Libre-échange avec la Colombie

2010/03/23 | Par L’aut’journal 

Le vendredi 12 mars, la Chambre des Communes du Parlement prévoyait discuter du projet de loi concernant la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange Canada-Colombie. Bien que les discussions se soient concentrées sur d’autres sujets, le fait que le projet de loi C-2 soit le premier projet de loi émanant du gouvernement conservateur à être déposé devant la Chambre des communes nous confirme le désir de ce gouvernement à l'adopter en vitesse et d’écourter au maximum le débat autour de l’Accord très critiqué.

Or les importantes préoccupations entourant la ratification au Parlement de ce projet fortement controversé n’ont pas cessé d’être pertinentes et urgentes depuis son introduction en 2008.

Un rapport de Human Rights Watch publié en février 2010 démontre que les groupes armés illégaux en Colombie n’ont pas été démobilisés efficacement et continuent leur campagne d’intimidation stratégique. D’autres rapports récents des Nations Unies et d’Amnesty International font état de l’escalade de violence contre les communautés autochtones et afro-colombiennes, notamment par le biais d’assassinats et de déplacements forcés de leurs terres collectives pour y installer des industries agro-alimentaires et d’extraction de ressources naturelles. A ce jour, la Colombie compte plus de 4 millions de réfugiés internes.

En outre, une mission internationale pré-électorale revenue de Colombie en février 2010 fait état de très nombreux cas de corruption et de fraude au sein des autorités colombiennes. Aujourd’hui, plus de 60 congressistes font l’objet d’investigations ou de condamnations pour liens avec des paramilitaires. Ajoutons que la Colombie détient le très triste et grave record mondial du nombre de syndicalistes assassinés – ils étaient 49 pour la seule année 2009.

Rappelons que les accords de libre-échange de la dernière décennie ont contribué à l’appauvrissement des populations d’Amérique latine, notamment paysannes, à la détérioration des conditions à travail à travers le continent et n’ont en rien amélioré la situation des droits humains en général – le cas du Mexique avec l’ALENA est particulièrement parlant.

Dans le cas de la Colombie, la ratification d’un tel accord aurait pour effet aggravant de légitimer les crimes commis par le gouvernement actuel. Le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Bloc Québécois se sont positionnés contre la ratification du projet de loi nouvellement renommé C-2 après la reprise de la prorogation.

Les Libéraux doivent profiter de l’opportunité pour conditionner le débat à la réalisation d’une étude d’impact indépendante, impartiale et complète de cet accord sur les droits humains, comme ils l’avaient demandé en juin 2008 et selon la recommandation faite par le Comité permanent du commerce international du Parlement (CIIT) en juin 2008.

La coalition est composée des organismes suivants : Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), Réseau québécois sur l’intégration continentaleConseil central du Montréal métropolitain – CSNSyndicat des MétallosProjet Accompagnement Solidarité Colombie, Développement et Paix.