pollueur-payeur. Ils évoluent en têteux de votes et non en dirigeants.tes éclairés.

En novembre 2006, la ministre de l’Environnement du Canada mandate la «Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie » de proposer des moyens de réduire, à moyen et long termes et de manière significative, les gaz à effet de serre (GES).

La réponse arrive de l’organisme indépendant, en janvier 2008 (6). Il faut faire payer les pollueurs et deux moyens sont suggérés :

  1. Taxe sur le carbone : une taxe directe à chaque cheminée émettant du gaz carbonique (CO2), incluant le tuyau d’échappement de notre voiture.
  2. Quotas et échange (Cap-and-Trade) : imposer une limite d’émissions à chaque secteur d’activité et laisser le marché développer un système d’échange (bourse du carbone) entre les entreprises très polluantes et celles moins émettrices.

Évidemment, le ministre conservateur de l’Environnement de l’époque refuse avec véhémence une « taxe sur le carbone ». Le Parti Libéral du Canada, le Bloc Québécois et le NPD préfèrent les quotas à la taxe au carbone sans toutefois l’exclure… il y a de l’élection dans l’air!

Quant au Québec, au printemps 2009, le gouvernement dépose le projet de loi 42, adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec, pour créer une bourse du carbone. Preuve que tous les politiciens refusent de prendre la responsabilité de taxer eux-mêmes les pollueurs.

Paradoxalement, en 2008, l'Association canadienne du gaz, évoque un malaise par la bouche de son président Michael Clelane : « Je rejette l'idée qu’une bourse soit plus équitable que la taxe. Au contraire, si vous avez amélioré votre efficacité dans le passé, alors vous consommez moins d'énergie, alors vous serez moins soumis à une éventuelle taxe.»

Ce raisonnement démontre que le gouvernement Charest, en choisissant la bourse du carbone, renonce à revendiquer auprès du fédéral la reconnaissance des efforts de production énergétique moins polluante par le Québec.

Une belle victoire pour le monde financier! Et quelle magnifique démonstration de ce lobby puissant dirigé par Al Gore, l’ancien candidat à la présidence états-unienne.

Souvenons-nous de sa série mondiale de conférences pour mieux convertir les groupes environnementaux et les élus; toute la machine financière se profile derrière lui. Au Québec, le journal La Presse, propriété de Monsieur Desmarais, lui organise l’événement. Jean Charest profite de l’occasion pour se pavaner à côté d’environnementalistes et promouvoir cette seule option.

Pour un cachet de 100 000 $ à 175 000 dollars $ Albert Arnold Gore Jr. prononce un discours de 75 minutes en digne sauveur planétaire. Les profits ainsi générés lui permettent de ramasser les capitaux nécessaires pour cofonder une société, la Generation Investment Management, avec trois anciens hauts dirigeants de la banque d’affaires scélérate, Goldman Sachs. Leur projet? Investir dans les crédits de carbone (7).

Selon Matt Taibbi, journaliste états-uniens (8) : « L’Avenir des banques d’affaires repose sur les crédits de carbone. Il s’agit d’un marché dans les trillions $ qui existe à peine présentement mais qui existera si le Parti démocrate états-unien, qui a reçu 4 452 585$ des lobbys pro-bourse du carbone durant la dernière élection, parvient à faire naître une nouvelle bulle spéculative de matière première, déguisée en programme environnemental nommé « échange de crédit de carbone »

 «  …   Il y aura des limites de production d’émission de carbone permise par année et ce, divisée par secteurs (centrales au charbon, les distributeurs de gaz, les producteurs d’électricité, etc). Si les compagnies dépassent le quota alloué, elles pourront acheter des « permis de polluer » de compagnies qui auront produit moins de gaz à effet de serre ou de carbone que le montant qui leur est alloué. 

 »La caractéristique de ce plan attrayante aux spéculateurs est que la limite sur le montant de carbone produit sera réduite par le gouvernement, ce qui signifie que les crédits du carbone deviendront de plus en plus rares à chaque année, les prix augmentant d’autant.

« Donc dans ce tout nouveau marché de la pollution de l’air, la principale denrée d’échange sera la garantie que le prix du permis de polluer augmentera constamment.

«  …Si la bourse du carbone (Cap and Trade aux USA) réussit, ne serons-nous pas sauvés de la catastrophe des changements climatiques? Peut-être – mais telle que présentée, elle est simplement une taxe sur le carbone, structurée pour que des intérêts privés ramassent les revenus, au lieu simplement d’ imposer un montant de taxe fixe sur la pollution au carbone et d’obliger les producteurs d’énergie polluante à payer pour la destruction qu’ils produisent. La bourse du carbone permettra à une petite tribu de cupides de Wall Street à New York, (de Bay Street à Toronto et de la rue Saint-Jacques à Montréal) de détourner une autre bourse des matières premières dans un système de collection de taxes privées. »

Selon Thomas Friedman, chroniqueur au New York Times, « On va donner aux gens de Wall Street le pouvoir de négocier de nouveaux « swaps/papiers commerciaux » et ça va se faire sur le dos de l'environnement cette fois-ci. Ces gens ne s'intéressent pas au réchauffement climatique, mais au rendement qu'on pourrait faire avec ce nouveau produit. » 

Pendant ce temps, en guise de protestation, vous êtes devenu membre d’Équiterre et de Greenpeace. Vous frappez un os, car les deux groupes adhèrent à la création d’une bourse du carbone.

Durant sa période Greenpeace, Steven Guilbeault déplorait l’indolence du gouvernement suite aux conclusions du Protocole en 1997. « Si en 1998-99, on avait eu un plan d'action comme dans la plupart des pays d'Europe, notre bourse du carbone serait déjà en opération. », dit-il (9).

Maintenant chez Équiterre, il encense le projet de loi 42 de la ministre Line Beauchamp et la bourse de carbone au Québec, négligeant les conseils des plus grands analystes qui, comme Hervé Kempf (10), suggèrent comme solution d’avenir de décrocher du capitalisme-financier et de fusionner l’écologie au social. En se joignant au consensus d’affaires, les deux groupes nous laissent sans porte-voix alternatif. 

Que faire? La résignation ne fera qu’empirer la situation. Vous désapprouvez l’idée de la bourse, il est trop tard pour y remédier car on la retrouve dans le protocole de Kyoto et, depuis mai 2009, la bourse du carbone de Montréal est en action.

Alors, en dernier recours, il reste à chacun de nous, par l’intérim de son groupe préféré, d’exiger un amendement à la loi québécoise pour empêcher la spéculation sur le prix des permis.  

En Angleterre, c’est déjà le merdier. Fin août 2009, les douanes britanniques ont arrêté à Londres, neuf personnes soupçonnées de tremper dans une vaste escroquerie aux crédits du carbone de plusieurs millions de dollars. « Outil flambant neuf de la lutte contre le changement climatique, le marché des quotas d'émission de CO2 a logiquement ouvert de nouveaux horizons aux aigrefins » (11).

