Sécurité d’emploi dans la fonction publique

2010/02/10 | Par Lucie Martineau

Cette semaine, le chef de l’Action démocratique du Québec, Gérard Deltell, a remis en cause la sécurité d’emploi dans la fonction publique. En tant que chef d’un parti politique et ancien journaliste qui se targue d’être un amant de l’histoire avec un grand H, j’ai été pour le moins surprise de constater à quel point monsieur Deltell éludait une partie importante de l’histoire du Québec en dénonçant avec véhémence la sécurité d’emploi du personnel syndiqué de l’État québécois.

Il a omis de mentionner qu’à l’époque de Maurice Duplessis et de la grande noirceur qui recouvrait le Québec reclus sur lui-même, il n’était pas rare de voir les employés de l’État être remerciés simplement parce qu’ « il n’avait pas voté du bon bord » et être remplacés par des « amis » du parti au pouvoir.

Imaginez dans une situation similaire, sans le rempart que constitue une fonction publique impartiale, en regard du scandale de la construction mis au jour cet automne, à quel point la corruption se serait encore plus immiscée dans les sphères gouvernementales!

Avec la syndicalisation et l’adoption d’une Loi sur la fonction publique en 1965, l’introduction de la sécurité d’emploi pour les employés de l’État a permis d’assurer une protection contre l’arbitraire et le favoritisme et a privilégié la mise en place d’un système où l’embauche de fonctionnaires serait basée sur la compétence.

Une sécurité équitable

Maintenir la fausse croyance que la sécurité d’emploi des fonctionnaires québécois est une garantie « mur à mur » qui empêche de se débarrasser des « incompétents » ou assure à d’autres de pouvoir s’asseoir sur leurs lauriers, révèle une méconnaissance totale des règles qui régissent la permanence, à moins que ce soit une volonté de demeurer dans le « cliché populiste » auprès d’un certain électorat.

La sécurité d’emploi des fonctionnaires ne limite d’aucune façon le droit de l’employeur de congédier ou de mettre à pied un employé pour une cause juste et suffisante, comme c’est le cas dans l’entreprise privée, syndiquée ou non.

J’ose espérer que monsieur Deltell ne souhaite pas revenir à l’époque où la fonction publique était soumise à la partisanerie et à l’influence politique de revenir à l’abus de pouvoir, au régime des amis, à la petite politicaillerie des temps passés. Il faut se souvenir que la sécurité d’emploi aura permis de garantir une continuité et une stabilité dans les services offerts à la population en plus de favoriser le maintien de l’expertise acquise dans l’appareil de l’État

L’auteure est présidente générale du Syndicat de la fonction publique du Québec