Un sondage à rejeter

2010/03/02 | Par Catherine Caron

Le sondage de La Presse Affaires (Angus Reid) du 25 février concernant les finances publiques du Québec n’est pas sérieux.

On nous dit : « Sachant que la population est généralement défavorable à toute ponction fiscale additionnelle, quelle qu'elle soit , La Presse a contraint les répondants à faire des choix. »

Et on appuie ce «savoir» sur quoi? Nul ne sait

À deux petites exceptions près, on évacue du portrait les revenus de l’impôt et les redevances pour ne faire de place qu’à des options favorisant la tarification.

La manoeuvre comme le résultat sont grossiers : les Québécois seraient donc «favorables au principe général de la tarification». L’approche individualise presque tout, évacuant aussi la première des responsabilités sociales des entreprises : assumer leur juste part de l’impôt.

Je ne doute pas que nous sommes très nombreux au Québec à ne pas nous sentir représentés par ces 803 Québécois sondés, supposément «représentatifs» de la population et qui acceptent de participer à un sondage aussi biaisé.

Il faut dire que le ministre Bachand a donné l'exemple avec une «consultation» budgétaire similaire sur son site Web, qui ne méritait que d'être boycottée.

Le fait est que le gouvernement du Québec peut et doit aller chercher des centaines de milliards de dollars en prenant ses responsabilités concernant, entre autres, les redevances minières et sur l'eau, la lutte à l'évasion fiscale, la taxe sur le capital des entreprises financières, un nouveau palier d'imposition pour les revenus supérieurs à 100 000 $ (le sondage a quand même révélé que 48 % des répondants approuveraient), etc.

Ce n'est pas une question de faisabilité mais de volonté politique. Et de respect envers la population, en particulier la frange la moins favorisée, qui n'a pas à payer aussi injustement, par des hausses de tarifs, l'irresponsabilité et l’amoralité des élites financières et économiques qui sont au coeur du problème des finances publiques.