«Avez-vous peur du nucléaire ? Vous devriez peut-être»

2010/02/08 | Par Alain Dion

Tchernobyl, URSS, 1986. L’explosion d’un réacteur nucléaire provoque une catastrophe sans précédent. L’impossible est devenu réalité. Pendant quelques jours les autorités tentent de cacher la vérité. Des hommes et des femmes sont sacrifiés, envoyés à l’abattoir, afin de tenter de maîtriser l’incendie et éviter que la situation devienne incontrôlable.

Des populations entières sont contaminées, des générations condamnées à vivre avec les effets des déchets radioactifs et d’une irradiation meurtrière de l’eau, de la terre. Les retombées radioactives se propagent rapidement à la grandeur de l’Europe et touchent le nord de l’Amérique.

Un nouvelle fiction catastrophe pensez-vous ? Mais non, c’est le triste mais important rappel à la mémoire collective de cette terrible tragédie, pourtant jugée impossible à l’époque selon les experts et les défenseurs de cette technologie empoisonnée.

Avez-vous peur du nucléaire ? Vous devriez peut-être… est le titre d’un livre publié il y a quelques mois par une ex-rimouskoise, Julie Lemieux qui n’aurait pu trouver meilleur conjoncture pour publier ce petit brûlot.

S’appuyant sur les témoignages terrifiants des survivants de Tchernobyl, sur l’analyse de témoins privilégiés, scientifiques, journalistes et écologistes cet ouvrage riche en références de toutes sortes démontre comment encore aujourd’hui les incidents sont fréquents dans d’autres centrales ou dans différents centres de traitements des déchets radioactifs.

Certains passages soulignent avec justesse comment les défenseurs et promoteurs de cette arme sous contrôle occultent régulièrement les dangers de cette industrie dans l’opinion publique.

Au moment où Hydro-Québec annonce son intention de rénover la centrale Gentilly-2, que le gouvernement Charest se porte acquéreur d’une nouvelle centrale nucléaire, au Nouveau-Brunswick celle-là et qu’à Sept-îles des promoteurs font miroiter le potentiel économique de la mise en chantier d’un site d’exploration uranifère, ce livre jette un véritable pavé dans la marre.

Les besoins de consommation énergétique en valent-ils la chandelle radioactive ? À la lecture de ce livre, la réponse est assurément non !

On ne peut plus actuellement laisser les tenants du strict discours économiste imposer la conduite à suivre en matière d’énergie nucléaire pour le Québec de demain.

Ce sont les générations futures qui auront à vivre avec les conséquences de nos choix actuels.

Ce sont elles qui devront gérer le risque, en assumer les coûts faramineux et s’assurer que les déchets radioactifs, confinés dans des réservoirs que l’on espère étanches durant des centaines voire des milliers d'années, ne compromettront pas la santé de tous les êtres vivants, y compris celle de leurs enfants, de leurs petits-enfants et de plusieurs générations suivantes.

Julie Lemieux conclue son ouvrage en citant avec justesse l’économiste E.F. Schumacher qui écrivait, à la lumière du potentiel destructeur de la marche insensée des hommes sur notre petite et fragile planète, que « cela revient à conduire les affaires économiques de l’humanité comme si les hommes n’avaient aucune importance. »

J’essaie toujours de comprendre. L’objectif. Le sens des choses. J’essaie de saisir le progrès proposé par certains. Pour l’homme ? Pour la planète ? Aujourd’hui, je l’avoue je ne comprend pas. Je ne saisi pas la quête de certains hommes. Et je suis terrifié…

Avez-vous peur du nucléaire ? Vous devriez peut-être, Julie Lemieux, Éditions MultiMondes, 2009