Riccardo Petrella, le politologue, économiste italien, fondateur du Groupe de Lisbonne, disait: « Plus rien n’échappe à la privatisation : la santé, les gènes, l’eau et même l’air! Le marché du carbone n’est rien d’autre que la privatisation de l’air et on a eu le culot de le faire au nom du développement durable »

Le résultat? Un beau gâchis et une fausse solution qui enrichira le monde financier et appauvrira la santé des populations. En attendant, les cheminées continuent de cracher.

Je rêve du jour où nous obligerons les propriétaires et les membres des conseils d’administrations à résider dans le périmètre des crachats de leurs cheminées d’usines. Vous verrez, la situation changera rapidement.

Après la lecture de ce texte, peut-être déciderez-vous d’une démarche à suivre…

Que choisirez-vous : La bourse ou la vie?


Références

1 - Michel Chossudovsky - «Relance économique». La face cachée du budget Flaherty. Le montant faramineux de 200 milliards $ prévu dans ce que le gouvernement appelle un « Cadre de financement exceptionnel » pour venir en aide aux institutions financières canadiennes. En soi, ce transfert monétaire auprès des banques est la principale cause du déficit budgétaire et de l'endettement du gouvernement fédéral.

2 – Gaz à effet de serre : composé de Dioxyde de carbone, Méthane, CFC, Protoxyde d’azote, Ozone et autres

3 - Définition pergélisol / permafrost : un sol ou de la roche dont la température est inférieure à 0°C  au moins 2 années consécutives.

4 - George Monbiot, Editorialist, The Guardian, Angleterre, 12 mars 2009

5 – Les Joyeux Troubadours, une émission à la radio de Radio-Canada. Diffusée du 13 octobre 1941 au 2 septembre 1977.

6 Les pollueurs doivent payer, conclut la Table ronde. Le Devoir, LES ACTUALITÉS, mardi, 8 janvier 2008, p. a1, Hélène Buzzetti

7- Al Gore - Hors de prix : une vérité qui démange...Michel Tarrier Notre-Planète.info - 28 décembre 2007

8Matt Taibbi, juillet 2009. Écrivain, journaliste spécialisé en politique. Présentement auteur d'une chronique au magazine Rolling Stone USA. Les extraits proviennent d’un reportage d'enquête et d'analyse que j’ai traduit pour vous « Goldman Sachs — La grande machine à bulles américaine ».

9– Steven Guilbeault – Déclaration à Radio-Canada 2005 et Chronique environnement 12 mai 2009. Les Hebdos du groupe de journaux Transcontinental Médias.

10 – Hervé Kempf – Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, éd. Le Seuil, 2008, 152 p.

11Arthur Max - Associated Press, Amsterdam le 23 août 2009. Les nouveaux escrocs du marché du carbone





|Goldmand Sachs, Steven Guilbault, Équiterre, même combat!
1662|1716|Caricatures|La séance photo|2009-08-31 08:10:52|Simon Banville|




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1663|1717|Accueil_Actualités|Tout le monde est pareil…|2009-09-01 07:08:46|Pierre-Alain Cotnoir|

Je viens de lire votre point de vue dans L’Aut’Courriel. Si je suis d’accord avec bien des éléments que vous nous livrez (entre autres, votre présentation des Audet et autres conseillers spéciaux), je récuse toutefois votre analyse sur le fond. Oui, la différence est mince entre le PQ, le PLQ et l’ADQ, mais elle demeure présente.

Le PLQ et le PQ tirent leurs origines et s’alimentent depuis des décennies aux deux grandes tendances politiques présentes au Québec et qu’on pourrait nommer l’une par la famille des affairistes, l’autre par celle des syndicalo-progressistes. Ils ont chacun des visées qui divergent et d’autres qui convergent.

Ainsi, aucun ne remet en question le sacrosaint modèle productiviste de la croissance économique. Par contre, l’un espère en goûter les fruits au seul profit des détenteurs capitalistes intégrés au modèle canadian, l’autre rêve de créer de la richesse pour la répartir en partie dans ses poches et l’autre dans des programmes collectifs mis en place par un pouvoir politique étatique rapatrié.

Pour caricaturer, l’un, «chouayen» 1, s’acoquine depuis des lustres avec les Molson et les Desmarais, l’autre, «patriote», s’inspire de Papineau et de Desjardins.

C’est une différence d’appartenance non seulement économique, mais culturelle. Quand j’entends des ténors du mouvement coopératif, qui ont bien trop souvent l’air de banquiers, déclarer au soir de leur vie qu’ils doivent leur engagement au sein de ce mouvement au fait qu’ils avaient appris à partager enfant dans des familles pauvres et nombreuses, je me dis que ce n’est pas tout à fait la même origine sociale que celle de Pierre-Karl Péladeau.

Quant à l’ADQ, il percole d’un courant populiste inspirant la cohorte essentiellement masculine des nouveaux banlieusards âgés de 35 à 44 ans qu’on pourrait qualifier de « Filionniste». Ce courant remettant en question les acquis sociaux des années soixante se réfugie dans l’individualisme et le matérialisme. Heureusement, il apparaît beaucoup moins présent chez leurs consœurs qui, elles, demeurent beaucoup plus soucieuses d’entraide et de partage.

Je m’arrête ici, vu que vous devez déjà être en désaccord avec ma lecture et que je n’ai pas vraiment de temps à vous faire perdre. Pour en savoir plus sur ce que je pense, je joins un texte sur lequel autant Le Devoir que La Presse ont levé le nez … Libre à vous d’en faire tout autant!

Je n’ajouterai qu’un seul commentaire un peu méchant à votre égard comme à celui de tous nos beaux universitaires. Dans le temps, on avait les curés et autres clercs pour nous dire ce qui était bien ou mal, maintenant les nouveaux clercs gagnent 100 000 $ et plus par année, enseignent 6 heures par semaine, se donnent des airs d’activistes, certains faisant même la grève quand ils apparaissent aux yeux des autres comme des privilégiés, et se prennent pour les guides du bon peuple. Ça me fatigue énormément…

Disséminant mes mèmes,

Pierre-Alain Cotnoir

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Solidaires, nous survivrons.

Pierre-Alain Cotnoir est membre-fondateur des coopératives de solidarité ADAPTE (www.coop-adapte.ca) et WebTV (webtv.coop) Détenant un doctorat en éthologie, il effectue depuis 1977 des enquêtes quantitatives portant sur différentes problématiques liées à la transmission des traits culturels au sein d’une population.

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, l’anthropocène, celle de la 6e grande extinction induite par l'activité humaine. Notre surutilisation des ressources met en péril l’avenir de l’humanité : déforestation, pillage des mers, pollution, etc. Qui plus est, la gabegie des énergies fossiles est en voie de perturber radicalement le climat de la planète.

Pourtant, nous appartenons à la Terre. Avec toutes les autres espèces vivantes qui l’habitent, nous composons la biosphère, ce système fragile défiant l’entropie de l’univers. Un système ouvert en échange continuel d’informations et de matière avec son environnement et maintenant avec celui-ci un équilibre instable en perpétuel recalibrage.

Le changement constitue l’élément moteur propre à cette homéostasie entre le vivant et son milieu. Or, l'adaptation d'un système vivant au changement repose sur deux grands principes. L’assimilation en constitue le premier. Elle s'exprime au niveau de l'individu et implique une certaine élasticité de ce dernier vis-à-vis des forces qui agissent sur lui.

