Le rêve de Lulu

2010/02/18 | Par Yves Chartrand

La souveraineté n’est pas réalisable dit maintenant Lucien Bouchard et il ne verra pas de nouveau référendum de son vivant selon lui. Pourtant même le fédéraliste Jean Charest disait le contraire lors d’une visite en France.

Le moins que l’on puisse dire c’est que monsieur Bouchard change souvent d’idée. De ministre fédéral conservateur, il sera devenu par la suite chef du Bloc Québécois, principal tribun pour le oui lors du référendum de 1995 et premier-ministre du Québec, pour arriver maintenant à la conclusion que la souveraineté du Québec n’est pas réalisable.

Lui qui s’identifie lui-même à René Lévesque on peut dire qu’il partage avec lui la même ambivalence qui a entraîné René-Lévesque dans « le beau risque » de Brian Mulroney, ambivalence encore malheureusement caractéristique de bien des Québécois. Compréhensible avec de tels leaders…

Il dit aussi que le Québec doit embrasser un nouveau rêve, trouver « le tremplinde notre nouveau départ ». Que nous propose-t-il comme nouveau rêve ? Eh bien il nous propose de payer plus cher notre électricité après nous avoir déjà dit avec les lucides de travailler plus fort pour augmenter notre compétitivité.

Tout en partageant avec lui des préoccupations comme le fort taux de décrochage scolaire et le sous financement de nos universités, je ne partage pas ses solutions.

Si le gouvernement du Québec exigeait des redevances plus élevées des exploitants de nos richesses naturelles, taxait les transactions financières et les profits des banques, et haussait l’impôt des gens plus favorisés l’État québécois aurait toutes les ressources nécessaires pour répondre à nos besoins collectifs. Pas besoin de travailler plus ou de hausser les tarifs des services publics.

Monsieur se permet de plus d’attaquer la chef du Parti Québécois et son parti et dit de celui-ci qu’il devient une « niche de radicalisme » sur la question de la laïcité et de l’immigration.

Et pourtant ce parti et son chef sont déjà tellement timides sur la question et osent si peu lever le ton que s’ils écoutent Lucien Bouchard il n’en restera plus rien.

Monsieur Bouchard qui change d’avis tellement souvent au gré de ses humeurs nous fait penser que quand tu as de tels amis dans ton camp tu n’as pas besoin d’ennemis. On peut très bien se passer de lui.