Québec? Drapeau en berne et État en burqa

2010/01/25 | Par Gérald Larose

Québec/Haïti, tricotés serrés. Depuis longtemps. Plus précisément depuis 1943, quand  arrivés directement à Ottawa, le président d’Haïti, Élie Lescot, et sa délégation s’étaient vu refuser d’être reçus et accueillis par le  gouverneur général et le premier ministre du Canada.

C’est Adélard Godbout, premier ministre du Québec, qui répara l’affront en les recevant au parlement de Québec. S’en est suivie une multitude d’invitations  qui firent se rencontrer  des écrivains et des artistes et travailler ensemble  des ingénieurs, des professionnels et  des mandarins. La suite allait faire du Québec et d’Haïti des frères!

Dès  le début des années soixante, ils sont nombreux à faire la Révolution tranquille et à bâtir avec nous l’État moderne du Québec.  Depuis ils ont pénétré tous les secteurs d’activités. Ils sont nos conjoints, nos femmes, nos enfants, nos collègues, nos amis, nos voisins. Ils sont d’ici.  90% d’entre eux choisissent le Québec.

Un grand malheur frappe-t-il leur pays d’origine, c’est tout le Québec qui est touché et qui vibre de compassion. Le nombre de spectacles-bénéfices et les sommes recueillies en témoignent éloquemment.

Pour surmonter ce même malheur et reconstruire le pays, c’est encore le Québec principalement qui est  et sera mis à contribution, celui d’origine haïtienne comme celui des autres origines, dans ses champs de compétences et de responsabilités : santé,  services sociaux, éducation, immigration, sécurité, infrastructures, etc. Et c’est normal. Haïti c’est aussi nous.

Le Québec serait souverain qu’il serait,  dans le cadre de la conférence internationale qui s’ouvre ce matin à Montréal, l’artisan de la mobilisation   de toutes les disponibilités et des volontés internationales de participer à la relance d’Haïti.

Il le serait avec l’extraordinaire expertise que ses concitoyens d’origine haïtienne ont développéeici. Il le serait avec toutes les sensibilités que  70 ans de compagnonnage lui ont permis de développer. Il n’en sera pas l’artisan. Il n’est même pas invité à cette conférence. Il y serait qu’il devrait se contenter, comme à Copenhague, d’y jouer les  ONG! Volonté du Canada.

Le Canada est souverain. C’est en vertu de ce statut qu’il a convoqué   cette conférence internationale. Il la présidera. Mais surtout, et encore une fois, l’expertise québécoise lui servira de marche pied pour hisser très haut son drapeau. Alors qu’au  Québec, par  la volonté du premier ministre Charest qui a refusé de livrer tout combat pour que Québec y soit,  le drapeau sera en berne et l’État en burqa. Inexistant politiquement et étatiquement.