Ainsi, pressé de s’adapter à des conditions climatiques défavorables, tel organisme mettra en branle des mécanismes de régulation thermique qui lui permettront d’affronter ces nouvelles conditions.

Que ces conditions inclémentes persistent ou s’aggravent, l’individu rendu aux limites de son potentiel biologique n’y résistera plus et disparaîtra.

Cependant, dans la population d’origine survivront peut-être des individus présentant une meilleure résistance aux variations thermiques qui eux transmettront à leurs descendants ce nouveau potentiel.

C’est le deuxième principe dans ce dernier cas qui alors se sera manifesté, l’accommodation. C’est-à-dire qu’il y aura eu sélection d'individus porteurs de traits assurant une meilleure adaptation avec le milieu. Ces deux grands principes biologiques semblent résumer la plupart des phénomènes où est impliqué le changement.

L’espèce humaine n’échappe pas à ces règles biologiques. Cependant, chez celle-ci, les processus génétiques d’adaptation ont été supplantés par une nouvelle stratégie adaptative : la mémoire culturelle a pris le pas sur la mémoire génétique, les mèmes se superposent aux gènes. Les principes d’assimilation et d’accommodation agissent également sur cette mémoire culturelle. La capacité des communautés humaines de pouvoir s’adapter à des environnements changeants dépend en large partie de la flexibilité des traits culturels (mèmes) possédés par leurs membres.

Lorsque la résilience d’une culture permet ainsi à des individus de faire face à de nouvelles contraintes provenant de changements survenant dans leur milieu, c’est l’assimilation qui alors se manifeste.

Mais passé un certain seuil, ces contraintes peuvent induire des modifications en profondeur du pool de traits culturels permettant à une société d'échapper à son effondrement. C’est l’accommodation qui prend alors le relais.

Toutefois, ces processus d'accommodation culturelle subis par les sociétés de temps à autre au cours de l’histoire humaine s’imposent comme autant de chocs, révolutions ou autres transformations rapides des sociétés.

À l’aube de la seconde décennie de ce siècle, nous entrons de plain-pied dans une série de crises dont l’amplitude sera sans doute modulée par des efforts préalables de mitigation. La capacité de notre civilisation à assimiler le changement pourrait en atténuer pour un temps les effets.

Néanmoins, compte tenu de l’envergure des moyens technologiques (la dimension matérielle de notre mémoire culturelle) déployés, on peut envisager que cette période de crise sera d’une ampleur inégalée et affectera l’ensemble de la planète.

Pour prendre une allégorie tirée de l’alpinisme, notre chute pourrait ne pas être que de quelques mètres, comme par le passé, mais bien de plusieurs centaines de mètres.  Nous serons donc tous concernés, durement et durablement.

Il est illusoire de s’imaginer un seul instant que les scénarios peu ou prou angéliques de conscientisation planétaire, permettant sur un horizon d’à peine une ou deux décennies de prendre les virages requis, se concrétisent.

Passagers d’un Titanic titanesque, on ne doit plus se demander si nous pouvons éviter l’iceberg, mais plutôt comment y survivre collectivement.

Notre survie passe inévitablement par un ensemble de traits déjà présents au sein des cultures humaines qui pourraient s’avérer décisifs pour assurer une mutation en profondeur de notre civilisation. Comme le soulignent certains[i], l’économie solidaire pourrait être l’un des ferments pouvant assurer ce passage obligé.

Mais, on ne peut être certain que ce soit cet ensemble de traits qui l’emporte. La nature n’est pas téléonomique, elle bricole de manière opportuniste. Il est donc possible que ce soit des traits culturels fort différents qui dominent finalement.

Par exemple, on ne peut écarter la propension des nations et des classes dominantes au maintien musclé  de leurs privilèges  économiques, avec ce qui en résulterait : un glissement vers des sociétés de plus en plus autoritaires et antagoniques.

Une certitude demeure : l’accommodation culturelle s’appuiera sur des traits déjà présents au sein de nos sociétés même si ceux-ci apparaissent, au moment présent, minoritaires dans leur rayonnement.

Il importe donc de disséminer, parmi ces traits, ceux que nous avons la clairvoyance de percevoir comme un progrès pour l'humanité en leur donnant dès maintenant toute la visibilité requise.

Or, l’économie solidaire représente au Québec plus de 6 000 entreprises, un chiffre d’affaires de plus de 20 $ milliards. Elle constitue une réponse née de notre histoire et de nos valeurs à l’exclusion sociale et économique.

Pourtant malgré sa réussite économique et la profondeur de son enracinement culturel, les valeurs et les manières de faire de l’économie solidaire sont très mal connues de l’ensemble de nos concitoyens.

Cette situation conduit notre société à ce paradoxe où notre plus importante force d’intégration sociale et de développement économique se voit reléguée, dans l’espace public, à la marginalité, quand elle n’est tout simplement pas ignorée.

Pourtant, plus que jamais, la coopération, la solidarité et la recherche du bien commun  doivent être mises de l'avant comme des alternatives à l’individualisme et au matérialisme. Les entreprises de l’économie solidaire, dont au premier chef le Mouvement Desjardins, ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de ces valeurs, le Québec ayant développé une expertise singulière qui doit être mieux connue de sa population, tout autant que plus largement partagée avec les autres peuples.

Car si aucun de ces traits marqués par l’entraide n’émergeait, nous permettant de rétablir un équilibre en cette ère anthropocène, alors Homo sapiens risque fort de se condamner à n'avoir été qu’un court intermède du monde vivant.



[i] Claude Béland (2009), Plaidoyer pour une économie solidaire, éd. Médiaspaul, Montréal, 155 p. – Thierry Jeantet (2008), L’économie sociale, une alternative au capitalisme, éd. Economica, Paris, 75 p. – Hervé Kempf (2009) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, éd. Seuil, Paris, 151 p.




|Réplique à Léo-Paul Lauzon

1664|1718|Manchettes Région|Quand les régions jouent à la « Grande séduction »|2009-09-01 07:14:58|François Marchand|

L’auteur est coordonnateur d’Action Santé Outaouais

Gatineau - Le 29 août dernier, nous apprenions que le député et ministre responsable de l'Outaouais, Norman MacMillan, venait de mettre sur pied un comité afin d'attirer les médecins spécialistes en Outaouais, et ainsi réaliser une opération, qu'il nomme « La Grande séduction ». Ou ira-t-il chercher les spécialistes dont tout le Québec a besoin en pleine pénurie? On se demande ce qui se produira si chaque région met en place son propre comité de « séduction ».

Depuis plusieurs années la tendance à la rivalité interrégionale est à la hausse. La nouvelle mode des coops de santé en est la principale expression lorsque vient le temps d'attirer les généralistes.

La stratégie de fond derrière le modèle des coops, est d'offrir une augmentation indirecte de la rémunération des médecins en leur évitant tout dépenses et tracas administratifs. Est-ce que la carotte que veut présenter le ministre responsable de l'Outaouais aux spécialistes en sera une d'argent? 

