Lettre ouverte d’une col bleu

2009/10/20 | Par Valérie Teasdale

Je suis employée de la ville de Montréal. Col bleu, pour être plus précise. Auxiliaire depuis 8 années. 8 années sans plan d’assurances pour moi et ma famille, sans vacances payées, sans avoir droit au temps supplémentaire, sans congé férié rémunéré autrement que par ce que les normes du travail prévoient, sans sécurité d’emploi puisque j’ai été mise à pied, à 12 heures d’avis deux périodes de deux semaines l’an dernier (les deux premières semaines sans être payée puisque le chômage commence par deux semaines de pénalité) mais travaillant à temps plein depuis 2002.

Et non, je ne gagne pas 60 000 $ par année comme je le lis régulièrement dans les journaux. Mon salaire net ne dépasse pas 30 000$ et n’a pas bougé depuis 2004.

L’employeur ne veut pas de lien d’emploi avec ses auxiliaires, ne veut plus les titulariser depuis 2004. Pourquoi? On nous dit que ça coûte trop cher de les embaucher pour 30 ans.

Pourtant, de tout temps, les services publics ont existé : réseau routier, aqueduc, déchets, déneigement, bibliothèques, signalisation, horticulture, électricité, plomberie, menuiserie, mécanique, institutions telles cour municipale, hôtel-de-ville, etc., et de tout temps l’administration a dû embaucher des gens pour effectuer ces tâches, assurer le service pour lequel le citoyen paye et auquel il a droit.

Et de tout temps, les compagnies privées, qui rappelons-le sont là pour faire du profit et non pour donner des services, ces compagnies ont reluqué les services publics car ils sont une manne pour le secteur privé puisqu’ils ne disparaitront jamais.

C’est d’ailleurs pour éviter la corruption dans l’octroi de contrats dans les services publics et pour stabiliser et prévoir les coûts reliés à ces services que l’État a voulu avoir un bassin d’employés stable pour effectuer ces tâches, des gens sur qui il pourrait compter, peu importe la météo, pour assurer ces services.

Des gens formés, avec l’expertise et l’expérience nécessaires pour que la qualité du service soit la priorité. Des gens qui, eux, n’ont d’autre intérêt que de nourrir leur famille en travaillant, pas de faire du profit en encourageant tel ou tel parti. Pour éviter la corruption.

Pourquoi aujourd’hui vouloir encore une fois tout privatiser? Pourquoi refuser la stabilité à des employés formés, expérimentés et fiables? On nous dit que ça permet d’économiser. Pourtant, quand je lis les journaux, les sites internet et regarde les reportages aux actualités, je me rends bien compte qu’il y a un gaspillage énorme de fonds publics par l’octroi de contrats de façon douteuse au détriment des services qui, on le voit maintenant, profite plus aux politiciens qu’aux citoyens. Pourquoi veut-on encore et toujours donner des contrats aux compagnies? Poser la question c’est y répondre.

Il faut que cette façon de faire cesse car nous reculons comme société. Au lieu d’avancer.