Le Téléjournal de Radio-Canada : for Canada for sure !

2009/06/15 | Par Mathilde François

Radio-Canada constituait depuis maintenant quelques décennies ma principale source d’informations concernant l’actualité nationale (internationale aussi, dans une certaine mesure).

Or bien que je m’en sois éloignée passablement depuis les années ‘90, compte tenu de sa forte orientation idéologique dans le débat constitutionnel (héritage du très « honnête » parti Libéral de ce grand « démocrate » nommé Jean Chrétien), je n’avais pas totalement abandonné cette chaîne (jusque-là hautement crédible et très professionnelle) qui fonctionne pour une bonne part, il faut tout de même le rappeler, grâce au soutien de... mes propres deniers de contribuable.

Hélas, je dois aujourd’hui annoncer qu’il ne m’est plus du tout possible de lui maintenir ma confiance. Outre une programmation générale très commerciale et fort américaine que j’ai largement délaissée au fil des ans (qualité approximative de la langue, variétés à n’en plus finir, contenus à haut coefficient de violence, érotisme facile sinon primaire, émissions et films médiocres, sans compter la publicité qui par sa permanence parvient à décourager [dégoûter même] le plus « fan » des auditeurs : en bref, on se croirait en France... Ou chez TVA !), c’est le dernier verrou qui pour moi, maintenant, se referme. Le verrou... sur Radio-Cadenas, diraient les mauvaises langues (mais pas forcément hallucinées pour autant).

Car, voyez-vous, même votre Téléjournal me déprime. Sur tous les plans. De fait, à force de faire so Canadian vous perdez l’essentiel de votre auditoire (exclusivement québécois à quelques individus près). Car il faut bien savoir – telle une peau de chagrin au sein de ce beau pays aussi « bilingue » (hors Québec) que le maire de sa capitale ou de sa métropole – que la poignée de Franco-canadiens encore debout dans le reste du Canada préfère le plus souvent, l’assimilation ayant joué son rôle à la plus grande satisfaction de nos concitoyens d’outre-Outaouais, écouter CBC ! Voire des chaînes d’outre 45e parallèle.

Aussi, quant à perdre mon temps à écouter les radotages de faits divers en provenance d’un village perdu de Nova-Scotia, de l’Ontario ou de British Columbia, et en anglais bien sûr (la moitié du Téléjournal se décline désormais dans la langue de Michael Ignatieff...), et ce pendant que l’on ignore (ou survole en coups de vent) des événements d’intérêt proprement québécois, eh bien je préfère encore la Toile numérique, Le Devoir ou le Téléjournal de... TVA. Sinon un bon bouquin en écoutant Félix, Schubert, le grand Gilles, Piaf, Dubeau, Brel, Hamelin ou Paul Piché.

Malgré tout, contre vents et marées, et en dépit des déceptions répétées au gré des ans, je m’entêtais obstinément (allez savoir pourquoi) à demeurer fidèle à Radio-Canada. En outre, avec la venue de mesdames Céline Galipeau et Pascale Nadeau comme cheffes d’antenne (femmes que j’ai d’ailleurs longtemps estimées et respectées), je m’étais mise à espérer une (intelligente) embellie. Mal m’en prît. C’est pire que jamais ! Hormis entre-temps la déchéance suprême : cette journaliste de la maison qui a foulé au pied toute sa crédibilité intellectuelle (qui n’était pourtant pas mince) en devenant la représentante officielle du colonialisme britannique...

Il y aurait également tant à dire, mais ce sera pour une autre chicane, sur les deux chaînes radiophoniques : autrefois lieux de grands échanges et de belle culture, aujourd’hui repères de tous les ennuis. Nonobstant, il est vrai, le travail de quelques individus qui, de Michel Desautels à Joël Le Bigot et Anne-Marie Dussault ou Monique Giroux, résistent tant bien que mal contre la médiocrité ambiante. Inoculée depuis des années, comme chacun sait, par les soins attentifs de M. Sylvain Lafrance. Fonctionnaire d’État de son état.

Aussi, et je terminerai sur cette suggestion que je veux constructive, je ne vois sur ce plan de notre vie collective qu’une issue honorable pour l’avenir : transférer la totalité du budget de Radio-Canada à Télé-Québec(referendums sectoriels en attendant la Folle Nuit d’Amour, Madame Marois... ?). Laquelle chaîne se chargerait de nous offrir une programmation (et cette fois de qualité) où le citoyen québécois n’aurait plus l’impression, face à son propre écran télévisuel national, d’être un étranger dans son propre pays.

Comme l’écrivait Aragon sous l’Occupation.

Merci.


Mathilde François
Québec, 12 juin 2009