Il nous semble assez clair que les grands gagnants de cette initiative de séduction seront les médecins eux-mêmes. Tout sera mis en place pour les attirer et les garder ici en Outaouais, mais à quel prix et au détriment de qui?

C'est bien connu que les spécialistes sont attirés entre autres, par la technologie surtout lorsqu'elle est à la fine pointe. Devrons-nous construire de nouveaux centres médicaux plus « modernes » pour les attirer? Un nouvel hôpital? Devrons-nous offrir des primes, des bonus, jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour attirer un spécialiste?

La répartition des effectifs médicaux est beaucoup plus complexe qu'une vulgaire stratégie de marketing.

En effet, alors que des mesure contraignantes plus sévères favoriseraient une répartition interrégionale plus équitable, certaines fédérations médicales nous annoncent que si tel était le cas, leur membre déserteraient le régime public québécois, vers d'autres provinces, pays ou vers le secteur privé.

Une menace? Non, une réalité. C'est exactement ce qui se produit au Québec actuellement. Les fédérations médicales exigent donc des assouplissement dans les règles de répartitions entre les établissement et les régions.

En d'autres mots, les médecins veulent décider où ils vont travailler et veulent se laisser séduire. C'est légitime, mais Hippocrate serait-il d'accord avec ce laisser-faire qui risque de priver les établissements et les régions les plus pauvres aux profits des hôpitaux universitaires. 

Nous demandons au ministre de la Santé et des Services sociaux de faire preuve de leadership lorsque vient le temps de répartir les ressources sur l'ensemble du territoire québécois.

Actuellement, les agissements du ministre MacMillan donne l'impression que c'est la logique du chacun-pour-soi qui règne au sein du Conseil des ministres en regard des solutions à la pénurie de personnelle en soins de santé au Québec, on voit ce que ça donne et le pire est à venir si le laisser-faire continue. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Yves Bolduc, doit faire tout ce qui est en son pouvoir afin d'éviter les guerres de clocher inutile entre les régions, mais aussi à l'intérieur même des régions entre les MRC et aussi les municipalités.

Les Québécois et les Outaouais payent très chère leur système de santé et d'éducation et sont donc en droit d'exiger que les médecins et professionnels de santé formés au Québec, soient contraint de redonner aux contribuable le fruit de leur investissement, que ce soit en Outaouais et dans l'ensemble des régions du Québec.

Action Santé Outaouais est un organisme communautaire régional à but non lucratif, ayant pour mission la défense collective du droit à la santé.




|Les médecins partent avec le trousseau de la mariée
1665|1719|Accueil_Actualités|On reprend nos plaines !|2009-09-02 08:38:32|Jacques Beaumier|

Le Conseil de la souveraineté de la capitale nationale (CSCN) souhaite par la présente apporter son appui enthousiaste aux différentes initiatives visant à commémorer de manière solennelle, respectueuse et non festive la bataille des plaines d’Abraham du 13 septembre 1759. La défaite française survenue à Québec il y aura bientôt 250 ans a pesé lourd dans la balance quant au choix de la France de brader la Nouvelle-France lors du Traité de Paris de 1763. Ces épisodes historiques ont marqué à jamais la face de l’Amérique du Nord en général et du Québec en particulier.

Depuis, les plaines ont été un parc britannique, puis canadien. Il est grand temps qu’il devienne pleinement québécois. Dans cette optique, le CSCN souhaite ardemment que les Québécois se remémorent ces faits historiques à l’occasion de l’une ou l’autre des activités prévues les 12 et 13 septembre. De nombreux groupes et organismes ont choisi de souligner la fête dans cet esprit et nous voulons ici en faire la promotion dans l’espoir que leurs gestes concertés contribuent à redonner les plaines aux Québécois.




Mentionnons d’abord Le moulin à paroles : Québec 1759 – 2009, deux siècles et demi de luttes et d’espoirs (http://www.moulinaparoles.com). Ce spectacle d’une durée de 24 heures réunira 80 artistes sur la scène du kiosque Edwin-Bélanger à partir du samedi 12 septembre à 15 h.

Le lendemain matin, les lève-tôt de la région de Chaudière-Appalaches pourront se rendre au traversier dès 8h30 pour participer au « Mouvement de reconquête de Québec » (voir tract ci-joint). Après une traversée de 20 minutes, les marcheurs franchiront les 2,7 km qui séparent le Vieux-port des plaines et assisteront à l’ultime séquence du Moulin à paroles.

À 10 h, une deuxième marche partira des jardins Saint-Roch (au bas de la côte d’Abraham) et montera rejoindre elle aussi le Moulin à paroles. Ses organisateurs sont des indépendantistes qui ont choisi le slogan « On reprend nos plaines, on marche pour l'indépendance ! » (http://www.marche-independance.org/).

              Enfin, toujours à 10 h, les jardins Saint-Roch seront les hôtes de l’Hommage aux miliciens qui ont défendu la Nouvelle-France en 1759-1760. Cette cérémonie, organisée par les sociétés d'histoire et de généalogie de la région de Québec, se tiendra sous la présidence d'honneur de l’historien Jacques LacoursièreSuivra un défilé à pied jusqu’au cimetière de l'Hôpital général de Québec, là où sont enterrés les restes des braves morts au combat. De là, tous sont invités à remonter jusqu’aux plaines pour assister au Moulin à paroles. (infos : (418) 692-0556 ou shq1@bellnet.ca. Site : http://www.societehistoriquedequebec.qc.ca/)

Le CSCN ne peut que se réjouir de telles initiatives et convier les Québécois à participer en grand nombre à ces activités uniques. Seule une mobilisation massive donnera à ce mouvement la légitimité nécessaire pour commencer à récupérer dans les faits une partie du 40 % du territoire de la ville Québec possédé par… Ottawa !




|De nombreuses initiatives appuyées par le Conseil de la souveraineté
1666|1720|Manchettes Politique_Canada Mouvements_syndical|70 000 pertes d’emplois au Québec|2009-09-02 08:45:41|Marc Laviolette|

Même si le Produit intérieur brut (P.I.B.) canadien a augmenté de 0,1 % en juin et que certains « experts » crient à la fin de la récession, le nombre de chômeurs a continué d’augmenter au Québec pour se situer à 9 %. C’est 70 000 travailleurs et travailleuses qui ont perdu leurs emplois au Québec depuis le début de la récession. Pendant ce temps, la réforme du régime d’assurance-emploi réclamée par la coalition des Sans Chemises qui regroupe la FTQ, la CSN, la CSQ et le Conseil National des chômeuses et des chômeurs (CNC) est toujours refusée par le gouvernement Harper.

« Le taux de chômage a monté de deux et demi pourcent depuis la dernière élection fédérale, et on attend toujours qu’Ottawa passe à l’action sur ce front », constate Michel Arsenault, président de la F.T.Q.

Au Québec, comme au Canada, un large consensus s’est développé autour des revendications de la coalition des Sans Chemises afin d’améliorer l’accessibilité et le niveau des prestations d’assurance-emploi, surtout en période de récession.

