National Geographic interdit le français

2009/09/02 | Par Ginette Leroux

« Comme vous avez pu le constater toutes les photos ont des vignettes bilingues sauf National Geographic. Ceci est dû à la nature du contrat que nous avons avec National Geographic qui nous ont spécifiquement défendu de mettre des vignettes bilingues. » C’est la réponse que j’ai reçue de M. André Cornellier, organisateur de État sauvage, trois expositions animalières tenues sous le même toit à Montréal, suite à la plainte que je lui avais envoyée à propos de l’absence de traduction française dans les titres des photos de cette société américaine.

Commencé le 6 août dernier, j'ai vu l'exposition deux jours plus tard. Après avoir laissé mes 12$ à la billetterie, quelle ne fut pas ma surprise en entrant dans l'enceinte de l'exposition d'être accueillie par des photos sélectionnées par le National Geographic Museum identifiées en anglais, et en anglais seulement. Idem pour le texte explicatif sur grand écran. Retour à la billetterie. N'y a-t-il pas un dépliant contenant une traduction française? ai-je demandé. Non, mais voici un guide qui va vous en faire la traduction, m'a-t-on répondu en me pointant un jeune homme qui se tenait à l’entrée.

Vous comprendrez que je n'ai aucun besoin d'un traducteur: je suis bilingue, ai-je poursuivi. Mais, je déplore que le public qui s'intéresse à la culture soit confronté, aux premières loges d'une exposition montréalaise, au caractère anglophone de la ville alors que nous sommes ici en majorité francophone. Quel mépris pour les efforts constants des francophones qui se battent bec et ongles pour sauver le fait français au Québec! Je suis ressortie de l'exposition à la fois ravie – par l’exposition - et inquiète, ai-je écrit en conclusion.

Comment imaginer qu’une société aussi connue que le National Geographic, créée en 1888, qui publie notamment le National Geographic Magazine et qui a ajouté à son actif une édition française, éditée par Prima Presse, lancée en en France en octobre 1999, peut-elle s’acharner à refuser une traduction française à des œuvres photographiques présentées dans une ville à prédominance française ? Considèrent-elles le Québec comme une annexe des États-Unis ? Est-ce une façon d’affirmer une politique impérialiste ?