Près de 50 instances du monde politique, municipal, régional, économique, institutions d’enseignement et l’Assemblée des évêques du Québec réclament d’une même voix une réforme du programme. Même des conseils municipaux, dont ceux de Montréal et de Toronto, des CRE, des MRC, des instances économiques comme des Chambres de commerce et des CLD ont signé la déclaration des Sans Chemises.

Pour Roger Valois, vice-président de la CSN : « Chaque sous donné aux chômeurs va directement dans l’économie. Ça sert à payer le logement, la nourriture et les dépenses courantes. Il n’y a personne qui met cet argent dans des REER. C’est pourtant simple à comprendre. Pour nous, la réforme clé c’est d’améliorer l’accessibilité au programme en ramenant le critère de base à 360 heures peu importe la région. La caisse a les moyens pour financer cette revendication qui permettrait à 150 000 travailleurs d’avoir accès à l’assurance-emploi. Son coût est de un milliard soit, l’équivalent du surplus de la caisse l’an dernier », confie à l’aut’journal, le coloré syndicaliste.

« La CSN poursuivra sa campagne d’opinion publique afin de mobiliser la population autour des revendications de la coalition. Les gouvernements ne font rien. La campagne sera à l’ordre du jour de nos instances cet automne et nous passerons à l’action », de conclure le vice-président Valois.

Du côté de la Chambre des communes à Ottawa, l’opposition réclame la réforme de l’assurance-emploi. Michael Igniatieff, chef du Parti Libéral a brandi la menace de renverser le gouvernement Harper si ce dernier ne donnait pas le feu vert à la réforme des 360 heures pour améliorer l’accessibilité au programme. Puis, il a retiré sa menace avant de promettre à nouveau de renverser le gouvernement, mais en refusant de faire de l'assurance emploi la questionc centrale.

Pour Yves Lessard, porte-parole du Bloc québécois, en matière de ressources humaines et développement social et député de Chambly – Borduas, le bât blesse du côté du Parti Libéral.

« Lors de la présentation du projet de loi C-241 par Christian Ouellet, député du Bloc dans Brome-Mississquoi, projet portant sur l’abolition du délai de carence de deux semaines avant de toucher l’assurance-emploi, nous avons constaté que les libéraux était divisés sur cette question même si nous avons obtenu la majorité de la chambre pour la 2e lecture ».

Pour Yves Lessard, l’heure de vérité des libéraux sonnera le 14 septembre prochain alors que le projet de loi sera mis aux voix en deuxième lecture. Rappelons que M. Lessard du Bloc a déposé le projet de loi C-308 qui ramène l’accessibilité du régime à 360 heures, maintient la couverture pour 50 semaines et garantit 60 % aux prestataires 60% de leur salaire.

« Les libéraux ne se sont compromis que sur les 360 heures et, à tergiverser comme ils le font, la récession va être passée et ils déclareront qu’il n’y a plus besoin de réformer le régime ».

« Les libéraux menaçaient de renverser le gouvernement Harper sur la question des 360 heures. Ils se sont fait berner par Harper qui les a embarqués dans un comité bidon. La seule ouverture que Harper faisait c’était d’ouvrir le régime pour les travailleurs autonomes pour les congés parentaux. Donc, rien pour le Québec qui a déjà son propre programme de congés parentaux ».

« Dans les faits, Igniatieff fait deux accrocs à la démocratie. D’abord en mettant fin à la coalition de l’opposition, qui avait reçu un mandat majoritaire de la population, il permet du gouvernement Harper de gouverner comme s’il était majoritaire. Deuxièmement, en acceptant le comité bidon de Harper sur la réforme de l’assurance-emploi, il méprise les institutions parlementaires canadiennes. En effet, le comité permanent des Ressources humaines et des Affaires sociales (regroupant tous les partis politiques de la Chambre) a fait consensus sur 28 recommandations visant à améliorer l’assurance-emploi dont les 360 heures. Il n’a donc pas à s’embarquer sur le comité bidon de Harper ».

Pour Yves Lessard du Bloc Québécois, dont le projet de loi C-308 sera soumis au vote à la Chambre des communes avant la mi-octobre, septembre sera le critère de vérité de M. Igniatieff dans sa volonté réelle d’aider les chômeurs à passer à travers la récession.




|Réforme de l’assurance-emploi : Ignatieff se fait mener en bateau par Harper
1667|1721|Langue Manchettes|National Geographic interdit le français|2009-09-02 09:01:52|Ginette Leroux|

« Comme vous avez pu le constater toutes les photos ont des vignettes bilingues sauf National Geographic. Ceci est dû à la nature du contrat que nous avons avec National Geographic qui nous ont spécifiquement défendu de mettre des vignettes bilingues. » C’est la réponse que j’ai reçue de M. André Cornellier, organisateur de État sauvage, trois expositions animalières tenues sous le même toit à Montréal, suite à la plainte que je lui avais envoyée à propos de l’absence de traduction française dans les titres des photos de cette société américaine.

Commencé le 6 août dernier, j'ai vu l'exposition deux jours plus tard. Après avoir laissé mes 12$ à la billetterie, quelle ne fut pas ma surprise en entrant dans l'enceinte de l'exposition d'être accueillie par des photos sélectionnées par le National Geographic Museum identifiées en anglais, et en anglais seulement. Idem pour le texte explicatif sur grand écran. Retour à la billetterie. N'y a-t-il pas un dépliant contenant une traduction française? ai-je demandé. Non, mais voici un guide qui va vous en faire la traduction, m'a-t-on répondu en me pointant un jeune homme qui se tenait à l’entrée.

Vous comprendrez que je n'ai aucun besoin d'un traducteur: je suis bilingue, ai-je poursuivi. Mais, je déplore que le public qui s'intéresse à la culture soit confronté, aux premières loges d'une exposition montréalaise, au caractère anglophone de la ville alors que nous sommes ici en majorité francophone. Quel mépris pour les efforts constants des francophones qui se battent bec et ongles pour sauver le fait français au Québec! Je suis ressortie de l'exposition à la fois ravie – par l’exposition - et inquiète, ai-je écrit en conclusion.

Comment imaginer qu’une société aussi connue que le National Geographic, créée en 1888, qui publie notamment le National Geographic Magazine et qui a ajouté à son actif une édition française, éditée par Prima Presse, lancée en en France en octobre 1999, peut-elle s’acharner à refuser une traduction française à des œuvres photographiques présentées dans une ville à prédominance française ? Considèrent-elles le Québec comme une annexe des États-Unis ? Est-ce une façon d’affirmer une politique impérialiste ?




|À l’exposition photographique État sauvage
1668|1722|Accueil_Actualités|A-t-on enterré le rapport Coulombe ? Pas encore…|2009-09-03 07:21:48|Action boréale et RQGE|

En cette période de refonte de la loi sur l’occupation du territoire forestier, c’est avec attention que l’Action Boréale Abitibi-Témiscamingue (ABAT), le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) et ses autres membres scrutent les propositions gouvernementales. Il semble bien que l’on passe enfin d’une approche au mde bois à une considération au kmde territoire. 

Le RQGE a été  agréablement surpris de l’accueil réservé à ses critiques et recommandations présentées hier en commission parlementaire dans le cadre des auditions concernant le projet de loi 57 sur l’occupation du territoire forestier. En effet, le ton acerbe des dernières années semble faire place à plus d’ouverture. « On sent un changement de ton manifeste quant aux préoccupations environnementales » de souligner Yvan Croteau. « On semble vouloir respecter l’esprit des recommandations du rapport Coulombe. » ajoute-t-il. 

La ministre Normandeau a annoncé hier des amendements importants et qui répondent à  plusieurs préoccupations du milieu environnemental. Un élément majeur : l’aménagement écosystémique sera au cœur du nouveau régime, et ce à la grandeur du territoire, y compris dans les zones dites d’aménagement intensif qui ne compteraient ni OGM ni pesticides. On a par ailleurs retenu pour réflexion la recommandation de RQGE d’introduire un mécanisme de révision afin de s’assurer que la loi sert bien les objectifs qu’on lui prête. 

Certains irritants persistent pourtant. « Les peuples autochtones restent invisibles »  dit Richard Desjardins, vice-président de l ABAT. Celles-ci n’ont pas été invitées à prendre part au processus d’élaboration de cette loi sur l’occupation du territoire forestier, alors même que certains sont en négociation avec le gouvernement provincial pour des territoires concernés. Par ailleurs, « la loi 57 misant beaucoup sur la strat.gie d’aménagement forestier durable, le RQGE espère voir celle-ci soumise à des consultations appropriées» d’ajouter Yvan Croteau.

Du côté de la protection, Henri Jacob, président de l’ABAT considère « qu’il est primordial que le gouvernement mette 20% en réserve par précaution, afin de notamment pouvoir absorber les imprévus, les erreurs et pour les aires protégées.» Le RQGE de son côté a insisté pour que la mise en place d’un réseau d’aires protégées issu d’études de carences permette non seulement d’atteindre 12% de protection du territoire, mais que l’on s’assure pas des études sur le terrain que les aires protégées sont appropriées et que la conservation est un souci dans l’ensemble du régime forestier.

L’ABAT, le RQGE et ses autres membres espèrent que les engagements de la ministre se traduiront en acte et que les correctifs nécessaires au projet de loi seront apportés. Nous attendrons donc la version finale de la loi ainsi que la stratégie d’aménagement forestier durable avant de cautionner l’ensemble du nouveau régime forestier tant attendu. 

L’ABAT et le RQGE vous invitent à assister à leur spectacle bénéfice avec Zachary Richard, Richard Desjardins, Mes aïeux et Fred Pellerin ce mercredi 2 septembre à 20h. L’ouverture des portes est à 18h30, billets en vente à la porte.  À noter que la représentation du jeudi 3 septembre affiche complet.




|« Mais les autochtones restent invisibles », déclare Richard Desjardins
1669|1723|International Manchettes Mouvements_syndical|Obama a-t-il lâché les syndicats?|2009-09-03 07:24:09|Paul Martineau|

Les jeunes adéquistes qui ont proposé le mois dernier d’abolir la formule Rand pour rendre plus difficile la syndicalisation des entreprises québécoises n’ont pas réussi à faire beaucoup de chemin avec leur idée, même au sein de leur parti.

Mince consolation pour eux, il semble maintenant que les Républicains américains considèrent leur initiative comme une véritable « bataille pour la civilisation », rien de moins.

Car selon la droite et les milieux d’affaires des États-Unis, le modèle de syndicalisation à la québécoise constitue maintenant « l’une des deux menaces fondamentales à la société », aux côtés de l’Islam radical d’Oussama Ben Laden.

C’est ce qui ressort d’un dossier publié récemment par le magazine américain Harper’s, sous la plume du journaliste Ken Silverstein.

Le mouvement syndical américain a bien connu quelques victoires depuis l’élection de Barack Obama, souligne l’auteur. Le président s’est assuré que les projets de construction du gouvernement fédéral fassent appel à de la main-d’œuvre syndiquée dans la mesure du possible.

Il a décrété que les entrepreneurs fédéraux ne pourraient plus réclamer de remboursement d’impôt pour certaines dépenses dans le cadre d’activités anti-syndicales. Il a aussi signé une loi qui rend beaucoup plus facile les recours devant les tribunaux pour les employés victimes de discrimination salariale.

Mais la pièce de résistance, pour le mouvement syndical, se fait toujours attendre. Il s’agit du Employee Free Choice Act (EFCA), un projet de loi qui instaurerait un système de syndicalisation à la québécoise et permettrait enfin de faire grimper le taux de syndicalisation des travailleurs américains.

À peine 12 % de la main d’œuvre du pays est présentement syndiquée, contre près d’un tiers de la main d’œuvre au Canada et plus d’un quart au Royaume-Uni.

La loi actuelle rend la formation d’un syndicat extrêmement difficile aux États-Unis. Si 30 % des employés signent une carte d’adhésion au syndicat dans un milieu de travail, les autorités fédérales superviseront un long processus électoral, pendant lequel le patron a les mains libres pour combattre la syndicalisation. Le processus se conclut par un vote secret.

Si l’EFCA était adopté, le syndicat serait automatiquement reconnu lorsque plus de 50 % des employés signent leur carte. Une pratique similaire à celle du Québec et de la plupart des pays industrialisés, rappelle le magazine.

Par ailleurs, le projet de loi prévoit aussi l’intervention automatique d’un arbitre après un délai de 120 jours si un employeur et un syndicat nouvellement accrédité n’arrivent pas à s’entendre sur un premier contrat de travail.

Comme l’explique le journaliste de Harper’s, l’EFCA est vu comme une sorte d’« Armageddon » par les dirigeants d’entreprises et leurs alliés du Parti républicain.

Ceux-ci ont lancé une vaste campagne pour combattre le projet de loi, engageant au moins 126 lobbyistes officiels pour convaincre des sénateurs de le bloquer, explique le magazine. Pilotés par d’ex-hauts fonctionnaires de l’administration Bush et financés par des géants de l’industrie dont Wal Mart, les opposants ont créé de toutes pièces des coalitions et de soi-disant « groupes citoyens » pour le combattre.

Ils ont dépensé des dizaines de millions en publicités négatives, en plus d’inonder les lignes ouvertes et de financer des études « indépendantes » que les élus républicains ont brandi pour dénoncer l’EFCA.

Dans leur discours, un système de cartes syndicales à signer priverait les travailleurs de leur « droit sacré » à une élection à scrutin secret. Lors d’un appel conférence sur le sujet l’automne dernier, c’est l’ancien PDG de la chaîne Home Depot qui a parlé « d’effondrement de la civilisation » en cas d’adoption d’une telle loi. Et le magnat de l’hôtellerie Sheldon Adelson a élevé publiquement l’EFCA au rang de « menace fondamentale à la société », au côté de l’Islam radical.

Si les chambres de commerces et le patronat met autant d’efforts à empêcher l’arrivée d’un nouveau processus de syndicalisation, c’est que le système actuel à vote secret leur laisse les coudées franches pour empêcher les travailleurs de s’organiser, rappelle le journaliste.

Une fois que les employés ont signé leur carte syndicale, la longue période électorale avant le vote secret laisse le temps au patron d’organiser des réunions obligatoires de propagande anti-syndicale. Ces séances devant un auditoire captif se déroulent fréquemment sur les heures de travail et les pro-syndicaux n’y ont pas droit de parole.

Le renvoi de militants syndicaux et l’intimidation d’employés durant cette période sont carrément devenus des pratiques routinières, rappelle l’article. Même l’ONG de défense des droits Human Rights Watch s’est penché sur la question, ajoute l’auteur, et a conclu que les entreprises trouvaient maintenant normal de payer des amendes pour certaines de ces pratiques déloyales. Elle y voient « un coût associé à la conduite des affaires, un mince prix à payer pour vaincre les tentatives d’organisation des travailleurs ».

Le journaliste cite d’ailleurs un organisateur syndical des Métallos américains, qui résume bien la situation actuelle.

« Si le patron ne veut vraiment pas de syndicat et qu’il est prêt à dépenser ce qu’il faut, vous ne pouvez pas gagner », explique le permanent syndical.

« Ils engagent des firmes anti-syndicales (Union-Busting Firms) qui chargent 600 $ à 1000 $ de l’heure, et ils sont très bon dans ce qu’ils font. À la fin de la journée, ils ne font que renvoyer, menacer et harceler les leaders. Même si vous arrivez à dépasser ça et que les travailleurs votent pour un syndicat, vous devez encore aller chercher un contrat de travail. Et si vous n’en avez pas à l’intérieur d’un an, ils peuvent entamer un processus de décertification du syndicat. »

« Rendu là, les travailleurs sont désillusionnés, on a abusé d’eux, certains ont été renvoyés, et ils commencent à reculer », explique le militant d’expérience.

Le moment est maintenant crucial pour le mouvement syndical américain, conclut l’article. Le projet de loi est appuyé par l’écrasante majorité du Congrès, mais au Sénat cette majorité est plus mince, certains sénateurs démocrates s’étant rangé du côté du patronat. Les Républicains pourraient donc peut-être utiliser la manœuvre du « filibuster » pour bloquer indéfiniment son adoption, sans être capables de forcer son rejet pur et simple. Quant au président Obama, qui avait martelé l’importance de l’EFCA lors de sa campagne, il est complètement muet sur le sujet depuis son élection…




|La droite mène une « bataille pour la civilisation »
1670|1724|Accueil_Actualités|Marche de solidarité des travailleurs forestiers|2009-09-03 07:40:00|L’aut’journal|

Dolbeau-Mistassini, le 2 septembre 2009 – Les travailleurs de la papetière de Dolbeau-Mistassini profitent de la Fête du Travail pour faire la démonstration que tous les travailleurs qui vivent de la forêt sont prêts à tout mettre en œuvre pour maintenir la papetière de Dolbeau-Mistassini en opération.

Lundi le 7 septembre à 14h00, une marche de solidarité se mettra en branle à partir du stationnement de l’aréna du secteur de Dolbeau pour se rendre à l’usine de papier. Tous les travailleurs de la papetière, des scieries du territoire ainsi que la population en générale sont invités à se joindre à cette manifestation qui a pour but d’informer et de solidariser tous les travailleurs du secteur qui vivent directement de la forêt.

« Nous sommes conscients que la population s’apprête à faire une manifestation pour sensibiliser les divers intervenants des effets désastreux de la fermeture de la papetière, mais nous croyons que tous les travailleurs qui gagnent quotidiennement leur vie à partir de la forêt et de son industrie doivent d’abord être sensibilisés, informés et impliqués. C’est à nous d’en faire la démonstration de préciser Léger Bilodeau qui parlait au nom de son confrère Gilles Bouchard représentants des unités syndicales de la papetière Dolbeau-Mistassini. »

Le choix de la journée de la fête du travail pour cette marche de solidarité est liée au symbole de la Fête du Travail qui est la journée réservée à fêter les vertus du travail et du désir à contribuer au développement de son milieu.




|Pour la réouverture de la papetière Dolbeau-Mistassini
1671|1725|authebdo|L'aut'hebdo - 4 septembre 2009|2009-09-03 15:37:07|L'aut' journal|Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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Michael Ignatieff : Le prétendant
Il est essentiel de savoir où il campe sur les questions sociale, nationale et internationale
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70 000 pertes d’emplois au Québec
Réforme de l’assurance-emploi : Ignatieff se fait mener en bateau par Harper
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La droite mène une « bataille pour la civilisation »
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Marche de solidarité des travailleurs forestiers
Pour la réouverture de la papetière Dolbeau-Mistassini


MOUVEMENT SOUVERAINISTE

On reprend nos plaines !
De nombreuses initiatives appuyées par le Conseil de la souveraineté
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FESTIVAL DES FILMS DU MONDE

Festival des films du monde
Des propositions de L'aut'journal
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BANDE DESSINÉE

Asymptote : Les aveux du terroriste
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1672|1726|Manchettes Politique_Canada|Le lourd passé du prétendant Ignatieff|2009-09-04 08:18:09|Pierre Dubuc|

Après avoir passé 25 ans à l’extérieur du pays, Michael Ignatieff aspire à devenir premier ministre du Canada. Il est donc essentiel de savoir où il campe sur les questions sociale, nationale et internationale.

En 1984, alors qu’il habite l’Angleterre, il rompt avec son groupe d’amis de tendance socialiste pour condamner la grève des mineurs et appuyer publiquement Margaret Thatcher. Michael Ignatieff choisit alors son camp,  celui des puissants, des élites, de la bonne société avec leur vision du monde. 

Disciple d’Isaiah Berlin, son professeur à Oxford à qui il a consacré une volumineuse biographie, Ignatieff adhère à la conception libérale des droits de l’Homme selon laquelle les droits à la liberté, à la propriété, au commerce sont les droits fondamentaux. Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, écrit Ignatieff, deux conceptions des droits s’affrontent, l’une qui privilégie les droits individuels et l’autre les droits sociaux, comme le droit au travail, à la santé, à l’éducation. Le triomphe du néolibéralisme et l’écroulement de l’Union soviétique consacrent le triomphe de la première.

À titre de journaliste vedette de la BBC, Michael Ignatieff s’est beaucoup intéressé aux questions nationales, particulièrement dans les Balkans. Il faut y voir un legs familial du côté paternel. Son arrière-grand-père, le comte russe Nicolas Ignatieff, nommé ambassadeur de Russie à la cour du sultan au milieu des années 1870, intriguait en cherchant à pousser à la révolte les minorités orthodoxes des Balkans dominées par l’empire ottoman, ce qui contribue au déclenchement d’une guerre entre la Russie et la Turquie.

Son père, George Ignatieff, a été ambassadeur du Canada en Yougoslavie de 1956 à 1958, poste pour lequel il s’était qualifié par une thèse de doctorat à Oxford consacrée à son grand-père Nicolas et à la politique tsariste dans les Balkans. Il s’agissait maintenant de soulever les peuples des Balkans contre l’Union soviétique car, chassée de Russie par la Révolution d’Octobre, la famille Ignatieff était maintenant à la solde d’un nouvel empire.

Dans une série de reportages et de publications, Michael Ignatieff a cherché à rallier l’opinion publique britannique – et mondiale – au démantèlement de la Yougoslavie, justifiant les bombardements de la Serbie par les forces de l’OTAN en 1999.  Pour y parvenir, Ignatieff cible le nationalisme, qualifié de principal responsable des désordres mondiaux, et prône l’intervention d’une force militaire extérieure pour établir la paix.

Dans un de ses principaux ouvrages, Blood and Belonging, Michael Ignatieff se définit comme un cosmopolite, doté d’une « conscience post-nationale », c’est-à-dire un « citoyen du monde » libre de toute attache nationale. Le nationalisme y est décrit comme source de violence. Il oppose au « nationalisme ethnique » des peuples des Balkans, mais également de l’Irlande, du Kurdistan et du Québec dont il est question dans ce livre, un « nationalisme civique » où l’appartenance n’est pas définie par la langue, la religion ou la race, mais est déterminée par l’État et certains de ses attributs comme la charte des droits. La fédération canadienne Canada est évidemment cité comme le parfait exemple de ce nationalisme civique.

Cependant son rejet de tout nationalisme ethnique ne l’a pas empêché de reconnaître l’indépendance du Kosovo quand les grandes puissances,  dont il a côtoyé les représentants à la Commission du Kosovo où il a siégé, ont décidé que le moment était venu de l’accorder.

Nommé directeur du Carr Center of Human Rights Policy à Harvard en 2003, Ignatieff intervient fréquemment sur la place publique par des articles dans le New York Times Magazine et d’autres revues prestigieuses pour justifier l’intervention des États-Unis dans la « guerre contre le terrorisme ». Ignatieff a bonne presse auprès de l’intelligentsia libérale de la Côte est des États-Unis tant que la défense des droits humains réussit à camoufler les objectifs impérialistes des interventions étrangères. Mais les masques tombent lorsque Michael Ignatieff publie le 5 janvier 2003 à la une du New York Times Magazine un long article intitulé The Burden appuyant la guerre en Irak de George W. Bush.

Jamais au cours de cette période, ce soi-disant champion des droits humains ne trouve matière à enquête ou à une prise de position publique à propos de la détention sans chef d’accusation de centaines de prisonniers à Guantanamo dans le but de les soustraire à la justice américaine. Il n’intervient pas non plus pour dénoncer le Patriot Act qui restreint les droits civiques des Américains et permet l’arrestation et la déportation de milliers d’étudiants musulmans du Moyen-Orient séjournant aux États-Unis.

Au contraire, le 2 mai 2004, dans un autre article à la une du New York Times Magazine, intitulé Lesser Evils, il approuve la détention de suspects pour une période indéfinie, les interrogatoires « coercitifs » – un euphémisme pour la torture –, les assassinats sélectifs et la guerre préventive. Une position indéfendable, surtout après la diffusion quelques jours auparavant par le réseau CBS de photos de prisonniers torturés à la prison irakienne de Abu Ghraib.

Dans un autre article, paru dans le même magazine le 4 juillet 2005, Michael Ignatieff affirme que c’est la mission historique des États-Unis que de vouloir répandre la démocratie à travers le monde, quitte à ce que ce soit au bout du fusil. Il écrit que George W. Bush est un « gambler texan » dont on dira qu’il était un « visionnaire » si la démocratie s’enracine en Irak. De plus en plus, il s’identifie aux Républicains, présentés comme des missionnaires de la liberté.

À partir de juin 2003, il effectue des visites de plus en plus nombreuses au Canada pour s’adresser aux hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et aux cadres du Parti libéral du Canada.

Dans The Unexpected War, Canada in Kandahar, les auteurs Janice Gross Stein et Eugene Lang racontent comment le Parti libéral est alors en pleine dérive pacifiste et anti-américaine après le refus de Jean Chrétien de participer à la guerre en Irak. Les milieux d’affaires canadiens et américains de même que l’establishment militaire canadien appuient la campagne de Paul Martin pour pousser Chrétien vers la retraite et rétablir les ponts avec les Américains.

Mais, une fois au pouvoir, Paul Martin ne comble pas les attentes de ses commanditaires. L’Afghanistan n’est pas une priorité et il refuse d’adhérer au projet de Bouclier anti-missiles au grand dam du Pentagone. Comme Jean Chrétien, Paul Martin a les yeux sur les sondages et il réalise qu’il doit tenir compte de l’humeur pacifiste des Québécois s’il veut y faire les gains qui lui donneront un gouvernement majoritaire. Janice Stein et Eugene Lang soutiennent que c’est par crainte de favoriser la réélection du Parti Québécois dirigé alors par Bernard Landry que Jean Chrétien a refusé de donner son aval à la guerre en Irak.

C’est pour contrer cette dérive que, selon la version officielle, un groupe de jeunes libéraux, qui gravitaient autour de John Manley, le plus pro-américain des libéraux, se rendent chez Michael Ignatieff à Boston pour lui demander de venir prendre les rennes du Parti libéral. À peine 72 heures après la démission de Paul Martin, une assemblée d’investiture est organisée dans la circonscription d’Etobicoke-Lakeshore pour nommer Michael Ignatieff candidat libéral.

Trois mois seulement après l’élection d’un gouvernement minoritaire conservateur, le premier ministre Stephen Harper dépose à la Chambre des Communes une motion pour prolonger la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2009. Le Bloc québécois, le NPD et une majorité des libéraux votent contre la motion, mais deux douzaines de députés libéraux regroupés autour de Michael Ignatieff donnent à Stephen Harper la majorité requise.

Deux ans plus tard, lorsque John Manley, nommé par Stephen Harper à la tête d’un comité « indépendant », recommande un nouveau prolongement de la mission en Afghanistan, Michael Ignatieff court-circuite son chef Stéphane Dion, opposé à la guerre, en prenant l’initiative de rédiger un long amendement que Stephen Harper s’empresse d’incorporer à sa motion, ce qui en assure l’adoption. Le Bloc et le NPD votent contre et une vingtaine de députés libéraux ne se présentent pas pour le vote.

Pour amadouer le Québec, Michael Ignatieff propose à la veille du congrès du Parti libéral de reconnaître la nation québécoise. On s’attend à un vif débat, mais quelques jours avant le Congrès, Stephen Harper dépose à la Chambre des communes une motion sur la reconnaissance de la nation québécoise, tuant dans l’œuf toute contestation de la position d’Ignatieff.

Dans le cas d’Ignatieff comme dans celui de Harper, cette reconnaissance n’inclut pas le droit à la sécession du Québec. Pour Michael Ignatieff, le Québec n’est pas une nation conquise, opprimée, subjuguée. Au contraire, « la Conquête britannique de 1763, écrit-il dans la Révolution des droits, loin d’étouffer le fait français en Amérique du Nord, a apporté l’autonomie aux Canadiens français pour la première fois ». Tout comme l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan apporte la démocratie aux Irakiens et aux Afghans!




|Il est essentiel de savoir où il campe sur les questions sociale, nationale et internationale.
1673|1727|Caricatures|Une grande compétence|2009-09-04 09:34:05|Simon Banville|

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